• Écrire et Lire au CP, 1er Livret, 2e partie.

    Chapitre 2 : Vivre au CP

    Suite de l'article Écrire et Lire au CP .

    Prétexte : Les joies, les jeux, les peines et les découvertes d'une classe d'enfants de six ans, à l'école, avec leur enseignante.

    Acquisitions :

    - Notion de verbe, de nom propre et de nom commun, conjuguer un verbe du 1er groupe (sauf 2e personne du pluriel), la marque du pluriel des noms

    - acquisitions par reconnaissance visuelle : est, es, elle, dans, avec ses, que

    - apprentissage de la lecture par analyse puis synthèse : ou, p, j, d, é, è, e, on, b, g (gu), pr, tr, cr, ..., an, en, h

    - Lecture de textes entièrement déchiffrables de plus en plus longs (78 mots pour le premier, page 19 ; 146 pour le dernier, pages 37 et 38)

    - Premières introductions de textes "décrochés" : un conte adapté, pages 30 et 31 ; un documentaire, pages 37 et 38.

    Merci à Julien pour son aide !

    Pour consulter le reste de la méthode :

    Écrire et Lire au CP, 1er Livret, 1re Partie

    Livret 1, 3e partie

    Livret 2, 1re partie

    Pour afficher :

    Écrire et Lire au CP - Graphies en images

    Et le guide pédagogique :

    CP : Écrire et Lire au CP - Guide pédagogique

    Écrire et Lire au CP : GP 2 (2)

    Nota Bene : Vous pouvez me commander ces ouvrages directement, au prix public (13 € les deux livrets), auquel je me vois contrainte de vous demander d'ajouter le prix du timbrage, en me joignant via l'onglet Contact. Le livre du maître en version .pdf vous sera envoyé sur simple demande de votre part.
    Le premier livret est accompagné d'un cahier d'exercices photocopiable, les exercices du second livret sont intégrés à la méthode (pages de droite du livret).


    5 commentaires
  • La semaine dernière, nous avons étudié les terrains grâce à Ma Première Géographie Documentaire, de Didier Glad.
    Devant la photo du terrain sablonneux, mes élèves traversaient mentalement la Méditerranée et s'enfonçaient en Afrique à la recherche du désert du Sahara.
    Quand on a, à deux pas de son école, toute une étendue de la commune recouverte par des safres ( formation sédimentaire gréso-sablo-marneuse plus ou moins compacte du miocène), c'est quand même dommage d'aller si loin pour observer un terrain sableux !

    Alors, voilà, mes géographes en étude sur le terrain !

    Leçon de géographie

    Leçon de géographie

    Leçon de géographie

    Leçon de géographie

    Leçon de géographie

    Leçon de géographie

    Pour revenir à l'école, nous sommes montés tout en haut de la colline, là-haut sur le plateau en passant par des drayes tracées par le gibier, ou peut-être autrefois par les bergers, leurs chèvres et leurs moutons (chez nous, il n'y a plus de pastoralisme depuis... autrefois, dans les années 1950). Ça a été parfois difficile parce que la végétation est un peu piquante, griffeuse et agressive (du moins dans l'esprit d'un enfant de six ans qui ne quitte jamais les routes goudronnées).
    Sur le plateau, nous avons vu le papa de Lisette qui travaillait ses vignes, des essais de terriers faits par une colonie de lapins et puis, certains ont cherché des traces de loup et... de fil en aiguille... l'idée des bergers et de leurs troupeaux a fait son chemin...

    - Maîtresse, tu es comme une maman qui aurait vingt-deux enfants à amener à l'école...

    - Ou comme une bergère qui aurait un troupeau de chèvres et de moutons ! Et des chiens de berger !

    - Bêêêh ! Bêêêêêh ! Bêêêêh ! (x 20)

    - Ouah ! Ouaf ! Ouip, ouip, ouip ! Ouaf ! (x 2)

    Alors, je leur ai montré comment les bergers appelaient leurs bédigues, autrefois, dans les années 1960 (et j'ai triché un peu en leur disant que, lorsqu'elles entendaient ça, les bédigues, et les chiens, se taisaient et suivaient en silence) :

    - Brouououououououh ! Tièr, tièr, tièr, tièr !

    - ... ... ...

    - Bêêêh ! Bêêêêêh ! Bêêêêh ! (x 20)

    - Ouah ! Ouaf ! Ouip, ouip, ouip ! Ouaf ! (x 2)

    - Brouououououououh ! Tièr, tièr, tièr, tièr !

    - ... ... ...

    - Bêêêh ! Bêêêêêh ! Bêêêêh ! (x 20)

    - Ouah ! Ouaf ! Ouip, ouip, ouip ! Ouaf ! (x 2)

    - Brouououououououh ! Tièr, tièr, tièr, tièr !

    - ... ... ...

    Leçon de géographie

    Ce qui me fait le plus mal au cœur, c'est que l'an prochain, ce genre de balade, départ à 13 h 40 à pied, 45 minutes de marche entrecoupée d'arrêt pour observer une flaque de boue sur terrain argileux, des " genêts d'or qui sentaient bon tant qu'ils pouvaient ", des pins et des chênes verts en fleur, un ruisseau coulant sur une plaque de safre encore bien compacte, et puis des "sables mouvants" où l'eau s'infiltre, suivies de 45 minutes de jeux et d'observations libres, puis 15 minutes de "goûter", et enfin 60 minutes de grimpette, lectures de paysages, observation du terrain, bêlements de brebis, pauses boisson, sur le chemin du retour, eh bien, il faudra oublier.

    Tout ça parce que ça dépassera les horaires prévus pour l'après-midi et cela empêchera les ex-élèves, redevenus zenfants dont il faut préserver l'intérêt, d'arriver à l'heure à l'activité "guitare sur poney" prévue dans le Vieux Port de Marseille entre 16 h et 16 h 45 !


    21 commentaires
  • Écrire et Lire au CP

    Nous voici presque à la fin du mois d'avril. Il est largement temps de s'intéresser à l'année prochaine. Certains d'entre nous postulent pour obtenir un nouveau poste, dans une nouvelle école. D'autres souhaitent rester en place mais vont changer de niveau d'enseignement. D'autres enfin, même s'ils conservent et leur poste et leur niveau, souhaitent se renouveler un peu et faire évoluer leurs pratiques.

    C'est donc à tous mes collègues de CP présents et futurs que je me permets de présenter la méthode de lecture que j'ai conçue et que j'utilise dans ma classe depuis maintenant trois ans. 

    Après une année de rodage où une quinzaine de collègues et moi-même avons testé une version artisanale, j'ai eu la chance, de rencontrer un illustrateur, grâce à ma sœur qui le connaissait personnellement. Celui-ci, Xavier Laroche, a su retrouver son âme d'enfant pour donner vie à une petite bande d'élèves de CP. Il a rendu vivant leur environnement familier. Enfin il a accompagné avec talent leurs incursions de plus en plus fréquentes et efficaces dans le monde des livres. Par ailleurs, ma collègue et amie Sophie Borgnet a bien voulu prendre en charge l'illustration du cahier d'exercices qui complète le livret 1.

    La méthode a été éditée, accompagnée d'un livre du maître téléchargeable gratuitement, et ce sont maintenant plusieurs dizaines de classes qui apprennent à lire avec Mimi, le chat bleu, Marie, Malo, Lila, Lucas et tous leurs amis.

    Quelques dizaines, c'est peu, me direz-vous... Sans doute. Mais pour une méthode qui se vend presque sous le manteau, et qui n'a reçu l'approbation d'aucun IEN, d'aucun PEMF, d'aucun maître de conférences en ESPÉ, c'est déjà un bel exploit, il me semble !

    D'autant que cette méthode est atypique et fait fi de ceux qui affirment que tout ce qui n'est pas blanc, est forcément noir.  Pour cette raison, elle ne se réclame ni de la méthode syllabique ni de la méthode globale ! Elle ne se veut pas non plus idéovisuelle, intégrative ou quoi que ce soit d'autre. Elle prétend simplement faire confiance aux enfants et à leur maître, à leur esprit logique, leurs facultés de déduction, leur compréhension, leur désir d'avancer et leur envie de bien faire pour que les premiers se rapprochent, tranquillement mais sûrement, du deuxième et de sa maîtrise de l'écriture et de la lecture. 

    Quand on apprend qu'en plus, elle rejette résolument le principe selon lequel les compétences doivent être prises et travaillées isolément, et qu'elle favorise au contraire, dès le début, la tâche éminemment complexe que constitue l'acte de déchiffrer un message inconnu pour essayer d'en comprendre le sens, on admet sans peine qu'elle puisse déconcerter...

    Mais le plus simple est peut-être encore de vous permettre de la feuilleter, chapitre par chapitre et d'essayer de répondre aux questions que vous vous poserez peut-être alors... 

    Chapitre 1 : Bienvenue chez nous !

    Prétexte : Présentation des personnages et de leur petit monde...

    Acquisitions :

    - Notion de phrase écrite, de mot écrit, de syllabe, de lettres.

    - Reconnaissance visuelle d'une trentaine de mots d'une à deux syllabes.

    - Analyse partielle ou totale de ces mots afin d'extraire les lettres ou graphèmes a, ch, i, r, o, l, u, v, e, é, ê, f, tu c (= k), m et s.

    - Combinaison des lettres étudiées pour écrire et lire des syllabes et des mots entièrement déchiffrables.

    - En lecture, en fin de chapitre, remplacement total de la reconnaissance visuelle approximative par la combinatoire et le déchiffrage (le remplacement coïncide avec l'entrée à l'école des petits héros, c'est amusant, non ?).

    Durée : 4 à 8 semaines.

    Bon feuilletage et à bientôt pour vos questions !

     

    Pour consulter le reste de la méthode :

    Écrire et Lire au CP, 1er Livret, 2e Partie

    Livret 1, 3e partie

    Livret 2, 1re partie

    Pour afficher :

    Écrire et Lire au CP - Graphies en images

    Et le guide pédagogique :

    CP : Écrire et Lire au CP - Guide pédagogique

    Écrire et Lire au CP : GP 2 (2)

    Nota Bene: Vous pouvez me commander ces ouvrages directement, au prix public (13 € les deux livrets), auquel je me vois contrainte de vous demander d'ajouter le prix du timbrage, en me joignant via l'onglet Contact. Je me ferai un plaisir de vous envoyer le livre du maître en .pdf sur demande.
    Le premier livret est accompagné d'un cahier d'exercices photocopiable, les exercices du second livret sont intégrés à la méthode (pages de droite du livret).


    26 commentaires
  •  

    Querelles stériles et vieilles lunes...

     

    Je copie-colle ici une approbation des propos d'une collègue perturbée par les éternelles recherches de coupables qui continuent souvent à détourner la profession de la quête de solutions en profondeur.
    C'est du brut et cela nécessite sans doute de travailler encore plus délicatement les nuances. J'espère que je ne blesserai aucun collègue et que tous comprendront que, s'il y a critique, elle n'est en aucun cas dirigée contre eux car je sais qu'ils travaillent tous avec une grande conscience professionnelle et un désir de faire au mieux pour leurs élèves. NB : L'image ci-dessus vient de Google. Si elle dérange quelqu'un, qu'il me le dise, je l'enlèverai.

    Bien d'accord pour ne pas entretenir de querelles de clocher stériles qui n'avancent à rien.
    Et pour cela, il est important de ne pas rejeter la faute sur ceux qui appliquent, parfois avec une implication extrême et des horaires de mise en place hallucinants, ce que leurs formateurs, leurs hiérarchies, leurs penseurs leur enjoignent de faire.
    Ceux-là sont des collègues estimables qui n'ont aucun tort sinon celui de vouloir faire au mieux avec ce qu'ils connaissent de leur métier.

    Et quand des formateurs leur disent qu'il est normal que les écarts se creusent dès la maternelle et que c'est pour cela qu'il faut utiliser des "outils" aussi créateurs de discrimination négative que les Oralbums, comment voulez-vous qu'ils ressentent le besoin de changer de méthodes et d'aller voir ailleurs s'il existe d'autres méthodes qui seraient plus génératrices d'égalité ?

    Surtout quand, parmi ces méthodes, ils retrouvent celles qu'on a vilipendées devant eux pendant leur formation, à l'aide de chiffres truqués et d'approximations bien commodes (où on oublie bêtement de reculer de 9 ans pour lire les programmes en usage à l'entrée en maternelle d'un enfant de CM2 ; où l'on omet de préciser que, dès 1882, l'école publique scolarisait tous les enfants de six à douze ans et qu'il y avait un paquet de "nouveaux publics" parmi eux ; où on occulte le fait que, dès 1882, les Écoles Primaires Supérieures scolarisaient filles et garçons qui souhaitaient prolonger leurs études pour passer les concours de la Fonction Publique par exemple et que des Ecoles Normales ou Supérieures recevaient ensuite ceux qui avaient prouvé qu'ils tireraient profit à continuer encore plus loin leurs études ; où l'on cache que, jusqu'aux années 1950 dans certaines régions, il était d'usage de ne pas inscrire au CP les enfants nés entre le 1er octobre et le 31 décembre et n'ayant pas six ans révolus à la rentrée et que les 30 % de redoublants en CP viennent en grande partie de là ; où, pour démontrer que le niveau monte, on confond exprès lecture fine et compréhensive de textes largement résistants en fin de CM2 et déchiffrage pénible de phrasounettes d'une simplicité enfantine ; ...).

    Tout le monde n'a pas le temps ni le désir de fouiller le paysage pour détecter contre quels moulins à vent il est indispensable de se battre dès demain matin.
    Il n'y a aucune raison de tirer sur ces soutiers-là, engagés à fond dans le métier qu'on leur a, souvent mal, appris à exercer.
    Ceux contre lesquels il faut rassembler nos énergies, ce sont les "penseurs" et les "décideurs" qui eux pourraient changer quelque chose dès la rentrée prochaine s'ils le souhaitaient. Certains ont vaguement commencé à le faire... Parmi eux, Brissiaud, Ouzoulias, Goigoux... Mais il est difficile de reconnaître tout, d'un seul coup, et d'admettre à quel point on avait "tout faux".

    De plus, il est impossible de virer de bord à 180° d'un coup, d'un seul. Le bateau chavirerait.
    Pensez donc... Comment faire admettre à des gens devant lesquels on a ridiculisé les Alphas et leur Gulu gicleur ou Borel Maisonny "qui transforme les enfants en sémaphores atteints par la Danse de Saint Guy" qu'on s'est moqué de méthodes particulièrement efficaces qui "marchent à tous les coups", pour peu qu'on laisse une année de plus aux enfants les plus fragiles ? Comment leur faire admettre que, si l'école maternelle puis le CP ont fait leur travail, c'est-à-dire ont enrichi le vocabulaire de tous, même les petits pauvres et les petits réprouvés du système, les quatre années suivantes peuvent continuer le travail à l'écrit et faire lire des textes bien plus riches et profonds que les œuvrettes qu'on leur a proposées jusqu'alors ?

    Donc oui, bien d'accord pour ne pas ranimer les querelles de clocher stériles. Et bien d'accord pour au contraire fédérer nos énergies pour produire programmes et outils qui permettraient de changer tout cela en aidant nos collègues à diversifier leurs approches.

     


    votre commentaire
  • Grand beau sur le microclimat !

    Lorsqu'un enfant réussit à l'école, nous le savons tous, c'est grâce à son milieu et à son héritage génétique. Lorsqu'il échoue, c'est à cause de ses enseignants qui ne savent pas prendre en compte son originalité.

    Coup de chance pour moi ! Encore une fois et pour la septième année consécutive, tous mes élèves de Grande Section s'avèrent être issus d'excellents milieux et avoir reçu, par la grâce de Dame Nature, un patrimoine génétique de toute première qualité.

    Rendez-vous compte. Actuellement, au mois d'avril 2014, ils écrivent tous en écriture cursive dans les lignes d'un cahier seyes 4 mm , ils déchiffrent ce qu'ils écrivent et le comprennent. Autre miracle sans précédent, ils entendent les consonnes ! Il paraît qu'aucun enfant de cinq ans ne peut réaliser cet exploit et les miens, depuis sept ans, y sont tous arrivés ! Même mes super-péniblous de 2009/2010 y arrivaient, c'est vous dire !

    Grand beau sur le microclimat !

    [J'ai choisi le cahier de Kass'andrah parce qu'elle s'appelle Kass'andrah ou presque, qu'elle n'aura six ans que le 26 novembre 2014, et parce que sa maman, Sue-Ellen, et son papa, Djeïzonne, ont vingt-quatre ans ("Après, y z'auront 25 et après y seront morts. À 26 ans, on est vieux alors on meurt... C'est dommage mais c'est comme ça."...). Merci Kass'andrah :-( pour ton beau cahier qui fait mentir les oiseaux de mauvais augure et pour ta leçon de vie. Plus de trente ans de sursis.... grâce à toi, je suis vraiment une miraculée !]

    L'autre jour, l'exercice consistait à repérer dans une série de 12 images-mots (tortue, douche, vache, tasse, voiture, dinosaure, valise, dé, toilettes, vélo, table, doigt), celles commençant par la lettre t, celles commençant par d et celles ayant pour initiale v et de les classer en trois colonnes.

    Comme d'habitude, nous commençons l'exercice en commun, sous forme d'exercice de langage, ne serait-ce que pour repérer les élèves dont le lexique serait insuffisant pour réaliser l'exercice. Comme d'habitude, mes petits travaillent "à la parlante". Le langage de communication fonctionne parfaitement et les règles de la coopération, très importantes dans ma classe, font encore une fois la preuve que seul, on va parfois plus vite, mais qu'à plusieurs, on est tout de suite beaucoup plus performant.

    Un petit dit : "Douche, on entend t-t-t-t-t ! C'est la toupie1 !

    - Tu es sûr ? Tu dis une touche, toi ? Le soir, tu prends une touche ?

    - Non, une douche... D-d-d-d-douche.

    - Alors ?

     - Alors, c'est la dame2 ! D-d-d-d-d-d-d-douche...

    - Je sais, dit un autre. Quand c'est dddoucement, c'est la dddame, et quand c'est tttrès fort, c'est la tttoupie ! [C'était la découverte du jour, arrivée là comme un cheveu sur la soupe au moment où l'on s'y attendait le moins. Matheux Ier avait encore frappé !]

    - Ah oui ! Dddoucement pour D et tttrès fort pour T ! Ça c'est facile !

    - Dddoucement pour le dddé, le dddinosaure, la dddouche et le dddoigt !

    - Tttrès fort pour la tttortue, la tttasse, la tttable et les tttoilettes ! "

    Les élèves sont partis à leurs places, ils ont découpé leurs petites images, les ont coloriées, rangées et collées dans leur tableau sous la supervision de mon EVS qui se régale avec eux. J'ai daté et apprécié le travail d'un petit feu vert qui veut dire : "Ça roule, tu peux aller faire autre chose." et ils sont en effet passés à autre chose (jeux libres de construction ou d'imitation, dessin ou modelage libre, observation libre d'albums, ...).

    Hier, ils devaient écrire la lettre d, en cursive, sur le cahier. Ensuite, ils avaient deux lignes à recopier. La première donnait le mot dame et la seconde le mot dîne. Première partie au tableau, avec moi.

    J'explique la petite subtilité du d, avec sa barre qui monte jusqu'au milieu du troisième interligne. Je dis qu'ils peuvent essayer mais que s'ils n'y arrivent pas tout à fait ce n'est pas si grave. Yasameen qui aime que les choses soient claires explique : "Une barre qui s'arrête à la deuxième ligne, ce serait trop petit, on pourrait confondre un peu avec le a. Et une grande barre qui monte jusqu'à la troisième, ça ferait tout maigre et vraiment moche ! Alors, ils ont dit deux et demi, c'est mieux."

    Je montre à nouveau. Puis je passe aux mots. La consigne est de faire "le son de la lettre", tant que je n'ai pas fini de l'écrire. On entend : "D-d-d-d-d-d-aaaaaaa, da, mmmmmmmmeeeeeee. Da-meuh ! C'est dameuh !

    - Qu'est-ce que c'est "dameuh" ?

    - C'est dame ! Dameuh, ça fait dame !

    - Oui, voilà. On dit dame. On doit mettre madame E, mais il ne faut pas la dire trop fort. Ça s'appelle une lettre muette. Quelqu'un sait ce que signifie le mot muet ?

    - C'est quand on ne peut pas parler. On est muet. Madame E peut pas parler, elle est muette. Alors, ça dit d-d-d-d-aaaaa-m' ! Dam' ! Comme ça.

    - J'écris à nouveau dame et vous vous me dites quand j'ai le droit de lever le crayon.

    - Oui. d-d-d-d-d-d, tu lèves le crayon, tu mets le point pour monsieur A. Aaaaaaaaammmmmmmmeeeeeee. Voilà, d'un coup jusqu'au bout.

    - Et maintenant, ce mot-là. Vous lisez pendant que j'écris ?

    - D-d-d-d-d-iiiiiiiiiinnnnnnnne ! Dîne ! On ne dit pas dîneuh ! Madame E est muette. On dit dîn'.

    - Qu'est-ce que cela signifie dîne ?

    - C'est quand on a faim. On va dîner. C'est le verbe dîner. C'est pour manger à midi. À midi, je dîne à la cantine. Et moi, à la maison, je dîne. Ma maman, elle me fait des pâtes pour dîner... J'aime bien les pâtes... et la purée ! Et puis...

    - Et puis, on recommence ! Là, on écrit. Après, on racontera sa vie, d'accord ? Vous me dictez comme tout à l'heure ? Je veux savoir quand j'ai le droit de lever le crayon.

    - D-d-d-d-iiiiiinnnnneeeee. Tu lèves le crayon pour faire le truc sur le I. C'est un accent, le truc. Oui, un accent cir-con-flexe ! I accent circonflexe. On lève le crayon à la fin et après on fait l'accent truc, là. Cir-con-flexe, on t'a dit !

    Ensuite, comme chaque jour, je les ai laissés à l'EVS qui est plus à cheval que moi sur la taille des barres, la tenue du crayon, le respect des lignes et je suis allée lire La chèvre avec mes huit CP.

    Hier soir, après la classe, la maman de Yasameen nous racontait qu'à la maison, sa fille est "à fond" ! Elle cherche à lire tout ce qui tombe sous ses yeux et s'étonne elle-même de sa rapidité à déchiffrer un mot : "Regarde, maman, comme je lis vite, su-c-re, sucre, tu as vu ? Très vite, comme les CP et les CE1 ! Et là, ca-ca-o, cacao ! C'est du chocolat, le cacao, hein maman ? Je sais presque tout lire maintenant !"

    Alors ? Excellent milieu ? Héritage génétique haut de gamme ? Sans doute. Je n'ai aucune raison de mépriser les parents de mes élèves parce qu'ils sont maçons, ouvriers, chômeurs, agriculteurs, mères au foyer, bénéficiaires d'aides sociales diverses et variées, caissières, ingénieurs ou professeurs de lettres... Ma grand-mère disait "Il n'y a pas de sot métier, il n'y a que de sottes gens"... Et elle savait de quoi elle parlait, elle qui était issue de ce qu'il est convenu d'appeler un "tout petit milieu".

    Je sais que dans la circonscription, mes collègues seraient plus en faveur d'un microclimat. Il y aurait au-dessus de notre école un microclimat favorisant la réussite scolaire comme il y a, à quelques kilomètres à peine, un microclimat qui fait surnommer notre belle sous-préfecture, le Petit Nice...

    Grand beau sur le microclimat !

    J'en entends déjà dans le fond qui parlent d'effet-maître... Je pense que parmi eux se trouve mon IEN. Sans doute y en a-t-il un peu, j'en conviens. J'ai en effet la chance de faire partie des instituteurs et institutrices ayant bénéficié d'une véritable formation à l'enseignement de la lecture et de l'écriture et non de quelques heures rapides sur les théories (et les ouvrages) de MM. Goigoux, Charmeux, Foucambert, Chauveau, etc.
    J'y ai eu droit aussi, à ces heures-là, mais si j'ai pu m'inspirer de ce que ces personnes apportaient de neuf et l'expérimenter un peu. Grâce à cette formation, reçue d'abord à l'école, au collège et au lycée, puis au cours de mes études professionnalisantes, j'ai pu aussi  appliquer les filtres qu'on m'avait appris à utiliser, trier ce qui m'intéressait de ce qui me paraissait impraticable ou en parfaite contradiction avec ce que je constatais sur le terrain et ne garder que ce qui me semblait un plus par rapport à mon ancienne pratique.

    Alors un peu d'effet-maître, d'accord. Mais pas tant que cela, finalement.

    Il n'y a que sept années scolaires que j'arrive à de tels résultats sur l'ensemble de mes cohortes. Avant, j'avais régulièrement un ou deux élèves lecteurs en fin d'année de GS mais les autres n'avaient pour la plupart retenu que le nom des lettres qu'ils écrivaient tous en cursive... Ils recopiaient, bien, les phrases que je leur donnais à copier après les leur avoir lues. Associer les lettres pour arriver à lire seuls, c'était pour moi, et donc pour eux, un but inatteignable en Grande Section.

    Jusqu'au jour où j'ai  rencontré Thierry. Lui, il était rééducateur (maître E ou G, ne me demandez pas, cela fait partie des trucs que je n'arrive pas à retenir ; c'est comme Bourg-Saint-Andéol et Bagnols-sur-Cèze ou Loriol et Livron... je n'y arrive pas). Pour les élèves de GS de sa circonscription, il avait mis au point une méthode de découverte conjointe des sons de notre langue et des lettres qui servent à les transcrire.
    C'est une méthode basée sur le langage, le jeu, l'écoute, la discrimination visuelle, l'expression, l'écriture.

    Cette méthode s'utilise de la rentrée des classes aux vacances d'été, à petites doses quotidiennes (jamais plus d'un quart d'heure à une demi-heure par jour). Chaque jeu, on est en maternelle, je préfère parler de jeu plutôt que d'exercice ou d'activité, est expliqué, détaillé, décortiqué. Cela permet de réduire l'effet-maître ou plutôt de partager l'effet-maître de Thierry, ce qui est une excellente référence.

    Les fiches sont fournies, sur un CD rom pour éviter les gaspillages de papier (selon la configuration et les résultats de la classe, on n'est pas obligé de les faire toutes). Le matériel à utiliser est tout simple et ne nécessite pas des heures de préparation. Cela évite de travailler comme un bagnard le soir à la veillée, ou le week-end pendant que conjoints, enfants, familles et amis regrettent que nous ayons choisi un métier qui, en plus d'être si peu payant, se révèle si chronophage !

    Enfin, les enfants s'amusent et progressent. Ils ne sont pas rebutés par des exercices répétitifs, se voient avancer et devenir de plus en plus performants. Ils aiment ce qu'ils font et cherchent à aller plus loin que ce que nous leur proposons. C'est, bien plus qu'une évaluation normative bien peu gratifiante pour l'enfant, le signe manifeste qu'ils ont réellement assimilé ce qu'ils font, qu'ils comprennent le but des activités, le tout, sans exercice de métacognition artificiel. Pas mal, non ?

    Puisque j'ai maintenant un recul de sept ans et que j'ai suivi toutes ces cohortes d'élèves au CP, je peux ajouter que c'est grâce à cette méthode que j'ai été contrainte d'abandonner Bien Lire et Aimer Lire que j'utilisais au CP et que j'ai écrit Écrire et Lire au CP qui était mieux adapté au niveau de mes nouveaux  élèves sortant de GS. 

    C'est d'ailleurs à partir de là que j'ai compris pourquoi nos parents disaient qu'un enfant de CP savait lire à Noël.

    Enfin, c'est cette méthode de découverte de l'écrit qui m'a  donné envie de doter les élèves de Grande Section d'un outil mathématique équivalent, c'est-à-dire aussi respectueux des enfants, tout en étant ambitieux et confiant dans leurs capacités.

    Alors, au nom de mes élèves, encore une fois merci Thierry Venot, pour De l'écoute des sons à la lecture, la seule vraie méthode d'écriture-lecture réservée aux élèves de Grande Section qu'ils aient ou non la chance d'habiter sous un microclimat favorable.

    Notes de bas de page artisanales :

    1. La toupie est le personnage de la méthode des Alphas représentant la lettre T.  

    2. Et la dame est le personnage qui représente la lettre D...


    12 commentaires