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Contes à dire, contes à lire (5)
Cette semaine, trois contes merveilleux, dont deux drolatiques et un troisième moins farfelu, et un conte étiologique (ou conte « du pourquoi »), tous d'origines différentes.
Le premier se passe vraisemblablement en Inde, puisque les cours royales circulent à dos d'éléphants, le second, au Japon, dans des rizières, le troisième, en Afrique centrale, à la limite entre la savane et la forêt équatoriale, et le dernier, en Amérique du Nord.
Ce qui nous permet de découvrir un nouvel avantage de la technique « Racontamus, Écoutatis, Comprenunt » ! Avec elle, pas besoin de programmer un thème annuel, plus riche que le programme de géographie de Terminale, consistant à faire tourner la plupart des activités de la classe autour des continents, de la vie quotidienne de quelques-uns de leurs habitants, d'éléments du folklore de quelques-unes des ethnies qui y vivent, des bâtiments que certains y ont construits, des plats que certains y apprécient... de leurs productions agricoles et industrielles et de leurs régimes politiques (j'exagère volontairement... mais nous n'en sommes pas loin parfois).
Ce sont les nombreux contes, racontés au fil de l'année, qui nous emmèneront, nos élèves et nous-mêmes, le lundi au Japon, à la recherche du plus puissant personnage du monde, le mardi en Allemagne, au XVIIIe siècle, à la cour du roi de Bavière, le jeudi et le vendredi dans la Grande Prairie, sur les traces des premiers Amérindiens, à l'époque où « les hommes comprenaient le langage des animaux et [où] le Coyote gris, le chien des prairies, était l’ami et le conseiller de l’homme ».
Ainsi, par petites touches insensibles, nous ferons d'eux des citoyens du monde, habitués à d'autres cultures, sans qu'ils n'aient jamais eu à subir ni leçons indigestes à base de cartes de géographie se prétendant des jeux d'éveil aux diversités de notre planète, ni visions minimalistes et forcément fausses de pays lointains, ravalés au rang de curiosités, parfois bourrées de poncifs teintés d'un paternalisme digne de l'époque coloniale.
Ici, c'est par le conte[1], c'est-à-dire le moyen utilisé sur la Terre entière pour apprendre la vie aux petits enfants en les distrayant, que nos jeunes auditeurs (ou lecteurs) découvrent d'autres cultures, un jour, une fois, puis une autre fois, un autre jour, en les effleurant, dans ce monde teinté de merveilleux, hors de toute prétention scientifique ou vulgarisatrice (voir Racontamus, écoutatis, comprenunt - 3, Les Paraboles de la Nature, Utilité de la fiction).
Et c'est de l'esprit de ces peuples qu'ils s'imprègnent, de leur façon de voir le monde, du fonds le plus ancien de leur culture populaire, celle qui, au fil des siècles, a donné naissance à ces manifestations visibles que le doigt peut montrer, sans pour cela en faire capter la profondeur, et que nos élèves découvriront sur le long terme et non, en une fois, pendant leur année de (barrer les mentions inutiles) TPS - PS - MS - GS - CP - CE1 - CE2 - CM1 - CM2
15. Le Chat et le Perroquet
Conte merveilleux drolatique, d'inspiration de l'Asie de l'est, semble-t-il. Le début peut faire penser à la fable « Le Renard et la Cigogne » mais très vite, la loufoquerie de l'histoire l'en éloigne et se rapproche des contes à répétitions ou contes burlesques tels 2. La maison que Pierre a bâtie, 4. La vieille femme et le cochon récalcitrant, 7. Le Conjurateur et le Loup ou encore 1. Histoire des trois petits Cochons ou 8. Le Loup, le Cochon, la Cane et l'Oie.
♥ Sous forme de conte raconté ou lu :
Conte à faire jouer par les enfants, si on le souhaite. L'usage de petits personnages peut être utile au début pour les plus jeunes s'ils ne sont pas encore habitués à écouter sans appui visuel.
Le lexique sera expliqué en cours de lecture.
♥ Sous forme de lecture oralisée à plusieurs voix :
La lecture est à réserver aux élèves sachant déjà bien lire car les phrases et les paragraphes sont longs. Pour les plus jeunes, on préférera les contes à répétitions cités ci-dessus (sauf 7. Le Conjurateur et le Loup). Le lexique sera expliqué en cours de lecture.
L'âge des élèves et leurs capacités de lecture fluide permettra de faire lire un paragraphe entier par enfant. Après une première lecture intégrale de l'épisode (ou du texte entier pour des élèves de CM) et un moment de débat visant à raconter l'histoire avec ses mots et échanger autour de ce qu'elle raconte (ou de ce qu'elle est, chez les plus grands), on programmera une nouvelle lecture, théâtralisée avec :
- un narrateur
- un chat
- un perroquet
- la vieille femme
- le bonhomme, propriétaire de l'âne
- le roi
- deux crabes tourteaux (qui devront lire en chœur)
Sans préparation préalable, pour s'assurer que c'est bien la compréhension et l'automatisation de l’identification des mots par le décodage (c’est ce qu’on appelle la fluidité de lecture) que les élèves travaillent et non la récitation, le groupe d'élèves assis chacun à sa place lira le texte en s'appliquant à rendre l'intonation.
Une troisième lecture pourra avoir lieu, théâtralisée cette fois, avec des élèves debout, tenant leur texte à la main. Cette lecture sera une « lecture-récitation » proche de celle que produit le conteur lorsqu'il cherche à capter son auditoire. Une fois ceci fait, on aura fait le tour de la question et on passera à autre chose.
16. La petite princesse Ratonne
Conte merveilleux. Le concept de « puissance » autour duquel il est bâti le rend peut-être difficile d'accès aux enfants de Petite Section qui comprendront mieux des contes « qui bougent » parce que les héros fabriquent des choses ou s'opposent sur des compétences qui se voient et non sur des idées.
♥ Sous forme de conte raconté ou lu :
Conte à raconter avec des objets ou des illustrations pour les plus jeunes, puis à faire :
- raconter avec ses propres mots (sous forme de dialogue entre pairs)
- illustrer (librement, par une scène qui les a marqués)
- jouer
Voir : Racontamus, écoutatis, comprenunt (8)
Le lexique sera expliqué en cours de lecture.
♥ Sous forme de lecture oralisée à plusieurs voix :
Lecture phrase par phrase chez les plus jeunes (fin CP, début CE1), paragraphe par paragraphe chez les lecteurs fluides. Le lexique sera lu avant de commencer la lecture et rappelé en cours de lecture (on pourra l'avoir copié au tableau, pour éviter de perdre le fil de la lecture en tournant les pages du livret).
La reformulation aura lieu après la lecture de chaque paragraphe. Celui-ci sera relu une deuxième fois, par un seul lecteur cette fois, avant de passer au paragraphe suivant.
Au cours de la deuxième lecture, les dialogues pourront être lus :- soit par deux lecteurs différents
- soit par un seul mais en variant l'intonation
La première solution privilégie l'attention visuelle et auditive des élèves, la seconde, la compréhension fine du texte lu.
Les deux solutions installent, à bas bruit (ou « à petits pas », comme vous préférez), les notions nécessaires à la présentation écrite d'un dialogue.17. Le Lion et le Moucheron
Conte merveilleux drolatique tiré d'une Fable. Dans une classe de CE2, CM1 ou CM2, il sera intéressant de leur lire (ou de leur faire lire) ensuite : Le Cousin (ou le Moustique) et le Lion, d'Ésope puis Le Lion et le Moucheron, de Jean de La Fontaine.
♥ Sous forme de conte raconté ou lu :
Il serait dommage de ne pas profiter de ce combat singulier, dans les deux sens du terme, pour installer les compétences à reconnaître et identifier les sensations auditives sans aide visuelle. L'histoire est linéaire, les personnages sont réduits au minimum et, si le vocabulaire est parfois recherché, les événements qui se déroulent à un rythme enlevé le rend « transparent ».
Si l'on tient vraiment à illustrer le conte pour accompagner la lecture, une seule illustration, celle du lieu où il se déroule, suffira.
Le lexique sera expliqué en cours de lecture.Respecter le schéma habituel d'exploitation :
- raconter avec ses propres mots (sous forme de dialogue entre pairs)
- illustrer (librement, par une scène qui les a marqués)
- jouer
♥ Sous forme de lecture oralisée à plusieurs voix :
Lecture paragraphe par paragraphe avec interruptions pour explications et commentaires dès que l'attention se dilue ou que la lecture devient laborieuse. Relecture éventuelle en fin d'épisode, toujours sous forme de lecture oralisée à plusieurs voix, paragraphe par paragraphe.
La lecture théâtralisée, texte à la main, sans autre préparation que les deux lectures collectives précédentes, est envisageable. Elle sera agréablement (et utilement) remplacée avec des élèves de CM par les lectures conseillées ci-dessus (Ésope d'abord, La Fontaine ensuite), toujours sous forme de lecture oralisée à plusieurs fois, immédiatement expliquées et commentées.
Nota bene : Une lecture laborieuse de la Fable de Jean de La Fontaine est normale. Est-ce une raison suffisante pour ne pas la proposer ?... Je ne le crois pas.
Si, contrairement à ce que croient certains, ils ne sont pas encore à l'âge de l'apprécier seuls, en lecture autonome, ils pourront néanmoins réaliser cet exploit en classe, accompagnés par leur professeur et leurs camarades. Là, rassurés et aidés par leurs enseignants, ils pourront être fiers d'avoir réussi ce challenge difficile.18. La capture du Feu
Conte étiologique amérindien (dit aussi « conte du pourquoi ») qui permettra d'enrichir la culture historique et la réflexion sur l'implicite d'enfants déjà grands.
Cette histoire est issue d'un univers très différent de celui que connaissent les enfants de moins de six ans (sauf cas particuliers, bien sûr). C'est pourquoi il vaut sans doute mieux la réserver à des enfants plus âgés. Mais chacun est juge et peut la proposer à des enfants un peu plus jeunes (GS).
Elle ne nécessite pas de matériel autre qu'un dessin situant l'histoire (prairie ou désert d'Amérique du Nord). On pourra aussi montrer une illustration d'une scène se déroulant à l'époque paléolithique, dans un abri sous roche.
♥ Sous forme de conte raconté ou lu :
Aucun matériel particulier, si ce n'est l'illustration. On racontera, les enfants commenteront, on éclaircira certains points : les scènes de la vie quotidienne des chasseurs-cueilleurs, l'organisation sociale (les cents « coureurs »), la montagne brûlante, autant d'« implicites » à travailler de manière bien plus sérieuse et profonde qu'avec quelques petites phrases traitées « hors sol » lors d'une séance dédiée de l'emploi du temps.
♥ Sous forme de lecture oralisée à plusieurs voix :
Même chose. À lire et à comprendre. De la fin du CE1 (ou CE2 si les élèves n'ont pas assez de références culturelles pour pénétrer cet univers simplement en lisant à voix haute).
La lecture sera prétexte à débat entre pairs, compléments culturels, sans devenir pour autant, sauf au CM peut-être, mais pour deux ou trois semaines seulement, un « thème » qui englobe tout, certes, mais qui prive les élèves de rencontrer tant d'autres univers, d'autres auteurs, d'autres cultures.
Les contes :
Télécharger « 15. Le Chat et le Perroquet.pdf »
Télécharger « 16. La petite princesse Ratonne.pdf »
Télécharger « 17. Le Lion et le Moucheron .pdf »
Télécharger « 18. La capture du Feu .pdf »
Notes :
[1] À compléter, de la même manière, c’est-à-dire peu mais souvent et tous azimuts, par des musiques et des œuvres d’arts plastiques de toutes origines.
Dans la même série :
♥ Racontamus, écoutatis, comprenunt :
Un résumé du livre « Comment raconter des histoires à nos enfants » (Miss Sara Cone Bryant) :
Racontamus, écoutatis, comprenunt - 1 ; Racontamus, écoutatis, comprenunt - 2 ; Racontamus, écoutatis, comprenunt - 3 ; Racontamus, écoutatis, comprenunt - 4); Racontamus, écoutatis, comprenunt - 5 ; Racontamus, écoutatis, comprenunt - 6 ; Racontamus, écoutatis, comprenunt - 7 ; Racontamus, écoutatis, comprenunt - 8 ; Racontamus, écoutatis, comprenunt - 9
♥ Contes à dire, contes à lire :
Contes à lire, Contes à dire (0) (Sommaire) ; Contes à dire, contes à lire - 1 ; Contes à dire, contes à lire - 2 ; Contes à dire, contes à lire - 3 ; Contes à dire, contes à lire - 4 ; Contes à dire, contes à lire - 5 ; Contes à dire, contes à lire - 6 ; Contes à dire, contes à lire - 7 ; Contes à dire, contes à lire - 8 ; Contes à dire, contes à lire - 9 ; Contes à dire, contes à lire (10) ; Contes à dire, contes à lire (11) ; Contes à dire, contes à lire (12) ;
À l'époque des commandes :
N'oubliez pas :
Pour une maternelle du XXIe siècle
Se repérer, compter, calculer en Grande Section
Questionner le monde au Cycle 2
Tags : conte, lecture, maternelle, primaire, fluence, compréhension
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