• III. 2. B. Mise en route - MS/GS/CP (3)

      De la Moyenne Section au Cours Préparatoire 

    (3e partie)

    Premier jour de classe 

    Après-midi :

    1) Musique, chant, jeux d’écoute et de phonologie

    Après l’accueil, qui a lieu de préférence dans la cour ou les parties communes de l’école, suivi d’un bref passage aux toilettes pendant lequel les enfants pourront aussi se désaltérer, le maître regroupe ses élèves au coin de regroupement. Si les habitudes locales l’exigent ou s’il constate qu’un simple moment de calme ne suffira pas, après la reprise de la comptine du matin, il enverra ses élèves de Moyenne Section se reposer dans le dortoir en compagnie de l’ATSEM.

    Il commence la séance de musique par une reprise de la comptine utilisée le matin pour le retour au calme de la séance d’EPS. Il continue par un jeu d’écoute[1], à l’aide d’instruments à percussion que les enfants découvriront peut-être à cette occasion.

    Après, ce jeu, très court, il présente à ses élèves les personnages des Alphas et tout particulièrement ceux dont ses élèves de Cours Préparatoire ont entendu parler le matin lors de la séance de lecture : Monsieur A et le Chat. Tous les enfants jouent à moduler sur le son [a] en variant la hauteur et l’intensité, à souffler l’air entre ses dents serrées pour produire le son « ch », à chercher des mots dans lesquels on entend « a » « ch » et enfin « cha ». Aucune évaluation n’est mise en place, y arrive qui peut et qui n’y arrive pas n’est en aucun cas repris ou même étiqueté dans l’esprit du maître qui sait que tout vient à point à qui sait attendre et qu’il n’y a pas un seul chemin pour passer de la maîtrise de l’oral à celle de l’écrit. Tous sont encouragés et félicités chaudement pour leur attention et leur participation, même très minime.

    La séance se termine par un petit exercice d’échauffement des doigts afin de préparer les enfants à passer à l’exercice écrit qui va suivre.

    2) Préparation à l’écriture ; Calcul écrit

    Les élèves de Cours Préparatoire sont alors dirigés vers leur place où, après une relecture de la page du cahier de mathématiques, le maître leur explique le dernier exercice[2].

    Il installe alors les enfants de Moyenne[3] et Grande Sections face à lui et leur propose à tous quelques exercices les amenant, par le jeu et l’expression, à acquérir les gestes de l’écriture liée. Si les plus jeunes n’en sont pas encore à se préparer à l’écriture cursive proprement dite, les élèves de Grande Section en revanche doivent, dès ce premier jour, prendre l’habitude des gestes qu’ils auront à produire lorsque le temps d’écrire sera venu pour eux. Des petits exercices, très courts, de latéralisation, de tenue du crayon, de mobilité des doigts, de position de la feuille, de perception de la ligne, de geste à s’approprier[4] s’enchaînent donc pendant les 15 minutes.

    3) Questionner le monde ; Expression Plastique

    Selon sa sensibilité, le maître a programmé une séance d’Observation ou d’Arts Visuels. Ce travail commun permet d’installer de nouvelles règles, de mettre en place de nouvelles habitudes. Chaque élève est appelé à participer, à s’exprimer, à faire preuve de créativité et de curiosité. Comme dans les plus petites classes, les enfants participent tant à l’installation qu’au rangement. Ils prennent possession de leur classe, apprennent à s’entraider, à accompagner les plus jeunes, à s’associer pour être plus efficaces. Le maître les encourage, les aide, leur simplifie la tâche tout en gardant à l’esprit qu’il vise leur autonomie, leur joie d’apprendre, leur bonheur de se voir progresser à chaque instant.

    Il installe par petites touches des connaissances, des savoir-faire, félicite les réussites même partielles, minimise les échecs et assure qu’ils sont temporaires parce que les enfants sont là pour grandir et pour apprendre… Son rôle, c’est d’instaurer l’effort et la discipline librement consentis, chers à Célestin Freinet et de « libérer les enfants qu’on lui confie des obstacles qui empêchent le développement de sa vie[5] ».

    4) Récréation

    Voir Matinée.

    5) EPS : expression corporelle (mime ou danse)

    La journée se termine. Après quelques minutes en classe, consacrées aux rangements[6], la petite troupe finit sa journée comme elle l’a commencé : en se dépensant physiquement « en vue d’une série de buts intéressants, canalisant ainsi l’irréfrénable activité [des enfants], dans l’ordre et vers le perfectionnement[7] ».

    Interdisciplinarité oblige, les exercices physiques qu’il propose entraînent ses élèves vers la perception de l’horizontalité et du sens gauche-droite de l’écriture, avec un saute-mouton aménagé, puis vers l’écoute musicale et le geste d’écriture, avec un moment de danse avec rubans visant à faire sentir aux élèves de Grande Section le geste de la boucle, vers le vivre-ensemble et le comptage, avec un jeu du type Filet du pêcheur

    En fin de séance, cinq minutes de relaxation détendent les élèves avant leur départ vers d’autres lieux. Le maître en profite pour rappeler à ses élèves de Cours Préparatoire qu’ils doivent montrer à leurs familles comme ils savent bien lire la première page de leur livre de lecture et tout le monde se souhaite une bonne soirée et se dit à demain.

    Premières semaines

    Le lendemain et les jours suivants, le maître continuera à faire de son groupe d’élèves une classe, c’est-à-dire un groupe d’enfants qui apprennent et réfléchissent ensemble, aidés par un adulte bienveillant qui est là pour eux.  

    Le rythme des journées, toujours identique, permet l’acquisition de repères temporels sûrs. Le maître aide ses élèves en variant le moins possible l’ordre et la durée des activités.  Ses élèves étant encore un peu jeunes pour lire l’heure sur l’horloge de la classe, il s’aide pour ponctuer le temps d’un minuteur qui sonne lorsqu’il est temps de changer d’activité ou de se préparer pour la suivante. L’acquisition du rythme hebdomadaire, ainsi que le nom des jours commence à venir, au moins pour les plus âgés, grâce aux activités variées de milieu d’après-midi : « Le lundi, c’est le jour des arts visuels. Le mardi, en sport, nous pouvons aller dans le gymnase. Le mercredi, c’est le jour où nous n’avons école que le matin... » Le maître n’impose rien, il se contente de donner chaque jour la date et de rappeler quelles activités sont prévues à l’emploi du temps.  Il sait que tout viendra en son temps si l’organisation du temps qu’il propose est claire et routinière. 

    Les activités sportives sont le point de départ de la journée de classe. Les élèves savent que les jeux qu’ils y pratiquent, les attitudes qu’ils y travaillent, l’organisation qu’ils y mettent en place seront repris sous une forme différente en classe, au cours des apprentissages que les adultes qualifient de fondamentaux[8].

    Les plus jeunes vivent à leur rythme leur petite enfance pendant que leurs aînés l’abandonnent peu à peu et, pour les plus âgés, entrent de plain-pied dans le monde des élèves. Chaque journée amène son lot de progrès, aussi bien en expression orale et écrite, qu’en découvertes sensorielles, aptitudes physiques, savoirs mathématiques, connaissances culturelles... Le vocabulaire et la syntaxe, travaillés essentiellement à travers l’oral en ce début d’année, s’invitent à longueur de journée, à travers toutes les activités qui, chacune à sa manière, sollicite l’effort d’expression et de mémorisation de tous.  

    Tous ces moments d’apprentissages assurent la prise d’autonomie et l’envie d’apprendre de chacun. La cohésion du groupe s’installe et les enfants prennent plaisir aux grands jeux que le maître organise et où chacun a sa place, au milieu de tous ses camarades. Ils ont compris que les moments d’activité collective sont tous chargés d’une dimension instructive. Les apprentissages, grâce à leur place prépondérante et leur caractère routinier, se structurent. Les plus jeunes, encore libres de s’intéresser ou non aux apprentissages fondamentaux savants, se laissent entraîner par le mouvement ; chaque élève a donc plus ou moins conscience que les moments institutionnalisés permettent à la classe toute entière de prendre des repères de plus en plus fins dans le monde de l’écrit, entendu, tracé, vu et même lu, pour les élèves de Cours Préparatoire. Chacun sait où il va, confiant dans ses capacités car épaulé par son maître et ses camarades de classe qui avancent avec lui, sur le même chemin.

    Dans la même série :

     Tous les chapitres déjà mis en ligne sont répertoriés dans la Table des matières   évolutive que vous trouverez dans la partie Sommaires.

    Pour la partie présente 

    I. Idées reçues  ; III.1. Trois niveaux dans la même classe ; III. 2. B. Mise en route - MS/GS/CP (1) ; III. 2. B. Mise en route - MS/GS/CP (2) ; ...

    Notes :

    [1] Voir De l’écoute des sons à la lecture, op. cité, chapitre I, A, 1 : Se repérer dans l’espace et le temps, Les suites de sons, Présentation des instruments.

    [2] Dans le fichier Compter, calculer au CP, il s’agit d’observer une gravure et d’écrire la quantité d’objets ou d’animaux représentés présents sur l’illustration (0 ou 1).

    [3] Pour l’instant, ceux qui dorment ne sont pas réveillés ; il attend que tous aient 5 ans révolus pour proposer aux familles d’écourter puis, si possible, de supprimer la sieste à l’école.

    [4] Je propose la boucle pour les élèves de GS et l’alignement de petits traits verticaux, tracés par l’index de haut en bas, à la peinture au doigt, alors que le pouce et les autres doigts sont repliés autour d’une boule de cotillon pour les enfants de MS.  

    [5] M. Montessori in Pédagogie scientifique, tome 1, L’ambiance, Liberté du développement, p. 47

    [6] Tables, placards de jeux, cartables des plus âgés… On peut aussi placer ces quelques minutes juste avant la récréation.

    [7] M. Montessori, opus cité.

    [8] Pour beaucoup, cela se résume au triptyque « écriture, lecture, calcul », oubliant au passage l’enseignement oral du vocabulaire et de la syntaxe, nourri par toutes les activités d’écoute et d’échanges autour de la littérature et de l’observation des choses, des mondes et des époques, proches ou plus lointains et l’acquisition d’aptitudes motrices et particulièrement manuelles déliées.


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  • III. 2. B. Mise en route - MS/GS/CP (2)

      De la Moyenne Section au Cours Préparatoire 

    (2e partie)

    Premier jour de classe 

    Matinée :

    La tonalité du premier jour et des quelques suivants donne la tonalité de l’année scolaire. L’organisation, la convivialité, les habitudes, l’utilisation du matériel scolaire s’installeront donc en action, pendant les activités scolaires proprement dites. Les élèves arrivent donc dans une classe prête à fonctionner. Les plus grands ont déjà leur matériel[1], dans leur bureau ou leur casier. Il est marqué à leur nom et c’est en l’utilisant qu’ils apprendront à en prendre soin.

    1) Accueil des familles ; Éducation Physique et Sportive

    Après le départ des parents, la classe pourra commencer. Comme dans les classes précédentes, le maître fait en sorte de faciliter la séparation et d’encourager les parents comme les enfants, surtout les plus jeunes, à faire confiance à l’école.

    Il présente brièvement les lieux et son projet, annonce la date de sa réunion de rentrée, encourage les familles à venir plutôt le voir à un autre moment qu’à la rentrée du matin[2]. Ainsi il commence à poser les jalons qui lui permettront de disposer de sa classe et de ses élèves pendant l’intégralité des heures de classe dévolues à l’enseignement[3], ni plus, ni moins.

    Si cela est possible et ne heurte pas les convictions du conseil des maîtres, il annonce qu’à partir de l’après-midi, c’est dans la cour, sous le préau ou dans la salle polyvalente qu’il accueillera ses élèves.

    Ceci lui permet de bien installer le principe de la salle de classe, lieu de vie du groupe-classe et seulement du groupe-classe. L’emploi du temps du matin commençant par une séance d’éducation physique, c’est tout naturellement que, dès le lendemain matin, il pourra récupérer ses élèves dans la cour, le préau ou la salle de sport.

    La première séance de sport étant abrégée, il met en place un jeu de repérage spatial[4] rapide qu’il décrit, en ce jour de rentrée, comme celui du nouveau maître qui ne connaît pas les usages. Les élèves se déplacent librement dans la salle ou dans la cour, il en profite pour observer le tempérament de chacun, calmer les uns, encourager les autres, séparer les bavards et les bagarreurs… Lorsqu’il frappe dans les mains, tous doivent s’immobiliser et écouter la consigne qu’il mime tout en l’énonçant : « En ligne, un par un, devant moi ! ». Lorsque la ligne est réalisée, après un petit tour de piste au son d'une comptine rythmée par des frappés de mains, il renvoie ses élèves s’ébattre dans l’espace de jeu avant de recommencer la succession des quatre actions : immobilisation, écoute de la consigne mimée qui varie à chaque nouvel essai, réalisation de la consigne, petit tour de piste en exécutant un rythme frappé et chanté.

    Cinq minutes avant la fin de la séance, il fait asseoir tous ses élèves en rond, propose un passage aux toilettes et finit la séance par un jeu d’attention visuelle : après une courte comptine, accompagnée d’un jeu de doigts, les élèves, assis, les mains sur les genoux, observent le nombre de doigts que le maître lève ; lorsqu’il cache sa main derrière le dos, ils doivent montrer à leur tour le même nombre de doigts. Il recommence trois ou quatre fois puis conduit ses élèves en classe et s’installe avec eux au coin-de regroupement.

    2) Regroupement : Langage oral

    Après un rapide tour d’horizon des lieux et des personnes (prénom, niveau de chacun), le maître écrit la date du jour au tableau et présente à tous l’illustration du manuel de lecture de la classe de Cous Préparatoire. Tous décrivent l’image et formulent des hypothèses quant à l’histoire que cette image illustre. Le maître soutient l’attention, distribue la parole, instaure les premières règles de débat collectif.

    Peu à peu, le maître oriente la conversation vers la phrase ou les mots qu’il souhaite voir produire aux élèves et clôt la séance en écrivant au tableau ce qu’il va vouloir transmettre à ses apprentis-lecteurs dans la séance suivante.

    3) Dessin libre ; dictée à l’adulte – Lecture

    Les plus jeunes sont accompagnés à leurs tables où les attend l’ATSEM, elle distribue les feuilles déjà datées et préparées à leurs noms et leur montre où aller chercher les crayons. Chacun dessine et raconte à l’ATSEM ce qu’il a dessiné. Celle-ci l’écrit sur le dessin ou, si elle préfère, range les dessins pour que le maître puisse le faire lui-même.

    Elle accompagne les enfants et leur montre les activités qu’ils peuvent désormais pratiquer en attendant que le maître les rejoigne.

    Celui-ci mène la première séance de lecture des Cours Préparatoire déjà bien entamée grâce à la séance de langage oral. Il ne reste à en voir que la partie qui permet de passer de la lecture à l’écriture : l’analyse de ce qu’on voit, entend et finalement trace.

    4) Jeux sensoriels, d’imitation et d’expression plastique – Écriture, exercices écrits

    Le maître passe insensiblement de la séance de lecture à la première séance d’écriture et suit ses quelques élèves de CP dans leurs premières réalisations. Il encourage les moins à l’aise, les aide au besoin, cherchant avant tout à créer un climat de confiance et de progrès. Le premier exercice écrit est forcément court et simple, les élèves peuvent le réaliser seuls.

    L’ATSEM, pendant ce temps, veille à ce que les élèves de Moyenne et Grande Sections en activité libre adoptent des comportements d’autonomie compatibles avec la vie d’un groupe d’individus d’une vingtaine de personnes dans un espace clos. Elle rappelle les règles, encourage les plus timides en jouant au besoin avec eux, freine au contraire les plus remuants et leur trouve une activité calme pour les canaliser un moment. Le maître garde un œil sur tout cela et prend en main la situation si des difficultés interviennent.

    Dès qu’il le peut, les exercices dévolus aux enfants de Cours Préparatoire en tout début d’année ne sont ni très compliqués, ni très exigeants, il rejoint le groupe des petits et participe lui aussi aux jeux des uns, aux discussions des autres et veille à la bonne tenue de tous.

    Les grands du Cours Préparatoire qui ont fini leur travail vienne le lui montrer et il les aide de ses conseils au besoin. Si tout va bien, après rangement de leur matériel, les élèves les plus âgés rejoignent leurs petits camarades aux coins d’activités autonomes jusqu’à l’heure de la récréation où tous participent au rangement et au nettoyage du coin d’expérimentation et expression plastique.

    5) Récréation

    Le maître se plie aux usages locaux et, après avoir encouragé les élèves à aller aux toilettes avant de sortir, il les accompagne dans la cour. Là, ils seront pris en charge par les maîtres de service ou surveillés par l’ensemble de l’équipe enseignante, selon les décisions prises en conseil des maîtres.

    6) Langage : Conte

    En ce début d’année, le maître a surtout pensé aux plus jeunes de ses élèves et propose un album très simple dont les illustrations très évocatrices permettront, après observation libre, de les entraîner tous vers le plaisir d’écouter des histoires.

    Il présente donc rapidement la première de couverture, après avoir annoncé le titre. Il laisse alors les élèves expliquer ce qu’ils voient, en donnant d’abord la parole aux plus jeunes. Les plus grands, sollicités les derniers, pourront commencer à émettre des hypothèses, chercher des relations de cause à effet, trouver des liens entre le titre et l’illustration.

    Il finit la séance, décidément très courte, par un feuilletage rapide de l’album, et explique brièvement que, les jours prochains, il leur racontera l’histoire de ... qui voulait ... et qui, après bien des aventures (..., ..., ..., ...), a réussi à ... . Il laisse le livre sur la table d’exposition du coin de regroupement et entraîne ses élèves vers d’autres activités collectives en rapport avec les premiers apprentissages mathématiques qu’il souhaite installer chez les plus âgés de ses élèves.

    7) Des outils pour structurer la pensée

    Ce seront quelques relations spatiales pour ceux de Grande Section, l’écriture, la lecture, la vision globale et les décompositions possibles des « quantités » égales à 0, 1, 2 et 3 pour ceux de Cours Préparatoire.

    Les jeux collectifs sont simples, rapides et reprennent ceux effectués le matin en EPS[5]. Les élèves de Moyenne Section sont présents, ils participent avec les autres et sont aidés pour cela par l’ATSEM et le maître.

    Pendant que les élèves de Cours Préparatoire s’entraînent à écrire les chiffres 0 et 1 sur leur ardoise, puis sur leur cahier d’exercices sous la surveillance de l’ATSEM, le maître a gardé avec lui les enfants de Moyenne et Grande Sections. Les aînés ont une fiche d’exercice sur laquelle, ils doivent colorier en rouge les seaux situés devant les enfants ; les plus jeunes ont un petit personnage et un accessoire et doivent suivre la consigne du maître pour placer l’accessoire par rapport au personnage.

    Au bout de quelques minutes, chacun a fini son exercice et peut se diriger vers les coins de Jeux sensoriels ou d’imitation grâce auxquels, librement, ils continueront à exercer leurs capacités à compter, calculer, organiser l’espace et le temps, apprécier et ordonner les formes et les grandeurs. Le maître et l’ATSEM accompagnent les jeux, sollicitent les élèves, aiguillent leurs intérêts vers le côté mathématique de chaque activité[6], calment les ardeurs des plus « actifs », participent au rangement qui clôt la matinée.

    Les enfants sont récupérés par leur famille, le service de transport ou de restauration scolaire dans la classe.

    À suivre :

    Après-midi et Premières semaines.

    Dans la même série :

     Tous les chapitres déjà mis en ligne sont répertoriés dans la Table des matières   évolutive que vous trouverez dans la partie Sommaires.

    Pour la partie présente 

    I. Idées reçues  ; III.1. Trois niveaux dans la même classe ; III. 2. B. Mise en route - MS/GS/CP (1) ; ... ; III. 2. B. Mise en route - MS/GS/CP (3)

    Notes :

    [1]  Voir Annexe V.

    [2] Il peut par exemple fixer un après-midi par semaine où, après l’école, il accueillera parents et enfants pendant le temps d’Activités Pédagogiques Complémentaires, ou annoncer qu’il est à l’école tel et tel jour pendant la pause méridienne…

    [3] Vingt-quatre heures par semaine, au moment où j’écris.

    [4] Voir Se repérer, Compter, Calculer en GS, page 8 (Maman Poule et La Maîtresse Folle).

    [5] Voir par exemple les livres du maître de Se Repérer, Compter, Calculer en GS et de Compter, Calculer au CP (j’ai la première version de ce dernier et peux l’envoyer à toute personne qui m’en fera la demande).

    [6] En les incitant à compter, calculer, ordonner, trier, ranger, classer, reproduire une suite, un pavage, un algorithme, ...

     


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    III. 2. B. Mise en route - MS/GS/CP (1)

    2. Mise en route

    La cohésion du groupe et l’autonomie matérielle de chaque individu, c’est ce que l’enseignant installera et cultivera dès les premiers jours dans sa classe à trois niveaux. Comme il a tout intérêt à ce que ses élèves profitent rapidement des avantages que cela leur procurera, il sait que ce n’est pas en attendant que les élèves décident d’eux-mêmes des règles de vie ou de l’organisation du travail à mettre en place qu’il gagnera du temps. Dès avant la rentrée, il a réfléchi à l’organisation générale de sa classe et c’est dans un monde organisé qu’il a installé ses élèves.

    B) De la Moyenne Section au Cours Préparatoire

    • Organisation de l’espace

    Le coin de regroupement constitue le pôle central de la classe, près d’un tableau d’affichage à hauteur d’enfant. L’espace au sol dégagé existe toujours, mais il n’est plus aussi important que dans une classe de petits ; il peut aussi se trouver dans une salle attenante si l’école en possède une. Le tout est complété par une bibliothèque équipée de rayonnages, de bacs, de fauteuils et d’une table de lecture.

    Une ou deux tables ovales à six places sont installées près des étagères à matériel destiné à l’exercice de l’expérimentation et de la créativité plastique[1]. Une piste graphique pouvant servir de grand chevalet de peinture occupe 3 à 4 mètres de longueur de mur, sur une hauteur d’un mètre environ.

    D’autres tables, individuelles ou collectives, sont placées près des placards ou sous des étagères contenant le matériel de jeux sensoriels. Ces tables pourront avoir un double usage et être dévolues par moments aux Travaux Écrits des élèves de GS ; elles doivent donc pouvoir se placer face au tableau d’écriture.

    Pour les élèves de CP, un coin d’écriture-lecture a déjà été aménagé. Les élèves assis à une table feront face à un grand tableau destiné aussi bien à l’affichage qu’à l’écriture à la main. Ce coin peut être, comme en MS/GS[2], près du tableau de regroupement qui aura alors double usage.

    Enfin, un coin est réservé aux jeux d’imitation et de construction[3]. Le matériel y est exposé dans des étagères à claire voie afin que les élèves puissent choisir ensemble celui qu’ils sélectionneront chaque jour et aménager l’espace de jeu à leur convenance.

    Si le maître dispose d’une ATSEM à temps plein, ce qui doit être réclamé comme indispensable, il peut envisager d’installer ce coin de jeu dans une salle attenante communiquant directement avec la salle de classe.

    Pour l’organisation et l’utilisation de ces différents espaces (jeux d’imitation, activités motrices fines, jeux sensoriels et mathématiques), on se reportera aux chapitres II.2.A et II.2.B ou à l’ouvrage Pour une maternelle du XXIe siècle[4].

    • Emploi du temps

    Après la répartition horaire des parties collectives de l’école[5] lors du conseil des maîtres, l’enseignant établit un emploi du temps journalier simple[6], alternant les périodes d’activités selon un rythme immuable.

    La cohésion du groupe étant son premier objectif, c’est par des moments collectifs qu’il choisit de débuter chaque demi-journée. Seule la fin de matinée se clôturera par un moment de jeu-travail individuel.

    Il tient compte de la fatigabilité des enfants et prévoit pour chacun des moments de la journée une durée et des objectifs compatibles avec les rythmes circadiens de ses futurs élèves. Ainsi, les activités d’écriture, de lecture et de mathématiques, dans ce qu’elles ont de plus exigeant intellectuellement sont placées en cours de matinée alors que leur partie ludique et créative ou répétitive est intégrée aux activités de l’après-midi. Il choisit de ne jamais excéder 20 à 30 minutes consécutives sur la même activité. Seule la plage de l’après-midi consacrée aux Arts Visuels ou à l’Observation[7] excède cette durée. Il veillera à en varier les activités de manière à ce que ses élèves, même les plus jeunes, ne se lassent pas.

    Ses élèves de Moyenne Section ayant encore besoin d’exercer leurs capacités de manière globale afin de ne pas freiner leur développement en étoile alors que ceux de Grande Section et Cours Préparatoire ont besoin de plus de structuration, il a prévu que les activités structurées des plus grands se déroulent en parallèle de celles de temps libre en autonomie des plus petits.

    Néanmoins il fait en sorte que les élèves de Cours Préparatoire et à plus forte raison de Grande Section aient à plusieurs reprises dans la journée l’occasion de s’extraire du groupe pour mener un projet personnel ponctuel[8]. Cependant il place ces plages horaires de manière à ce qu’elles puissent se réduire progressivement en cours d’année jusqu’à céder leur place à des moments collectifs plus structurés selon des projets communs de moins en moins ponctuels en toute fin d’année.

    • Progression

    Si les plus jeunes de la classe en sont encore aux progressions individuelles en étoile[9] qu’on ne peut pas mettre en cases, le maître souhaite que les plus âgés, qui ont désormais suffisamment aménagé leur personnalité, trouvent dans leur classe les moyens et l’envie de structurer leurs apprentissages pour les rendre plus efficaces.

    De manière à ce que les enfants de Grande Section comme de Cours Préparatoire découvrent ce monde des apprentissages structurés, il a prévu une progression linéaire, étalée sur deux années scolaires, afin que le passage se fasse en douceur, sans à-coups brutaux déstabilisants pour l’enfant.

    Il a donc préparé sa première progression d’étape. Elle représente environ le premier cinquième du programme d’acquisitions[10] qu’il souhaite faire partager à ses élèves de chacun des deux niveaux dans tous les domaines d’enseignement au cours de l’année scolaire. Il la suivra jusqu’à la première période de vacances scolaires, en s’adaptant toutefois au rythme de ses élèves, l’accélérant ou la ralentissant au besoin s’il en découvre la nécessité. 

    Pour tous les moments communs aux deux sections, il n’a établi qu’une progression, se réservant la charge d’en demander plus aux plus capables et aux plus âgés et un peu moins, mais plus concentré, aux plus démunis qui seront sans doute souvent aussi les plus jeunes.

    Pour se simplifier la vie et pouvoir consacrer son temps à suivre réellement ses élèves, il a choisi de s’entourer d’outils et de méthodes simples plutôt que de passer énormément de temps à préparer sa classe et à créer ses outils. Il a ainsi adopté des méthodes d’écriture-lecture et de mathématiques proposant une progression journalière pour chacun des deux niveaux[11]. Pour l’ensemble des autres matières, son critère de sélection principal a été le bon sens et la connaissance des capacités attentionnelles, inductives et déductives de l’enfant de cinq à sept ans ainsi que son goût du jeu, de la récompense immédiate par la réussite rapide et l’atteinte d’objectifs simples et progressifs.

    Les élèves de Moyenne Section qui le souhaiteront pourront, toujours en auditeurs libres, suivre tout ou partie de la séance collective. Le maître sait que ceux-ci se sentiront valorisés de jouer avec les grands mais il a bien conscience qu’à part exception, ils resteront au stade du jeu, se préparant à comprendre certaines notions mais restant incapables de suivre la progression.
    Son but n’est surtout pas de les pousser à grandir de façon désordonnée en privilégiant l’acquisition de l’écrit au détriment des apprentissages moteurs et sensoriels mais de permettre aux plus grands de profiter des derniers apprentissages moteurs et sensoriels pour jeter les premiers jalons de l’apprentissage de l’écrit.

    • Rôle de l’ATSEM

    Après consultation du conseil des maîtres et de la charte des ATSEM décidée par la commune de rattachement[12]  de l’école, le maître dialogue avec la personne qui travaillera sous sa responsabilité. Il la met au courant des habitudes d’autonomie qu’il compte mettre en place. Il lui lit et commente l’emploi du temps et lui explique clairement ce qu’il attend d’elle à chaque moment :

    - aide matérielle aux élèves de manière à ce qu’ils apprennent à se passer rapidement de l’adulte et apprentissage des gestes d'hygiène et de vie pratique[13] ;

    - aide à l’encadrement du groupe lors des moments collectifs et apprentissage des gestes techniques[14] ;

    - préparation des matériaux à utiliser pour les ateliers d’expression plastique et des documents ou objets utiles à l’affichage ou à l’exposition au coin de regroupement[15], photocopie d’exercices écrits à destination des plus grands ;

    - installation du matériel de jeux sensoriels et d’imitation accessible aux enfants ;

    - rangement et nettoyage de tout ce qui a été manipulé, utilisé lors de la journée de classe ;

    - classement des travaux d’élèves ; reliure ou collage dans un cahier communiqué aux familles ;

    - prise en charge ponctuelle d’un ou plusieurs élèves lors de l’exécution d’un atelier selon un « cahier des charges » établi à l’avance.

    Annexes :

    Télécharger « EDT - MSGSCP.pdf »

    Télécharger « Plan GSCP ou MSGSCP.pdf »

    Télécharger « Programme d'acquisition CP.pdf »

    Télécharger « Matériel individuel GSCP.pdf »

    Dans la même série :

     Tous les chapitres déjà mis en ligne sont répertoriés dans la Table des matières   évolutive que vous trouverez dans la partie Sommaires.

    Pour la partie présente 

    I. Idées reçues  ; III.1. Trois niveaux dans la même classe ; III. 2. B. Mise en route - MS/GS/CP (2) ; III. 2. B. Mise en route - MS/GS/CP (3)

    Notes :

    [1] Dites aussi « Arts plastiques » ou encore « Productions plastiques et visuelles ».

    [2] Voir Chapitre II.2.B

    [3] Voir liste dans les chapitres consacrés aux classes accueillant des élèves de maternelle. Penser à un jeu de « marchande » qui permettra, dès les premiers jours de classe, d’entraîner les élèves de CP (et de GS) au comptage et au calcul.

    [4] GRIP Éditions ou directement auprès de l’auteur : Contact.

    [5] Salles de motricité, de propreté, bibliothèque, cuisine, salle informatique, cour, jardin…

    [6]  Voir suggestion d’emploi du temps en Annexe II.

    [7] Baptisée Questionner le Monde dans les programmes 2016 et Découverte du Monde dans ceux de 2008.

    [8] Jeu d’imitation ou de construction, jeu sensoriel ou mathématique, dessin libre, modelage, découpage/collage, etc.

    [9] L’image de la boule de neige peut aussi être utilisée pour expliquer comment se constitue naturellement, sans ordre préétabli, l’agrégat de savoirs, d’habiletés et de capacités d’un enfant de moins de cinq à six ans. 

    [10] Voir Annexe IV.

    [11] Je conseille les méthodes, fichiers et manuels suivants :

    • GS, Planète des Alphas + De l’écoute des sons à la lecture (T. Venot, Grip éditions) et Se repérer, compter, calculer en GS (C. Huby, S. Wiktor, Grip éditions)
    • CP, Écrire et Lire au CP (C. Huby, X. Laroche, Grip éditions) et Compter, calculer au CP (P. Dupré, S. Borgnet, Grip éditions) ; Mes cahiers d'écriture, CP, Apprentissage : les minuscules (Laurence Pierson, MDI)

    [12]  La réclamer si elle n’existe pas. Souvent, dans les petites communes, on suggère de fonctionner « au feeling ». C’est très bien tant que tout se passe bien mais cela peut poser de très graves problèmes si l’ambiance se dégrade.

    [13] Se déshabiller, suspendre des vêtements, s'habiller, se boutonner, remonter une fermeture à glissière, nouer une écharpe, des lacets, attacher une boucle de ceinture ou de sandale, etc. 

    [14] Distribuer et ranger le matériel, trier les déchets, balayer, laver des pinceaux et une éponge, essuyer une table, remplir un pot de colle ou de peinture, …

    [15] Découpage, mise en page, plastification, réalisation de panneaux destinés à l’affichage…


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  • III. 2. A. Mise en route - PS/MS/GS (2)

     En Classe Maternelle[1]

    (2e partie)

    Premier jour de classe 

    Matinée

    1) Accueil des familles

    Après le départ des parents, la classe pourra commencer. Le maître étant généralement le seul enseignant de maternelle, il pourra, dès le premier jour, faciliter la séparation et encourager enfants comme parents à faire confiance à l’école.
    Pour les quelques nouveaux parents, s'il ne l'a pas fait lors de l'inscription, il présente brièvement les lieux. Il encourage les familles à venir plutôt le voir à un autre moment qu’à l’entrée du matin[1bis] et leur annonce la date de sa réunion de rentrée où il leur présentera son projet. Il pose ainsi les jalons qui lui permettront de disposer de sa classe et de ses élèves pendant les 24 heures de classe, ni plus, ni moins.
    Si cela est possible et ne heurte pas les convictions de son ou ses collègues d'élémentaire, il annonce qu’à partir de l’après-midi, c’est dans la cour, sous le préau ou dans la salle polyvalente qu’il accueillera ses élèves. Ceci lui permet de bien installer le principe de la salle de classe, lieu de vie du groupe-classe. 

    2) Déshabillage, entrée en classe

    Le vestiaire a été aménagé de manière à ce que chaque enfant repère facilement sa patère et son casier. En ce premier jour, ce sont l’enseignant et l’ATSEM qui expliquent à chaque enfant comment reconnaître l'endroit où il doit déposer ses affaires.

    Pour que, plus tard, les aînés puissent aider leurs cadets, il est pratique de ne pas regrouper par âges les patères des enfants mais, au contraire, de faire en sorte que les âges soient mélangés et qu'un élève de GS et un élève de MS encadrent les emplacements réservés à un ou deux élèves de TPS/PS.

    3) Langage

    Le moment de langage est forcément écourté par l’accueil des familles. S'il est nouveau dans l'école, le maître se borne donc à demander à chaque élève de se présenter brièvement[2], se chargeant lui-même de renseigner les « anciens » sur le nom, l'âge et les liens familiaux, fréquents dans ce type de classe, des plus petits.
    Il note mentalement les éventuelles difficultés de prononciation ainsi que les élèves qui lui donnent l’impression d’un besoin d’encadrement précis[3]. Cette première approche va lui permettre d’ajuster et d’anticiper la teneur des échanges qu’il aura avec son groupe-classe lors des premières semaines. Après une très courte présentation personnelle où il se contente de dire aux enfants la façon dont il entend être appelé[4], s’il reste une ou deux minutes, il finit le regroupement par la présentation visuelle d’un objet[5] « dont nous parlerons bientôt tous ensemble » …

    En cas de reprise après les vacances d'un groupe déjà constitué, ce temps de dialogue sera moins contraint et, après une présentation des plus jeunes, la classe pourra entrer de plain-pied dans l'année scolaire qui s'ouvre devant elle par quelques souvenirs égrenés ou une première observation collective des nouveautés de cette rentrée.

    4) Passage aux toilettes

    Le maître annonce ou rappelle clairement aux élèves ce qu’il attend d’eux :

    « Les élèves les plus jeunes passent d’abord, ils se lavent les mains et viennent s’asseoir sur le banc où sont assis leurs camarades plus âgés. Ces derniers quittent un à un le banc et passent aux toilettes avant de se laver les mains à leur tour. Les enfants peuvent aussi en profiter pour boire s'ils en ressentent le besoin. Les gobelets sont rincés par l'ATSEM après chaque utilisation[6]. »

    Pendant ce temps d’attente, le moment de langage continue. Les habitudes d’écoute, de demande de prise de parole, de respect envers ses camarades sont rappelées aussi fréquemment que nécessaire. Si un enfant s’avère trop difficile, il est rapproché du maître qui le garde près de lui, et tente de le calmer en posant délicatement sa main sur la sienne et en lui parlant lentement et doucement. 
    L’apprentissage et la répétition de petites comptines ou ritournelles ayant pour but d’affiner la prononciation peut occuper utilement ce moment où l’on doit attendre immobiles sans que l’effectif ne soit jamais au complet.

    5) Dessin libre, dictée à l'adulte

    De retour en classe, le maître donne à chaque enfant une simple feuille de papier A5, déjà datée et marquée à son nom. Il explique aux plus grands leur mission : poser sur les tables les pots de crayons feutres préparés à l’avance. Les enfants s'installent par affinités et, pendant qu'ils dessinent, maître et ATSEM circulent parmi eux pour écrire sur les dessins ce que leurs auteurs leur dictent. Ils encouragent, félicitent, demandent des précisions, faisant se prolonger le moment de langage qui a commencé à l'entrée en classe.

    Les plus grands rangent leurs dessins eux-mêmes, avec l'aide des adultes. D'ici quelques jours, lorsqu'ils sauront se débrouiller seuls, ils aideront à leur tour les plus jeunes à ranger les leurs. Pour le moment, l'ATSEM récupère les dessins des Moyens[7] et des Petits qu'elle rangera elle-même dans leurs casiers lorsqu'elle ne sera pas occupée à l'encadrement des enfants.

    Lorsque les enfants ont terminé, ils sont conviés par le maître à choisir librement de s’installer dans un coin de jeux d'imitation ou de prendre dans les placards un jeu sensoriel qui les attire. Seuls les élèves de GS sont dirigés vers leur place pour y effectuer un court travail écrit avant de choisir librement une activité. 

    6) Jeux sensoriels, d'imitation et d'expérimentation plastique 

    C'est pendant ce moment d'apparente liberté que les adultes, loin d’être cantonnés dans leur rôle d'observateurs, travaillent le plus intensément.  Installer l’autonomie matérielle de chaque individu et la cohésion du groupe n'est pas une mince affaire. L'équilibre à trouver entre une trop grande permissivité et un contrôle trop tatillon est délicat.

    Si l'organisation matérielle a été bien conçue, déjà, en ce premier jour, chaque enfant peut acquérir, seul ou en petit groupe, des comportements, des attitudes, des connaissances et des savoir-faire qui canalisent son irréfrénable activité. Le matériel et l'organisation de l'espace le dirige naturellement vers l'ordre et l'idée de se perfectionner sans que le maître se sente obligé de compléter des tableaux, de diriger des ateliers, de minuter les activités.

    Les élèves de Grande Section, plus matures, commencent ce moment qualifié d'Ateliers, par un court exercice écrit. C'est un travail très simple qu'ils peuvent faire sous la direction de l'ATSEM qui n'aura aucun mal à le présenter et le faire exécuter[8].

    Pendant ce temps, le maître installe « les ateliers » comme dans une classe de Petite et Moyenne Section (voir chapitres II.2.A et II.2.B ou l’ouvrage Pour une maternelle du XXIe siècle[9]). L'ATSEM et le groupe des GS les rejoignent bientôt et la matinée continue jusqu'à l'heure du moment de rangement. Ce dernier se termine par un court dialogue autour des œuvres marquantes de ce premier temps d'ateliers, avant de sortir pour la récréation. L'ATSEM profite d'observation encore trop éloigné de leurs préoccupations de ce moment pour emmener aux toilettes les plus petits qui, du fait de leur jeune âge, ne tireraient aucun profit de ce retour sur activité.

    7) Récréation

    Si la météo le nécessite, le maître va pouvoir faire ses premières armes d'exercices de vie pratique en aidant ses élèves à s'habiller et se boutonner seuls. L'ATSEM avec laquelle il va travailler toute l'année est mise à contribution avec tact et bonne humeur[10].

    Le temps de récréation, pendant lequel le maître est obligatoirement de service, peut permettre éventuellement à l'ATSEM de prendre sa pause ou d'effectuer quelques rangements ou préparatifs. On peut aussi décider qu'elle sera présente dans la cour et aidera à l'encadrement du groupe.

    En fin de récréation, après un temps de rangement des jeux et jouets et un passage aux toilettes, pendant lequel les élèves pourront boire[11], l'heure du regroupement autour des activités motrices sonne.

    8) Motricité large

    Le maître peu habitué à la classe à trois niveaux peut trouver très difficile la gestion d'une séance de motricité regroupant des quasi bébés avec de grands enfants déjà bien à l'aise dans leurs gestes. Il va en effet devoir ruser et permettre aux petits de progresser sans brider le développement des capacités physiques de leurs aînés.

    En plaçant la séance à la suite de la récréation, il peut bénéficier d'un temps double pendant lequel les enfants, toujours grâce à l'équipement matériel et l'organisation de l'espace, exerceront seuls ou par petits groupes leur motricité large.
    En prévoyant dans la cour des espaces à courir, à grimper, à escalader, à sauter, à exercer son équilibre, en l'équipant de vélos, tricycles, porteurs, ballons, cerceaux, échasses mais aussi planches, tasseaux, grandes pièces de toile, cartons de tailles variées, il n'aura qu’à suivre les plus habiles de ses élèves et à encourager les moins à l'aise à essayer.

    Ce n'est que lorsque l'ennui commencera à se faire sentir qu'il regroupera tout ou partie de son effectif près de lui pour l'exercice d'un geste, l'exploration d'un matériel, l'organisation d'une ronde, d'une danse ou d'un jeu collectif.

    Ce matin, pour que les petits nouveaux se sentent membres du groupe, c'est autour d'eux qu'il a décidé de faire tourner sa séance « sportive ». Et comme il doit fixer chez ses élèves de Grande Section les mots du vocabulaire spatial, les petits serviront de « repères ». Tout le monde se promène au son d'une comptine[12]. Au son du tambourin, les élèves se figent et le maître annonce : « Tous autour de Pierre ! » ou « Tous en ligne devant Louna ! », etc.
    Puis on joue à se mettre par deux, par trois, par quatre avec, dans chaque groupe, au moins un petit ou un moyen… Enfin, on déambule dans la salle ou dans la cour, bien rangés, par groupes, derrière le groupe de tête fixé par le maître.

    9) Musique, chant

    Après un deuxième épisode d’exercices de vie pratique dans le vestiaire, le maître entraîne ses élèves vers le coin de regroupement destiné à souder le groupe et à lui donner la capacité d’agir et d’apprendre à plusieurs, en cohésion de plus en plus parfaite.

    La musique, au sens large, va aider tout ce petit monde à se sentir appartenir à une communauté dans laquelle tous se soutiennent et s’entraident.

    Les exercices[13] se succèdent rapidement : rythmes frappés, éducation du souffle, travail de la voix, apprentissage d’un chant, écoute et retour au calme.

    Les parents qui récupèrent leurs enfants pour le repas de midi sont accueillis par l’ATSEM qui les convie à venir chercher leur enfant dans la classe en silence. Puis elle-même emmène les élèves restant à la cantine vers la structure dans laquelle ils iront prendre leur repas.

    Après-midi

    1) Accueil des familles

    Dix minutes avant l’entrée en classe, le maître rejoint l’ATSEM dans la cour, la libérant pour aller préparer le dortoir ou prendre sa pause. À nouveau, il informe les parents que tant que la météo le permettra, c’est dans ce lieu dans lequel les enfants jouent librement et se dépensent physiquement sans danger qu’il souhaite les accueillir matin et après-midi.

    À l’heure dite, il regroupe ses élèves près de lui pour que l’entrée dans les locaux s’effectue dans le calme et sans danger. Après quelques secondes de relaxation, les enfants sont prêts à se déplacer tranquillement et posément et peuvent pénétrer dans leur classe.

    Les exercices de vie pratique (déshabillage, rangement des vêtements, passage aux toilettes, lavage des mains, boisson) en passe de devenir routiniers se déroulent eux aussi dans un calme relatif.
    Les TPS/PS quittent le groupe, sous la conduite de l’ATSEM, pour aller au dortoir. Le maître, s’il voit que c’est nécessaire, les accompagne jusqu’à la porte de cette salle et leur souhaite avec bienveillance une bonne sieste. Il a été entendu avec cette collaboratrice que les enfants ne seront pas réveillés et qu’en revanche, elle ne maintiendra pas au lit plus de 30 minutes un enfant qui n’a visiblement pas sommeil. Si certains élèves de MS le réclament, ils peuvent eux aussi aller se coucher dans un lit.

    2) Langage oral et écrit : Conte ou Observation 

    De retour dans la salle de classe, enseignants et élèves de GS et MS s’installent confortablement dans le coin de regroupement. Si certains se sentent fatigués, ils peuvent s’allonger sur des tapis individuels. 

    Le maître sort alors un livre qu’il présente aux élèves, leur lisant le titre et leur faisant décrire la couverture[14]. Pendant une courte demi-heure, les échanges vont se dérouler entre les enfants et lui comme entre les enfants eux-mêmes, dans le calme afin que ceux que ce début d’après-midi assomme un peu puissent se reposer.

    3) Expression corporelle : Mime ou Danse

    Une fois le livre rangé, les élèves ont besoin d’un moment de mouvement. Le groupe, parfois grossi d’un ou deux enfants de PS qui n’ont pas réussi à s’endormir, se dirige vers la salle de motricité.
    Là, le maître, se servant ou non du matériel exploitable du livre lu précédemment, mène une séance dans laquelle écoute, motricité large, créativité et langage s’imbriquent dans le plus pur style « maternelle ».
    Comptant ensuite travailler le geste de la boucle en écriture, il a donné à chacun des élèves un foulard ; les enfants le manipuleront librement avant que leur maître profite du geste naturel d’un enfant pour demander à ses camarades de l’observer et de le reproduire.
    Les échanges entre enfants sont favorisés, la référence aux comportements à adopter à l’intérieur d’un local à destination collective est constante, la bienveillance du maître est la règle.

    4) Motricité fine : Préparation à l’écriture

    De retour en classe, les élèves de GS et MS sont regroupés autour du tableau. Les enfants de PS qui sont déjà éveillés sont invités à s’installer librement aux coins de jeux ou d’expérimentation sensorielle, si possible, quand le dortoir n'est pas trop éloigné de la salle de classe, sous la surveillance de l’ATSEM qui garde une oreille attentive à ce qui se passe « à la sieste ».

    Le maître rappelle alors la séance de motricité large qui vient d’avoir lieu et propose le premier exercice de sa méthode d’écriture : tracer des boucles.
    Le travail est collectif, commun aux enfants de MS et GS ; il commence par quelques exercices d’échauffement des doigts et de tenue du crayon et se poursuit par un premier essai au tableau ou sur une ardoise. Les élèves de GS sont encouragés à affiner leurs gestes, ceux de MS participent uniquement s’ils le souhaitent. Le travail mené en GS se termine ou pas par un exercice individuel sur table.

    5) Expression plastique ; jeux sensoriels et d’imitation

    Se reporter à la séance du matin. Les élèves étant moins nombreux, le maître peut en profiter pour entraîner les plus âgés d'entre eux dans une démarche de projet, encore très timide : « Que souhaitent-ils faire ? Quel rendu aimeraient-ils obtenir ? Quels outils et matériaux doivent-ils alors employer ? ».
    Mais il n’impose rien, préférant consacrer ces premiers jours de classe à la culture de l’autonomie, de l’entraide et de la gestion coopérative de l’espace-classe. Les enfants sont conviés à participer très activement au nettoyage et au rangement de la classe avant la sortie en récréation.

    6) Récréation

    Se reporter à la récréation du matin. Les enfants de TPS/PS qui se seront réveillés pendant l’horaire de récréation seront, selon leur choix, conduits dans la cour par l’ATSEM ou installés au calme dans la classe dans les coins de jeux d'imitation ou de construction.

    7) Phonologie et jeux d’écoute

    Les enfants de TPS/PS ont rejoint le groupe. Tous s’installent au coin-regroupement. Le maître commence par des jeux très simples de reproduction de cris d’animaux, de voix parlée, chuchotée ou criée, des massages de la bouche, des joues et du nez qui permettront peu à peu d’apprendre aux enfants à porter leur attention sur les particularités de leur système phonatoire.

    Il continue par un jeu de reconnaissance de sons obtenus en utilisant les différents instruments à percussion de la classe[15], ce qui constituera la première séance de discrimination des sons.

    Il termine par une révision de la comptine vue le matin, s’attachant à obtenir au moins des élèves de GS et MS une prononciation claire et bien articulée. Le départ des élèves avec leurs familles, le service de transport scolaire ou le périscolaire s’effectue comme celui du midi.

    Premières semaines

    Le lendemain et les jours suivants, ce sera déjà un peu plus simple. Le maître conduira tranquillement les familles vers l’idée d’un accueil ailleurs qu’en classe. Pour le moment, il se basera sur les difficultés de séparation des plus timides pour encourager les parents à ne pas entretenir indéfiniment le déchirement de la séparation.
    En deux à trois semaines, soient dix à quinze jours d’adieux quotidiens, le problème doit être réglé : les enfants[16] doivent avoir réalisé que ces séparations ne sont que très temporaires et donc sans danger d’abandon. 

    Le rythme des journées, toujours identique, est en cours d’acquisition. Le maître, et dans une moindre mesure l’ATSEM, s’emploient à aider les élèves à s’y conformer en le variant le moins possible. 

    Les quatre regroupements de la journée, ainsi que les séances collectives d’apprentissage des plus grands, deviennent progressivement les points de ralliement de la classe. Les élèves savent où ils doivent installer à la suite du maître.

    Le matin, l’habitude est prise de commencer par un rapide tour d’horizon des présents et des absents, notés à la va-vite par le maître sur le cahier d’appel. Ensuite, c'est le maître qui indique quel jour nous sommes[17] et explique, dans les écoles aux rythmes scolaires irréguliers, si c’est un jour d’école long, moyen ou court.
    Cette information, plus importante que le nom de ce jour pour des enfants qui vivent encore au jour le jour, est affichée, sous forme de symbole, sur le tableau du coin de regroupement.

    Puis chacun y raconte son histoire ou montre l’objet qu’il a rapporté de chez lui, s’il le souhaite. S'il reste du temps, le maître expose à son tour une image, une page d’album qu’il lit, un objet en rapport avec un événement évoqué la veille.
    Il commence ainsi à entraîner chacun dans une idée de continuité des apprentissages au fil des jours. Il cible ses interventions en fonction de ses interlocuteurs et, comme dans une famille où les âges s’échelonnent, ni les plus jeunes, ni les plus âgés ne sont gênés par le niveau de langue qu’il emploie.

    Le regroupement des plus grands en début d’après-midi prend peu à peu son rôle de sensibilisateur à l’écriture-lecture et à l’envie de questionner le monde. Le maître y alterne les lectures d’albums ou de contes, les rédactions collectives sous la forme de dictées à l’adulte, les observations d’objets ou d'images, les expérimentations collectives autour du vivant ou de la matière.

    Les regroupements de fin de demi-journée tournent autour du son, celui qu’on chante comme celui qu’on prononce, qu’on écrit et qu’on lit. Les plus grands comprennent peu à peu qu’ils sont capables de tirer de ces essais, remarques et réflexions les notions et concepts qui les amèneront bientôt à écrire et lire.

    Les déplacements ritualisés sont bientôt parfaitement installés[18] et le maître comme les élèves profitent des temps de latence pour mener ces conversations à bâtons rompus qui assurent ce que les programmes scolaires baptisent pompeusement « compétence à échanger et s’exprimer ».
    Du plus jeune au plus âgé, chacun reçoit ce dont il a besoin dans un temps d’échanges informels où, bien vite, le maître a su repérer ceux qui ont besoin de plus d’attention et d’encouragements.

    Ainsi, tous les temps de la journée prennent leur place et assurent la prise d’autonomie de chacun. La cohésion du groupe s’installe d’elle-même et, en fin de cette période d’installation, chaque enfant connaît et peut nommer tous ses petits camarades.
    Les échanges vont bientôt pouvoir se charger, même chez les plus jeunes, d’une dimension instructive et les apprentissages commencer à se structurer. L’année scolaire est lancée. Elle prend désormais son rythme de croisière.

    Dans la même série :

     Tous les chapitres déjà mis en ligne sont répertoriés dans la Table des matières   évolutive que vous trouverez dans la partie Sommaires.

    Pour la partie présente 

    I. Idées reçues  ; III.1. Trois niveaux dans la même classeIII. 2. A. Mise en route - PS/MS/GS (1) ; III. 2. A. Mise en route - PS/MS/GS (2)

    Notes :

    [1] De la TPS/PS à la GS.

    [1bis] Il peut par exemple fixer un après-midi par semaine où, après l’école, il accueillera parents et enfants pendant le temps d’Activités Pédagogiques Complémentaires, ou annoncer qu’il est à l’école tel et tel jour pendant la pause méridienne…

    [2] Prénom, nom de famille, âge, classe, personne qui viendra le chercher, présence ou non à la cantine et au périscolaire…

    [3] Élèves trop ou trop peu à l’aise, trop ou trop peu couverts, élèves très remuants ou au contraire complètement atones… 

    [4] Prénom, nom de famille, « titre », tutoiement, vouvoiement, tout cela est possible et sans aucun lien prédictif de respect ou d’irrespect envers son statut et sa personne.

    [5] Un objet rappelant les vacances et l’été ou au contraire un objet évoquant la rentrée des classes. Le tout est qu’il soit suffisamment intriguant pour susciter l’intérêt de tous.

    [6] Il n'est pas nécessaire de prévoir un gobelet par enfant en ce lieu. Trois ou quatre suffisent du moment où l'ATSEM possède sur place le matériel nécessaire à leur nettoyage.

    [7] Sauf si les élèves de MS sont déjà habitués à cette autonomie par une à deux années de pratique antérieure.

    [8] Dans la méthode Se repérer, compter, calculer en GS, il s'agit par exemple de colorier en rouge les seaux qui sont devant un enfant et de barrer les autres.

    [9] Opus cité.

    [10] Si l'on a en classe quelques cadres Montessori et qu'on en a expliqué l'utilité à l'ATSEM, celle-ci comprendra sans doute mieux que ce n'est pas par insensibilité et désir de l'ennuyer en lui donnant plus de travail qu'on lui demande d'accompagner les enfants plutôt que de se substituer à eux.

    [11] On peut aussi profiter de la récréation pour demander à l'ATSEM d'apporter dans la cour un plateau de gobelets et de pots à eau afin que les élèves puissent se servir lorsqu'ils en ressentent le besoin.

    [12] Sur mon chemin ; Passe, passe, passera ; La petite hirondelle ou même Prom'nons-nous dans les bois…

    [13]  Voir Pour une Maternelle du XXIe Siècle, chapitre XIII, L’enseignement du chant, et Chapitre IX, Trois sections ou un seul cycle ? – Apprendre à bien parler, p. 67.

    [14] Pour la technique et le choix des lectures offertes, se reporter à Pour une Maternelle du XXIe Siècle, chapitre XII, Du langage oral au langage écrit, p. 96 et suivante.

    [15]  Voir de l’écoute des sons à la lecture, Grip éditions.

    [16]  …et leurs parents !

    [17] Sans quantième ni mois… Trois codes millénaires d’un coup, pour des enfants de moins de cinq ans, c’est un peu indigeste !

    [18] Sauf enfant à problèmes comportementaux lourds qui aura besoin, sans doute encore très longtemps, d’un accompagnement personnalisé. Pour lui, les adultes ne peuvent qu’anticiper les facteurs de stress et d’excitation et faire en sorte que cela se passe le moins mal possible pour lui et pour tous ses petits camarades.
    L’accompagnement des familles, qui devrait incomber à la Protection Maternelle et Infantile, à la Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales ou la Maison Départementale de la Personne Handicapée, retombe malheureusement bien souvent, surtout en l’absence de Réseau d’Aide Spécialisée pour l’Enfance en Difficulté, sur les épaules du maître, de l’ATSEM et des enfants qui partagent le même lieu de vie.
    Chaque cas étant un cas très particulier, le maître mot est l’adaptation des conditions de vie de cet enfant en fonction de ses difficultés propres et l’anticipation constante des facteurs de risques (agitation, bruit, excitation mais aussi trop grande concentration, immobilité trop longue, …) qui provoqueraient immanquablement une « crise »…

     


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  • III. 2. A. Mise en route - PS/MS/GS (1)

    2. Mise en route

    La cohésion du groupe et l’autonomie matérielle de chaque individu, c’est ce que l’enseignant installera et cultivera dès les premiers jours dans sa classe à trois niveaux. Comme il a tout intérêt à ce que ses élèves profitent rapidement des avantages que cela leur procurera, il sait que ce n’est pas en attendant que les élèves décident d’eux-mêmes des règles de vie ou de l’organisation du travail à mettre en place qu’il gagnera du temps. Dès avant la rentrée, il a réfléchi à l’organisation générale de sa classe et c’est dans un monde organisé qu’il a installé ses élèves.

    A) En Classe Maternelle[1]

    • Organisation de l’espace[2]

    L’espace au sol de la salle de classe est dégagé pour que les enfants puissent y étaler du matériel de grande taille, un coin de regroupement est prévu, près d’un tableau d’affichage à hauteur d’enfant.

    Une ou deux tables ovales à six places sont installées près des étagères à matériel destiné à l’exercice de l’expérimentation et de la créativité plastique[3]. D’autres, individuelles ou collectives, sont placées près des placards ou sous des étagères contenant le matériel de jeux sensoriels[4]. Le nombre global de places assises correspond au nombre d’élèves scolarisés dans la classe[5]. Une ou plusieurs pistes graphiques pouvant servir de chevalets de peinture occupent 3 à 4 mètres de longueur, sur une hauteur d’un mètre environ.

    Pour les élèves de Grande Section, un coin d’écriture-lecture a été aménagé. Les élèves assis à une table doivent pouvoir faire face à un grand tableau destiné aussi bien à l’affichage qu’à l’écriture à la main. Ce coin peut être, comme en MS/GS[6], près du tableau de regroupement qui aura alors double usage. On peut aussi l'installer dans un espace réservé aux élèves de Grande Section, rejoints l’après-midi par ceux des enfants de Moyenne Section qui ne dorment pas.

    Enfin, au cours de l’année scolaire, plusieurs coins de jeux seront aménagés et clairement balisés. En cette rentrée, il en a choisi trois principaux et trois secondaires parmi la liste qu’il a établie à l’avance : cuisine équipée, chambre pour animaux en peluche et poupées, établi avec ses outils, garage et piste routière agrémentés de véhicules variés, ferme avec ses animaux, zoo, gare, gros jeux de construction qu’on peut installer silencieusement au sol grâce à des tapis individuels. Le tout est complété par une bibliothèque équipée de rayonnages, de bacs, de fauteuils et d’une table de lecture.

    Si le maître dispose d’une ATSEM à temps plein, ce qui doit être réclamé comme indispensable, il peut envisager d’installer une partie des coins de jeux dans une salle attenante communiquant directement avec la salle de classe.

    Pour l’organisation et l’utilisation de ces espaces réservés aux jeux d’imitation, activités motrices fines, jeux sensoriels et mathématiques, on se reportera aux chapitres II.2.A et II.2.B ou à l’ouvrage Pour une maternelle du XXIe siècle[7].

    • Emploi du temps

    La répartition horaire des parties collectives de l’école[8] ne pose généralement aucun problème, lors du conseil des maîtres de rentrée. En effet, l’enseignant de maternelle est souvent considéré comme prioritaire dans l’utilisation des lieux qui l’intéressent au premier chef en raison du besoin de mouvement et d’espace de ses élèves. Cela lui donne toute latitude pour établir un emploi du temps journalier simple[9], alternant les périodes d’activités selon un rythme immuable.

    La cohésion du groupe étant son premier objectif, c’est par des moments collectifs qu’il choisit de débuter chaque demi-journée. Il tient compte de la fatigabilité des enfants et prévoit pour chacun des quatre regroupements de la journée une durée et des objectifs compatibles avec les rythmes circadiens de ses futurs élèves, modulés selon leur âge.

    Ainsi, ses plus jeunes élèves passant une partie de l’après-midi au dortoir et étant peu disponibles pour des activités de réflexion juste après leur réveil, il leur réserve son attention une partie de la matinée. Les activités d’écriture, de lecture et de mathématiques des plus grands ne sont placées pendant la matinée que dans ce qu’elles ont de répétitif, alors que leur partie collective, qui requiert l'attention du maître, est intégrée aux activités de l’après-midi.

    • Progression

    Si les plus jeunes de la classe[10] en sont encore aux progressions individuelles en étoile qu’on ne peut pas mettre en cases[11], le maître sait que, souvent, ses élèves de GS ont suffisamment aménagé leur personnalité pour avoir désormais les moyens et l’envie de structurer leurs apprentissages. Des progressions au jour le jour deviennent indispensables dans le cadre des deux apprentissages à progression linéaire. Il prévoit donc d'utiliser des méthodes d'écriture-lecture et de numération-calcul-géométrie qu’il déroulera à heures fixes, quotidiennement, selon un ordre précis. Ces méthodes doivent être utilisables dès le début de l’année, grâce à de très courtes séances, variées, basées sur le jeu, les déplacements, les manipulations et la relation affective avec un matériel agréable qui parlera aux enfants[12]

    Les élèves de MS qui le souhaiteront pourront, toujours en auditeurs libres, suivre tout ou partie de la séance collective. Le maître sait qu'ils se sentiront valorisés de jouer avec les grands mais il a bien conscience qu’à part exception, la plupart d'entre eux en restera au stade du jeu, se préparant à comprendre certaines notions sans pour cela suivre toute la progression. Son but n’est pas de pousser ses élèves à grandir de façon désordonnée en privilégiant l’acquisition de l’écrit au détriment des apprentissages moteurs et sensoriels. Il souhaite seulement permettre à tous de profiter des apprentissages moteurs et sensoriels pour jeter leurs premiers jalons vers l’apprentissage de l’écrit.

    Le temps dégagé par l'utilisation de méthodes « clé en main », tant en préparations qu'en temps scolaire, rendra par ailleurs le maître disponible pour ses plus jeunes élèves afin de les accompagner au plus près dans les progressions individuelles.

    • Rôle de l’ATSEM

    Après consultation du conseil des maîtres et de la charte des ATSEM décidée par la commune de rattachement[13]  de l’école, le maître dialogue avec la personne qui travaillera sous sa responsabilité. Il la met au courant des habitudes d’autonomie qu’il compte mettre en place. Il lui lit et commente l’emploi du temps et lui explique clairement ce qu’il attend d’elle à chaque moment :

    - aide matérielle aux élèves de manière à ce qu’ils apprennent à se passer rapidement de l’adulte et apprentissage des gestes d'hygiène et de vie pratique[14]  ;

    - aide à l’encadrement du groupe lors des moments collectifs et apprentissage des gestes techniques[15] ;

    - préparation des matériaux à utiliser pour les ateliers d’expression plastique et des documents ou objets utiles à l’affichage ou à l’exposition au coin de regroupement[16], photocopie d’exercices écrits à destination des plus grands ;

    - installation du matériel de jeux sensoriels et d’imitation accessible aux enfants ;

    - rangement et nettoyage de tout ce qui a été manipulé, utilisé lors de la journée de classe ;

    - classement des travaux d’élèves ; reliure ou collage dans un cahier communiqué aux familles ;

    - prise en charge ponctuelle d’un ou plusieurs élèves lors de l’exécution d’un atelier selon un « cahier des charges » établi à l’avance.

    • Annexes :

    Télécharger « EDT - PSMSGS.pdf »

    Télécharger « Plan MSGS ou PSMSGS.pdf »

    Télécharger « Programme d'acquistions GS.pdf »

    Dans la même série :

     Tous les chapitres déjà mis en ligne sont répertoriés dans la Table des matières   évolutive que vous trouverez dans la partie Sommaires.

    Pour la partie présente 

    I. Idées reçues  ; III.1. Trois niveaux dans la même classe ; III. 2. A. Mise en route - PS/MS/GS (2)

    Notes :

    [1] De la TPS/PS à la GS.

    [2] Voir Annexe III, B. Plans de classe.

    [3] Plus modestement définies, ces activités répondent au nom de Patouille et regroupent le dessin, la peinture, le découpage, le modelage, le collage mais aussi le tressage, le tissage, le piquage ou toute autre activité permettant d’exercer conjointement le sens du toucher et celui de la vue afin de mener l’enfant à affiner sa motricité et sa perception visuelle.

    [4] Jeux d’enfilages, de laçages, encastrements, mosaïques, puzzles, dominos, lotos grâce auxquels l’enfant exerce en même temps que ses doigts sa capacité à distinguer et marier les couleurs, à reconnaître formes et grandeurs, à concevoir des algorithmes et à les reproduire, à reconnaître et nommer figures, solides, relations spatiales, couleurs, tailles, …

    [5] Il serait d’une importance capitale que ce nombre n’excède jamais vingt, comme dans toute classe recevant des enfants de moins de cinq ans. On pourrait dans un premier temps tolérer entre vingt et vingt-cinq élèves dans un simple niveau mais, si l’on regroupe des enfants de deux ans à cinq ans neuf mois au début de l’année scolaire, il est important que cela se passe dans les conditions les meilleures : trois ou quatre « tout-petits », et trois groupes de cinq à six « petits », « moyens » et « grands ».

    [6] Voir Chapitre II.2.B (1)

    [7] Grip éditions (www.instruire.fr). Me consulter : Contact

    [8] Salles de motricité, bibliothèque, cuisine, cour, jardin… La salle de propreté, réservée à la classe maternelle y est souvent attenante dans ce type d’école. Elle ne fait pas l’objet d’un tour de rôle. De même, la salle informatique, quand elle existe, est le plus souvent attenante à la classe des grands (CE2/CM). Il conviendra de se mettre d’accord avec l’enseignant de cette classe si l’on souhaite en disposer régulièrement ou ponctuellement.

    [9] Voir suggestion d’emploi du temps en Annexe II.F.

    [10] De la TPS à la MS.

    [11] L’image de la boule de neige peut aussi être utilisée pour expliquer comment se constitue naturellement, sans ordre préétabli, l’agrégat de savoirs, d’habiletés et de savoir-faire d’un enfant de moins de cinq à six ans. 

    [12] Les personnages de la Planète des Alphas en sont un bon exemple. Associés à la méthode  De l’écoute des sons à la lecture (T. Venot, Grip éditions), ils emmèneront tous les enfants de Grande Section sans exception vers la maîtrise approfondie du principe alphabétique sans même qu’ils aient l’impression à un seul moment de fournir des efforts disproportionnés. 
    J’ai tenté, à l’aide de mon amie Sophie Borgnet-Wiktor, de fournir à mes collègues de maternelle l’équivalent de cette méthode de découverte de l’écriture-lecture en publiant, toujours chez Grip éditions, Se repérer, compter, calculer en GS qui propose des séances quotidiennes de mathématiques basée sur la  résolution de problèmes associant connaissance du nombre, calcul, repérage dans l’espace, découverte des formes et grandeurs.

    [13] La réclamer si elle n’existe pas. Souvent, dans les petites communes, on suggère de fonctionner « au feeling ». C’est très bien tant que tout se passe bien mais peut poser de très graves problèmes si l’ambiance se dégrade.

    [14] Se déshabiller, suspendre des vêtements, s'habiller, se boutonner, remonter une fermeture à glissière, nouer une écharpe, des lacets, attacher une boucle de ceinture ou de sandale, etc. 

    [15] Distribuer et ranger le matériel, trier les déchets, balayer, laver des pinceaux et une éponge, essuyer une table, remplir un pot de colle ou de peinture, …

    [16] Découpage, mise en page, plastification, réalisation de panneaux destinés à l’affichage…


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