• CP : Que penser de Ludo ?

    CP : Que penser de Ludo ?

    Je n'avais pas encore feuilleté le nouveau Ludo. Voilà qui est fait... Personnellement, je ne suis pas fan.

    Onze noms de personnages, c'est beaucoup

    Au tout début, pages 9 et 11, je ne suis pas sûre que donner 5 puis peu après 6 noms à retenir visuellement soit très simple.

    Mais peut-être les auteurs comptent-ils seulement que les enfants retiennent oralement ces 11 noms par rapport aux 11  illustrations plutôt que par rapport aux 11 étiquettes ? C'est certainement ça puisque dans les phrases à déchiffrer ces mots n'apparaissent pas.

    C'est dommage car ça aurait donné un peu de vie aux phrases à déchiffrer qui doivent faire se retourner dans sa tombe les créateurs des PEMF, eux qui ne juraient que par une école centrée sur l'enfant et qui, pour la lecture, tenaient à « baser l'apprentissage sur ce qu'il dit et qu'on écrit pour lui au tableau, afin qu'il voie ses pensées et ses actes se fixer sous une forme nouvelle » (L'école moderne française, C. Freinet).

    Rubrique « J'écoute une histoire »

    Je ne trouve pas ces pages de textes lus par l'adulte nécessaires dans un manuel de l'élève.

    Dans cette méthode en particulier, elles sont d'autant moins nécessaires qu'elles ne débouchent sur aucune page dans laquelle les enfants retrouvent cette histoire, résumée et très simplifiée de façon à ce qu'ils puissent la décoder seuls et se remémorer ce long texte grâce à elle.

    D'autant que leur présentation de change pas et que, même en fin d'année, elles ne sont pas destinées à être lues par les enfants eux-mêmes, alors qu'ils en seraient capables.

    Apprentissage du code

    Les pages réservées aux élèves présentent dès le début syllabes et syllabes dites « inverses », ce qui peut mettre d'emblée en difficulté des enfants qui présentent encore une immaturité visuelle leur rendant le traitement de la symétrie par rapport à un axe vertical bien difficile.

    Pour moi, il vaut bien mieux attendre que le sens gauche-droite de la lecture soit bien installé pour que les élèves d'eux-mêmes déchiffrent avec facilité les « al, as, ir, oc, uf, ...» qu'ils ont tant de peine à distinguer des « la, sa, ri, co, fu, ...» si on les y confronte dès les premières semaines.

    Mots-outils

    La présence des mots-outils me choque, surtout quand ceux-ci sont « transparents » ou presque, ou qu'ils vont le devenir rapidement.

    Par exemple, quel intérêt de signaler « le, la, l', il » en page 13 alors que les enfants savent les décoder et donc les encoder seuls ?

    Même chose pour « alors » et « puis » qui sont décodables et dont il suffit de faire remarquer le s muet pour que les enfants sachent l'encoder seuls.

    Les seuls réellement utiles à mémoriser visuellement sont « et, un, elle, est » puisque, de toute façon, ils ne sont pas décomposables et recomposables grâce à des unités graphémiques plus petites connues.

    J'ajouterais quand même une tolérance pour « dans » et « avec » qui permettent de lire des textes un peu plus fouillés et que les élèves retiennent facilement bien avant d'avoir abordé la graphie an et la valeur de la lettre e quand elle n'est pas en fin de syllabe. 

    Tous les autres sont inutiles puisqu'ils sont soit déjà décodables, soit n'ont qu'à être reportés de quelques jours ou quelques semaines pour le devenir.

    La petite histoire de Nina

    La première histoire, bien tristounette, apparaît page 26, ce qui me semble tard. Selon la vidéo de Sanléane (à 13'54''), cela correspond à la Semaine 8, soit en début de 2e période. Je confirme donc : c'est très tard.

    Cette rubrique réapparaît ensuite toutes les 3 pages, ce qui, avec une méthode classique, ferait un rythme d'une histoire tous les 5 ou 6 jours de classe. À peine une par semaine ensuite, ce qui est très peu.

    Mais, encore une fois, peut-être suis-je trompée par toutes ces pages qui ne sont pas destinées aux élèves eux-mêmes, même en toute fin de manuel, au moment où les élèves ont pourtant toutes les cartes en main pour pouvoir lire seuls :

    Depuis quelques jours, l'école est terminée. Même s’il est un peu triste d’avoir quitté ses amis, Ludo est très heureux d’être en vacances. Demain, lui et toute sa famille partiront en voyage. Papa a loué une petite villa pas très loin de la mer, dans le Sud de la France.

    Conclusion

    Vous l'avez compris, je ne suis pas fan.

    Ceci dit, comme Piano, Pilotis ou autres manuels similaires, elle apprend très certainement à décoder et encoder à tous les élèves. Mais ce qui m'inquiète, c'est la lecture, la vraie, celle qu'on fait pour se faire plaisir, s'informer, se documenter...

    Celle-là, avec des manuels de ce type, seuls les enfants qui ont des parents eux-mêmes passionnés de lecture y accèderont, et de plus hors l'école.

    Les autres, ceux qui n'ont que l'école quitteront le CP en croyant que lire, c'est ânonner plus ou moins rapidement, de septembre à juillet :

    Ali alla là. (p. 13)

    Elle a avalé l'olive. (p 23)

    Margot va à la gare à vélo. (p 34)

    Sabine a trop salé la soupe. (p 43)

    Le mouton a été piqué par un bourdon. (p. 53)

    Albert va à son cours d'escrime avec Estelle. (p. 63)

    Depuis la dernière tempête, le pont s'arrête au milieu de la rivière. (p. 73)

    Il me faut un nouveau crayon à papier, celui-ci est trop petit. (p. 83)

    Le jardinier a planté des radis et des haricots dans le potager. (p. 93)

    On peut se promener dans le désert sur le dos d'un dromadaire. (p. 103).

    Avouez que nous sommes bien loin de ça, élaboré, écrit, imprimé par les enfants eux-mêmes dans le but d'être lus par d'autres enfants :

    CP : Que penser de Ludo ?

     


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