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III. 2. D. Mise en route - CP/CE1/CE2 (3)
Du Cours Préparatoire au Cours Élémentaire 2
(3e partie)
Premier jour de classe
Après-midi :
1) Musique :
L’après-midi, le groupe est accueilli dans la cour, sous le préau ou dans la salle de musique. Il se ressoude en apprenant à chanter en chœur une mélodie simple, à pratiquer un jeu instrumental amusant ou en écoutant un extrait musical qui sera prétexte à expression corporelle si les locaux le permettent. Si cela n’est pas possible, ce moment d’expression (danse, mime) prendra place, de manière rituelle, pendant l’une des séances d’EPS de la semaine.
2) CE2 : Lecture ; CE1-CP : Exercices écrits :
De retour en classe, après la reprise à l’identique de la leçon de lecture du matin pour les élèves de CP, le maître guide la réalisation de la première page du cahier d’exercices correspondant à la méthode de lecture. Pendant ce temps, les élèves de CE copient[1] sur leur agenda ou leur carnet le travail qu’ils feront à la maison. Une aide (photocopie à compléter) est fournie aux élèves de CE1 s'il s'agit pour eux d'un exercice auquel ils n'ont pas été habitués en fin de CP.
Une fois cette courte tâche effectuée (il y a peu à écrire car le maître ne compte pas sur les familles pour installer les connaissances), ils réalisent un dernier exercice de français ou de mathématiques, illustrent la poésie qu’ils apprendront bientôt, relisent silencieusement leur page de lecture…Dès que les élèves de CP sont lancés sur leur travail, parfois aidés par quelques élèves de CE1 complaisants[2], le maître dirige la lecture à voix haute des plus grands.
Il a aussi choisi un texte simple et parlant suivi de quelques questions de vocabulaire et de compréhension. Il peut même avoir fait en sorte que cette lecture introduise la séance d’Histoire, de Géographie, de Sciences ou de Technologie qui va suivre, ce qui lui permet d’entraîner les cadets à la suite des plus grands, au fur et à mesure de l’accomplissement de leurs tâches.3) Questionner le monde :
Le travail par niveaux est fini pour la première journée. Les bureaux sont rangés, les cartables sont prêts. Le maître installe alors tous ses élèves pour un exercice d’observation simple. Il a choisi, selon sa sensibilité, de commencer par l’Histoire, la Géographie, les Sciences ou la Technologie. L’important est que les élèves, dès le premier jour, découvrent le plaisir d’apprendre, la joie d’observer attentivement, de formuler des hypothèses, d’expérimenter, de confronter leurs savoirs… En bref, qu’ils apprécient et fassent leur le sérieux d’un apprentissage commun.
Ce que le maître leur propose, ce sont des connaissances, riches et variées. Les compétences comportementales que feront naître ces savoirs sont une conséquence de cette accumulation de données qu’il convient de rapprocher, d’opposer, de lier, de combiner. L’enfant est heureux des connaissances qu’il accumule, alors que le maître est satisfait de ce qu’il installe, au jour le jour, sans précipiter ni retarder au prétexte qu’il est indispensable ou inutile qu’un enfant de six à neuf ans ait acquis tel comportement savant[3] ou telle connaissance académique…
Il ne s’agit pas cependant de faire le tour de la question mais plutôt juste un petit tour de piste, une mise en jambes intellectuelle qui, elle aussi, donne le ton de l’année scolaire qui commence. Mens sana, pense le maître… in corpore sano, répondent les élèves qui, après deux mois de vacances, ont des fourmis dans les jambes !
4) Éducation physique et sportive :
Vite ! La marque de fabrique de l’école républicaine et des grands mouvements d’éducation populaire est en train de disparaître du paysage scolaire, tuée par la bouffissure de ses prétentions associée au manque chronique de temps. Pourtant, elle participait si bien à l’acquisition des valeurs de partage, de solidarité, d’échange, de camaraderie, pas toujours perceptibles dans le sport associatif encouragé de toute part à produire des champions.
Pourtant, elle donnait l’occasion aux élèves à l’intelligence plus pratique de briller face à leurs camarades plus à l’aise dans les domaines intellectuels. Pourtant, elle permettait cette première compréhension concrète de l’espace et du temps, celle vécue corporellement, intégrée sans même s’en rendre compte.Un petit échauffement tout simple qui servira aussi à fixer la latéralisation de certains, à enrichir le vocabulaire d’autres et à en calmer et concentrer quelques-uns. Un jeu collectif, avec ou sans ballon, héritier des fameux jeux de colo ou de patronage. Un exercice plus dirigé qui permettra, lorsque son apprentissage sera intégré par tous, de progresser dans le grand jeu. Enfin, un retour au calme, assis en rond, pour un dernier jeu d’attention visuelle ou auditive et le tour est joué.
Les enfants sont ravis, le maître n’a pas été obligé de redécouvrir l’Amérique en créant de toutes pièces une séance parfaite, s’insérant dans une progression extraordinaire aux objectifs hallucinants, truffée de mots compliqués. Demain, ils recommenceront et, peu à peu, les enfants progresseront, à leur rythme, entraînés par leurs camarades et leur maître, contents de bouger et de maîtriser leur corps.
5) Récréation
Selon les habitudes locales (voir Matinée).
6) Arts Visuels ; anglais :
Après la récréation, c’est pour une autre des marques de fabrique de l’École, tendance Éducation Nouvelle ou École Active, que la classe se réunit encore une fois. Pendant la dernière partie de la journée, après quelques courtes minutes consacrées à faire un premier état des lieux des connaissances des élèves en anglais (les nombres de 1 à 10, par exemple, ou encore les couleurs ou la façon de dire bonjour), les élèves vont s’exprimer, par le dessin et les arts plastiques.
Dans ces domaines-là non plus, point n’est besoin de grands mots, d’objectifs échevelés, de projets démesurés. L’enfant aime se voir progresser, il apprécie beaucoup moins d’être entraîné vers la noyade ou condamné au rôle d’exécutant des basses œuvres d’une production adulte bien trop sophistiquée pour ses faibles moyens.
Le maître a donc choisi une œuvre plastique[4] facile à analyser, à commenter, à s’approprier de manière à pouvoir l’intégrer à une production personnelle.Premières semaines
Le lendemain et les jours suivants, le maître continue à donner forme à sa classe, de manière à ce que les enfants sachent qu’ils sont là pour apprendre et réfléchir ensemble, aidés par un adulte bienveillant venu exprès pour leur faciliter la tâche.
Le rythme des journées, toujours identique, permet l’acquisition de repères temporels sûrs. Le maître aide ses élèves en variant le moins possible l’ordre et la durée des activités. L’acquisition du rythme hebdomadaire, ainsi que le nom des jours se stabilise grâce aux activités variées de l’après-midi.
Lecture, arts et littérature sont le point de départ de chaque demi-journée de classe. Les élèves savent que l’aisance qu’ils acquerront dans ces domaines sera le garant de leur réussite scolaire, au moins pendant toutes leurs années d’école élémentaire. Le vocabulaire, la syntaxe, travaillés tant à l’oral qu’à l’écrit pendant les deux tiers de chaque matinée, leur assurent une compréhension de plus en plus fine de la langue et de son code écrit qui leur servira toute la journée, au cours de chaque activité. Chaque jour amène son lot de progrès et développe pas à pas les jeunes corps et les jeunes esprits...
Les temps de la journée ont pris rapidement leur place. La durée des activités, éventuellement ponctuée par la sonnerie d’un minuteur et la consultation d’une horloge par les plus âgés, aide les élèves à garder présentes à l’esprit les échéances du temps qui passe. Confortés dans leurs capacités, ils prennent avec confiance leur autonomie.
La cohésion du groupe installe l’envie d’apprendre. Les enfants prennent plaisir aux activités que le maître organise où chacun a sa place, au milieu de tous ses camarades. Ils ont compris que ces activités collectives sont toutes chargées d’une dimension instructive.
Les apprentissages, grâce à leur place prépondérante et leur caractère routinier, se sont vite structurés. Chaque jour, chaque élève sait qu’il va au cours des moments institutionnalisés s’exercer avec ses camarades de classe à prendre des repères de plus en plus fins dans le monde des savoirs savants. Chacun sait où il va, confiant dans ses capacités car épaulé par son maître et ses camarades de classe qui avancent avec lui, sur le même chemin.
Dans la même série :
Tous les chapitres déjà mis en ligne sont répertoriés dans la Table des matières évolutive que vous trouverez dans la partie Sommaires.
Pour la partie présente
I. Idées reçues ; III.1. Trois niveaux dans la même classe ; III. 2. D. Mise en route - CP/CE1/CE2 (1) ; III. 2. D. Mise en route - CP/CE1/CE2 (2) ; III. 2. D. Mise en route - CP/CE1/CE2 (3)
Notes :
[1] Je conseille de ne pas faire copier les « leçons » aux élèves de CP mais de coller ou de faire coller dans un cahier (ou carnet) de liaison une feuille photocopiée qui récapitule pour les parents ou l’association d’aide aux devoirs quelles sont les courtes tâches de révision à effectuer chaque soir de la semaine.
[2] L’aide mutuelle doit être encouragée mais jamais imposée, d’autant qu’un élève qui ne la propose pas de bon cœur est souvent un mauvais guide, cherchant plus à se débarrasser d’un travail qui l’ennuie qu’à réellement fournir un appui à son petit camarade.
[3] Les principes de la démarche d’investigation, au CP, guidé par le maître, je suis d’accord ; seul, en autonomie, même par reproduction, est-ce bien raisonnable ?...
[4] Excellente progression pour le CP, facilement adaptable pour des élèves de CE, sur ce site : http://ouiphi.eklablog.com/une-progression-pour-le-cycle-2-c25389902.
On trouvera des pistes musicales dans Une année au concert, cycle 2, Scéren.
Tags : multiâge, triple niveau, élémentaire, primaire CP, CE1, CE2
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