• IV. 2. A. Mise en route - Maternelle et CP (1)

    IV. 2. A. Mise en route - Maternelle+CP (1)

    2. Mise en route

    A) En Maternelle[1]/CP

    Souvent, ce qui affole, c'est la présence de tout-petits alors que les plus grands sont passés dans la catégorie des apprentissages structurés nécessitant une progression linéaire[2] .
    L’inquiétude est moins vive lorsqu’on réalise que les effectifs de très jeunes enfants de TPS et PS tout comme celui des élèves de Cours Préparatoire sont très limités et que, comme dans une famille dont certains des enfants ont tout juste deux ans alors que les aînés en ont déjà cinq ou six, avec une bonne organisation, chacun peut vivre selon ses besoins et pratiquer des activités qui répondent à ses attentes sans être cependant un poids pour les autres.
    Par ailleurs, il est très courant que ces classes accueillent des fratries ou tout du moins des cousins ou des voisins ; les plus jeunes s’y retrouvent en terrain connu et s’intègrent plus facilement à un groupe dans lequel ils ont déjà un ou plusieurs référents.

    • Organisation de l’espace

    Cette organisation sera la clé du calme indispensable aux apprentissages des uns sans empêcher toutefois la satisfaction des besoins de mouvement, d’expression et de jeu des autres.

    Le coin de regroupement constitue le pôle central de la classe, près d’un tableau d’affichage à hauteur d’enfant. Le tout est complété par une bibliothèque équipée de rayonnages, de bacs, de fauteuils et d’une table de lecture.

    Une ou deux tables ovales à six places sont installées près des étagères à matériel destiné à l’exercice de l’expérimentation et de la créativité plastique[3]. Une piste graphique pouvant servir de grand chevalet de peinture occupe 3 à 4 mètres de longueur de mur, sur une hauteur d’un mètre environ.

    D’autres tables, individuelles ou collectives, sont placées près des placards ou sous des étagères contenant le matériel de jeux sensoriels. Ces tables pourront avoir un double usage et être dévolues par moments aux Travaux Écrits des élèves de GS ; elles doivent donc pouvoir se placer face au tableau d’écriture.

    Pour les élèves de CP, un coin d’écriture-lecture a déjà été aménagé. Les élèves assis à une table feront face à un grand tableau destiné aussi bien à l’affichage qu’à l’écriture à la main. Ce coin peut être placé près du tableau de regroupement qui aura alors double usage.

    Enfin, un espace au sol dégagé est prévu pour que les plus jeunes enfants puissent y disposer du matériel de grande taille ; le maître l’a placé loin du coin travail des élèves de CP de manière à ce que leurs apprentissages ne soit pas perturbé par l’agitation qui peut y régner.
    Ce coin est réservé aux jeux d’imitation et de construction[4], le matériel y est exposé dans des étagères à claire voie afin que les élèves puissent choisir ensemble celui qu’ils sélectionneront chaque jour et aménager l’espace de jeu à leur convenance ; il peut se trouver dans une salle attenante si l’école en possède une et que la classe est dotée d’une ATSEM à plein temps.

    Pour l’organisation et l’utilisation de ces différents espaces (jeux d’imitation, activités motrices fines, jeux sensoriels et mathématiques), on se reportera aux chapitres II.2.A et II.2.B ou à l’ouvrage Pour une maternelle du XXIe siècle[5].

    • Emploi du temps

    Après la répartition horaire des parties collectives de l’école[6] lors du conseil des maîtres, ce qui est souvent très rapide compte tenu du faible nombre de classes de l’école, l’enseignant établit un emploi du temps journalier simple[7], alternant les périodes d’activité selon un rythme immuable.

    La cohésion du groupe reste son premier objectif, mais l’écart d’âge entre les plus jeunes et les plus âgés impose de moduler le temps de chacun de manière différenciée. Si c’est encore par des moments collectifs qu’il choisit de débuter chaque demi-journée, il doit pouvoir néanmoins éclater assez rapidement le groupe afin de répondre aux besoins de chacun.

    Sachant que les plus jeunes seront moins disponibles l’après-midi, ce sont eux qu’il gardera près de lui après quelques minutes d’accueil collectif : les plus grands, ceux du Cours Préparatoire, accompagnés plus tard dans l’année, par ceux de Grande Section, seront envoyés à leur place, munis d’un travail écrit facile[8] afin qu’ils puissent le réaliser en autonomie, sous l’encadrement de l’ATSEM si elle est disponible.

    L’emploi du temps choisi tient compte de la fatigabilité des enfants et prévoit pour chacun des moments de la journée une durée et des objectifs compatibles avec les rythmes circadiens des futurs élèves. Ainsi, les activités d’écriture, de lecture et de mathématiques des aînés, dans ce qu’elles ont de plus exigeant intellectuellement sont placées en cours de matinée alors que leur partie ludique et créative ou au contraire répétitive et même routinière est intégrée aux activités de l’après-midi.
    Il choisit de ne jamais excéder 20 à 30 minutes consécutives sur la même activité. Seule la plage de l’après-midi consacrée aux Arts Visuels ou à l’Observation[9] excède cette durée. Il veillera à en varier les activités de manière à ce que ses élèves, même les plus jeunes, ne se lassent pas.

    Ses élèves de Petite et Moyenne Sections ayant encore besoin d’exercer leurs capacités de manière globale afin de ne pas freiner leur développement en étoile alors que ceux de Grande Section et Cours Préparatoire réclament maintenant plus de structuration, il a prévu que les activités structurées des plus âgés se déroulent en parallèle de celles de temps libre en autonomie des plus jeunes.

    Néanmoins il fait en sorte que les élèves de Cours Préparatoire et à plus forte raison de Grande Section aient à plusieurs reprises dans la journée l’occasion de s’extraire du groupe pour mener un projet personnel ponctuel[10]. Cependant il place ces plages horaires de manière à ce qu’elles puissent se réduire progressivement en cours d’année jusqu’à céder leur place à des moments collectifs plus structurés selon des projets communs de moins en moins ponctuels en toute fin d’année.

    • Progression

    Si les plus jeunes de la classe en sont encore aux progressions individuelles en étoile[11] qu’on ne peut pas mettre en cases, le maître souhaite que les plus âgés, qui ont désormais suffisamment aménagé leur personnalité, trouvent dans leur classe les moyens et l’envie de structurer leurs apprentissages pour les rendre plus efficaces.

    De manière à ce que les enfants de Grande Section comme de Cours Préparatoire découvrent ce monde des apprentissages structurés, il a prévu une progression linéaire, étalée sur deux années scolaires, pour permettre un passage en douceur, sans à-coups brutaux déstabilisants pour l’enfant.

    Il a donc préparé sa première progression d’étape. Elle représente environ le premier cinquième du programme d’acquisitions[12] qu’il souhaite faire partager à ses élèves de chacun des deux niveaux dans tous les domaines d’enseignement au cours de l’année scolaire. Il la suivra jusqu’à la première période de vacances scolaires, en s’adaptant toutefois au rythme de ses élèves, l’accélérant ou la ralentissant au besoin s’il en découvre la nécessité. 

    Pour tous les moments communs à deux, trois ou quatre sections, il n’a établi qu’une progression, se réservant la charge d’en demander plus aux plus capables et aux plus âgés et un peu moins, mais plus concentré, aux plus démunis qui seront sans doute souvent aussi les plus jeunes.

    Pour se simplifier la vie et pouvoir consacrer son temps à suivre réellement ses élèves, il a choisi de s’entourer d’outils et de méthodes simples plutôt que de passer énormément de temps à préparer sa classe et à créer ses outils.
    Il a ainsi adopté des méthodes d’écriture-lecture et de mathématiques proposant une progression journalière pour chacun des deux niveaux[13].
    Pour l’ensemble des autres matières, son critère de sélection principal a été le bon sens et la connaissance des capacités attentionnelles, inductives et déductives de l’enfant de deux à sept ans ainsi que son goût du jeu, de la récompense immédiate par la réussite rapide et l’atteinte d’objectifs simples et progressifs.

    Les élèves de Petite et Moyenne Sections qui le souhaiteront pourront, toujours en auditeurs libres, suivre tout ou partie d’une séance destinée à leurs camarades plus âgés.
    Le maître sait qu’ils se sentiront valorisés de jouer avec les grands mais il a bien conscience qu’à part exception, ils resteront au stade du jeu, se préparant à comprendre certaines notions mais incapables de suivre la progression. Son but n’est pas de les pousser à grandir de façon désordonnée en privilégiant l’acquisition de l’écrit au détriment des apprentissages moteurs et sensoriels mais de permettre aux plus grands de profiter des derniers apprentissages moteurs et sensoriels pour jeter les premiers jalons de l’apprentissage de l’écrit.

    • Rôle de l’ATSEM

    Dans ce type de classe, l’ATSEM est énormément sollicitée. Sa présence toute la journée est pour ainsi dire indispensable ; le maître n’hésitera pas à le répéter à la Mairie ou au SIVOS chargés de son recrutement et de sa rémunération.

    Après consultation du conseil des maîtres et de la charte des ATSEM décidée par la commune de rattachement[14]  de l’école, le maître dialogue avec la personne qui travaillera sous sa responsabilité. Il la met au courant des habitudes d’autonomie qu’il compte mettre en place. Il lui lit et commente l’emploi du temps et lui explique clairement ce qu’il attend d’elle à chaque moment :

    - aide matérielle aux élèves de manière à ce qu’ils apprennent progressivement à se passer de l’adulte et apprentissage des gestes d'hygiène et de vie pratique[15] 

    - aide à l’encadrement du groupe lors des moments collectifs et apprentissage des gestes techniques[16] 

    - encadrement d’un demi-groupe (PS/MS ou GS/CP) lorsque le groupe-classe est scindé en deux selon un cahier des charges établi à l’avance

    - préparation des matériaux à utiliser pour les ateliers d’expression plastique et des documents ou objets utiles à l’affichage ou à l’exposition au coin de regroupement[17], photocopie d’exercices écrits à destination des plus grands

    - installation du matériel de jeux sensoriels et d’imitation accessible aux enfants

    - rangement et nettoyage de tout ce qui a été manipulé, utilisé lors de la journée de classe 

    - classement des travaux d’élèves ; reliure ou collage dans un cahier communiqué aux familles

    À suivre...

    Annexes :

    Télécharger « EDT - PSMSGSCP.pdf »

    Télécharger « Plan GSCP ou MSGSCP ou matCP.pdf »

    Télécharger « Programme d'acquistions GS.pdf »

    Télécharger « Programme d'acquisition CP.pdf »

    Télécharger « Matériel individuel GSCP.pdf »

    Dans la même série :

    Tous les chapitres déjà mis en ligne sont répertoriés dans la Table des matières   évolutive que vous trouverez dans la partie Sommaires.

    Pour la partie présente :

     I. Idées reçues  ; IV.1. Quatre niveaux dans la même classeIV. 2. A. Mise en route - Maternelle+CP (1)IV. 2. A. Mise en route - Maternelle et CP (2) ; IV. 2. A. Mise en route - Maternelle et CP (3)

    Notes :

    [1] De la TPS/PS à la GS.

    [2] Écriture-lecture, numération-calcul.

    [3] Dites aussi « Arts plastiques » ou encore « Productions plastiques et visuelles ».

    [4] Voir liste dans les chapitres consacrés aux classes accueillant des élèves de maternelle. Penser à un jeu de « marchande » qui permettra, dès les premiers jours de classe, d’entraîner les élèves de CP (et de GS) au comptage et au calcul.

    [5] Me contacter pour un envoi sans frais de port.

    [6] Salles de motricité, de propreté, bibliothèque, cuisine, salle informatique, cour, jardin…

    [7] Voir suggestion d’emploi du temps en Annexe II.

    [8] En début d’année : phonologie ; repérage de lettres ; classements...

    [9] Baptisée Questionner le Monde dans les programmes 2016 après avoir longtemps été désignée sous le terme de Découverte du Monde.

    [10] Jeu d’imitation ou de construction, jeu sensoriel ou mathématique, dessin libre, modelage, découpage/collage, etc.

    [11] L’image de la boule de neige peut aussi être utilisée pour expliquer comment se constitue naturellement, sans ordre préétabli, l’agrégat de savoirs, d’habiletés et de capacités d’un enfant de moins de cinq à six ans. 

    [12] Voir Annexe IV.

    [13] Je conseille : 

    • pour la GS De l’écoute des sons à la lecture couplé avec les personnages de La Planète des Alphas (Récréalire) et Se repérer, compter, calculer en GS, toutes deux publiés par Grip Éditions
    • pour le CP, en lecture : Écrire et Lire au CP (Grip éditions) ou Bien lire et Aimer lire (ESF)  et en mathématiques, Compter, calculer au CP (Grip éditions), Mes cahiers d'écriture, CP, Apprentissage : les minuscules (Laurence Pierson, MDI)

    [14]  La réclamer si elle n’existe pas. Souvent, dans les petites communes, on suggère de fonctionner « au feeling ». C’est parfait tant que tout se passe bien mais peut poser de très graves problèmes si l’ambiance se dégrade.

    [15] Se déshabiller, suspendre des vêtements, s'habiller, se boutonner, remonter une fermeture à glissière, nouer une écharpe, des lacets, attacher une boucle de ceinture ou de sandale, etc. 

    [16] Distribuer et ranger le matériel, trier les déchets, balayer, laver des pinceaux et une éponge, essuyer une table, remplir un pot de colle ou de peinture, …

    [17] Découpage, mise en page, plastification, réalisation de panneaux destinés à l’affichage…


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