• CP : Entrée par les Alphas
    Affiche à ne coller qu'après coup, quand les élèves les connaissent tous...

    De nombreux collègues cherchent à « faire les alphas en début de CP » et recherchent pour cela quel matériel se procurer, comment l'utiliser et pendant quelle durée.

    Cet article a pour but de leur donner la technique que j'ai moi-même utilisée depuis la naissance de ces petites figurines qui ont changé la vie de tous les «bébés-lunes » qui, arrivés au CP (mais ça marche aussi pour les GS qui là, ne sont plus des bébés-lunes, mais des grands de cinq ans qui ont envie d'apprendre à lire), se demandaient bien pourquoi les adultes se mettaient tout à coup à s'obséder sur ces petits gribouillis noirs sans intérêt qu'on trouve dans les livres.

    Ni album, ni dessin animé

    Le conte n'a pas grand intérêt. Si on veut vraiment leur lire un album qui parle de lecture et d'apprentissage, autant choisir Péric et Pac à l'École des Loisirs, au moins les dessins sont jolis.

    Même le dessin animé est inutile.Je suis sûre qu'on peut aussi trouver sur YouTube beaucoup mieux pour donner envie aux enfants de CP de revenir le lendemain, puis encore le lendemain à la « grande école » qu'ils espéraient si fort depuis le début juillet (sauf les bébés-lunes, mais pour eux, le remède est juste en-dessous).

    L'attrait des figurines suffit.

    Le plus efficace, c'est de les sortir une à une, jour après jour, en collant à la progression du manuel de code (ou de la progression qu'on a bâtie). Si on suit les directives du Livre orange, ça fait donc deux Alphas par semaine, soit une vingtaine avant la fin du premier trimestre.

    Lors de la première semaine de classe, le premier jour, c'est le mieux, mais le deuxième ça va aussi, on présente la première graphie, dans les 4 écritures, le geste Borel Maisonny et le personnage des Alphas qui la représente.

    Dans ma classe, ce sont deux graphies[1] parce qu'un enfant raisonne toujours de manière binaire et que, du coup, nommer une chose qui est unique, pour lui, c'est louche.Alors je présente les deux personnages Alphas, les deux lettres ou graphies dans les quatre écritures et les deux gestes Borel Maisonny et là, pour eux, ça a du sens : « il faut bien connaître leurs sons si on veut pouvoir les distinguer l'une de l'autre ».

    Et on continue ainsi, deux jours après deux jours, une graphie, un Alpha, une graphie, un Alpha.

    Les bébés-lunes sont ravis, ils découvrent plein de petits bonshommes comme ils aiment, comme ceux qui courent dans les canalisations, un petit seau à la main, pour nous alimenter en eau quand nous ouvrons le robinet (Marine, si tu me lis, bisous, bisous...) !

    Et comme ils les aiment d'amour, ils retiennent leurs noms et leurs chants, jour après jour, et ils arrivent à l'école chaque matin pleins d'espoir de découvrir encore un ami supplémentaire à aimer, à chérir, à dorloter, bisous, bisous...

    S'en servir pour apprendre à encoder

    Dès qu'il y a au moins une consonne, on présente les « carambolages » de cette Consonne avec les Voyelles en bruitant et faisant bruiter par les enfants. Les bébés-lunes sont ravis, ils s'esclaffent de plaisir et hurlent plus fort que tout le monde !

    chhhhaaa ! chhiiii ! rrrooo ! mmmuu !

    Tout de suite après, on transforme tout ça en lettres, en syllabes et en mots, parce que oh ! on n'est pas des bébés-lunes, hein, on est des grands !... et on les lit ensemble et on explique ensemble, même les bébés-lunes qui ont arrêté de tournicoter leur mèche de cheveux sur leur index gauche et de sucer leur pouce droit.

    ch - m - r - a - o - i - u

    cha - cho - chu - chi - ra - ro - ru - ri - ma - mo - mu - mi

    le chat - la morue - moche - riche - ami - momie - la ruche - Mamie a ri. - Marie rame. - Rémi lâche la rame.  

    Jouer son rôle

    L'épisode Alphas a duré 5 à 10 minutes tout au plus au cours de la séance et les Alphas ont joué leur rôle de "motivateurs" tout aussi bien que si nous avions consacré plusieurs jours d'affilée à s'efforcer de rendre appétent ce qui l'est déjà par nature et à enfourner dans la mémoire des élèves 27 références d'un coup au lieu de procéder logiquement pas à pas.

    Les bébés-lunes ont eu chaque jour leur nouveau doudou-lecture qui leur a servi d'objet transitionnel vers l'école des grands, celle où les connaissances abstraites deviennent les affects à apprivoiser, à chérir et à dorloter.
    Ils n'ont pas été submergés par dix mille événements qu'ils devaient retenir dans l'ordre (Olibrius, Cosmopolux, Petit Malin, Furiosa, la planète Alpha, la planète Bêta, le Visioparloscope, les Voyelles, la Fusée, les Bêtas, etc.) puis par 27 doudous présentés par paquets de cinq ou six, ce qui aurait risqué de les faire se renfermer dans leur petite coquille douillette, entre « Moi, ma maman, eh ben ... » et « Eh ben, eh ben, eh ben sur ma tablette, eh ben...".

    Maintenant et toute l'année...

    Nos Alphas sortiront ainsi tous les deux jours, chaque jour un peu plus nombreux. Bientôt, ils pourront être complétés par la boîte du loto des Alphas grâce à laquelle, les bébés-lunes comme les autres pourront s'entraîner à encoder des mots. Bientôt nous afficherons au mur l'affiche de tous les Alphas qu'on connaît... « Tout ça, maîtresse ! T'as vu, y'en a beaucoup, hein ? On peut les compter, dis, on peut ? »

    Alors, un jour, peut-être même avant d'avoir fait connaissance avec toute la tribu des Consonnes Alphas, toute la classe apprendra que Monsieur O et Mademoiselle U jouent au loup, l'un faisant la tête et l'autre les oreilles et crient : « Ouuuuuuh ! Ouuuuuh » et ce sera le début d'une autre grande aventure, celle des « mariages d'Alphas » (attention, âmes sensibles s'abstenir, il y a des couples à trois et même à quatre ou cinq chez les Alphas) et des « blagues d'Alphas » (savez-vous par exemple que lorsque le Cornichon rencontre Madame E, Madame I ou Monsieur Y, il se prend pour un Serpent ?) !

    Et tout le monde retiendra, même les bébés-lunes, qui, pour certains, ont bien grandi, que le Gulu joue au Jet d'eau quand il rencontre Madame I, Madame E ou Monsieur Y, sauf quand Mademoiselle U s'interpose entre eux, ou que le Nez enrhume Monsieur A qui parle du nez et chante « ã ! ã ! »[2].

    Personnellement, je n'aime pas du tout les histoires inventées par les auteurs du conte, car je les trouve trop alambiquées, et j'ai inventé les miennes en m'inspirant fortement des explications de C. Silvestre de Sacy et S. Borel-Maisonny dans les notes de bas de page de Bien Lire et Aimer Lire, pour ne pas perdre le côté « orthophonique » du procédé.

    Un gros problème subsiste

    Cette méthode est formidable, vraiment formidable. Vraiment. Je l'affirme haut et fort.

    Le seul gros problème que j'ai rencontré en utilisant ces petits personnages (couplés à une méthode de lecture graphémique et complétés par les suggestions de S. Borel Maisonny), c'est qu'ils apprennent à lire à beaucoup, beaucoup d'enfants, même à des petits bébés-lunes, très, très petits dans leur tête, et que la « comprenette », hélas, ne suit pas toujours.

    Je me suis ainsi retrouvée une ou deux fois au CE1 avec des déchiffreurs, excellents, qui peinaient à comprendre ce qu'ils lisaient, en mathématiques notamment.

    Les lectures littéraires, les albums pour enfants, les contes, ça allait encore, avec un soutien bien sûr, mais la résolution de problèmes, ça ne pardonnait pas et il me fallait tout leur jouer sous leurs yeux, avec des doudous-jouets pour arriver à les intéresser et leur faire toucher du doigt la réalité de la situation...

    Un camion, tu sais, un camion, vroum, vroum, vroum... transporte, tu vois, il transporte, dans sa benne, vroum, vroum vroum, ouh ! c'est lourd ! 30 sacs... des sacs, tu vois ?... des gros sacs, comme ça, un, deux, trois, quatre, cinq, six, et encore des sacs et des sacs, trente sacs ! C'est beaucoup, hein ? trente ! trente sacs... de pommes de terre... tu aimes les pommes de terre ? c'est bon, hein ? Oui, pour faire des frites...

    Eh bien le camion, vroum, vroum, il transporte, ouh c'est lourd ! trente sacs de pommes de terre, des gros sacs, plein de pommes de terre pour faire des frites... de 10 kilogrammes chacun... un sac, dix kilogrammes, un autre sac, encore 10 kilogrammes, encore un autre sacs, encore 10 kilogrammes ! Trente sacs, trente fois 10 kilogrammes, une fois ici, une fois là, encore une fois là et puis là, et puis là, et puis là, etc. etc. etc. Trente fois ! Et toujours 10 kg, 10 kg là, et puis là, 10 kg, et puis là, et puis là, et puis là, etc. etc. etc. Tu as bien compris ? Tu peux me raconter le camion tout seul ?... Oui, c'est ça ! Bravo ! Génial !

    La question maintenant, tu vois le point d'interrogation à la fin ? Tu me la lis, cette question? Combien pèse le chargement ? Ah oui, tiens, c'est vrai ça, combien ça fait de kilogrammes tous ces sacs de 10 kg ? Tu as une idée, toi ? Comment tu pourrais faire pour trouver tout ça très vite sans trop te fatiguer, hein ? Tu m'expliques un peu l'histoire pour voir ?...

    Épuisant !... Vilains Alphas, va, qui ont appris à lire à Bébé-lune mais ne lui ont pas tiré sur la tête et les pieds pour le faire grandir en même temps !

    Note :

    [1] I et o dans Nino et Ana, ch et a, dans Écrire et Lire au CP.

    [2] Mais pas encore o+n = [õ], ni i + n = [ɛ̃] parce que ça, ça fait carrément trop pour les bébés-lunes, on verra la semaine prochaine et puis encore la semaine d'après !


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  • CP : Que penser de Timini ?

    Analyse rapide pour un manuel tout ce qu'il y a de plus classique et interchangeable avec de nombreux autres (Taoki, Tiki et Tao, par exemple).

    Les premières pages sont phonémiques, on cherche à faire prendre conscience de la place de la graphie dans le mot. C'est au mieux inutile, au pire très piégeux car cela n'aide que les gens qui savent lire et écrire de pouvoir programmer à l'avance quand ils liront ou écriront la graphie a ou i ou l dans un mot. Cela dure pendant toute la période 1 puis cela disparaît au profit de la lecture.
    On peut toujours sauter ces exercices ou remplacer les croix par la graphie étudiée au début puis par la syllabe contenant la graphie étudiée dès que cela est possible. On aura ainsi transformé un exercice audio-oral pas vraiment utile (tout enfant de trois ans sait distinguer implicitement le son [a] des autres sons et ne dit jamais un "ovion", un "chipeau", un "ubricot" un "lépin" ou un "chevol") en exercice d'encodage/décodage, ce qui est le but fondamental du CP

    Les pages de lecture (une ligne pages 6 et 7 ; 4 lignes page 8 ; 6 lignes page 9) sont classiques. La construction CV et VC le même jour peut être délicate pour certains enfants encore mal latéralisés mais on y survit.

    Une collègue (aillysienne) me fait remarquer en commentaire que la lettre e n'est travaillée qu'en période 2, ce qui est pour le moins étonnant vu l'importance qu'a la lettre e dans la langue française écrite, et ce qu'elle soit prononcée [œ] ou qu'elle soit nécessaire à l'articulation de la dernière consonne du mot (petit, petite - fort, forte - renard,renarde - etc.). De plus, cela rend obligatoire l'apprentissage sur un mode globale de l'article le, de la préposition de alors qu'il serait si simple à l'enfant d'avoir tous les éléments en main pour les décoder seul !

    On notera l'apprentissage global d'un bloc de un/une, qui sont deux mots très souvent confondus par les enfants. Je préfère n'apprendre que un aux élèves puisqu'on ne peut le décomposer en unités plus petites et attendre que une soit déchiffrable (il suffit d'avoir vu les graphies u, n et e pour cela), surtout que le mot une ne sert à rien ni dans la page, ni dans les suivantes.

    Le premier texte arrive tôt (page 13). C'est bien car cela permet d'asseoir le fait qu'on lit pour comprendre ou se distraire, et non pour uniquement faire du bruit avec sa bouche.

    Le nombre de syllabes et logatomes n'est pas trop important, c'est bien aussi.

    Les mots outils gagneraient à ne pas être mis à part lorsqu'ils sont déchiffrables. Tout d'abord parce que cela ferait comprendre aux enfants que c'est la voie du déchiffrage qui est à privilégier, ensuite parce que ceux qui sont comme un ou elle, est indécomposables en unités plus petites ressortiraient mieux et seraient plus faciles à travailler de manière à être retenus.

    Les mots outils décomposables en unités plus petites, comme une ou c'est, que, qui, etc., ne devraient pas être enseignés en tant que "mots globaux". Il vaut toujours mieux attendre qu'ils soient décodables, leur mémorisation est alors plus sûre et plus durable.

    Les doubles pages "J'ai compris (des notions d'orthographe et de grammaire)" et les notions de grammaire ou d'orthographe présentées au fil des pages, toutes basées sur le dessin et l'implicite, sont tout à fait correctes.

    La part de syllabes et de logatomes devient encore moins importante quand la lecture de mots peut faire office d'entraînement au décodage.

    La longueur des textes augmente progressivement. Cela permet aux enfants d'adapter leurs stratégies de compréhension et de déchiffrage et d'automatiser ces réflexes lors de la lecture.

    Première et seule apparition de la culture littéraire page 101, avec le poème de Paul Fort, Le petit cheval.  Première et seule apparition de la culture en générale (la musique, le jazz, confondu deux lignes plus bas avec la musique country), page 115. Quelques rares histoires à épisodes vers la fin, toujours basées sur le thème dominant du livre : le petit héros et son robot Timini.

    Quelques pages de vocabulaire en images, dont certaines pourraient faire l'objet de séances de QLM à la fin de l'ouvrage. C'est sans doute utile à titre de "dictionnaire".

    Conclusion

    C'est un manuel qui apprendra à lire aux élèves, avec un léger risque de confusion des "mots outils" acquis globalement le même jour sans référence à leur possible décomposition en graphies.

    En revanche, ce manuel ne cherchant  absolument pas, comme le font certains autres, à éveiller les élèves à la Culture avec un grand C, c'est à l'enseignant de le faire dans la partie "Compréhension de textes lus par l'adulte" de son programme.


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  • CP : Que penser de Apprentissage de la lecture

    Je viens de parcourir cet ouvrage. Il est très bien.

    La progression est rigoureuse.

    Les « mots outils » sont travaillés quand ils deviennent déchiffrables (une petite réserve sur est/et travaillés à deux jours d'écart).

    Le travail sur l'orthographe, basé sur l'implicite, est remarquable et doit nécessairement porter ses fruits.

    Les textes apparaissent tôt, permettant de travailler très vite la « compréhension de textes lus par l'enfant », ce qui est essentiel si on veut que les élèves considèrent cela comme indispensable. 

     Ces textes, tout d'abord très très simples et centrés sur « l'enfant de six ans, sa vie, son œuvre », comme il se doit si on veut arriver à capter même nos élèves les plus immatures, deviennent de plus en plus difficiles au cours de l'ouvrage.

    Ils s'écartent alors des jeunes héros de la méthode et, dès que cela devient possible, apportent des éléments de culture : personnages célèbres, contes et légendes.

    Conclusion : Un bon manuel à conseiller sans hésiter.

    J'en ai profité pour feuilleter le cahier d’Étude de la Langue.

    Je suis plus réservée à cause de la progression : mener les apprentissages les uns après les autres me semble peu productif.

    À s'en servir, il vaut mieux choisir de travailler d'abord les premières pages de chaque unité, puis les deuxièmes, etc. afin que chaque notion revienne à plusieurs reprises dans l'année.


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  • CE1 : Lecture, rentrée 2020

    Nombreux sont les collègues qui s'interrogent sur ce que sera la reprise, en septembre, pour ces ex-petits-CP qui n'auront eu que 6 mois et demi pour apprendre à lire au lieu des 10 réglementaires suivis de 5 mois et demi sans classe au lieu d'à peine 2 comme leurs aînés depuis toujours ou presque (avant, c'était 2 mois et demi).

    Franchement, c'est compréhensible, et on peut imaginer qu'à part quelques cas, parents enseignants en Primaire ou ayant une vocation rentrée d'enseignants, le niveau de ces enfants-là n'aura rien à voir avec ce qui est notre lot habituel, du moins dans les écoles où la méthode d'apprentissage utilisée au CP garantit l'accès à la lecture encore lente mais déjà compréhensive à quasiment tous leurs élèves.

    Cette année, selon le degré d'habileté des parents, et la durée du confinement imposé à leurs enfants, voici, sans avoir besoin pour cela d'organiser une grande campagne nationale d'évaluations, les différents degrés d'habileté auxquels nous pouvons nous attendre, du plus grave au plus bénin, histoire de finir sur une note d'espoir.

    1) Le sous-sol

    Les enfants, déjà en fragilité à l'aube du 17 mars, n'ont quasiment pas été instruits pendant les mois de confinement. Les conditions de reprise en mai, puis juin, n'ont pas permis un soutien appuyé en lecture, ils ne savent plus lire.

    Même après quatre à huit jours de classe, période nécessaire à la réactivation des acquis antérieurs, c'est à peine s'ils reconnaissent quelques lettres et ils peinent énormément à en associer deux pour oraliser une ssss...yyyy... sssyyy.... sssy... sy...llll...aaaa... llla...sala....syli...sss...yyyy.... bref, vous avez compris !

    Pour eux, le plus urgent, c'est de redémarrer un CP normal.

    Avec un peu de chances, puisqu'ils ont quand même quelques connaissances, et une plus grande maturité, vous allez pouvoir aller plus vite que si vous accueilliez des petits GS lambda d'à peine six ans, après trois ou quatre années d'école maternelle très peu tournée vers la préparation active et efficace à l'écriture-lecture.

    Plutôt que de choisir un manuel de CP graphémique strict (comme Bien Lire et Aimer Lire, Calimots, Boscher, Piano, Léo et Léa, Je lis, j'écris, À moi de lire, Sami et Julie, Delille, etc.) qui apprendrait à vos élèves à lire mais à un rythme « Je suis au CP et j'ai jusqu'au mois de juin pour y arriver" et vous empêcherait de ce fait à entamer un CE1 normal avant le mois d'avril ou mai, je vous suggère d'utiliser pour eux le livret téléchargeable ici : CE1 : Non-lecteurs à la rentrée ?. Attention, les caractères utilisés dans ce livret sont Calibri et CrayonE.

    En l'accompagnant ce livret d'exercices d'écriture quotidiens, il devrait vous permettre de retrouver un niveau "début de CE1" faible mais acceptable,en environ un trimestre.

    Pensez à démarrer néanmoins la grammaire, en choisissant les mots à étudier parmi ceux qui sont encodables et décodables par vos élèves.

    La méthode exposée ici : CE1 : Du mot vers la phrase (1) , et qui sera complétée par les 4 autres périodes aussi vite que possible (comptez quelques mois quand même, j'ai plusieurs chantiers en route en même temps et une vie de famille, comme tout le monde) leur sera très adaptée puisqu'elle démarre à l'oral, et par le mot, unité qu'ils sauront très vite déchiffrer (dès le deuxième jour de classe) et qu'elle reste à ce niveau assez longtemps.

    Pensez aussi à démarrer l'Orthographe, dès les premiers jours aussi.

    Vous pouvez par exemple, rester sur les première semaine (semaines 1 à 3) de la méthode Orthographe graphémique (1) aussi longtemps que leur niveau de lecture ne leur permettra pas d'accéder aux subtilités de la Semaine 4.

    Quand ces bases des bases seront bien installées, vous pourrez faire quelques incursions dans le programme des jeudis et vendredis des semaines suivantes, en adaptant toutefois le lexique utilisé aux capacités de lectures de vos « miraculés ».

    Quand le livret sera fini, vers la fin du mois de décembre ou le début du mois de janvier, vous pourrez ensuite passer directement au niveau 3 de ce plan d'attaque.

    2) Juste au ras des pâquerettes

     Au bout de quatre à huit jours de classe, vos élèves déchiffrent... quand ce n'est pas trop compliqué... « Papa... est ... allé... dans... la... co... cu... c...o et u, ça fait quoi déjà ?... Ah ! D'accord... Papa... est... allé...dans...la... cou... cour. Papa est allé dans la cour. Papa... a... lavé... la... », ça, ça va... mais là, ça se corse : « ca...mi... on... la... camion... euh... ca... mi... o... nnet... cami-onnet... cami... cami... », !

    Et si c'est la « vo... vi... vio... tu... vo...tu... » qu'il a lavée, c'est pareil, malgré nos rappels appuyés :  « O et I, ça se prononce [wa] » qui les aident ponctuellement mais qui, additionnés aux « A et I, ça se prononce [ɛ] », « A et N, ça se prononce [ɑ̃] » et autres « O, I et N, ça fait [wɛ̃] », etc., cela fait trop et ils ne s'en sortent pas.

    Ce sont des enfants qui, du fait de l'absence de stimulation pendant ces derniers 5 mois et demi, sont retournés aux bases qu'ils avaient vers le mois de novembre ou de décembre du CP.

    Pour eux, le plus simple, c'est reprendre l'apprentissage de la lecture, à un rythme tranquille là où ils en sont restés. 

    C'est-à-dire grosso modo à la fin de la première moitié d'une méthode de lecture CP, si celle-ci est graphémique (voir liste ci-dessus, à laquelle on peut ajouter Bulle, Écrire et Lire au CP, et autres méthodes introduisant code et compréhension tout de suite pour arriver le plus rapidement possible aux textes entièrement décodables).

    Sinon, on peut s'orienter vers le deuxième cahier À coup sûr, chez Istra, par exemple, ou vers les périodes 3, 4 et 5 de la  Méthode de lecture "Nino et Ana", ou encore le livret 2 de Écrire et Lire au CP.

    Les leçons d'orthographe et de grammaire-conjugaison peuvent démarrer dès les premiers jours. 

    Les trois semaines de mise en route d'Orthographe graphémique (1)  seront les bienvenues pour relancer des réflexes oubliés depuis longtemps mais, normalement, il ne devrait pas y avoir besoin de plus pour attaquer le vif du sujet avec la Semaine 4.

    Quant à la grammaire-conjugaison, les remarques faites en 1. restent valables si l'on choisit d'utiliser Du mot vers la phrase : démarrage par le mot, possibilité de choisir les mots à étudier et analyser dans le registre des correspondances grapho-phonémiques connues.

    À la fin du premier trimestre, l'apprentissage proprement dit de la lecture (les correspondances grapho-phonémiques, l'automatisation du décodage amenant la fluidité de lecture jusqu'à une lecture encore mot à mot) sera fini pour tous et vous pourrez, selon le niveau de langage de vos élèves passer à la phase 3 ou à la phase 4.

    3) Déjà dans les étages !

    Au bout de quatre à huit jours de classe, le temps de se réhabituer aux choses scolaires, vos élèves ont tous au moins un débit de lecture orale encore un peu haché mais montrant une réelle compréhension de ce qu'ils lisent.

    Ils arrivent à déchiffrer un texte inconnu simple, en décomposant en syllabes les mots peu fréquents, et peuvent à l'issue du décodage d'une phrase courte la redire presque sans s'interrompre après chaque mot.

    De temps en temps, ils confondent encore un p avec un q, un d avec un b, oublient que ein se lit [ɛ̃] ou que [wa] s'écrit oi. Mais il suffit qu'ils arrivent à la fin du mot pour se rendre compte de leur erreur et se corriger presque spontanément. À peine faut-il de temps en temps leur dire : « Tu est sûr ? Un derger, qu'est-ce que c'est un derger ? » pour qu'automatiquement, ils rectifient leur erreur.

    Seulement voilà, c'est encore lent... et fragile.

    L'idée de les précipiter dans des phrases du type « D'une voiture, tomba un jour une grosse cruche qui roula jusque dans un champ. » ou « Un lièvre passe tout courant. » vous affole.

    Vous avez peur d'en perdre quelques-uns, dépassés par ce vocabulaire, cette présentation classique, sans autre adaptation qu'une présentation aérée et des caractères choisis en fonction de critères de lisibilité élevés.

    CE1 : Lecture, rentrée 2020
    Première lecture dans Lecture et Expression au CE

    Dans ce cas, peut-être vaut-il mieux ne pas commencer tout de suite le manuel Lecture et Expression au CE, dont vous voyez la première page ci-dessus.

    Cependant, vous pouvez commencer à travailler dans le même esprit, c'est-à-dire en liant intimement au cours de chaque séance toutes les compétences présentées dans le guide rouge afin qu'à elles toutes, elles transforment nos petits escaladeurs de tour imprenable en oiseaux qui volent de leurs propres ailes dans le monde merveilleux des livres...

    Un premier livre de lecture courante CP/CE1

    Hélas, si ce type de manuel a longtemps existé – c'étaient des « premiers livres de lecture courante CP/CE1», chaque éditeur en proposait deux ou trois, souvent en lien avec les méthodes de lecture de CP, le dernier que je connais est celui-ci : En vacances, les copains de Résie Pouyanne) – il a disparu des catalogues des éditeurs quand, tout à coup, après un grand coup de balai dans le domaine de l'apprentissage de la lecture au CP, puis dans toute la lecture en école élémentaire, tous les manuels ont été soupçonnés d'écarter les enfants de la lecture au lieu de les y aider.

    Pour le moment, le retour à l'apprentissage graphémique de la lecture étant très récent, l'ancienne offre éditoriale n'a pas été réactualisée et, si des manuels de CE1 commencent à sortir, ils sont plus dans l'imitation des manuels de CP que dans une voie médiane entre le « je ne sais pas lire du tout » des débuts de CP et le « je sais déjà lire de manière fluide, en comprenant les mots difficiles par le sens général de la phrase ou du paragraphe » des plus grands.

    Pour pallier cette absence, je me suis permis d'en copier un, en prenant soin de vérifier qu'il n'était plus édité et qu'on ne pouvait le trouver que d'occasion. Je vous le livre ci-dessous. Vous verrez qu'il répond aux critères du livre rouge (d'après le sommaire) :

    Consolidation des acquis en fluence :

    - déchiffrage et compréhension

    - correspondances graphèmes-phonèmes

    - automatisation

    - copie et dictée

    - traitement des erreurs

    Comprendre des textes :

    - Travailler la compréhension à partir de textes lus par l'élève

    Vous verrez aussi que sa progression (à raison d'un nouveau texte exploité tous les jours) est tout à fait compatible avec celle d'Orthographe graphémique (1) puisqu'elle propose en entraînement à l'automatisation du déchiffrage des correspondances graphèmes-phonèmes de :

    → Couper les mots en syllabes dans le Texte 1

    → Lire des consonnes doubles dans le Texte 2

    → Lire des mots simples dans les textes suivants

    Vous verrez aussi que :

    En vue de faciliter le passage à la lecture des yeux et, d'une façon générale, le déchiffrement (au cours duquel les yeux doivent prendre de l'avance sur la parole), [les auteurs ont] fait le choix d'une ligne courte (8 cm environ). Au surplus, aucun mot n'a été coupé.

    [Les auteurs ont ainsi pensé que] les maîtres seront grandement intéressés par cette innovation qui simplifiera leurs efforts pour obtenir :

    - soit une lecture à haute voix respectant les groupes rythmiques ;

    - soit une lecture silencieuse de plus en plus aisée.

    (Extrait de la Préface du manuel d'origine)

    Télécharger « Livre des bêtes.pdf »

    La lecture de ce manuel, à raison d'une double page par jour de classe, quatre jours par semaine, vous mènera environ à la douzième semaine de l'année scolaire, soit à peu près, à la fin du premier trimestre.

    Il vous restera donc deux trimestres entiers pour embarquer vos élèves à bord de la fusée « Je lis comme un grand » et commencer le niveau 4 grâce au manuel Lecture et Expression au CE (y compris si on nous confine à nouveau, car ce livre est simple d'utilisation et qu'il vous suffira d'indiquer aux parents « Lecture : Comment le chien est devenu l'ennemi du chat (1) page 122, lundi : paragraphes 1 et 2 ; mardi : paragraphes 3 et 4 ; jeudi : relecture et Nous nous entraînons, page 123, à l'oral » pour que la plupart des familles sachent ce qu'elles doivent faire faire à leurs enfants)

    Les leçons d'orthographe et de grammaire-conjugaison doivent démarrer dès les premiers jours.

    Parallèlement à cette activité de lecture regroupant consolidation des acquis de fluence et compréhension de textes lus par l'élève, vous pouvez sans difficulté démarrer une méthode d'orthographe et une de grammaire de votre choix.

    Il en existe plusieurs sur le marché. Certaines ont la faveur de nombreux collègues (RSEG, Picot), d'autres sont plus confidentielles (Cléo, . Du moment où leur exploitation donne de bons résultats dans vos classes et qu'elles n'empêchent pas vos élèves de lire à haute voix chaque jour au moins quelques phrases d'un texte adapté à leurs capacités de lecteurs, je n'y vois pas d'inconvénients.

    Je vous conseille néanmoins d'aller jeter un coup d'œil sur Orthographe graphémique et sur CE1 : Du mot vers la phrase (1) qui ont l'avantage de partir de ce que tous les élèves de CE1, à une exception près de temps en temps, maîtrisent à la rentrée : la lecture de lettres ou de syllabes et le langage oral. 

    4) Fin prêts pour le décollage !

    Vos élèves savaient déjà bien lire à la veille du 16 mars 2020. Pendant le confinement, ils ont continué à progresser dans leur manuel de lecture, peut-être pas tout à fait aussi vite qu'en classe mais du moins tout aussi efficacement. Ils ont eu la chance de pouvoir reprendre, tous ou presque tous, encore une fois pas aussi vite que s'ils avaient été scolarisés à plein temps, depuis le 11 mai.

    Ils ont donc progressé normalement et, en ce début d'année scolaire 2020/2021, vous ne sentez pas de grosses différences avec les années précédentes, en tout cas rien qui ne pourra se régler, comme d'habitude par deux à trois semaines de lectures quotidiennes, sur des textes adaptés à leurs compétences et à leurs intérêts de jeunes lecteurs âgés d'environ 7 ans.

    Vous savez qu'en faisant chaque jour un bon tiers de lecture compréhension, un petit tiers de révision de « sons », un grand tiers de lexique et, pour faire honneur à Raimu dans Marius, un dernier tiers de production d'écrit pour boucler la boucle, vos élèves progresseront naturellement et qu'ils arriveront d'eux-mêmes à lire avec naturel, fluidité et expressivité, quand la maturité de leur système nerveux le leur permettra.

    Dans ce cas-là, vous pouvez, dès le mois de septembre, leur proposer les textes bleus et gris de Lecture et Expression au CE, laissant les orange aux élèves de CE2, si vous en avez...

    Là, je sais que 36 doigts interrogateurs s'apprêtent à m'envoyer un message : « Textes bleus ? gris ? orange ? Mais cékoitesse, comme disent certains de nos élèves ? »

    Alors je réponds tout de suite : C'est une classification que j'ai adoptée lorsque j'ai construit la progression de dictées associée à ce manuel. On peut trouver ici le sommaire des trois premiers chapitres et l'explication des couleurs employées : CE1-CE2 : Dictées Lecture et Expression (1). On trouvera la colorisation des textes des chapitres suivants ici : CE1-CE2 : Dictées Lecture et Expression (2)  et ici : CE1-CE2 : Dictées Lecture et Expression (3).

    Par ailleurs, si on appartient au groupe Facebook « Méthodes de Catherine Huby (orthographe graphémique, lecture, maths...) » (ce n'est pas moi qui ai choisi le titre), dans le Drive  on trouve la toute dernière version de Lecture et Expression au CE avec le sommaire en couleur et l'explication des couleurs employées.

    Enfin, si vous êtes patients, je vais essayer de trouver cinq minutes pour copier-coller ce sommaire en couleur et vous le mettre en lien rapidement sur ce blog.

    Il vous suffira de suivre pas à pas le guide pédagogique (il est aussi sur le Drive du groupe Facebook), en sautant consciencieusement (ou pas) les textes CE2, ainsi que ceux des textes gris qui vous sembleront trop difficiles pour vos élèves, pour savoir comment amener vos petits élèves du mois de septembre au mois de juin vers le statut de lecteur convenable de CE2. 

    Les leçons d'orthographe et de grammaire-conjugaison doivent démarrer dès les premiers jours.

    Vous pouvez choisir pour votre classe les méthodes Orthographe graphémique et sur CE1 : Du mot vers la phrase (1) qui sont simples et efficaces.

    Vous pouvez aussi, compte-tenu du niveau de vos élèves, préférer viser un peu plus haut et travailler tant l'orthographe que la grammaire, la conjugaison et le vocabulaire à partir de l'étude d'extraits des textes de Lecture et Expression au CE, tout en ne perdant pas trop de temps à faire recopier tous les exercices à la main en début d'année mais en entraînant peu à peu vos élèves à le faire grâce au Fichier d'Étude de la Langue (1) et à son Livre du maître : Étude de la langue - LDM (1). 

    Vous pouvez aussi, comme pour les élèves du niveau 3, garder vos habitudes et continuer à suivre la méthode d'orthographe et celle de grammaire dont vous avez l'habitude.

    Tout comme vous pouvez préférer d'autres manuels de lecture CE1 tels que La Lavande et le Serpolet ou le Livre de Lecture de chez Belin, ou encore Picouic et Tigrelin.

    Bon courage à vous et bonne fin d'année scolaire malgré toutes les avanies qui vous tombent sur le coin du bec chaque jour ou presque en écoutant la radio, lisant les journaux ou regardant les informations à la télévision.

    5) Cadeau bonus !

    En guise de cadeau bonus, cette petite réflexion, tirée des programmes de maternelle d'il y a très très longtemps :

    « Le but à atteindre, en tenant compte des diversités de tempérament, de la précocité des uns, de la lenteur des autres, ce n’est pas de les faire tous parvenir à tel ou tel degré de savoir en lecture, en écriture, en calcul, c’est qu’ils sachent bien le peu qu’ils sauront, c’est qu’ils aiment leurs tâches, leurs jeux, leurs leçons de toute sorte, c’est surtout qu’ils n’aient pas pris en dégoût ces premiers exercices scolaires qui seraient si vite rebutants, si la patience, l’enjouement, l’affection ingénieuse de la maîtresse ne trouvaient le moyen de les varier, de les égayer, d‘en tirer ou d’y attacher quelque plaisir pour l’enfant. »

    Disons-nous que, comme pour les petits enfants de 1882 – eh oui, si tôt ! – nos « un peu plus grands » de 2020 ont eux aussi le droit d'aimer les textes qu'ils lisent et de n'avoir pas pris en dégoût la lecture grâce à des textes adaptés à leurs intérêts, leurs capacités, leurs compétences qui ne les ont pas rebutés.

    Disons-nous que nous devons préserver cette joie d'apprendre par notre patience, notre enjouement, notre affection ingénieuse plutôt que par nos listes de logatomes, notre chronomètre braqué sur leur capacité à oraliser très vite quelque texte que ce soit (« Ah ! Qu'il est laid le chasseur chauve aussi sauvage que le beau chat chassant le corbeau, mais il ne faut pas que ça se sache. », Piano CE1 p. 64) et notre acharnement à ne leur faire « étudier à fond » que 5 albums de lecture par an.  


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  • CP : Que penser de Piano ?

    Critique très rapide d'un manuel CP que je n'avais pas eu le temps d'analyser à sa sortie.

    Nous ne parlerons pas du petit piano qui a tout du gadget***. Il sera aisément remplacé (ou complété si on veut quand même s'en servir) par une boîte de 60 Alphas et le recours systématique par l'enseignant aux gestes Borel Maisonny (attention, ce sont des gestes qu'on propose aux enfants mais qu'on ne leur impose pas).

    *** Suite à de nombreuses réflexions de collègues qui utilisent la méthode, je nuance mon avis en reprenant ici la remarque faite par Jordane en commentaire :

    Effectivement, [le piano,] c'est tout bête mais ce n'est pas un gadget ! Les enfants tapent sur les touches et associent vraiment le phonème au graphème. On s'amuse, on fait des vocalises .... A chaque phonème, on tape sur le piano en faisant les syllabes dans les 2 sens :

    ma mi mo mu
    am im om um
    Et quand on arrive aux syllabes inversées justement, plus de problème! On dit le son quand on tape sur la lettre et je n'ai plus d'enfants qui disent ra au lieu de ar. Ils ont l'habitude de faire les deux !

    ♥ bien pour les pages voyelles et deux premières consonnes

    un peu rapide pour la première page "mots-outils", gros risques de confusion durable, page à étaler sur plusieurs jours, avec pages intermédiaires intercalées.

    Par exemple :

    Jours 1 et 2 : page du a et la ;

    Jours 3 et 4 : Page du i, y et il, la ;

    Jours 5 et 6 : Page du o et un, il, la ;

    Jours 7 et 8 : page du u et une, un, il, la ;

    Jours 9 et 10 : page du e et le, une, un, il, la ;

    Jours 11 et 12 : page du é, è et elle, une, un, il, la ;

    Jours 12 et 13 : Révision et oppositions le/la, un/une, il/elle ;

    Jours 14 et 15 : l et le, la, il, elle ;

    Jours 16 et 17 : f et opposition un/une ;

    Jour 18 : les mots outils 

    ♠ l'introduction des "syllabes inverses" (voyelle+consonne) dès la première consonne, c'est un peu difficile

    Avec des enfants bien latéralisés, ça peut passer.

    Penser à travailler la latéralisation :

    → à l'aide de parcours fléchés en sport et en mathématiques ;

    → à l'aide de travail sur la symétrie axiale en mathématiques et arts plastiques

    → à l'aide de copies de figures en mathématiques, en ateliers libres, et de jeu du miroir en EPS

    ♥ super pour la lecture de phrases dès la troisième consonne

    Penser à bien les faire expliquer, même si elles paraissent évidentes, dès la toute première d'entre elles :

    La fée Lili a un chat.

    « De qui nous parle-t-on ? Que nous dit-on sur elle ? Quel est son « métier » ? Comment s'appelle cette fée ? A-t-elle un animal ? Lequel ? À votre avis, est-ce que ce chat est un chat "normal" ou un chat "magique" ? Pourquoi pouvons-nous penser qu'il est "normal" ? qu'il est "magique" ? Savons-nous si elle a d'autres animaux ? Pourquoi ? Quel autre animal pourrait-elle avoir ? Pourquoi ? Connaissez-vous des animaux dont on dit souvent qu'ils vivent avec une fée ? une sorcière ? un sorcier ? un chasseur ? un ogre ? une princesse ? un prince ?... »

    Vraiment dommage qu'ensuite, ça s'étiole avec des phrases complètement stupides (Elle a lavé les jolis javelots) souvent dues à un réinvestissement insuffisant des graphies connues. Cela oblige à jongler avec la nouvelle graphie et les 6 voyelles et à produire ces stupidités là où les élèves pourraient lire bien mieux.

    Sans compter que les consonnes précédentes, insuffisamment réinvesties, peuvent être oubliées par les enfants dont la mémoire à long terme est peu fiable. C'est ainsi qu'on est obligés de garder en classe des affichages pour des données qui ne le nécessiteraient pas si elles étaient réinvesties presque quotidiennement.

    ♠ la "lecture par niveaux" me fait toujours un peu mal au cœur 

    pour moi, tous les élèves (sauf enfant en inclusion) peuvent arriver au "niveau 3", pour peu qu'on utilise pour chacun les "armes" qui conviennent (y compris la lecture individuelle, pendant la récréation, avec comme "récompense", l'octroi d'un jeu convoité). Et qu'on cultive un peu plus que les auteurs le réinvestissement des graphies étudiées précédemment !

    ♥ super pour l'introduction de "petits textes" très rapidement

    mais il faut que tous, même les moins dégourdis, aient accès à  leur lecture !

    ♥ super pour la présentation des leçons, l'augmentation des quantités à lire, le nombre de textes à lire pour « déchiffrer et comprendre » en même temps, moins bien pour la qualité littéraire des textes et le réinvestissement

    → On ne perd pas un temps précieux à chercher à entendre ce qu'on sait prononcer depuis 3 à 5 ans

    → on « fabrique » soi-même ses syllabes ce qui évite de croire qu'il faut les apprendre par cœur "image" par "image"

    → on lit des mots, même très simples, dès qu'on en est capable

    ♠ mais on n'en lit pas assez parce que les auteurs s'interdisent le retour sur des graphies vues précédemment

    → on lit des phrases, même très simples, dès qu'on en est capable

    ♠ mais ces phrases n'élargissent pas assez les capacités mnésiques des enfants. Exemple : vous venez d'apprendre la lettre J de javelot, mais vous connaissez encore les lettres v, r, n, m, s, ch, f, l... ce qui vous permet de lire autre chose que Julie a une jumelle. Il a lavé les jolis javelots. La jolie jumelle de Lili se nomme Julie.

    → on lit des textes, même très simples, dès qu'on en est capable

    ♠ mais ces textes n'enrichissent ni le lexique, ni la capacité de reconnaissance quasi automatique des graphies

    → la longueur et la difficulté de ces textes augmente leçon après leçon

    → la lecture de ces textes est très clairement le but à atteindre puisque :

    ◊ ils deviennent assez vite la conclusion de chaque leçon

    ◊ leur longueur augmente alors que le nombre des autres éléments de la leçon (syllabes, mots, phrases isolées) n'augmente pas.

    bizarre d'introduire les associations Consonne + Consonne (pr, tr, cr, gr, ... ; pl, cl, bl, ...) si tard

    Bizarre mais pas « dangereux » comme les manuels qui introduisent ci, ce avant ca, co, cu ou gi, ge avant ga, go, gu.

    On s'adapte et on utilise dès que possible, lorsqu'on écrit un texte ensemble au tableau.

    CONCLUSION GÉNÉRALE :

    La progression est excellente, la quantité de lecture augmente progressivement, ce serait un très bon manuel d'apprentissage de la lecture s'il cherchait plus à tirer le meilleur de tous au lieu de croire qu'en répétant à l'envie un tout petit stock de mots les enfants finiront pas y arriver. A utiliser : en le complémentant (stock de mots, histoires à lire) et en se débarrassant de ces histoires de "niveaux" qui n'ont pas lieu d'être du moment où l'entraînement a été suffisant.


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