• Contes à dire, contes à lire (9)

    Contes à dire, contes à lire (9)

    Le problème, quand on propose de lire bien plus d'une histoire par semaine, c'est qu'ensuite, il faut fournir des histoires... et gratuitement en plus.

    Me voici donc arrivée au bout du stock de Miss Sara Cone Bryant. Je commence donc à piocher ailleurs. Ceux qui voudront me diront ce qu'ils pensent de mon choix...

    32. Le Calife cigogne

    L'avant-dernier des contes proposés par Miss Sara Cone Bryant (j'ai volontairement omis un conte très moralisateur intitulé Le collier de vérité et deux histoires tirées de la Bible, à forte connotation religieuse.

    Ici, un conte persan qui illustre bien le proverbe « Tel est pris qui croyait prendre »... Ce thème ainsi que l'ambiance générale et le lexique du conte le réserve aux enfants de 5 ans déjà bien entraînés à écouter des contes à 11 ans.

    ♥ Sous forme de conte raconté ou lu :

    On pourra raconter le conte sans l'illustrer, les deux jours d'exploitation ne permettant pas forcément de s'étendre sur la Perse des califes et de leurs grands vizirs. Cependant, si on a sous la main quelques illustrations, on pourra les afficher provisoirement dans un coin de la classe, près du livret à feuilleter seuls ou à emprunter pour le relire ou le faire relire à la maison.

    On expliquera le vocabulaire en cours de lecture, sans insister chez les plus jeunes (MS à CE1), en cherchant plus à ce que les mots soient mémorisés (surtout caractère,  orient, occident, se pavaner, exiler) chez les plus âgés (CE2 à CM2). Nous restons cependant dans la lecture-plaisir et il n'est pas question d'en faire autre chose. Les occasions reviendront, en lecture ou ailleurs, de retrouver ces mots et de les réemployer.

    Le conte sera nécessairement reformulé par les enfants ; il pourra aussi être illustré et joué si on a le temps nécessaire (en Arts Plastiques et en EPS, c'est toujours possible).

    ♥ Sous forme de lecture oralisée à plusieurs voix :

    Lecture à réserver à de bons lecteurs de CE2 et aux élèves de CM1 et CM2 pour qu'ils le deviennent s'ils ne le sont pas encore.

    Lecture paragraphe par paragraphe, lexique lu et commenté en cours de lecture, sans préparation préalable. Une relecture paragraphe par paragraphe sera nécessaire dans les classes à l'effectif supérieur à 25 élèves.

    La lecture des dialogues pourra être théâtralisée (un lecteur par personnage) ou, au contraire, effectuée par un même élève qui pensera à varier l'intonation selon les personnages.

    Même exploitation que pour le conte lu : reformulation indispensable, paragraphe après paragraphe au CE2, épisode après épisode ensuite ; illustration et jeu scénique à la discrétion de l'enseignant, selon le niveau de compréhension des élèves.

    33. La Grenouille et le Bœuf

    Un conte très court racontant en langue simple la fable du même nom. Le vocabulaire est si simple qu'aucun mot n'est expliqué.

    On fera lire cette fable aux élèves de CP ayant déjà étudié les correspondances graphèmes-phonèmes suivantes : ouill, œu, gea, ien, gne, euill.

    ♥ Sous forme de conte raconté ou lu :

    Avec les enfants les plus jeunes, se munir de matériel et jouer la scène tout en la racontant.

    Les enfants reformuleront l'histoire, l'illustreront et la joueront, en utilisant les petits personnages manipulés par le conteur ou en représentant eux-mêmes la grenouille et sa sœur.

    Pour les plus grands (de la GS au CE1), on pourra lire et faire apprendre aux enfants les fables du même nom écrite par Ésope, Phèdre ou Jean La Fontaine.

    ♥ Sous forme de lecture oralisée à plusieurs voix :

    Lecture phrase par phrase, sans préparation préalable.

    En cas de relecture, la lecture des dialogues pourra être théâtralisée (un lecteur par personnage) ou, au contraire, effectuée par un même élève qui pensera à varier l'intonation selon les personnages. 

    Reformulation indispensable, comme toujours ; illustration et théâtralisation à la discrétion de l'enseignant.

    Cette lecture pourra être renforcée, dans les jours qui suivent, par la lecture des fables d'Ésope, Phèdre et La Fontaine.

    34. La drôle de maison

    Il y en a qui passent 2 mois sur La Moufle... et ici, je vous propose de passer un à deux jours sur sa cousine germaine, pour ne pas dire sa sœur jumelle La drôle de maison pour pouvoir en raconter, en illustrer, en jouer tant d'autres que nos élèves n'auront plus besoin de cours magistral, même actif, pour passer du concret à l'abstrait et savoir reconnaître et même reproduire les caractéristiques du conte accumulatif.

    La répétition des formulettes, qu'il n'est pas nécessaire d'expliquer, est pour beaucoup dans le charme de ce conte. Ce n'est pas n'importe quelle grenouille, mais la grenouille qui se mouille, comme le renard est celui à la queue touffue, le loup, le loup gris des taillis, etc.

    Lecture possible en fin de CP après étude des graphies suivantes : ouill, ce, aill, oin, ey.

    ♥ Sous forme de conte raconté ou lu :

    Avec les tout-petits, matériel obligatoire :

    • une cruche, une souris, une grenouille, un lièvre, un renard, un loup et un ours !

    Le conteur se fera aider de ses auditeurs pour égrener la litanie des noms des occupants de la cruche, doigts levés à l'appui (ou comment les mathématiques deviennent vivantes et naturelles, dès la Petite Section, sans pour cela être inscrites dans une belle progression venue d'ailleurs dans sa jolie mallette colorée remplie de fiches en papier glacé)...

    Le conte sera nécessairement reformulé par les enfants ; il pourra aussi être illustré et joué si on a le temps nécessaire (en Arts Plastiques et en EPS, c'est toujours possible).

    ♥ Sous forme de lecture oralisée à plusieurs voix :

    Lecture phrase par phrase, sans préparation préalable.Relecture possible, phrase par phrase ou paragraphe par paragraphe dans les classes à fort effectif.

    La lecture des dialogues pourra être théâtralisée (un lecteur par personnage) ou, au contraire, effectuée par un même élève qui pensera à varier l'intonation selon les personnages.

    Reformulation indispensable, comme toujours ; illustration et théâtralisation à la discrétion de l'enseignant.

    35. Pouce-Poussin

    Et encore un conte accumulatif ! Ce qui monte à sept ou huit le nombre de ces contes dans ce projet. Encore une bonne dizaine, racontés les uns comme les autres en un, deux ou trois jours, et nous en aurons assez pour couvrir une année scolaire, quel que soit le niveau des élèves. Sachant que ces contes plaisent surtout aux enfants de trois à huit ans et que les plus grands ont depuis longtemps décrypté le système...

    Les noms des personnages permettront de plus aux plus jeunes de travailler la phonologie en action, sans même s'en rendre compte (voir MS : La « phono » naturelle et familière (1) ; MS : La « phono » naturelle et familière (2) ;MS : La « phono » naturelle et familière (3) ; MS : La « phono » naturelle et familière (4) ). Et comme ils sont à l'âge où tout s'apprend par plaisir, grâce au butinage de données concrètes venues d'ici et d'ailleurs, ils en sauront largement autant en quittant leur classe de MS que leurs camarades qui auront ingurgité à pleines louches les « activités » de la jolie mallette colorée remplie de fiches sur papier glacé...

    Conte à faire lire aux CP après l'étude des graphies : ce, ci, ez, ien, ess, gn.

    ♥ Sous forme de conte raconté ou lu :

    Comme c'est un conte pour les plus jeunes, allons-y pour la représentation des personnages :

    • un gland, un poussin, une poulette, un canard, une oie, un dindon et un renard.

    Une fois l'épisode joué par le conteur, c'est en manipulant eux-mêmes les personnages qu'ils le reformuleront avant de l'illustrer par le dessin (sans modèles, s'il vous plaît... nous ne sommes plus au XIXe siècle, à l'époque où les enfants recopiaient sans comprendre pour apprendre, depuis, il y a eu Freinet, Decroly, Wallon et bien d'autres qui nous ont tous recommandé et expliqué le dessin libre).

    ♥ Sous forme de lecture oralisée à plusieurs voix :

    Lecture phrase par phrase, sans préparation préalable.Relecture possible, phrase par phrase ou paragraphe par paragraphe dans les classes à fort effectif.

    La lecture des dialogues pourra être théâtralisée (un lecteur par personnage) ou, au contraire, effectuée par un même élève qui pensera à varier l'intonation selon les personnages.

    Reformulation indispensable, comme toujours ; illustration et théâtralisation à la discrétion de l'enseignant.

    36. Les Éléphants du Roi

    Léon Tolstoï [était un pédagogue hors du commun. Il voyage et dit que partout, on fait à l’école l’apprentissage de la servitude. Les élèves récitent bêtement les leçons sans les comprendre. Mettre les enfants directement en contact avec la culture, c’est renoncer à cette programmation fastidieuse et stérile qui va du plus simple au plus compliqué. Ce qui intéresse les enfants, ce sont les sujets vivants et compliqués, où tout s’enchevêtre. « Que faut-il enseigner aux enfants ? » Tolstoï imagine une foison de lieux culturels, où les enfants apprendraient en fréquentant ces lieux.] (source Wikipédia)

    [ De toutes ses œuvres le livre dont sont tirés ce conte et le suivant (37. Les trois Voleurs) est sans doute celui auquel Tolstoï fut le plus attaché. Il était certain en effet «d’avoir élevé un monument» en composant l’Abécédaire dont Les Quatre Livres de lecture sont extraits. C’est que l’auteur de La Guerre et la Paix a été dominé dans sa vie passionnée par diverses préoccupations maîtresses au premier rang desquelles figurait l’éducation du peuple auquel il a souhaité donner le goût de la lecture, porte de l’esprit critique qui mène à la citoyenneté.
    C’est à cette fin que, de retour à Iasnaïa Poliana après avoir démissionné de l’armée en 1849, il ouvrit une école pour enfants. Ce livre est le fruit de cette expérience et Tolstoï affirmait «sa supériorité sur tous les autres livres». Il avait toujours aimé les histoires et l’on trouvera dans ce volume toutes celles qu’il aimait raconter. Ces Contes, récits et fables nous instruisent autant qu’ils nous distraient.
    C’est bien là ce que la littérature peut nous apporter de mieux] (source Librairie Décitre. 

    Ce conte pourra être raconté ou lu en un épisode. Associé à d'autres, lus ou racontés à d'autres moments de l'année, il permettra d'évoquer la notion de point de vue, toujours sans leçon magistrale, au cours de la reformulation qui suivra sa lecture et du débat qui en découlera. 
    Encore une occasion de vivre naturellement l'éducation morale et civique qu'il serait dommage d'oublier ou de remplacer par la grosse séance « Voilà la maîtresse (ou le maître) avec ses gros sabots et sa morale à trois francs six sous »...

    ♥ Sous forme de conte raconté ou lu :

    Normalement, les enfants étant grands, il n'y aura pas besoin de l'illustrer, d'autant que, dans cette histoire, on nous parle d'aveugles...

    Cependant, avec les plus jeunes (fin de GS à CE1) peut-être que la photo grand format d'un éléphant permettra aux enfants de comprendre, et donc d'expliquer, pourquoi tel aveugle a cru voir tel objet alors que tel autre en a vu un autre.

    Pas de problème de lexique, sauf le mot bélier qui sera peut-être à éclaircir. Tiens... bélier... ferme... comme tout à l’heure[1]... Non, tant pis, pas grave...

    Et puis après, reformulation, illustration et jeu scénique, juste pour apprendre à comprendre tout en poussant discrètement la porte de la Littérature internationale...

    ♥ Sous forme de lecture oralisée à plusieurs voix :

    L'idéal, si les élèves sont de vrais lecteurs, capables de déchiffrer, comprendre et oraliser de manière fluide sans avoir besoin de préparation préalable (allez, vous pouvez le donner à lire à la maison la veille au soir, c'est bon), ce serait de le jouer directement en classe, avec le petit fascicule à la main, debout ou chacun assis à sa place...

    Le texte étant court, cela donnerait l'occasion de consacrer plus de temps au débat sur les points de vue qui doit nécessairement suivre cette lecture (et qui permettra de l'inscrire dans l'horaire d'EMC plutôt que dans celui de lecture).

    37. Les trois Voleurs 

    Une histoire pas très politiquement correcte... où trois voleurs font preuve de leur excellence dans l'art qu'ils pratiquent. À mettre au programme de lecture de contes ou pas, selon le milieu de recrutement des élèves... Mettons qu'il n'est pas forcément nécessaire de renforcer par la littérature des comportements délictueux.

    À moins que, justement, en EMC, mais sans gros sabots, on ait des élèves suffisamment ouverts pour exprimer d'eux-mêmes que l'exemple est peut-être mal choisi, car le vol est interdit, mais que là, ce que l'auteur expose, c'est l'excellence et la possibilité de repousser les limites. On peut aussi penser à la débrouillardise... Ou le silence... Peut-être utile pour préparer les élèves à être discrets et silencieux... À voir...

    ♥ Sous forme de conte raconté ou lu :

    Un histoire à lire et à illustrer de personnages si on le souhaite. Vocabulaire expliqué en cours de lecture.

    Les enfants la reformuleront, puis l'illustreront et la joueront, pourquoi pas en EPS, comme ils joueraient au roi du silence.

    ♥ Sous forme de lecture oralisée à plusieurs voix :

    Lecture paragraphe par paragraphe. Vocabulaire expliqué en cours de lecture. Même exploitation que ci-dessus.

    Notes :

    [1] Non, je ne parlerai pas de ces thèmes sclérosants qui, comme tout le reste de l'attirail pédagogique en vogue, met des œillères aux enfants et les écartent des [sujets vivants et compliqués, où tout s’enchevêtre], comme le disait si bien Léon Tolstoï. Zut, trop tard, j’en ai parlé !... Ouf ! ça soulage...  

    Les contes :

    Télécharger « 32. Le Calife cigogne.pdf »

    Télécharger « 33. La grenouille et le boeuf .pdf »

    Télécharger « 34. La drôle de maison.pdf »

    Télécharger « 35. Pouce-Poussin.pdf »

    Télécharger « 36. Les éléphants du roi.pdf »

    Télécharger « 37. Les trois voleurs.pdf »

    Dans la même série :

    ♥ Racontamus, écoutatis, comprenunt :

    Un résumé du livre « Comment raconter des histoires à nos enfants » (Miss Sara Cone Bryant) :

    Racontamus, écoutatis, comprenunt - 1Racontamus, écoutatis, comprenunt - 2 ; Racontamus, écoutatis, comprenunt - 3Racontamus, écoutatis, comprenunt - 4)Racontamus, écoutatis, comprenunt - 5Racontamus, écoutatis, comprenunt  - 6 ; Racontamus, écoutatis, comprenunt - 7Racontamus, écoutatis, comprenunt - 8 ; Racontamus, écoutatis, comprenunt - 9

    ♥ Contes à dire, contes à lire :

    Contes à lire, Contes à dire (0) (Sommaire) ; Contes à dire, contes à lire - 1Contes à dire, contes à lire - 2 ; Contes à dire, contes à lire (3) ; Contes à dire, contes à lire - 4 ; Contes à dire, contes à lire - 5Contes à dire, contes à lire - 6 ;  Contes à dire, contes à lire (7) ; Contes à dire, contes à lire - 8 ; ... ;  Contes à dire, contes à lire (10)Contes à dire, contes à lire (11) ; Contes à dire, contes à lire (12) ;


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  • Commentaires

    1
    Mimi
    Samedi 11 Mai à 13:15

    Merci infiniment pour tout votre travail. J'ai téléchargé tous les contes adaptés à l'âge de mes TPS/PS. J'ai souvent entendu qu'il fallait des histoires simples pour ces enfants, j'ai travaillé, comme beaucoup (pour ne pas dire tout le monde) un ou deux albums chaque période : on tourne en rond, le vocabulaire est pauvre.

    Je leur ai raconté le conte des trois ours (et pas un album "Accès"), stupeur ! Ils étaient scotchés à mes lèvres et ont a-do-ré.

    Les enseignants mériteraient d'être formés par des Catherine Huby plutôt que par des CPC qui lisent des diapos de captures d'écran d'éduscol ou autre "guide" nouvellement sorti.

      • Dimanche 12 Mai à 10:17

        Merci Mimi ! Il fut un temps où c'étaient les CPC qui, formées à l'exigence et au plaisir d'apprendre, conseillaient ainsi leurs collègues. Et puis, il a fallu tout chambouler pour "professionnaliser le métier d'instituteur.trice"... Et la grosse tête est arrivée. Faire l'école, c'était désuet, il fallait innover. Et innover s'est résumé à appauvrir. Parce que, vous avez raison, un ou deux albums chaque période, ça tourne en rond et le vocabulaire est pauvre. Sans compter le dégoût profond qui naît dans l'esprit des enfants : la lecture, c'est du rabâchage insipide qui n'amène aucun plaisir.

        Cependant, je ne sais pas si tous les enseignants apprécieraient la formation que je défends...

        Certains trouveraient saumâtre de ne plus pouvoir jouer avec le pistolet à colle pour exposer sur Insta les œuvres produites par leurs blanches mains, assistées du plus loin possible par une bande de petits bonshommes pleins de doigts qui, si on ne les encadrait pas un par un, gâcheraient le bel effet pailleté, irisé d'un modèle pioché sur Internet.

        Ça ne plairait pas non plus à d'autres, ceux qui sont persuadés qu'à parents illettrés, vivant de petits boulots, perdus dans un monde tellement différent de celui où ils sont nés, correspondent forcément enfants en échec scolaire, inadaptés et inadaptables à l'école. Faire mentir Bourdieu, même seulement une fois sur cent, les dérangerait trop dans leurs certitudes.

        Il en resterait peut-être quelques-uns qui, comme vous, essaieraient et se rendraient compte que, bizarrement, ça fonctionne. Et prendraient de l'assurance pour tester autre chose (le dessin libre et commenté quotidien, la découverte tardive des lettres et des chiffres, l'expression corporelle quotidienne, l'observation attentive des enfants "en liberté", ...) afin de voir si, ça aussi, ça apporte un plus à quasiment tous les enfants...

        En attendant tout cela, je vous souhaite un agréable dimanche et une bonne fin d'année scolaire !

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