• II. 2. D. Mise en route - Élémentaire - b (1)

    2. Mise en route

    D) Classes élémentaires :

    La façon de mener une classe à double niveau en élémentaire dépend essentiellement de ce qu’ont vécu les élèves jusqu’alors. Si tout ou partie de leur scolarité s’est déroulée dans ce type de structure, le maître est le seul à avoir besoin de s’adapter à la nouveauté de la situation. En revanche, si c’est leur première année, il convient d’être très vigilant les premiers temps pour installer chez les élèves cette dynamique qui mène à un exercice de l’autonomie.

    Dans les deux cas, c’est la mise en route de l’année scolaire, au cours du premier jour, puis des premières semaines qui donne l’impulsion et la tonalité souhaitées. Les élèves découvrent dans leur classe un lieu fait pour eux dans lequel tout concourt, dans le cadre d’une discipline librement consentie, à leur développement social, intellectuel et physique.

    b) Du CE1/CE2 au CM1/CM2

    • Organisation de l’espace[1]

    Le coin de regroupement peut désormais être abandonné. Les élèves participent aux activités collectives depuis leur place ou regroupés autour des tables d’arts visuels.

    Cela permet de dégager de la place pour les activités libres en fond de classe, afin que les enfants qui s’y trouvent ne dérangent pas ceux qui sont à leurs places, pour un exercice obligatoire programmé. Cet espace réservé aux temps libres est équipé de placards ouverts proposant livres, jeux de société[2], matériel informatique, appareil permettant de diffuser de la musique.

    Il est organisé pour y pratiquer les activités d’arts plastiques et visuels, dispose d’un point d’eau, de placards accueillant le matériel et les outils, d’une surface murale sur laquelle afficher et peindre. Une ou deux grandes tables sur tréteaux peuvent recevoir les élèves et permettent d’entreposer les travaux en cours sans dommages. Cet espace servira de plus de coin d’expérimentation, en sciences et en géographie.

    La partie de la classe réservée aux Travaux écrits se trouve face au tableau triptyque. Les tables sont installées par niveaux, côte à côte ou en rangées, afin de pouvoir mener tant des travaux en commun que deux activités en parallèle. Les élèves étant généralement bien latéralisés, le maître n’est plus contraint à les installer face au tableau. S'il sait qu'il va accueillir des élèves très calmes et peu sujets à la dispersion et aux bavardages, il peut tenter l'installation en îlots qui permet de gagner de la place. Ces tables disposent toutes d’un casier dans lequel chaque élève entrepose son matériel[3]. Un coin dédié au rangement des cartables pendant la journée de classe permet d’éviter les chaises qui basculent sous leur poids et les travées encombrées !

    • Emploi du temps

    L’emploi du temps est volontairement très simple. Deux moments de lecture oralisée sont institutionnalisés chaque jour, un seul le mercredi.
    Le maître emploiera le premier à faire lire à ses élèves des œuvres ou extraits littéraires, desquels il extraira un fait de langue propre à susciter l’intérêt de la classe pour la ou les notions grammaticales abordées à la suite de ce moment de littérature. Cette lecture, comme le moment d’étude de la langue qui suit, n’est pas attribuée à un seul des deux niveaux.
    Selon les classes, les moments, les niveaux, les thèmes ou les notions qu’il abordera, la lecture sera assurée à voix haute par un groupe ou l’autre, ou par tous les élèves indépendamment de leur âge. Les notions grammaticales s’enchaînant d’année en année, il lui sera facile de décrocher le groupe des plus jeunes à un moment pour continuer avec celui des plus âgés qui auront bénéficié, avant leur leçon proprement dite, d’un moment de révision et de remise à niveau.
    En cours d’année, les exigences évoluant, il pourra modifier cette structure, momentanément ou plus durablement. Le terme Étude de la langue a été choisi afin de pouvoir programmer selon les besoins de la progression un ou plusieurs moments par semaine de grammaire, de conjugaison, de vocabulaire ou d’orthographe.

    Les élèves étant normalement tous lecteurs-scripteurs, les exercices écrits pourront être faits en autonomie s’ils ont été choisis en rapport avec les capacités réelles des élèves. 
    Le moment de dictée quotidien, comme ceux de lecture oralisée ou celui de rédaction du mercredi, donne à la classe le ton des quatre dernières années d’école élémentaire :

    La priorité absolue est l’acquisition d’une langue écrite riche, variée, correcte syntaxiquement et lexicalement.

    C’est cette langue écrite qui conditionnera tout, y compris la langue orale employée à l’école.

    La rédaction, mise à l’honneur tous les mercredis matins, ajoutera à la contrainte orthographique grammaticale et lexicale de la dictée, l’exercice autonome de la progression du sens et de la syntaxe interne de chaque phrase.

    Le cadre des séances de mathématiques est lui aussi volontairement flou. C’est au maître, selon sa progression et la configuration de sa classe, de programmer tant des moments collectifs de travail concret, à l’aide de matériel et d’outils, au tableau ou chacun à son bureau, que des exercices d’application par niveau, des résolutions de problème communes ou en autonomie. Il pourra même, pourquoi pas, très occasionnellement, programmer une leçon presque magistrale, parce qu’il y a des choses qui ne s’inventent pas et méritent d’être fixées, une fois pour toute, par un cours bien conçu, sollicitant l’activité intellectuelle de l’enfant mais dirigé par l’enseignant qui sait où il va.

    L’après-midi démarre par une séance d’EPS, menée en commun, bien entendu. Elle est suivie par la deuxième plage horaire de lecture, réservée aux lectures documentaires. Le maître pourra avantageusement y faire lire à voix haute le groupe qui n’a pas lu le matin lors de la séance consacrée à la littérature. Le texte lu permettra d’introduire le moment quotidien d’histoire, de géographie ou de sciences en exploitant ou élargissant le même thème que celui étudié ce jour-là.

    Après la récréation, cartables rangés, les élèves finissent la journée par un moment de créativité ou d’ouverture culturelle.

    • Progression

    À partir du CE1, toutes les disciplines peuvent être rangées, avec plus ou moins de rigueur, dans la catégorie des apprentissages à progression linéaire structurée. Il est donc plus simple d’établir des progressions enchaînant chaque jour ou chaque semaine la notion ou le savoir-faire succédant aux acquis des séances précédentes, en avançant à pas comptés, comme dans les classes recevant des enfants plus jeunes.

    Pour se simplifier la vie et pouvoir consacrer son temps à suivre réellement ses élèves, le maître choisit de s’entourer d’outils et de méthodes simples plutôt que de passer énormément de temps à préparer sa classe et à créer ses outils. Il a ainsi adopté des méthodes de français et de mathématiques proposant une progression journalière pour chacun des deux niveaux[4].

    Pour l’ensemble des autres matières, son critère de sélection principal a été le bon sens et la connaissance des capacités attentionnelles, inductives et déductives d’enfants d’âge primaire ainsi que leur goût pour la réussite rapide, la découverte constante et l’atteinte d’objectifs simples et progressifs.

    S’il a deux niveaux qui se suivent, il a perçu l’avantage de ne bâtir qu’une progression pour toutes les matières dites secondaires. Les plus jeunes prendront ce qu’ils sont déjà capables de concevoir alors que leurs aînés pourront approfondir ce qu’ils ont déjà abordé l’année précédente.

    En français et en mathématiques, cela est parfois possible mais le risque est grand de faire traîner trop longtemps les plus âgés sur des savoirs qu’ils maîtrisent déjà et d’être ensuite obligé de les presser alors qu’ils abordent de nouvelles données et qu’ils auraient besoin de temps pour en acquérir la maîtrise. Par ailleurs, encourager les élèves à croire que leurs acquis antérieurs sont négligeables en les reprenant à zéro peut leur donner l’idée qu’on ne tient pas compte de leurs capacités mnésiques ou même que la mémorisation est inutile.

    Il vaut mieux donc compter sur l’autonomie des plus âgés et leur capacité à défricher seuls une notion, une connaissance, un savoir-faire et ne concevoir une leçon proprement dite que lorsque la nouveauté est trop grande ou le concept trop difficile, plutôt que de les condamner à suivre un rythme qui n’est plus le leur. A contrario, les plus jeunes seront accompagnés sur toutes les notions jusqu’à ce qu’ils acquièrent les réflexes d’autonomie nécessaires à un travail efficace.

    Annexes :

    Télécharger « Plan 2 niv. élém. sans CP.pdf »

    Télécharger « Matériel individuel 2 niv. élém. sans CP.pdf »

    Télécharger « EDT - 2 niv. élém. sans CP.pdf »

    Télécharger « Programme d'acquisition CE1.pdf »

    Télécharger « Programme d'acquistion CE2.pdf »

    Télécharger « Programme d'acquistion CM1.pdf »

    Télécharger « Programme d'acquistion CM2.pdf »

    Dans la même série : 

    Tous les chapitres déjà mis en ligne sont répertoriés dans la Table des matières   évolutive que vous trouverez dans la partie Sommaires.

    Pour la partie présente :

     I. Idées reçuesII.1. Deux niveaux dans la même classeII. 2. D. Mise en route - Élémentaire - a (1)II. 2. D. Mise en route - Élémentaire - a (2) ; II. 2. D. Mise en route - Élémentaire - b (1) ; II. 2. D. Mise en route - Élémentaire - b (2) - c.

    Notes :

    [1] Voir Annexe III, E.

    [2] Cartes à jouer, jeux de dames, d’échec, puzzles mais aussi jeux de construction de type Mecano, K’nex, etc.

    [3] Voir Annexe V.

    [4] Je conseille :


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  • Tout pour le CP
    Merci à Xavier Laroche pour son illustration.

    Quelques articles consacrés à la classe de CP :

    CP - CE1 : Français, les indispensables

    1) Du matériel

    Français :

    Écrire et Lire au CP, méthode de lecture graphémique :

    Rituel d'imprégnation graphémique :

    A) Lecture

    CP : Rituel d'imprégnation graphémique (1) ; CP : Rituel d'imprégnation graphémique (2) ; CP : Rituel d'imprégnation graphémique (3) ; CP : Rituel d'imprégnation graphémique (4) ; CP : Rituel d'imprégnation graphémique (5)

    B) Écriture :

    CP : Écriture graphémique (1)CP : Écriture graphémique (2)CP : Écriture graphémique (3)CP : Écriture graphémique (4) ; CP : Écriture graphémique (5)

    C) L'ensemble du travail, compilé en méthode de lecture :

    CP : Méthode de lecture "Nino et Ana" ; CP : Méthode Nino et Ana : cahier 2CP : Méthode Nino et Ana : cahier 3CP : Méthode Nino et Ana - cahier 4

    Un manuel de lectures du soir : CP : Manuel Nino et Ana (livret 1) ;  CP : Manuel Nino et Ana (livret 2)

    Des questions par rapport à ce manuel : CP : Manuel Nino et Ana (livret 2) ;

    CP : "Nino et Ana", production d'écrits ; Différences entre Nino et Ana et Écrire et Lire au CP ?

    Écriture : GS/CP : Apprendre à écrire
     

    EDL : Grammaire au CP ; Écrire et Lire au CP : Cahier de rédaction ; Apprendre à conjuguer de deux à onze ans (4) ; Une nouvelle conquête ! ;

    Mathématiques : Tout nouveau, tout beau ! ; Mathématiques CP (1) Mathématiques CP (2)Réglettes Cuisenaire ; CP/CE1 : Les nombres entre 69 et 100

    Ateliers mathématiques : CP : Ateliers mathématiques - 1  - CP : Ateliers mathématiques - 1bisCP : Ateliers Mathématiques (2)CP : Ateliers Mathématiques (2bis)CP : Ateliers Mathématiques (3) ; CP : Ateliers Mathématiques (3 bis)CP : Ateliers Mathématiques (4)CP : Ateliers Mathématiques (4bis)CP : Ateliers Mathématiques (5) ; CP : Ateliers Mathématiques (5bis)

    Un cahier de mathématiques 

    A. Cahiers de l'élève

    CP : Cahier de mathématiques (1) ; CP : Cahiers de mathématiques (2-3) ; CP : Cahiers de Mathématiques (4 - 5)

    B. Guide pédagogique 

    CP : Guide Pédagogique Maths (1) ; CP : Guide Pédagogique Maths (2 - 3) ; CP : Guides Pédagogiques Maths (4 - 5)

    Un fichier de problèmes en images :

     CP : Problèmes en images

    Un Semainier des Mathématiques :

    CP : Semainier Mathématiques 

    Des Trucs et astuces :  CP/CE1 : Les nombres entre 69 et 100 ; MS à CE1 : Jeu de la boîteCP : Travailler la compréhension ; C2 : Jeux pour l'étude de la langue ; CP : Entrée par les Alphas

    Questionner le monde :
    ♦ Des documents : Géographie au CP ; Le cycle de l'eau, de la GS au CE1  ; Cycle 2 : QLM - La glace

    C2 : Questionner le Monde (1) ; C2 : Questionner le Monde (2) ; C2 : Questionner le Monde (3)C2 : Questionner le Monde (4) ;  C2 : Questionner le Monde (5)

    Arts Visuels:  Cycle 2 (ou 3 ?) : Arts visuels et écriture ; Tâtonnement expérimental... ; Dessiner ; Arts Visuels ; Leonardo da Vinci, l'inspirateur ; Impression soleil levantPlagiat assumé ; Et voilà le plagiat ! ; Maître Renart, les lièvres et les rhino vraiment féroces ! ; OBNI ; Zarplastiks !  

    Musique :  Musique chez les petits ; Encore musique

    EPS : Tout un cirque !  

    2) De la méthodologie

    La classe au quotidien :  

    Méthode À Mimile : que valent mes CP, asteur ?

    GS/CP : Première journée

    CP : Deuxième trimestre

    Un « roman » : Une année au CP

    CP : Les débuts en écriture-lecture (1)CP : Les débuts en écriture-lecture (2)CP : Les débuts en écriture-lecture (3) ; CP : Les débuts en écriture-lecture (4)

    CP : Écriture-lecture, 1 mois plus tard... (1) ; CP : Écriture-lecture, 1 mois plus tard... (2)

    CP : Écriture-lecture, 2 mois plus tard... (1) ;  CP : Écriture-lecture, 2 mois plus tard... (2)

    CP : Écriture-lecture, début janvier (1) ; CP : Écriture-lecture, début janvier (2)

    CP : Écriture-lecture, début avril (1) ; CP : Écriture-lecture, début avril (2)

    La classe multi-âges avec CP :

    Au CP/CE1: II. 2. D. Mise en route - Élémentaire - a (1) II. 2. D. Mise en route - Élémentaire - a (2)     

    II. 2. C. Mise en route - GS/CP (1) ; II. 2. C. Mise en route - GS/CP (2) ; II. 2. C. Mise en route - GS/CP (3)

    Langage oral, langage écrit : 

    Écrire et Lire au CP : Expression orale ; Écrire et Lire au CP : apprendre l'orthographe

    Qu'est-ce que lire ? : 

    CP : L'entrée par le graphème ; CP : Lire, c'est entendre ou voir ? ; Six ans pour apprendre à lireSix ans pour apprendre à lire (suite) CP : Déchiffrer pour lire et comprendre La compréhension, c'est pas automatique...  ;   Jouer les textes pour les comprendre ; CP : Que faire maintenant qu'ils savent lire ? ; Recette (pour "fabriquer" un enfant lecteur) 

    Écriture :

    T'aurais pas un outil scripteur ?Apprendre à écrire pour savoir lireL'écriture manuscrite

    La lecture de A à Z :

    Apprendre à lire, c’est vraiment simple (1) ! ; Apprendre à lire, c'est vraiment simple ! (2)Apprendre à lire, c'est vraiment simple ! (3)Apprendre à lire, c'est vraiment simple ! (4)Apprendre à lire, c'est vraiment simple ! (5) ; Apprendre à lire, c'est vraiment simple ! (6)

    MS à CP : Les méfaits de l'alphabet

    fin de CP/CE1 : Travailler la fluidité en lecture

    CP/CE1 : Lire en groupe-classe

    CP : Présenter une nouvelle graphie

    Nino et Ana : Compréhension

    Lecture et recherche de sons

    Apprendre une poésie :

     C1, C2, C3 : Apprendre une poésie

    Les nombres de 0 à 100, de A à Z : 

    Après l'écriture, les nombres ! (1)Savoir compter jusqu'à 100 (2)Les cinq premiers nombres (3)Les nombres de 6 à 10 (4)Le nombre 10, la dizaine (5)De 11 à 19 : les irrégularités de langage (6)De 20 à 69, "Trop fass', maîtresse" ! (7)Où l'on voit bien que 30 > 24... (8)Évaluation des acquis (9)

    Questionner le monde : 

    Interdisciplinarité (1) ; Histoire en Cycle II

    Dessiner :  

    Dessiner pour devenir intelligent. Dessiner pour s'exprimer 

    Gestion du comportement :

    Opposition bruit/ silence 

    3) Des analyses de manuel ; de méthodes 

    CP : Que penser de Timini ?

    CP : Que penser de Apprentissage de la lecture

    CP : Que penser de Piano CP ?

    CP : Que penser de Buli ?

    CP : Que penser de Tika et Tao ?

    CP : Que penser de Calimots ?

    CP : Que penser de À moi de lire ?

    CP : Que penser de Pilotis ?

    Évaluer sa méthode de lecture

    C'est fou ce que ça motive Kilian ! (1)C'est fou ce que ça motive Kilian (2)

    Bien lire et aimer lire : Lego

    CP : Que penser de Ludo ?

    4) Des réflexions pédagogiques

    CP : Alphas + Taoki (ou autre)

    CP : Deuxième trimestre

    GS-CP : Images, mots, phrases et lettres

    CP : La « syllabique » et la compréhension

    CP : Une ou deux phrases, ce n'est pas motivant.

    Le préceptorat du pauvre

    Faudrait pas qu'ça grandisse !

    Ils n'entendent pas les sons !

    Lire, c'est vraiment simple !

    Le projet de lecteur

    Ils vont quitter Mimi !

    École mixte, couple mixte, méthode mixte... Plus précisément...

    Sur le bout des doigts

    Où sont les bornes des limites ?

    4) De l'actualité

    Rapport Deauvieau sur les manuels de lecture : intéressant

    CP dédoublés : une vraie-fausse bonne idée

    CP : Évaluations, le retour.

    Bien lire et aimer lire


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  • Petites tortues et jeunes lièvres

    Aujourd'hui, je voulais vous parler des vacances d'été et de leur raccourcissement. Et puis voilà que l'actualité du jour, un peu partout, c'est le droit au redoublement. Le droit, oui. Alors, allons-y pour le redoublement, nous parlerons des vacances d'été un autre jour. Parce que c'est important aussi.

    M. Blanquer, nouveau ministre de l'Éducation Nationale, a affirmé aux médias qu'il ne faut pas faire un tabou du redoublement et qu'un enfant qui cumule les échecs ne peut pas se sentir à l'aise avec sa classe d'âge... C'est une excellente nouvelle !

    Les petites tortues

    a) Petite Classe

    En effet, parmi les enfants que nous accueillons dans nos classes, il existe des gentilles petites tortues qui, depuis la Petite Classe (de deux à cinq ans), vont leur petit train de sénateur...
    Parler ? Oui, bientôt... Courir ? Bien sûr, un jour... Dessiner ? Gribouiller, tu veux dire... Ah oui, si tu veux... Construire des tours, des escaliers, des « maisons » fermées ? Sais pas faire... Donner la couleur, la forme, le nombre ou même le nom d'un objet, d'un animal, d'une personne, même très proche ? Ouh là là, que c'est difficile... Chanter, réciter une comptine, écouter une histoire ? Gné, qu'est-ce que tu me demandes là !...

    Pourtant, petit à petit, si la classe où nous les accueillons ne reçoit pas un nombre d'élèves incroyable, si le milieu que nous leur offrons est suffisamment stimulant sans être stressant (ce qui sous-entend des classes peu chargées, même chez les petits), si nous leur donnons le temps et que nous ne nous précipitons pas pour évaluer tous ces savoirs, les plus savants compris, avec insistance et même inquiétude, pour la plupart, elles avancent, allant parfois jusqu'à rattraper les moins véloces et les plus papillonnants des lièvres avant même le début de la Grande Classe ( de cinq à sept ans).

    Celles qui ne rentrent pas dans le lot méritent notre attention et, avant de lancer le plan Orsec de la médicalisation, nous avons tout intérêt à rester sereins et à nous dire que, souvent, avec une année de plus, une petite tortue alanguie peut se muer en un jeune lièvre tout à fait acceptable.
    Quant aux autres, celles pour qui la différence est telle que le lot commun leur est inaccessible, elles méritent toute notre sollicitude et il est largement temps que la société envisage leur accueil à l'école autrement qu'à coup d'inclusion forcée dans une classe de 30 élèves, « soutenues » on ne sait comment par un personnel sans formation, juste chargé de rendre tolérable leur présence au milieu des valides.

    b) Grande Classe

    Arrive la Grande Classe (élèves de cinq à sept ans). Et son cortège de savoirs savants à progression linéaire... L'écriture, la lecture, la numération, le calcul...
    Pour une petite partie de nos élèves, partie d'autant plus importante que la Petite Classe n'aura pas joué son rôle d'éveilleur sensoriel et aura trop flirté avec ces savoirs savants, le choc est rude.
    Quelques lièvres papillonnants, peu à l'aise pour mobiliser en même temps leur attention visuelle, leur vigilance auditive, leur inhibition motrice et leurs capacités logiques et cognitives, se couchent au bord du chemin, persuadés qu'ils sont que tout va venir tout seul et qu'ils rattraperont tout le monde dès que l'envie leur en prendra.

    Hélas, les voici alors transformés en tortues poussives ! Quelques tortues d'origine, avançant toujours à petits pas, leur tiennent compagnie sur le banc du soutien scolaire et avalent quotidiennement ou presque double ration d'écriture, de lecture et de calcul... quand ce ne sont pas leurs vacances qu'on écourte pour tenter de colmater les brèches et les voies d'eau qui apparaissent de toutes parts ! 
    L'enseignant s'inquiète, différencie, essaie, tâtonne, réunit des équipes et des conseils, cherche...

    Bien heureusement, souvent, avec l'aide de tous ses partenaires ou seul dans sa classe, il y réussit. Il y réussit d'autant plus que sa classe ne contient qu'une vingtaine d'élèves. Il y réussit d'autant plus qu'il a choisi de suivre ces derniers sur ces deux années cruciales, charnière entre les apprentissages en étoile et ceux à progression linéaire. Il y réussit d'autant plus qu'il a adopté des méthodes d'écriture, de lecture et de mathématiques qui progressent à petits pas, remettant sans cesse en jeu les acquis antérieurs et préparant les nouveaux acquis longtemps en amont. Il y réussit d'autant plus qu'il peut, en plus, mobiliser du temps pour « le reste », tout ce qui enrichit la motricité, le lexique, la compréhension du monde et la culture de ses petits apprenants...

    Cependant, dès la fin du premier trimestre, il voit bien que, malgré tous les efforts qu'il a consentis, cette année, exceptionnellement, après deux ou trois années de répit, une petite tortue, de fraîche ou de longue date, ne pourra suivre un rythme qui, bien que très mesuré, semble à elle effréné... Parfois, au bord du désespoir, elle se ferme comme une huître, à moins que, plus combative, elle ne transforme son échec en victoire et se rengorge, dans la cour, en classe et à la cantine, de faire partie des « rebelles », ceux qui s'en fichent de l'école et de ses savoirs pour mauviettes !

    Que faire ? Si l'Institution continue à lui faire croire que son attitude ne l'alerte pas et qu'elle se moque de ses difficultés, elle la perd à jamais... Or, le passage dans la classe supérieure, pour cet enfant qui souffre et se voit tous les jours dans un miroir déformant qui le dévalue, c'est un constat d'abandon ! Son petit cerveau d'enfant-tortue ne comprend pas les nuances.
    Il suffit de peu, le plus souvent, pour lui redonner la confiance dont il a besoin pour grandir. Un accord avec la famille, préparé dès cette fin de premier trimestre, peut lui rendre vivable sa fin d'année scolaire en mettant en place dès le mois de janvier :

    • quelques heures par semaine, passées avec le groupe des plus jeunes, où il commencera à créer de nouveaux liens d'amitié et à retrouver la confiance en ses capacités à construire, apprendre, réfléchir, retenir...
    • un discours très positif sur l'aide que lui procurera cette année supplémentaire dont les succès effaceront les échecs de celle qu'il est en train de vivre ;
    • quelques aménagements sous la forme d'exercices différents, mieux adaptés à son niveau réel, toujours dans le cadre d'une progression linéaire, destinée à le mener d'un point A à un point A' puisque, décidément, il lui sera impossible d'atteindre le point B, celui qui lui aurait permis d'aborder le CE1 (cours élémentaire 1re année) muni du viatique nécessaire, pour démarrer l'école élémentaire avec sérénité.

    c) Cours élémentaires et moyens

    Pendant ces deux fois deux années scolaires, les mutations de tortue à lièvre subsistent encore. Surtout si les méthodes employées en classe sont pratiques, simples et basées sur la même règle du pas à pas, avec reprises fréquentes, enrichissement progressif et soutien appuyé de la part du professeur, qui a oublié son rôle d'évaluateur des savoirs acquis de manière autonome, en dehors de l'école. Encore plus si l'effectif de la classe ne dépasse en aucun cas 25 et s'approche plus volontiers de 20, en quelque zone que ce soit.
    Quant aux mutations de lièvre à tortue, elles seront d'autant plus nombreuses que le terrain n'aura pas été suffisamment préparé en amont (les élèves de CP qui rejoignent le CE1 non-lecteurs en sont une parfaite illustration), que les effectifs des classes seront pléthoriques (plus de 25, c'est trop, beaucoup trop), que les méthodes employées préféreront les routes sinueuses semées d'embûches ou la poudre aux yeux du « apprends par cœur, tu comprendras plus tard » aux routes droites, bien balisées et toujours bordées de logique, de transfert et d'enrichissement culturel.

    Au cours de ces quatre années, certains « barrages à tortues » sont bien connus des enseignants qui exercent depuis plusieurs années :

    • l'acquisition d'une lecture courante de plus en plus rapide et de plus en plus fine au niveau de la compréhension (barrage dès le CE1)
    • l'enrichissement du lexique oral (barrage dès le CE1)
    • l'enrichissement du lexique écrit : les constantes de l'orthographe lexicale (barrage dès le CE2)
    • l'acquisition du sens et de la technique des 4 opérations (barrage total à partir du CM1)
    • l'acquisition des règles de la numération décimale (barrage de la centaine et du millier au CE1 ; des grands nombres au CM1 ; des nombres à virgules et des fractions au CM2)
    • la résolution de problèmes (barrage dès le CE1 pour les problèmes à étape unique ; dès le CE2 pour les problèmes comportant une étape intermédiaire ; dès le CM1 pour les problèmes à plusieurs étapes intermédiaires)
    • l'analyse grammaticale du langage écrit et l'application des accords en nombre, genre et temps qu'elle permet (barrage dès le CE2)

    Pour certaines tortues, une de temps en temps, malgré toute la pédagogie que l'enseignant pourra déployer, tout au long de l'année scolaire, un de ces barrages s'avèrera infranchissable. Le tableau clinique décrit ci-dessus les guette : elles se renferment ou cherchent d'autres moyens de briller aux yeux de leurs pairs.

    Les envoyer au casse-pipe, la fleur au fusil, comme dans les tranchées de Verdun, est le pire des services à leur rendre. Devant leurs yeux médusés, les autres seront là, dégoupillant d'un croc vengeur les grenades du passé composé, des mesures d'aire, de l'accord du sujet inversé et de la division à virgule,  alors qu'eux en seront encore à se demander comment on démonte et remonte la culasse du verbe au présent, du mètre et du centimètre, du pronom qui remplace le nom sujet, du partage en trois de la collection de billes de Pierre...

    Bien préparée en amont, la solution du redoublement, réservée exclusivement à ces élèves-là, ceux qui ont totalement perdu pied, malgré toute l'aide qu'on a pu leur procurer, est bien moins traumatisante que cette mise à l'écart de tous les instants provoquée par le maintien dans un groupe d'âge avec lequel ils ne se sentent pas à l'aise.
    L'idéal voudrait qu'il existe des classes de niveau plutôt que des classes d'âge, ce qui rendrait moins douloureux cette mise à l'écart. La solution de la classe multi-âges, courante en milieu rural, permet d'atténuer la douleur de la séparation d'avec le groupe des pairs. Le dialogue, avec la famille et l'enfant, basé sur la souffrance ressentie actuellement et le soulagement que procurera le « retour à niveau » peut jouer le même rôle, surtout si le collègue de la classe inférieure accepte des travaux communs de temps en temps, en groupe multi-âges, afin de permettre à l'enfant concerné de créer les liens qui lui permettront d'aborder l'année suivante sans honte ni regrets.

    La solution adoptée actuellement, celle de la dilution homéopathique des contenus de manière à éviter de confronter les petites tortues à l'échec n'a pas l'air d'être si efficace que cela pour régler leurs nombreux problèmes. La sous-alimentation n'a jamais permis l'émergence de capacités physiques et intellectuelles renforcées. Bien au contraire.
    Les petites tortues en savent de moins en moins. C'est désormais en fin de CE2 qu'on se préoccupera de savoir si elles savent vaguement déchiffroter un textounet faiblichon... On acceptera qu'elles passent au collège en sachant tout juste aligner quelques lettres qui pourraient vaguement faire penser qu'elles ont écrit trois mots de français... On se contentera qu'elles aient su colorier le triangle rectangle en fin de Troisième pendant que leurs camarades les lièvres en auront calculé l’hypoténuse en utilisant le théorème de Pythagore... Elles seront de pauvres tortues, perdues, dévalorisées, en sachant bien moins que leurs camarades les tortues de jadis, lorsqu'elles sortaient, parfois avec deux années de retard, de leur Troisième Pratique.

    Quant aux lièvres, eux...

    Les jeunes lièvres

    De tout jeunes lièvres extrêmement véloces dans tous les domaines débarquent aussi chaque année dans nos classes. Ce sont des enfants qui semblent pressés de franchir tous les obstacles physiques comme intellectuels qui se présentent à eux. Une insuffisance de nourriture ou un régime alimentaire aberrant, tels que  leur infligent les programmes et habitudes scolaires d'aujourd'hui, leur sont souvent fatals et ils développent toutes sortes de troubles du comportement et des apprentissages. Il serait pourtant assez simple de leur fournir une scolarité dépourvue de stress et féconde en stimulations de toutes sortes.

    a) Petite Classe

    La Petite Classe est là pour donner une base commune la plus large possible. Par un milieu riche et varié, des stimulations individuelles, un vécu commun fédérateur, elle cherche à permettre à chacun d'être à la fois agile de son corps et de ses mains, en pleine possession de ses cinq sens, doté d'un langage riche et de capacités cognitives nécessaires au transfert des acquis d'un domaine à un autre.

    Nos petits lièvres, qui ont souvent privilégié un domaine au détriment de plusieurs autres, ont souvent besoin de ces deux à trois années pour considérer qu'il est sans doute très bien de savoir jongler à deux balles à l'âge où leurs camarades ont de la peine à en manipuler une mais que cela ne dispense pas de savoir parler, trier les oursons de la boîte par couleurs, écouter les histoires, dessiner un bonhomme, un arbre, un oiseau, une maison et un tyrannosaurus rex ! Même chose pour le dessinateur émérite en tyrannosaurus rex et autres reptiles préhistoriques... Qu'on se le dise.
    Le saut de classe sera donc très rare en Petite Classe et ne concernera que LE cas de L'ENFANT qui, par un miracle de la nature sans doute, sera à l'aise PARTOUT !... Il existe et il faut penser à lui comme nous avons pensé à l'enfant qui, malgré tous nos efforts, même avec une ou deux années de retard, ne sera jamais en phase avec ses petits camarades de classe. C'est à quatre ans qu'il rejoindra la Grande Classe où, en deux années scolaires, il découvrira avec bonheur les époustouflants horizons que lui ouvrira la conquête du monde de l'écrit !

    b) Grande Classe

    Là, il fera la connaissance de quelques lièvres plus classiques avec lesquels il sera heureux de partager les savoirs savants et d'en chercher d'autres, toujours plus, toujours plus vite, toujours plus loin. 
    À condition que l'école le leur permette et que la journée de classe des jeunes lièvres ne soit pas une course à qui perd gagne où le temps passé à se préparer à « apprendre à apprendre à apprendre enfin quelque chose » ne dépasse pas de beaucoup celui où ils pourront faire croustiller sous leurs dents avides toutes ces pépites de connaissances auxquelles ils aspirent ! À condition aussi que ces jeunes lièvres ne fassent pas la pluie et le beau temps et n'exigent pas, souvent hélas confortés par leurs familles, de gagner la course même quand, au lieu d'avancer, ils ont choisi de rester couchés sous un arbre parce que la voie qu'on leur demandait de prendre n'était pas à leur convenance !

    Imaginons que les programmes aient été enrichis. Imaginons aussi qu'on ait permis aux enseignants de découvrir de nouvelles méthodes plus efficaces, moins chronophages, qui ne masquent pas l'absence de contenus sous une épaisse couche de découpage-collage-déplacements-bavardages-traces-évaluation. Imaginons enfin que la confiance en l'école et en ses personnels ait été enfin reconquise.

    Nos lièvres, tout comme nos tortues, en tireront un profit inestimable. Et certains d'entre eux ne mettront pas longtemps pour apprendre à écrire, lire et compter. Si peu de temps qu'en une année scolaire, ils seront aptes à rejoindre le CE1 !
    Cela laissera du temps pour les autres, tortues comprises, et donnera à la classe un aspect plus homogène, moins générateur de découragements devant l'immensité des ignorances à combler.

    À moins que nos levreaux ne préfèrent attendre un peu et faire un CP enrichi qui leur permettra de sauter par-dessus le CE1, ayant franchi les barrages de cette classe (la lecture courante rapide à compréhension sûre ; le lexique oral riche et varié ; l'écriture rapide et aisée avec un début de norme lexicale et grammaticale ; la lecture et l'écriture des nombres jusqu'à 1 000 ; la résolution de problèmes à une étape). Solution que je privilégierais quant à moi, dans le cadre d'une Grande Classe accueillant avec le même enseignant, deux années de suite, des élèves de cinq à sept ans, afin de permettre à ces lièvres-là de rester encore un peu des enfants qui jouent et créent des liens d'amitié.

    c) Cours élémentaires et moyens

    Ils arriveraient alors, avec une année d'avance (très rarement deux, si les contenus sont étoffés), dans une classe de CE2 déjà bien engagée dans la voie des savoirs à transmission linéaire et profiteraient alors de possibilités infinies de progressions :

    • continuer avec cette année d'avance comme un lièvre assagi qui a compris que « chi va piano va sano e chi va sano va lontano » jusqu'au collège,
    • prendre du temps pour asseoir ses connaissances ou en découvrir de nouvelles (musique, arts visuels, langues étrangères, hobbys divers et variés), quitte à perdre cette année d'avance (très rare),
    • sauter à nouveau par-dessus les obstacles et caracoler en tête de la classe suivante parce que « c'est cela qui leur plaît et c'est ainsi qu'ils aiment vivre ».

    Tout sauf perdre toute motivation parce qu'ils ont été poussés par des éléments extérieurs qui ont survalorisé certaines compétences au détriment d'un vrai développement global plus rapide que la moyenne, ou parce qu'ils s'ennuient, sont mal nourris, sont mal accompagnés par des  maîtres et des camarades qui n'ont pas les mêmes intérêts et priorités qu'eux alors que, s'ils étaient dans la classe supérieure, ils auraient trouvé des amis sûrs, passionnés comme eux par tout un monde lointain qui ne demande qu'à les accueillir.

    Des classes homogènes menées par des objectifs de savoirs

    Pour obtenir ce redoublement comme ce saut de classe de bon sens, parce que rien ne pourrait être plus favorable à l'enfant que nous avons face à nous, c'est à ce type de classe qu'il nous faudrait pouvoir accéder. C'est sans doute ce qui serait le plus difficile à conquérir.

    On ne peut pas avoir pendant des années favorisé ce qui se voit, le clinquant des tableaux numériques interactifs, le bling-bling des tablettes connectées, le sensationnel des projets annuels qui attire les journalistes et fait les gros titres de la presse locale ou nationale et chercher tout à coup à avoir des têtes bien faites qui viennent à l'école pour apprendre tout ce qu'ils ne savent pas.

    On ne peut pas avoir enseigné pendant quarante ans aux élèves professeurs que l'orthographe, le calcul, la grammaire, la lecture même, c'était ringard, et, tout à coup, dire qu'un enfant qui y échoue mérite qu'on lui permette de s'arrêter un peu, histoire de combler ses lacunes, sans être immédiatement taxé de ringardise.

    On ne peut pas avoir fait croire aux familles et aux enseignants que tous les enfants pouvaient avancer côte à côte, à la même vitesse, et que le redoublement, même très rare, était une plaie purulente dont seule la France était atteinte, puis, du jour au lendemain, encourager les gens à accepter que, dans certaines situations, très particulières, quelques enfants, d'autant plus rares qu'ils auront été bien enseignés, peuvent tirer profit d'une année supplémentaire où ils reprendront, à l'identique, ce qu'ils n'arrivaient pas à comprendre l'année d'avant, tout comme d'autres, plus rapides, auront tout intérêt à passer une à deux années de moins à l'école primaire que leurs petits camarades si l'on souhaite qu'ils gardent leur estime d'eux-mêmes et leur joie d'apprendre.

    Alors, en même temps qu'on se prépare à redonner la liberté aux enfants de progresser réellement à leur rythme et d'être vraiment au centre du système éducatif, il serait bon de tout mettre en œuvre pour que, du haut au bas de l'échelle, plus aucun professeur des écoles n'entende ce que j'ai entendu un jour de 2010 de la bouche d'un Inspecteur de l'Éducation Nationale, auquel je parlais des difficultés d'un élève né le 31 décembre 2001 et condamné de ce fait à suivre un CM1, dans lequel il se rongeait tellement les sangs qu'il en avait les ongles et les lèvres à vif :

    « Mais enfin, Madame, qu'est-ce que vous avez contre les enfants nés en décembre ? Vous n'avez qu'à ne pas l'évaluer sur ce qu'il ne sait pas et vous n'aurez pas besoin de le maintenir au CE2. »


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  • CE1 : Fichier de Mathématiques (2)

    Nota bene :

    Cette version du travail reste consultable et téléchargeable en ligne. Néanmoins, je tiens à vous préciser qu'une nouvelle version du fichier élève et du guide pédagogique, remis en page par Marion Cruz, que je remercie, est consultable et téléchargeable ici :

    Maths au CE1 - Nouvelle édition

    Aux mois de novembre et décembre, nos jeunes CE1 ont bien repris leurs marques. Après la révision des acquis du CP, les voici désormais dans de nouveaux acquis, toujours préparés en amont par des jeux sportifs et des manipulations exécutées tous ensemble ou par petits groupes encouragés par leur enseignant.

    Ils vont apprendre successivement :

    • à tracer des cercles avec un compas... 
    • ... et des angles droits avec une équerre qu'ils auront construite eux-mêmes
    • à poser et effectuer une soustraction sans retenues
    • à compter de 5 en 5 pour se préparer à découvrir ou redécouvrir la multiplication
    • à compter jusqu'à 999, grâce à la monnaie et aux mesures de longueur

    Cet élargissement du domaine numérique connu leur permettra d'apprendre à jongler avec les mètres, les décimètres et les centimètres, en les ayant « touchés du doigt », ainsi qu'à échanger leurs centimes en euros et leurs euros en centimes.
    Ils acquerront de la sorte une connaissance sensible du principe de la numération décimale, connaissance qu'ils pourront transférer sans difficultés notables aux nombres eux-mêmes sans que soit précisée quelque quantité que ce soit.

    C'est aussi au cours de cette période qu'ils découvrent les « problèmes » et la présentation traditionnelle qui aide les enfants à structurer leur réflexion.

    Comme au cours de la première période, les quinzaines sont ponctuées par des « bilans » (n° 4 et 5) et le trimestre se termine par une « révision générale » au cours de laquelle les élèves peuvent s'entraîner encore une fois et se remémorer leurs acquis.

    Aucune utilité de transformer ces bilans et cette révision en évaluation normative. Le travail sera bien plus utile et fécond si les exercices sont abondamment préparés et commentés en classe plutôt que d'être donnés sous la forme d'un examen que l'on corrigera ensuite, seul devant son tableau, face à des enfants qui se désintéressent d'autant plus de ces tâches qu'ils ont déjà faites s'ils ont le sentiment de les avoir « ratées ».

    À l'enseignant de savoir jusqu'où lâcher la bride sur le cou de certains qui piaffent d'impatience et cherchent à caracoler toujours plus vite, tout en guidant et réconfortant au plus près leurs petits camarades qui préfèrent aborder l'inconnu avec prudence et circonspection de peur de buter et de faire un mauvais pas !

    Bon travail aux enfants et à leurs maîtres !

    Nota bene : Si vous souhaitez adapter la taille du fichier à celle de vos élèves, imprimez le fichier recto verso en A4 puis, à l'aide d'un massicot, couper les marges du haut et du bas de manière à avoir un format carré de 21 cm de côté avant de relier le cahier (les reliures à spirale sont assez pratiques).
    Les polices cursives sont : SeyesBDE et Cursivestandard.

    Télécharger « Les Mathématiques CE1 - période 2.pdf »

    Dans la même série :

    Français :

    Pour le CE1 :

    CE1 : Fichier d'Étude de la Langue (1)

    CE1 : Fichier d'Étude de la Langue (3)

    CE1 : Fichier d'Étude de la Langue (4)

    CE1 : Fichier d'Étude de la Langue (5)

    Livre du maître :

    CE1-CE2 : Étude de la langue - LDM (1) ;

    CE1-CE2 : Étude de la langue - LDM (2)

    CE1-CE2 : Étude de la langue - LDM (3)

    CE1-CE2 : Étude de la langue - LDM (4)

    CE1-CE2 : Étude de la langue - LDM (5)

    Pour le CE2 :

    CE2 : Fichier d'Étude de la Langue (1)

    CE2 : Fichier d'Étude de la Langue (2)

    CE2 : Fichier d'Étude de la Langue (3)

    CE2 : Fichier d'Étude de la Langue (4)

    CE2 : Fichier d'Étude de la Langue (5)

    Livre du maître :

    CE1-CE2 : Étude de la langue - LDM (1) ;

    CE1-CE2 : Étude de la langue - LDM (2)

    CE1-CE2 : Étude de la langue - LDM (3)

    CE1-CE2 : Étude de la langue - LDM (4)

    CE1-CE2 : Étude de la langue - LDM (5)

    Pour le CM1 :

    CM1 : Étude de la langue (1)

    CM1 : Étude de la langue (2)

    CM1 : Étude de la langue (3)

    Pour le CM2 (en cours de rédaction) :

    CM2 : Mathématiques et Étude de la langue

    Mathématiques :

    Pour le CE1 :

    CE1 : Fichier de Mathématiques (1)

    ...

    CE1 : Fichier de Mathématiques (3)

    CE1 : Fichier de Mathématiques (4)

    CE1 : Fichier de Mathématiques (5)

     Pour le CE2 :

    CE2 : Fichier de Mathématiques (1)

    CE2 : Fichier de mathématiques (2)

    CE2 : Fichier de mathématiques (3)

    CE2 : Fichier de mathématiques (4)

    CE2 : Fichier de Mathématiques (5)

    Pour le CM1:

    CM1 : Mathématiques (1)

    CM1 : Mathématiques (2)

    CM1 : Mathématiques (3)

    Pour le CM2 :

     CM2 : Mathématiques et Étude de la langue

     Pour la Grande Section :

    voir ici : Progression Se repérer, compter, calculer en GS et ici : Méthode Se repérer, compter, calculer en GS.


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  • II. 2. D. Mise en route - Élémentaire - a (2)

     Au CP/CE1 (2e partie)

    Voir 1re partie ici :
    II. 2. D. Mise en route - Élémentaire - a (1)

    Premier jour de classe 

    « À quoi sert l’école ?
    - À apprendre ce que nous ne savons pas encore. »

    Voici la réponse que nos élèves devraient tous connaître. Aux enseignants de s’appliquer à transmettre ce message, en paroles peut-être, en actions sûrement.

    Matinée

    1) Langage oral et écrit :

    - Lecture oralisée, langage oral :

    L’entrée en classe effectuée, le matériel collecté si tel est l’usage, le maître s’emploie immédiatement à mettre en pratique cet adage.
    Les élèves de CE1 prennent leur manuel de lecture[1] et s’installent face à leurs camarades de CP pour leur lire la première histoire de l’année scolaire. C’est un embryon de récit, au vocabulaire simple, aux phrases courtes et répétitives, pour aider à retrouver les réflexes de l’année scolaire précédente[2]. L’intrigue est évidente pour que tous la suivent sans difficulté. Si de plus elle est amusante, le maître part à coup sûr gagnant ! Après cette lecture, parfois très, très hésitante, le maître relit, en surjouant la scène, de manière à capter l’intérêt de tous. L’utilisation de marionnettes ou de petits personnages permettra de faire comprendre l’histoire aux élèves à l’intérêt le plus dispersés.

    Puis il laisse les enfants s’exprimer. Les plus jeunes sont sollicités les premiers, les plus âgés, encouragés à les écouter pour compléter, préciser ensuite ce qui a été dit. Le maître relance l’intérêt par des questions de sens, de vocabulaire, des encouragements à préciser, à reformuler. Il sollicite les hypothèses, la verbalisation de l’implicite, les rapprochements sémantiques, l’interprétation des motivations des héros de l’histoire…

    - Étude de la langue :

    Puis, pas à pas, il entraîne les élèves sur le chemin de l’analyse de la première notion de grammaire qu’il compte faire aborder à tous ses élèves, des plus âgés aux plus jeunes.
    Ce qui sera apprentissage grammatical pour les élèves du Cours Élémentaire 1 sera analyse du langage oral, découverte du principe alphabétique ou même tout simplement vocabulaire pour ceux du Cours Préparatoire.
    La notion rapidement découverte par les élèves eux-mêmes est alors travaillée à l’oral et au tableau, pour tous. Seul le niveau des questions et des attentes distinguera les plus âgés des plus jeunes.

    Lorsque la leçon collective est finie, les plus grands ouvrent leur cahier ou leur fichier[3] et apprennent comment ils doivent présenter leur première journée de travail en suivant les balises que le maître y a placées à l’avance et reproduites au tableau.

    - Geste d’écriture :

    Les élèves de CP rejoignent leurs places et s’installent face au tableau pour observer le geste d’écriture que le maître souhaite leur voir pratiquer. Comme il sait qu’il ne pourra pas être présent pendant toute la séance, il a volontairement ciblé l’exercice bien en-deçà des capacités de ses élèves[4] et ne s’attend pas à des miracles.
    Ce peut-être un coloriage de la ligne d’écriture sur le cahier seyes agrandi, des suites de cinq ou six boucles à tracer sur une feuille blanche qu’on apprend à placer correctement sur la table, un coloriage appliqué de petites surfaces ou une ligne de la lettre qu’on étudiera ensuite, si ses élèves ont la chance d’avoir été initiés à l’écriture cursive et à la gestion d’un cahier à lignes l’année précédente.

    - Dictée ; exercices écrits :

    La première dictée des élèves de CE1 est très courte, très simple. Elle vise juste à mettre le pied à l’étrier. Elle peut avoir été préparée par la leçon d’étude de la langue qui a précédé et synthétiser un de ses acquis, sans prétention ni ambition[5]. Comme elle est amplement commentée à voix haute par le maître et par les élèves invités à s’exprimer, à épeler, à vérifier leur travail, la correction en est rapide, ou même inutile puisque tout le monde a juste !

    Les élèves de CE1 retournent alors à leurs premiers exercices écrit en autonomie, écrits au tableau ou proposés sur fichier et amplement commentés pendant la leçon de grammaire du matin. Pendant ce temps, les élèves de CP sont invités à feuilleter leur manuel de lecture et à en observer attentivement la première page de leçon. Cela permettra au maître d’arriver tout de suite dans le vif du sujet devant quelques élèves ayant déjà pris quelques repères.

    Les élèves de CE1 vont alors évoluer un long moment seuls. Leurs capacités d’écriture et d’autonomie ne leur permettent cependant pas d’être ainsi livrés à eux-mêmes pour aligner exercice sur exercice jusqu’à ce que la cloche les délivre. Il convient de ne leur donner qu’un seul travail simple, décrypté au tableau, parfois même préparé individuellement sur chaque cahier. Le maître peut y ajouter un second exercice, plus ludique, sous forme de fiche photocopiée[6]. Il peut encore profiter de ce que la leçon de lecture des élèves de CP sera encore nécessairement très courte pour préparer avec les plus grands, deux lignes d’entraînement au geste d’écriture qu’ils réaliseront avant de s’entraîner à la grammaire. Enfin, les élèves de CE1 doivent savoir qu’une fois leurs tâches accomplies, ils auront toute latitude pour aller pratiquer une des nombreuses activités libres permises par l’installation de coins d’activités et l’exposition en libre-service de jeux, jouets, matériaux, livres, etc. 

    - Lecture ; dictée :

    Pendant ce temps, le maître s’installe avec ses élèves de CP pour leur première séance de lecture de l’année scolaire. Il sait quelle importance revêt cet apprentissage pour ces petits enfants et leurs familles et ne saurait différer plus longtemps cette attente[7].

    Observation d’images ou d’objets, expression orale, écoute et attention auditive, observation et attention visuelle, geste d’écriture, le tout toujours sous-tendu par la compréhension lexicale et technique, se succèdent alors, selon l’ordre recommandé par le livre du maître de la méthode de lecture utilisée[8].
    La séance se termine par cinq minutes d’observation attentive du geste d’écriture permettant d’écrire seul, et correctement, la ou les lettres étudiées dans cette première leçon. Ce travail d’observation débouchera sur une dictée de ces lettres, au tableau, enfant après enfant, dans le cas de classes qui découvrent réellement l’écriture cursive, sur l’ardoise ou même sur le cahier si le maître en sait les élèves capables.

    2) Récréation :

    Le maître donne quelques habitudes d'ordre à ses élèves : ranger la classe et le travail fini avant de se mettre en rang, se déplacer en silence. Il rappelle à tous qu'ils doivent profiter de ces minutes de récréation pour boire et aller aux toilettes ; au besoin, il organise un passage dans la salle de propreté de l'école pour bien mettre en place ces bonnes habitudes.

    3) Mathématiques :

    - Jeux et manipulations collectives :

    Après la récréation, la première séance de mathématiques débute dans la cour ou la salle polyvalente de façon à ce que les élèves, de CP comme de CE1, vivent corporellement les mathématiques. Ce qui sera découverte pour les plus jeunes sera renforcement pour les plus âgés ; quant à ce qui pourrait être découverte au CE1, il n’est vraiment pas dangereux que les élèves de CP s’y trouvent confrontés, en auditeurs libres, prêts à en assimiler quelques bribes, sans pression ni attente de la part de l’adulte…

    De retour en classe, on continue les manipulations au tableau, dans le coin de regroupement, avec du matériel concret. Ceux qui savent déjà écrire font profiter de leur savoir les plus jeunes qui découvrent ce super-pouvoir digne des meilleurs super-héros !

    - Exercices écrits et jeux :

    Ce n’est qu’en fin de séance que chaque groupe s’individualise pour réaliser quelques exercices propres à rendre inutile une leçon de mathématiques copiée dans un cahier et apprise par cœur à la maison, comme au bon vieux temps qui n’a jamais existé.

    Après ce passage par la trace écrite, la matinée se termine dans le calme d’un temps de jeux libres. Le maître laisse les élèves explorer les coins-jeux et les étagères, se réservant le droit d’orienter plus tard les plus grands vers des jeux réellement mathématiques. Aujourd’hui, c’est le Premier Jour et ses élèves en ont déjà fait beaucoup ! Chacun joue, si possible dans le calme, et le maître est à la fois nulle part et partout, s’intéressant à tous sans être monopolisé par certains.

    Après-midi

    1) Musique, chant :

    L’après-midi, le groupe est accueilli dans la cour, sous le préau ou dans la salle de musique. Il se ressoude en apprenant à chanter en chœur une mélodie simple, à pratiquer un jeu instrumental amusant ou en écoutant un extrait musical qui sera prétexte à expression corporelle si les locaux le permettent. Si cela n’est pas possible, ce moment d’expression (danse, mime) prendra place, de manière routinière, pendant l’une des séances d’EPS de la semaine.

    2) Lecture, exercices écrits :

    De retour en classe, après la reprise à l’identique de la leçon de lecture du matin pour les élèves de CP, le maître guide la réalisation de la première page du cahier d’exercices correspondant à la méthode de lecture. Pendant ce temps, les élèves de CE copient[9] sur leur agenda ou leur carnet le travail qu’ils feront à la maison. Ils réalisent un dernier exercice de français ou de mathématiques, illustrent la poésie qu’ils apprendront bientôt, relisent silencieusement leur page de lecture…

    3) Questionner le monde :

    Le travail par niveaux est fini pour la première journée. Les bureaux sont rangés, les cartables sont prêts. Le maître installe alors tous ses élèves pour un exercice d’observation simple. Il a choisi, selon sa sensibilité, de commencer par l’Histoire, la Géographie, les Sciences ou la Technologie. L’important est que les élèves, dès le premier jour, découvrent le plaisir d’apprendre, la joie d’observer attentivement, de formuler des hypothèses, d’expérimenter, de confronter leurs savoirs… En bref, qu’ils apprécient et fassent leur le sérieux d’un apprentissage commun.

    Ce que le maître leur propose, ce sont des connaissances, riches et variées. Les compétences comportementales que feront naître ces savoirs sont une conséquence de cette accumulation de données qu’il convient de rapprocher, d’opposer, de lier, de combiner. L’enfant est heureux des connaissances qu’il accumule, alors que le maître est satisfait de ce qu’il installe, au jour le jour, sans précipiter ni retarder au prétexte qu’il est indispensable, ou inutile, qu’un enfant de six à huit ait acquis tel comportement savant[10] ou telle connaissance académique…

    Il ne s’agit pas cependant de faire le tour de la question mais plutôt juste un petit tour de piste, une mise en jambes intellectuelle qui, elle aussi, donne le ton de l’année scolaire qui commence. « Mens sana... », pense le maître… « ...in corpore sano ! » répondent les élèves qui, après deux mois de vacances, ont des fourmis dans les jambes !

    4) Éducation physique et sportive :

    Vite ! La marque de fabrique de l’école républicaine et des grands mouvements d’éducation populaire est en train de disparaître du paysage scolaire, tuée par la bouffissure de ses prétentions associée au manque chronique de temps.

    Pourtant, elle participait si bien à l’acquisition des valeurs de partage, de solidarité, d’échange, de camaraderie, pas toujours perceptibles dans le sport associatif encouragé de toute part à produire des champions. Pourtant, elle donnait l’occasion aux élèves à l’intelligence plus pratique de briller face à leurs camarades plus à l’aise dans les domaines intellectuels. Pourtant, elle permettait cette première compréhension concrète de l’espace et du temps, celle vécue corporellement, intégrée sans même s’en rendre compte.

    - Un petit échauffement tout simple qui servira aussi à fixer la latéralisation de certains, à enrichir le vocabulaire d’autres, à en calmer et concentrer quelques-uns.
    - Un jeu collectif, avec ou sans ballon, héritier des fameux jeux de colo ou de patronage.
    - Un exercice plus dirigé qui permettra, lorsque son apprentissage sera intégré par tous, de progresser dans le grand jeu.
    - Enfin, un retour au calme, assis en rond, pour un dernier jeu d’attention visuelle ou auditive et le tour est joué.

    Les enfants sont ravis, le maître n’a pas été obligé de redécouvrir l’Amérique en créant de toutes pièces une séance parfaite, s’insérant dans une progression extraordinaire aux objectifs hallucinants, truffée de mots compliqués. Demain, ils recommenceront et, peu à peu, les enfants progresseront, à leur rythme, entraînés par leurs camarades et leur maître, contents de bouger et de maîtriser leur corps. 

    5) Récréation

    6) Arts Visuels ; anglais :

    Après la récréation, c’est pour une autre des marques de fabrique de l’École, tendance Éducation Nouvelle ou École Active, que la classe se réunit encore une fois. Pendant la dernière partie de la journée, les élèves vont s’exprimer, par le dessin et les arts plastiques.

    Dans ces domaines-là non plus, point n’est besoin de grands mots, d’objectifs échevelés, de projets démesurés. L’enfant aime se voir progresser, il apprécie beaucoup moins d’être entraîné vers la noyade ou condamné au rôle d’exécutant des basses œuvres d’une production adulte  bien trop sophistiquée pour ses faibles moyens. Le maître a donc choisi une œuvre plastique[11] facile à analyser, à commenter, à s’approprier de manière à pouvoir l’intégrer à une production personnelle.

    Premières semaines

    Le lendemain et les jours suivants, le maître continue à donner forme à sa classe, de manière à ce que les enfants sachent qu’ils sont là pour apprendre et réfléchir ensemble, aidés par un adulte bienveillant qui est là pour eux.  

    Le rythme des journées, toujours identique, permet  l’acquisition de repères temporels sûrs. Le maître aide ses élèves en variant le moins possible l’ordre et la durée des activités.  L’acquisition du rythme hebdomadaire, ainsi que le nom des jours se stabilise grâce aux activités variées de l’après-midi. 

    Lecture et littérature sont le point de départ de la journée de classe. Les élèves savent que l’aisance qu’ils acquerront dans ces domaines sera le garant de leur réussite scolaire, au moins pendant toutes leurs années d’école élémentaire. 
    Le vocabulaire, la syntaxe, travaillés tant à l’oral qu’à l’écrit pendant les deux tiers de chaque matinée, leur assurent une compréhension de plus en plus fine de la langue et de son code écrit, ce qui leur servira toute la journée, au cours de chaque activité.  Chaque jour amène son lot de progrès et développe pas à pas les jeunes corps et les jeunes esprits...

    Les temps de la journée ont pris rapidement leur place.  La durée des activités, ponctuée par la sonnerie d’un minuteur, aide les élèves à garder présentes à l’esprit les échéances du temps qui passe. Les élèves, confortés dans leurs capacités, prennent leur autonomie. La cohésion du groupe installe l’envie d’apprendre.
    Les enfants prennent plaisir aux activités que le maître organise où chacun a sa place, au milieu de tous ses camarades. Ils ont compris que ces activités collectives sont toutes chargées d’une dimension instructive.

    Les apprentissages, grâce à leur place prépondérante et leur caractère routinier, se sont vite structurés. Chaque jour, chaque élève sait qu’il va au cours des moments institutionnalisés s’exercer avec ses camarades de classe à prendre des repères de plus en plus fins dans le monde des savoirs savants. Chacun sait où il va, confiant dans ses capacités car épaulé par son maître et ses camarades de classe qui avancent avec lui, sur le même chemin.

    Dans la même série :

     Tous les chapitres déjà mis en ligne sont répertoriés dans la Table des matières   évolutive que vous trouverez dans la partie Sommaires.

    Pour la partie présente :
     I. Idées reçuesII.1. Deux niveaux dans la même classeII. 2. D. Mise en route - Élémentaire - a (1)II. 2. D. Mise en route - Élémentaire - a (2) ; II. 2. D. Mise en route - Élémentaire - b (1) ; II. 2. D. Mise en route - Élémentaire - b (2) - c.  

    Notes :

    [1] L’utilisation d’un manuel de lecture, composé de contes et de récits complets, adaptés aux capacités de lecture d’un enfant de tout juste sept ans, complété d’exercices de compréhension et de vocabulaire, est un confort qui nous est refusé aujourd’hui. Rien ne nous empêche cependant de nous en concocter un, mêlant textes « classiques » et extraits de romans « modernes ». À moins que nous préférions fouiller les vide-greniers et retrouver ces petits ouvrages qui enchantaient les élèves et les entraînaient, progressivement donc sûrement, vers la pratique fluide et aisée de la lecture.

    [2] Certains élèves n’auront pas lu une ligne de tout l’été, il faut le savoir.

    [3] Voir Annexe V, dans II. 2. D. Mise en route - Élémentaire - a (1)

    [4]  Voir site Écriture-Paris, onglet « Pour les enseignants ».

    [5] Le fichier Étude de la langue propose les lettres, les syllabes et les mots comme première leçon. On peut par exemple envisager que la dictée de ce premier jour soit celle de l’alphabet, lettres séparées par des virgules ; comme il évoque aussi les syllabes, la dictée peut être le prétexte pour séparer en syllabes quelques mots très simples…

    [6] Celui-ci peut être une anticipation du travail prévu pour le lendemain. Plus les élèves seront préparés en amont à ce qu’ils vont découvrir ensuite et plus le temps d’intervention du maître sera optimisé.

    [7] Un jeune Nans était revenu fort dépité de sa première matinée de CP et avait reproché à sa mère : « Tu m’avais dit qu’au CP, j’apprendrais à lire et on n’a rien fait ! À cause d’elle, je ne sais toujours pas lire ! »

    [8] Voir II.2.C, Mise en route - GS/CP (2), pour un exposé plus détaillé des tenants et des aboutissants de cette première séance de lecture au CP. Voir aussi la mise en garde quant aux méthodes de lecture que nous évoquons dans cet ouvrage.

    [9] Je conseille de ne pas faire copier les « leçons » aux élèves de CP mais de coller ou de faire coller dans leur agenda une feuille photocopiée qui récapitule pour les parents ou l’association d’aide aux devoirs quel sont les courtes tâches à effectuer chaque soir de la semaine.

    [10] Les principes de la démarche d’investigation, au CP, guidé par le maître, je suis d’accord ; seul, en autonomie, même par reproduction, est-ce bien raisonnable ?...

    [11] Excellente progression pour le CP, facilement adaptable pour des élèves de GS, sur ce site : http://ouiphi.eklablog.com/une-progression-pour-le-cycle-2-c25389902. Pistes musicales dans Une année au concert, cycle 2, Scéren.


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