• II. 2. C. Mise en route - GS/CP (1)

    II. 2. C. Mise en route - GS/CP (1)

    2. Mise en route

    C) Dans la Grande Classe[1]

    • Organisation de l’espace

    - Le coin de regroupement

    Jusqu’au Cours Préparatoire, ce coin est le point de focalisation des intérêts des élèves. Cependant, lorsqu’il s’agit d’une classe comprenant des élèves apprenant à lire, à écrire et à s’orienter dans l’espace, il convient que rien ne vienne entraver la vision lorsque les élèves seront assis aux tables d’écriture-lecture[2]. Ils doivent pouvoir faire face à un grand tableau destiné à l’écriture à la main.

    Si la taille de la classe le permet, le maître installe son coin de regroupement dans une autre partie de la pièce, en le dissociant du tableau d’écriture. Il y place une surface d’affichage sur laquelle on peut aussi écrire et une table basse permettant d’exposer objets, matériaux, fruits, plantes, ou même provisoirement animaux en cage ou en bocal…

    Tout près se trouvent des étagères où sont rangés les ouvrages de la bibliothèque de classe : albums, magazines, livres documentaires, CD, Cdrom et DVD. Si la classe est équipée d’un accès à l’internet, un ordinateur portable est installé là, prêt à servir. On trouve aussi un lecteur de CD, équipé d’une prise USB.

    Néanmoins, si le coin d’écriture-lecture est placé dans le même secteur de la classe, cela permettra en cours d’année d’utiliser le tableau pendant que les élèves y sont installés et de passer ainsi en douceur de l’installation de type école maternelle dans laquelle l’attention des élèves a besoin d’être canalisée presque physiquement à une installation plus habituelle à l’école élémentaire où les élèves, éduqués, peuvent tout en restant assis à leur place s’intéresser au travail commun présenté devant le tableau de la classe.

    - Les coins d’activités

    Le besoin de jeu des enfants de cinq à sept ans, déjà engagés dans le travail-jeu cher à Freinet, est encore important. Ce besoin doit être respecté et même favorisé. C’est pourquoi il est indispensable d’aménager une classe où l’on peut choisir, jouer, imaginer, expérimenter, créer, aussi bien en se rassemblant librement par petits groupes qu’en s’isolant quelque temps de ses camarades.

    • Jeux d’imitation

    Le maître installe un seul coin de jeux d’imitation car l’imagination des élèves est maintenant bien développée. Là où, plus jeunes, les enfants avaient besoin d’espaces reproduisant fidèlement  les lieux de vie des adultes, ils se contentent désormais de quelques objets[3] permettant de très nombreuses combinaisons et modulations. Par ailleurs, leur intérêt pour les autres pôles d’activités de la classe continuera à croître tout au long de l’année si bien qu’ils délaisseront sans doute de plus en plus ces jeux de tout-petits.   

    • Activités motrices fines

    La partie de la classe réservée aux activités plastiques créatives, proche d’un point d’eau, comporte deux ou trois tables et une piste graphique pouvant servir de chevalet de peinture. Le matériel est à portée d’élèves. En plus des matériaux de base et des outils nécessaires, le maître y a préparé le matériel utile au rangement et au nettoyage en autonomie après activité.

    Tout est prêt pour que, dès le premier jour, les enfants puissent dessiner, peindre, modeler, découper, manipuler. Les matériaux et outils choisis sont basiques[4] et les d’objectifs notionnels à atteindre sont simples. Son objectif est d’installer des repères et des habitudes dans un cadre sécurisant et facile à cerner.

    • Jeux sensoriels et mathématiques

    Les jeux sensoriels choisis pour la première période[5] sont installés dans un placard dont les casiers sont étiquetés par des symboles et des mots, écrits en minuscules scriptes ou cursives, afin que, très vite, chaque élève sache sortir et ranger le jeu qu’il a choisi. Le maître n’a prévu que des jeux de société très simples[6] car il veut que les élèves qui le souhaitent puissent y jouer en autonomie sans monopoliser l’adulte.

    • Écriture-lecture

     Les élèves de Grande Section sont prêts à entrer dans la période de travail-jeu. Il est temps pour eux d’entamer les apprentissages structurés nécessitant une progression linéaire[7] qu’ils réclameront sans doute très vite si ce n’est pas déjà fait. Quant aux élèves de Cours Préparatoire, ils ont pour la plupart déjà bien entamé cette transformation qui fait du petit enfant un jeune élève heureux de ses progrès scolaires.

    C’est pourquoi le maître a prévu dans la classe un emplacement face à un tableau dédié à ces apprentissages. Les élèves de Grande Section y apprendront ainsi aisément à se repérer sur une feuille puis un cahier au cours de leurs premiers exercices écrits.  La place de chacun y est indiquée par une étiquette portant son prénom en écriture cursive[8]. Tout près, chaque élève dispose d’un endroit pour ranger ses travaux et son matériel de futur écolier.

    Les élèves de Cours Préparatoire qui passeront vite des temps plus longs à leur place et auront besoin de plus de matériel[9] disposent quant à eux d’un casier situé sous leur pupitre.

    • Emploi du temps

    Après la répartition horaire des parties collectives de l’école[10] lors du conseil des maîtres, l’enseignant établit un emploi du temps journalier simple[11], alternant les périodes d’activités selon un rythme immuable.

    La cohésion du groupe étant son premier objectif, c’est par des moments collectifs qu’il choisit de débuter chaque demi-journée. Seule la fin de matinée se clôturera par un moment de jeu-travail individuel. Il tient compte de la fatigabilité des enfants et prévoit pour chacun des quatre moments de la journée une durée et des objectifs compatibles avec les rythmes circadiens de ses futurs élèves. Ainsi, les activités d’écriture, de lecture et de mathématiques, dans ce qu’elles ont de plus exigeant intellectuellement sont placées en cours de matinée alors que leur partie ludique et créative est intégrée aux activités de l’après-midi. Il choisit de ne jamais excéder 20 à 30 minutes consécutives sur la même activité. Seule la plage de l’après-midi consacrée aux Arts Visuels ou à l’Observation[12] excède cette durée. Il veillera à en varier les activités de manière à ce que ses élèves, même les plus jeunes, ne se lassent pas.

    Ses élèves étant âgés de quatre ans huit mois et plus, il sait qu’ils se passeront assez vite de périodes fréquentes de temps libre en autonomie. Néanmoins il fait en sorte qu’elles subsistent, afin que chaque élève ait à plusieurs reprises dans la journée l’occasion de s’extraire du groupe pour mener un projet personnel ponctuel[13]. Cependant il les place de manière à ce qu’elles puissent se réduire progressivement et céder la place à des moments collectifs plus structurés selon des projets communs de moins en moins ponctuels.

    • Progression

    Les enfants de Grande Section comme de Cours Préparatoire découvrent le monde des apprentissages structurés à progression linéaire. Si l’on prend soin d’étaler cette découverte sur deux années scolaires, le passage se fait en douceur, sans à-coups brutaux déstabilisants pour l’enfant.

    C’est en cela que, tout particulièrement pour cette classe, le double-niveau, surtout s’il est placé au sein d’une école maternelle ou primaire[14] offre un avantage incontestable par rapport à deux classes à simple niveau.

    Le maître a donc préparé sa première progression d’étape. Elle représente environ le premier cinquième du programme d’acquisitions[15] qu’il souhaite faire partager à ses élèves de chacun des deux niveaux dans tous les domaines d’enseignement. Il la suivra jusqu’à la première période de vacances scolaires, en s’adaptant toutefois au rythme de ses élèves, l’accélérant ou la ralentissant au besoin s’il en découvre la nécessité. 

    Pour tous les moments communs aux deux sections, il n’a établi qu’une progression, se réservant la charge d’en demander plus aux plus capables et aux plus âgés et un peu moins, mais plus concentré, aux plus démunis qui seront sans doute souvent aussi les plus jeunes.

    Pour se simplifier la vie et pouvoir consacrer son temps à suivre réellement ses élèves, il a choisi de s’entourer d’outils et de méthodes simples plutôt que de passer énormément de temps à préparer sa classe et à créer ses outils. Il a ainsi adopté des méthodes d’écriture-lecture et de mathématiques proposant une progression journalière pour chacun des deux niveaux[16]. Pour l’ensemble des autres matières, son critère de sélection principal a été le bon sens et la connaissance des capacités attentionnelles, inductives et déductives de l’enfant de cinq à sept ans ainsi que son goût du jeu, de la récompense immédiate par la réussite rapide et l’atteinte d’objectifs simples et progressifs.

    • Rôle de l’ATSEM

    S’il a la chance d’avoir une ATSEM, au moins à mi-temps, le maître, après consultation du conseil des maîtres et de la charte des ATSEM décidée par la commune de rattachement de l’école, le maître dialogue avec elle. Il la met au courant sa priorité : l’acquisition de connaissances techniques, langagières et instrumentales. Il lui lit et commente l’emploi du temps et lui explique clairement ce qu’il attend d’elle à chaque moment de présence :

    - aide matérielle aux élèves de manière à ce qu’ils apprennent à se passer rapidement de l’adulte et apprentissage des gestes d'hygiène et de vie pratique[17] ;

    - préparation des matériaux à utiliser pour les ateliers d’expression plastique et des documents ou objets utiles à l’affichage ou à l’exposition au coin de regroupement[18], photocopies ;

    - aide à l’installation par les enfants du matériel de jeux sensoriels et d’imitation accessible aux enfants

    - aide au rangement et au nettoyage de tout ce qui a été manipulé, utilisé lors de la journée de classe 

    - en fin de mois ou de période, classement des travaux d’élèves ; reliure ou collage dans un cahier communiqué aux familles ;

    - prise en charge ponctuelle d’un ou plusieurs élèves lors de l’exécution d’un atelier selon un « cahier des charges » établi à l’avance.

    Annexes :

    Dans la même série :

     Tous les chapitres déjà mis en ligne sont répertoriés dans la Table des matières   évolutive que vous trouverez dans la partie Sommaires.

    Pour la partie présente :
     I. Idées reçuesII.1. Deux niveaux dans la même classe  II. 2. C. Mise en route - GS/CP (1)II. 2. C. Mise en route - GS/CP (2) ; II. 2. C. Mise en route - GS/CP (3).

    Notes :

    [1] Selon Pour une Maternelle du XXIe Siècle, classe idéalement située dans une École Maternelle (ou une École Primaire accueillant des enfants de 2 à 11 ans) et regroupant les élèves de Grande Section et Cours Préparatoire.

    [2] Voir Annexe III, C. Plans de classe.

    [3 Briques de construction de différentes sortes, petits personnages et animaux, véhicules, fruits et légumes factices, dînette, mais aussi monnaie, caisse-enregistreuse, balance et masses marquées, papier et crayons, coussins, blocs plastiques permettant de moduler l’espace, etc.

    [4] Voir MS/GS.

    [5] Quelques puzzles de 20 à 60 pièces, des jeux de reproduction d’algorithmes, du matériel permettant de travailler l’organisation de l’espace et du temps, du matériel Montessori…

    [6] Lotos d’images, dominos, cartes à jouer, Memory…

    [7] Écriture-lecture, numération-calcul.

    [8] La première lettre peut être la majuscule cursive traditionnelle ou une majuscule simplifiée, inspirée de celle en majuscule dite bâton. En revanche, elle ne peut en aucun cas être une lettre minuscule, au risque de perturber l’apprentissage grammatical. Il y a une vie après l’école maternelle et il convient d’aider les élèves à y prendre les premiers repères qui conviennent.

    [9] Voir Annexe V.

    [10] Salles de motricité, de propreté, bibliothèque, cuisine, salle informatique, cour, jardin…

    [11] Voir suggestion d’emploi du temps en Annexe II.

    [12] Baptisée Questionner le Monde dans les programmes prévus pour la rentrée 2016 et Découverte du Monde dans ceux de 2008.

    [13] Jeu d’imitation ou de construction, jeu sensoriel ou mathématique, dessin libre, modelage, découpage/collage, etc.

    [14] École recevant des enfants de deux à onze ans.

    [15] Voir Annexe IV.

    [16] Je conseille les méthodes, fichiers et manuels suivants :

    • GS, Planète des Alphas + De l’écoute des sons à la lecture (T. Venot, Grip éditions) et Se repérer, compter, calculer en GS (C. Huby, S. Wiktor, Grip éditions)
    • CP, Écrire et Lire au CP (C. Huby, X. Laroche, Grip éditions) et Compter, calculer au CP (P. Dupré, S. Borgnet, Grip éditions) ; Mes cahiers d'écriture, CP, Apprentissage : les minuscules (Laurence Pierson, MDI)

    [17] Remonter une fermeture à glissière, nouer une écharpe, des lacets, attacher une boucle de ceinture ou de sandale, fixer des bretelles, etc. ; mais aussi découper, coller, tailler un crayon, utiliser un pinceau, une agrafeuse, un rouleau de ruban adhésif, une aiguille enfilée, un tricotin, un marteau, une scie, un tournevis, une vrille, …

    [18] Découpage, mise en page, plastification, réalisation de panneaux destinés à l’affichage…


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  • Commentaires

    1
    jeanneadded
    Vendredi 14 Mai 2021 à 14:43

    Merci pour ces précisions qui devraient une fois de plus être le b a ba de la formation des professeurs mais qui ne s'apprend que "sur le tas" quand on a la chance d'avoir le/les mêmes niveaux plusieurs années de suite...

     

    Sinon, petite question organisation avec une classe de GS CP : sur votre emploi du temps, la séance consacrée aux maths est commune aux deux niveaux, gs et cp.

    Comment articuler vos deux méthodes "se repérer compter calculer" gs et "compter calculer" cp  sans se perdre en route ? Faut il partir sur le guide du maître CP, suivre les séances, et en demander un peu moins au GS ? Et pendant la phase de manipulation en classe, faut il repartir sur le guide Grande section pour les GS, le guide CP pour les autres, et faire 2 séances différenciées ? J'avoue qu'après 13 ans d'enseignement, suivre deux méthodes parallèles en voulant faire classe au groupe entier me pose de réels problèmes.

    Merci beaucoup.

      • Samedi 15 Mai 2021 à 09:50

        Bonjour Jeanne

        Je suis justement en train de concocter un guide pédagogique GSCPCE1 pour les mathématiques. La première période devrait être prête d'ici deux ou trois semaines.

        En gros, c'est très simple. Dans chaque séance commune (sport ou mise en commun en classe), la première partie est consacrée aux apprentissages GS qui sont des réassurances pour les CP et des révisions-tutorats pour les CE1. Puis on passe à un apprentissage CP, qui est une avant-première pour les GS, qui découvrent à leur niveau ce qu'ils travailleront plus tard, et une réassurance CE1.  Enfin, c'est un apprentissage niveau CE1 ; là, généralement, je décroche les GS qui vont travailler à leur place ou jouer, à moins que je leur aie trouvé un rôle "utilitaire" qui pourra les faire avancer un peu aussi, les CP sont en "avant-première", comme les GS tout à l'heure. Comme nous sommes à trois niveaux, nous ne sommes pas obligés de tout faire et, souvent, on se rend compte que, sans presque changer l'ordre prévu dans les fichiers, les notions à découvrir se recoupent et la séance des uns rend inutile celle des autres puisqu'on peut les mixer pour n'en faire qu'une.

        Cela permet aussi, en cours d'année, de passer beaucoup plus vite sur les découvertes, puisqu'on est déjà sur du "presque connu", et de passer beaucoup plus de temps sur le travail écrit et l'automatisation qui en découle, et ce, pour les trois niveaux.

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