• L'habit et le moine

    Continuons notre tour d'horizon des vraies-fausses bonnes idées qui fleurissent, en ce printemps annonciateur d'élections nationales, tels les marronniers dans la presse quotidienne, quand elle n'a rien à dire.

    Tout comme de temps en temps on nous ressort la chaussette finlandaise (ou le prédicat québécois, plus tendance, ces derniers temps), ne voilà-t-il pas que certains candidats fantasment sur la photo ci-dessus et voient dans le port de la jupette plissée et de la soquette blanche l'étendard derrière lequel l'École vaincra l'échec scolaire, tout en rétablissant son autorité !

    Pour ne pas faire trop, trop ringard toutefois, certains remplacent jupettes et culottes courtes d'un autre âge par des sweat-shirts et des jeans, tout ce qu'il y a de plus chics mais néanmoins actuels. Cela leur permet d'affirmer que ce sont ces vêtements standardisés, auxquels ils rajoutent, le matin au réveil, un chant en chœur, si possible patriotique, qui font de leurs établissements des écoles d'excellence propres à construire des élèves studieux et bien élevés.

    Immédiatement, toute un série de candidats se précipitent à leur suite. Un uniforme, un salut au drapeau, et hop, ils règlent définitivement, le problème de l'école ! La preuve ? Ces quelques écoles implantées[1] ici et là, dans des banlieues en difficulté, dont les élèves proprets réussissent au-delà de toute espérance...

    Hélas, messieurs, comme disait une intervenante sur un autre sujet l'autre jour, n'y a-t-il pas lieu de craindre un embrigadement de la jeunesse dans cette scolarisation qui évoque des images venues d'autrefois et d'ailleurs sur lesquelles de jeunes enfants, tous identiques, chantaient d'une seule voix les louanges d'un leader que l'époque et le lieu trouvaient charismatique, en dépit des mises en garde horrifiées du reste de l'humanité ?
    Là, oui, je suis d'accord avec vous, Madame, bien plus que pour la scolarisation obligatoire des petits enfants de maternelle ! À tel point qu'il ne serait même pas nécessaire de continuer la démonstration. Cette idée sent trop fort le brun, le noir ou le rouge sang pour être ne serait-ce que légèrement défendable et rien que cela suffit pour la rendre inacceptable.

    « Oui mais quand même, rétorqueront certains, c'est dommage, puisqu'on nous dit que ça marche si bien...  Et si nous surveillons attentivement toute dérive extrémiste et que toute suspicion entraîne la fermeture immédiate de l'établissement ? C'est un projet intéressant... Les enfants apprennent et sont heureux ; cela compte, ça, tout de même ? »

    Oui, cela compte. C'est même fondamental. Et cela doit s'obtenir, pour tous et non pour 15 enfants par année d'âge, dans des établissements financés par des dames d'œuvre, disséminés ici et là... Et sans risque pour l'idéal démocratique que notre pays défend !

    Alors, on évacue l'uniforme tout de suite et le chant patriotique, ou religieux, ou à la gloire de Pierre, Paul ou Jacques, tout comme on évacue la chaussette finlandaise (et le prédicat québécois) !

    D'ailleurs, sous forme de contre-exemple, essayez de les garder, ces éléments du décor qui ne servent à rien. Puis, appliquez-les, au pied de la lettre, dans des écoles élémentaires et maternelles tentaculaires, à vingt classes et plus, en serrant les élèves comme des sardines à 30 ou 35 par classe.
    Alors, une fois les enfants déguisés et réveillés à coup de chants patriotiques, continuez à appliquer les vieilles lunes pédagogiques qui remplissent les documents d'accompagnement des programmes, les livres du maître conseillés par nos mentors, les rayonnages de Canopé, les cours magistraux des ESPE et les animations pédagogiques obligatoires destinées aux professeurs des écoles (et de collèges, si j'ai bien compris).
    Un beau sweat-shirt bordeaux ou vert bouteille, une Marseillaise[2] et hop ! tous en EPI, tous en atelier d'écriture approchée, tous autour de vos Oralbums, tous sur vos tablettes numériques !

    C'est là que vous verrez à quel point le flacon que vous convoitez est aussi peu efficient qu'une chaussette, même tricotée main avec de la laine produite de manière éthique et responsable !

    À côté de cela, créez des écoles, sans uniformes ni chants patriotiques, mais avec moins de 100 élèves en maternelle et moins de 120 en élémentaire[3]. Dans ces écoles, ouvrez suffisamment de classes pour qu'aucune d'entre elle n'ait plus de 20 élèves (allons même jusqu'à 15, comme dans l'expérience des sweat-shirts bordeaux, là où toute espérance a été abandonnée de puis bien longtemps).

    Dotez ces classes de professeurs formés à des méthodes efficaces et à des programmes exigeants.
    Convainquez ces nouveaux enseignants de la capacité de leurs élèves à réussir, à petits pas certes mais de manière homogène. Montrez-leur l'inanité de l'évaluation à tire-larigot. Sortez-leur de la tête l'idée que tout est trop difficile et qu'il convient de réduire sans arrêt les exigences. Apprenez-leur que les compétences et les capacités naissent des connaissances et de la culture et que ce sont ces dernières qu'ils sont chargés de transmettre, certes avec bienveillance mais aussi sans parcimonie.
    Donnez-leur suffisamment d'heures de classe pour que leurs élèves aient le temps. Le temps de comprendre, le temps de s'exercer, le temps d'apprendre. Pour cela, délivrez-les des contraintes administratives, rédactions de projets[4], montages de dossiers, remplissages de livrets scolaires uniques, réunions administratives inutiles et chronophages.

    Veillez avec le même soin sur les programmes des centres de loisirs et des associations sportives ou culturelles et formez leur personnel avec la même attention et dans le même esprit que pour les apprentis professeurs.

    Enfin, parce que ces micro-expériences sont généralement appliquées sur des enfants dont les familles sont convaincues du bien-fondé des méthodes, aidez et même assistez dans leurs relations avec les familles les professeurs que vous aurez nommés sur ces nouvelles « écoles de la réussite ».
    Formez des assistants sociaux et installez-les avec tout l'appui dont ils auront besoin.  Ouvrez des maisons de santé dans lesquelles les consultations et les soins seront gratuits, installez-y des spécialistes prêts à aider à la parentalité responsable. Offrez aux familles d'enfants handicapés toute l'aide dont ils ont besoin, orientez-les vers les solutions éducatives les mieux adaptées et les plus efficientes compte-tenu de leurs handicaps. Protégez et favorisez l'éveil de la toute-petite enfance (de 0 à 2 ans) en créant des maisons dans lesquelles les parents seront accueillis avec leurs bébés et conseillés si le besoin s'en fait sentir.

    Alors, très vite, vous constaterez que dans ces écoles conçues pour la réussite, même en strings panthère et tongs, même en chantant Maman, les p'tits bateaux ou Pirouette, cacahuète tous les matins, les enfants sont studieux et bien élevés et leurs résultats scolaires sont très honorables.

    Il n'y aura plus qu'à généraliser l'expérience à toutes les écoles du territoire en n'oubliant ni le rural, ni les quartiers sans histoire, ni les fins fonds des DOM et des TOM...
    Et c'est ainsi que, sans créer de nouvelle niche pour l'industrie de la jupette plissée et de la socquette blanche, mais aussi sans risque pour notre démocratie, vous aurez donné à l'École les armes pour combattre l'échec scolaire et l'incivilité galopante.

    Dans la série « Élections Présidentielles, les vraies-fausses bonnes idées » :

    Le CP dédoublé

    La maternelle obligatoire

    L'autonomie des écoles primaires

    Notes :

    [1] ... par des initiatives privées, genre dames patronnesses, qui aiment les petits pauvres et veulent en sauver une douzaine par année d’âge, histoire de montrer comme elles sont bonnes et altruistes.

    [2] Vous pouvez même ajouter un financement privé par des entreprises du CAC 40 qui fournissent les jolis costumes, le drapeau, et paient l’entretien du bâtiment et le salaire des professeurs.

    [3] 200 en collège, c’est bon ? Ou il faut moins (ou plus) ?

    [4] De projet, il n’y en a qu’un : « Éduquer pour instruire, instruire pour éduquer ». C’est simple et cela ne nécessite pas de réécritures trisannuelles ad « carrieram » aeternam.


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  • II. 2. Mise en route - PS/MS (1)

    2. Mise en route

    La cohésion du groupe et l’autonomie matérielle de chaque individu, c’est ce que l’enseignant installera et cultivera dès les premiers jours dans sa classe à deux niveaux. Et, s’il tient à ce que ses élèves profitent rapidement des avantages que cela leur procurera, il sait que ce n’est pas en attendant que les élèves décident d’eux-mêmes des règles de vie ou de l’organisation du travail à mettre en place qu’il gagnera du temps. Dès avant la rentrée, il a réfléchi à l’organisation générale de sa classe et c’est dans un monde organisé qu’il a installé ses élèves.

    A) En Petite Classe[1]

    • Organisation de l’espace[2]

    L’espace au sol de la salle de classe est dégagé, un grand coin de regroupement est prévu, près d’un tableau d’affichage à hauteur d’enfant. Près de ce dernier, il a aménagé une bibliothèque équipée de rayonnages, de bacs, de fauteuils et d’une table de lecture.

    Deux ou trois tables ovales à six places sont installées près des étagères à matériel destiné à l’exercice de l’expérimentation et de la créativité plastique[3]. D’autres, individuelles ou collectives, sont installées près des placards ou sous des étagères contenant le matériel de jeux sensoriels[4]. Le nombre global de places assises correspond au nombre d’élèves scolarisés dans la classe[5].

    Une ou plusieurs pistes graphiques pouvant servir de chevalets de peinture occupent 3 à 4 mètres de longueur de mur, sur une hauteur d’un mètre environ.

    Enfin, plusieurs coins de jeux sont aménagés et clairement balisés. Ils peuvent accueillir par exemple (par roulement dans l’année) : une cuisine équipée, une chambre pour animaux en peluche et poupées, un établi avec ses outils, un garage et une piste routière agrémentés de véhicules variés, une ferme avec ses animaux, un zoo, une gare, des gros jeux de construction qu’on peut installer silencieusement au sol grâce à des tapis individuels. En ce début d’année, il a privilégié trois coins qui rappellent le plus la vie quotidienne : cuisine, chambre d’enfants, garage et piste routière et un quatrième, plus éloigné du quotidien : zoo, ferme ou établi, par exemple. 

    - Le coin de regroupement

    Le coin de regroupement sera le lieu central de sa pédagogie, l’endroit privilégié où s’effectuera l’accueil[6]  du matin et de l’après-midi. Son enceinte en est matérialisée par des bancs, des chaises ou des claustras très bas[7]. Les élèves pourront y faire face à un grand tableau destiné aussi bien à l’affichage qu’à l’écriture à la main. Devant ce tableau, une table basse permettra d’exposer objets, matériaux, fruits, plantes, ou même provisoirement animaux en cage ou en bocal… En dehors des moments de regroupements, sa surface pourra être utilisée pour déplier des tapis de jeux individuels ou de petits groupes.

    - Rangements des effets personnels

    Dans le vestiaire, chaque porte-manteau sera bientôt agrémenté d’un dessin très simple différent de tous les autres[8].  Dans la classe, on retrouve ces mêmes signes distinctifs sur un trieur à casiers. Ces signes se retrouveront ensuite sur tous les objets attribués à chacun des élèves : cahiers de liaison, gobelets, sacs à pantoufles, casiers à gants et bonnets, etc. Sur le bureau du maître, est affichée la liste des élèves[9] sur laquelle chacun de ces petits symboles correspond à l’un des enfants.

    • Emploi du temps

    Après la répartition horaire des parties collectives de l’école[10] lors du conseil des maîtres, l’enseignant a établi un emploi du temps journalier simple[11], alternant les périodes d’activités selon un rythme immuable.

    La cohésion du groupe étant son premier objectif, c’est par des moments collectifs qu’il a choisi de débuter et de clore chaque demi-journée. Il a tenu compte de la fatigabilité d’enfants si jeunes et prévu pour chacun de ces quatre moments collectifs une durée et des objectifs compatibles avec les rythmes circadiens de ses futurs élèves.

    Les activités favorisant l’autonomie de chacun faisant partie de son projet pédagogique, il les a intégrées à son emploi du temps comme des moments d’apprentissage. Enfin, parce qu’il sait qu’avant cinq ans, les différences individuelles sont souvent très importantes sans que cela ne présume en rien des capacités futures de chacun, il a prévu de longues plages horaires pendant lesquelles l’enfant, en tant qu’individu, apprend à son rythme, dans l’ordre qui lui convient, par l’activité, l’échange avec ses pairs, le dialogue avec l’adulte.

    • Progressions et évaluations

    Les rythmes individuels prenant encore largement le pas sur le rythme d’apprentissage collectif, le maître n’a mis en place aucune progression d’étape pour le moment. En revanche, il connaît sur le bout des doigts les connaissances et capacités qu’il compte faire acquérir d’ici la fin de l’année pour ses deux niveaux d’enseignement. Cela lui permettra tout au long de l’année de se laisser guider par les objectifs de ses élèves et leur irrépressible besoin de grandir, sans risquer de faire des impasses sur telle ou telle compétence essentielle.

    Il n’a pas prévu non plus de livrets d’évaluation, même cachés sous l’appellation de cahier individuel de réussites. Ses élèves grandiront forcément et leurs progrès suivront cette croissance, immanquablement. Il sait bien qu’ils n’ont nul besoin d’un cahier pour consigner ce qu’ils considèrent comme leurs réussites. Ils ont leur voix, claironnante, et sauront très bien tout seuls découvrir la chansonnette que tous les enfants entonnent lorsqu’ils sont fiers d’eux : « Eh ben moi, je sais faire… du vélo… sans rouleeeet-teuh !... Nananère ! »

    En revanche, il est prêt à les accepter tels qu’ils sont, avec leurs intérêts et leurs lenteurs de tout-petits, ne sachant parfois ni parler, ni écouter, ni dessiner, ni chanter, ni raconter, ni… et pourtant susceptibles de tant apprendre, tant comprendre qu’on peut dire que leur âge est celui des plus grands exploits ! Pour cela, toute l’année scolaire, il se tiendra près d’eux, avec eux, à leur écoute, tous ses efforts consacrés à les encourager, les aider et les soutenir sans jamais les brusquer ou les juger.

    • Rôle de l’ATSEM

    Après consultation du conseil des maîtres et de la charte des ATSEM adoptée par la commune de rattachement de l’école, il a dialogué avec l’ATSEM qui travaillera sous sa responsabilité. Elle a été mise au courant des habitudes de cohésion et d’autonomie qu’il compte mettre en place dès les premiers jours. Il lui a lu et commenté l’emploi du temps et lui a clairement expliqué ce qu’il attend d’elle à chaque moment :

    - aide matérielle aux élèves de manière à ce qu’ils apprennent à se passer rapidement de l’adulte dans les tâches les plus simples[12] ;

    - aide à l’encadrement du groupe lors des moments collectifs ;

    - préparation des matériaux à utiliser pour les ateliers de « patouille » et des documents ou objets utiles à l’affichage ou à l’exposition au coin de regroupement ;

    - installation du matériel de jeux sensoriels et d’imitation accessible aux enfants ;

    - rangement et nettoyage de tout ce qui a été manipulé, utilisé lors de la journée de classe ;

    - classement des travaux d’élèves et reliure ou collage dans un cahier communiqué aux familles ;

    - prise en charge ponctuelle d’un ou plusieurs élèves lors de l’exécution d’un atelier selon un « cahier des charges » établi à l’avance.

    (À suivre, le premier jour de classe)

    Annexes :

    Dans la même série :

     Tous les chapitres déjà mis en ligne sont répertoriés dans la Table des matières   évolutive que vous trouverez dans la partie Sommaires.

    Pour la partie présente :
     I. Idées reçuesII.1. Deux niveaux dans la même classe  II. 2. A. Mise en route - PS/MS (1)II. 2. A. Mise en route - PS/MS (2) ; II. 2. A. Mise en route - PS/MS (3).

    Notes :

    [1] Classe de Petite et Moyenne Sections, regroupant des élèves de 2 à 4 ans.

    [2] Voir Annexe III, A. Plans de classe.

    [3] Plus modestement définies, ces activités répondent au nom de Patouille et regroupent le dessin, la peinture, le découpage, le modelage, le collage mais aussi le tressage, le tissage, le piquage ou toute autre activité permettant d’exercer conjointement le sens du toucher et celui de la vue afin de mener l’enfant à affiner sa motricité et sa perception visuelle.

    [4] Jeux d’enfilages, de laçages, encastrements, mosaïques, puzzles, dominos, lotos grâce auxquels l’enfant exerce en même temps que ses doigts sa capacité à distinguer et marier les couleurs, à reconnaître formes et grandeurs, à concevoir des algorithmes et à les reproduire, à reconnaître et nommer figures, solides, relations spatiales, couleurs, tailles, …

    [5] Il serait d’une importance capitale que ce nombre n’excède jamais vingt, comme dans toute classe recevant des enfants de moins de cinq ans. On pourrait dans un premier temps tolérer entre vingt et vingt-cinq élèves dans un simple niveau mais, si l’on regroupe des enfants de deux ans à quatre ans neuf mois au début de l’année scolaire, il est important que cela se passe dans les conditions les meilleures : trois ou quatre « tout-petits », cinq ou six « petits » et environ une dizaine de « moyens ».

    [6] Au besoin, si l’accueil a encore lieu en classe, les parents qui y amèneront leurs bambins seront gentiment conviés à quitter la pièce au plus vite pour ne pas déranger la singulière alchimie qui est en train de créer, à partir de vingt et un individus disparates, un groupe-classe avec sa vie propre, ses aventures, ses découvertes, ses acquisitions.

    [7] Plus tard dans l’année scolaire, un simple balisage au sol pourra convenir et libérer l’espace au sol.

    [8] Un soleil, une lune, un arbre, une marguerite, une auto, un bonnet à pompon, des lorgnons, un bonbon, une sucette, une pomme, …, tous stylisés à base de figures géométriques simples, de façon à ce que très vite, les élèves de Moyenne Section puissent, sans peine, s’en servir pour signer leurs œuvres.

    [9] Prénom et nom de famille pour aller plus vite lorsqu’il s’agit de communiquer rapidement avec un parent venu chercher son enfant. « Madame la maman de Pierre », ça a toujours un petit côté bizarre et il n’est pas difficile d’apprendre vingt noms de famille comme on a appris vingt prénoms.

    [10] Salles de motricité, de propreté, bibliothèque, cuisine, salle informatique, cour, jardin…

    [11] Voir suggestion d’emploi du temps en Annexe II.

    [12] Déshabillage, suspension des vêtements, enfilage et boutonnage de plus en plus autonomes des vêtements, passage aux toilettes, lavage des mains, capacité à se déplacer calmement, sans courir ni bousculer, rangement du matériel utilisé et des travaux réalisés, nettoyage de l’espace de travail de plus en plus autonome…

     

     

     


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  • CE1 : Lecture et expression, module 13
    Nef de Charles Quint - Musée de la Renaissance - Écouen (95)

    Ce magnifique « bateau en or » pour annoncer l'avant-avant-dernier chapitre du manuel Lecture et Expression au Cours Élémentaire, chapitre consacré aux moyens de transport... plus ou moins réels, plus ou moins classiques.

    J'aurais voulu y ajouter un texte scientifique, portant sur les sources d'énergie, et puis, la place manquant, ce sera pour un futur manuel, dans le domaine « Questionner le monde », comme on dit maintenant. Enfin, peut-être...Les chantiers sont nombreux et le temps n'est pas extensible.

    En attendant, jouons aux devinettes avec les élèves de M. Derien, partons en bateau d'or sur un ruisseau, puis en bateau vert dans le jardin de Mme Trédégar ; enfourchons notre bicyclette pour déjouer les embouteillages, montons à bord de la frégate d'Alfred de Vigny, faisons le tour du monde dans un wagon doré avec Jacques Prévert avant de tenter enfin de tutoyer le soleil, munis d'ailes de cire et de plumes, avec Icare et Dédale.

    NOTA BENE : Je rappelle que je peux vous envoyer le manuel entier, du module 1 au module 13 et que je m'engage à mettre en ligne les modules suivants afin que vous puissiez suivre la progression complète avec votre classe ou votre enfant.
    Je rédige parallèlement un Livre du maître très détaillé que je vous enverrai aussi.
    Enfin, si toutefois vous connaissez un éditeur qui pourrait être intéressé par cet ouvrage un peu hors-norme, n'hésitez pas à me le faire savoir.

    Module 13 : Moyens de transport

    Manuel de l'élève :

    Édité le 31/12/20 : dans Le petit navire 1, § 4 : Va-t'en ; dans Le petit navire 2, § 2, il reprit ; dans Le bateau vert 3, § 2 : les fenêtres

    Télécharger « Chapitre 13.pdf »

    Livre du maître :

    Télécharger « LDM module 13.pdf »

    Dans la même série :

    A) Lecture Année 1 :

    Module 1

    Modules 2 et 3

    Modules 4 et 5

    Module 6

    Modules 7 et 8

    Module 9

    Module 10

    Module 11

    Module 12

    ...

    Module 14

    Apprendre à lire au CE1

    Annexe 2 : Rédaction collective d'une phrase

    B) Lecture Année 2 :

    Lecture et Expression, Année 2 (1) ; En cours de rédaction

    C) Dictées :

    CE1-CE2 : Dictées Lecture et Expression (1) ; CE1-CE2 : Dictées Lecture et Expression (2) ; CE1-CE2 : Dictées Lecture et Expression (3)

    D) Foire aux questions :

    CE : Utiliser Lecture et Expression (FAQ 1) ; LECE: Comment faire en CE1 CE2 ? ; CE1 : Lecture et Expression au quotidien

    Nouveautés :

    Pour consulter le sommaire de ce blog.

    La classe multi-âges : II. Deux niveaux dans la même classe (1)

    Élections présidentielles : Le CP dédoublé

    Élections présidentielles : La maternelle obligatoire

    Élections présidentielles : L'autonomie des écoles primaires


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  • II. Deux niveaux dans la même classe (1)
    Merci à Hellokids pour cette BD parfaitement adaptée à la situation.

    1. Rentrée des classes

    C’est la rentrée des classes. Après l’accueil des parents, les langues vont bon train…

    « C’est catastrophique ! Comme il y a trop d’enfants de Petite Section mais pas assez pour en faire deux classes, certains enfants de trois ans iront en classe dans la même salle et avec la même maîtresse que ceux de Moyenne Section ! Ils parlent même d’y mettre des tout-petits qui ont à peine deux ans…

    – Oh ! Mais c’est terrible ! Cela veut dire que les petits n’iront pas à la sieste ? Et puis, ils ne vont jamais arriver à suivre.

    – Mais enfin, ils ne vont pas retarder les moyens pour s’occuper des petits, quand même ! Sinon, le mien qui est déjà très en avance va s’ennuyer.

    – Moi, en tout cas, je demande un rendez-vous à la directrice. Je ne veux pas que ma fille vienne à l’école pour faire la sieste.

    – Non, mais ne vous inquiétez pas. Je pense que la maîtresse s’occupera des plus âgés et qu’elle laissera les petits à l’ATSEM. De toute façon, pour ce qu’ils font à cet âge-là !

    – Dans ces cas-là, j’enlève le mien. Il retourne chez la nounou dès demain. Au moins, là, il aura une adulte presque pour lui tout seul… ».

    Deux ou trois années plus tôt, à la rentrée de septembre 2015, pendant le conseil des maîtres de l’école voisine, une oreille indiscrète entendait : 

    « Non mais c’est impossible !

    – En tout cas, moi, je ne la prendrai pas !

    – Même si on la charge moins ? On pourrait…

    – Non ! Pédagogiquement, c’est infaisable.

    – En plus, elle sera à cheval sur deux cycles !

    – Oui, c’est vrai, ça… Le CE1, c’est cycle 2, et le CE2, c’est cycle 3. On n’a pas du tout les mêmes objectifs[1].

    – À moins qu’alors, on mette une partie des 2010 avec les 2009 ?

    – Quoi ? Des CP avec des CE1 ?

    – Ah non, c’est infaisable ! L’enjeu de la lecture est bien trop important. Ils seront noyés… »

    La conversation dura des heures et des heures sans que jamais personne n’arrivât à se mettre d’accord. Et ce n’est qu’à la toute fin de l’année scolaire qu’on décida qu’on mettrait le collègue fraîchement nommé devant le fait accompli et qu’il hériterait d’une classe de 8 élèves de CE1 et 17 de CE2…

    Deux à trois semaines après la rentrée, le temps que tout le monde ait pris ses marques, si ces deux classes ont été prises en charge par des collègues sûrs de leurs méthodes et conscients des enjeux de chacun de ses deux niveaux, les discours auront radicalement changé.

    Du côté des parents de maternelle, on se réjouira de la bonne intégration des enfants, de leur envie d’aller à l’école, des premiers progrès accomplis, de l’ambiance chaleureuse qui règne dans leur classe. 

    Du côté des enseignants d’élémentaire, les réactions seront plus mitigées. Il n’est pas facile d’admettre qu’on a eu tort et que, finalement, la catastrophe annoncée de façon certaine n’a pas l’air de se profiler à l’horizon.
    Et il sera encore plus dur de reconnaître en fin d’année scolaire que, finalement, à exigences et contenus égaux, les élèves de la classe à double niveau auront peut-être même un petit avantage dans le domaine de l’autonomie et de la prise de responsabilités.

    Dans la même série :

     Tous les chapitres déjà mis en ligne sont répertoriés dans la Table des matières   évolutive que vous trouverez dans la partie Sommaires.

    Notes :

    [1] Eh oui, les cycles, c’est un peu comme la chronobiologie ! Ça va, ça vient au gré des lubies des adultes… Il fut un temps où, après avoir fait partie pendant plus d’un siècle du même Cours Élémentaire, les classes de CE1 et CE2 appartenaient pour la première au Cycle des Apprentissages Fondamentaux et pour la seconde à celui des Approfondissements… Les voici à nouveau tous deux rassemblés… jusqu’à la prochaine fois !


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  • CP dédoublés : une vraie-fausse bonne idée

    Certains de nos candidats à la présidentielle envisagent de diviser par deux le nombre d’élèves par classe de CP (et même de CE1), dans toutes les écoles situées en REP (Réseau d'Éducation Prioritaire).
    Ils ont entendu dire que, dans ces classes où la difficulté s’est concentrée, les enseignants se trouvent bien souvent non pas face à 20% mais parfois 80 à 90% de non-apprentissage, ce qui me semble énorme et peu conforme à ce que je lis ici et là de la part des collègues de CE1 qui reçoivent ces ex-petits CP[1]...
    Les spécialistes auxquels ils se sont sans doute adressés leur ont alors expliqué que « ces enfants-là » avaient besoin d'un enseignement plus individuel, ou bien d’autres méthodes.

    Cette division est véritablement nécessaire là où les classes sont chargées (dépassant le seuil fixé à 25 élèves depuis les années 1980).

    En revanche, si l’effectif est inférieur à ce chiffre, ce n’est pas forcément indispensable, même si, dans des zones difficiles, la norme pourrait avantageusement être fixée entre 15 et 20, comme en maternelle.
    Trop réduire le nombre d’enfants par classe peut réduire les échanges et empêcher qu’il se crée une synergie d’apprentissage.

    L’enseignement plus individuel n’est pas la panacée non plus.

    Bien au contraire, la plupart des enfants ont besoin d’échanger, de se retrouver, de découvrir une certaine émulation pour avoir envie de s’investir.
    L’individualisation n’est nécessaire que pour un nombre très réduit d’enfants à problèmes comportementaux lourds, qui ne supportent pas cette comparaison aux autres. Leur réserver les classes à très faible effectif, en y adjoignant l’intervention d’un service scolaire de santé  fort, serait sans doute moins coûteux et bien plus « payant ».

    L’enjeu des méthodes est en revanche fondamental !

    La recherche scientifique a confirmé qu’il existe des méthodes « qui fonctionnent » et d’autres « qui fabriquent des illettrés ».
    Imposer les premières ne sert qu’à braquer les enseignants. Certains s'y sont essayés et le résultat a été plus que mitigé.
    Mieux vaudrait une communication positive autour des théories de Mmes et MM. Garcia et Ollier[1 bis], Dehaene[2], Terrail et Dauvieau[3] ou des mises en pratiques de Mmes et MM. Alvarez, Reichstadt, Ouzoulias, Zorman, ...[4]

    Cela révélera la grande oubliée de ce projet...

    Celle dans laquelle pourtant tout commence : la Grande Section.

    Si dans ce niveau, tout est fait pour démarrer efficacement les élèves en écriture, lecture et calcul, sans précipitation ni contrainte incompatible avec l’âge des élèves, tout simplement par la vie quotidienne et le jeu, ces apprentissages seront bien installés largement avant l’entrée au CE1. La nécessité des classes de CP à effectifs réduits sera alors beaucoup moins criante.

    Cette économie substantielle, puisque d'aucuns parlent de 6 000 classes à dédoubler, donc de 12 000 postes à « bloquer » sur cette initiative, pourrait en revanche contribuer à financer la première pierre posée afin que, très vite, sur l'ensemble du territoire, ...

    il n'y ait plus aucune classe maternelle ou de CP à plus de 20 élèves et plus aucune autre classe d'élémentaire à plus de 25.

    Dans la série « Élections Présidentielles, les vraies-fausses bonnes idées » :

    La maternelle obligatoire

    L'autonomie des écoles primaires

    L'uniforme à l'école

    Notes :

    [1] Cela tournerait autour de 20 à 25 % de non-lecteurs, parfois un peu plus en cas de « méthodes » de lecture véritablement délirantes employées dans des classes où les remplaçants se succèdent, de manière épisodique, quand l'administration trouve quelqu'un pour assurer le service public.

    [1 bis]  http://www.ecritureparis.fr/pour-les-enseignants/articles/29-reapprendre-a-lire-de-sandrine-garcia-et-anne-claudine-oller-un-veritable-brulot-pedagogique

    [2] https://www.franceculture.fr/sciences/les-neurones-de-la-lecture-par-stanislas-dehaene

    [3] https://rfp.revues.org/842?lang=en

    [4] Ou encore les miennes ?... Pour une maternelle du XXIe SiècleSe Repérer, Compter, Calculer en GSÉcrire et Lire au CP, livret 0Écrire et Lire au CP, livret 1 ; Écrire et Lire au CP, livret 2 ; Lecture et Expression au CE1.


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