• CE1 : Utiliser Lecture et Expression

    Extrait du Module 1 : Maisons

    Cette année, Lecture et Expression a le vent en poupe mais il suscite aussi de nombreuses questions.

    En voici déjà quelques-unes, auxquelles j'ai répondu pour le moment en privé ou sur les réseaux sociaux.

    Après avoir lu celles-ci, ainsi que les différents articles de présentation que vous trouverez sur ce blog[1] , n'hésitez pas à en poser d'autres.

    Combien doit-on lire de textes par semaine ?

    Un module contient toujours 10 textes, sauf le dernier qui en contient 15.

    Chaque module était prévu pour 2 semaines de classe, sauf le dernier qui était prévu pour les 3 dernières semaines de l'année (ou plutôt pour le mois de juin et son côté gruyère...).

    Donc, nous devrions lire 5 textes par semaine. Mais, compte tenu des derniers changements de rythmes scolaires, nous n'avons le plus souvent que 4 journées de classe par semaine.

    C'est pourquoi j'ai revu la progression de manière à sélectionner des parcours de 8 textes au lieu de 10 pour la quinzaine.

    Ceux qui ont demandé le manuel complet par mail ont cette progression au début du manuel.

    Pour les autres, ceux qui ont juste téléchargé les modules un à un sur ce blog, la voici, avec son code couleur (textes sur fond bleu : CE1 ; textes sur fond gris : CE1 et CE2 ; textes sur fond orange : CE2) :

    Télécharger « Progression couleur .pdf »

    Quelle est la durée d'une séance de lecture ?

    Une séance de lecture doit durer 45 minutes et couvrir les deux pages en vis-à-vis.

    C'est-à-dire qu'il faudrait pouvoir, en 45 minutes, en groupe-classe.

    ♥ Lire le texte, deux ou trois fois, selon les conseils donnés dans Lecture et Expression au CE ⇒ au plus 15 minutes

    ♥ Parallèlement à la lecture, commencer à l'expliquer.

    ♥ Faire l'exercice de décodage (Nous savons lire) en suivant les indications du guide pédagogique ⇒ au plus 3 minutes

    ♥ Faire l'exercice d'enrichissement lexical (Nous expliquons) ⇒ au plus 4 minutes

    ♥ Travailler la compréhension à l'oral  (Nous réfléchissons) ⇒ au plus 15 minutes

    ♥ Travailler sur l'enrichissement du lexique à l'oral (Nous relions deux à deux) ⇒ au plus 4 minutes

    ♥ Travailler la production d'écrit collectivement (Nous reconstituons une phrase) ⇒ au plus 4 minutes

    Pour que ce soit possible, on joue sur la personne qui lit les consignes, le travail collectif au tableau, les aides que l'enseignant donne, ...

    Cependant, les élèves, tous, doivent lire, qui un mot ou une syllabe, qui une phrase ou même un paragraphe.

    Si vraiment les enfants sont trop lents, on scindera le travail en deux journées : 45 minutes le premier jour pour lire le texte, le lexique et l'entraînement graphémique et 45 minutes le lendemain pour relire le texte et travailler à l'oral : la compréhension , l'enrichissement du lexique et la production d'écrit.

    Dans une classe à double ou triple niveau (particulièrement si on a des CP qui restent difficilement seuls longtemps), on peut fractionner ceci en deux séances dans la journée : une de 20 minutes pour lire le texte et les explications de lexique, une de 25 minutes pour traiter les différents pôles : déchiffrage, compréhension, enrichissement du lexique, production d'écrit.

    Y aura-t-il assez de textes pour l'année ?

    Normalement oui.

    Ou presque, pour ne pas se sentir débordé si un jour on est absent non remplacé, ou si les deux tiers des élèves de la classe sont absents, ou si l'école ferme provisoirement, ou si le photographe a désorganisé la matinée de classe, ou s'il y a une rencontre athlétisme à la journée...

    Mais il y aura plutôt trop de textes que pas assez.

    Comment tout caser dans une journée de classe ?

    Si on opte pour un emploi du temps très ritualisé, les élèves vont très vite adopter un rythme. Les transitions entre les activités se feront plus rapidement.

    Par ailleurs, je rappelle que ce manuel remplace tous les domaines liés à la lecture et la production d'écrits.

    C'est-à-dire qu'en une séance quotidienne de 45 minutes, nous aurons réglé :

    ◊ déchiffrage et compréhension,

    ◊ révision des correspondances grapho-phonémiques et automatisation,

    ◊ lecture à voix haute : fluidité et expressivité,

    ◊ vocabulaire pour mieux comprendre et mieux se faire comprendre,

    ◊ et rédaction, comme dit le petit livre rouge.

    Il ne nous restera plus à traiter que le geste d'écriture, la copie, l'orthographe, la dictée et la grammaire.

    Et comme au CE1, nous devons faire 10 heures de français par semaine, nous sommes encore très "larges" pour y arriver.

    Un exemple d'emploi du temps CE : 

    Que doit-on donner à lire à la maison ?

    Tout le premier trimestre, au CE1, il vaut mieux donner le texte qui a été lu en classe à relire à la maison.

    Au deuxième trimestre du CE1 et un peu plus vite au CE2, on peut donner le texte à lire d'abord à la maison pour pouvoir travailler plus avant en classe la fluidité et l'expressivité de la lecture.

    Certains collègues ont "peur" que les élèves aient préparé toutes les questions à la maison.

    Je leur répondrai : « Où est le problème ? Nous ne sommes pas dans l'évaluation de compétences acquises, mais dans l'apprentissage d'un savoir-faire qui va progresser d'année en année par la pratique et la réflexion. Quelqu'un nous aide ? Eh bien tant mieux !...»

    Encore une fois, cela nous permettra d'aller encore plus loin en classe puisque le terrain aura déjà été déblayé en amont.

    Mieux, ces enfants-là aideront leurs camarades à progresser, ce qui est un avantage incontestable.

    Quelle est la progression pour des CE1 ?

    Avec des CE1, on lira :

    Le texte sur fond bleu.

    Les textes sur fond gris (tous ou une partie, si on est provisoirement au rythme d'une double page sur deux jours)

    Éventuellement, de temps en temps, un texte sur fond orange pour compléter, soit en lecture offerte par l'enseignant, soit en lecture par les élèves s'il n'est pas trop compliqué.

    Un petit exemple :

    Période 1 :

    ♣ Module 1 : Maisons

    Mardi 01/09 : Retour de vacances

    Jeudi 03/09 : La drôle de maison (1)

    Vendredi 04/09 : La drôle de maison (2)

    Lundi 07/09 : La drôle de maison (3)

    Mardi 08/09 : Poésies

    Jeudi 10/09 : Les abeilles et la boue (1)

    Vendredi 11/09 : Les abeilles et la boue (2)

    Reste un jour pour éventuellement, essayer La vieille maison, ou L'argile (Une case en Haute-Guinée est difficile pour des CE1) ou pour caser les évaluations CE1

    ♣ Module 2 : Poursuites

    Mardi 15/09 : La poursuite

    Jeudi 17/09 : Le vent fou (1)

    Vendredi 18/09 : Le vent fou (2)

    Lundi 21/09 : L'oie d'or (1)

    Mardi 22/09 : L'oie d'or (2)

    Jeudi 24/09 : L'oie d'or (3)

    Vendredi 25/09 : L'oie d'or (4)

    Lundi 28/09 : Soit "Poursuites en poésie", soit "Les points cardinaux", soit journée banalisée pour rattraper un éventuel retard (évaluations CE1, absence non remplacée, sortie scolaire, etc.)

    ♣ Module 3 : La mer

    Mardi 29/09 : Souvenirs de vacances

    Jeudi 01/10 : Le Petit Moulin (1)

    Vendredi 02/10 : Le Petit Moulin (2)

    Lundi 05/10 : Le Petit Moulin (3)

    Mardi 06/10 : Le Petit Moulin (4)

    Jeudi 08/10 : Poésies

    Vendredi 09/10 : La mer, la plage

    Lundi 12/10 : Soit "Le littoral", soit "Ulysse et les Sirènes (1)" en lecture offerte, soit journée banalisée pour rattraper un éventuel retard (évaluations CE1, absence non remplacée, sortie scolaire, etc.)

    Mardi 13/10, Jeudi 15/10, Vendredi 16/10 : Soit "Ulysse et les Sirènes (1) et (2) en lecture offerte, soit journées banalisées pour rattraper un éventuel retard (évaluations CE1, absence non remplacée, sortie scolaire, etc.)ou pour effectuer des évaluations de fin de période.

    Quelle est la progression pour des CE2 ?

    Les textes sur fond gris et les textes sur fond orange.

    Au rythme d'un par jour, séances de 45 minutes.

    Petit exemple :

    Période 1 :

    ♣ Module 1 : Maisons

    Mardi 01/09 : La drôle de maison (1)

    Jeudi 03/09 : La drôle de maison (2)

    Vendredi 04/09 : La drôle de maison (3)

    Lundi 07/09 : Poésies

    Mardi 08/09 : Les abeilles et la boue (1)

    Jeudi 10/09 : Les abeilles et la boue (2)

    Vendredi 11/09 : La vieille maison ou Une case en Haute Guinée 

    Lundi 14/09 :  L'argile

    ♣ Module 2 : Poursuites

    Mardi 15/09 : Le vent fou (1)

    Jeudi 17/09 : Le vent fou (2) 

    Vendredi 18/09 : L'oie d'or (1)

    Lundi 21/09 : L'oie d'or (2)

    Mardi 22/09 : L'oie d'or (3)

    Jeudi 24/09 : L'oie d'or (4)

    Vendredi 25/09 : Poursuites en poésie

    Lundi 28/09 : Les points cardinaux

    ♣ Module 3 : La mer

    Mardi 29/09 : Le Petit Moulin (1)

    Jeudi 01/10 : Le Petit Moulin (2)

    Vendredi 02/10 : Le Petit Moulin (3)

    Lundi 05/10 : Le Petit Moulin (4)

    Mardi 06/10 : Poésies

    Jeudi 08/10 : La mer, la plage

    Vendredi 09/10 : Le littoral

    Lundi 12/10 : Ulysse et les Sirènes (1)

    Mardi 13/10 : Ulysse et les Sirènes (2) 

    Jeudi 15/10, Vendredi 16/10 : journées banalisées pour rattraper un éventuel retard (absence non remplacée, sortie scolaire, etc.) ou pour effectuer des évaluations de fin de période.

    Quelle est la progression dans une classe de CE1/CE2 ?

    Un savant mélange des deux précédentes.

    En sachant que le premier texte du module est important pour les plus jeunes parce qu'il les raccroche à leur monde, celui de leurs camarades de classe, de leur enseignant, de leur famille, de leurs animaux familiers... 

    Peut-être pourra-t-on le faire lire aux « grands » par les « petits »  sachant qu'en réponse du berger à la bergère, liront aux petits un poème particulièrement difficile, un documentaire trop détaillé pour eux, un beau texte rare comme Ulysse et les Sirènes ou Riquet à la Houppe, etc.

    Notes :

    [1] Lecture et Expression, un livre de lecture pour couvrir toute l'année de CE1 et son livre du maître : Quatorze thèmes pour l'année scolaire, de celui des Maisons à celui des Voyages Immobiles, pour finir d'apprendre à déchiffrer, conforter ses capacités à interpréter et analyser récits, contes, textes documentaires, extraits littéraires, poèmes, ainsi qu'un roman pour enfants.

    Lecture et Expression au CEModule 1 ; Modules 2 et 3 ; Modules 4 et 5 ; Module 6 ; Modules 7 et 8 ; Module 9 ; Module 10 ; Module 11 ; Module 12Module 13 ; Module 14 ; Annexe 2 : Rédaction collective d'une phrase


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  • Cycles 1 et 2 : Opposition bruit/ silence

    État des lieux

    Bien souvent, en classe, le ton monte. Machin parle à Bidule pendant que Truc s'agite sur sa chaise et fait tomber sa règle, l'enseignant s'égosille, Machin parle encore plus fort, et c'est de pire en pire.

    Alors on se dit que ça vient de l'enseignement frontal et on organise sa classe en ateliers, et on s'égosille toujours autant parce que les joueurs de cartes s'esclaffent pendant que ceux qui sont aux petits chevaux se chamaillent et que ceux qui devaient refaire leur prénom en pâte à modeler ont éparpillé de la pâte à modeler et que c'est la faute à Emma paske Enzo lui a dit que...

    Alors on se dit que, peut-être, avec les AIM (activités individuelles de manipulation), on aura un peu plus de silence, surtout si on arrive à obtenir de la mairie qu'elle investisse dans quelques tablettes numériques et qu'on ait trois ou quatre ordinateurs en fond de classe et puis des casques audio pour qu'ils écoutent l'histoire et puis qu'on s'occupe d'un des quatre derniers qu'on aura installés loin les uns des autres dans les quatre espaces dédiés installés aux quatre coins de la classe...

    Et puis, finalement, il y a du bruit quand même. Beaucoup moins, grâce aux écrans et à leurs vertus hypnotiques, mais quand même, dès que ce temps d'ateliers est impossible – en sport, en musique, en regroupement – on dirait que le bruit redouble, au contraire.

    Alors pourquoi, malgré une préparation et une organisation parfaites, malgré des activités ludiques, qui rendent l'enfant acteur de ses apprentissages, avons-nous parfois l'impression de nous retrouver en plein champ de foire, un jour de fête foraine ?

    L'opposition bruit/silence

    Un enfant qui joue ne s'entend pas crier, il est pris par son jeu et s'exprime selon son registre habituel, souvent plus près de la voix criée que de la voix susurrée.

    Un enfant qui a tout à coup quelque chose à dire le dit, même s'il est tout seul, et bien souvent, il le claironne.

    Un enfant qui est pris par son activité n'a pas non plus conscience des bruits parasites, des paroles des uns et des autres, des cliquettements d'un stylo, de la porte d'armoire qui grince à chaque ouverture et chaque fermeture, de la main qui tapote la table pendant qu'il écoute de la musique, etc.

    Et il les entend d'autant moins qu'on ne lui a pas appris à les écouter. Sans éducation de l'ouïe – et nous avons de moins en moins de temps pour en faire – certains enfants, inéduqués aussi à la maison dans ce domaine, ne perçoivent pas consciemment bruit ou silence, même s'ils ont 6, 7, 8 ans ou plus.

    Cette éducation de l'ouïe est pourtant notre mission principale, surtout pendant les années "maternelle" et les premières années "élémentaire", car c'est elle qui va les préparer à pouvoir recevoir un enseignement collectif visant à leur transmettre des connaissances et des savoir-faire.

    Cela se fait principalement par l'éducation sensorielle – la grande oubliée des programmes actuels – souvent remplacée par un peu d'éducation civique et morale, saupoudrée d'un zeste de bonne vieille technique de la carotte et du bâton rebaptisée de noms tous plus ronflants les uns que les autres.

    Ici, par exemple, pour ces problèmes récurrents de bruit qui épuise tout le monde et qui nous fait souvent sortir aphones de nos salles de classe, on va conseiller d'établir des règles de vie, avec échelle de sanctions ou de récompenses, ou de récompenses et de sanctions, ou de les mettre seuls sur la chaise à réfléchir pour "qu'ils se rendent compte",ou de leur donner beaucoup de travail écrit, ...

    Ce qui ne fonctionnera qu'à la marge puisque le problème se situe en amont de ces règles de vie, dans une méconnaissance totale ou partielle de ce qu'est ce bruit et de la façon dont on le contrôle.

    La première chose à faire, c'est donc de leur apprendre à prendre conscience de ce bruit. Et, comme tous les apprentissages premiers, chez les petits et tout-petits (et chez les plus grands non éduqués), cela se passera par la perception des différences entre bruit et silence. J'ai bien dit la perception, physique, pas la verbalisation scientifique. Juste ça : « Ah tiens, il se passe quelque chose. Mon oreille ressent un changement. »

    Le concert : règle du jeu

    Jeu à organiser de la Petite Section au CM2.

    But du jeu : Prendre implicitement conscience que le voix se contrôle, comme les jambes ou les bras.

    Le jeu se fera plutôt dehors qu'en salle de classe en raison des perturbations du niveau sonore pour les classes voisines, mais, surtout chez les plus petits, il peut aussi avoir lieu dans la salle de classe (car les petits obéissent à des règles simples du style : « Ici, c'est ici, ailleurs, c'est ailleurs. Ce qui est valable ici l'est pour ici et uniquement pour ici et ce qui est valable ailleurs l'est pour cet ailleurs-là et uniquement cet ailleurs-là).

    → On installe les élèves en chœur.

    → On leur explique qu'ils vont jouer un drôle de concert dont ils suivront la "musique" grâce à nos deux bras que nous écarterons plus ou moins face à eux.

    → Quand nous écarterons les bras, ils devront faire du bruit avec la bouche, quand nous les resserrerons, ils devront faire diminuer le bruit jusqu'à se taire complètement lorsque nos mains seront jointes.

    → Diriger cet orchestre pendant environ 1 minute en jouant sur l'intensité du son :

    ◊ écarter très lentement, resserrer d'un coup...

    ◊ écarter un peu, resserrer, écarter un peu, resserrer, écarter un peu...

    ◊ etc.

    ◊ Toujours finir par un moment où le son "meurt" peu à peu.

    → Au début, il faut le faire parfois 3 ou 4 fois par jour, à tous les niveaux.

    → Après, peu à peu, quelques secondes de temps en temps suffisent,

    ♥ sauf en Petite et Moyenne Sections où c'est de la phono utile, bien plus que le comptage de syllabes et où il faut continuer toute l'année

    ♥ et en Grande Section et CP où cela pourra déboucher sur de la lecture et de l'écriture de "partitions" avant de se transformer en simple jeu d'attention visuelle et auditive comme dans les grandes classes.

    → Cela fonctionne aussi avec les « cliqueurs » de stylos 4 couleurs et les secoueurs de feuilles bristol. Il suffit de proposer un « concert de stylos » ou un « concert de feuilles secouées » et de tenir le rôle de chef d'orchestre de la même manière mais en jouant sur la pulsation, lente ou rapide, plutôt que sur l'intensité sonore.

    Observation raisonnée :

    Lorsque cette prise de conscience implicite est faite et que les enfants savent à peu près contrôler l'intensité de leurs émissions vocales, généralement à partir de la Grande Section (un peu plus tard lorsque le travail n'a pas été fait en PS et MS), on peut parfaire le travail en les amenant à observer leur système phonatoire.

    C'est par ailleurs un excellent exercice préparatoire à la lecture pour les GS et un complément de choix pour aider les élèves de CP – ou les élèves plus âgés en difficulté – à distinguer finement les sons.

    → demander aux élèves de toucher leur gorge quand ils parlent pour sentir vibrer leurs cordes vocales (main à plat sans appuyer)

    Opposition bruit/ silence

     → Puis recommencer en parlant tout bas pour sentir que ça vibre moins

     → Enfin chuchoter pour voir que ça ne vibre plus du tout 

    →  s'entraîner à chuchoter

    On peut alors leur dire qu'ils ont le droit de chuchoter, à condition que de temps en temps, ils pensent à vérifier qu'il n'y a bien aucune vibration des cordes vocales.

    Charité bien ordonnée commence par soi-même

    Travaillons nous aussi cette culture de l'ouïe : 

    →  en nous écoutant parler,

    → en apprenant à jouer sur l'intensité et le registre de notre voix

    → en sachant anticiper les moments où le ton va monter,

    → en prenant conscience de ce qui a déclenché ce bruissement devenu murmure puis bourdonnement puis rumeur et enfin brouhaha puis tumulte !

    → en cherchant à corriger ce qui, dans notre organisation, est un facteur déclenchant

    Cadeaux bonus !

    Quelques constatations :

    Un enfant est un être d'habitude, il ne comprend pas les changements de direction trop fréquents : pas de moments où on a le droit de crier au prétexte de se défouler.

    D'ailleurs, un enfant qui crie ne se défoule pas, il s'excite.

    Donc pas de cour de récréation où ça hurle dans tous les sens, pas d'encouragements genre Finale de la Coupe du Monde à chaque fois qu'on organise un jeu sportif quel qu'il soit, pas de groupies du pianiste qui hurlent pendant que la classe de M. Ducéhèmdeux chante le dernier tube à la mode.

    Beaucoup de chant, d'écoute musicale pour cultiver l'ouïe. De tous styles et de toutes origines pour ouvrir l'esprit et garantir l'égal accès à la culture à tous. 

    Beaucoup de lectures et de vocabulaire pour apprendre à exprimer son plaisir, sa joie, son approbation autrement que par des cris et de l'excitation.

    Quelques petites histoires pour apprendre à se contrôler :

    ♥ Le loir du couloir

    Dans le couloir des porte-manteaux, bien caché dans son petit nid, quelque part là-haut dans le plafond, dort un petit loir. Il est très timide, le pauvre, et il a besoin de beaucoup de sommeil parce que, toute la nuit, il se promène dans les classes et regarde toutes les jolies choses que les enfants ont fabriquées. Parfois même, il dépose sur la table de présentation un petit cadeau qu'il a ramassé pour eux : un caillou brillant, une noisette, une fleur qu'il a cueillie, ...

    Il aime beaucoup les enfants, mais ils lui font peur, surtout quand ils font du bruit. Quand ils crient dans le couloir, juste sous son nid, il est terrorisé. Il se demande même s'il ne va pas aller habiter ailleurs et ne plus jamais revenir dans cette école.

    C'est pourquoi, dans notre école, comme nous aimons beaucoup le petit loir du couloir et que nous voulons le protéger et respecter son sommeil, nous ne crions jamais dans les couloirs. Jamais.

    ♥ La limace de la classe

    Dans notre classe, il y a une limace. Une limace invisible, très rare, qu'il faut protéger par-dessus tout. C'est la limace de la classe.

    Comme toutes les limaces, elle avance doucement, tout doucement, lentement, très lentement.

    Comme toutes les limaces, elle a un corps tout mou, sans aucune protection.

    C'est pourquoi, nous, dans notre classe, nous marchons aussi doucement, tout doucement, lentement, très lentement. Parce que nous ne voulons surtout pas écraser la limace de la classe qui se promène là, par terre, au milieu de nous.

    ♥ Pinocchio et Jiminy Criquet

    Pinocchio est un pantin de bois. Comme tous les pantins de bois, il n'a pas de cerveau. Ce qui fait qu'il ne comprend rien. Rien de rien. On dit qu'il n'a pas de conscience.

    Et comme il n'a pas de conscience, souvent, il se met en danger. Quelquefois des grands dangers, quelquefois des dangers moins grands mais qui le coupent de ses amis qui savent qu'on ne peut pas lui faire confiance. Même quand il fait quelque chose de bien, il ne le sait pas et, du coup, il ne peut pas apprendre à bien se comporter tout le temps puisqu'il ne sait pas ce qui est bien et ce qui est mal.

    Alors la Fée Bleue lui a donné Jiminy Criquet, un grillon qui va lui servir de conscience.

    Jiminy Criquet est là pour lui dire : « Attention, Pinocchio, là, si tu continues, tu vas tomber.. Et quand ils tombent, les pantins de bois, eh bien, ils se cassent. » ou « Attention, Pinocchio, là, tu ennuies tout le monde. Si tu continues, ils te diront qu'eux, ils ne jouent pas avec des pantins de bois sans cervelle ! »

    Il est aussi là pour lui dire : « Bravo Pinocchio ! En ce moment, tu te comportes exactement comme un vrai enfant bien éduqué. C'est comme ça que tu devras te comporter tout le temps si tu veux que la Fée Bleue te transforme en enfant à qui on fait confiance. »

    Vous, vous avez la chance d'être de vrais enfants, avec un Jiminy Criquet dans la tête. Un qui peut vous dire ce qui est une attitude responsable de grand garçon ou de grande fille et ce qui est une "glugluterie" de pantin de bois sans cervelle !... C'est quand même mieux d'avoir une conscience que de devoir se promener sans arrêt avec un grillon sur son épaule ou dans sa poche !

    ♥ Le petit enfant qui n'a pas de feu rouge dans sa tête

    La plupart des êtres humains naissent avec un feu rouge dans la tête. C'est ce que les grands appellent la « conscience ».

    Au début, quand nous sommes tout petits, ce feu ne nous sert qu'à nous avertir que là, quand il est rouge, on est malheureux, et là, quand il est vert, on est heureux.

    Quand on est heureux, on gazouille et on fait des sourires.
    Généralement,ça allume le feu vert des adultes : ça les réjouit et ils s'approchent de notre berceau, nous racontent des choses agréables auxquelles nous ne comprenons rien mais qui nous rendent encore plus heureux tellement elles ont l'air douces et calmes.

    Quand on est malheureux, on crie et on pleure.
    Généralement, ça réveille le feu rouge des adultes qui viennent vite voir pourquoi on est si malheureux : vite, ils nous changent ou nous nourrissent, ou bien encore ils décoincent notre main que nous avions coincée sous notre corps ou tout autre chose qui nous ennuie...

    Alors, cela nous fait comprendre que ce feu rouge est très utile et nous nous en servons pour beaucoup plus de choses. Et particulièrement pour attirer les autres, les adultes par exemple, parce qu'ils nous aident quand nous avons besoin d'eux. Mais aussi les autres enfants avec qui nous aimons partager des moments.

    Seulement voilà, les autres aussi ont leur feu rouge qui les avertit quand ça ne va pas. Et petit à petit, nous devons apprendre à nous dire que là, le feu rouge de la personne qui est près de nous va la faire hurler et tempêter ou que là, au contraire, son feu rouge va passer au vert et nous dire que nous sommes exactement sur la route qu'il faut et que nous pouvons continuer à avancer.

    Hélas, de temps en temps, il arrive qu'un enfant naisse sans feu rouge ou que, pour des raisons très compliquées, il n'ait pas appris à le faire fonctionner correctement.
    Cet enfant-là est très malheureux car il ne sait pas s'arrêter. Il file, file, sans pouvoir se dire stop. Et cela provoque des catastrophes, des petites et des grandes. Alors, il essaie de réparer tout ça et c'est parfois encore pire parce que, là non plus, il n'a pas le bouton qui lui dit : « Non, pas comme ça. » ou alors « Oui, voilà, comme ça ! »
    Et si en  plus, les feux rouges des autres s'allument tous les uns après les autres, leurs hurlements tempétueux le mettent encore plus à bout de nerfs et rajoute des catastrophes aux catastrophes !

    Pour lui la vie est très difficile mais, si les autres réagissent avant qu'ils soient obligés d'allumer leurs feux rouges, c'est déjà plus simple.

    Ses camarades de classe peuvent lui procurer de l'aide et lui apprendre peu à peu à fabriquer et utiliser son feu rouge, tout comme le font son maître ou sa maîtresse, son accompagnateur ou son accompagnatrice.

    Il leur suffit de savoir que plus il y a d'agitation et de bruit autour de lui et plus cet enfant sans feu rouge souffre car son cerveau ne peut pas dire stop à ces bruits qu'il entend et à ces mouvements désordonnés qu'il voit.

    Au contraire, quand il vit dans le calme, sans chaises qui raclent le sol, sans pieds qui le martèlent, sans bavardages et papotages en tous genres, sans ricanements ou cris de colère, il peut, en respirant calmement et en soufflant doucement, arriver peu à peu à se contrôler. 
    Ce contrôle, c'est le signe qu'il est en train de construire son feu rouge et qu'il faut persévérer dans le calme et le silence, sans rajouter de l'agitation à son agitation personnelle.

    Et attention, grand secret des grands secrets : ne surtout pas l'applaudir et lui faire la hola parce qu'aujourd'hui, il a été sage et n'a pas fait de crise, cela détruirait des heures et des heures de travail.

    Juste le prendre par la main, lui parler doucement et lui dire : « S'il te plaît, tu veux bien être mon ami ? »


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  • CE1 : Plus de fiches-sons !
    extrait de Lecture en fête, Classiques Hachette, 1983

    Les fiches-sons qui furent pendant quelques années la panacée recommandée par l'Institution n'ont plus le vent en poupe. Cela déstabilise nombre de collègues qui n'ont jamais connu que ça et se demandent bien comment faire pour les remplacer et par quoi.

    Une petite solution maison

    ...rédigée par quelqu'un qui, au CE1, n'a jamais utilisé une seule fiche-son de toute sa carrière et a pourtant eu dans ce niveau scolaire des élèves lecteurs-scripteurs très largement acceptables.  

    A) S'il y a révision de sons à faire, au CE1, c'est en lecture que cela se passe.

    La récapitulation des graphies possibles de chaque son du français, à usage orthographique est très prématurée, tout comme la récapitulation des graphies contenant telle lettre.

    B) La méthode que je préconise, c'est la « méthode naturelle »

    celle que nous utilisons dans toutes les situations d'apprentissage quand ce dernier est presque terminé mais qu'il reste quelques hésitations :  

    C) Recette

    Lors de la séance de lecture oralisée, un enfant bute sur un son, par exemple "tion" 

    → L'enseignant demande à la cantonade : « T.I.O.N, comment cela se prononce très souvent ? » 

    Là, deux solutions :  

    1) Soit un enfant répond : « [sjõ] ! » et, après rappel de l'enseignant : « c'est ça. T.I.O.N se prononce [sjõ] ! », on continue la lecture.  

    2) Soit personne ne sait et l'enseignant explique : « T.I.O.N se prononce [sjõ]. Nous allons lire quelques exemples ensemble. »  

    → L'enseignant écrit alors au tableau l'un après l'autre et demande à un élève différent à chaque fois de décoder le mot et de l'employer dans une phrase orale qui en expliquera le sens :

    la récréation - une addition - une soustraction - la respiration - la récitation - attention - l'aviation - une exception - ...   

    → Il peut même finir l'exercice par un travail d'encodage et demander à plusieurs enfants successifs de venir au tableau pour écrire un mot transparent, c'est-à-dire un mot sans autre difficulté (lettre muette,son complexe, consonne double) que la graphie "tion" qui vient d'être apprise ou révisée, comme par exemple :

    une punition - une réparation - une animation - une émotion - une opération 

    → Lors de ces deux exercices, il essaiera d'aller assez vite pour pouvoir continuer la séance de lecture oralisée mais, si cela risque de décaler toutes les autres séances de la journée, eh bien, tant pis, le soir, il donnera le texte à relire seulement jusqu'à la phrase qui contenait ce mot difficile à décoder et, le lendemain, la classe reprendra le même texte.

    C) Petits conseils pratiques

    ♥ Avoir sur son bureau ou très accessible sur une étagère près du tableau un manuel de CP, du type Bien Lire et Aimer Lire, Je lis, J'écris, Écrire et Lire au CP, etc. permet d'avoir très vite, par simple consultation de la table des matières et un feuilletage rapide un réservoir de mots contenant la graphie à fixer.

    ♥ La lecture "en cascade", c'est-à-dire un élève après l'autre, sur un rythme soutenu, puis "au micro", c'est-à-dire tous les élève ensemble, comme des choristes munis d'un micro imaginaire, permet de faire lire rapidement une vingtaine de mots par une vingtaine d'élèves différents puis de faire relire tous les élèves ensemble en suivant au tableau.
    Pour cela un simple tableau à craie ou à feutres effaçables suffit ; c'est il me semble beaucoup plus souple que ces TNI qui, pour ce que j'en ai vu, demandent des préparations importantes en amont de la journée de classe, pas toujours compatibles avec le suivi naturel d'une classe au jour le jour d'après les observations du moment.


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  • Él. : Relire la lecture à la maison

    Faut-il faire relire la lecture le soir à la maison ?

    Oui, c'est indispensable. Du CP au CM2. En cette époque de préparation de la rentrée où chacun cherche comment évaluer ses élèves, je peux vous garantir qu'en deux ou trois semaines, vous serez capables de déterminer sans coup férir les élèves qui lisent tous les soirs avec un adulte de ceux qui n'ont que le temps de lecture en classe pour s'entraîner à lire.

    C'est tellement indispensable et tellement évident pour moi que j'ai oublié de le mentionner dans les guides pédagogiques de Écrire et Lire au CP et de Lecture et Expression au CE. Heureusement que je l'ai indiqué dans Nino et Ana, j'ai l'air moins étourdie comme cela.

    À la maison, à l'étude, à l'aide aux devoirs, n'importe où mais il faut la faire relire pendant tout le CP et tout le début du CE1 (premier trimestre environ).

    Après, à partir du deuxième trimestre du CE1, on peut commencer à demander aux élèves de préparer leur lecture à la maison au lieu de leur demander une relecture qui commence à les lasser et que les familles laissent souvent tomber.

    Cependant, cette technique ne sera mise en place que si l'on est sûr que les familles ou les organismes d'aide aux devoirs joueront le jeu. Il est important de les avertir par écrit de ce changement de procédure afin qu'ils prennent conscience de son enjeu et qu'ils l'appliquent consciencieusement.

    Et on continue cette bonne habitude jusqu'au 1er juillet du CM2, sachant que les plus grands peuvent aussi lire seuls, plutôt que sous la surveillance d'un adulte.

    Comment procéder ?

    Donner systématiquement comme "devoirs" la lecture à relire, pour les petits, ou la lecture à découvrir, pour les plus grands.

    Le lendemain, pour les élèves de CE1 à CM2 qui ont préparé un nouveau texte et non relu l'ancien, avant de les faire lire à voix haute (ah oui, je précise, à l'école primaire, on lit tous les jours à voix haute, ça fait gagner un temps fou d'avoir des élèves lecteurs et ça évite bien des ateliers fluence, compréhension, inférences, etc.), on demande incidemment : « Alors ?... Ce texte ?.... » puis on les laisse s'exprimer quelques minutes. Ça permet d'avoir l'air moins perdus à ceux qui n'ont pas lu parce que papa pas disponible, maman qui rentre tard, tatie qui a autre chose à faire que faire lire un gamin et autres animateurs municipaux qui trouvent que lire, c'est trop nul (ne me dites pas que ça n'existe pas, j'en connais une...)

    Quelle durée ?

    CP : Au début de l'année, la durée de l'exercice doit être inférieure à 5 minutes. En cours d'année, elle augmente progressivement jusqu'à 10 à 15 minutes maximum. 

    CE1/CE2 : 15 minutes maximum

    CM1/CM2 : 15 à 20 minutes, dont une partie silencieuse.

    Et pour les élèves mauvais lecteurs ?

    C'est pour eux qu'on le fait, ce serait dommage de les en priver. Surtout que c'est en partie grâce à cela qu'ils vont perdre rapidement cette étiquette.

    Au CP :

    Ils lisent toute la page du jour, surtout quand c'est du code. (si c'est de la lecture compréhension, pendant toute la première moitié de l'année et même un peu plus, l'adulte la leur lit puis il lui fait lire une page de code, celle de la veille s'il le faut, ou celle du lendemain).

    On peut même signaler aux parents que ce serait bien que leur enfant ayant des difficultés, lise plusieurs fois cette page de lecture (très aérée en début d'année) :

    ♥  le soir en rentrant de l'école (même s'il est resté à l'étude et qu'il y a lu sa page du jour),

    ♥ une autre fois avant de se coucher

    ♥ et, si les horaires familiaux le permettent, le matin avant de partir à l'école.

    Dans la deuxième moitié de l'année, quand les textes commencent à devenir longs mais totalement déchiffrables, on peut proposer aux parents d'enfants lents les aménagements ci-dessous.

    Au CE1 et CE2 :

    Ils lisent toute la lecture du jour, ou celle du lendemain (à partir du deuxième trimestre seulement au CE1).

    Normalement, elle a été choisie par l'enseignant en rapport avec les capacités de lecture (taille de caractères, longueur, vocabulaire, intérêt) d'un enfant de 7 à 9 ans et doit se lire en moins d'un quart d'heure.

    Si c'est trop laborieux, on peut toutefois proposer des aménagements :

    → lecture « à deux voix », une phrase chacun puis un paragraphe chacun, à condition que l'enfant reste attentif et suive du doigt et du regard ce que lui lit l'adulte.

    → lecture fractionnée :

    ♥ un paragraphe en arrivant de l'école,

    ♥ le suivant avant le repas du soir,

    ♥ le troisième avant d'aller dormir

    ♥ et le dernier le matin avant de partir à l'école.

    Ce sera encore plus efficace si à partir du deuxième paragraphe l'adulte relit d'abord à l'enfant, en suivant du doigt, assez lentement pour que l'enfant puisse suivre du regard et de l'oreille en même temps, la partie que l'enfant a déjà lue seul précédemment. 

    Au CM1 et CM2,

    La lecture à haute voix n'est plus indispensable même si elle peut s'avérer encore utile à certains, et agréable à tous.

    On peut suggérer aux parents de faire lire à leur enfant un paragraphe à voix haute, en s'appliquant sur l'intonation dès la première lecture (s'il n'en est pas capable, c'est qu'il n'a pas assez lu depuis la fin de son CP, retourner au paragraphe précédent), puis de continuer silencieusement et seul.

    Cependant, pour des élèves en grande difficulté, il vaut mieux se reporter au paragraphe précédent et utiliser les techniques de la lecture à deux voix ou de la lecture fractionnée.

    On peut aussi, dans le cas d'élèves en grande difficulté, ne demander de lecture à voix haute qu'après avoir soi-même lu cette portion de texte à voix haute, en suivant du doigt ce qu'on lit.

    On doit aussi expliquer aux parents que vélocité ≠ efficacité.

    Bien sûr qu'un enfant qui lit « a... 5 secondes d'attente... mmm... 5 secondes d'attente... iiii... 5 secondes d'attente... aammm... 5 secondes d'attente... mmmiii... 5 secondes d'attente... aaaammmiii... 5 secondes d'attente... a-mi ?... » ne peut pas comprendre ce qu'il lit !

    En revanche, un enfant qui, en fin de CP, ou début de CE1, a encore besoin de hacher sa lecture et lit, lentement mais sûrement : « Au... jour... d'hui... aujourd'hui... Mi... mi... Mimi... est... de... re... tour... Aujourd'hui... Mimi... est... de... re... tour... retour. Aujourd'hui, Mimi est de retour. » est un enfant dont la lecture, bien que lente, est efficace.

    Il faut alors expliquer à leurs parents que Rome ne s'est pas faite en un jour et qu'eux aussi, quand ils avaient 6 ou 7 ans ânonnaient leur lecture tout en comprenant ce qu'elle racontait.

    La lecture à la maison doit être un moment partagé agréable, sans tensions ni courses à la vélocité. Il vaut mieux passer cinq minutes à lire un seul mot de chaque phrase, mais blotti près de papa ou maman, ou de la grande cousine qui lit mieux le français, à rire avec le Bêta qui porte son oie d'or sous le bras, suivi par une cohorte de gens, pleurer avec Cosette et son grand seau plein d'eau glacé ou découvrir le Far West, juché sur un chariot à côté de Laura Ingalls, que 15 minutes infernales à lire de plus en plus vite un texte, ou pire une liste de mots sans suite.

    Mais elle doit aussi être un moment sérieux, pendant lequel parent comme enfant s'engagent à faire du mieux qu'ils peuvent, à leur rythme certes mais en ayant conscience que lire, c'est déchiffrer et comprendre en simultané.


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  • Élémentaire : Évaluations diagnostiques douces
    La cour de récréation, premier lieu d'évaluation diagnostique le jour de la rentrée des classes

    Faut-il pratiquer des évaluations diagnostiques la semaine de la rentrée ?

    Oui bien sûr. Mais des évaluations douces, sans protocoles abscons ni remontée écrite des résultats, même à usage interne.

    Il faut même y consacrer environ tout le mois de septembre car les résultats à ces évaluations évoluent très vite dans le temps et que ce qu'un élève semblait ne pas connaître du tout la veille est parfaitement maîtrisé le lendemain, juste parce que ça a été réactivé par simple contact.

    Quelles épreuves, quelle durée prévoir ?

    Les « épreuves » démarreront environ dix minutes avant l'heure officielle de la rentrée des classes, le mardi 1er septembre, dans la cour de l'école, et se termineront pour cette toute première période d'évaluation aux environs de 17 h 30 le 29 ou 30 septembre après avoir fini de corriger les cahiers.

    Il y aura environ une quinzaine d'épreuves très variées que je vais essayer de répertorier sans en oublier :

    1) avoir un comportement d'élève : a) en dehors de la classe - b) dans la classe

    2) lecture : a) CE1, CE2, CM1, CM2 : décoder un texte simple inconnu à voix haute et l'expliquer ensuite avec ses mots - b) CM1 CM2 : décoder un texte simple inconnu silencieusement et l'expliquer ensuite avec ses mots

    3) selon le niveau  : a) CE1, CE2, CM1, CM2 : recopier en cursive de une à dix phrases courtes présentées en cursive en respectant les normes en vigueur - b) CE2, CM1 à CM2 : recopier en cursive de trois à dix phrases courtes présentées en script en respectant les normes en vigueur

    4) écrire sous la dictée : a) CE1 : des mots transparents d'une, deux ou trois syllabes - b) CE2 à CM2 : d'une à six phrases simples composées essentiellement de mots transparents et de quelques mots très courants présentant une difficulté (lettres muettes, consonnes doubles, graphies complexes, homophones grammaticaux courants) en respectant les accords étudiés l'année précédente au cours des deux premiers trimestres - c) CM1 CM2 : écrire un court paragraphe sous sa propre dictée (production d'écrits) en respectant les normes syntaxiques (phrases simples), orthographiques et la ponctuation (majuscules et points).

    5) suivre une discussion à bâtons rompus sur un thème clairement défini (littérature, histoire, géographie, sciences, éducation morale et civique) et prouver par ses interventions spontanées ou sollicitées qu'on en connaît le thème et qu'on peut rebondir dessus

    6) CE1 : compter oralement : a) au moins jusqu'à 69 sans aide - b) au moins jusqu'à 100 avec aide ponctuelle - CE2 à CM2 : a) lire et écrire seuls des nombres dont l'acquisition était prévue au programme du niveau inférieur pour les deux premiers trimestres - b)  lire et écrire avec aide ponctuelle des nombres dont l'acquisition était prévue au programme du troisième trimestre du niveau inférieur

    7) calculer mentalement une addition, une soustraction, un produit, un partage : a) CE1 : sur les nombres de 0 à 20 (0 à 10 pour les produits) - b) CE2 : sur les nombre de 0 à 100 (produits et partages sans reste : par 2, 3, 4, 5 et 10) - c) CM1/CM2 : sur les nombres de 0 à 1000 (partages sans reste) 

    8) résout un problème simple (ajout ; retrait ou manque ; produit ou partage) relevant des connaissances prévues au niveau inférieur avant le début du troisième trimestre

    9) représenter par le dessin même très simple une observation menée en classe

    10) créer en modelant, peignant, découpant, collant, assemblant des volumes, etc.

    11) participer aux activités motrices en montrant une certaine aisance physique (équilibre, course, sauts, lancer)

    12) participer à un jeu en jouant son rôle : a) jeu duel - b) jeu d'équipes

    13) créer avec son corps : expression corporelle, mime

    14) chanter

    15) suivre a) une pulsation - b) un rythme simple

    Quel protocole pour tout cela ?

    Je commence tranquillement dès le premier jours les fichiers, manuels et activités que j'ai choisis et qui, presque toujours, reprennent bien évidemment les connaissances prévues au niveau inférieur dans l'ordre où elles ont été vues antérieurement.

    J'arrive ainsi naturellement à la fin de ces « révisions » vers la fin du mois de septembre (parfois un peu plus tard si ces révisions se sont révélées comme des premières visions).

    J'étudie attentivement l'évolution de chacun au jour après jour, dans la cour et en classe, lors de tous les types d'activités (libres, dirigées, physiques, orales, écrites, individuelles, semi-collectives, collectives) et dans tous les domaines, et je note mentalement les facilités, les progrès, les stagnations, les manques criants, les régressions parfois.

    La remédiation commence immédiatement en cas de difficulté avérée, handicapante. Elle se traduit par un soutien plus rapproché en classe, l'aide d'un tuteur volontaire, des exercices supplémentaires à faire chez soi si la famille est demandeuse, une inscription aux APC si c'est possible et, dans les cas lourds, une aide extérieure décidée en équipe éducative.

    Un petit exemple de grille pour noter tout cela

    si on en ressent le besoin ou qu'on sait qu'on risque d'être confronté à une demande institutionnelle.
    Je remercie sincèrement Fabien C. qui m'a transmis ce document.

    Télécharger « éval_diag_ce2.pdf »

    Et quand tout cela est fini ?

    À la fin du mois de septembre, j'ajoute peu à peu de nouveaux items, au fur et à mesure des acquis scolaires, dont le principal :

    ♥ acquiert les nouvelles notions a) avec facilité - b) lentement mais sûrement - c) seulement si on l'aide.

    Cela me permet de prêter plus d'attention aux cas c) et b) lors des périodes de travail collectif, semi-collectif ou individuel.

    Cette évaluation au quotidien s'arrêtera le 4 ou 5 juillet.


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