• Quousque tandem... ? (c'est du latin)

    Ça y est, le printemps arrive ! À quoi je vois ça ? Facile...

    Nous, les instits, nous commençons à recevoir des publicités, euh, des informations sur les nouvelles méthodes de lecture concoctées par les éditeurs ayant pignon sur rue (les vrais, ceux qui sont au-dessus de tout soupçon, selon le webmaster d'un des plus importants forums de professeurs des écoles) !

    Chouette, du nouveau ! Y aurait-il enfin eu prise de conscience ? Ouvrons vite cette annonce :

    Un apprentissage de la lecture avec des albums de jeunesse pour transmettre le plaisir de lire.

    Eh bien non ! Encore loupé ! Ce n'est pas demain la veille qu'on ne lira plus, au mois de janvier, sur les forums d'instits  que Mélanie-la-Souris va changer de méthode de lecture parce qu'elle a la moitié de sa classe qui n'est pas entrée dans les apprentissages !

    Continuons notre lecture :

    *4 textes reproduits intégralement et découpés en épisodes pour rêver, imaginer, construire de nouveaux savoirs.
    * Une méthode souple d’utilisation favorisant l’équilibre entre compréhension et code.
    * Une organisation hebdomadaire avec des rubriques récurrentes qui aident les élèves à travailler en autonomie.
    * Une structure évolutive qui accompagne les progrès des enfants.

    Comme d'hab', quoi... Avec le petit plus "Vous avez vu, je travaille le "code", c'est pas de la globale, hein", pour faire sérieux et ne pas affoler les foules.

    Et finissons notre lecture par les dadas des IEN et des CPC :, ce qui permettra que cette méthode soit conseillée aux débutants, vantée en animation pédagogique par des gens qui ne l'auront jamais vu utilisée :

    LES PLUS PÉDAGOGIQUES

    ➤ Dans chaque épisode :
    des supports de lecture variés (textes fonctionnels, poèmes),
    – l’observation d’un fait de langue, et une activité d’enrichissement lexical,
    – une activité de production d’écrit (dès le début de l’année).
    ➤ Des révisions régulières.

    Et voilà, la boucle est bouclée. L'an prochain, x classes au-dessus de tout soupçon démarreront l'année scolaire avec ce matériel garanti par un grand éditeur de matériel pédagogique et un quart, un tiers, la moitié ou même les trois quarts de leurs effectifs n'entreront pas dans la lecture ou n'auront pas encore eu le déclic en fin d'année scolaire...

    Je n'ai même pas besoin de feuilleter le manuel pour le savoir. Je sais trop bien ce que je vais y trouver. Cela doit faire bien vingt ans qu'ils se ressemblent tous. Les derniers, ceux des six à huit dernières années ont un peu développé l'alibi du code, tout en continuant à le traiter comme une roue de secours qu'il convient de laisser le plus possible dans le coffre. Mais on retrouve toujours les mêmes ritournelles qui confondent tout, mélangent tout et prennent les enfants de six ans pour ce qu'ils ne sont pas, n'ont jamais été et ne seront jamais !

    Et pourtant, pour parodier un "penseur" célèbre, apprendre à lire et à écrire à un enfant de cinq à sept ans, c'est vraiment simple ! Cela ne nécessite pas tout cet appareillage compliqué où nos petits poissons se noient faute d'être plongés dans une baignoire à leur mesure, de recevoir les bouées et brassards adaptés à leurs difficultés, de découvrir chaque jour un mouvement supplémentaire, une façon de respirer, un petit plus qui les entraîne tout doucement du baquet d'eau tiède vers la nage en haute mer, sans griller une seule étape.

    Commençons par le commencement : la compréhension !  Nos petits élèves vont commencer par plonger dans un univers inversé très rassurant... Si, si, c'est écrit dans la pub !
     Ouh là là ! En pleine querelle du genre ! Faut pas avoir peur, hein ! Et c'est quoi cet univers inversé très rassurant ?... ... ... C'est... attention les yeux... ... ça va en affoler plus d'un... ... ... il fallait oser... ... ... La... rentrée... des... ... ... mamans ! Si, si !... Tant pis pour Jacob qui a deux papas, tant pis pour Marwann qui a perdu la sienne d'une longue maladie, tant pis pour Eloysia qui n'a plus vu la sienne depuis que celle-ci a décrété qu'un enfant, c'était trop de contraintes et qu'elle voulait pouvoir se déchirer grave sans se faire suer à assumer un chiard !  Bon, ça, c'est fait...

    Mais, la compréhension d'un univers inversé très rassurant, qu'est-ce que ça a à voir avec l'autonomie du jeune lecteur ? Et pourquoi est-ce forcément avec La Rentrée des Mamans, ou les Trois Petits Cochons, ou J'ai rêvé que... qu'il faudrait qu'un enfant de six ans fasse ses premières armes de lecteur autonome ?  Parce que les armes de la compréhension orale, il y a beau temps qu'ils les ont, non ? Et même si certains de nos élèves n'ont pas eu forcément les mêmes contacts avec l'objet-livre que la petite fille de la photo chez eux, ils ont tous été scolarisés au moins deux ou trois ans, non ? Alors... cette histoire de compréhension, elle ne serait pas un peu truquée, non ?
     Qui a dit que, pour apprendre à lire, en tout début d'apprentissage, il fallait forcément faire coller ce qu'un enfant est capable de comprendre à l'oral avec ce qu'il est capable de comprendre (et de produire, mais j'y reviendrai) à l'écrit ?
     Il n'aurait pas eu un beau-frère éditeur, celui-là ?
     Les albums de littérature de jeunesse, c'est très bien pour consommer, pour rêver, pour imaginer, pour s'amuser ou réfléchir, mais c'est beaucoup trop ardu pour être utilisé pour apprendre à lire... Trop de mots, trop de phrases, pas assez de redondances, pas assez de répétitions et de graduations dans la difficulté. Ou alors, ils deviennent vite très ennuyeux et ne plaisent plus aux enfants.

    La compréhension, cela se travaille à l'oral, toute la journée, du Quoi de neuf du matin où on cherche à comprendre pourquoi, aujourd'hui, il pleut alors qu'hier, nous étions encore en shorts et sandalettes, au moment de conte de la fin de journée où la maîtresse ou le maître nous lit des histoires, des albums, des contes, des documentaires. La compréhension, on l'a sollicitée pour expliquer les chaussures qui courent vite de la séance de sport, les séries de trois bûchettes avec lesquelles on peut, ou non, former des triangles, les couleurs qui se sont mélangées sur la palette de peinture, l'eau des nuages qui dévale et ravine la pente en face de l'école, ...

    Et la lecture, ça se découvre avec quelques mots courts, qui reviendront tous les jours et qu'on pourra vite utiliser pour individualiser des syllabes, puis des lettres.

    Continuons avec l'équilibre que cette compréhension devrait trouver avec le code... Là, ça devient intéressant et c'est réellement une voie vers l'autonomie du jeune lecteur.

    Ce manuel part certainement de la compréhension d'un écrit très simple, souvent quelques mots, pour mettre en avant une lettre, ou un groupe de lettres. C'est la piste analytique.

    Elle peut servir dans un premier temps à repérer quelques mots, s'ils ne sont pas trop nombreux. C'est très souvent là, pour ne pas dire toujours, que ces méthodes pèchent à ce que disent les collègues qui les abandonnent en cours d'année et les parents désespérés dont les enfants débordés n'arrivent plus à gérer le stock d'étiquettes rangées dans la boîte de surimis vide fournie en début d'année en même temps que l'ardoise et le tablier de peinture.
    À quoi servent tous ces mots, vite appris, vite remplacés, trop nombreux, inutiles souvent ? Est-ce là le but ? Bien placés, bien choisis, ils auraient été des facilitateurs, des compagnons de route utiles et agréables. Là, leur nombre en fait des ennemis. On les mélange, on ne comprend plus, on baisse les bras devant l'ampleur de la tâche. Et les tenants des "méthodes syllabiques", suivis de politiciens habiles, ont beau jeu de hurler qu'un enfant ne peut pas retenir un mot comme une image.... Un mot ça va, trois douzaines, bonjour les dégâts !

    La méthode analytique sert ensuite à découvrir toutes les combinaisons possibles de lettres, prises individuellement, puis groupées en digraphes, trigraphes... Elle devrait utiliser pour cela le stock des mots qui auraient dû être engrangés. Et plus le stock de mots est abondant et plus elle croit avoir besoin de les utiliser tous pour présenter une lettre, ou pire un phonème et tous ses "costumes". Et les antiglobalistes primaires se réjouissent de cette manne qui tombe dans leur escarcelle sans qu'ils aient même besoin de la tendre. L'École Primaire se meurt, l'École Primaire est morte...

     Si elle s'arrête là, et c'est souvent ce que font ces méthodes, elle ne sert que de roue de secours. Et encore, tout juste. Habitués à privilégier l'accès direct aux mots, laissés trop longtemps à l'état de mots, peu ou mal décomposés en lettres, les élèves ne prennent pas l'habitude de se servir de cette roue de secours. Ce qui fait que, lorsqu'ils se trouvent vraiment coincés par un mot indéchiffrable et qu'ils veulent l'utiliser, ils se rendent compte qu'elle est à plat, qu'ils n'ont pas de cric, que les boulons qui la tiennent fixés sont grippés...

    D'autant que, pour rendre les élèves encore plus dépendants de ce stock, on leur a appris à les écrire "par cœur" dans le cadre d'exercices d'observation des faits de langue [pour les initiés, vous avez remarqué ? plus d'orthographe ou de grammaire... les programmes 2008 sont sur la sellette... Nous retrouvons les "faits de langue" de l'ORL ! Ressortez vos BO 2002, ils vont resservir !]. Par cœur ! Avant de connaître les lettres... C'est comme si vous leur appreniez à réciter du Shakespeare avant  qu'ils ne sachent ce que signifie My name is John ! Enfin bon...  Sauf que c'est là que se fabriquent les futurs dysorthographiques... M.a.i.s, c'est "avec" ou "déjà" ? Q.u.a.n.d, c'est "lundi" ou "maintenant" ?

    Et, cerise sur le gâteau, on installe ce réflexe du "par cœur mécaniste" en leur faisant produire de l'écrit bien avant que leur connaissance du langage écrit leur donne un semblant d'autonomie réelle dans ce domaine. Ils doivent tout de suite, dès qu'ils connaissent trois mots, les inscrire dans un répertoire, associés à des dessins, sans aucune possibilité de se souvenir si sous cette embarcation représentée, il y a écrit "navire", "bateau" ou "paquebot"...

    Alors oui, on peut apprendre à écrire et à lire à des enfants de cinq à sept ans, très simplement, avec un nombre infime d'échecs sans pour cela les condamner à un b-a-ba de six mois comme le font certaines méthodes dites "syllabiques" (en fait, c'est synthétiques, le terme à employer).  Mais cela ne nécessite pas qu'on plonge l'enfant en haute mer au milieu des flots déchaînés (et sexistes...) d'une Rentrée où les mamans s'affolent de laisser leurs petits bouts avec la vilaine maîtresse qui, selon une autre de ces prétendues "méthodes", serait une ogresse...

    On prend une illustration toute simple qu'on laisse commenter aux enfants. Pendant leurs commentaires, libres, on intervient délicatement. Au bout de ces commentaires oraux (où, je le rappelle, la compréhension, l'implicite, les inférences, l'inversion de l'univers ont été travaillés), on écrit au tableau la phrase que les élèves produisent oralement : Tu as vu le chat ? Il chasseCette phrase, on la leur découpe en mots, sous leurs yeux. On les leur mélange. On les leur fait replacer sous leur modèle... On les fait prononcer à voix haute, lentement, un par un.  On joue à les reconnaître, à en enlever un et à le faire retrouver...
    On les fait écrire si le niveau d'écriture de la classe le permet. Et illustrer. Le dessin est la production d'écrits du non-lecteur.

    Le lendemain, on reprend ces mots. On en choisit deux : chat et chasse. On les fait lire et prononcer lentement. On coupe... Là, c'est chhhh... là, c'est aaaaa... On écrit, on lit : ch, a, cha.  Et puis on revient aux mots, parce que ça, cela permet d'aller plus loin. Reprenons nos étiquettes parce que, ça, même si on ne sait pas encore écrire et produire de l'écrit autonome, ça, on sait faire. Plaçons-les au tableau pour qu'on puisse lire : le chat ; il chasse ; le chat chasse ; il a vu le chat ; tu as vu le chat ; tu chasses (l'adulte rajoute les "s", en expliquant très simplement que c'est obligatoire et que bientôt, ils sauront le faire aussi... fait de langue... grammaire...).

    Sur ce premier texte, on n'ira pas plus loin. Dans les textes suivants, tous les mots seront réutilisés, souvent, sans jamais que l'enfant n'ait à apprendre à les écrire par cœur. On y ajoutera, parcimonieusement deux ou trois mots supplémentaires, toujours très courts et très simples, à chaque nouvelle leçon. Tous ces mots seront soigneusement utilisés pour qu'ils dévoilent le secret de leurs lettres.
     Ces lettres seront associées les unes aux autres. À ch et a s'ajouteront r et i, puis l et o, v et u, puis e, é, ê, f, t, c, m, s...

    Si bien qu'au bout de quatre à huit semaines, le texte de base proposé à l'écriture après observation de l'illustration pourra être dicté par les élèves eux-mêmes. Ils le feront lettre par lettre et l'enseignant ne rajoutera que la touche finale, l'écriture du "son" ou...

    Quousque tandem... ? (c'est du latin)

    Et c'est ce texte-là que tous les élèves de la classe liront le lendemain après s'être entraînés à lire et à écrire réellement, sans trucage ni répertoire, des mots contenant le son ou :

    Quousque tandem... ? (c'est du latin)

    Quelques mois plus tard, ils liront, en parfaite autonomie, toutes les Rentrées des Mamans, tous les Trois Petits Cochons , tous les J'ai rêvé que... et bien d'autres albums qu'ils auront choisis seuls, selon leurs envies du moment.

    Et ne croyez pas que cet exercice soit si long et si difficile que leur instit ne peut rien leur lire d'autre. Comme c'est une méthode simple et efficace, elle ne monopolise qu'assez peu de temps et, une fois utilisées, les quatre fois vingt à trente minutes quotidiennes consacrées à l'écriture et à la lecture, il reste encore beaucoup de temps pour leur lire des histoires, des contes, des récits, des fables, des documentaires, des poèmes, des comptines et des règles du jeu [même si, personnellement, j'aurais préféré rester à 27 heures de classe et me dispenser par la même occasion des 108 heures qu'on a volées à mes élèves...] !

     


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  • Voilà, c'est fait...

    Contraints et forcés, ce sera :

    7 h 45 / 9 h 00 : garderie municipale (1 adulte pour 0 à 60 enfants)

    9 h 00 / 12 h 00 : classe pendant 5 matinées par semaine (choix du mercredi ou du samedi décidé par referendum auprès des familles, des enseignantes et des ATSEM)

    12 h 00 / 13 h 45 : pause méridienne (2 adultes pendant le repas, puis un adulte pour la surveillance des enfants pendant que l'autre nettoie les locaux (réfectoire tenant lieu de salle polyvalente)

    13 h 45 / 16 h 00 : classe pendant 4 après-midis par semaine

    16 h 00 / 17 h 50 : garderie municipale (1 adulte pour 0 à 60 enfants).

    Le conseil municipal espère que, si un assouplissement est finalement décidé pour l'application des nouveaux rythmes, nous pourrons revenir en arrière. Moi j'ai bien peur que là, ils aient signé leur acceptation pleine et entière du volet 1 de la Grrrrande Rrrrrefondation...

    Grâce à eux, not' bon miniss' va pouvoir se glorifier d'avoir convaincu largement plus de 90 % des maires.


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  • Échéance

    C'est ce soir que, par la grâce de deux coups de fil insistants mercredi dernier, le conseil municipal du village où se trouve mon école va statuer du sort de nos élèves à la rentrée de septembre 2014.

    Soit il ne craque pas et ils seront toujours pour certains à 4 jours de présence à l'école de 7 heures 45 à 17 heures 50 pour 24 heures de classe et 16 heures 20 de garderie périscolaire et cantine. Ce qui est déjà énorme pour des enfants de deux à onze ans, je vous le concède.

    Soit il craque et ces mêmes enfants vivront l'an prochain 4 heures 15 de plus dans les locaux scolaires (le mercredi matin, sans doute) pour toujours 24 heures de classe et cette fois-ci, 20 heures 35 de périscolaire (péril scolaire ?)...

    Le tout sans doute sans aucune réelle activité périscolaire, même pas macramé ou guitare sur poney. Juste de la garderie à 25, 30, 35, 60 même, pourquoi pas. Sous la surveillance d'un agent municipal, dans la cour de récréation quand il fait beau et parqués dans la salle de motricité/cantine (80 m² disponibles au sol, je pense) les jours de pluie.

    Le premier qui ose me dire que cette réforme a été conçue dans l'intérêt de l'enfant, je lui crache à la figure avant de le piétiner à grands coups de chaussures boueuses (ça tombe bien, il pleut tout le temps) !

     


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  • Le nombre 10, la dizaine.

    Nous arrivons presque au terme de ce long article, découpé pour qu'il soit plus digeste. Aujourd'hui, nous traiterons du nombre dix, en tant que successeur de neuf, de double de cinq, de composition de 6 avec 4, de 3 avec 7, etc. Parce que cela doit être, comme cela l'a été pour les nombres précédents, comme cela le sera pour les nombres suivants pendant encore une dizaine ou plus.

    Mais il doit aussi être considéré très vite comme la base de notre système de numération et cela avant de présenter ses successeurs. Cette notion de dizaine, fondamentale pour la compréhension doit être installée avant même que l'écriture chiffrée des nombres suivants puisse être lue ou écrite, nous dit notre professeur. Les élèves peuvent même opérer des calculs. Trois unités secondaires plus deux unités secondaires, c'est cinq unités secondaires et cela s'écrit 30 + 20 = 50, même si l'on ne sait pas que 20 se prononce "vingt", 30, "trente" et 50, "cinquante" !

    Pour que cette unité secondaire apparaisse bien à l'élève, H. Canac préfère les bûchettes, liées entre elles et donc difficiles à voir comme dix éléments uniques, aux cartes de boutons où l'on voit certes les dix unités fixées l'une près de l'autre mais où celles-ci restent dénombrables comme dix unités de premier ordre. Il ne parle pas des bouliers. J'avoue que si j'ai très vite su m'en servir pour aider les élèves à visualiser leurs calculs, j'ai en revanche toujours eu du mal à les imposer dans le comptage des dizaines et des unités. Est-ce que cela viendrait de l'écueil des dix billes toujours individualisables sur leur tige de métal ?

    Une fois cette deuxième unité, dix fois supérieure à l'autre, bien installée, avant même de passer aux nombres suivants, nous devrions, selon notre maître de pédagogie du calcul-pour-compter et du comptage-pour-calculer, coder et décoder des quantités en dizaines et unités, jusqu'à 9 dizaines et 9 unités puisque nos élèves disposent des outils pour cela. Cela leur évitera de se laisser abuser par les irrégularités de nomenclature puisqu'ils ne les aborderont que lorsqu'ils auront intégré la figure générique des nombres de 2 chiffres.
    Est-ce pour cela, M. Brissiaud, que vous avez pensé à Tchou et à ses dix-un, dix-deux, dix-trois... ? Ou est-ce, comme nos amis des Cahiers Pédagogiques, parce que vous êtes allés chercher à Singapour (et chez M. Nemo) ce que l'École Française proposait, en plus actif, plus ludique, plus concret et mieux adapté aux irrégularités de nomenclature de notre langue, depuis plus d'un siècle ?

    Henri Canac, 1947, Initiation au calcul entre 5 et 7 ans

    PROGRESSION (3e partie) :

    Au point où nous en sommes venus, le nombre 10 a été étudié à son rang après les 9 nombres précédents et selon la même méthode : posé par 9 + 1, associé au schéma 5 + 5, puis étudié dans ses décompositions : 6 + 4 ; 7 + 3; 8 + 2...

    Mais 10 n’est pas seulement un nombre parmi les autres, c'est aussi la base de notre système de numération. Il convient donc, à présent, de faire apparaître la notion de dizaine, « unité secondaire ».

    Or, il n'est pas difficile de faire comprendre à de jeunes enfants qu'une collection de 10 boutons ou de 10 bûchettes est d'un maniement lourd et incommode si on laisse les   unités éparpillées et qu'il y a donc avantage à les grouper sur une carte de 10 boutons ou en un paquet de 10 bûchettes. A partir de là, il convient, sans plus attendre, de faire opérer l'enfant sur des paquets de 10 bûchettes comme il sait faire sur des objets   quelconques. Un enfant qui connaît les 10 premiers nombres comprendra sans difficulté que 3 paquets (ou dizaines de bûchettes) et 2 paquets (ou dizaines) font 5 paquets (ou dizaines) de bûchettes ; puis que 3 dizaines et 2 dizaines font 5 dizaines, quels que soient les objets assemblés en dizaine ; enfin, on lui apprendra aisément que le chiffre 0 placé à la droite d'un autre chiffre indique que ce dernier exprime des dizaines. On peut donc conduire ainsi l'enfant à effectuer et même à écrire des opérations comme :

    3 0 + 4 0 = 7 0

    qu'il énoncera : 3 dizaines et 4 dizaines font 7 dizaines, alors qu'il ne connaît pas encore les noms des dizaines successives (trente, quarante, ...) ni aucun nombre supérieur à 10. Il apprendra ainsi, avant d'aborder les nombres de 2 chiffres, à traiter la dizaine comme une unité indivise.

    C'est pourquoi, pour le dire en passant, on devra préférer une figuration de la dizaine qui la présente en bloc à celles qui en offrent les unités étalées en collection apparente et invitant à l'analyse visuelle : de ce point de vue, le paquet de bûchettes vaut mieux que la carte de boutons. Le paquet de bûchettes est, au reste, un excellent matériel à tous égards, économique, robuste et maniable, très vite confectionné et non moins vite défait. Encore faut-il que les 10 bûchettes soient solidement assemblées pour que les paquets demeurent complets. Il faut donc les prendre très régulières et les lier par un anneau de caoutchouc replié sur lui-même et non par un simple fil.

    Le moment est venu aussi où il faut apprendre à l'enfant la valeur propre du signe Zéro, symbole de la quantité nulle. Cette notion est plus difficile à saisir qu'il ne paraît et, dans l'histoire des mathématiques, le chiffre 0 apparaît assez tard. Le moyen le plus simple de l'aborder avec de jeunes enfants, c'est de le présenter comme la différence de 2 quantités égales, comme ce qui reste lorsqu'on enlève toutes les unités d'une collection donnée.

    De là, l'enfant pourra comprendre que l'écriture 10 correspond à un nombre formé par une dizaine et zéro unité ; et que le nombre : une dizaine et quatre unités, par exemple doit s'écrire 14. On le mettra ainsi en état de passer de l'écriture d'un nombre quelconque de 2 chiffres à sa valeur en dizaines et unités (passer de l'écriture 97, par exemple, à l'idée d'un nombre de 9 dizaines et 7 unités) ; et vice-versa. Il y a intérêt, croyons-nous, à multiplier ces exercices afin d e bien asseoir dans l'esprit de l'enfant la figure générique des nombres de2 chiffres (c'est-à-dire, sur un exemple simple, la convention décimale) , avant que cette notion ne soit obscurcie par les irrégularités de la nomenclature .

    Pour lire le reste de l'article :

    1. Après l'écriture, les nombres !

     2. Savoir compter jusqu'à 100

     3. Les cinq premiers nombres

    4. Les  nombres de 6 à 10

    ...

    6. De 11 à 19, les irrégularités de langage 

    7. De 20 à 69, "Trop fass', maîtresse !"

    8. Où l'on voit bien que 30 > 24

    9. Évaluation des acquis


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  • Encore musique

     Deuxième séance.

    Un peu plus flottante que la première à cause des impondérables. Un coup de téléphone impromptu de la professeur principale de ma petite stagiaire. Une bougie trop neuve qui refuse de faire une belle flamme claire et que nous avons dû retailler au couteau. Une cassette mal rembobinée qui chevrotait et qu'il a fallu débobiner et rembobiner une fois ou deux avant qu'elle veuille bien reprendre un son moins ondulant.

    Nous démarrons. Réapprendre aux petits à se mettre entre deux grands et aux grands à déployer leur ronde de façon à laisser de la place entre eux. Déplacer les jumelles qui s'étaient collées contre leur grand frère.

    Bruit. Silence. Bruits avec la bouche. Bruits avec le corps. La bouche, ce n'est pas le corps ? Si. Alors ? Bruits avec la voix.  Qui nous fait entendre des sons faits avec sa bouche ? Loubna fait claquer doucement ses lèvres... Yasameen reproduit au lieu d'inventer un nouveau bruit de bouche. La maîtresse le lui dit. L'éducation musicale démarre par l'éducation de l'oreille et de la compréhension.  Yasameen doit bien écouter la consigne et inventer un autre bruit avec la bouche mais sans la voix.

    [Entre nous soit dit, je n'arrive pas à comprendre la distinction qu'on nous fait sans arrêt entre la compréhension et le reste (l'écoute, l'exécution, la lecture, la copie, le calcul, le dessin, la géométrie, l'éducation sensorielle, le vivre ensemble et tout ce que j'oublie). Vous différenciez, vous ? Ce n'est pas notre objectif premier, central et de chaque instant ? À quoi cela sert de leur faire faire quelque chose, si ce n'est pas pour qu'ils le comprennent, alors ?] 

    Nous jouons un moment. Tout le monde se souvient des deux codes. Les absents de la semaine dernière les acquièrent. Tout le monde se souvient de la consigne "Tant que les mains sont ouvertes" ou "Tant que les mains sont fermées". Alors, il faut compliquer le jeu. Nous ne voulons que des sons faits avec le corps. Acquis.
     Nous ne voulons que des sons faits avec la voix... Son horriblement grave sur Aaaaaaaaaa, entre la voix parlée et la voix chantée. La maîtresse imite, main sur la gorge... Ça fait mal. Ça ne donne pas envie de chanter avec vous... Nous allons en faire un qui ne fait pas mal  à la gorge.
     Les enfants réessaient. Certains chantent. D'autres bourdonnent. Essayons encore. Comme la flûte [qui joue un sol..]. Oui, voilà. Encore [un sol]... Et maintenant, un gros son bien grave... [Doooooo...] Oui, très bien. Encore le petit son tout aigu ?... Voilà, très bien.

    Avec quoi avions-nous fait des sons, la semaine dernière ? Avec les instruments. Lesquels ? Le "tambour", dit Jules-le-Petit. Non, pas le tambour, le tam-bou-rin, corrige Kevin. Et les "claviers", dit Jules-le-Grand. Non, les claaaves, le reprennent les autres. Nous en ajoutons un troisième : le sistre. [Coup de téléphone... long...]  Un peu d'agitation, c'est trop simple.
     Phase 2 : les enfants vont jouer. Comme dans un orchestre. S'ils ont un sistre, ils joueront quand la maîtresse des grands montrera le sistre ; s'ils ont des claves, ils joueront quand la maîtresse des petits montrera les claves ; s'ils ont un tambourin, ils joueront quand la stagiaire montrera le tambourin... Lorsque les adultes cacheront leur instrument derrière leur dos, ils arrêteront.
     Impeccable. Un instrument après l'autre. Deux instruments en même temps. Un instrument s'arrête alors que l'autre continue. Les trois instruments ensemble. Le silence.
     La semaine prochaine, la maîtresse Catherine essaiera de ne pas oublier d'imprimer les pictogrammes prévus et nous pourrons commencer à nous orienter vers la lecture de partition ! [Ce sera le moment de lecture des MS, à mon avis diablement plus efficace que tous les exercices où l'on colorie l'initiale de son prénom, remet en ordre les mots du titre de l'album du mois ou entoure les lettres qui ont servi à écrire le nom des ingrédients de la galette des rois. Mais il paraît que je suis une dangereuse instructionniste tellement fascisante qu'il est plus prudent de ne pas la laisser s'exprimer du tout !].

    Et maintenant, puisque nous allons changer d'activité, un petit coup de Règles de Vie, en activité bien sûr [les dangereux instructionnistes dans mon genre pensant qu'à moins de sept ans, on a mieux à faire que de se réunir autour d'une table pour faire semblant de recréer la démocratie, la solidarité, la coopération, le respect et l'entraide. Ce sont des concepts qui doivent se vivre au quotidien, à chaque instant de la vie de la classe, installées là comme des évidences par le passeur que nous sommes. ]. Savoir se servir des instruments de musique, c'est savoir en prendre soin. Voici comment on les range... les claves d'abord, dans leur petit carton... puis les sistres, debout, coincés entre le carton des claves et la paroi de la caisse. Enfin, les tambourins, très fragiles à cause de leur peau tendue. Les trois gros servent de boîtes aux trois moyens qui servent de boîtes aux trois petits. [Tiens, un petit coup de maths : relation d'ordre... Justement le jour où le plus jeune des MS avait expliqué à sa maîtresse que l'ours moyen avait un bol plus petit que le gros ours mais que ce bol était plus gros que celui du petit ours... Maths partout, maths tout le temps, maths intégrées à la vie quotidienne plutôt que maths sorties d'une progression standardisée pour enfants standards qui n'existent pas... Ralbol de ceux qui me prennent pour une horrible brandisseuse de claquoir alors que chez eux, c'est le cerveau qui n'est qu'un claquoir vide de sens et d'espoir.]

    Quelques secondes de travail sur la pulsation... Tout le monde suit une pulsation mal évaluée par la maîtresse qui a oublié de se mettre dans la peau d'un quatre à sept ans et qui l'a calquée sur ses battements cardiaques de vieille d'au moins, je ne sais pas moi,... quatorze ans peut-être ! C'est trop lent, maîtresse, nos jambes s'épuisent à retenir leur envie de tricoter !
     Hop, on arrête... Un peu plus vite, cette fois ! Ah, voilà ! Là, on est à l'aise ! Presque trop, Petit-Lolo, CP, fait le zouave. Lolo, on se calme ! La liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres, mon cher. Maria Montessori expliquait très bien que le but de l'école est de faire passer l'enfant de l'agitation stérile et désordonnée à la liberté intérieure obtenue par la maîtrise de soi qui seule conduit à l'indépendance.
     Allez, une dernière... Très rapide... Pour aider Petit-Lolo à évacuer les tensions accumulées. Très courte... Pour éviter que cela ne tourne au grand n'importe quoi.

    Épuisés, les petits loulous ! Et un petit peu énervés aussi... Comme des enfants qui compensent le mal-être de la fatigue physique par des cris et des bousculades faisant ainsi la preuve de leur bon état de santé : "Je suis pas fatiguée, moi", nous crie une petite minette, toute rouge et essoufflée !

    Eh bien, sortons notre bougie...  Qui refuse de s'allumer... Qui fait une toute petite flamme bleue que les enfants ne voient pas... Qui s'éteint... Qui énerve les adultes pendant que les enfants s'agitent... [Heureusement que je ne suis plus en année de validation devant ma tutrice ou ma CPC. Je m'en serais pris une, de semonce culpabilisatrice et destructrice, je ne vous dis pas ! Mon estime-de-moi aurait été sacrément entamée ! Peut-être même qu'elles auraient poussé le sadisme jusqu'à me demander de faire moi-même mon autocritique publique comme au bon vieux temps du goulag ou du laogai... ] Ah ça y est. La stagiaire a couru chercher un couteau. Avec la collègue, elles ont taillé dans la stéarine, pendant que je jouais à faire semblant qu'il y a une vraie bougie là, au milieu, entre nous, une bougie très fragile qui fait une toute petite flamme qu'il ne faut surtout pas éteindre.
     Nous mimons le trajet de l'air avec notre index. L'air arrive dans nos narines, doucement, doucement, doucement. Notre main se rapproche de notre nez. Puis l'air ressort par notre bouche et notre doigt se pointe devant nous là-bas très loin vers le sol où se trouve notre bougie imaginaire... Et puis, nous reprenons l'air, là-bas, tout en bas, et nous le ramenons vers nos narines... Les leveurs d'épaules oublient leur réflexe acquis. Nous sommes à moitié pliés vers l'avant : difficile de lever les épaules dans cette position-là. Nous nous redressons à peine le temps de de finir de remplir notre cage thoracique et déjà notre bras se déploie...
     Cela n'empêche que la semaine prochaine, nous jouerons au jeu du cube sur le ventre ! En début ou en fin de séance, je verrai...
     La bougie arrive... au moment où elle ne sert plus à rien ! Mais ça ne fait rien, les enfants sont tellement contents. Nous soufflons encore trois fois tout doucement puis une fois très fort ! Un pas en avant... trois fois tout doucement et une fois très fort ! Deux... oui, deux, les enfants sur rails ! La semaine dernière, c'était un mais aujourd'hui, c'est deux pas en avant... Et là, très fort ! [Le jeu, c'est de maintenir la vigilance... Beaucoup d'habitude pour sécuriser les enfants perdus, ballottés dans un monde aux règles trop fluctuantes, et une toute petite pincée d'impromptu pour casser les mécanismes. À bas les rituels sclérosants où on n'a même plus besoin du cerveau pour chantonner en chœur "Un... deux... trois... ... ... trouze... .... cratoze... crinze... ... vintte-huit... vintte-neuf... vintte-dix... " et à bas les pistes de catch où la loi du plus fort règne en maître et permet aux petits durs des deux sexes d'écraser de leurs armes fatales les tendres petits poussins et les pauvres petites salades !] Tout le monde est si content d'avoir éteint la bougie qu'un applaudissement retentit dans la salle !

    Nous allons fêter cela en chantant Le Petit Chat Gris. Tout le monde la connaît ! Le chant est joli. Les voix mélodieuses (sur deux notes... mais mélodieuses). Alors, soyons fous, trois notes !
     La flûte joue... Et maintenant la maîtresse... Tiens, vous la connaissez ? Non ? Bon, alors, laissez-moi chanter seule. Voici :

    Encore musique

    Je vous la rechante... Écoutez bien... Et maintenant, chantons ensemble.  Elle est simple. Les deux tiers des enfants chantent... Mais pas le troisième, celui pour qui nous sommes là en priorité. Alors moins vite...
    Le jeu du micro... Le micro vers moi, c'est moi qui chante ; le micro pointé vers vous, c'est à vous de chanter !
    Petit poisson... à vous... Petit poisson... Qui tourne en rond... Qui tourne en rond... Petit poisson, qui tourne en rond...  Petit poisson, qui tourne en rond... 

    En trois minutes, la comptine est sue... Nous allons la laisser reposer et nous y reviendrons la semaine prochaine. Maintenant nous dansons... Sauf que... Saleté de cassette ! D'ici à ce que la bande casse !... Il faut rembobiner... Et débobiner... Et rembobiner... Ouf, ça y est... Ça chevrote encore un peu mais bon. Pendant l'écoute, Yasameen, GS, lance l'activité que je souhaite organiser la semaine prochaine (si la cassette tient le coup) : elle balance la tête sur le premier mouvement puis agite les bras et le buste sur le deuxième ; je l'aide à balancer à nouveau la tête sur la reprise du premier mouvement. Ensuite, c'est Ibiza, CP, qui prend le relais et lève les bras au ciel et fait "les marionnettes" avec ses mains en entendant le troisième mouvement. Le reste de la classe nous suit, poliment, sans trop comprendre pourquoi nous faisons cela. Pas grave ! L'intuition, ça s'aide si l'on veut que cela devienne contagieux.

    Nous recommençons l'alternance danseurs/spectateurs de la semaine dernière. Pas beaucoup d'évolution. Nous ne sommes pas pressés. Nous allons essayer d'enclencher l'intuition... Chacun debout dans un cerceau posé au sol, un foulard dans chaque main. Les foulards sont des oiseaux que nous allons faire danser.
     Quelques élèves changent de geste lorsque nous changeons de phrase musicale... Jules-le-Grand jongle sur le troisième mouvement... Les MS et quelques GS n'en sont encore qu'à la découverte de l'objet "foulard" qui comporte une grande part de dressage ! Figurez-vous que cet oiseau est manifestement animé d'une volonté propre qui s'affronte à la nôtre et tente de la vaincre !  Il s'échappe, tombe, s'attrape dans votre nez, se coince sous votre pied... Et je ne vous raconte pas lorsqu'ils sont deux, les chameaux ! Une véritable association de malfaiteurs ! Le combat est rude avec des ostrogoths pareils... Alors la musique, hein... Elle fait bien ce qu'elle veut, pendant ce temps-là !
    Et il y en a même un ou deux, ma Lambinette, pour ne pas la citer, qui en sont encore en phase d'approche de la découverte de l'objet "bras" ! Eh bien découvre, ma Lambinette... Tu nous rejoins au point d'orgue ?

    Ouiiiii ! Elle a soulevé son foulard droit (elle est droitière, ma Lambinette) d'au moins dix centimètres au-dessus du sol et elle l'agite comme un chiffon à poussière pas trop poussiéreux en suivant la pulsation ! Que demande le peuple ? C'est merveilleux, ma Lambinette ! Essaie de te rappeler qu'un autre foulard pend lamentablement de l'autre côté de ton corps, là-bas, très loin, en Terra Incognita... à ta gauche. Voilà, il a bougé ! Mais tu es extraordinaire ma Lambinette ! Une motricité qui ne demande qu'à éclore... C'est émouvant.
     Recommençons assis pour voir. Ah, tu vois que tu es capable de lever tes foulards plus haut, Lambinette !

    Dernière anicroche de la séance. Vite, vite, vite, il faut que le morceau finisse. Les CE1 vont se retrouver seuls avec leurs rhinocéros à cuirasser. L'EVS a fini son service et la collègue de Cycle III veut partir en sport sur le terrain pour fêter le retour du soleil !
     Tant pis, ce sont les adultes qui rangent les foulards et les cerceaux, une occasion manquée d'exercer le Vivre Ensemble pour du vrai et d'autonomiser réellement les petits sans qu'ils aient besoin d'une affiche collée au mur leur rappelant les règles de vie
    [comme dans le métro quand j'étais petite : Il est interdit de cracher à terre... Mais que c'est triste l'école maternelle du XXIe siècle !].

    La semaine prochaine, devant l'avancée de nos jeunes musiciens, nous allons sans doute changer l'ordonnancement de la séance. Ce sera certainement en premier Souffle et Voix, en deuxième Pulsation et Rythme, en troisième Chant et Écoute, en quatrième Écoute et Expression Corporelle et en dernier Souffle, Relaxation et Écoute...

     La partition est extraite de Répertoire de comptines et de chants pour l'École Maternelle, JP GIPON, JC SALVIA, J SANSONETTI, CPEM publié par le CDDP de Seine-et-Marne, 1989. 

    Dans la même série :

    Musique chez les petits

    Encore musique

    Musique et expression en maternelle


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