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Contes à dire, contes à lire (3)
Quatre nouveaux contes à lire ou à dire : deux histoires accumulatives et deux contes du pourquoi. Les âges propices au conte lu ou raconté s'étalent de 3 à 9 ans, et de la fin du CP au CM1, pour la lecture oralisée autonome.
Comme d'habitude, j'insiste et je continue à proposer des durées d'exploitation extrêmement brèves, de manière à ce que ces contes ne soient pas détournés de leur but premier : le plaisir de l'auditeur (voir Racontamus, écoutatis, comprenunt-2).
C'est même la base du programme Racontamus, écoutatis, comprenunt et ce qui fait sa différence avec ce dont nous avons l'habitude depuis une vingtaine d'années dans les classes.
Il faut bien sûr s'habituer à l'idée avant d'essayer. Mais, quand on a essayé et qu'on a pu constater combien les enfants adhèrent à cette nouvelle façon de vivre la littérature, en butinant à travers les contes de la tradition orale, on ne veut plus en changer.7. Le Conjurateur et le Loup
♥ Sous forme de conte raconté ou lu :
En raison du style, cette histoire accumulative un peu plus compliquée que 2. La Maison que Pierre a bâtie ou que 4. La vieille Femme et le Cochon récalcitrant.
C'est une histoire « chantée », composée de vers de 8 syllabes, dont le rythme doit rester extrêmement précis, d'où les nombreuses élisions. Je conseille fortement aux conteurs de s'entraîner chez eux afin de pouvoir dire sans bafouiller :- Le chien n'veut pas japper↔au loup en marquant bien la liaison
- L'eau n'veut pas↔étein-dre-le-feu en marquant bien la liaison et en n'élidant pas la lettre e à la fin du verbe éteindre et dans le deuxième le
- Le veau ne veut pas boi-re-l'eau sans aucune élision
Comme toutes les histoires accumulatives (ou à répétitions), ce conte n'a d'autre but que d'amuser (voir Racontamus, écoutatis, comprenunt - 3). Et pour que l'auditeur s'amuse, il faut qu'il perçoive que le conteur s'amuse aussi.
On introduira l'histoire en expliquant aux enfants de 5 à 8 ans que nous allons leur présenter un conjurateur, c'est-à-dire une personne qui normalement est chargée d'éloigner les mauvais esprits, mais qui, cette fois, a bien des difficultés à réussir sa mission.
Puis on la dira, d'une traite, sans rien expliquer ni montrer ni dessiner, sur un ton chantant, en théâtralisant énormément, et en variant l'intonation de la partie qui revient en refrain à la fin de chaque couplet.
Très vite, les enfants se mettront à nous aider. Ce n'est qu'en fin d'histoire, après avoir ri, qu'on demandera si tous connaissent le verbe japper et savent ce que représente le diable (à rapprocher ensuite du terme de conjurateur).
Si les enfants le souhaitent, on pourra la redire, tout de suite, ou de temps en temps, pour jouer avec la formulette :
Ha, j'te promets, compèr' Brocard,
Tu sortiras de ce lieu-là,
Ha, j'te promets, compèr' Brocard,
Tu sortiras de ce lieu-là.♥ Sous forme de lecture oralisée à plusieurs voix :
Ce texte, en raison de son rythme, et des élisions qu'il rend indispensables, n'en rend pas la lecture à haute voix aisée (voir conseils au conteur, ci-dessus).
Avec des élèves, déjà bons lecteurs, car malgré sa facilité apparente et ses multiples répétitions, c'est à eux qu'il faudra le réserver, on sera moins exigeant au point de vue de la rythmique qu'avec un conteur adulte.
Ils auront bien entendu le texte sous les yeux, et pourront s'y reprendre si après leur première lecture, ils ne sont pas contents du passage qu'ils ont lu.Ce qui peut être amusant, c'est de fractionner la lecture de chaque strophe, chaque élève ne lisant qu'un vers à son tour, sauf pour le refrain où là, tous les lecteurs de la strophe s'y mettent en chœur.
Ce qui peut être motivant aussi, c'est de faire varier les intonations, vers après vers.
Ainsi, dès le couplet III et jusqu'à la fin, le premier vers représente l'espoir : cette fois, il n'y a plus de doute, la solution est trouvée...
Hélas ! du deuxième vers au vers annonçant que le loup ne veut toujours pas sortir du bois, c'est l'exaspération, le désespoir, la colère qui gagnent en intensité.
Enfin, le refrain et sa reprise, permettent à ces sentiments de s'extérioriser...Tout un programme pour une séance de lecture à voix haute riche et dynamique. Une fois le texte lu pour la classe, il pourra faire l'objet d'une théâtralisation à destination d'une autre classe ou d'un spectacle offert aux familles.
8. Le Loup, le Cochon, la Cane et l'Oie
♥ Sous forme de conte raconté ou lu :
Voir 1. Histoire des trois petits cochons (Contes à dire, contes à lire - 1)
Rappel : L'utilisation et la manipulation du matériel n'est pas une fin en soi :
- si on sent que les enfants ont besoin d'objets représentant les vrais personnages et accessoires du conte, on les fabrique et on les utilise[1] ;
- si on pense que quatre petits personnages quelconques et trois feuilles pliées en forme de tente canadienne pour représenter les maisons suffiront, on privilégie cette solution ;
- si on peut tenter le simple dessin au tableau (comme dans la pédagogie Steiner Waldorf), on en reste là
- tout en sachant que le but, c'est l'auditoire conquis par le conteur et sa capacité à conter (voir : Racontamus, écoutatis, comprenunt - 6 ; Racontamus, écoutatis, comprenunt - 7)
♥ Sous forme de lecture oralisée à plusieurs voix :
Voir 1. Histoire des trois petits cochons (Contes à dire, contes à lire - 1)
Pour une classe de CP, on pourra scinder le conte en trois parties au lieu de deux.
Rappel : Il s'agit de lecture courante, pas de découverte du texte avec émissions d'hypothèses. Chaque enfant de la classe doit être capable de déchiffrer une des phrases du texte à son tour, sans aménagements, ni lexiques affichés aux murs. La lecture de ce conte ne peut donc avoir lieu avant que les graphèmes euil, ouil, ay aient été étudiés en classe.
9. Pourquoi le Liseron grimpe sur les arbres
♥ Sous forme de conte raconté ou lu :
Conte étiologique (dit aussi « conte du pourquoi »). À rapprocher de ce que nous dit Miss Sara Cone Bryant à propos de la catégorie Paraboles de la nature dans Racontamus, écoutatis, comprenunt - 3).
Cette histoire peut être prétexte à débat sur ces contes étiologiques, qui semblent raconter la vérité et pourtant ne sont que des prétextes à divertissement.
Mais ce n'est pas obligatoire, loin de là. Avec les jeunes enfants, de nombreuses petites touches insensibles ont toujours fait plus que les gros pavés indigestes, qui les repoussent et les écœurent.Histoire très courte, idéale à lire ou raconter lorsqu'il reste un petit quart d'heure avant une sortie, un départ, un événement quelconque. Il peut aussi servir de retour au calme entre deux activités.
L'histoire est simple. Avec les plus jeunes, on pourra faire jouer aux enfants le rôle du petit Jeannet dans son nid solitaire puis mimer la croissance du Liseron pour les amener à agir, s’exprimer et comprendre à travers l’activité physique.
Le lexique sera expliqué pendant le conte, en doublant chaque mot écrit en italique et souligné, par celui ou ceux donnés en fin de conte, surtout avec des enfants jeunes. Avec des enfants plus âgés, on se reportera à la rubrique ci-dessous (Sous forme de lecture oralisée à plusieurs voix) pour aider les élèves à déduire logiquement le sens de ces mots en s'aidant du contexte. On n'insistera pas sur la mémorisation de ces mots.
♥ Sous forme de lecture oralisée à plusieurs voix :
Pour les caractéristiques de ce conte se reporter à la rubrique ci-dessus (Sous forme de conte raconté ou lu).
Cette histoire peut être lue dès la fin du CP, dès lors que les graphèmes oin, oy, ied ont été étudiés. La quantité de lecture oralisée par enfant dépendra de leur âge et de leurs capacités de lecture. Pas de préparation préalable. Une relecture, plus fluide, pourra être entreprise en fin de lecture, par un nouveau groupe d'élèves.
Penser à changer chaque jour le rôle de chacun (premier lecteur, relecteur et éventuellement second relecteur dans les classes nombreuses) de manière à ce que, au cours d'une même semaine, les enfants aient eu tous les rôles à jouer.
Le lexique aura très souvent avantage à être déduit du contexte plutôt qu'expliqué. Ici, la recherche d'hypothèses d'explication par le contexte est accessible aux enfants, simplement grâce à la logique.
On fera chercher des mots de la famille de croître (croissance, ordre croissant, ordre décroissant) et de celle de solitaire (solitude, seul, esseulé) pour confirmer l'hypothèse émise par les élèves avant de faire vérifier la définition par consultation du lexique.10. Tawots, le petit lapin
♥ Sous forme de conte raconté ou lu :
Conte étiologique (dit aussi « conte du pourquoi »). À rapprocher de ce que nous dit Miss Sara Cone Bryant à propos de la catégorie Paraboles de la nature dans Racontamus, écoutatis, comprenunt - 3). Comme 9. Pourquoi le Liseron grimpe sur les arbres, cette histoire enrichira les références intuitives des enfants en matière de contes étiologiques et leur permettre, plus tard, de reconnaître cette catégorie sans avoir eu à subir des leçons magistrales déguisées en recherches spontanées.
Cette histoire est issue d'un univers très différent de celui que connaissent les enfants de moins de six ans (sauf cas particuliers, bien sûr). C'est pourquoi il vaut sans doute mieux la réserver à des enfants plus âgés. Mais chacun est juge et peut la proposer à des enfants un peu plus jeunes (fin de MS et GS).
Elle ne nécessite pas de matériel autre qu'un dessin situant l'histoire (prairie ou désert d'Amérique du Nord) et du modèle d'un piège que l'on peut fabriquer à l'aide d'une corde d'arc, vraisemblablement un collet.
La définition des mots moitié et quart sera donnée par un geste des mains, ou un schéma au tableau. Les mots soulignés seront d'abord l'objet de recherche d'inférences logiques, confirmées ensuite par la lecture du lexique présenté à la fin. La nature du piège, fabriqué simplement à l'aide d'une corde, pourra être déduite par les élèves eux-mêmes. Cela les aidera à comprendre que, dans ce contexte, le nom trappe ne désigne pas un panneau qui ferme une ouverture située au niveau du sol.
♥ Sous forme de lecture oralisée à plusieurs voix :
Pour les caractéristiques de ce conte et les conseils concernant le lexique, se reporter à la rubrique ci-dessus (Sous forme de conte raconté ou lu).
La lecture, concernant des élèves déjà bons lecteurs, se déroulera paragraphe par paragraphe. On donnera la prononciation de Tawots. On pourra théâtraliser le dialogue entre Tawots et le soleil :
- soit en désignant deux lecteurs se répondant
- soit en demandant au même lecteur de varier l'intonation de manière à ce que son auditoire comprenne quand il y a changement de locuteur (plus difficile)
Les contes :
Télécharger « 7. Le Conjurateur et le Loup.pdf »
Télécharger « 8. Le loup, le cochon, la cane et l'oie.pdf »
Télécharger « 9. Pourquoi le Liseron grimpe sur les arbres.pdf »
Télécharger « 10. Tawots, le petit lapin.pdf »
Notes :
[1] Attention, au rythme de 2 à 4 histoires par semaine, si on n'y prend garde, on aura vite ses placards pleins de « tapis de conte » ! Sans compter les nuits passées à concevoir, découper, coudre les dits tapis...
Dans la même série :
♥ Racontamus, écoutatis, comprenunt :
Un résumé du livre « Comment raconter des histoires à nos enfants » (Miss Sara Cone Bryant) :
Racontamus, écoutatis, comprenunt - 1 ; Racontamus, écoutatis, comprenunt - 2 ; Racontamus, écoutatis, comprenunt - 3 ; Racontamus, écoutatis, comprenunt - 4); Racontamus, écoutatis, comprenunt - 5 ; Racontamus, écoutatis, comprenunt - 6 ; Racontamus, écoutatis, comprenunt - 7 ; Racontamus, écoutatis, comprenunt - 8 ; Racontamus, écoutatis, comprenunt - 9
♥ Contes à dire, contes à lire :
Contes à lire, Contes à dire (0) (Sommaire) ; Contes à dire, contes à lire - 1 ; Contes à dire, contes à lire - 2 ; ... ; Contes à dire, contes à lire - 4 ; Contes à dire, contes à lire - 5 ; Contes à dire, contes à lire - 6 ; Contes à dire, contes à lire - 7 ; Contes à dire, contes à lire - 8 ; Contes à dire, contes à lire - 9 ; Contes à dire, contes à lire (10) ; Contes à dire, contes à lire (11) ;
À l'époque des commandes :
N'oubliez pas :
Pour une maternelle du XXIe siècle
Se repérer, compter, calculer en Grande Section
Questionner le monde au Cycle 2
Tags : conte, lecture, maternelle, primaire, fluidité, compréhension
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