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    IV.1. Quatre niveaux dans la même classe

    1. Rentrée des classes

    Quatre niveaux dans une même salle de classe, ce sont des âges s’échelonnant du « presque bébé » au « déjà grand » en maternelle, ou, en élémentaire, de jeunes enfants tout juste alphabétisés côtoyant des lecteurs experts forts de toutes les capacités réflexives qui vont avec !
    Si nous ajoutons à cela des programmes qui semblent n’avoir aucun point commun, nous pouvons mesurer l’ampleur de la gageure.

    Et pourtant elles existent, ces classes... Et pour peu que leurs enseignants n’essaient pas de réinventer tous les jours l’Amérique, pour peu qu’ils aient le courage de faire confiance à leurs élèves et aux collègues qui les ont précédés et enfin s’ils acceptent de croire que c’est en se ménageant qu’ils iront le plus loin, elles tournent bien et même très bien !
    À condition, bien entendu, qu’à leurs difficultés qu’il ne faut pas nier, l’Administration n’ait pas décidé d’ajouter des contraintes liées à un effectif trop important[1] et, cerise sur le gâteau, des injonctions pédagogiques obligeant à appliquer des techniques pédagogiques déjà difficiles à mettre en œuvre dans une classe à simple niveau et devenant carrément impossibles à utiliser à profit dès lors que la classe accueille plus de deux ou trois niveaux.

    Pour le maître qui arrive, c’est essentiellement sur la confiance qu’il devra travailler.
    Confiance en soi, pour poser son autorité professionnelle auprès de sa hiérarchie, de la mairie[2], des familles et enfin, le plus simple et le plus valorisant, auprès des élèves.
    Confiance en ces enfants dont on lui a confié la charge et qui, pour la plupart, seront ravis d’apprendre et de progresser si le « menu » qu’il leur propose est suffisamment copieux et appétant.
    Confiance en ses prédécesseurs qui, pendant des décennies, grâce à des méthodes adaptées à ce type de structure, ont mené ces classes avec des taux de réussite à faire rêver désormais plus d’un professeur des écoles de centre-ville, dans sa classe à simple niveau remplie d’élèves tous du même âge et triés sur le volet...

    Cette confiance, il l’acquerra et la vivra au quotidien :

    • en s’entourant d’outils actuels, pratiques, faciles d’utilisation,
    • en balisant le temps scolaire de manière routinière,
    • en bannissant le sensationnel qui fait mouche à l’extérieur mais épuise maîtres et élèves,
    • en s’appuyant sur l’extraordinaire capacité des enfants à s’engager avec enthousiasme jour après jour dans la voie des apprentissages, simplement parce qu’ils voient les avantages que ces derniers leur procurent.

    Et puisque, grâce à ces méthodes nouvelles, peu exigeantes en matériel à fabriquer, préparations et mise en place, il pourra se ménager et ne plus consacrer à sa classe ses jours et ses nuits, puisqu’il pourra enfin se ménager, ménager sa santé et son entourage, il se sentira bien mieux dans son métier et ses élèves en profiteront.

    Dans la même série :

    Tous les chapitres déjà mis en ligne sont répertoriés dans la Table des matières   évolutive que vous trouverez dans la partie Sommaires.

    Notes :

    [1] Entre 15 et 20 élèves, en Maternelle comme en Élémentaire, c’est le nombre idéal.

    [2] Dont le rôle est très important en milieu rural, où ces classes se situent le plus souvent.


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  • III. 2. E. Mise en route - Élém. sans CP (3)

    2. Mise en route

    D)  Classe élémentaire : trois niveaux sans CP

    (3e partie)

    Premier jour de classe 

    Après-midi :

    1) Lecture documentaire.

    Le maître a prévu ce temps de lecture collectif pour permettre à chacun de ses élèves d’avoir lu au moins une fois par jour à haute voix. Seule la quantité variera, selon l’âge des enfants. Par ailleurs, ce temps de lecture s’ajoutant au temps de Culture Humaniste, Scientifique ou Technique qui lui succède, lui permettra de l’étoffer tout en conduisant un apprentissage le rattachant directement à l’étude du Français écrit.

    Selon le domaine travaillé ensuite, il fera lire à ses élèves, en instaurant un débat portant sur le sens de ce qu’ils lisent. Ainsi, le lundi, la lecture portera sur un chapitre de roman ou des extraits d’articles ou de documentaires ayant trait à la Préhistoire ; le mardi et le vendredi, ce seront des documentaires scientifiques, des protocoles expérimentaux à préparer ou des comptes-rendus d’expériences ; et le jeudi, les élèves liront des romans d’aventure, des comptes-rendus de voyages et d’exploration, des documentaires ayant trait à l’espace et à sa représentation...

    L’extrait que chacun lira correspondra à ses capacités de lecteur : une courte phrase pour les plus faibles et de quelques lignes à un paragraphe entier pour ceux qui sont les plus rapides. Éventuellement, s’il constate que l’intérêt se dilue du fait des hésitations des uns et des autres, après que chacun en aura lu une part, il finira lui-même la lecture oralisée du passage prévu.

    Après celle du matin, plus directement adaptée au niveau de chaque groupe, cette lecture collective constitue le deuxième temps permettant de travailler toutes les compétences de lecture en même temps. Le maître veillera donc tant à la fluidité de la lecture qu’à la compréhension du lexique, des inférences, de l’enchaînement des idées, de l’implicite. Le côté documentaire lui permettra par ailleurs d’amener au plaisir de lire ceux de ses élèves dont le tempérament ne les conduit pas vers l’imaginaire et l’introspection psychologique que proposent les lectures romanesques ou les contes... 

    2) Culture humaniste, scientifique ou technologique

    De cette lecture, largement expliquée, commentée et enrichie de matériel concret et de documents, découleront les activités mises en place pour la « leçon » du jour. Celle-ci pourra se borner à réaliser l’expérience dont on aura lu le protocole et à en vérifier les effets, ou, encore plus simplement, à rédiger ensemble et copier phrase après phrase la trace écrite qui conclura la séance déjà largement expliquée (et comprise) par les élèves eux-mêmes grâce à la lecture commentée et au débat auxquels ils viennent de participer[1].

    S’il reste du temps, chaque élève illustrera la trace écrite qu’il vient de copier. Sinon, il sait qu’il pourra le faire pendant ses temps libres, à moins que cette illustration ne tienne lieu de travail écrit lors de la prochaine séance de Culture humaniste, scientifique ou technologique.

    Un dernier coup d’œil à l’agenda et au cartable et le matériel scolaire est fini d’être rangé pour la journée.

    3) LVE ; Arts Visuels ou Musique

    Une fois le matériel rangé, le maître présente à tous le matériel qu’il utilisera en LVE, à moins qu’il n’ait choisi de débuter l’année scolaire en musique ou en expression plastique. La séance est courte mais, puisque la récréation sera suivie par une séance d’EPS, elle peut éventuellement être écourtée de manière à laisser plus de temps à l’expression orale et la créativité.

    Du fait de la structure de sa classe, le maître a choisi une méthode de LVE de type « spiralaire », basée sur l’oral pour les plus jeunes et débouchant sur l’écrit pour les plus âgés. En cette première séance, il répertorie avec la classe entière le matériel de l’écolier et en profite pour réviser avec les aînés les couleurs et la conjugaison du verbe avoir aux différentes personnes du présent. C’est tout naturellement que les plus jeunes s’imprègnent des structures et commencent à les mémoriser rendant ainsi plus faciles leurs prochains apprentissages.

    En Arts visuels ou en Musique, il s’appuie aussi sur les compétences et connaissances des aînés pour entraîner les cadets dans leur sillage. Comme au sein d’une grande famille, les échanges enrichissent tout le monde et permettent à chacun de se réaliser.

    4) Récréation et EPS

    Après quelques minutes de repos, boisson et passage aux toilettes, la journée se termine par une séance de sport. Avant de commencer des apprentissages sportifs plus pointus, tels qu’ils sont référencés dans le BOEN spécial du 26 novembre 2015, le maître a choisi de mener une séance visant à la cohésion du groupe et à l’organisation de l’espace et du temps par l’intermédiaire de Jeux de colo ou de patronage, simples et ludiques. Désireux de participer ainsi à l’acquisition des valeurs de partage, de solidarité, d’échange, de camaraderie, pas toujours perceptibles dans le sport associatif encouragé de toute part à produire des champions, il cherche à faire revivre la marque de fabrique de l’école républicaine et des grands mouvements d’éducation populaire. Cette « signature » donnait l’occasion aux élèves à l’intelligence plus pratique de briller face à leurs camarades plus à l’aise dans les domaines intellectuels et permettait cette première compréhension concrète de l’espace et du temps, vécue corporellement et intégrée sans même s’en rendre compte.

    Un petit échauffement tout simple qui servira aussi à fixer la latéralisation de certains, à enrichir le vocabulaire d’autres, à en calmer et concentrer quelques-uns[2]. Un jeu collectif, avec ou sans ballon[3], héritier des fameux jeux de colo ou de patronage. Un exercice plus dirigé qui permettra, lorsque son apprentissage sera intégré par tous, de progresser dans le grand jeu. Enfin, un retour au calme, assis en rond, pour un dernier jeu d’attention visuelle[4] ou auditive et le tour est joué.

    Les enfants sont ravis de leur journée, le maître est satisfait de sa classe, l’année scolaire a commencé sur un bon pied et est prête à se dérouler, pas à pas, sans grandes fioritures sans doute, mais sans risques ni angoisses.

    Premières semaines

    Les jours suivants, le maître continue à donner forme à sa classe, de manière à ce que les enfants sachent qu’ils sont là pour apprendre et réfléchir ensemble, aidés par un adulte bienveillant qui leur consacrera tout son temps.  

    Lecture et littérature, intimement entremêlées, sont le point de départ de la journée de classe. Les élèves savent que l’aisance qu’ils acquerront dans ce domaine sera le garant de leur réussite scolaire, au moins pendant toutes leurs années d’école élémentaire. Le vocabulaire, la syntaxe, l’orthographe, travaillés pendant les deux tiers de chaque matinée, leur assurent une compréhension de plus en plus fine de la langue et de son code écrit qui leur servira toute la journée, au cours de chaque activité : compter, calculer, réfléchir et raisonner, découvrir des mondes, des cultures, des phénomènes naturels, des constructions de l’homme, se réjouir au contact d’une œuvre d’art, s’exprimer, affiner ses gestes, exercer ses jeunes forces, tout cela devient plus simple lorsqu’on a les mots pour le dire et le comprendre !

    Les élèves, confortés dans leurs capacités, prennent leur autonomie. La cohésion du groupe installe l’envie d’apprendre. Les enfants prennent plaisir aux activités que le maître organise et où chacun a sa place, au milieu de tous ses camarades. Ils savent que les activités collectives sont toutes chargées d’une dimension instructive.
    Chaque jour, chaque élève sait qu’au cours des moments institutionnalisés il s’exercera avec ses camarades de classe à prendre des repères de plus en plus fins dans le monde des savoirs savants.

    Chacun sait où il va, confiant dans ses capacités car épaulé par son maître et ses camarades de classe qui avancent avec lui, sur le même chemin.

    Dans la même série :

     Tous les chapitres déjà mis en ligne sont répertoriés dans la Table des matières   évolutive que vous trouverez dans la partie Sommaires.

    Pour la partie présente 

    I. Idées reçues  ; III.1. Trois niveaux dans la même classe ; III. 2. E. Mise en route - Élém. sans CP (1) ; III. 2. E. Mise en route - Élém. sans CP (2) ; III. 2. E. Mise en route - Élém. sans CP (3)

    Notes : 

    [1] Pour ceux qui ne connaîtraient pas, je ne saurai trop conseiller d’aller écouter la conférence de Pierre Péroz au sujet du langage oral et de l’écoute à l’école. Il explique, pour la maternelle, mais c’est très largement généralisable à l’école élémentaire en y ajoutant le langage écrit, comment sortir du jeu des « questions-réponses » pour aller vers la compréhension collective grâce aux échanges et interactions entre enfants et adulte sans questionnaire préétabli.

    [2] « Touchez du ... », « Jacques a dit », « Il est minuit dans la bergerie », ...

    [3] « Béret », « Gendarmes et voleurs », « Sorciers », « Queue du diable », « Chandelle », « Épervier », ...

    [4] « Chef d’orchestre », « Furet », « Kim vue », ...


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  • III. 2. E. Mise en route - Élém. sans CP (2)

    2. Mise en route

    D)  Classe élémentaire : trois niveaux sans CP

    (2e partie)

    Premier jour de classe 

    Les élèves arrivent à l’école après presque deux mois de vacances. Ils rêvent de réussite scolaire, de beaux cahiers bien écrits à l’aide d’un matériel tout neuf, d’activités communes avec leurs camarades, de grands jeux de cour et de découvertes étonnantes. Cela tombe bien, c’est exactement le programme de leur première journée de classe… et des suivantes.

    Le matériel est prêt pour leur épargner ce qu’ils n’aiment pas : la programmation, la répétition à l’identique, tout ce qu’ils apparentent à un travail à vide qui n’avance à rien et a un goût de reculade devant l’obstacle. Cahiers et classeurs sont déjà prêts et étiquetés ; leurs pages de garde sont complétées, leurs intercalaires ordonnés. Les livres de classe sont triés, posés sur les bureaux et ils n’ont plus qu’à être placés dans les casiers.

    L’emploi du temps est affiché en grand format près du tableau et chaque élève en découvre un, plastifié, sur son bureau. Après l’appel et les présentations d’usage, la classe peut commencer.

    Matinée :

    Rappel :

    N1 correspond au niveau des élèves les plus jeunes, N2, au niveau intermédiaire, N3, à celui des élèves les plus âgés.

    1) N1 : Lecture orale - N2/N3 : Lecture en autonomie

    Les trois groupes reçoivent leur matériel de lecture. Après quelques courtes minutes d’explication, dès le premier jour, c’est à un « vrai travail » que les élèves vont s’atteler : une lecture oralisée pour le groupe des plus jeunes[1] qui restent près du maître et un travail en autonomie pour les deux groupes suivants.

    Les deux jours suivants, ce sont les « moyens » (N2) puis les « grands » (N3) qui auront à lire à voix haute près de leur enseignant pendant que les deux autres groupes mèneront leur tâche en autonomie.

    Le maître a pris soin d’opter pour un matériel[2] qui permet de travailler toutes les compétences de lecture en même temps de manière à ce que chaque élève sache qu’il n’est pas possible de lire sans comprendre ni de comprendre sans déchiffrer. La lecture en autonomie est toujours accompagnée de courtes tâches écrites qui permettront de vérifier qu’elle a été effectuée avec le sérieux qui s’impose. En fin de séance, lorsque le travail du groupe du jour est fini, le maître vérifie rapidement le travail produit par les élèves en autonomie.

    2) Régulation : Grammaire / Conjugaison / Rédaction / Orthographe / Vocabulaire

    Les premiers jours, le maître n’aura rien à réguler. Tout au plus pourra-t-il, surtout chez les plus jeunes, commencer à installer la première notion d’étude de la langue qu’il va leur donner à étudier. S’il utilise des manuels conçus dans une idée de progression dite « spiralaire », ce sont les trois groupes qu’il va réunir, pour quelques minutes autour du tableau, le premier chapitre de chaque groupe découlant en droite ligne de celui du niveau inférieur.

    À partir d’un matériau commun, deux ou trois phrases constituant un court paragraphe, il amène ses élèves à analyser rapidement le point qu’il souhaite leur voir découvrir ou réactiver. Vite, deux ou trois exercices oraux, pendant lesquels chacun est sollicité à son niveau et place à l’exercice écrit, toujours plus efficace pour la mémorisation que la copie d'une « leçon » à apprendre par cœur !

    3) N1 : Dictée ; N2/N3 : Travail programmé.

    Dans l’idéal, lorsque la classe sera lancée, le travail programmé, donné à l’avance pour la semaine, pourra être organisé comme bon lui semble par chaque élève. En ce début d’année, il vaudra sans doute mieux que le maître reste plus modeste et annonce à ses « grands » qu’il souhaite qu’ils travaillent sur les exercices ayant trait à la notion vue pendant la séance de régulation afin qu’ils en mémorisent les points essentiels.

    Pendant que ses grands sont occupés, le maître se consacre à l’un des exercices-phares de sa méthode d’orthographe : la dictée quotidienne des petits. Comme c’est une dictée d’apprentissage, pas question de noter autre chose que le taux de réussite à l’exercice du jour ; ce taux ne sera même pas gardé en mémoire et n’entrera pas dans une moyenne hebdomadaire, mensuelle, trimestrielle ou annuelle. Cette dictée peut d’ailleurs même être corrigée en direct, segment de phrase par segment de phrase, selon les difficultés constatées par le maître en regardant par-dessus l’épaule de son petit groupe d’élèves.
    Ce taux de réussite pourra tout aussi bien être noté par un pourcentage ascendant ou descendant ou par une note sur 10 ou sur 20, obtenue elle aussi par calcul ascendant ou descendant. L'important étant que les élèves progressent et se sentent pris au sérieux, il choisira en revanche impérativement de « tout compter » quitte à écrire au tableau les segments de mots ou de phrases qui lui semblent dépasser de loin les compétences de son groupe d'élèves.

    Et comme nous sommes en début d’année, il a choisi un « matériau » simple visant à encourager plutôt qu’à décourager tout ou partie des enfants : lettres et syllabes pour un CE1 très faible ; syllabes et mots simples pour un CE1 moyen ; courte phrase pour un CE1 fort ou un CE2 faible ; deux ou trois phrases dont les idées s’enchaînent, seulement s’il sait avoir à faire à un excellent CE2.

    4) N... : Dictée ; N1/N... : Travail Programmé

    Lorsque la dictée des premiers est finie, le maître interrompt le travail du groupe de « grands » avec lequel il va travailler l’orthographe ce jour-là. S’il a choisi d’alterner les groupes sur deux jours, c’est pour pouvoir rapidement augmenter les quantités de mots et de phrases dictées afin d’installer plus durablement et plus profondément les réflexes orthographiques. En ce début d’année, ce ne serait pas nécessaire, surtout s’il n’a pas de CM2, mais comme il souhaite installer au plus vite une routine pour ne plus avoir à assister sans arrêt ses élèves dans leur organisation, il s’en tient à ce modèle, même s’il n’est pas encore vraiment utile.

    La méthode est la même qu’avec les plus petits. Elle tient compte des acquis des années antérieures, quitte à être réduite s’il constate, toujours en corrigeant « en direct », qu’il a été trop ambitieux et qu’il vaut mieux raboter très sensiblement les exigences.
    Il n’est pas inquiet car il sait qu’en maintenant le cap du « tout compte » en dictée et celui du « zéro faute dans tous les écrits », que ce soient ceux de français, de mathématiques, d’histoire, de géographie, de sciences ou de vie quotidienne (cahier de texte, mots aux familles, affichettes à placarder au portail de l’école, ...), il obtiendra peu à peu l’attention orthographique qui manque pour le moment à la plupart de ses élèves.

    Pendant ce temps, les deux autres groupes s’activent sur leur travail programmé puis, dès qu’ils l’ont fini, choisissent une activité libre qu’ils pratiqueront jusqu’à l’heure de la « régulation » précédant la récréation[3].

    5) Régulation de français.

    Pendant les minutes qui restent, le maître appelle près de lui ses élèves ou s’installe près d’eux et reprend, avec chacun d’entre eux ou avec chaque petit groupe, le travail effectué en autonomie. Il en renvoie certains à leur place pour effectuer quelques corrections qu’il leur a signalées, réexplique au besoin un détail qui semble leur avoir échappé. Après cette remise sur le métier de l’ouvrage, si l’élève semble encore dépassé, c’est près de lui qu’il finira l’exercice, avec son aide[4].

    6) Récréation

    Normalement, l’âge des élèves dispensera le maître de leur rappeler qu’il serait bon qu’ils profitent de la récréation pour passer aux toilettes, boire et se restaurer éventuellement. En ces tout premiers jours, cela peut cependant se révéler utile pour certains.

    En rural, le plus souvent, les maîtres participent tous à la surveillance de la cour, chacun étant responsable de tous les enfants présents. Une cour de récréation trop petite ou mal aménagée ou bien quelques enfants très difficiles faisant régner le chaos peuvent cependant nécessiter que les classes s’y succèdent. La récréation faisant partie du temps de travail des professeurs des écoles, rien ne s’oppose à ce que nous soyons tous « de service » tous les jours, à toutes les récréations.

    7) Mathématiques : découverte ; travail programmé ; régulation.

    Le système mis en place pour l’Étude de la Langue sera repris à l’identique pour la séance quotidienne de mathématiques : une découverte collective ou consacrée à un seul niveau quand le besoin s’en fait sentir ; un travail programmé rendu possible par une méthode de mathématiques réellement « spiralaire » et explicite ; des régulations, collectives, par niveaux niveau ou individuelles, le plus souvent pendant la correction du travail de la journée.

    En ce premier jour, la notion du jour étant très simple et chaque niveau traitant du même sujet[5], le maître commence par une courte activité commune. Il présente d’abord la situation de découverte des plus jeunes, continue en imbriquant celle destinée au groupe des moyens et termine par les compléments réservés à l’entraînement des plus grands. Cette méthode qui démarre toujours du centre de la spirale et l’élargit peu à peu va lui permettre, au bout de quelques semaines d’utilisation, d’avoir des élèves plus réactifs, car ayant déjà quelques lueurs dans le domaine qu’ils sont censés découvrir.

    La classe finit la matinée en avançant le travail programmé de mathématiques ; le maître quant à lui navigue parmi eux, corrigeant en direct les travaux de chacun selon la méthode déjà employée en Étude de la Langue et fournissant les appuis nécessaires à ceux qui les réclament.

    Une fois leur travail corrigé, les élèves peuvent à nouveau se diriger vers une activité libre de leur choix. La plupart d’entre eux prend alors le temps de mettre à jour l’agenda ou le cahier de texte pour le lendemain et de commencer la préparation du cartable.

    Dans la même série :

     Tous les chapitres déjà mis en ligne sont répertoriés dans la Table des matières   évolutive que vous trouverez dans la partie Sommaires.

    Pour la partie présente 

    I. Idées reçues  ; III.1. Trois niveaux dans la même classe ; III. 2. E. Mise en route - Élém. sans CP (1) ; III. 2. E. Mise en route - Élém. sans CP (2) ; III. 2. E. Mise en route - Élém. sans CP (3)

    Notes : 

    [1] S’il s’agit d’élèves de CE1 dont certains non-lecteurs ou très faibles lecteurs, le maître aura tout intérêt à procéder avec eux comme avec des élèves de CP : lecture à voix haute quotidienne, plusieurs fois par jour, avec un matériel adapté à leurs capacités réelles. Savoir perdre du temps sur les bases permettra sans contestation possible d’en gagner à l’avenir. Se reporter au chapitre précédent : classe élémentaire avec CP pour l’emploi du temps.

    [2] Et un seul ! Foin de ces « manuels d’apprentissage de la lecture » qui iront bientôt jusqu’à la préadolescence et qui proposent aux maîtres de corriger les difficultés que leur utilisation crée chez les enfants !

    [3] Plus tard dans l’année scolaire, certains choisiront de se mettre tout de suite au travail programmé de mathématiques afin d’être sûrs d’avoir fini à la fin de la matinée sans pour cela être obligés de se presser.

    [4] Toujours pour éviter cette impression de « train qui roule à vide » ou, plus parlant, cette « assiette de soupe froide » qu’on ressert jusqu’à l’écœurement. Mieux vaut de l’aide et des encouragements. D’autant qu’ayant déjà trois niveaux à mener de front, il serait judicieux de ne pas multiplier les difficultés en laissant dès le début les « canards boiteux » traîner loin derrière leurs petits camarades plus chanceux.

    [5] Quelle que soit la méthode employée, il s’agit souvent de l’usage des chiffres pour écrire des nombres et de la notion de nombre en général.


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  • III. 2. E. Mise en route - Élém. sans CP (1)

    2. Mise en route

    D)  Classe élémentaire : trois niveaux sans CP

    • Organisation de l’espace[1]

    Les élèves, déjà socialisés, sont désormais capables de participer aux activités collectives depuis leur place ou regroupés autour des tables d’arts visuels. Le coin de regroupement peut néanmoins être conserver, si on le souhaite : il pourra alors être intégré au coin d’activités libres.

    Cela permet d’optimiser l’utilisation de l’espace en fond de classe, loin des enfants qui sont à leurs places pour un exercice obligatoire. Cet espace réservé aux temps libres est équipé de placards ouverts proposant livres, jeux de société[2], matériel informatique, appareil permettant d’écouter de la musique sans déranger le reste de la classe.
    Il ne propose en revanche aucune activité de révision, même présentée de manière ludique[3] ; il n’est pas le lieu de la « double peine » à laquelle sont souvent soumis les élèves rapides lorsque, parce qu’ils ont exécuté correctement et rapidement les exercices d’entraînement, ils s’en voient infliger d’autres qui sont censés les amuser ou tout du moins les occuper.

    Cet espace, fondamental dans une classe à plusieurs niveaux, est organisé pour y pratiquer les activités d’arts plastiques et visuels ; il dispose d’un point d’eau, de placards accueillant le matériel et les outils, d’une surface murale sur laquelle afficher et peindre. Une ou deux grandes tables sur tréteaux peuvent recevoir les élèves et permettent d’entreposer les travaux en cours sans dommages. Cet espace servira de plus de coin d’expérimentation, en sciences et en géographie.

    La partie Travaux écrits se trouve face au tableau triptyque. Les tables sont installées par niveaux, côte à côte ou en rangées, afin de pouvoir mener tant des travaux en commun que deux ou même trois activités en parallèle. Les élèves étant généralement bien latéralisés, le maître n’est plus contraint à les installer face au tableau. Ces tables disposent toutes d’un casier dans lequel chaque élève entrepose son matériel[4]. Un coin dédié au rangement des cartables pendant la journée de classe permet d’éviter les chaises qui basculent sous leur poids et les travées encombrées !

    • Emploi du temps[5]

    Exercer à l’individuel et à l’autonomie, sous forme de travail programmé, inscrit au tableau ou sur un plan de travail, dégage l’enseignant de la direction d’une séance tout en accordant aux élèves l’opportunité de progresser en s’exerçant. Dans une classe regroupant des élèves dont les niveaux s’étendent du CE1 (ou CE2) au CM1 (ou CM2), tout en continuant à mettre à l’honneur le rôle du groupe-classe comme moteur de l’apprentissage, le maître encourage ses élèves, dès le premier jour, à faire seuls.

    Pour que leur tâche comme la sienne soient aisées, il privilégie les méthodes[6] qui avancent à petits pas et s’appuient avec constance sur les acquis antérieurs car elles permettent aux élèves de découvrir, presque seuls, un point supplémentaire des notions à étudier.

    Dans sa classe, ce sera grâce au travail individuel autonome, rendu routinier dès les premiers jours de classe, que ses élèves progresseront. Son aide, parfois collective, à un niveau ou à plusieurs, parfois au contraire très individualisée, aura lieu en fonction des besoins répertoriés quasiment au quotidien lors des moments de régulation inscrits à l’emploi du temps, en français et en mathématiques.

    Afin de ne pas pénaliser les élèves rapides et efficaces, un élève ayant fini le travail programmé aura toute latitude pour aller pratiquer une activité libre, à sa place ou dans les coins installés loin du tableau commun d’écriture-lecture-mathématiques.
    Les règles en vigueur dans cet espace de liberté seront expliquées au coup par coup, en activité : installer les règles en les vivant[7] fait gagner un temps précieux. Cela permet à chaque élève de progresser par la méthode des petits pas, tant dans son comportement que dans ses acquis scolaires. C’est aussi la certitude de voir ces règles appliquées plus facilement sous l’effet de la routine.

    Pour tous les domaines où l’apprentissage n’est pas forcément structuré de manière linéaire, le maître choisit de mener de front, au cours d’une même activité, les apprentissages des plus jeunes et ceux de leurs aînés. Le fond est le même, seul le degré d’exigence varie. À chacun des domaines qui concernent la partie ayant trait à la Culture humaniste, scientifique ou technique (histoire, géographie, sciences, technologie) il a arbitrairement attribué un jour de la semaine. Il peut aussi choisir de travailler sur quatre semaines, ou quatre demi-semaines. L’important est d’avancer toujours par la méthode qui convient au rythme des enfants : peu à la fois, souvent, en reprenant les acquis antérieurs avant de les compléter, pour le plaisir de se voir grandir et progresser presque à vue d’œil !

    Il procédera de même en Langue vivante étrangère, en Éducation Physique et Sportive et en Arts. Pour l’Éducation Morale et Civique, absente à l’emploi du temps, elle sera présente à temps complet dans ses volets concernant SensibilitéJugement et Engagement , grâce à la méthode de la médiation directe en action ; le volet Droits et règles sera quant à lui intégré, selon les items à traiter,  aux programmes de littérature, d’histoire ou de géographie.

    • Progressions

    À partir du CE1, toutes les disciplines peuvent être rangées, avec plus ou moins de rigueur, dans la catégorie des apprentissages à progression linéaire structurée. Il est donc plus simple d’établir des progressions enchaînant chaque jour ou chaque semaine la notion ou le savoir-faire succédant aux acquis des séances précédentes, en continuant d’avancer à pas comptés, comme dans les classes recevant des enfants plus jeunes.

    Pour être mieux à même de consacrer son temps à suivre réellement ses élèves, le maître choisit de s’entourer d’outils et de méthodes simples plutôt que de passer énormément de temps à préparer sa classe et à créer ses outils. Il a ainsi adopté des méthodes de français et de mathématiques proposant une progression journalière pour chacun des trois niveaux[8].

    Pour l’ensemble des autres matières, son critère de sélection principal a été le bon sens et la connaissance des capacités attentionnelles, inductives et déductives d’enfants d’âge primaire ainsi que leur goût pour la réussite rapide, la découverte constante et l’atteinte d’objectifs simples et progressifs.

    S’il a trois niveaux qui se suivent, il bâtit une seule progression pour toutes les matières dites secondaires[9]. Les plus jeunes prendront ce qu’ils sont déjà capables de concevoir alors que leurs aînés pourront approfondir ce qu’ils ont déjà abordé les années précédentes. Les attendus de fin de cycles sont suffisamment vagues au Cycle 2 pour qu'ils puissent être acquis grâce à la participation active des élèves aux séances prévues prioritairement pour leurs camarades de Cycle 3.

    En français et en mathématiques, cela est parfois possible mais le risque est grand de faire traîner trop longtemps les plus âgés sur des savoirs qu’ils maîtrisent déjà et d’être ensuite obligé de les presser quand ils en arrivent à aborder de nouvelles données, juste au moment où ils auraient besoin de temps pour en acquérir la maîtrise.
    Par ailleurs, encourager les élèves à croire que leurs acquis antérieurs sont négligeables en les reprenant à zéro risque de les entraîner à croire que leur enseignant ne tient pas compte de leurs capacités mnésiques ou même que la mémorisation est inutile puisqu’elle n’est jamais réclamée.

    Il vaut mieux donc compter sur l’autonomie des élèves et leur capacité à défricher seuls une notion, une connaissance, un savoir-faire et ne concevoir une leçon proprement dite[10] que lorsque la nouveauté est trop grande ou le concept trop difficile, plutôt que de les condamner à suivre un rythme qui n’est plus le leur. Il n’y aura souvent que les plus jeunes ou les élèves arrivant d’une classe à un seul niveau qui seront accompagnés sur toutes les notions jusqu’à ce qu’ils acquièrent les réflexes d’autonomie nécessaires à un travail efficace.

    Annexes :

    Télécharger « EDT.CE1CE2CM1 ou CE2CM1CM2.pdf »

    Télécharger « Plan 2 ou 3 niv. élém. sans CP.pdf »

    Télécharger « Programme d'acquisition CE1.pdf »

    Télécharger « Programme d'acquistion CE2.pdf »

    Télécharger « Programme d'acquistion CM1.pdf »

    Télécharger « Programme d'acquistion CM2.pdf »

    Télécharger « Matériel individuel 2 ou 3 niv. élém. sans CP.pdf »

    Dans la même série :

     Tous les chapitres déjà mis en ligne sont répertoriés dans la Table des matières   évolutive que vous trouverez dans la partie Sommaires.

    Pour la partie présente 

    I. Idées reçues  ; III.1. Trois niveaux dans la même classe ; III. 2. E. Mise en route - Élém. sans CP (1) ; III. 2. E. Mise en route - Élém. sans CP (2) ; III. 2. E. Mise en route - Élém. sans CP (3)

    Notes : 

    [1] Voir Annexe III

    [2] Cartes à jouer, jeux de dames, d’échec, puzzles mais aussi jeux de construction de type Mecano, K’nex, etc.

    [3] Coloriages magiques, mots croisés et autres... 

    [4] Voir Annexe V.

    [5] Voir Annexe II

    [6] Voir note 8.

    [7] Méthode de la médiation directe en action.

    [8] Vous trouverez sur Bienvenue chez les P’tits, le blog que j’anime, dans la rubrique Matériel des fichiers ou manuels de mathématiques et d’étude de la langue pour chacun des niveaux allant du CE1 au CM2. Un livre de lecture et expression est également disponible pour le niveau Cours Élémentaire. On peut aussi trouver quelques leçons de sciences pour le niveau CE2/CM1/CM2.  

    [9] Histoire, géographie, sciences et technologie, langue étrangère, EPS, arts visuels, musique...

    [10] Ce sont pendant les temps de Régulation que ces « leçons » courtes et pratiques pourront être données à tout ou partie des élèves d’un ou plusieurs niveaux.


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  • III. 2. D. Mise en route - CP/CE1/CE2 (3)

    Du Cours Préparatoire au Cours Élémentaire 2

    (3e partie)

    Premier jour de classe 

    Après-midi :

    1) Musique :

    L’après-midi, le groupe est accueilli dans la cour, sous le préau ou dans la salle de musique. Il se ressoude en apprenant à chanter en chœur une mélodie simple, à pratiquer un jeu instrumental amusant ou en écoutant un extrait musical qui sera prétexte à expression corporelle si les locaux le permettent. Si cela n’est pas possible, ce moment d’expression (danse, mime) prendra place, de manière rituelle, pendant l’une des séances d’EPS de la semaine.

    2) CE2 : Lecture ; CE1-CP : Exercices écrits :

    De retour en classe, après la reprise à l’identique de la leçon de lecture du matin pour les élèves de CP, le maître guide la réalisation de la première page du cahier d’exercices correspondant à la méthode de lecture. Pendant ce temps, les élèves de CE copient[1] sur leur agenda ou leur carnet le travail qu’ils feront à la maison. Une aide (photocopie à compléter) est fournie aux élèves de CE1 s'il s'agit pour eux d'un exercice auquel ils n'ont pas été habitués en fin de CP. 
    Une fois cette courte tâche effectuée (il y a peu à écrire car le maître ne compte pas sur les familles pour installer les connaissances), ils réalisent un dernier exercice de français ou de mathématiques, illustrent la poésie qu’ils apprendront bientôt, relisent silencieusement leur page de lecture…

    Dès que les élèves de CP sont lancés sur leur travail, parfois aidés par quelques élèves de CE1 complaisants[2], le maître dirige la lecture à voix haute des plus grands.
    Il a aussi choisi un texte simple et parlant suivi de quelques questions de vocabulaire et de compréhension. Il peut même avoir fait en sorte que cette lecture introduise la séance d’Histoire, de Géographie, de Sciences ou de Technologie qui va suivre, ce qui lui permet d’entraîner les cadets à la suite des plus grands, au fur et à mesure de l’accomplissement de leurs tâches.

    3) Questionner le monde :

    Le travail par niveaux est fini pour la première journée. Les bureaux sont rangés, les cartables sont prêts. Le maître installe alors tous ses élèves pour un exercice d’observation simple. Il a choisi, selon sa sensibilité, de commencer par l’Histoire, la Géographie, les Sciences ou la Technologie. L’important est que les élèves, dès le premier jour, découvrent le plaisir d’apprendre, la joie d’observer attentivement, de formuler des hypothèses, d’expérimenter, de confronter leurs savoirs… En bref, qu’ils apprécient et fassent leur le sérieux d’un apprentissage commun.

    Ce que le maître leur propose, ce sont des connaissances, riches et variées. Les compétences comportementales que feront naître ces savoirs sont une conséquence de cette accumulation de données qu’il convient de rapprocher, d’opposer, de lier, de combiner. L’enfant est heureux des connaissances qu’il accumule, alors que le maître est satisfait de ce qu’il installe, au jour le jour, sans précipiter ni retarder au prétexte qu’il est indispensable ou inutile qu’un enfant de six à neuf ans ait acquis tel comportement savant[3] ou telle connaissance académique…

    Il ne s’agit pas cependant de faire le tour de la question mais plutôt juste un petit tour de piste, une mise en jambes intellectuelle qui, elle aussi, donne le ton de l’année scolaire qui commence. Mens sana, pense le maître… in corpore sano, répondent les élèves qui, après deux mois de vacances, ont des fourmis dans les jambes !

    4) Éducation physique et sportive :

    Vite ! La marque de fabrique de l’école républicaine et des grands mouvements d’éducation populaire est en train de disparaître du paysage scolaire, tuée par la bouffissure de ses prétentions associée au manque chronique de temps. Pourtant, elle participait si bien à l’acquisition des valeurs de partage, de solidarité, d’échange, de camaraderie, pas toujours perceptibles dans le sport associatif encouragé de toute part à produire des champions.
    Pourtant, elle donnait l’occasion aux élèves à l’intelligence plus pratique de briller face à leurs camarades plus à l’aise dans les domaines intellectuels. Pourtant, elle permettait cette première compréhension concrète de l’espace et du temps, celle vécue corporellement, intégrée sans même s’en rendre compte.

    Un petit échauffement tout simple qui servira aussi à fixer la latéralisation de certains, à enrichir le vocabulaire d’autres et à en calmer et concentrer quelques-uns. Un jeu collectif, avec ou sans ballon, héritier des fameux jeux de colo ou de patronage. Un exercice plus dirigé qui permettra, lorsque son apprentissage sera intégré par tous, de progresser dans le grand jeu. Enfin, un retour au calme, assis en rond, pour un dernier jeu d’attention visuelle ou auditive et le tour est joué.

    Les enfants sont ravis, le maître n’a pas été obligé de redécouvrir l’Amérique en créant de toutes pièces une séance parfaite, s’insérant dans une progression extraordinaire aux objectifs hallucinants, truffée de mots compliqués. Demain, ils recommenceront et, peu à peu, les enfants progresseront, à leur rythme, entraînés par leurs camarades et leur maître, contents de bouger et de maîtriser leur corps. 

    5) Récréation

    Selon les habitudes locales (voir Matinée).

    6) Arts Visuels ; anglais :

    Après la récréation, c’est pour une autre des marques de fabrique de l’École, tendance Éducation Nouvelle ou École Active, que la classe se réunit encore une fois. Pendant la dernière partie de la journée, après quelques courtes minutes consacrées à faire un premier état des lieux des connaissances des élèves en anglais (les nombres de 1 à 10, par exemple, ou encore les couleurs ou la façon de dire bonjour), les élèves vont s’exprimer, par le dessin et les arts plastiques.

    Dans ces domaines-là non plus, point n’est besoin de grands mots, d’objectifs échevelés, de projets démesurés. L’enfant aime se voir progresser, il apprécie beaucoup moins d’être entraîné vers la noyade ou condamné au rôle d’exécutant des basses œuvres d’une production adulte bien trop sophistiquée pour ses faibles moyens.
    Le maître a donc choisi une œuvre plastique[4] facile à analyser, à commenter, à s’approprier de manière à pouvoir l’intégrer à une production personnelle.

    Premières semaines

    Le lendemain et les jours suivants, le maître continue à donner forme à sa classe, de manière à ce que les enfants sachent qu’ils sont là pour apprendre et réfléchir ensemble, aidés par un adulte bienveillant venu exprès pour leur faciliter la tâche.  

    Le rythme des journées, toujours identique, permet l’acquisition de repères temporels sûrs. Le maître aide ses élèves en variant le moins possible l’ordre et la durée des activités.  L’acquisition du rythme hebdomadaire, ainsi que le nom des jours se stabilise grâce aux activités variées de l’après-midi. 

    Lecture, arts et littérature sont le point de départ de chaque demi-journée de classe. Les élèves savent que l’aisance qu’ils acquerront dans ces domaines sera le garant de leur réussite scolaire, au moins pendant toutes leurs années d’école élémentaire.  Le vocabulaire, la syntaxe, travaillés tant à l’oral qu’à l’écrit pendant les deux tiers de chaque matinée, leur assurent une compréhension de plus en plus fine de la langue et de son code écrit qui leur servira toute la journée, au cours de chaque activité.  Chaque jour amène son lot de progrès et développe pas à pas les jeunes corps et les jeunes esprits...

    Les temps de la journée ont pris rapidement leur place.  La durée des activités, éventuellement ponctuée par la sonnerie d’un minuteur et la consultation d’une horloge par les plus âgés, aide les élèves à garder présentes à l’esprit les échéances du temps qui passe. Confortés dans leurs capacités, ils prennent avec confiance leur autonomie.

    La cohésion du groupe installe l’envie d’apprendre. Les enfants prennent plaisir aux activités que le maître organise où chacun a sa place, au milieu de tous ses camarades. Ils ont compris que ces activités collectives sont toutes chargées d’une dimension instructive.

    Les apprentissages, grâce à leur place prépondérante et leur caractère routinier, se sont vite structurés. Chaque jour, chaque élève sait qu’il va au cours des moments institutionnalisés s’exercer avec ses camarades de classe à prendre des repères de plus en plus fins dans le monde des savoirs savants. Chacun sait où il va, confiant dans ses capacités car épaulé par son maître et ses camarades de classe qui avancent avec lui, sur le même chemin.

    Dans la même série :

     Tous les chapitres déjà mis en ligne sont répertoriés dans la Table des matières   évolutive que vous trouverez dans la partie Sommaires.

    Pour la partie présente 

    I. Idées reçues  ; III.1. Trois niveaux dans la même classe ; III. 2. D. Mise en route - CP/CE1/CE2 (1) ; III. 2. D. Mise en route - CP/CE1/CE2 (2) ; III. 2. D. Mise en route - CP/CE1/CE2 (3)

    Notes : 

    [1] Je conseille de ne pas faire copier les « leçons » aux élèves de CP mais de coller ou de faire coller dans un cahier (ou carnet) de liaison une feuille photocopiée qui récapitule pour les parents ou l’association d’aide aux devoirs quelles sont les courtes tâches de révision à effectuer chaque soir de la semaine.

    [2] L’aide mutuelle doit être encouragée mais jamais imposée, d’autant qu’un élève qui ne la propose pas de bon cœur est souvent un mauvais guide, cherchant plus à se débarrasser d’un travail qui l’ennuie qu’à réellement fournir un appui à son petit camarade.

    [3] Les principes de la démarche d’investigation, au CP, guidé par le maître, je suis d’accord ; seul, en autonomie, même par reproduction, est-ce bien raisonnable ?...

    [4] Excellente progression pour le CP, facilement adaptable pour des élèves de CE, sur ce site : http://ouiphi.eklablog.com/une-progression-pour-le-cycle-2-c25389902.
    On trouvera des pistes musicales dans Une année au concert, cycle 2, Scéren.


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