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Racontamus, écoutatis, comprenunt (1)
L'époque des Oralbums étant sur le déclin, je me suis dit qu'il était peut-être intéressant de chercher la manière de raconter des histoires qui provoquerait une écoute attentive, garante (progressive pour certains) d'une compréhension sûre de la langue française en usage à l'écrit. Et comme le latin a le vent en poupe dans l'édition scolaire, j'ai pensé qu'en utilisant cette langue qui ne demande qu'à continuer à être enseignée au collège et au lycée, j'aurai peut-être la chance d'être lue et entendue... D'où ce titre extrêmement évocateur !
Il se trouve que, depuis ma jeune enfance, quand je lisais une histoire qui me plaisait beaucoup, puis, ensuite, quand je suis devenue moi-même enseignante, qui plaisait à mes élèves, j'ai remarqué que, très souvent, elle était tirée d'un ouvrage de Miss Sara Cone Bryant : Comment raconter des histoires à nos enfants.
Cet ouvrage explique en 159 pages environ pourquoi, comment et quand raconter quelles histoires aux enfants. C'est un peu long quand on travaille, qu'on a des enfants jeunes, plusieurs heures de transport par semaine, une vie de famille et sociale qui nous absorbe, sans compter ces centaines d'heures consacrées à préparer de beaux projets, imprimer, plastifier, découper des outils, sélectionner des photos, les mettre en page sur des blogs d'école, des classeurs des familles, des cahiers de réussites divers et variés...
Alors, comme j'ai un peu de temps disponible, je me suis dit que je pourrais peut-être me lancer dans un résumé... Vous me direz...
C'est un peu « vieilli » mais il y a sans doute du bon grain à en tirer... Du bon grain ramassé dans le grenier, moulu finement, puis transformé en galette qui ira ensuite rouler sur le chemin.
Mais, une galette avertie ! Pas une étourdie qui se laissera berner par n'importe quel renard !
Une galette instruite, par la vertu des contes, du danger qu'il y a à croire n'importe qui, du moment où il vous flatte et vous fait croire que c'est innovant de monter sur son nez pour chanter une petite chanson...Aujourd'hui, juste pour tâter le terrain, l'introduction et la table des matières.
COMMENT RACONTER
DES HISTOIRES
À NOS ENFANTSd'après
MISS SARA CONE BRYANT
F. NATHANINTRODUCTION
L'art du conteur
Il y a peu de temps, je tombai sur un article décrivant un vieillard italien récitant des cycles entiers de mythes ou contes populaires, dans n'importe quel coin d'une cour ou d'une place, entouré d'une foule compacte, à l'attention intense, capable de réprimer avec violence toute interruption du conteur.
Cela me rappela une scène expérimentale, vécue dans un collège américain. Une jeune femme devait raconter à un groupe de jeunes filles une histoire pour enfants (La bonne et la méchante petit Souris). Au début, les jeunes filles avaient une expression blasée, montrant combien le récit leur semblait insignifiant. Puis l'atmosphère changea progressivement et finalement, la salle retentit d'accès de franche gaieté !
La conteuse avait atteint son but.Un renouveau de l'art de conter
Mes expériences m'ont fait réaliser la possibilité de moderniser le très ancien art de conter :
Confrontée à des étudiants n'ayant pas accès à la traduction anglaise de romans, je pris peu à peu l'habitude de raconter sommairement l'histoire, avant de la considérer dans ses détails pour l'étudier.
Je me rendis compte combien cette partie de la leçon était devenue la plus importante pour mes élèves et elles accueillaient la proposition de recourir immédiatement à une traduction écrite sans passer par le conte avec désappointement.L'attitude des auditeurs adultes ne faisait qu'illustrer la différence entre l'effet de lire une histoire et celui de la raconter.
Différence entre lire une histoire et la raconter
Le conteur est libre alors que le lecteur est lié. Le conteur n'est borné par rien ; il se lève ou s'assied, libre de surveiller les réactions de son auditoire, de suivre le texte ou de le modifier, libre de se servir de ses mains, de ses yeux, de sa voix, pour aider l'expression.
Son esprit même est libre, il laisse venir les mots sans contrainte, tant il est rempli de son sujet.L'histoire dite est plus spontanée qu'une histoire lue. Un courant de sympathie s'établit avec l'auditoire plus rapidement et plus intensément.
Raisons pour lesquelles une histoire racontée est plus attrayante qu'une histoire lue
À cet avantage s'ajoute le charme de la personnalité. Quand vous vous êtes imprégné d'une histoire et que vous la racontez, l'auditeur profite du récit et, en outre, de votre appréciation personnelle.
Le désir de connaître les expériences personnelles de notre prochain est un désir très humain et très naturel, plus particulièrement chez les enfants.
Ce désir trouve sa satisfaction quand ils écoutent le récit de ce que faisaient leurs parents et grands-parents quand ils étaient petits.
Mais il s'étend aussi à des histoires qui ne sont pas personnelles si elles découlent des lèvres en phrases spontanées et familières.Cette facilité de retenir l'attention doit être pour les éducateurs une raison pratique suffisante de raconter les histoires plutôt que de les lire. Vos yeux rencontrent continuellement et naturellement ceux des enfants, leur expression répond à la vôtre, et le contact est immédiat.
Pour l'avantage donc de la maîtresse, aussi bien que pour la joie des enfants, l'art de dire des histoires peut être présenté comme supérieur à l'art de lire.
Importance nouvelle prise par cet art
L'histoire racontée n'a pas à être reléguée dans la sphère du Kindergarten[1]. Elle est admise pour toutes les classes, à divers degrés, partout où les enfants sont encore des enfants.
Les personnes chargées de classe acceptent la plupart du temps de raconter des histoires, dans l'espoir de faire pénétrer dans l'esprit de leurs élèves certaines connaissances morales ou pratiques au moyen d'une fiction captivante.
Mais le problème est là, déstabilisant et provoquant un pénible sentiment d'incapacité : quelles connaissances ? par quelles fictions ?C'est pour celles-ci que j'écris. J'espère que les pages suivantes leur apporteront quelque chose de défini et de pratique dans le sens des recherches et de la « manière ».
TABLE DES MATIÈRES
Notes :
[1] Équivalent américain de l’école maternelle.
Dans la même série :
♥ Racontamus, écoutatis, comprenunt :
... ; Racontamus, écoutatis, comprenunt - 2 ; Racontamus, écoutatis, comprenunt - 3 ; Racontamus, écoutatis, comprenunt - 4 ; Racontamus, écoutatis, comprenunt - 5 ; Racontamus, écoutatis, comprenunt - 6 ; Racontamus, écoutatis, comprenunt - 7 ; Racontamus, écoutatis, comprenunt - 8 ; Racontamus, écoutatis, comprenunt - 9
♥ Contes à dire, contes à lire :
Contes à lire, Contes à dire (0) (Sommaire) ; Contes à dire, contes à lire - 1 ; Contes à dire, contes à lire - 2 ; Contes à dire, contes à lire - 3 ; Contes à dire, contes à lire - 4 ; Contes à dire, contes à lire - 5 ; Contes à dire, contes à lire - 6 ; Contes à dire, contes à lire - 7 ; Contes à dire, contes à lire - 8 ; Contes à dire, contes à lire - 9 ; Contes à dire, contes à lire (10) ; Contes à dire, contes à lire (11) ; Contes à dire, contes à lire (12) ;
Bientôt l'époque des commandes :
N'oubliez pas :
Pour une maternelle du XXIe siècle
Se repérer, compter, calculer en Grande Section
Questionner le monde au Cycle 2
Tags : maternelle, élémentaire, primaire, littérature, raconter, écoute
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Commentaires
Oh, non, encore un livre qu'il faut que je lise de toute urgence!
Gnerk, gnerk, gnerk !