• CE1-CE2 : Étude de la langue - LDM (5)

    CE1-CE2 : Étude de la langue - LDM (5)
    Merci à Sophie Borgnet pour son illustration.

    Et voilà, il est fini ! Et ce n'est pas malheureux parce que je n'aime pas trop faire ça... Pour moi, chaque classe a son alchimie particulière et il m'est très difficile de proposer des séances « clés en main », sans en connaître les élèves et les synergies qui se créent entre eux.

    J'ai donc tenté de faire au plus clair pour les utilisateurs de la méthode, en respectant quelques « invariants », comme disait Célestin Freinet.

    Invariant n°1 : Préférer le travail pris comme un jeu au jeu censé faire office de travail

    Les enfants ne sont pas dupes et ils savent bien que ces faux-jeux ne cherchent qu'à dorer une pilule qui, selon certains, aurait un goût trop amer.
    Je préfère quant à moi, toujours comme Célestin Freinet, parier sur l'intelligence des enfants et leur aptitude à comprendre que, pour savoir s'exprimer correctement, ils doivent apprendre à se repérer dans la jungle des mots, des idées et des concepts.
    Le travail scolaire devient alors un jeu intelligent qui consiste à débusquer les règles, s'en souvenir pour les utiliser, les combiner à d'autres, les réorganiser parfois en fonction de nouveaux acquis.

    Comme le dit fort justement Brune, maman en IEF, sur son blog « Grandir près du châtaignier » :

    « Il  existe une course effrénée pour le podium des pédagogies. On cherche souvent à innover, à amuser, à rendre ludique notre approche en enseignement, en croyant qu’ainsi intéressés, les enfants apprendront mieux. Plus le temps passe, plus je me rends compte que la routine tranquille fait plus pour la solidité des apprentissages que l’activité effervescente à paillettes. »

    C'est pourquoi, surtout en cette fin d'année scolaire, après une année complète d'Étude de la Langue, j'ai souvent proposé dans ce guide de se passer de tout matériel annexe pour lancer une leçon :

    1. L'enseignant donne le titre aux enfants.
    2. Ils exposent ce que cela leur évoque et l'enseignant note au tableau les informations pertinentes.
    3. Le matériel rapidement collecté, sans fioritures, est observé et les conclusions en sont tirées.
    4. Ces conclusions sont comparées à celles données dans la « trace écrite » du fichier (autrefois, ça s'appelait « résumé ») .
    5. L'enseignant propose (ou non, car parfois la collecte elle-même en a tenu lieu) des exercices d'entraînement faits en groupe au tableau.
    6. Les élèves passent aux exercices écrits du fichier.

    Le reste du temps, j'en suis restée à l'extrait de la lecture du jour, souvent réadapté pour que le niveau de langue corresponde au degré d'analyse et de synthèse dont sont capables de jeunes enfants.
    Ainsi dans les exercices d'analyse grammaticale, j'ai privilégié les phrases simples, abandonné les subordonnées et les infinitives et supprimé, sauf en toute fin d'année pour les élèves de CE2, les noms compléments de noms.
    De même, dans les exercices de conjugaison, je me suis débrouillée pour qu'il n'y ait pas à analyser ou observer de verbes au subjonctif ou au conditionnel, ni de passés simples, plus-que-parfaits, futurs et passés antérieurs[1].

    Ces précisions nous amènent tout naturellement à l'invariant suivant.

    Invariant n° 2 : Utiliser la Méthode des petits pas

     Cette méthode, c'est celle qu'utilisent les différents corps de métier lorsqu'ils aménagent une maison tout juste sortie de terre. Les murs et le toit sont là, les dalles brutes recouvrent la terre. Déjà, en voyant cette carcasse vide, on peut deviner le parti que l'on pourra tirer de la structure existante.

    C'est exactement ce que proposent nos programmes de grammaire, conjugaison, orthographe et vocabulaire : aménager l'esprit de nos élèves à partir d'une structure existante.

    Premier pas :

    Les peintres en bâtiment s'emparent alors de l'immeuble pour en couvrir les murs d'un apprêt, gommant les irrégularités, lissant les surfaces et les rendant propres à recevoir l'exacte quantité de peinture nécessaire à les couvrir et les rendre agréables au regard.

    Cette couche d'apprêt, nous en avons profité dès le début d'année, grâce à nos collègues des années scolaires précédentes. 
    Les premiers ont appris à nos élèves à s'exprimer à l'oral par phrases, en employant un vocabulaire riche et choisi. Les suivants leur ont appris à lire et à écrire et ont tout juste commencé à leur donner l'intuition de quelques règles d'orthographe simples que les plus jeunes ne maîtrisaient encore que très imparfaitement en début d'année.

    Pendant les deux premiers trimestres, nous nous sommes donc employés à fignoler cet apprêt, ponçant par ci, rajoutant une petite couche par là. Certaines pièces sont finies et l'apprêt n'est plus visible.
    En revanche, même en cette fin d'année, certaines difficultés subsistent et auront encore besoin de l'attention des collègues des années supérieures pour être prêtes à être considérées comme suffisamment apprêtées pour être comprises et appliquées (l'accord des attributs du sujet, par exemple, ou l'utilisation spontanément correcte de la deuxième personne du pluriel des verbes faire et dire, au présent de l'indicatif et de l'impératif)[2].
    Dans certains cas, la précipitation d'une première couche passée sans apprêt nous a contraints à tout recommencer à zéro pour certains de nos élèves de CE2, et ils en paieront parfois encore longtemps les « pots cassés » (je pense tout particulièrement au domaine de la conjugaison qui, du fait des programmes et des méthodes, a énormément pâti ces dernières années).

    En cette fin d'année, les apprêts raisonnables, ceux des programmes, sont tous passés et, pour nourrir l'intuition de nos élèves, il est temps de penser à ceux dont auront besoin nos collègues l'année prochaine.
    C'est ainsi que les deux fichiers, et le Guide Pédagogique qui leur correspond, s'octroient quelques incursions, tranquilles et sans visée évaluative, dans les programmes de la classe supérieure.
    Les élèves de CE1 découvrent, sans pression : 

    • l'existence d'une catégorie de pronoms inconnue, grâce à l'opposition entre la troisième personne du pluriel du présent du verbe avoir et le pronom indéfini on
    • l'existence de nouvelles classes de mots : la conjonction de coordination et, les prépositions, quand ils étudient la virgule ou analysent mot à mot des phrases

    Les élèves de CE2, plus âgés, vont plus loin :

    • La découverte du COD les amène à entrevoir la forme passive
    • La terminaison des participes passés les aident à concevoir les trois groupes verbaux : les deux premiers, tout à fait réguliers, et le troisième, prêt à toutes les originalités
    • Les tableaux de conjugaison qu'ils composent eux-mêmes pour les verbes du 3e groupe leur font entrevoir la notion de mode
    • L'étude du participe présent leur entrouvre la porte de la définition et de l'accord de l'adjectif verbal
    • Enfin, l'analyse des noms d'une phrase leur fait découvrir, mais pas encore étudier, qu'un nom peut compléter un autre nom...

    Deuxième pas :

     Quand l'apprêt est passé, les peintres passent à la première couche. C'est une couche encore peu sûre, dont le coloris n'est parfois pas encore bien franc et qui s'écaillerait vite si on la laissait telle quelle, croyant avoir fini le travail.

    Nous sommes au troisième trimestre, cette première couche devra attendre la rentrée pour être traitée avant d'être recouverte. Autant dire que nous devons rester conscients qu'il n'en restera pas grand chose à la rentrée.
    C'est pourquoi notre programme a choisi de ne consacrer cette première couche qu'à quelques avant-postes.
    Pour le CE1 :

    • Quelques cas particuliers de la relation Sujet-Verbe et de l'usage de la virgule
    • Le présent de quelques verbes du troisième groupe (parce que les programmes nationaux l'imposent, allez savoir pourquoi)
    • Quelques régularités orthographiques (les mots en aff-, eff-, off-, acc-, app-)
    • Synonymes et contraires

    Pour le CE2 :

    • Les compléments circonstanciels, les compléments d'objet, 
    • Quelques pronoms compléments,
    • Le mode participe
    • Les règles simples de l'accord des participes passés

    Troisième, quatrième, cinquième pas...

    Une fois ces deux précautions prises, le peintre peut exercer ses talents en adaptant son travail de décorateur à la nature du support, à son utilisation, à la lumière qui l'éclaire, aux goûts et aux modes en vigueur.

    Nos élèves sont ces supports. Certains accrochent la lumière très vite, d'autres ont besoin de plus de temps ; chez les uns, une fois la notion absorbée avec peine et lenteur, elle reste là, utilisable pendant longtemps, alors que chez d'autres, qui comprennent tout au quart de tour, elle s'enfuit aussi vite qu'elle est arrivée...
    D'autres encore réagissent autrement, mais une chose est certaine : plus ils revoient souvent une notion, plus ils comprennent que leur enseignant y attache de l'importance, plus ce dernier mêle ces connaissances à leur vie quotidienne, pendant toutes les journées de classe, et plus la « peinture tient bien ».

    C'est cela qu'un guide pédagogique ne peut pas anticiper. Alors, j'ai suivi la progression, conçue pour voir, revoir, et encore revoir les contenus.
    Comme un peintre qui pose une couche, la laisse sécher, ponce, observe... et décide de recommencer, et encore, et encore... afin de s'assurer que son travail résistera aux assauts du temps.

    C'est ainsi que la fin de l'année est consacrée aux révisions, aux récapitulations, aux nouveaux éclairages qui, tout en apportant leur dose de « ça vient de sortir », en profitent pour patiemment rappeler les bases.

    Au CE1, on consacre ainsi :

    • cinq leçons de grammaire sur les six que compte le fichier à revoir la relation sujet-verbe et trois à rappeler qui sont les mots qui « obéissent » au nom
    • cinq leçons d'orthographe grammaticale sur les six à rappeler et encore rappeler que les articles et les adjectifs s'accordent en genre et en nombre avec le nom qu'ils accompagnent et que le verbe s'accorde avec son sujet

    Et au CE2, les accords dans le GN ont fait l'objet de presque toutes les leçons des premiers et deuxièmes trimestres et désormais, ce sera leur enseignant de CM1 qui sera chargé d'entretenir les lieux dans ce domaine. L'effort de révison, s'est surtout porté sur la conjugaison des verbes du troisième groupe qui permettra de :

    • voir et revoir les temps et modes connus,
    • tisser des liens entre eux, les comparer et noter leurs différences,
    • observer et mémoriser les petites subtilités qui sans l'appui d'une connaissance sans failles des terminaisons de chaque temps seraient bien difficiles à retenir (par exemple : -yions et -yiez qui, dès que les terminaisons de l'imparfait sont connues deviennent bien plus faciles à appliquer)

    Le tout, tout simplement, sans jamais dire : « Et maintenant que nous avons fait le tour du sujet, je vais l'évaluer et nous n'en parlerons plus. » juste en expliquant aux élèves que, bien au contraire, nos collègues et nous-mêmes allons continuer inlassablement à travailler avec eux, pour eux, jusqu'à ce que, seuls, ils puissent écrire quelques lignes en montrant par leur orthographe, leur syntaxe et leur style qu'ils ont fait leur les notions que nous les avons aidés à installer dans leur petit intérieur. 

    Invariant n° 3 : Faire confiance au temps

    Car, contrairement aux « méthodes sans filet » qui se proposent de mettre les enfants en situation d'autoconstruction des savoirs, nous avons pris le parti de ne pas passer notre temps à leur demander s'ils se sentent enfin prêts, enfin performants, s'ils veulent bien se prêter encore une fois au jeu du : « Montre-moi ce que tu sais faire et je ne te dirai même pas si ça me convient mais je le traduirai tes suffisances (et tes insuffisances) par des graphiques, des schémas, fixés à jamais par les grâces du numérique dans tes cahiers et tes dossiers ».

    Nos élèves ne subissent pas non plus d'évaluations couperets qui les inscrit dans une catégorie à date fixe et les y maintient jusqu'à la prochaine date butoir.
    Ils ne passent pas plus par des ceintures ou des brevets notés sur un mur de la classe pour que tout le monde puisse constater que, bien souvent, cette école-là reproduit les inégalités sociales plutôt que de s'employer à les corriger.

    Nos élèves avancent dans leurs fichiers. Tous ensemble. En se soutenant les uns les autres. Avec l'aide de leur enseignant. Qui se sent là pour ça.
    Et, sauf énorme décalage[3], même si tout n'est pas toujours tout juste tout le temps chez tout le monde, le travail qui y est demandé installe quand même plutôt bien cette capacité à progresser à peu près régulièrement.

    Nota bene : Lorsqu'il nous est demandé de faire passer des évaluations qui resteront dans un dossier, nous pouvons très bien y soumettre nos élèves, mais à toutes petites doses, sans même en parler. Il nous suffit de garder, après coup, une des pages de bilan hebdomadaire, par exemple celle de la fin de chaque livret.
    Dans ce cas, après la révision en classe proposée dans le Guide Pédagogique, les élèves font leurs exercices, en bénéficiant de notre aide, comme toujours. La page est alors photocopiée et placée dans le dossier d'évaluations et nous n'en parlons que le minimum, continuant à préférer nous baser sur ce que nous constatons au quotidien, pendant les périodes de travail collectif au tableau et pendant les moments d'exercices en autonomie, pour transmettre à leurs familles ce que nous savons de leurs capacités actuelles.

    Guide pédagogique, 5e partie :

    Télécharger « LDM 5.pdf »

     

    Notes :

    [1] Attention, je n’ai surtout pas dit qu’il n’y en avait pas dans les lectures, bien au contraire. Là, j’en ai usé et abusé de façon à nourrir l’intuition qui, dès le cycle 3, sera largement sollicitée pour bâtir et étudier les règles de construction et d’usage de ces modes et temps ! C'est l'apprêt dont parlerons un peu plus loin dans cet article.

    [2] Et je ne parle pas de l'accord du participe passé avec le COD antéposé qui, même à l'oral, et dans les cas où cela s'entend, tend à disparaître du langage des adultes !

    [3] Auquel cas je conseille fortement l’emploi du fichier précédent qui, une fois bien acquis, permettra de continuer à avancer.

    Dans la même série :

    Pour le CE1 :

    CE1 : Fichier d'Étude de la Langue (1)

    CE1 : Fichier d'Étude de la Langue (2)

    CE1 : Fichier d'Étude de la Langue (3)

    CE1 : Fichier d'Étude de la Langue (4)

    CE1 : Fichier d'Étude de la Langue (5)

    Pour le CE2 :

    CE2 : Fichier d'Étude de la Langue (1)

    CE2 : Fichier d'Étude de la Langue (2)

    CE2 : Fichier d'Étude de la Langue (3)

    CE2 : Fichier d'Étude de la Langue (4)

    CE2 : Fichier d'Étude de la Langue (5)

    Livre du maître :

    CE1-CE2 : Étude de la langue - LDM (1) ;

    CE1-CE2 : Étude de la langue - LDM (2)

    CE1-CE2 : Étude de la langue - LDM (3) ;

    CE1-CE2 : Étude de la langue - LDM (4) ;

    ...

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    Fichiers et manuels d'Étude de la langue en élémentaire


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