• Bien faite ? Bien pleine ? Ou les deux ?

    En ce moment fleurissent sur les groupes d'enseignants inscrits sur les réseaux sociaux toutes sortes de demandes sur d'éventuels modèles permettant d'exploiter en classe (maternelle, CP) les boîtes de jeux qu'on exhume des placards. Il arrive aussi qu'on demande le nom de ces jeux.

    Pourquoi le nom ?... C'est un mystère. Qu'un élève de Première ait besoin du nom des œuvres qu'il présente au bac de français, oui, bien sûr, c'est indispensable, même en dehors du simple besoin de l'examinateur qui doit choisir une de ces œuvres. Parce que cette liste constitue, à vie, pour le jeune élève un référentiel de titres et d'auteurs de langue française.

    En revanche, lorsqu'il s'agit d'enfants de 3 à 7 ans, et de petits blocs de bois ou de plastique de formes et couleurs variées, c'est déjà beaucoup moins indispensable. Si la boîte du jeu a disparu et qu'aucune référence au nom n'est faite sur la caisse dans lequel il a été entreposé et que nous avons besoin d'un nom, eh bien, seuls ou avec les enfants, nous l'inventons.

    Celui-là deviendra par exemple Le Labyrinthe :

    Bien pleine ? Bien faite ? Ou les deux ?

    Cet autre sera baptisé Les fleurs :

    Bien pleine ? Bien faite ? Ou les deux ?

    Cependant, cette histoire de nom, si simple à résoudre, me tracasse. Une collègue m'a expliqué que c'était pour écrire ce nom sur la boîte de rangement. Oui. D'accord. Mais Les fleurs, c'est aussi bien que Blocs plastiques créatifs Tournesols et Liserons, non ? Et nous comprendrions tout aussi simplement Labyrinthe que Courbes et droites, si toutefois ç'avait été le nom choisi par la maison d'édition qui a commercialisé ce jeu.

    Pour moi, il y a autre chose... Comme il y a autre chose, de plus transparent cette fois, dans cette quête incessante de modèles. Et cette autre chose, il me semble bien que c'est une résurgence de l'éternel conflit entre les têtes bien pleines et les têtes bien faites, conflit qui dure, dure et dure depuis au moins la création de l'école publique gratuite et obligatoire (et même plus, mais c'est la même histoire) !

    Des têtes bien pleines

    Les têtes bien pleines, ce sont celles des enfants à qui l'on dit : « Apprends et tu deviendras savant ». Ces enfants, auxquels Pauline Kergomard disait, il y a bientôt 150 ans qu'il ne fallait surtout pas leur donner de leçons, et que l'on gave pourtant depuis de lettres, de chiffres, de modèles (qu'ils soient de découpage, de piquage, de collage, d'assemblage), de listes de mots à connaître, de titres d'albums et d'auteurs.

    Pour vérifier le degré d'éducation de ces enfants-là, l'important, c'est le vernis. en tout cas, c'est ce vernis que leurs enseignants étudie, pièce par pièce, leçon après leçon. Reconnaît-il ses lettres, ses chiffres ? A-t-il fait sa fiche B25 de découpage, l'a-t-il réussie ? Doit-il recommencer sa fiche R12 du jeu de la marchande pour valider la compétence : « J'associe les nombres connus avec leur écriture chiffrée » ?

    Dans cet état d'esprit, en effet, le nom du jeu devient important, car ce nom représente l'une des briques de ce merveilleux édifice, enfermé tout entier dans le cerveau de ces enfants et dont leurs cahiers de réussite sont les témoins fidèles.

    Et les modèles le sont tout autant ! Il faut passer par un chemin et un seul pour accumuler les savoirs. Par exemple, on lit ici ou là que lorsque les enfants reconnaîtront toutes leurs lettres (en fait, ce sont les nôtres, et nous ne les avons pas apprises comme eux du tout, que nous ayons 80, 70, 60, 50, 40, 30 ou même simplement 20 ans), ils pourront apprendre à les associer deux à deux, puis trois à trois, puis quatre à quatre (etc. ... toujours cette notion d'empilement de savoirs) pour lire des syllabes,. Et que lorsqu'ils sauront toutes les lire, ces syllabes, nous pourrons alors leur faire écrire et lire des mots ! Plein de mots ! Des tas de mots ! Bazar, scolopendre, atermoiement, pipistrelle, ... Jusqu'à ce que, grâce à tous ces mots qu'ils auront appris, ils puissent lire, enfin, quatre ans plus tard (si, si, quatre ans) des histoires aussi passionnantes que :

    Bien pleines ? Bien faites ? Ou les deux ?

    Devant le peu de rentabilité de ce processus, il n'est pas étonnant que, dans un avenir sans doute proche, nous ayons envie de nous tourner sans hésitation vers l'autre pendant que la doctrine.

    Des têtes bien faites

    Hélas, ces têtes bien faites, qui furent chaudement encouragées il y a tout au plus quelques décennies, furent, par réaction avec l'option Têtes bien pleines des décennies précédentes, celles de ces enfants sans freins qui courent en hurlant, ou se blottissent dans un coin pour échapper aux bulldozers qui se sont en effet faits tout seuls.

    Ce sont les têtes de ceux qui écrivent à leur manière parce que, comme le disent certains champions de la cause de l'enfant auto-constructeur.

    « ces manières sont « originales », étonnantes pour nous adultes, et n’évoluent pas de manière programmée entre 2 et 6 ans. » (M. Brigaudiot, in Les Cahiers Pédagogiques)

    Bien pleines ? Bien faites ? Ou les deux ?

    Ceci part d'une idée très généreuse : il faut laisser l'enfant libre de se construire seul, sans leçons mais aussi sans conseils, pour ne pas l'influencer. Pour cela, l'école devienne un lieu parmi d'autres où il rencontre des situations réelles au sein desquelles il évolue à sa manière, sans programmes ni contraintes.

    Ainsi, d'essais-erreurs en essais-erreurs, il évolue, jusqu'à ce que, la tête bien faite, il accède à sa propre connaissance et, allez savoir, si cela est son projet – s'il est besogneux, comme je l'ai entendu de la bouche d'un professeur de lycée – qu'il s'intéresse aux connaissances un peu réductrices des écoliers: l'écriture (chacun à sa manière ! surtout, pas de modèles réducteurs ! ils choisissent leurs outils scripteurs, les tiennent à leur manière, et n'ont surtout pas besoin de lignes !), la lecture (attention ! cachez les grands classiques, surtout ! juste de la littérature de jeunesse ! pas de vieilleries !), l'orthographe (bouh ! la galeuse !), la grammaire (berk ! caca berk !), le calcul (pfff ! à l'ère des calculatrices !), la résolution de problèmes (oui, bon, d'accord, ça, c'est important, mais uniquement si ce sont des problèmes ouverts, aux multiples solutions, pour que chacun puisse s'orienter vers celle qui l'intéresse, n'est-ce pas ? Ni baignoires trouées, ni robinets qui fuient, ni trains qui se croisent ! Ça, c'est du pratique concret qui ne permettent pas l'émergence auto-construite de bons mathématiciens !)

    Et cela, nous l'avons tous connu, que ce soit en tant qu'enseignant, ou en tant qu'élève. Et nous avons tous constaté, au moins en nous voilant la face, que, finalement, ça ne réduit pas tant que ça la fracture sociale.

    D'aucuns vous diront que c'est inévitable, que l'école est par essence bourgeoise et qu'à la naissance, déjà, un bébé qui naît dans une maternité du 9-3, d'un père absent et d'une mère qui fait des petits boulots au black pour subvenir aux besoins de ses marmots, est autant programmé pour échouer que l'est pour réussir, un bébé qui naît dans une clinique privée du VIIe arrondissement de Paris, digne rejeton d'une famille d'Énarques et de Polytechniciens !

    C'est sans doute vrai, mais, à la marge au moins, ne serait-il pas possible de réduire un peu les écarts ? Il me plaît de le croire.

    Peut-être parce que j'ai en quantité parmi mes anciens élèves, des enfants de pas grand-chose qui sont actuellement ingénieurs, professeurs, avocats, infirmières, chefs d'exploitations agricoles, concessionnaires automobiles, mécaniciens hautement spécialisés, ..., et que ces gens-là lisent, écrivent sans trop de fautes, savent calculer, sans calculette au besoin, tout ce qui leur rend la vie quotidienne plus pratique, se déplacent facilement dans un environnement proche ou lointain dans lequel ils savent se repérer et même, ô miracle, peuvent aider leurs enfants, auxquels l'école fournit le kit Tête bien pleine à acquérir les comportements permettant de le transformer en kit Tête bien faite !

    Les deux, mon général !

    Parce qu'il est là, à mon avis, le secret : une tête bien faite et bien pleine !

    Pour que ce petit bonhomme condamné par nos sociologues en raison de son origine puisse accéder aux mêmes compétences que son ami et voisin, il faut que l'école l'aide à se construire le cerveau, comme disait mon amie Louisa, 6 ans, lorsque je lui faisais déduire du contexte la définition du verbe s'instruire !

    Et construire un cerveau, ça passe forcément par une tête bien faite ! Une qui sait gouverner son corps pour qu'il s'appesantisse sur le monde qui l'entoure, en perçoive et analyse les stimuli sensoriels, y découvre ses semblables et les interactions qu'ils sont susceptibles de procurer, accède au langage articulé.

    Une fois cette base des bases assurée, après une TPS et parfois même une PS, le cerveau a besoin de nourriture pour mieux se construire. 

    C'est là que commence le délicat équilibre entre le grand n'importe quoi du « Construis-toi toi-même ! » et l'autre grand portnawak du « Apprends, tu comprendras plus tard ! »

    C'est là que l'enseignant doit trouver le juste équilibre entre 20 enfants assis chacun devant son petit tiroir (et 5 près de lui à écouter la leçon du jour), en train de trier l'un des lentilles avec une pince à épiler, le second affairé (ou pas) à aligner des lettres en plastique, le troisième empressé (si, si...) de mettre 2 pommes dans l'assiette du 2, 3 pommes dans l'assiette du 3, et le champ de foire où, le soir, une ATSEM épuisée trie le foutoir provoqué par 25 mômes incontrôlés qui ont passé 6 heures à s'auto-construire et s'autoréguler avec entrain !

    Ce juste équilibre, nous pouvons le trouver en partant de certains pré-supposés des tenants de la tête bien faite : l'enfant se construit à partir de situations réelles, vécues physiquement et sensoriellement dans un environnement riche qui multiplie les occasions d'être intéressé et en nous dirigeant vers les pré-supposés des aficionados de la tête bien pleine : il doit accéder à un niveau d'écriture, de lecture, de comptage, de calcul et de culture générale, suffisant pour n'être pas discriminé par son origine sociale.

    Et pour cela, une simple phrase, tirée d'un livre qui mériterait d'être lu dans tous les INSPE (et au Ministère de l'Éducation Nationale) :

    L'éducation du corps doit précéder celle de l'intelligence, comme les habitudes matérielles doivent précéder les habitudes intellectuelles. (Pauline Kergomard, l'Éducation maternelle dans l'école)

    Bannissons lettres et chiffres des classes de PS et MS, remplaçons-les par des activités communes visant à organiser la vie quotidienne, jouer, se mouvoir, dialoguer, entendre, écouter, partager, s'interroger tous ensemble.

    Attendons qu'ils soient prêts à apprendre vite et bien (d'expérience, l'écriture cursive et la lecture, c'est entre 5 ans et demi et 6 ans ; les nombres, jusqu'à 5 ans, c'est lié à l'anniversaire : jusqu'à 2 à 2 ans, jusqu'à 3 à trois ans ; etc.) pour leur proposer un apprentissage structuré et exigeant de l'écriture, de la lecture et des mathématiques qui dépote parce qu'un enfant a horreur des choses qui traînent pendant des siècles !

    Nourrissons-les de « belles lettres », de belles œuvres, de toutes sortes de connaissances élémentaires, qui leur apporteront vocabulaire, style, culture, repères spatio-temporels, et leur permettront d'affirmer leurs goûts en toute connaissance de cause.

    Habituons les enfants, tout au long de leur scolarité, à chercher plutôt qu'à appliquer, à créer des modèles plutôt qu'à en suivre, à deviner le sens des mots d'après un contexte et à éprouver eux-mêmes le besoin d'élargir leurs connaissances linguistiques par des observations, des lectures, des chansons et des comptines.

    Et là, au fur et à mesure que leur tête s'emplira, nous constaterons que sa construction, sa facture, est de plus en plus originale !


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  • MS : Une année dans la classe des Moyens (1)

    J'aurais bien intitulé cet article J'ai rêvé d'une autre école mais cela, c'est ce que j'ai déjà expliqué dans ce livre.

    Alors j'ai préféré rester sobre en espérant qu'un titre moins racoleur ait le mérite d'être plus informatif. S'il pouvait ainsi attirer l'attention de collègues, de formateurs et même, rêvons un peu, d'un ou deux décideurs, vous m'en verriez ravie !

    Rêvons d'une autre école !

    Il n'empêche que j'ai vraiment rêvé et je rêve toujours d'une autre école... Une école où, au jour le jour, nous nous centrerions sur les vrais besoins des enfants de 2, 3, 4 ou 5 ans.

    Une école qui oublierait les années de primarisation forcée et maternaliserait (ou préélémentairiserait) l'école maternelle, ceci dans le but de lui permettre d'amener tous ses élèves vers une entrée au CP réussie, à tout petits pas pour n'en abandonner aucun.

    J'ai déjà tenté l'expérience d'exposer ce que cela pourrait donner pour la GS (on peut la trouver ici : GS : Mobiliser le langage dans toutes ses dimensions - 1) et les collègues qui l'utilisent, entièrement ou partiellement, ainsi que celles et ceux qui s'en inspirent, en sont globalement très satisfaits.

    J'avoue que commencer par le commencement en écrivant tout d'abord pour la PS me fait peur. En effet, chez les enfants de deux à quatre ans, les minuscules petits pas qu'il s'agit d'encourager sont totalement conditionnés par la spécificité des enfants dont nous organisons l'année scolaire. Il est très difficile, voire même impossible, de proposer pour tous un cheminement inspiré par une seule cohorte d'enfants. Seuls des conseils généraux, comme ceux que l'on trouve dans mon livre sont selon moi envisageables.

    La Moyenne Section m'a donc semblé un sujet plus simple à traiter et je me suis lancée. Sans enfant de quatre ans en face de moi cette année, mais après en avoir fréquenté sans doute plusieurs centaines, et peut-être même aux alentours d'un millier. Que ce soient les enfants de l'époque héroïque, celle où très peu de choses avaient changé depuis qu'une certaine Pauline Kergomard avait lancé son fameux slogan en faveur d'une école maternelle à la française (« Le jeu (le vrai, nous y reviendrons peut-être) est le travail de l'enfant. »), en passant par ceux qui fréquentaient l'école du tout créatif sans entraves ni buts préétablis de l'ère où il était interdit d'interdire, et jusqu'aux jeunes élèves de l'école maternelle que nous connaissons aujourd'hui, celle qui les accueille en tant qu'individus sommés d'être suffisamment productifs pour pouvoir comptabiliser leurs propres réussites !

    Pour quel enfant ? Pour quelle pédagogie ?

    Certainement pas celui et celle de l'école d'aujourd'hui !

    Si j'ai envisagé cette série d'articles, il faut comprendre que c'est dans le but de sortir de cette école qui n'a plus grand chose de maternel ni même de pré-élémentaire.

    ♠ celle où, du haut de ses trois ans et demi, Louise est en échec relatif parce qu'elle n'a pas réussi la copie de ce truc bizarre que Maîtresse et Tata appellent « ÈSS »

    MS : Une année dans la classe des Moyens (1)

    ♠ celle où quand un enfant a accès à la peinture, aux feutres, à la pâte à modeler, aux gommettes, à la colle et aux ciseaux, ce n'est en aucun cas pour s'approprier, avec tous les essais et erreurs que cela comporte, ces nouveaux outils à son rythme et encore moins pour exercer sa créativité, c'est pour apprendre à reproduire des graphismes souvent ad nauseam.

    MS : Une année dans la classe des Moyens (1)

    ♠ à moins que ce ne soit celle où il vient pour préparer les matériaux de base qui permettront aux adultes d'exprimer pleinement leurs dons artistiques !

    MS : Une année dans la classe des Moyens (1)

    ♠ cette école où écouter une histoire, c'est une tâche scolaire dûment évaluée en fin de séquence

    MS : Une année dans la classe des Moyens (1)

    ♠ cette école où même les jeux sont transformés en pensums qu'il faut avaler un à un, dans un ordre précis, non pas pour le plaisir de jouer ensemble, mais à nouveau pour être évalués

    MS : Une année dans la classe des Moyens (1)

    Tout ce qui me fait dire, en bref, qu'il est temps de tenter autre chose, puisque depuis maintenant une bonne vingtaine d'années que cette pédagogie de l'évaluationite compétentielle sévit à tous les niveaux de la maternelle, elle n'est jamais arrivée à réduire la fameuse fracture sociale qui gangrène l'école française.

    Mais plutôt une école conçue pour les enfants, par les enfants...

    L'enfant rêve d'apprendre, tout comme il rêve de se faire des amis et de partager de bons moments avec eux.

    L'école que je défends, c'est celle où enseignant(s), enseignante(s) et Atsem(s) l'installent dans une salle avec une petite bande d'enfants du même âge et leur proposent aussi des pommes en bois et de jolies assiettes colorées, des crayons, des feutres, de la peinture, des gommettes, de la pâte à modeler, de l'argile, du bois, du papier, de la colle et des ciseaux , des balles, des ballons, de la musique, ..., pour que, d'eux-mêmes, ils exercent non seulement leurs corps, leurs mains et leurs doigts mais qu'en plus ils perfectionnent leurs outils de communication (le langage, le dessin, l'expression plastique, l'expression corporelle) et leurs pouvoirs sur le monde des objets, des êtres vivants et des sentiments.

    Dans cette école, c'est pour le plaisir que, quotidiennement, l'enseignante ou l'enseignant leur lit de belles histoires, leur chante comptines et chansons, leur montre tout ce qui les entoure. Et c'est grâce à cet environnement et au plaisir qu'ils ont pris à participer qu'ils communiquent entre eux en articulant de mieux en mieux et en utilisant un lexique de plus en plus riche.

    Toutes ces activités les amènent naturellement à étudier et utiliser les nombres, se repérer dans l'espace et le temps, s'intéresser au langage écrit, tout cela sans leçon puisque, depuis que l'école maternelle est une école, c'est une école sans leçons où les enfants se développent physiquement, intellectuellement et moralement sans effort apparent, d'une façon normale, et sans que les adultes aient l'air d'y toucher (d'après P. Kergomard, L'éducation maternelle dans l'école, 1886).

    Sans que les adultes aient l'air d'y toucher...

    C'est là que réside tout le secret, et, de ce fait, toute la difficulté. Comment les faire se développer physiquement, intellectuellement et moralement si nous les laissons jouer, sans leur donner de leçons – de cours comme je le lis souvent en sursautant sur les réseaux sociaux – et si nous n'évaluons pas régulièrement les diverses composantes de ce développement ?

    C'est tout simple :

    → en concevant un emploi du temps où les activités se succèdent à un rythme d'enfant (plages successives de 10 à 30 minutes, c'est bien) pour ne pas qu'ils se lassent

    → en les écoutant plus souvent qu'ils ne nous écoutent, y compris pour des moments d'expression totalement libre (sans thème ni projet) pour qu'ils se sentent au cœur de notre projet

    → en les faisant participer réellement à l'aménagement de l'espace, à la régulation des comportements, au choix des projets même les plus simples (Exemple : « Voici du papiers et des ciseaux. Entraînez-vous à vous en servir ! ») pour qu'ils vivent dans leur monde, même s'il est moins joli que ces classes qui fleurissent sur Instagram à la rentrée

    → en ayant en tête une vision claire de qui est fondamental, un enfant à l'aise dans son corps et dans ses propos, curieux de tout, et de ce qui n'est, au contraire, que du dressage matériel ou intellectuel, aussitôt appris, aussitôt oublié, pour offrir à tous l'occasion de communiquer, s'exprimer et tirer partie du monde qui les entoure

    → en faisant feu de tout bois pour amener et ramener inlassablement tous ces vrais savoirs fondamentaux sur le devant de la scène pour que tous, lents comme rapides, favorisés comme défavorisés, aient l'occasion – que dis-je, l'occasion ? – d'innombrables occasions d'y progresser.

    Sortons du bla-bla et passons à la pratique !

    Et la pratique, en voilà l'ébauche, avec :

    ♥ un avant propos qui donne quelques détails, dont l'emploi du temps :

    Télécharger « Une année en MS.1.pdf »

    ♥ une première semaine de classe détaillée et commentée 

    Télécharger « Une année en MS.2.pdf »

    ♥ Le matériel à imprimer

    On trouvera une version des Trois Petits Cochons ici : Les Trois Petits Cochons si l'on ne souhaite pas investir, comme il est suggéré, dans plusieurs albums de la version traditionnelle ce titre.

    On trouvera en suivant ce lien la « recette » pour les Étiquettes prénoms.

    Dans les documents ci-dessus, on pourra découvrir ces liens :

    ARCHI-Tecture et Livres de Jeunesse qui nous suggérera quelques titres d'albums ayant trait aux emménagements et aménagements

    « Un petit pouce qui danse »: la comptine de la semaine chantée et mimée par Isabelle Godefroy

    Thème du Canard : la musique choisie pour l'expression corporelle de la semaine

    PS/MS : 26 fois 26 symboles (1bis) : pour la liste de vocabulaire n° 4 qui sera travaillée toute la semaine

    Les icônes de la série n° 4 : pour passer en douceur, à petits pas, de la lecture d'images à la lecture de symboles signifiants

    Ici, nous ajoutons les « images » qui symbolisent une activité (et en profitent pour ouvrir les enfants à l'Art) :

    Télécharger « Matériel P1.pdf »

    Et pour l'enseignant qui cherche à s'auto-évaluer plutôt qu'à évaluer les micro-savoirs de ses élèves :

    Archi et Anti cahiers de réussite pour la MS 

    Conclusion provisoire (ou définitive) :

    Et voilà, il n'y a plus qu'à... Plus qu'à quoi ? Plus qu'à me dire si la suite vous intéresserait, plus qu'à me poser des questions pour avoir des éclaircissements sur un point ou un autre, plus qu'à clore définitivement ce projet parce qu'il vous semble totalement aberrant, inintéressant, inapplicable, idiot. 


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  • CM : Pour apprendre à écrire le français - Verbes

    Connaissez-vous la Conjugaisonnie ?...

    C'est un petit territoire caché, très loin de la planète Terre. Laissons ses locuteurs natifs nous la présenter eux-mêmes :

    Sur notre territoire,on parlent une langue étrange dans laquelle les verbes se comportissons de manière très aléatoire. En effet, ils n'obéille pas aux règles graphémiques créaient pour rendrent écrit le français oral. Enfin, si, mais pas comme vous peuvez en avoirez l'habitude.

    Chez nous, en Conjugaisonnie, les règles êtent très simples. Vous prendez un Bescherelle, par exemple, et vous en apprendissez par cœur les règles. Ensuite, quand vous écrivais, vous pioché dans ces règles au hasard et vous collaient n'importent quelle terminaison au bout de n'importe quel verbe. Vous peuvé même en collais aux autrent mots. Parfois, avec un peu de chance, phonétiquement, ça ressemblerais presque à du français oral. Mais ça n'ête pas obligatoire et certaines phrases allent même jusqu'à l'incompréhension totale tellement le pifomètre pouve se révélaient facétieux !

    Comme nous étons parfois à l'étroit sur notre belle planète, nous voyagons beaucoup. Et notre lieu de prédilection, ce son les écoles, et tout particulièrement les classes où l'apprentissage de la conjugaison écrite ait menait par la méthode dite « des attendus de fin d'année ».

    C'est là, dans ces lieux où, un beau matin, au CE1 par exemple, la maîtresse nous confit qu'aujourd'hui, nous doivons apprendrent à « Trouver l’infinitif d’un verbe conjugué », ou à (au choix) « Mémoriser le présent, l’imparfait, le futur, le passé composé pour : • être et avoir • les verbes du premier groupe • les verbes irréguliers du 3e groupe (faire, aller, dire, venir, pouvoir, voir, vouloir, prendre) » que nous étons le plus heureux !

    Surtout si la maîtresse ou le maître n'à jamais éter former à enseignaient cela de manière simple et efficace, ne disposes d'aucune méthode sur laquelle s'appuyé et qu'elle doigt tout réinventé à partir de rien.

    Les années passe et, quand nous atterrons en CM, après deux ou trois ans de ce régime, nous avont acquéri une très grande capacité à écrirent le conjugaisonnien ! Nous êtent devenissé des experts complets et nous peuvons rendrent complètement fou n'importent quel professeur, qu'il ai des écoles ou du secondaire !

    Il nous arrivons cependant de perdrent des adeptes... Cela se produi lorsque, au détour d'une salle de classe, un professeur des écoles nous tenit ces propos :

    « Mes chers élèves, connaissez-vous ce petit territoire, bien loin de la planète Terre, qui se nomme la Conjugaisonnie ?... Non ?... C'est parfait alors. Car ici, nous n'allons surtout pas apprendre le conjugaisonnien, une langue compliquée et déprimante.

    Ici, nous allons juste apprendre à écrire le français que nous parlons déjà depuis bien longtemps. Et pour cela, nous allons nous écouter, discuter entre nous sur ce que nous disons et sur comment nous pourrions le dire autrement. Nous n'aurons ensuite plus qu'à nous entraîner à appliquer quelques règles d'écriture simples que je vous apprendrai une à une. Vous verrez, c'est enfantin ! »

    Mais, regardez plutôt, voici la première discussion.

    CM : Pour apprendre à écrire le français - Verbes

    Maëline surveille le jeu. → verbe ...

    Djamel bondit de case en case. → verbe ...

    Amina et Bérénice attendent leur tour. verbe ...

    « Pouvez-vous repérer ces quatre enfants sur la photo ? Grâce à quoi les repérez-vous ?

    Et maintenant, savez-vous m'aider à compléter les pointillés ? De quel verbe s'agit-il ? Comment pourrions-nous poser la question pour que nous disions facilement, en français, le nom du verbe ? Nous pourrions par exemple dire : « Que s'agit-il de faire ? Qu'est-ce que Maëline est en train de faire ? »

    Oui, c'est cela, très bien. Qu'est-ce que Maëline est en train de faire ? De quoi s'agit-il ?  Elle est en train de surveiller le jeu. Il s'agit du verbe surveiller.

    Quelqu'un connaît l'écriture de la graphie [E] lorsqu'elle est à la fin du nom d'un verbe, ou, comme on dit quand on parle bien le français, lorsque le verbe est à l'infinitif ? C'est E.R.

    Très bien. Quelqu'un pour m'épeler le verbe surveiller, s'il vous plaît ? S.U.R.V.E.I.LL.E.R.

    Puisque vous avez réussi brillamment cette première épreuve, sans vous échapper vers la Conjugaisonnie, j'ai confiance en vous, vous réussirez la seconde ! Et la troisième ! Allons-y pour les verbes qui expriment l'action de Djamel, puis celle de Bérénice et Amina !

    [...]

    Et maintenant, continuons, toujours pour apprendre à écrire le français que nous parlons. Regardez la terminaison de chacun de ces verbes : surveiller, E.R. ; bondir, I.R. et enfin attendre, R.E. Ces trois verbes ne se terminent pas de la même façon, nous allons donc les ranger chacun dans un groupe différent : celui des verbes dont le nom se termine par E.R., comme surveiller, celui des verbes dont le nom se termine par I.R., plus une petite blague facile à repérer, et enfin, tous les autres, qui se terminent par R.E. comme attendre ou par d'autres terminaisons. Tout ceci est expliqué sur ce tableau. Nous allons le décrypter ensemble. Mais attention, certains Conjugaisonniens cherchent à nous le voler, et il faut faire très attention de ne pas se laisser entraîner... Restez très vigilants ! C'est simple, vous n'avez qu'à parler à voix haute en premier et n'écrire qu'ensuite, quand vous serez sûrs d'utiliser le français que vous parlez tous les jours.

    Allez-y, expliquez-moi ce que vous comprenez sur ce tableau. En français, pas en conjugaisonnien, surtout !

    CM : Pour apprendre à écrire le français - Verbes

    [...]

    Et maintenant, reprenons notre photo et notre texte. Qui peut nous le relire ?...

    [...]

    Parmi ces trois verbes, surveiller, bondir et attendre, lequel appartient au 1er groupe ? Comment le reconnaissons-nous ? Citons d'autres verbes du 1er groupe et épelons la terminaison de leur infinitif. Rappelez-vous ce que nous avons dit tout à l'heure lorsque nous avons observé le tableau : « Quand nous écrivons 1er, nous utilisons la graphie E.R. comme dans la terminaison de l'infinitif des verbes du 1er groupe, justement !

    Bravo, j'étais sûr que vous réussiriez la première épreuve ! Pourvu que vous réussissiez la deuxième et la troisième maintenant ! Tiens... pourvu que vous réussissiez... Ça ne vous rappelle rien, ce iiiisss ? Ah voilà ! Les hérissons ! Le fameux issons qui nous permet à coup sûr de reconnaître les verbes du 2e groupe ! 

    Vous êtes bien partis pour le trouver tout seuls ce verbe du 2e groupe caché dans notre texte... Oui, bondir ! Djamel bondit et nous, nous bondissons ! Des verbes du 2e groupe, vous en trouverez bien quelques uns. Attention des verbes français, les verbes de Conjugaisonnie, ça ne compte pas !... Comme c'est difficile, je vais vous donner quelques définitions : Quand nos joues deviennent rouges à cause du froid, nous disons qu'elles ... ? Rougissent, très bien, c'est le verbe... rougir... qui se dit nous... rougissons... Verbe en -issons, c'est le ... 2e groupe ! Et quand les pommes vertes deviennent jaunes ? Et quand nous n'avons plus qu'à écrire le point à la fin de notre phrase ? Et quand ... [...]

    Eh bien voilà. Notre première discussion est finie. Nous allons pouvoir la résumer en quelques phrases et nous entraîner... Ouvrez votre cahier interdit sur tout le territoire de la Conjugaisonnie à la première page et lisons ensemble le titre et le texte du résumé :

    CM : Pour apprendre à écrire le français - Verbes

    Et maintenant, faisons ensemble l'entraînement en nous rappelant que l'usage de ce cahier est strictement interdit sur tout le territoire de la CONJUGAISONNIE !

    Qui peut nous lire la consigne ? Qui l'a comprise ? Vous vous souvenez que l'infinitif, c'est le nom du verbe, le nom de ce que nous sommes en train de faire, n'est-ce pas ?

    Qui peut nous lire l'exemple pour que cela soit plus clair ?

    Maintenant, je veux un volontaire pour nous lire le premier entraînement. Saurais-tu nous dire de quel verbe il s'agit ? Qu'es-tu en train de faire, selon cette phrase ? Pourrais-tu nous épeler marcher, lorsqu'il exprime l'action de marcher ? M.A.R.C.H.E.R. - Oui, très bien, la graphie [E] doit être écrite E.R.

    Et maintenant, ton voisin, en se servant du résumé s'il en a besoin, va nous dire le groupe auquel appartient le verbe marcher. Parfait, E.R. comme dans 1er ! Le verbe marcher appartient au 1er groupe. Écrivons marcher, E.R., 1er groupe.

    Continuons avec la deuxième ligne et deux autres candidats qui n'habitent pas en Conjugaisonnie.

    [...]

    Pour les élèves de CM qui se sont laissés entraîner à habiter en Conjugaisonnie :

    Petit matériel à utiliser en classe ou en APC.

    Attention, à moins d'une séance par semaine, la mémoire humaine étant ce qu'elle est, il est fort probable que les Conjugaisonniens gagnent !

    1) Matériel pour l'enseignant : 

    On peut en imprimer un exemplaire pour un ou deux élèves que nous aurions en soutien. Il est en revanche inutile de l'imprimer ou même de le projeter intégralement en classe. Le travail doit rester vivant et basé sur l'oral.

    Pour trouver des photos projetables, vous pouvez télécharger celles de la méthode ou en trouver d'autres sur Internet.

    Télécharger « Pour apprendre à écrire le français - Les verbes.pdf »

    2) Matériel pour l'élève :

    Pour un travail collectif, au cours duquel les élèves avancent pas à pas, tous ensemble, avec l'aide indéfectible de l'enseignant du début à la fin. Nous sommes dans l'apprentissage, pas dans l'évaluation.

    Chaque élève a son cahier et l'exercice est intégralement reproduit au tableau.

    L'exercice du tableau est complété en même temps que les cahiers, sur les conseils éclairés des élèves qui s'efforcent de ne pas se mettre à parler et écrire en conjugaisonnien !

    Télécharger « Les verbes.pdf »

    Bon courage à tous et, rappelez-vous :

    Ces cahiers sont strictement interdits sur tout le territoire de la CONJUGAISONNIE !


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  • Distinction des consonnes sourdes et sonores

    S me demande :

    J'ai un élève faible en lecture qui confond beaucoup entre les sons /k/ et /g / même si on a travaillé chaque son à part.

    Je lui ai dicté le mot(les grottes), il a écrit (les crottes) et insistait que c'est le bon son !! J'aimerais bien comprendre pourquoi les élèves confondent entre ces 2 sons et comment y remédier ?

    Voici ma réponse :

    Le problème de votre élève est d'ordre "orthophonique". Soit il ne distingue pas auditivement les sons proches, soit son système phonatoire n'a pas été suffisamment exercé à reproduire ces sons proches.

    Vous pouvez l'aider en lui faisant poser sa main délicatement sur son cou, au niveau du larynx et en lui faisant sentir les vibrations de ce larynx lorsqu'il prononce certains sons : les voyelles et les sons [l], [m], [r] par exemple.

    Ensuite, en lui faisant prononcer les sons [f], [s], « ch », vous lui ferez sentir l'absence de ces vibrations.

    Vous pourrez alors lui faire trier lui-même, avec votre aide, les sons « qui font vibrer la gorge »  (consonnes sonores) et ceux « qui ne font pas vibrer la gorge » (consonnes sourdes).

    C'est à partir de là que vous pourrez vous appesantir sur la distinction des sons proches, tels que les sons [k] et [g] qui sont produits tous deux avec le même placement de la langue contre le voile du palais mais se différencient par la mise en vibration du larynx ou au contraire son immobilité.

    Ce travail se fera toujours avec la main posée à plat sur le larynx. Vous pourrez l'aider en faisant avec l'autre main le geste Borel Maisonny qui correspond au son prononcé. De même, vous pouvez ajouter à tout cela les deux personnages des Alphas qui aideront cet enfant : « g-g-gant, le G-G-Gulu ! c-c-cam, le C-c-cornichon ! »

    Lorsqu'il arrivera à faire entrer son larynx en vibration, vous pourrez alors lui proposer des paires minimales, c'est-à-dire des mots qui ne se distinguent que par cette distinction.

    ⇒ camp, gant - car, gare - qui, Guy - crotte, grotte - cri, gris - croc, gros - ...

    C'est un travail que vous pouvez facilement transformer en jeu de vocabulaire, à faire à l'oral, avec toute la classe.

    Par exemple, vous pouvez demander : « Quand il fait froid, que devons-nous mettre pour protéger nos mains ? Des camps ou des gants ? » ou encore « Qui transporte des voyageurs sur les routes ? Le car ou la gare ? »...

    Soyez très exigeante sur la prononciation de ces mots, de manière à ce que les enfants apprennent vraiment à bien faire travailler leurs cordes vocales et à prononcer des [g] qui les font vraiment entrer en vibration.

    Il ne vous restera plus, en fin de jeu, une fois que les mots auront été bien prononcés qu'à écrire les deux possibilités (camp, gant) et à demander aux enfants de recopier sur leur ardoise le mot qu'ils viennent de prononcer.

    C'est un exercice que vous pouvez reproduire avec toutes les paires minimales du français :

    • [s] et [z] (poisson, poison - base, basse - ...) ;
    • [t] et [d] (temps, dents - tard, dard - ...) ;
    • [p] et [b] (poire et boire ; par, bar ; ...) ;
    • [f] et [v] (fil, ville - feu, veux - ...) ;
    • (ch) et (j) (char, jars  - choix, joie - ...)

    en variant les jeux oraux

    les devinettes comme ci-dessus

    les phrases absurdes à corriger comme, par exemple, « Les spéléologues descendent dans la crotte », ou encore « Comme il fait beau, je vais prendre mon maillot de pain et aller à la plage »,  etc.

    le téléphone sans fil : un enfant lit silencieusement un mot sur une liste de paires minimales, il le chuchote à l'oreille de son voisin qui le chuchote à son tour à son voisin, et ainsi de suite jusqu'à un dernier enfant qui doit retrouver sur la liste le mot qui a été choisi par le premier. 

    Ensuite, à l'écrit, pour les enfants qui auraient encore ce problème, malgré tout cet accompagnement, n'hésitez pas à leur demander de poser leur main sur leur gorge et de sentir si le son fait ou non vibrer leur gorge. Vous pourrez alors les aider encore un peu en associant le son produit avec le geste Borel Maisonny et avec le personnage des Alphas qui correspond.

    Si, même avec toutes ces aides, un élève continue à confondre régulièrement ces sons, proposez aux parents de consulter leur médecin de famille qui vérifiera son audition et proposera les soins ou consultations adaptées à la résolution de son trouble.


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  • « On n'est pas louis d'or » disait ma grand-mère...

    Je me lève un beau matin de janvier. Grand soleil dehors. Plein de projets dans la tête.

    Et puis boum, patatras !

    En consultant les interventions sur le groupe Facebook* que j'ai moi-même créé pour répondre sans haine et sans crainte – et gracieusement, il faut le souligner – aux personnes qui se posent des questions sur les méthodes que je fournis, je me vois rappeler que les réponses que je donne depuis deux jours à une personne qui n'ose pas publier en son nom propre (nom qu'en tant qu'administratrice je connais malgré l'anonymat) ne la satisfont toujours pas.

    * : Pour la petite histoire, la naissance de ce groupe est due à un matraquage en règle sur un autre groupe Facebook, créé par un tiers, et dans lequel le baudet, moi, et l'illustratrice que le baudet avait choisie se voyaient reprocher tout et son contraire par une bande de PE qui voulaient bien tester mes méthodes, mais uniquement s'ils et elles pouvaient y ajouter, enlever, changer à peu près tout ce qui leur passait par la tête et ne recevoir, en échange, aucune remarque de la part des auteurs.

    – Oui, bien sûr, elle aimerait bien mais voilà, les personnages sont laids.

    – Euh... Puis-je me permettre de vous rappeler que la beauté est un critère subjectif ? Les enfants que j'ai côtoyés ne les ont pas trouvés laids, bien au contraire. Ils les ont très vite adoptés et leur présence les a beaucoup aidés au point de vue de l'analyse grammaticale.

    – Mais si, c'est laid, et la laideur, c'est terrible pour les enfants ! Et puis le guide pédagogique est mal présenté. C'est trop difficile pour une personne qui, comme moi; est plus portée sur l'enseignement des mathématiques que sur celui du français.

    – Ah mais pas de souci, dit alors un second acolyte ! Moi aussi, je trouvais le guide pédagogique mal présenté, mais heureusement, il y a une gentille personne qui l'a réécrit pour nous ! On peut le trouver sur son site, blog, groupe (ou je ne sais quoi, j'ai oublié)*

    * Apparemment l'acolyte ne se souvient pas s'être engagé à à ne pas publier de documents modifiés à partir des méthodes présentées dans le groupe. Je vais en profiter pour changer le règlement intérieur puisque ce n'est pas assez clair : ne pas publier ou signaler ! 

    – Ah bon ? Tant mieux alors. Parce que vraiment, moi, je ne peux pas travailler comme ça. J'ai besoin de clarté, de pages aérées, et de ... (j'ai oublié la suite mais c'est du même tonneau).

    Et là, je craque... Répondre sans haine et sans crainte, ça va un moment. J'essaie néanmoins de rester polie.

    – Là, mesdames, excusez-moi, mais je trouve vos propos très dévalorisants (et je reste polie) pour Sophie et moi. Je vous suggère de mettre au point une méthode complète et de l'illustrer puis de nous la soumettre gratuitement pour que nous puissions à notre tour vous reprocher tout ce qui ne nous plaît pas. Nous verrons si vous acceptez à votre tour la critique.

    À ce moment-là, je pense que ces personnes ont senti que j'étais assez peu réceptive à leurs remarques, ou trop susceptible, ou même carrément malveillante. À moins que, nous pouvons toujours rêver, elles se soient rendu compte qu'elles étaient peut-être allées trop loin. En tout cas, le post entier a miraculeusement disparu. Ce qui n'est pas plus mal, finalement.

    Alors oui, j'ai craqué et ai encore une fois oublié ce que me disait ma grand-mère : « On n'est pas louis d'or, ma grande, on ne peut pas plaire à tout le monde. ».

    J'aurais sans doute dû tendre la joue gauche et expliquer avec bienveillance à la matheuse et à son acolyte que je les comprenais et que je compatissais à leurs problèmes. Peut-être même aurais-je dû les remercier de m'avoir signalé que ce que je voyais comme un ravissant petit bonhomme (il est connu que j'ai un goût de ch**ttes) faisait peur à des adultes ?

    « On n'est pas louis d'or » disait ma grand-mère...

    C'est peut-être ça la bienveillance, après tout ? Ne pas se contenter d'offrir un matériel, certes imparfait mais efficace, mais en plus accueillir avec magnanimité les remarques insistantes tendant à me prouver que, si on ne pouvait se résoudre à employer mes méthodes dans sa classe, c'était de ma faute, ma très grande faute et uniquement ma faute.

    Si c'est cela, il faut croire que je ne suis pas douée pour la bienveillance. Moi, contre des remarques de ce style, tout ce qui me vient à l'esprit, ce sont des réponses bien trop agressives pour leur convenir, comme « À cheval offert, on ne regarde pas les dents, mesdames » ou pire « Fais du bien à Bertrand, il te le rendra en caguant » !

    Alors, je m'arrête là et je vais finalement passer ma journée à autre chose qu'à mon projet initial (continuer le guide pédagogique Maths CP-CE1-CE2).

    Je suis bien trop touchée par cette réactivation en règle de mon syndrome de l'imposteur pour être capable de la concevoir, cette feuille de compte que j'avais la prétention de croire utile au Jeu Sportif, sans doute oiseux lui-même, préparant la leçon 65 - Distance parcourue...

    Je m'y remettrai quand j'aurai avalé la pilule et que je me sentirai assez forte pour supporter un jour les gens qui voudraient bien me suivre mais à condition que je sois quelqu'un d'autre.


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