• II. 2. C. Mise en route - GS/CP (3)

     Dans la Grande Classe (3e partie)

    Premier jour de classe 

    Après-midi

    1) Musique, chant :

    Quinze minutes de détente et d’écoute pour commencer[1]. Le maître enchaîne exercices respiratoires, vocaux, chant choral et écoute instrumentale, à raison de quelques courtes minutes de chaque. Il y intègre le tout premier exercice de préparation à la lecture des élèves de Grande Section[2] puisqu’il consiste à reconnaître le timbre de quelques instruments à percussion.
    Ce qui sera matière à être déjà de la pré-pré-lecture se découvre dans le cadre de la séance de musique… Bel exemple d’interdisciplinarité sans artifice !

    De même, la comptine de La Souris Verte[3] sert de matériau à la partie « chant » de cette première séance de l’année. Même si les plus grands la connaissent certainement déjà, l’activité de création musicale et langagière sur laquelle elle débouchera compense largement ce qu’un adulte peut éventuellement prendre pour un inconvénient.

    S’il dispose d’une salle dégagée pour cette séance, il profite du moment d’écoute musicale pour commencer la séance de préparation à l’écriture[4] des élèves de Grande Section en distribuant les rubans et en laissant les élèves évoluer sur une valse... Sinon, cet exercice sera remis à la séance d’éducation physique de l’après-midi ou du lendemain matin.

    2) Préparation à l’écriture / Lecture : exercices écrits

    Pendant que les plus jeunes se lavent les mains avant leur première séance d’écriture, les plus grands découvrent leur manuel de lecture. Il est ouvert à la première page et ils passent ces quelques minutes à lire, l’un après l’autre, les quelques lignes qui la composent[5]. Lorsqu’ils ont fini, le maître leur explique brièvement la consigne de l’exercice écrit qu’il a prévu[6]. S’il a le temps, il le commence avec eux pendant que les élèves de GS prennent connaissance du matériel proposé (voir Délier les doigts dans la progression proposée).

    Le maître, libéré des aînés, peut alors diriger l’activité Gymnastique des doigts avant d’organiser le Jeu de saute-mouton proposé lui aussi dans sa progression[7].

    3) Observation ou Arts Visuels[8]

    Selon sa sensibilité, le maître a programmé une séance d’Observation ou d’Arts Visuels. Ce travail commun permet d’installer de nouvelles règles, de mettre en place de nouvelles habitudes. Chaque élève est appelé à participer, à s’exprimer, à faire preuve de créativité et de curiosité.
    Comme dans les plus petites classes, les enfants participent tant à l’installation qu’au rangement. Ils prennent possession de leur classe, apprennent à s’entraider, à accompagner les plus jeunes, à s’associer pour être plus efficaces. Le maître (et l'ATSEM s'il y en a une) les encourage, les aide, leur simplifie la tâche tout en gardant à l’esprit qu’il vise leur autonomie, leur joie d’apprendre, leur bonheur de se voir progresser à chaque instant.

    Il installe par petites touches des connaissances, des savoir-faire, félicite les réussites même partielles, minimise les échecs et assure qu’ils sont temporaires parce que les enfants sont là pour grandir et pour apprendre… Son rôle, c’est d’instaurer l’effort et la discipline librement consentis, chers à Célestin Freinet et de « libérer les enfants qu’on lui confie des obstacles qui empêchent le développement de sa vie[9] ».

    4) Lecture, Littérature : Compréhension, Expression, Mémorisation

    Une dernière et très courte séance de lecture pour les CP. Ils reprennent encore une fois leur manuel de lecture pour savoir ce qu’ils liront à la maison, à l’étude ou à l’aide aux devoirs.
    Cette courte séance permet au maître de s’assurer que, même si l’enfant n’a pas l’encadrement familial ou institutionnel qu’ont ses camarades, il aura à quatre reprises, et sous quatre angles différents, lu et compris le matériau d’étude du jour. Les élèves de Grande Section à nouveau présents à la séance de lecture de leurs camarades de CP et ils sont les témoins de leurs progrès (en cas de groupe très remuant, le maître a prévu un exercice de motricité fine : coloriage de toutes petites surfaces, type mandala, piquage, type Coloredo, petits objets à trier et ranger).

    On conclut cette séance par une quinzaine de minutes autour d’un conte ou d’un poème qui va être lu, décortiqué, observé et commenté par les élèves, encouragés par leur maître à comprendre presque mot à mot le texte qu’il leur lit. Pour soutenir l’attention des plus jeunes, il utilise au besoin des marionnettes, des petits personnages, un décor, tout ce qui permettra aux enfants d’aider leur imagination à grappiller suffisamment d’éléments pour vivre l’intrigue qui se noue devant eux.

    Le but est d’inviter à la table du savoir tous les enfants, des plus démunis aux plus favorisés, de gommer leurs différences par le haut, en donnant plus, toujours plus, à ceux qui sont les plus dépourvus.
    La classe à double-niveau, grâce au plus grand écart d’âge entre les plus jeunes et les plus âgés, y participe car elle normalise les différences de stades de développement. Le maître y joue sa part si, toute la journée, il rappelle son rôle de facilitateur, heureux d’offrir son savoir à ceux qu’il accueille et avec qui il partage sa journée d'école.

    5) Récréation

    6) Éducation Physique et Sportive

    La journée se termine. Après quelques minutes en classe, consacrées aux rangements[10], la petite troupe finit sa journée comme elle l’a commencé : en se dépensant physiquement « en vue d’une série de buts intéressants, canalisant ainsi l’irréfrénable activité [des enfants], dans l’ordre et vers le perfectionnement[11] ».

    Interdisciplinarité oblige, les exercices physiques qu’il propose entraînent ses élèves vers la perception de l’horizontalité et du sens gauche-droite de l’écriture, avec un saute-mouton aménagé, puis vers l’écoute musicale et le geste d’écriture, avec un moment de danse avec rubans, vers le vivre-ensemble et le comptage, avec un jeu du type Filet du pêcheur

    En fin de séance, cinq minutes de relaxation détendent les élèves avant leur départ vers d’autres lieux. Le maître en profite pour rappeler à ses élèves de Cours Préparatoire qu’ils doivent montrer à leurs familles comme ils savent bien lire la première page de leur livre de lecture et tout le monde se souhaite une bonne soirée et se dit à demain.

    Premières semaines

    Le lendemain et les jours suivants, le maître continuera à faire de son groupe d’élèves une classe, c’est-à-dire un groupe d’enfants qui apprennent et réfléchissent ensemble, aidés par un adulte bienveillant qui est là pour eux.  

    Le rythme des journées, toujours identique, permet l’acquisition de repères temporels sûrs. Le maître aide ses élèves en variant le moins possible l’ordre et la durée des activités.  Ses élèves étant encore un peu jeunes pour lire l’heure sur l’horloge de la classe, il s’aide pour ponctuer le temps d’un minuteur qui sonne lorsqu’il est temps de changer d’activité ou de se préparer pour la suivante.
    L’acquisition du rythme hebdomadaire, ainsi que le nom des jours commence à venir, au moins pour les plus âgés, grâce aux activités variées de milieu d’après-midi : « Le lundi, c’est le jour des arts visuels. Le mardi, en sport, nous pouvons aller dans le gymnase. Le mercredi, c’est le jour où nous n’avons école que le matin... »
    Le maître n’impose rien, il se contente de donner chaque jour la date et de rappeler quelles activités sont prévues à l’emploi du temps.  Il sait que tout viendra en son temps si l’organisation du temps qu’il propose est claire et routinière. 

    Les activités sportives sont le point de départ de la journée de classe. Les élèves savent que les jeux qu’ils y pratiquent, les attitudes qu’ils y travaillent, l’organisation qu’ils y mettent en place seront repris sous une forme différente en classe, au cours des apprentissages que les adultes qualifient de fondamentaux[12].

    Les plus jeunes abandonnent à leur rythme la petite enfance pendant que leurs aînés entrent de plain pied dans le monde des élèves. Chaque journée amène son lot de progrès, aussi bien en expression orale et écrite, qu’en découvertes sensorielles, aptitudes physiques, savoirs mathématiques, connaissances culturelles... Le vocabulaire et la syntaxe, travaillés essentiellement à travers l’oral en ce début d’année, s’invitent à longueur de journée, à travers toutes les activités qui, chacune à sa manière, sollicite l’effort d’expression et de mémorisation de tous.  

    Tous ces moments d’apprentissages assurent la prise d’autonomie et l’envie d’apprendre de chacun. La cohésion du groupe s’installe et les enfants prennent plaisir aux grands jeux que le maître organise et où chacun a sa place, au milieu de tous ses camarades. Ils ont compris que les moments d’activité collective sont tous chargés d’une dimension instructive.
    Les apprentissages, grâce à leur place prépondérante et leur caractère routinier, se structurent. Chaque jour, chaque élève sait qu’il va au cours des moments institutionnalisés s’exercer avec ses camarades de classe à prendre des repères de plus en plus fins dans le monde de l’écrit, entendu, tracé, vu et même lu, pour les élèves de CP. Chacun sait où il va, confiant dans ses capacités car épaulé par son maître et ses camarades de classe qui avancent avec lui, sur le même chemin.

    Dans la même série :

     Tous les chapitres déjà mis en ligne sont répertoriés dans la Table des matières   évolutive que vous trouverez dans la partie Sommaires.

    Pour la partie présente :
     I. Idées reçuesII.1. Deux niveaux dans la même classe  II. 2. C. Mise en route - GS/CP (1)II. 2. C. Mise en route - GS/CP (2) ; II. 2. C. Mise en route - GS/CP (3).

    Notes :

    [1] Pour des conseils de tenue d’une séance de musique en GS/CP, voir Pour une Maternelle du XXIe siècle, chapitre XIII.

    [2] Selon la progression de Thierry Venot, dans De l’écoute des sons à la lecture, grip-éditions : I. Se repérer dans l’espace et le temps, A. les suites de sons et les jeux d’écoute. 

    [3] Ou toute autre comptine pouvant être mise en images comme celle-ci l’a été dans I. De l’écoute des sons à la lecture¸ Se repérer dans l’espace et le temps, B. La souris verte.

    [4] Voir suggestion de progression ici : L'écriture cursive en grande section : activités préparatoires

    [5] Bon critère de choix pour une méthode de lecture : si l’enfant ne peut pas faire ce travail quasiment seul, avec une aide minime de l’adulte, dès le premier jour, c’est que c’est une mauvaise méthode qui ne motivera que les plus habiles, décourageant tous les autres. L’enfant aime se voir progresser à vue d’œil et nous devons en tenir compte.

    [6] Sur fiche sans doute. L’enfant est encore trop peu exercé pour gérer une copie sur le cahier. La plupart des méthodes de lecture proposent un cahier d’exercice associé qu’il suffit de suivre page à page ; il est d’autant plus utile en classe à plusieurs niveaux qu’il permet au maître de se consacrer à l’un des autres groupes sans crainte de voir les élèves s’ennuyer ou se perdre dans des activités mal adaptées à la méthode.

    [7] Les élèves y rejoueront, en vrai, le soir même pendant la séance de motricité.

    [8] Excellente progression pour le CP, facilement adaptable pour des élèves de GS, sur ce site : http://ouiphi.eklablog.com/une-progression-pour-le-cycle-2-c25389902

    [9] M. Montessori in Pédagogie scientifique, tome 1, L’ambiance, Liberté du développement, p. 47

    [10] Tables, placards de jeux, cartables des plus âgés… On peut aussi placer ces quelques minutes juste avant la récréation.

    [11] M. Montessori, opus cité.

    [12] Pour beaucoup, cela se résume au triptyque « écriture, lecture, calcul », oubliant au passage l’enseignement oral du vocabulaire et de la syntaxe, nourri par toutes les activités d’écoute et d’échanges autour de la littérature et de l’observation des mondes et des époques, proches ou plus lointains et l’acquisition d’aptitudes motrices et particulièrement manuelles déliées.


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  • II. 2. C. Mise en route - GS/CP (2)

     Dans la Grande Classe (2e partie)

    Premier jour de classe 

    La tonalité du premier jour donne la tonalité de l’année scolaire. Encore plus que dans une classe à un seul niveau où le maître est constamment disponible pour tous ses élèves et peut rattraper rapidement ses fausses-pistes, il convient d’institutionnaliser tout de suite l’acquisition de contenus comme objectif central de toute journée de classe.

    L’organisation, la convivialité, les habitudes, l’utilisation du matériel scolaire s’installeront donc en action, pendant les activités scolaires proprement dites. Les élèves arrivent donc dans une classe prête à fonctionner. Chacun a déjà son matériel[1], dans son bureau ou son casier. Il est marqué à son nom et c’est en l’utilisant qu’il apprendra à en prendre soin.

    Matinée

    1) Accueil des familles ; Éducation Physique et Sportive

    Après le départ des parents, la classe pourra commencer. Comme dans les classes précédentes, le maître fait en sorte de faciliter la séparation et d’encourager enfants comme parents à faire confiance à l’école. Il présente brièvement les lieux et son projet, annonce la date de sa réunion de rentrée.
    Il encourage les familles à venir plutôt le voir à un autre moment qu’à la rentrée du matin[1 bis]. Ainsi il commence à poser les jalons qui lui permettront de disposer de sa classe et de ses élèves pendant les 24 heures de classe, ni plus, ni moins.
    Si cela est possible et ne heurte pas les convictions du conseil des maîtres, il annonce qu’à partir de l’après-midi, c’est dans la cour, sous le préau ou dans la salle polyvalente qu’il accueillera ses élèves. Ceci lui permet de bien installer le principe de la salle de classe, lieu de vie du groupe-classe et seulement du groupe-classe.

    L’emploi du temps du matin commençant par une séance d’éducation physique, c’est tout naturellement que, dès le lendemain matin, il pourra récupérer ses élèves dans la cour, le préau ou la salle de sport.

    La première séance de sport étant abrégée, il met en place un jeu rapide de repérage spatial[2] qu’il décrit, en ce jour de rentrée, comme celui du nouveau maître qui ne connaît pas les usages.
    Les élèves se déplacent librement dans la salle, il en profite pour observer le tempérament de chacun, calmer les uns, encourager les autres, séparer les bavards et les bagarreurs… Lorsqu’il frappe dans les mains, tous doivent s’immobiliser et écouter la consigne qu’il mime tout en l’énonçant : « En ligne, un par un, devant moi ! ».
    Lorsque la ligne est réalisée, après un petit tour de piste en frappant dans les mains ou en chantant toujours la même ritournelle, il renvoie ses élèves s’ébattre dans la salle avant de recommencer la succession des quatre actions : immobilisation, écoute de la consigne mimée qui varie à chaque nouvel essai, réalisation de la consigne, petit tour de piste en exécutant un rythme frappé ou chanté.

    Cinq minutes avant la fin de la séance, il fait asseoir tous ses élèves en rond, propose un passage aux toilettes et finit la séance par un jeu d’attention visuelle : assis, les mains sur les genoux, les élèves observent le nombre de doigts que le maître lève ; lorsqu’il cache sa main derrière le dos, ils doivent montrer à leur tour le même nombre de doigts. Il recommence trois ou quatre fois puis conduit ses élèves en classe et s’installe avec eux au coin-de regroupement.

    2) Langage oral et écrit :

    - Expression, phonologie, observation

    Après l’avoir montrée à la classe et lue en suivant le mot du doigt, le maître distribue à chaque élève l’étiquette portant son prénom en lettres cursives. S’il y a des absents, il lit leurs prénoms et les affiche au tableau dans un endroit dédié à cela, repéré par la phrase « Je suis absent » que le maître lit, lentement toujours en soulignant le mot avec l’index. Les élèves présents viennent afficher leurs étiquettes sur le présentoir qui indique « Nous sommes présents ».

    Le maître dévoile alors une illustration, une scénette réalisée avec des éléments réels ou quelques objets que les élèves doivent observer.
    Tout ceci est en lien direct avec la première leçon de lecture des élèves de CP de façon à pouvoir servir de séance d’expression orale et de vocabulaire pour tous et de tremplin pour la lecture du groupe des grands.
    Il laisse les élèves de GS comme de CP s’exprimer librement, reprenant juste les tournures de phrases et sollicitant ceux qui ne s’expriment pas. Il met en place la règle d’or de la classe à plusieurs niveaux en apprenant aux plus âgés à toujours laisser la parole aux plus jeunes en premier.
    Petit à petit, il amène les élèves à formuler eux-mêmes la matière qui servira de base à la leçon de lecture[3] du jour.

    C’est alors le moment où les élèves de GS s’installent à leurs tables avec pour consigne de dessiner leur propre conception ce qu’ils viennent de voir pendant le regroupement.
    Le maître distribue à chacun son cahier de dessin, ouvert à la première page[4], montre où récupérer les boîtes de crayons feutres et les laisse, seuls ou sous la surveillance de l’ATSEM.

    - Dessin libre / Lecture :

    Pendant que les plus jeunes dessinent, la séance de lecture continue. Les activités[5] s’enchaînent de façon à soutenir l’attention de tous. Elles alternent les phases d’attention auditive avec celle d’attention visuelle et sont toujours sous-tendues par l’idée de servir à la compréhension qu’elle soit lexicale ou technique. Au bout de quinze minutes, quel que soit l’avancement de la séance, le maître l’arrête de manière à ne pas décourager les élèves devant un effort trop long et trop soutenu. Il la reprendra plus tard, sous une autre forme, au besoin. 

    Cela lui permet de consacrer les cinq dernières minutes prévues par l’emploi du temps à l’introduction de la séance d’écriture qui se déroulera en autonomie ou sous la surveillance de l’ATSEM. Il s’agit pour lui, dans ces cinq courtes minutes, d’apprendre aux élèves un geste et un seul qu’ils s’exerceront à reproduire seuls[6], sur l’ardoise, le cahier ou le tableau, selon leur degré d’avancement.

    - Dictée à l’adulte / Écriture :

    Si ses élèves de CP sont issus d’une classe dans laquelle on les a très peu exercés à l’écriture cursive, il devra s’inspirer des leçons[7] qu’il donnerait à des enfants beaucoup plus jeunes, tout en sachant que le rythme en sera nettement plus soutenu. Il convient en effet de combler rapidement le décalage entre les capacités psychomotrices moyennes d’un enfant de six ans ou presque et la maladresse[8] due simplement au manque de sollicitations de l’entourage.

    Pendant que les élèves de CP s’exercent, le maître est disponible pour les plus jeunes. Il les installe autour de lui et demande à chacun d’entre eux de raconter son dessin à ses camarades. Il sollicite les moins bavards, s’attachant à ce qu’ils produisent au moins une courte phrase et freine un peu ceux qui, au contraire, n’en finissent plus d’ajouter des détails à leur exposé.

    Après chaque présentation, il résume, d’une courte phrase, le propos de l’artiste avant de l’écrire, en écriture cursive appliquée sur la page seyes en regard. Une fois écrite, il la relit, lentement, en suivant le texte du doigt.

    S’il voit que l’attention se dilue, il envoie les premiers choisir librement un jeu qu’ils installeront sur leurs tables ou dans le coin de jeux d’imitation pendant qu’il finit avec les derniers. Il note mentalement quels sont les élèves qui se sont exprimés les premiers. Le lendemain, il fera bénéficier d’autres enfants de la priorité…

    - Jeux sensoriels ou d’imitation / Dictée

    Les petits sont maintenant installés à leurs tâches. À part enfant à problèmes comportementaux, l’attrait de la nouveauté, la liberté du choix de l’activité et l’adéquation du matériel sélectionné avec les capacités d’un enfant de presque cinq ans à pas encore six ans devraient suffire à assurer une quinzaine de minutes de calme relatif au groupe des élèves de CP.
    Si cela n’était pas le cas, le maître se réserve le droit d’extraire du groupe en autonomie les enfants trop bruyants. Il les installe alors près de lui, au coin de regroupement, chacun dans son coin, avec un livre, un jeu de construction calme et un peu ardu[9].

    Pendant ce temps, il peut se consacrer aux élèves de CP qui ont besoin d’un deuxième moment d’écriture-lecture s’il veut qu’ils se sentent progresser très vite, comme aiment les enfants.
    Selon leur niveau, il adapte ses exigences de dictée[10] à la méthode de lecture choisie et aux capacités d’écriture à la main[11] de ses élèves. Ce pourra être une dictée d’étiquettes[12] que les élèves présentent au maître ou une production manuscrite sur l’ardoise ou le cahier. On peut même en faire un jeu moteur pendant lequel les élèves doivent se déplacer ou déplacer un personnage sur des cases où sont écrits les éléments de la leçon de lecture du jour dictés par le maître.  

    La dictée muette[13] peut aussi être une solution si le groupe des plus jeunes est très important et mobilise beaucoup l’énergie de l’adulte par son remue-ménage. Déchargé du travail de dictée, ce dernier peut continuer à jeter un coup d’œil aux plus jeunes tout en passant parmi les grands pour les aider dans leur travail.

    3) Récréation :

    Le maître donne quelques habitudes d'ordre à ses élèves : ranger la classe et le travail fini avant de se mettre en rang, se déplacer en silence. Il rappelle à tous qu'ils doivent profiter de ces minutes de récréation pour boire et aller aux toilettes ; au besoin, il organise un passage dans la salle de propreté de l'école pour bien mettre en place ces bonnes habitudes.
    La durée de la récréation étant différente selon le cycle auquel appartiennent ses différents élèves (GS, cycle 1 : 30 minutes - CP, cycle 2 : 15 minutes), il a choisi, en ce premier jour de classe d'allonger un peu la durée de la récréation des plus grands et de terminer la récréation des plus petits par des activités dirigées dans la cour.
    Les jours suivants, il procédera de même jusqu'au moment où les apprentissages mathématiques des CP nécessitant plus de temps (pas avant la période 2 ou 3 !), il restreindra la récréation des plus jeunes (à moins que son collègue de PS/MS soit sur place et puisse récupérer ses élèves).

    4) Mathématiques :

    - Jeux et manipulations

    En croisant les activités prévues dans la progression de ses deux méthodes de mathématiques, le maître a prévu une séance motrice qui peut débuter dans la cour de récréation elle-même. Pendant une quinzaine de minutes, il fait en sorte que ses élèves progressent tant en perception de l’espace et du temps qu’en numération orale et en calcul. Les plus jeunes et les moins à l’aise de ses grands assoient leurs compétences pendant que les plus âgés et les plus rapides de ses petits commencent à découvrir, intuitivement et par le jeu, leurs premières perceptions des régularités mathématiques.

    La séance Jeux et manipulations se finit en classe, au coin de regroupement où, chacun à son niveau, les enfants continuent à échanger tous ensemble et à se fabriquer une mémoire mathématique commune.

    - Exercices écrits et jeux libres individuels

    Après un passage par la trace écrite, suivi d’un premier contact avec le rangement dans le porte-vues pour les élèves de GS, la matinée se termine dans le calme d’un temps de jeux libres.

    Le maître laisse les élèves explorer les coins-jeux et les étagères, se réservant le droit d’orienter plus tard les plus grands vers des jeux réellement mathématiques. Aujourd’hui, c’est le Premier Jour et ses élèves de CP en ont déjà fait beaucoup ! Chacun joue, si possible dans le calme, et le maître est à la fois nulle part et partout, s’intéressant à tous sans être monopolisé par certains.

    La matinée est finie, elle a donné le ton de toutes les matinées de l’année, offrant l’occasion aux élèves de prendre leurs premiers repères, aussi bien instructifs qu’éducatifs. On se quitte en sachant déjà que l’après-midi reprendra les mêmes priorités et qu’on est maintenant chez soi, dans sa classe.

    Dans la même série :

     Tous les chapitres déjà mis en ligne sont répertoriés dans la Table des matières   évolutive que vous trouverez dans la partie Sommaires.

    Pour la partie présente :
     I. Idées reçuesII.1. Deux niveaux dans la même classe  II. 2. C. Mise en route - GS/CP (1)II. 2. C. Mise en route - GS/CP (2) ; II. 2. C. Mise en route - GS/CP (3).

    Notes :

    [1] Voir Annexe V, dans II. 2. C. Mise en route - GS/CP (1)

    [1 bis] Il peut par exemple fixer un après-midi par semaine où, après l’école, il accueillera parents et enfants pendant le temps d’Activités Pédagogiques Complémentaires, ou annoncer qu’il est à l’école tel et tel jour pendant la pause méridienne…

    [2] Voir Se repérer, Compter, Calculer en GS, page 8 (Maman Poule et La Maîtresse Folle).

    [3] Phrase d’étude ou lettres selon la méthode employée.
    Nota bene : Dans une classe à plusieurs niveaux, encore plus que dans toute autre classe, il semble très délicat de trouver le temps nécessaire pour mener à bien l’acquisition de la lecture par tous en utilisant une méthode qui y mène les élèves par des chemins longs et compliqués.
    Nous n’évoquerons donc que le cas de la méthode analytique-synthétique, dite encore méthode mixte à très court départ global (pas plus de deux à trois semaines, avec acquisition minimum de deux à quatre lettres par semaine), et celui de la méthode synthétique-analytique, dite encore méthode alphabétique stricte, qui présente d’abord les lettres que les enfants apprennent rapidement à combiner pour lire des syllabes, des mots et des phrases.

    [4] On peut avoir mis préalablement un petit symbole sur la page de dessin pour éviter que les élèves ne la distinguent pas seuls de la page seyes.

    [5] Les collègues débutants auront tout avantage à suivre pas à pas le livre du maître qui les dégagera d’un travail de préparation fastidieux lorsqu’on ne sait pas encore ni où l’on va ni ce qu’on est en droit d’attendre d’un jeune enfant. Ce guide leur permettra par ailleurs d’éviter les fausses-pistes, les moments de flottement en classe ainsi que ceux de doute lorsqu’ils feront un retour sur apprentissage hors de la présence de leurs élèves.

    [6] Ou sous la surveillance d’un personnel n’ayant pas étudié au cours de sa formation les tenants et les aboutissants scientifiques de l’acte d’écrire.

    [7] On trouvera sur le site Écriture-Paris, toutes les données nécessaires à la mise en place d’une progression d’écriture simple et efficace, tant pour la classe de Grande Section que pour celle de Cours Préparatoire : http://ecritureparis.fr/.

    [8] Cette incapacité est très déstabilisante pour des élèves qui par ailleurs sont parfaitement à l’aise dans leur corps et elle peut provoquer un rejet de la chose scolaire, ce qui est quand même fâcheux en tout début de scolarité élémentaire ! Heureusement, à cet âge, la résilience est rapide et l’enfant oublie vite ses déboires en constatant ses progrès.

    [9] Des objets qui se vissent et se dévissent, par exemple. Les ateliers Montessori regorgent d’idées de manipulations individuelles délicates propres à titiller la curiosité des élèves les moins tenaces…

    [10] Ici, la dictée n'est en aucun cas un exercice d'évaluation ! Elle est considérée comme une tâche visant à exercer l’autonomie d’écriture des élèves en les déchargeant de la prise en charge de l’élaboration personnelle du texte à écrire. En cela, elle va à la fois favoriser la concentration de l’enfant sur la tâche d’écriture et lui permettre de réviser ce qu’il a acquis précédemment en audio-oral.

    [11] Toujours en cas d’élèves insuffisamment exercés, il pourra, les premières semaines, profiter de ce temps de dictée pour les aider à perfectionner leur motricité fine quinze minutes de plus par jour sous un habillage un peu différent associant le sens de la lettre ou du mot écrit à l’exercice purement manuel d’apprentissage de l’écriture cursive.

    [12] Lettres, syllabes ou mots.

    [13] On présente à chaque élève un tableau dont chaque case contient une illustration. L’élève doit, à la main ou à l’aide d’étiquettes, écrire tout ou partie des mots désignant les objets représentés sur ces images.

    [14] Pour des conseils de tenue d’une séance de musique en GS/CP, voir Pour une Maternelle du XXIe siècle, chapitre XIII.

    [15]  Selon la progression de Thierry Venot, dans De l’écoute des sons à la lecture, éditions du GRIP : I. Se repérer dans l’espace et le temps, A. les suites de sons et les jeux d’écoute. 

    [16] Ou toute autre comptine pouvant être mise en images comme celle-ci l’a été dans I. De l’écoute des sons à la lecture¸ Se repérer dans l’espace et le temps, B. La souris verte.

    [17] Voir suggestion de progression ici : http://www.ecritureparis.fr/pour-les-enseignants/articles/44-l-ecriture-cursive-en-grande-section-activites-preparatoires


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  • II. 2. C. Mise en route - GS/CP (1)

    2. Mise en route

    C) Dans la Grande Classe[1]

    • Organisation de l’espace

    - Le coin de regroupement

    Jusqu’au Cours Préparatoire, ce coin est le point de focalisation des intérêts des élèves. Cependant, lorsqu’il s’agit d’une classe comprenant des élèves apprenant à lire, à écrire et à s’orienter dans l’espace, il convient que rien ne vienne entraver la vision lorsque les élèves seront assis aux tables d’écriture-lecture[2]. Ils doivent pouvoir faire face à un grand tableau destiné à l’écriture à la main.

    Si la taille de la classe le permet, le maître installe son coin de regroupement dans une autre partie de la pièce, en le dissociant du tableau d’écriture. Il y place une surface d’affichage sur laquelle on peut aussi écrire et une table basse permettant d’exposer objets, matériaux, fruits, plantes, ou même provisoirement animaux en cage ou en bocal…

    Tout près se trouvent des étagères où sont rangés les ouvrages de la bibliothèque de classe : albums, magazines, livres documentaires, CD, Cdrom et DVD. Si la classe est équipée d’un accès à l’internet, un ordinateur portable est installé là, prêt à servir. On trouve aussi un lecteur de CD, équipé d’une prise USB.

    Néanmoins, si le coin d’écriture-lecture est placé dans le même secteur de la classe, cela permettra en cours d’année d’utiliser le tableau pendant que les élèves y sont installés et de passer ainsi en douceur de l’installation de type école maternelle dans laquelle l’attention des élèves a besoin d’être canalisée presque physiquement à une installation plus habituelle à l’école élémentaire où les élèves, éduqués, peuvent tout en restant assis à leur place s’intéresser au travail commun présenté devant le tableau de la classe.

    - Les coins d’activités

    Le besoin de jeu des enfants de cinq à sept ans, déjà engagés dans le travail-jeu cher à Freinet, est encore important. Ce besoin doit être respecté et même favorisé. C’est pourquoi il est indispensable d’aménager une classe où l’on peut choisir, jouer, imaginer, expérimenter, créer, aussi bien en se rassemblant librement par petits groupes qu’en s’isolant quelque temps de ses camarades.

    • Jeux d’imitation

    Le maître installe un seul coin de jeux d’imitation car l’imagination des élèves est maintenant bien développée. Là où, plus jeunes, les enfants avaient besoin d’espaces reproduisant fidèlement  les lieux de vie des adultes, ils se contentent désormais de quelques objets[3] permettant de très nombreuses combinaisons et modulations. Par ailleurs, leur intérêt pour les autres pôles d’activités de la classe continuera à croître tout au long de l’année si bien qu’ils délaisseront sans doute de plus en plus ces jeux de tout-petits.   

    • Activités motrices fines

    La partie de la classe réservée aux activités plastiques créatives, proche d’un point d’eau, comporte deux ou trois tables et une piste graphique pouvant servir de chevalet de peinture. Le matériel est à portée d’élèves. En plus des matériaux de base et des outils nécessaires, le maître y a préparé le matériel utile au rangement et au nettoyage en autonomie après activité.

    Tout est prêt pour que, dès le premier jour, les enfants puissent dessiner, peindre, modeler, découper, manipuler. Les matériaux et outils choisis sont basiques[4] et les d’objectifs notionnels à atteindre sont simples. Son objectif est d’installer des repères et des habitudes dans un cadre sécurisant et facile à cerner.

    • Jeux sensoriels et mathématiques

    Les jeux sensoriels choisis pour la première période[5] sont installés dans un placard dont les casiers sont étiquetés par des symboles et des mots, écrits en minuscules scriptes ou cursives, afin que, très vite, chaque élève sache sortir et ranger le jeu qu’il a choisi. Le maître n’a prévu que des jeux de société très simples[6] car il veut que les élèves qui le souhaitent puissent y jouer en autonomie sans monopoliser l’adulte.

    • Écriture-lecture

     Les élèves de Grande Section sont prêts à entrer dans la période de travail-jeu. Il est temps pour eux d’entamer les apprentissages structurés nécessitant une progression linéaire[7] qu’ils réclameront sans doute très vite si ce n’est pas déjà fait. Quant aux élèves de Cours Préparatoire, ils ont pour la plupart déjà bien entamé cette transformation qui fait du petit enfant un jeune élève heureux de ses progrès scolaires.

    C’est pourquoi le maître a prévu dans la classe un emplacement face à un tableau dédié à ces apprentissages. Les élèves de Grande Section y apprendront ainsi aisément à se repérer sur une feuille puis un cahier au cours de leurs premiers exercices écrits.  La place de chacun y est indiquée par une étiquette portant son prénom en écriture cursive[8]. Tout près, chaque élève dispose d’un endroit pour ranger ses travaux et son matériel de futur écolier.

    Les élèves de Cours Préparatoire qui passeront vite des temps plus longs à leur place et auront besoin de plus de matériel[9] disposent quant à eux d’un casier situé sous leur pupitre.

    • Emploi du temps

    Après la répartition horaire des parties collectives de l’école[10] lors du conseil des maîtres, l’enseignant établit un emploi du temps journalier simple[11], alternant les périodes d’activités selon un rythme immuable.

    La cohésion du groupe étant son premier objectif, c’est par des moments collectifs qu’il choisit de débuter chaque demi-journée. Seule la fin de matinée se clôturera par un moment de jeu-travail individuel. Il tient compte de la fatigabilité des enfants et prévoit pour chacun des quatre moments de la journée une durée et des objectifs compatibles avec les rythmes circadiens de ses futurs élèves. Ainsi, les activités d’écriture, de lecture et de mathématiques, dans ce qu’elles ont de plus exigeant intellectuellement sont placées en cours de matinée alors que leur partie ludique et créative est intégrée aux activités de l’après-midi. Il choisit de ne jamais excéder 20 à 30 minutes consécutives sur la même activité. Seule la plage de l’après-midi consacrée aux Arts Visuels ou à l’Observation[12] excède cette durée. Il veillera à en varier les activités de manière à ce que ses élèves, même les plus jeunes, ne se lassent pas.

    Ses élèves étant âgés de quatre ans huit mois et plus, il sait qu’ils se passeront assez vite de périodes fréquentes de temps libre en autonomie. Néanmoins il fait en sorte qu’elles subsistent, afin que chaque élève ait à plusieurs reprises dans la journée l’occasion de s’extraire du groupe pour mener un projet personnel ponctuel[13]. Cependant il les place de manière à ce qu’elles puissent se réduire progressivement et céder la place à des moments collectifs plus structurés selon des projets communs de moins en moins ponctuels.

    • Progression

    Les enfants de Grande Section comme de Cours Préparatoire découvrent le monde des apprentissages structurés à progression linéaire. Si l’on prend soin d’étaler cette découverte sur deux années scolaires, le passage se fait en douceur, sans à-coups brutaux déstabilisants pour l’enfant.

    C’est en cela que, tout particulièrement pour cette classe, le double-niveau, surtout s’il est placé au sein d’une école maternelle ou primaire[14] offre un avantage incontestable par rapport à deux classes à simple niveau.

    Le maître a donc préparé sa première progression d’étape. Elle représente environ le premier cinquième du programme d’acquisitions[15] qu’il souhaite faire partager à ses élèves de chacun des deux niveaux dans tous les domaines d’enseignement. Il la suivra jusqu’à la première période de vacances scolaires, en s’adaptant toutefois au rythme de ses élèves, l’accélérant ou la ralentissant au besoin s’il en découvre la nécessité. 

    Pour tous les moments communs aux deux sections, il n’a établi qu’une progression, se réservant la charge d’en demander plus aux plus capables et aux plus âgés et un peu moins, mais plus concentré, aux plus démunis qui seront sans doute souvent aussi les plus jeunes.

    Pour se simplifier la vie et pouvoir consacrer son temps à suivre réellement ses élèves, il a choisi de s’entourer d’outils et de méthodes simples plutôt que de passer énormément de temps à préparer sa classe et à créer ses outils. Il a ainsi adopté des méthodes d’écriture-lecture et de mathématiques proposant une progression journalière pour chacun des deux niveaux[16]. Pour l’ensemble des autres matières, son critère de sélection principal a été le bon sens et la connaissance des capacités attentionnelles, inductives et déductives de l’enfant de cinq à sept ans ainsi que son goût du jeu, de la récompense immédiate par la réussite rapide et l’atteinte d’objectifs simples et progressifs.

    • Rôle de l’ATSEM

    S’il a la chance d’avoir une ATSEM, au moins à mi-temps, le maître, après consultation du conseil des maîtres et de la charte des ATSEM décidée par la commune de rattachement de l’école, le maître dialogue avec elle. Il la met au courant sa priorité : l’acquisition de connaissances techniques, langagières et instrumentales. Il lui lit et commente l’emploi du temps et lui explique clairement ce qu’il attend d’elle à chaque moment de présence :

    - aide matérielle aux élèves de manière à ce qu’ils apprennent à se passer rapidement de l’adulte et apprentissage des gestes d'hygiène et de vie pratique[17] ;

    - préparation des matériaux à utiliser pour les ateliers d’expression plastique et des documents ou objets utiles à l’affichage ou à l’exposition au coin de regroupement[18], photocopies ;

    - aide à l’installation par les enfants du matériel de jeux sensoriels et d’imitation accessible aux enfants

    - aide au rangement et au nettoyage de tout ce qui a été manipulé, utilisé lors de la journée de classe 

    - en fin de mois ou de période, classement des travaux d’élèves ; reliure ou collage dans un cahier communiqué aux familles ;

    - prise en charge ponctuelle d’un ou plusieurs élèves lors de l’exécution d’un atelier selon un « cahier des charges » établi à l’avance.

    Annexes :

    Dans la même série :

     Tous les chapitres déjà mis en ligne sont répertoriés dans la Table des matières   évolutive que vous trouverez dans la partie Sommaires.

    Pour la partie présente :
     I. Idées reçuesII.1. Deux niveaux dans la même classe  II. 2. C. Mise en route - GS/CP (1)II. 2. C. Mise en route - GS/CP (2) ; II. 2. C. Mise en route - GS/CP (3).

    Notes :

    [1] Selon Pour une Maternelle du XXIe Siècle, classe idéalement située dans une École Maternelle (ou une École Primaire accueillant des enfants de 2 à 11 ans) et regroupant les élèves de Grande Section et Cours Préparatoire.

    [2] Voir Annexe III, C. Plans de classe.

    [3 Briques de construction de différentes sortes, petits personnages et animaux, véhicules, fruits et légumes factices, dînette, mais aussi monnaie, caisse-enregistreuse, balance et masses marquées, papier et crayons, coussins, blocs plastiques permettant de moduler l’espace, etc.

    [4] Voir MS/GS.

    [5] Quelques puzzles de 20 à 60 pièces, des jeux de reproduction d’algorithmes, du matériel permettant de travailler l’organisation de l’espace et du temps, du matériel Montessori…

    [6] Lotos d’images, dominos, cartes à jouer, Memory…

    [7] Écriture-lecture, numération-calcul.

    [8] La première lettre peut être la majuscule cursive traditionnelle ou une majuscule simplifiée, inspirée de celle en majuscule dite bâton. En revanche, elle ne peut en aucun cas être une lettre minuscule, au risque de perturber l’apprentissage grammatical. Il y a une vie après l’école maternelle et il convient d’aider les élèves à y prendre les premiers repères qui conviennent.

    [9] Voir Annexe V.

    [10] Salles de motricité, de propreté, bibliothèque, cuisine, salle informatique, cour, jardin…

    [11] Voir suggestion d’emploi du temps en Annexe II.

    [12] Baptisée Questionner le Monde dans les programmes prévus pour la rentrée 2016 et Découverte du Monde dans ceux de 2008.

    [13] Jeu d’imitation ou de construction, jeu sensoriel ou mathématique, dessin libre, modelage, découpage/collage, etc.

    [14] École recevant des enfants de deux à onze ans.

    [15] Voir Annexe IV.

    [16] Je conseille les méthodes, fichiers et manuels suivants :

    • GS, Planète des Alphas + De l’écoute des sons à la lecture (T. Venot, Grip éditions) et Se repérer, compter, calculer en GS (C. Huby, S. Wiktor, Grip éditions)
    • CP, Écrire et Lire au CP (C. Huby, X. Laroche, Grip éditions) et Compter, calculer au CP (P. Dupré, S. Borgnet, Grip éditions) ; Mes cahiers d'écriture, CP, Apprentissage : les minuscules (Laurence Pierson, MDI)

    [17] Remonter une fermeture à glissière, nouer une écharpe, des lacets, attacher une boucle de ceinture ou de sandale, fixer des bretelles, etc. ; mais aussi découper, coller, tailler un crayon, utiliser un pinceau, une agrafeuse, un rouleau de ruban adhésif, une aiguille enfilée, un tricotin, un marteau, une scie, un tournevis, une vrille, …

    [18] Découpage, mise en page, plastification, réalisation de panneaux destinés à l’affichage…


    2 commentaires
  • II. 2. B. Mise en route - MS/GS (3)
    Merci à Sophie Borgnet pour son illustration, tirée de Une Maternelle du XXIe Siècle

     Chez les Moyens-Grands (3e partie)

    Premier jour de classe 

    Après-midi[1]

    1) Conte et Observation

    Le début d’après-midi, après accueil hors de la salle de classe si possible, se passe au coin de regroupement. S’il est d’usage de coucher les enfants de Moyenne Section au dortoir, le maître prend néanmoins le temps[2] de les accueillir et de les préparer au sommeil par un court temps de lecture offerte[3].

    Si, au contraire, les élèves de Moyenne Section ne bénéficient pas de place pour un temps de repos, ce moment de lecture peut être un peu moins contraint. Il convient néanmoins de ne pas trop solliciter des enfants qui ont encore besoin d’une sieste méridienne surtout s’ils ont dû rester à l’école et manger dans un réfectoire bruyant et surpeuplé. Les coins de jeux d’imitation peuvent ensuite servir de lieux de repos où les enfants fatigués pourront s’allonger, somnoler ou même s’endormir sur des nattes prévues à cet effet. Il se peut qu’un ou deux élèves de Grande Section, surtout parmi les plus jeunes, demandent à bénéficier de ce temps calme. Le maître les y autorise en espérant que, d’ici la fin octobre, ils auront suffisamment mûri pour s’en dispenser.

    Le conte, choisi en lien avec le thème que le maître a choisi pour cette rentrée des classes[4], sera lu en courts épisodes, séparés par des observations du réel.
    Le maître s’attache, dès ce premier jour, à faire participer tous les élèves à l’écoute active des quelques lignes qu’il lit. Il n’hésite pas à s’interrompre aussi souvent que besoin pour que l’attention de chacun soit captée. L’objet qu’il a choisi de montrer est exposé depuis le matin. Il le met en scène à travers sa lecture, demande à des élèves de venir le manipuler, il en interroge d’autres pour qu’ils réemploient les tournures de phrases de l’auteur…
    Cette séance qui dure tout au plus 15 à 20 minutes est active, très active. Il ne s’agit en aucun cas d’une écoute qualifiée de plaisir que rien n’interrompt si ce n’est le bruit des pouces que l’on suce ou des camarades que l’on bouscule, histoire de se désennuyer, pendant que l’adulte égraine les mots qu’il n’explique pas pour ne pas déflorer la découverte de chacun.

    Comme dans tous les autres temps communs, il fait participer en premier les élèves les plus jeunes qui sont aussi souvent les plus démunis. Si ce n’est pas le cas, il adaptera sa conduite de manière à ce que chacun trouve une activité, une découverte, une notion à sa mesure dans l’activité collective qu’il mène.
    De la prononciation à la découverte de vocabulaire, de l’articulation des idées à la formulation d’hypothèses, de la création poétique à l’écoute fine des sonorités de la langue, de la découverte du vivant à l’aspect technique des objets qui nous entourent, le choix est vaste et chacun, quel que soit son âge et son degré de développement, peut très bien apprendre, partager et comprendre au milieu de tous ses camarades, si le maître est attentif à tous et se laisse guider par les objectifs de ses élèves[5] .

    2) Expression corporelle : mime ou danse

    Après ce moment d’intense concentration, tout le monde a besoin de mouvement. Le petit groupe rejoint la salle de motricité où une musique entraînante, simple[6] est proposée à l’écoute des élèves. Une seule fois, car ils ont envie de bouger.

    Alors, la classe, séparée en trois ou quatre groupes selon l’effectif[7], va montrer à ses camarades ce qu’elle sait faire. Pour maintenir l’attention des spectateurs, le maître leur demande de frapper la pulsation dans les mains et les accompagne afin de donner aux moins auditifs d’entre eux une vague idée de ce qu’il attend d’eux. L’usage d’un foulard ou ruban permet de préparer la séance d’écriture des élèves de Grande Section[8].

    Après chacune des prestations libres, en quelques mots, les élèves sont invités à raconter ce qu’ils ont vu. Le maître encourage les remarques constructives et condamne toute moquerie, attaque ou prétexte à chahut.

    Lors d’une dernière écoute, les élèves assis sont encouragés à entendre le ou les mouvements du morceau en imitant les gestes du maître qui a choisi un ou deux gestes simples[9] symbolisant chacun d’eux.  Cet exercice sert de retour au calme tout en permettant à chacun d’intégrer le rythme du morceau et la succession de ses mouvements.

    3) Motricité fine :

    - Préparation à l’écriture

    Réunie dans le coin de regroupement, toute la classe apprend avec le maître les premiers jeux de doigts visant la bonne tenue du crayon[10]. Ces jeux sont complétés par un atelier Montessori pour les élèves de Moyenne Section alors que les élèves de Grande Section sous l’œil attentif du maître entament la première séance de découverte du geste d’écriture[11].

    - Expression plastique, jeux sensoriels et d’imitation

    Après ces quelques minutes de travail en groupe-classe, chaque enfant va pouvoir retrouver son individualité et exercer son autonomie. Le maître, aidé de ses élèves et de l’ATSEM si elle est disponible, installe le matériel d’expression plastique. Les élèves s’y répartissent selon leurs envies et leurs affinités, en fonction des places disponibles. Si certains, déçus de ne pas avoir obtenu la place qu’ils convoitaient, n’ont pas envie de s’essayer à autre chose aujourd’hui, ils s’installent à la table des jeux sensoriels en attendant qu’une place se libère à l’atelier d’expression convoité.

    Les coins-jeux ne seront accessibles qu’après fréquentation d’un atelier plastique afin d’éviter qu’un enfant qui n’ose pas se lancer à créer sans filet cache cette inquiétude derrière une irrépressible envie de jouer… qui tourne en rond. 

    Pour le moment, il s’agit d’apprivoiser le matériel et les consignes simples données par le maître.

    • À l’atelier de peinture, il faut peindre sur la feuille, essuyer son pinceau sur le rebord du pot, s’arrêter lorsqu’on trouve cela joli.
    • Sur la piste graphique, chacun travaille à côté des autres ; il peut intervenir sur leurs tracés s’il a obtenu l’accord de ses camarades.
    • Au modelage et au découpage, on évite de joncher le sol de déchets, on travaille sur le sous-main pour ne pas salir la table, on apprend à ne pas faire dégouliner la colle. 
    • À l’atelier de fil, les élèves s’essaient à emprisonner la boule de cotillon au centre du carré de tissu s’ils le souhaitent ; mais ils peuvent aussi simplement faire un rouleau de tissu qu’ils ficellent ensuite et qu’ils nommeront saucisson, coussin ou baguette magique

    Alors que les plus courageux entameront un second atelier après le premier, les autres s’égailleront dans les coins-jeux ou utiliseront librement le matériel d’activités sensorielles. La fin de la journée est proche. Le temps de récréation se fait urgent pour les plus remuants d’entre eux. 

    4) Récréation

    Voir matin. Si l'école possède un jardin, une partie de la récréation peut s'y dérouler. Les élèves volontaires participent alors aux travaux de jardinage que le maître exécute, tout en gardant un œil sur ses élèves. 

    5) Comptines et jeux d’écoute

    Ce dernier moment de la journée joue, dans l’esprit du maître, un triple rôle :

    • Il veut en faire tout d’abord un moment de plaisir et de rassemblement avant la séparation du soir afin que chacun se quitte sur un bon souvenir ;
    • il souhaite qu’au cours de ce moment, ses jeunes élèves de Moyenne Section acquièrent une prononciation éclaircie par une ouïe affinée et un vocabulaire chaque jour plus riche et plus précis ;
    • enfin il ne perd pas de vue la progression de découverte de la langue écrite qu’il va dérouler tout au long de l’année scolaire pour ses élèves de Grande Section.

    Dès ce premier jour, il présente les instruments de musique nécessaires aux premiers exercices d’écoute de la méthode De l’écoute des sons à la lecture[12]. Lorsque, ensuite, les instruments cités seront distribués aux élèves, ils serviront à rythmer la comptine proposée par cette méthode[13].
    Ainsi, pendant que les élèves de Moyenne Section s’entraîneront à s’exprimer en articulant correctement, leurs camarades plus âgés commenceront à mémoriser précisément le texte qu’ils décortiqueront bientôt jusqu’à en extraire intuitivement la notion de phrase, de mot et même de phonème.

    Premières semaines

    1) Buts poursuivis

    Le lendemain et les jours suivants, le maître continuera à faire de son groupe d’élèves une classe, c’est-à-dire un groupe d’enfants, accompagnés d’un adulte, qui marchent main dans la main sur la route des connaissances et des savoirs. 

    Le rythme des journées, toujours identique, permet l’acquisition de repères temporels sûrs. Le maître, et dans une moindre mesure l’ATSEM, s’emploient à aider les élèves en variant le moins possible l’ordre et la durée des activités.  L’acquisition du rythme hebdomadaire, ainsi que le nom des jours viendra plus tard, lorsque des événements marquants viendront perturber ce rythme quotidien.

    Le maître souhaite ainsi ne pas proposer avant l’heure aux enfants des savoirs savants qui, trop éloignés de leurs intérêts immédiats, mobiliseraient un temps infini pour un résultat bien ténu. Ce qui est déjà valable dans une classe à un seul niveau peut devenir encore plus crucial dans une classe qui en accueille plusieurs. En effet, la variété des âges rend encore plus précaire le difficile équilibre entre plaisirs et savoirs que se doit d’établir un professeur des écoles.

    C’est en héritier des instituteurs et institutrices chargés par la fondatrice de l’École Maternelle[14] qu’il choisira de rendre plaisants les premiers apprentissages plutôt que d’en faire des pensums dignes des salles d’asiles du XIXe siècle.

    2) Premières habitudes

    - Le regroupement du matin

    Il devient naturellement le point de ralliement de la classe. Les élèves savent qu’ils vont aller s’y installer à la suite du maître.
    L’habitude est prise de commencer par un rapide tour d’horizon des présents et des absents, rapidement notés sur le cahier d’appel. Ensuite, le maître indique quel jour nous sommes[15] et explique si c’est un jour d’école complet, moyen ou court. Cette information, plus importante que le nom pour quelqu’un qui vit encore au jour le jour, est affichée, sous forme de symbole, sur le tableau du coin de regroupement.

    Puis chacun y raconte son histoire, rapidement, ou montre l’objet qu’il a apporté de chez lui. Le maître expose à son tour une image, une page d’album qu’il lit, un objet en rapport avec un événement évoqué la veille. Il commence ainsi à préparer le terrain de ce qui fera le quotidien des élèves de Grande Section au cours de l’année scolaire : la continuité des apprentissages au fil des jours.

    Cependant, puisqu’il a également en charge des plus jeunes qui, eux, n’entreront que très progressivement dans cette continuité, il pense à cibler ses interventions en fonction de ses interlocuteurs et, comme dans une famille où les âges s’échelonnent, ni les plus jeunes, ni les plus âgés ne sont gênés par le niveau de langue qu’il emploie et les thèmes qu’il développe.

    - Les déplacements

    Ils sont bientôt parfaitement installés[16] grâce à une organisation très routinière.
    Le maître comme les élèves profitent des temps de latence pour mener ces conversations à bâtons rompus qui assurent ce que les programmes scolaires baptisent pompeusement « compétence à échanger et s’exprimer ». Du plus jeune au plus âgé, chacun reçoit ce dont il a besoin dans un temps d’échanges informels où, bien vite, le maître a su repérer ceux qui ont besoin de plus d’attention et d’encouragements.

    - La classe : un lieu d'apprentissages et de partages

    Ainsi, tous les temps de la journée prennent leur place, assurent la prise d’autonomie et l’envie d’apprendre de chacun. La cohésion du groupe s’installe d’elle-même et, au bout de quelques jours, chaque enfant connaît et peut nommer tous ses petits camarades. Les échanges se chargent d’une dimension instructive et les apprentissages, sous leur forme adaptée à de jeunes enfants, se structurent. En Moyenne Section et plus encore en Grande Section, l’année scolaire est lancée. Chaque jour, chaque élève de cette section sait qu’il va au cours de trois moments institutionnalisés s’exercer avec ses camarades de classe à prendre des repères de plus en plus fins dans le monde de l’écrit, entendu, tracé, vu et bientôt lu. La classe a pris son rythme de croisière et s’éloigne vers des horizons insoupçonnés ! 

    Dans la même série :

     Tous les chapitres déjà mis en ligne sont répertoriés dans la Table des matières   évolutive que vous trouverez dans la partie Sommaires.

    Pour la partie présente :
     I. Idées reçuesII.1. Deux niveaux dans la même classe  II. 2. B. Mise en route - MS/GS (1) ; II. 2. B. Mise en route - MS/GS (2) ; II. 2. B. Mise en route - MS/GS (3).

    Notes :

     [1] Horaire prévu pour un après-midi de 2 h 15 minutes.

    [2] S’il le peut et que ses élèves ne lui ont pas été retirés pendant la pause méridienne.

    [3] Les albums et magazines pour tout-petits sont parfaits pour cela. Même si l’histoire en est très simple, elle a l’avantage d’être courte et de ne pas nécessiter d’explications pour être comprise par tous.

    [4] Été et vacances, fruits de saison ou rentrée des classes.

    [5] Reproche entendu lors d’un stage à l’IUFM de Valence, dans les années 2000. Espérons que les ESPE et leurs professeurs sont plus ouverts à la pédagogie intuitive que les didacticiens obsédés par les cases à cocher !

    [6] Les danses folkloriques sont un excellent matériau de départ si on les utilise comme lanceurs d’expression et non comme danse codifiée à apprendre pas à pas et à répéter. Le morceau ne doit pas excéder 2’30’’ et doit pour le moment ne proposer qu’un à deux mouvements, répétés plusieurs fois.

    [7] Sept à huit enfants par groupe, c’est suffisant.

    [8] Le rythme de valse amène facilement les enfants à enchaîner des boucles, tout comme le réclament la progression d’écriture proposée sur le site de Laurence Pierson, ecritureparis

    [9] Moulinets, rotations des poignets (comme s’il faisait danser des marionnettes à gaine), frappés d’index l’un contre l’autre, mains alternativement levées puis baissées, etc.

    [10] Voir idées d’ateliers pour les plus jeunes ici :Vers l'écriture en PS et MS . On trouvera aussi sur ce site, toutes les données nécessaires à la mise en place d’une progression d’écriture simple et efficace (L'écriture cursive en grande section : activités préparatoires ).

    [11] Jeu des boucles sans ruban.

    [12] Chapitre I A, Les suites de sons. Séquence 1 : Présentation des instruments. T. Venot, éditions du GRIP, déjà cité.

    [13] Chapitre I B, La souris verte. Séquence 1 : Apprenez la chanson. 

    [14] P. Kergomard (1838 - 1925).

    [15] Sans quantième ni mois… Trois codes millénaires d’un coup, pour des enfants de moins de six ans, c’est aussi indigeste que dans la Petite Classe !

    [16] Sauf enfant à problèmes comportementaux lourds qui aura besoin, sans doute encore très longtemps, d’un accompagnement personnalisé. Pour lui, les adultes ne peuvent qu’anticiper les facteurs de stress et d’excitation et faire en sorte que cela se passe le moins mal possible pour lui et pour tous ses petits camarades. L’accompagnement des familles qui devrait incomber à la Protection Maternelle et Infantile, à la Direction Départementale des Affaires Sanitaires et Sociales ou la Maison Départementale de la Personne Handicapée, retombe malheureusement bien souvent, surtout en l’absence de Réseau d’Aide Spécialisée pour l’Enfance en Difficulté, sur les épaules du maître, de l’ATSEM et des enfants qui partagent le même lieu de vie. Chaque cas étant un cas très particulier, le maître mot est l’adaptation des conditions de vie de cet enfant en fonction de ses difficultés propres et l’anticipation constante des facteurs de risques (agitation, bruit, excitation mais aussi trop grande concentration, immobilité trop longue, …) qui provoqueraient immanquablement une « crise »…


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  • II. 2. B. Mise en route - MS/GS (2)

     Chez les Moyens-Grands (2e partie)

    Premier jour de classe 

    Matinée

    1) Accueil des familles

    Après le départ des parents, la classe pourra commencer. Comme dans la Petite Classe, le maître fait en sorte de faciliter la séparation et d’encourager enfants comme parents à faire confiance à l’école.
    Il présente brièvement les lieux, son projet et annonce la date de sa réunion de rentrée. Il encourage les familles à venir plutôt le voir à un autre moment qu’à la rentrée du matin[1] et commence à poser les jalons qui lui permettront de disposer de sa classe et de ses élèves pendant les 24 heures de classe, ni plus, ni moins.
    Si cela est possible et ne heurte pas les convictions du conseil des maîtres, il annonce qu’à partir de l’après-midi, c’est dans la cour, sous le préau ou dans la salle polyvalente qu’il accueillera ses élèves. Ceci lui permet de bien installer le principe de la salle de classe, lieu de vie du groupe-classe et seulement du groupe-classe.

    2) Langage

    Le moment de langage est forcément écourté par l’accueil des familles. Le maître se borne donc à demander à chaque élève de se présenter brièvement[2]. Il note mentalement les éventuelles difficultés de prononciation ainsi que les élèves qui lui donnent l’impression d’un besoin d’encadrement précis[3]. Cette première approche va lui permettre d’ajuster et d’anticiper autant que faire se peut la teneur des échanges qu’il aura avec son groupe-classe lors des premières semaines. Après une très courte présentation personnelle où il se contente de dire aux enfants la façon dont il entend être appelé[4], s’il reste une ou deux minutes, il finit le regroupement par la présentation visuelle d’un objet[5] « dont nous parlerons bientôt tous ensemble » …

    3) Passage aux toilettes

    Le maître annonce clairement aux élèves ce qu’il attend d’eux. Les élèves de MS passent d’abord, ils se lavent les mains et viennent s’asseoir sur le banc où sont assis leurs camarades de GS. Ces derniers quittent un à un le banc et passent aux toilettes avant de se laver les mains à leur tour.

    Pendant ce temps d’attente, le moment de langage continue. Les habitudes d’écoute, de demande de prise de parole, de respect envers ses camarades sont rappelées. Si un enfant s’avère trop difficile, il est rapproché du maître qui le garde près de lui, et tente de le calmer en posant délicatement sa main sur la sienne et en lui parlant lentement et doucement.  L’apprentissage et la répétition de petites comptines ou ritournelles ayant pour but d’affiner la prononciation peut occuper utilement ce moment où l’on doit attendre sans bouger sans que l’effectif ne soit jamais au complet.

    4) Premiers apprentissages

    - Motricité

    La motricité large de l’enfant de quatre ans huit mois à cinq ans huit mois est généralement déliée. Les différences individuelles sont plus liées à la personnalité et aux expériences vécues qu’à l’âge. On peut néanmoins remarquer d’énormes disparités surtout dans le domaine de la précision des gestes et de l’équilibre.

    Les premières séances viseront à installer un esprit de groupe tout en assurant à chaque individu un espace d’exploration sûr et engageant. Le maître se garde pour le moment d’installer plusieurs ateliers d’exploration et d’entraînement concomitants, de façon à être toujours disponible pour tous ses élèves. Il pourra sans doute organiser plus tard dans l’année scolaire ces séances où l’adulte gère en même temps plusieurs ateliers aux objectifs précis. Mais il lui faut pour cela attende que ses élèves soient plus autonomes et qu’ils cherchent à améliorer leurs performances une à une plutôt qu’à explorer globalement à la fois l’espace de jeu et leurs capacités motrices.

    Il débute par un jeu chanté simple[6] qui installera dans l’esprit des enfants qu’ils sont là pour apprendre à jouer tous ensemble. Il profite de ce jeu pour utiliser le vocabulaire spatial qui sera travaillé au cours de la progression de mathématiques du groupe de Grande Section[7].

    Chaque enfant reçoit ensuite un objet sportif[8] et le maître annonce un moment de manipulations libres. Il laisse alors cinq à dix minutes de jeux libres, où seuls sont interdits les gestes violents et l’accaparement du matériel par un ou plusieurs élèves[9]. Chaque enfant agissant librement et seul, la différenciation des contenus est sans objet. Le maître se contente de féliciter les réussites et d’encourager à persévérer en cas d’échec.

    À échéance du temps prévu, il rassemble ses élèves en cercle et profite de l’espace scénique ainsi délimité pour demander à certains élèves[10] d’exposer à leurs camarades le jeu qu’ils ont inventé. À l’issue de chaque prestation, il demande à quelques enfants de décrire ce qu’ils ont vu ; si cela s’avère trop difficile, il demande à l’enfant de recommencer et c’est en situation que les observateurs décrivent gestes et mouvements.

    La dernière partie de la séance sera consacrée pour moitié à l’expérimentation individuelle des jeux proposés par leurs camarades et pour moitié à un retour au calme après rangement du matériel. Le maître a prévu une comptine avec jeu de doigts puisée dans le répertoire de l’année précédente ou toute nouvelle.

    Le déplacement qui ramène le groupe en classe se fait en rang ou en groupe rapproché et coordonné. S’il est habituel dans l’école de servir à boire à la fin de la séance d’éducation motrice, il installe ses élèves aux tables de travail et fait faire le service par quatre responsables[11] qu’il désigne. L’ATSEM, aidée d’un ou deux autres enfants, essuie les éventuelles gouttes d’eau.

    - Dessin libre

    En classe, les enfants s’assoient aux tables, par affinités. Le maître et l’ATSEM distribuent feuilles[12] datées et déjà marquées du nom et du symbole des enfants et confient un pot de crayons feutres[13] aux responsables de chaque table qu’ils viennent de désigner. La consigne est très simple : il faut dessiner ce qu’on veut ; le maître va passer aux tables et chacun lui expliquera ce qu’il a dessiné.

    Lorsqu’un enfant a dessiné, le maître s’assoit près de lui pour écrire sous sa dictée un commentaire à ce dessin. Puis l’ATSEM lui montre comment poser son dessin, verso sur le dessus dans le casier marqué à son nom. Il peut ensuite rejoindre un coin-jeux en attendant l’heure de la récréation.

    - Récréation

    Le maître profite des premiers jours de classe pour installer l’habitude de déplacements dans le calme, en groupe rapproché et coordonné. Si les habitudes locales le réclament, il organisera un rang par deux ou un petit train, avec élèves en file indienne.

    Le passage aux toilettes répond aux mêmes consignes que celui du matin. La comptine apprise à la fin de la séance de motricité peut être révisée à ce moment-là. La conversation peut aussi porter sur les menus événements survenus pendant la récréation. Le maître veille à ce que chacun ait la parole et que les plus jeunes soient sollicités autant que les plus âgés[14]. Il maintient l’écoute et ordonne les prises de parole.

    - Jeux sensoriels et mathématiques

    Après un moment de jeu commun[15] pendant lequel les élèves de Moyenne Section sont sollicités les premiers, le maître reste avec ses élèves de Grande Section pour leur faire réaliser leur premier travail sur table de l’année scolaire. Ce travail sera ensuite rangé, avec l’aide du maître, dans la pochette, le porte-vue ou le classeur prévu à cet effet.

    Pendant ce temps, les plus jeunes s’installent librement avec l’ATSEM aux tables de jeux sensoriels et mathématiques après avoir choisi un matériel parmi ceux proposés sur les étagères. L’ATSEM et le maître, qui n’est pas monopolisé par l’activité des plus âgés, veillent à ce qu’un jeu soit exécuté avant d’être rangé, quitte à fournir une aide ponctuelle ou à proposer de s’associer avec un camarade pour réaliser la tâche à deux.

    - Musique et chant

    Après un temps de rangement, qui peut se faire en musique[16], tous les élèves se retrouvent assis au coin de regroupement pour chanter tous ensemble. Le maître a choisi un chant simple, peu exigeant au niveau rythmique et vocal, propre à être au moins bourdonné par les plus jeunes[17]. Les enfants répètent après lui, avant de chanter seuls, accompagnés par l’adulte. Ce chant peut ensuite repris bouche fermée, accompagné du rythme frappé des paroles, du bout des deux index ou du plat de la paume sur les genoux.

    S’il reste quelques instants, le maître installe un jeu de reproduction de rythmes frappés très courts (trois ou quatre notes, alternant longues et brèves). Les parents qui viennent chercher leurs enfants approchent, les récupèrent. Le maître les salue d’un signe de la main. Les élèves rejoignant le restaurant scolaire sont récupérés par le personnel municipal selon les habitudes de chaque lieu.

    Dans la même série :

     Tous les chapitres déjà mis en ligne sont répertoriés dans la Table des matières   évolutive que vous trouverez dans la partie Sommaires.

    Pour la partie présente :
     I. Idées reçuesII.1. Deux niveaux dans la même classe  II. 2. B. Mise en route - MS/GS (1) ; II. 2. B. Mise en route - MS/GS (2) ; II. 2. B. Mise en route - MS/GS (3).

    Notes :

     [1] Il peut par exemple fixer un après-midi par semaine où, après l’école, il accueillera parents et enfants pendant le temps d’Activités Pédagogiques Complémentaires, ou annoncer qu’il est à l’école tel et tel jour pendant la pause méridienne…

    [2] Prénom, nom de famille, âge, classe, personne qui viendra le chercher, présence ou non à la cantine et au périscolaire…

    [3] Élèves trop ou trop peu à l’aise, trop ou trop peu couverts, élèves très remuants ou au contraire complètement atones… 

    [4] Prénom, nom de famille, « titre », tutoiement, vouvoiement, tout cela est possible et sans aucun lien prédictif de respect ou d’irrespect envers son statut et sa personne.

    [5] Un objet rappelant les vacances et l’été ou au contraire un objet évoquant la rentrée des classes. Le tout est qu’il soit suffisamment intriguant pour susciter l’intérêt de tous.

    [6] Passe, passe, passera ; La Petite Hirondelle ; Pour Passer le Rhône…

    [7] Dans la progression Se repérer, compter, calculer en GS, il s’agit par exemple des mots devant, derrière, au milieu, entre, à l’intérieur, à l’extérieur.

    [8] Balle, par exemple. Mais ce peut être aussi un anneau, un cerceau, un ballon ou tout autre objet offrant plusieurs possibilités d’actions, sans qu’il soit besoin de le partager avec d’autres enfants ou de l’associer à d’autres objets pour s’en servir. 

    [9] Si un enfant particulièrement difficile accumule les détournements de consigne, le maître l’installe près de lui et essaie d’interagir avec lui et de maintenir son attention sur l’objet dont il dispose.

    [10] Trois ou quatre, choisis en fonction de leurs actions : une très simple, une ou deux plus élaborées et enfin une très élaborée montrant une réelle maîtrise de l’objet.

    [11]      Penser à noter le nom des enfants choisis pour confier toutes ces petites responsabilités chaque fois à des enfants différents.

    [12] A4 ou A5

    [13] Feutres moyens, corps fin pour assurer une préhension correcte.

    [14] Et même plus !

    [15] Toujours en suivant la progression de Se repérer, compter, calculer en GS¸ c’est l’atelier Départ pour l’école qui sera organisé. Il sera suivi de la fiche Organisation de l’espace - 1.

    [16] Choisir un extrait court et calme. La consigne est d’avoir tout rangé, en silence pour entendre la musique, avant que l’extrait ne soit fini.

    [17] Sur deux ou trois notes conjointes, avec un rythme simple (noires, ou croches et noire finale). De nombreux exemples sont accessibles sur Internet, à partir d’un moteur de recherche

     


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