• CP/CE1 : Lire en groupe-classe

    CP/CE1 : Lire en groupe-classe

    L'école est un lieu d'instruction collective. Les élèves y acquièrent leurs connaissances grâce aux moments oraux de construction des savoirs dans lesquels les échanges entre pairs sont largement aussi importants que ceux dirigés de l'adulte vers l'enfant considéré comme un individu unique qui ne peut apprendre que lors d'un enseignement duel.

    Cependant, si cette instruction collective est la seule à pouvoir fournir suffisamment de temps d'apprentissage et de stimulation à chacun, elle doit être conçue de manière à ce que chaque individu soit accueilli et encadré en fonction de ses besoins propres. 

    Nous dirons que, au sein d'une instruction collective, l'éducation doit être considérée le plus possible de manière individuelle. Il s'agit donc pour l'enseignant de bien connaître les capacités, le degré de savoir, le type d'intelligence de chacun de ses élèves. Cela lui permet d'utiliser toutes les « forces » et d'obtenir que chacun progresse, entraîné par le mouvement général donné à la classe entière et soutenu par les procédés particuliers conçus pour lui au sein de ce groupe.

    Ici nous répertorierons les « forces » qui permettront à chaque enseignant d'entraîner un groupe d'une vingtaine d'enfants à lire, tous ensemble, sans décrocher. La plupart de ces forces sont des jeux de rôle, dont les enfants de cet âge sont friands. Ils ne nécessitent pas ou peu de matériel.

    Lecture de lettres ou syllabes et mots :

    Dans des classes nombreuses (plus de 20 à 25 élèves), on peut scinder le groupe en deux de manière à ce que le tour de chaque enfant revienne plus souvent.

    A) Jeu du micro

    C'est celui décrit par l'image ancienne qui illustre cet article. La page de lecture est reproduite au tableau. Un élève tient la baguette, c'est lui le chef d'orchestre.

    Les autres élèves, en demi-cercle autour du tableau, ou assis à leur place, dans le cas d'un orchestre symphonique (classe de plus de 20 à 25 élèves ou classe remuante, avec un ou plusieurs éléments perturbateurs pour lesquels chaque regroupement est prétexte à chahut), tiennent à la main leur micro (un simple crayon fera l'affaire).

    Le chef d'orchestre, qui peut être l'enseignant dans un premier temps, pointe un à un les éléments à lire. Les musiciens les lisent en chœur devant leur micro. Le chef d'orchestre arrête l'orchestre s'il constate une erreur.

    Il peut jouer sur le rythme pour garder la vigilance de ses musiciens en éveil, ralentissant ou accélérant le passage de la baguette d'un élément à un autre.

    Il peut aussi jouer sur l'intensité en demandant que la lecture soit chuchotée, dite à mi-voix ou claironnée à pleine voix. Lorsque la classe est bien entraînée à ce jeu, il peut même proposer des jeux vocaux (exemple : deux syllabes à mi-voix, la troisième à pleine voix et on recommence). Attention cependant au chahut que peut générer cette contrainte supplémentaire.

    De manière à ce que le chef d'orchestre ait lui aussi lu à voix haute, on peut changer de chef après chaque ligne ou chaque colonne.

    On peut aussi, après une première lecture, guidée par le chef d'orchestre, en entamer une seconde, guidée par un second chef d'orchestre, puis une troisième, dans le désordre cette fois, pour laquelle un troisième chef d'orchestre pointera lettres et syllabes au hasard sur le tableau, pour éviter que certains élèves très auditifs en soient à réciter le tableau à l'oreille.

    Cette dernière lecture peut aussi être réalisée par un ou plusieurs solistes auxquels on aura donné des consignes particulières. Exemple : Albert lira toutes les syllabes qui contiennent la lettre a, Eléa toutes celles qui contiennent la lettre é, Ismaël celles qui contiennent la lettre i, etc.

    B) Lecture en cascade :

    Les syllabes ou les lettres sont écrites sur une feuille placée devant les enfants, assis chacun à leur place (livre de lecture, photocopie).

    Chaque enfant suit avec son doigt la ligne ou la colonne de syllabes ou de mots et  chacun en lit une à son tour, selon un ordre fixé à l'avance et sur un rythme très soutenu, surtout pour les syllabes.

    Pour que ce rythme soit vraiment enlevé, l'enseignant peut le marquer grâce à une pulsation (douce) frappée sur un tambourin ou un claquement de doigts.

    Lecture de listes de mots :

    Dans des classes nombreuses (plus de 20 à 25 élèves), on peut scinder le groupe en deux de manière à ce que le tour de chaque enfant revienne plus souvent.

    Les procédés précédents peuvent aussi être utilisés, dans un deuxième temps, pour la lecture de listes de mots. Cependant, pour les mots, c'est plus difficile, car certains nécessitent une définition. Un autre jeu est donc nécessaire lors de la première lecture. 

    C) Jeu de l'écho:

    L'ordre de lecture est fixé à l'avance. Les élèves assis à leur place ont la feuille placée devant eux.

    Le lecteur A lit le premier mot, le lecteur B relit le mot et l'explique (exemple : A : « une bergère » ; B : « Une bergère, c'est une dame qui garde des moutons. »), puis le lecteur B lit le mot suivant et le lecteur C en donne la définition, etc.

    Lecture de phrases, de paragraphes et de textes :

    Dans des classes nombreuses (plus de 20 à 25 élèves), on peut scinder le groupe en deux de manière à ce que le tour de chaque enfant revienne plus souvent.

    Cependant grâce à l'utilisation d'un chuchoteur, on palliera la difficulté de l'enfant qui ne lit pas tant que ce n'est pas son tour de lire à voix haute. Le temps gagné en ne scindant pas le groupe-classe en deux (ou même plus) pourra alors être utilisé pour la compréhension de texte (exercice insuffisamment pratiqué en France, si l'on se réfère aux résultats de l'enquête PIRLS).

    D) Les chuchoteurs :

    On peut se servir des chuchoteurs en groupe-classe : un enfant qui lit à voix haute, c'est le lecteur-vedette, et les autres, les suiveurs, qui « essaient de lire aussi vite que lui » dans leurs chuchoteurs.

    Pour ne pas que les suiveurs se lassent, tant que les enfants liront lentement, on changera de lecteur-vedette à chaque phrase  et même parfois, en cas de phrases complexes à plusieurs propositions, à chaque proposition.

    On peut mixer cette lecture phrase à phrase avec le jeu de l'écho : le lecteur-vedette lit la phrase une première fois, pendant que ses camarades lisent dans leurs chuchoteurs, puis un second lecteur-vedette la relit, seul, et l'explique avant de passer à la suivante. Il est alors rejoint par ses suiveurs qui reprennent leurs chuchoteurs pour la déchiffrer au même rythme que lui.

    Lorsqu'ils commencent à lire avec plus de fluidité, on change de lecteur-vedette après chaque court paragraphe. 

    E) Jeu du débat littéraire

    Être un lecteur performant, c'est allier, dans un temps le plus bref possible, décodage, compréhension et fluidité. Cette lecture immédiatement réflexive et compréhensive commence, pour une partie des élèves, dans la deuxième moitié du CP mais n'aboutit, pour la plupart d'entre eux que dans le courant du CE1, après apprentissage guidé par l'enseignant.

    Cet apprentissage nécessite de faire lire une première fois le paragraphe phrase à phrase, comme décrit ci-dessus. Chaque élève à son tour joue le lecteur puis le décrypteur de sens. Mots, tournures rares et sens général sont expliqués et reformulés. 

    Puis un seul élève relit ce paragraphe en entier, pendant que ses camarades se le lisent à eux-mêmes dans leurs chuchoteurs (toujours avec l'enjeu de lire à la même vitesse que le lecteur-vedette). Comme c'est une relecture, on peut s'attendre à une fluidité plus grande (exemple : passer du syllabe à syllabe au mot à mot ou, plus tard dans l'année, du mot à mot au groupe de souffle par groupe de souffle).

    Au niveau de la compréhension, la relecture d'un paragraphe doit permettre d'aller plus loin dans l'interprétation (compréhension de l'implicite et des inférences ; formulation d'hypothèses sur la suite et ce qui a précédé l'extrait lu). Un tour de parole, à la manière de Pierre Péroz, apportera plus à chaque participant à ce débat littéraire qu'un jeu de questions-réponses entre l'adulte et chacun des enfants pris à son tour.

    Ce débat pourra être conclu par une troisième relecture du paragraphe, surtout lorsqu'il s'agit d'un paragraphe compliqué comportant des mots et des tournures rares que l'on souhaite voir mémorisés. Mais cela ne doit pas être systématique car, très souvent, les enfants à bonne mémoire auditive se mettent alors à le réciter au lieu de le lire. L'exercice devient alors dangereux pour eux puisqu'il les éloigne de la lecture.


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