• II. 2. D. Mise en route - Élémentaire - b (2) - c

    II. 2. D. Mise en route - Élémentaire - b (2)

     Du CE1/CE2 au CM1/CM2 (2e partie)
    et
    Des associations bizarres

    Voir 1re partie ici :
    II. 2. D. Mise en route - Élémentaire - b (1)

    Premiers jours de classe 

    Les élèves arrivent à l’école après presque deux mois de vacances. Ils rêvent réussite scolaire, beaux cahiers bien écrits à l’aide d’un matériel tout neuf, activités communes avec leurs camarades, grands jeux de cour et découvertes étonnantes. Cela tombe bien, c’est exactement le programme de leur première journée de classe… et des suivantes.

    Le matériel est prêt pour leur épargner ce qu’ils n’aiment pas, la programmation, la répétition à l’identique, tout ce qu’ils apparentent à un travail à vide qui n’avance à rien et a un goût de reculade devant l’obstacle. Cahiers et classeurs sont déjà prêts et étiquetés ; leurs pages de garde sont complétées, leurs intercalaires ordonnés. Les livres de classe sont triés, posés sur les bureaux et ils n’ont plus qu’à être placés dans les casiers.

    L’emploi du temps est affiché en grand format près du tableau et chaque élève en découvre un, plastifié, sur son bureau. Après l’appel et les présentations d’usage, la classe peut commencer.

    Matinée

    1) Langage oral et écrit :

    - Lecture ; étude de la langue :

    La première lecture de l’année porte souvent sur une rentrée des classes, contemporaine ou plus ancienne. On lit, à voix haute, « comme à l’école », pour que l’expérience de chacun profite à tous.
    Contrairement aux jours suivants, le maître a choisi de faire lire tous ses élèves pour se donner déjà une idée du niveau de chacun. La lecture, commune aux deux niveaux, est interrompue aussi souvent que possible pour des explications, des synthèses intermédiaires, des questions de sens… Si la classe est trop nombreuse pour que tout le monde lise un paragraphe différent, il fait procéder à des relectures, toujours à voix haute ou des relectures partielles pour justifier une réponse à une question de sens.

    Les dernières questions portent sur les phrases du texte, leur nombre de mots, la nature de ceux-ci pour les plus grands, puis leur genre, leur nombre, leur temps et leur personne éventuellement. On continue avec le nombre de syllabes de quelques mots, les lettres qui les constituent, l’alphabet, l’ordre alphabétique.

    Enfin, une partie du texte est observée plus finement car elle sera la matière de la dictée[1] qui suivra. On s’attache à rappeler ce qui est connu parfois depuis plusieurs années : la nature des mots, ceux qui sont variables et leurs critères de variation, selon leur genre, leur nombre, leur temps ou leur personne, les accords qui règnent entre ces mots variables ; on observe attentivement les mots variables et invariables, on les épelle à voix haute, on cherche des liens avec d’autres mots connus… On fait tout, sauf apprendre par cœur des lambeaux de phrases sans les avoir d’abord intelligemment décortiqués et analysés.

    - Exercices écrits ; dictée : 

    La première leçon d’étude de la langue est finie, les plus âgés passent aux exercices écrits dans leur cahier de français. Ceux-ci portent sur les notions revues le jour-même et, s’ils sont progressifs, ils les dispenseront d’avoir à copier puis apprendre par cœur une ou plusieurs formules magiques car le contenu de la leçon sera déjà acquis lorsque viendra le moment de la réviser, le soir, après l’école.

    Les plus jeunes ouvrent aussi leur cahier mais ils restent sous la houlette du maître qui leur dicte leur premier texte de l’année. Considérant la dictée comme un moment d’apprentissage, celui-ci n’hésite pas à faire rappeler ce qui vient d’être observé, expliqué, compris. La correction est immédiate, phrase après phrase pour les plus jeunes[2], paragraphe après paragraphe pour les plus âgés.

    Lorsque cette dictée est corrigée, le maître inverse les groupes et chacun se remet au travail, selon le même principe. 

    Aucun travail supplémentaire n’est imposé aux plus rapides, ils choisissent alors leur activité, librement, en respectant le calme et la sérénité qui doivent régner dans une salle de classe. Cela permet déjà au maître de se consacrer aux plus lents, à ceux qui ont besoin de plus d’aide.

    2) Récréation :

    Le maître donne quelques habitudes d'ordre à ses élèves : ranger la classe et le travail fini avant de se mettre en rang, se déplacer en silence. Il rappelle à tous qu'ils doivent profiter de ces minutes de récréation pour boire et aller aux toilettes.

    3) Mathématiques :

    Après la récréation, le maître met en place la séance de mathématiques. Après un démarrage commun, dans le cas de niveaux successifs, les plus âgés s’aventurent un peu plus loin dans leurs révisions pendant que les plus jeunes passent à l’écrit les premiers.

    Lorsque tout le monde est à l’écrit pour la fin de la matinée, le maître peut se déplacer entre les tables d'élèves et corriger, aider, réexpliquer une notion individuellement ou par petits groupes.
    Il peut aussi, s’il le préfère, s’installer dans un coin de la classe et faire venir à sa table les élèves seuls, deux par deux ou par petits groupes et leur donner l’impulsion qui leur manque pour continuer. 

    La matinée se termine, les deux matières les plus exigeantes intellectuellement ont été traitées et les cahiers peuvent être rangés jusqu’au lendemain. Si, dès le matin, les révisions et préparations à faire à la maison ou à l’étude ont été écrites sur le tableau, certains élèves auront même trouvé le temps de les recopier sur leurs agendas.

    Après-midi

    1) Éducation physique et sportive :

    L’après-midi commence par ce fameux grand jeu que les élèves appelaient de leurs vœux en ce jour de rentrée. C’est une partie de balle au prisonnier, un jeu de l’épervier, un béret ou tout autre jeu de colo qui a traversé les cent trente années d’école obligatoire. Il fédérera le groupe et permettra que des liens se créent entre les enfants.

    Le maître repère quant à lui les timides, les maladroits, les inquiets mais aussi les « individus incomparables et irremplaçables dotés de superpouvoirs » et les « allergiques aux règles et aux lois ».
    Il tente, dès ce premier jour, d’assurer protection et soutien aux premiers mais aussi tutelle et fermeté aux seconds ! Équilibre difficile s’il en est qui a tout intérêt à être installé maintenant, lorsque tout ce petit monde est encore plein de bonnes résolutions et d’envie de réussir son année scolaire. Compliments et encouragements vont bon train, les rappels à l’ordre sont motivés et cherchent à s’appuyer sur l’envie de bien faire de l’enfant en contravention.

    2) Lecture documentaire ; histoire, géographie ou sciences :

    Tout le monde rentre en classe et c’est à nouveau un moment de lecture, choisi en fonction du programme du jour : sciences, histoire ou géographie. On lit à voix haute, on commente, on explique, on relit… Le vocabulaire spécifique est expliqué, si possible par un des élèves du groupe des plus grands, on appelle à la rescousse les souvenirs des années scolaires précédentes pour bien mettre en place cette continuité entre les classes et le respect du maître pour les savoirs de ses élèves.

    C’est naturellement qu’on prolonge ce moment de lecture par la leçon proprement dite en enchaînant observations, moments d’expression orale, lectures, explications… On conclut, dix minutes avant la fin de la séance, par une courte trace écrite recopiée par tous. Les aînés aident leurs cadets à maîtriser le classeur et ses intercalaires diaboliques et on range le classeur jusqu’au lendemain.

    3) Récréation

    4) Langue vivante étrangère, arts visuels, musique :

    Après la récréation, le maître reprend ses élèves autour de lui pour quelques mots de langue vivante, quelques pistes d’arts visuels, quelques notes de musique. La séance est active, visant encore une fois à fédérer le groupe et à donner à chacun envie de la prochaine séance pour continuer ce qui a déjà été commencé et qui l’a mis en appétit. 

    L’année scolaire a démarré, les élèves repartent avec, dans leur cartable, des leçons à revoir, une lecture à lire, un poème peut-être, et dans leur esprit l’idée qu’à l’école, on apprend et on progresse chaque jour pour ne jamais avoir à faire des pas de géant, épuisants et déstabilisants. 

    Premières semaines

    Le lendemain et les jours suivants, le maître continue à donner forme à sa classe, de manière à ce que les enfants sachent qu’ils sont là pour apprendre et réfléchir ensemble, aidés par un adulte bienveillant qui est là pour eux.  

    L’acquisition d’une langue écrite riche, compréhensible de tous grâce à une syntaxe et une orthographe correctes, est le point de départ de la journée de classe. Les élèves savent que l’aisance qu’ils peaufinent chaque jour dans ce domaine est le garant de leur réussite scolaire.  Chaque jour apporte son lot de progrès et développe pas à pas les jeunes corps et les jeunes esprits. Cette facilité à comprendre ce qu’ils lisent, à être sûrs de ce qu’ils écrivent leur fait apprécier les autres disciplines où ils progressent de concert.
    Compter, calculer, découvrir des mondes, des cultures, des phénomènes naturels, des constructions de l’homme, se réjouir au contact d’une œuvre d’art, tout cela devient plus simple lorsqu’on a les mots pour le dire et le comprendre !

    Les élèves, confortés dans leurs capacités, prennent leur autonomie. La cohésion du groupe installe l’envie d’apprendre. Les enfants prennent plaisir aux activités que le maître organise et où chacun a sa place, au milieu de tous ses camarades.
    Ils savent que les activités collectives sont toutes chargées d’une dimension instructive. Chaque jour, chaque élève sait qu’il va au cours des moments institutionnalisés s’exercer avec ses camarades de classe à prendre des repères de plus en plus fins dans le monde des savoirs savants. Chacun sait où il va, confiant dans ses capacités car épaulé par son maître et ses camarades de classe qui avancent avec lui, sur le même chemin.

    c) Des associations bizarres

    Il arrive parfois que, pour des questions d’équilibre des effectifs, on jumelle deux niveaux très éloignés. On voit ainsi naître des classes où huit élèves de Petite Section sont associés à dix-huit élèves de Grande Section alors qu’ailleurs ce sont six élèves de CM2 qui occupent un coin d’une classe de vingt enfants de CP.

    Cette organisation, au départ peu engageante et n’ayant que le mérite d’équilibrer les effectifs des sections sans condamner toutes les classes à accueillir deux niveaux, trouve pourtant ses défenseurs.

    En effet, elle va permettre au niveau le plus chargé de l’être quand même beaucoup moins que d’habitude. Quant au groupe à faible effectif, il bénéficiera d’une année scolaire cocon avec un enseignant qui, quand il s’occupe exclusivement de lui, fait quasiment du cas par cas.

    En revanche, le maître aura beaucoup moins d’occasions de faire du travail collectif et de se baser sur l’intuition des benjamins pour construire les savoirs des aînés. Il pourra difficilement mener en commun quelque séance que ce soit, depuis les matières fondamentales jusqu’aux arts et à l’éducation physique…

    Ce seront bien deux classes fonctionnant en un seul lieu qu’il mènera et non une classe contenant des enfants des enfants d’âges proches s’étalant sur deux années civiles au lieu d'une.  

    Dans la même série :

    Tous les chapitres déjà mis en ligne sont répertoriés dans la Table des matières   évolutive que vous trouverez dans la partie Sommaires.

    Pour la partie présente :
     I. Idées reçuesII.1. Deux niveaux dans la même classeII. 2. D. Mise en route - Élémentaire - a (1)II. 2. D. Mise en route - Élémentaire - a (2) ; II. 2. D. Mise en route - Élémentaire - b (1) II. 2. D. Mise en route - Élémentaire - b (2) - c .  

    Notes :

    [1] Le maître a eu soin d’extraire une phrase ou un paragraphe dont la longueur, en mots, est inférieure de 20 % à la longueur d’une dictée de fin d’année pour le niveau en-deçà du niveau concerné. Ainsi les élèves de CE1 auront à écrire une dictée de 10 à 12 mots environ, ceux de CE2, un texte d’une quarantaine de mots, ceux de CM1, 60 mots, ceux de CM2, 80.

    [2] Jusqu’au CE2 inclus.


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