• GS/CP : Première journée

    À la demande d'une jeune collègue, un peu perdue dans les manuels que je lui ai conseillés, voici ce que j'aurais préparé si :
    1) j'avais fait cette rentrée dans une classe à double niveau : Grande Section et Cours Préparatoire,
    2) j'avais été contrainte par ma hiérarchie de coller sur chacune des activités que je programmais les intitulés des programmes scolaires de l'Éducation Nationale auxquels elle correspondait[1].

    En revanche, ce que je n'ai pu me résoudre à prévoir, c'est la colonne "autocritique" dans le plus pur style "République Populaire de Chine à l'époque de la Révolution Culturelle" !
    Mes IEN successifs s'y sont tous cassé le nez... Il m'est totalement impossible de perdre du temps le soir à écrire, sur un document personnel et privé même pas obligatoire, sous prétexte que ça va m'aider, en plus, que j'ai été brillantissime là, pas terrible ici et carrément craignos là, là et encore là. Mon sentiment d'imposture est suffisamment important pour que la remise en question des activités que j'ai prévues soit permanente: je sais valider mes réussites et mes échecs en direct, simplement en vivant avec mes élèves. Grâce à eux, la sanction ou le bon-point arrivent naturellement par leur attitude, leur degré d'implication, leurs sourires ou leurs énervements...

    J'ai choisi de travailler dans une école "classique" où les matinées durent 3 h et les après-midis 2 h 15 et où c'est le professeur des écoles lui-même qui assure la totalité des enseignements (EPS et Musique comprises).
    Comme j'ai parlé d'un manuel qui n'est pas encore édité (Observation au CP), je vous joins gracieusement la leçon sur la main qui devrait débuter cet ouvrage. J'en profite pour remercier Didier Glad qui a conçu ces exercices d'observation et je lui souhaite une excellente rentrée.

    J'ai choisi aussi de ne pas passer du temps sur les présentations, le recensement des outils[2] et les règles de vie de la classe qui s'installeront d'elles-mêmes de manière bien plus appropriée si elles sont traitées au coup par coup, sur le fait.
    Les petits élèves n'ont qu'une hâte : ils sont venus pour apprendre, utiliser leur matériel, retrouver les activités de l'école et vivre une vie de classe riche et active.
    Pourquoi les en priver en les condamnant à de longs moments d'échanges verbaux, des projets lointains[3], des organisations ciblées et précises pour eux qui sont à l'âge où tout s'apprend, tout le temps et partout et où le fond est toujours plus important que la forme ?

    J'ai préféré les lancer tout de suite dans un planning simple qui se répétera tous les jours, mercredi matin compris, jusqu'à ce que tout le monde s'y sente tellement à l'aise que nous pourrons, sans déstabiliser personne, prévoir quelques petites variations annoncées raisonnablement à l'avance et préparées en amont jusqu'à ce que, le jour J, elles aillent de soi.
    Ils vont donc ce premier jour de classe jouer, dialoguer,  se repérer, compter, calculer, réfléchir, observer, lire, dessiner, écrire, écouter, comme ils le feront tous les autres jours de l'année.
    La tonalité de l'année sera donnée et c'est par eux-mêmes qu'ils adopteront leur école comme "une école où les enfants vont apprendre ensemble et vivre ensemble"[4].

    Bonne rentrée à tous, collègues, parents, grands-parents et amis de l'École !

    Télécharger « Mardi 1er septembre.doc »

    [1] Comme si cela intéressait quelqu’un d’autre que nous-mêmes. Et comme si, en tant que « professionnels de l’Éducation », nous n’étions pas capables de coller aux programmes en vigueur sans l’écrire et le réécrire chaque jour !...

    [2] De toute façon, les élèves en ont très peu. Pour le moment, on leur a préparé un porte-vue et un cahier de dessin pour les GS (cahier maternelle sans lignage) ; un livret de lecture (Écrire et Lire au CP, livret 1), un fichier de mathématiques (Compter, calculer au CP), un cahier du jour (seyes 12x12), un carnet (cahier de textes ou agenda) et un cahier de Travaux Pratiques pour coller les comptes-rendus et illustrer les thèmes qu’ils traiteront en Découverte Du Monde. Plus tard, les CP recevront un second cahier de Travaux Pratiques dans lequel ils colleront les poèmes qu’ils apprendront en classe et qu’ils illustreront. Quant aux GS, c’est au second trimestre qu’ils recevront leur cahier d’écriture (seyes 4 mm). Nous avons donc le temps !

    [3] Tout ce qui dépasse la demi-journée est lointain pour un enfant de cinq ans à six ans et demi ! Pour preuve, l’air angoissé du petit bonhomme qui, l’après-midi, au moment de se ranger pour sortir en récréation, vous dit : « Maman, elle a dit que je mangeais pas à la cantine aujourd’hui ! » Oui, oui, du calme, petit bonhomme, tu vas bientôt rentrer chez toi et c’est dans ta famille que tu prendras ton prochain repas !... On a beau eu te faire seriner la comptine des jours de la semaine depuis la Petite Section, tu es finalement comme tous les enfants de ton âge, encore bien en peine de te repérer dans le temps, même proche.

    [4] http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=86940#ecole

     


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  • Merci,merci, mille mercis !
    Portrait de Laurence Pierson réalisé par Tom Choquart

    Mille mercis à Laurence Pierson pour son article élogieux concernant Pour une maternelle du XXIe siècle !

    Un petit extrait pour vous donner envie d'y aller :

    L'école maternelle a longtemps été une spécificité française. Grâce aux nombreux combats menés par ses défenseurs, elle fait partie intégrante de l'école primaire, au même titre que l'école élémentaire. Elle a su résister à la vilaine appellation de "pré-élémentaire" pour rester "maternelle", au sens où elle accueille de très jeunes enfants, dont les besoins de soins et d'attention doivent être pris en compte.

    Cependant, ces dernières années ont vu une évolution inquiétante nier de plus en plus la spécificité de l'école maternelle pour y introduire progressions rigides et évaluations normées, en faisant une "mini-élémentaire" bien éloignée de l'esprit de ses fondateurs.

    Catherine Huby, qui vient de prendre sa retraite après 40 ans d'enseignement, a vu toutes les évolutions récentes de l'école. Souvent sollicitée par de jeunes collègues en manque de repères, elle nous livre dans cet ouvrage, joliment illustré au trait par Sophie Borgnet, sa vision d'une école maternelle idéale. Elle se replonge aux sources des grands pédagogues d'hier – Pauline Kergomard, Marie Pape-Carpantier, Maria Montessori, Elise et Célestin Freinet – pour proposer une école heureuse pour les enfants d'aujourd'hui.

    ÉcritureParis, un site qui gagne à être connu !

    Et quand vous serez sur son site, profitez-en pour fouiner un peu et voir tout ce qu'elle propose pour aider nos collègues professeurs des écoles ou nos amis parents d'élèves à savoir apprendre ou réapprendre à écrire aux enfants, adolescents ou même adultes qui les entourent.

    Mention spéciale pour les PE :

    Formation pour les enseignants du primaire prévue le Samedi 26 septembre 2015, à Paris, XXe.

    Et pour les IEN, DASEN, Recteurs, Ministre de l'Éducation Nationale et autres professeurs d'ESPÉ qui, je n'en doute pas, se pressent nombreux sur mon blog :

    Laurence propose aussi des animations pédagogiques à l'intention des enseignants d'école primaire — en particulier de cycle 2.
    Ces animations durent une demi-journée qui peut avoir lieu soit le mercredi, soit le samedi.

    Encore une fois grand merci à Laurence qui, en plus de tout ce qu'elle fait pour diffuser notre pédagogie de l'écriture-lecture,  s'est proposée pour tenir, à son cabinet, un petit dépôt-vente des ouvrages du GRIP. Vous y trouverez, entre autres, Écrire et Lire au CPÉcrire, Analyser CE1 et Pour une Maternelle du XXIe Siècle.

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  • Écrire et Lire au CP : Expression orale

    Voici les illustrations, réalisées par Xavier Laroche que je remercie sincèrement, correspondant aux deux premières leçons du livret Écrire et Lire au CP . Comme j'avais une classe à triple niveau, je les avais imprimées en format A4 afin de les afficher au tableau avant de regrouper mon petit groupe d'élèves de CP (de 6 à 10 élèves) pour la séance de langage oral. 
    Cela permet de focaliser l'intérêt des élèves, restés à leur place s'ils sont habitués à travailler en grand groupe, ou regroupés au "coin-langage" comme on le fait communément dans une classe maternelle.

    Je suppose que ceux qui utilisent ma méthode dans leur classe pourront les télécharger et les imprimer à leur convenance en A4 ou en A3 ou même les projeter sur un écran ou un TBI.

    Les collègues qui souhaiteraient recevoir les images suivantes peuvent me contacter par mail à l'aide de l'onglet Contact à gauche de la page.

    Première leçon
    Séance 1[1]

    Écrire et Lire au CP : Expression orale

    Durée : 20 minutes
    Dominante : langage
    Matériel : illustration du livre ; tableau collectif ; craie ou feutre
    Installation : élèves à leur place face au tableau ou demi-cercle devant celui-ci
    Organisation : groupe-classe et maître ; dialogue pédagogique

    (Avant le début de la séance, on aura mis en place les habitudes : écouter la question, lever le doigt pour répondre, attendre d’être interrogé, parler clairement en faisant des phrases, écouter la réponse des camarades pour ne pas redire la même chose).

    M : Que voyez-vous sur l’image ?
    R : Sur l’image, je vois un chat. / Il a attrapé un oiseau. / Le chat a chassé un oiseau. /C’est un chat qui a pris un oiseau. / Le chat a tué un oiseau. / Etc.

    Laisser un maximum d’élèves s’exprimer en orientant doucement la conversation sur le fait que ce chat chasse pour se nourrir.
    Nota bene : On peut (doit) laisser les enfants s’exprimer sur ce qu’ils ressentent devant cet acte qu’ils peuvent trouver « barbare » mais il est nécessaire de leur rappeler ou de leur faire rappeler que le chat est un carnivore et que, pour lui, il est nécessaire de chasser des petits animaux pour se nourrir. Sur ce thème, on pourra, à un autre moment, leur lire avec profit « Marlaguette », dans les albums du Père Castor

    Cacher ensuite l’image et demander aux élèves de fermer les yeux et d’essayer de revoir cette image, puis revenir au dialogue.

    M : X, tu as vu le chat ?
    R : Oui, j’ai vu le chat.
    M : Et toi, L, tu as vu le chat ? Que fait-il, ce chat ?

    R : Oui, j’ai vu le chat. Il chasse.

    Continuer ainsi avec quelques élèves en alternant les questions. Annoncer ensuite :
    "Ce soir, à la maison, vous montrerez le livre à votre maman, à votre papa, à votre nounou, votre grande sœur ou votre grand frère, celui qui vous fera réviser votre leçon (envisager les cas particuliers en fonction de la population scolaire concernée) et vous leur direz (écrire tout en parlant après avoir remis l’image au tableau, on prendra soin d’articuler très clairement et de s’interrompre quelques secondes entre chaque mot) :

    Écrire et Lire au CP : Expression orale

    M : Qui peut venir relire ce que j’ai écrit ? Regardez, je vous montre à nouveau (lire lentement en montrant les mots un par un à l’aide d’une grande règle) : Tu… as… vu… le… chat ?... Il… chasse…

    Faire passer plusieurs élèves, les aider à tenir la règle et à la déplacer de mot en mot en faisant correspondre le mot montré avec le mot prononcé. Veiller à ce que l’articulation de chaque mot soit correcte.
    Attention tout particulièrement aux mots « chat » et « chasse » dont la prononciation peut être encore délicate pour certains élèves, les aider à ne pas « zozoter » en leur faisant serrer les dents et en leur montrant comment ne pas placer leur langue entre leurs incisives.

    Il faudra aussi porter son attention sur le mot « il » dont la consonne finale est souvent escamotée à l’oral (« i chasse »). Là aussi, on fera observer aux élèves la position de la langue, derrière les incisives supérieures, et on les fera « jouer » à dire « llllllll, llllangue, lllllimace, llllllion » puis « bollll, écolllle, fillll, villlle, illlll ».

    Employer à plusieurs reprises le terme « mot ».

    Cet exercice devant se dérouler dans le calme, il ne faut pas qu’il dure trop ; faire venir en priorité les élèves qui s’agitent ainsi que ceux qui semblent « décrocher » de l’activité. Dans une classe nombreuse, on peut renvoyer chaque élève à sa place dès qu’il a « lu ». Là, une feuille à dessin l’attendra, charge pour lui de dessiner le chat qui chasse.

    Deuxième leçon
    Séance 1[1]

    Écrire et Lire au CP : Expression orale

    Durée : 20 minutes
    Dominante : langage
    Matériel : illustration du livre ; tableau collectif ; craie ou feutre
    Installation : élèves à leur place face au tableau ou demi-cercle devant celui-ci
    Organisation : groupe-classe et maître ; dialogue pédagogique

    M : Que voyez-vous sur l’image ?

    Laisser les élèves s’exprimer. Orienter le dialogue sur la raison pour laquelle le chat est venu se faire caresser. Donner le prénom de la petite fille. Demander comment s’appellent les chats des élèves. Si l’un d’entre eux s’appelle Mimi, annoncer que le chat de Marie, la petite fille, a le même nom ; sinon dire que le nom de ce chat est Mimi.

    Insister à plusieurs reprises sur les noms des deux protagonistes : fille, Marie, chat, Mimi.
    Ce sera la première leçon de grammaire, très simple.

    L’exercice de découverte du texte pouvant se mener de deux manières différentes, nous les exposerons l’une en-dessous de l’autre. Chaque maître choisira celle qui lui convient le mieux et qu’il gardera ensuite pour les textes suivants.

    1ère méthode :
    (À privilégier si les élèves ont tous[2] bénéficié d’une initiation complète à l’écriture-lecture en GS)

    M : Je vais maintenant vous écrire le texte au tableau. Si vous y reconnaissez quelque chose, vous viendrez nous le montrer.

    Écrire alors le texte en script puis en cursive au tableau (ou l’un ou l’autre) et faire venir au tableau les élèves pour qu’ils montrent ce qu’ils reconnaissent.
    Ne pas laisser s’éterniser l’exercice. Orienter les découvertes en fonction de ce qu’ils savent déjà (lettres, signes de ponctuation, mots connus) et de ce que nous venons d’apprendre (noms des personnages, situation décrite lors de l’exercice de langage).
    Compléter au besoin en « basculant » sur la deuxième méthode.*

    2e méthode :
    (Moins chronophage et plus en rapport avec les capacités réelles d’élèves n’ayant eu qu’une initiation très partielle ou même totalement inexistante à l’écriture-lecture en GS. Pour eux, on passera à la première méthode plus tard, lorsqu’ils commenceront d’eux-mêmes à faire des réflexions lorsque le maître leur présente le texte)

    Continuer le dialogue comme pour le texte n° 1 jusqu’à obtenir des élèves les phrases qui composent le texte n°2.

    M : Si Mimi est loin, que doit faire Marie pour qu’il entende ?
    R : Elle doit crier son nom.
    M : C’est cela. Marie crie : « Mimi ! Mimi ! » Que fait alors le chat ?

    R : Il arrive. / Mimi arrive. / Le chat arrive. / Il vient. / Mimi vient. / Etc.
    M : Oui. Marie crie : « Mimi ! Mimi ! » Le chat arrive. C’est ce que je vais écrire. Qui peut le répéter ? Écoutez bien : « Marie… crie… : « Mimi !... Mimi !... » Le… chat… arrive… »

    Faire répéter par plusieurs élèves. Veiller à l’articulation. On peut tracer des traits horizontaux au tableau comme ceci tout en expliquant en même temps la ponctuation et la longueur des traits (à associer au nombre de syllabes) :

                                        : «                    !                  ! »
                                                  .

    Dans ce cas, on suivra (ou on fera suivre par l’élève) les traits tout en prononçant les mots de la phrase. On pourra aussi demander à un élève de montrer les mots « le » et « chat » du premier texte (et éventuellement de les épeler) afin qu’on les recopie. Expliquer pourquoi on met alors une majuscule à « Le ».

    M : Je vais maintenant écrire les mots. Vous allez bien regarder comment je fais pour apprendre à lire le son des lettres.

    Écrire alors lentement en oralisant chaque son longuement. Expliquer brièvement[3] les majuscules, les lettres muettes, réexpliquer la ponctuation.

    Écrire et Lire au CP : Expression orale

    Faire relire le texte plusieurs fois en faisant suivre le texte avec la règle.

    On peut donner l’habitude aux élèves de « syllaber » légèrement les mots qui en contiennent plusieurs (syllabes écrites de préférence) tout en déplaçant la règle par à-coups (Ma..rie crie : « Mi..mi ! Mi..mi ! » Le chat a..rri..ve.).

    On peut ensuite faire lire ce texte par sept élèves qui liront chacun leur mot ; cacher certains mots et demander aux élèves lesquels sont encore visibles et lesquels sont masqués.

    Enfin, on demandera aux élèves ceux qui ont remarqué des détails qui permettront de reconnaître ces mots lorsqu’on aura découpé la phrase.
    Accepter toutes les remarques en privilégiant celles qui s’attachent aux lettres tout en obligeant les élèves à affiner leurs remarques. Par exemple, si un élève dit reconnaître « Marie » parce qu’il commence par un M majuscule, lui montrer alors « Mimi » ; s’il dit que c’est grâce aux lettres « a, r, i et e », lui montrer alors « arrive » ; s’il dit reconnaître « crie » grâce à la lettre « c », montrer « chat » ; etc.

    [1] Vous trouverez les autres séances concernant la première et la deuxième leçons en vous connectant sur le site SLECC, à la page consacrée à Écrire et Lire au CP.

    [2] En effet, il ne s’agit pas de « privilégier » tel ou tel élève déjà lecteur en laissant de côté les autres, moins chanceux. Au contraire, il convient de s’aligner sur la moyenne des élèves, en soutenant du mieux possible les plus faibles, et de faire au mieux pour que, rapidement mais sûrement, ils progressent. Si l’on a quelques élèves plus avancés, on pourra lors de ces moments de découverte leur donner un autre exercice à faire choisi parmi les tâches pour lesquelles ils sont le moins à l’aise.

    [3] On y reviendra… très souvent. Nul besoin donc de tout expliquer « à fond ». Au contraire, ces quelques mots, répétés à chaque séance de découverte d’un texte, puis, bientôt, d’écriture, pénétreront peu à peu l’esprit des élèves, tissant la toile dont parlait P. Kergomard en 1886.


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  • Les quatre cents coups

    Je voulais juste dire que, de tous temps, on a vu des gosses, et particulièrement des bandes de gosses, s'introduire quelque part, commencer à commettre des dégradations et continuer jusqu'à tout ficher en l'air si toutefois aucun adulte ne passait par là, simplement par pur plaisir de constater le pouvoir qu'ils détiennent sur les objets.
    Cela commence presque au berceau lorsque le petit enfant éclate de rire en renversant vingt fois la tour de cubes qu'un adulte tout fier construit pour lui...

    Je voulais juste dire que, depuis le milieu du XXe siècle chez nous, le législateur avait décidé qu'il s'agissait d'actes commis par des irresponsables. Alors qu'avant cette date, s'ils n'avaient pas la chance d'avoir des parents ayant des relations, on les envoyait au bagne pour enfants où ils restaient jusqu'à leur majorité.
    Enfin, je n'en suis pas sûre pour les plus jeunes... il me semble que les "moins de sept ans" n'y étaient plus envoyés depuis déjà un petit bout de temps (après la Première Guerre Mondiale, peut-être). Il faudrait que je relise Les Enfants du Bagne, de Marie Rouanet...
    Ils en ressortaient presque systématiquement complètement braqués contre la société et n'ayant acquis aucune des valeurs que la République croyait leur inculquer de force dans ces établissements carcéraux pour mineurs.
    On avait donc préféré la prévention avec tout son arsenal instructif et éducatif : l'école, bien sûr, mais aussi les patronages, les colonies de vacances, la protection maternelle et infantile, les dispensaires, les centres médico-psycho-pédagogiques... tout ce qui est en train de disparaître ou de devenir tellement cher ou tellement élucubrant qu'on se demande s'il n'y a pas quelque part, caché en embuscade, un "intelligent design" d'un autre genre qui cherche à achever leur disparition en dégoûtant les usagers de faire appel à eux !

    Les quatre cents coups.

    Je voulais dire aussi qu'il fut une époque où la communauté des adultes se mobilisait lorsqu'elle voyait une bande de mômes s'agiter discrètement autour d'un bâtiment public ou privé et donner des signes de vouloir y entrer.
    Et qu'elle n'hésitait pas à intervenir, sachant qu'il serait vraiment très exceptionnel que la famille du petit interpellé se rebiffe et vienne lui chercher des noises. Au contraire, la plupart du temps, lorsque celle-ci était avertie, elle se rendait compte que son enfant avait encore bien du chemin avant de devenir un être doué de raison, de capacités de choix et de valeurs morales et civiques et elle rajoutait un complément éducatif à l'arsenal déjà déployé depuis sa naissance.
    Ceci dit, il ne fallait pas être trop regardant sur l'arsenal éducatif parfois... Dans certaines familles, c'était plus souvent le martinet ou le ceinturon que le dialogue éducatif qui extirpaient le mal que le jeune pervers polymorphe nourrissait en son sein ! Loin de moi l'idée de défendre ce modèle éducatif, soyez-en bien persuadés.
    Je le réprouve largement plus que le modèle actuel de l'enfant prescripteur, libre de ses choix depuis la naissance et considéré par sa tribu d'adorants comme le chef de famille.

    Les quatre cents coups.

    Enfin, je voulais dire qu'à l'époque des logements de fonction et des concierges, il y avait des adultes présents tout près des groupes scolaires et qu'ils venaient voir ce qui se passait lorsqu'il arrivait que des individus rôdent ostensiblement autour, n'hésitant pas de même à les disperser un peu énergiquement au besoin.

    Cerise sur le gâteau, j'aimerais appeler à une toute autre façon de faire acquérir le respect du bien de tous en redorant le blason d'une école où l'Enfance se sent réellement embarquée dans un projet d'éducation qui l'inclut et non pas divisée en autant d'individus qu'il y a d'enfants dont chacun est "maître d'un faux-projet de vie qui exclut tous ceux qui n'ont pas cinq pétales verts à leur fleur du comportement hebdomadaire", comme on le fait bien souvent.
    Généralement, insérés dans un groupe, les enfants aiment réussir et se surpasser. Il est dommage que certains n'aient d'occasion de le faire qu'en renversant le contenu des placards, en déchirant des stocks de livres et de papier à dessin et en explosant avec méthode toutes les réserves de peinture d'une école.

    Peut-être, je dis bien peut-être, car je suis bien consciente que l'école, à 24h chrono qui plus est, est bien démunie, que si cette école maternelle leur avait offert autre chose que ce qu'elle leur propose ou a proposé quand ils en étaient élèves, ils en auraient été fiers et n'auraient pas été aussi tentés d'afficher à leur cahier de réussite interne les gommettes vertes : "J'ai un super pouvoir sur les objets" et "Je suis un membre éminent de ma communauté de pairs".

    Les quatre cents coups.

    Car, en conclusion, je suis bien obligée d'avouer qu'autrefois, malgré l'encadrement bien plus présent des adultes, la prise en compte de la jeune enfance comme un âge particulier où rien n'est fixe, ni règles, ni lois, ni permissions, ni interdictions, parce que l'enfant est régi par d'autres lois presque physiologiques, et même avec la peur du bagne ou de la "maison de correction", il arrivait quand même que des groupes de deux à une quinzaine de gamins échappent assez longtemps à la vigilance des adultes pour aller profaner des tombes (des petits copains à moi étaient allés rétablir la justice et répartir un peu plus équitablement les fleurs, plaques commémoratives, etc., et en avaient au passage tagué quelques-unes au stylo-feutre indélébile pour leur apprendre à être un peu plus partageuses), déféquer et uriner dans des bâtiments qui ne leur plaisaient pas ou dont ils n'aimaient pas le propriétaire, dégommer consciencieusement et méthodiquement toutes les patères dans les couloirs d'une école (cf la trilogie Les Rebelles, JP Chabrol), écraser brin à brin quelques ares de luzerne prête à faucher ou de blé prêt à moissonner, se battre à coups de fruits mûrs dans des vergers qui ne leur appartenaient pas, ouvrir les portes des pacages provoquant la fuite des vaches, des chèvres, des moutons, des porcs ou des volailles qu'ils contenaient, se coucher au milieu de la voie ferrée pour voir ce que ça fait quand le train passe, boire (ou pisser) dans tous les pots à lait d'une rue, dans le flacon de vin de messe du curé, dans l'encre que l'instituteur a réclamé pour son bureau, commander trois tonnes de charbon pour leur prof d'anglais qui habitait au cinquième étage d'une tour, ...

    Ils se prenaient une bonne dérouillée, des lignes ou une privation de barres de chocolat, s'ils se faisaient prendre, et il ne serait venu à l'idée de personne d'aller coller l'événement en première page du journal local parce que tout le monde se serait esclaffé et y serait allé de la sienne, bien pire, qu'il avait faite quand il avait douze ans et qu'il voulait impressionner la petite Eliette, le voisin Paulot ou se faire admettre dans la bande du grand Jules...
    Et s'ils ne se faisaient pas prendre, ils continuaient leur petit bonhomme de chemin, plus ou moins loin de la ligne de bonne conduite, et, à part M. Sarkozy et sa bande, personne n'aurait eu l'idée d'aller consigner les méfaits de mouflets de moins de sept ans dans un carnet qui les aurait suivis jusqu'à leur majorité.


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  • PS : Emploi du temps

    Un vieux modèle, datant de l'époque où l'on ne réveillait pas les enfants de trois ans pour les précipiter dans les bras de l'ATSEM chargée d'animer un atelier pendant que la maîtresse irait se concerter avec je ne sais qui pour "mettre en place des règles communes"...

    PETITE SECTION
    (ENFANTS DE 2 À 4 ANS)

    MATIN :

    10 minutes

    Accueil : déshabillage, rangement du vestiaire

    PE + ATSEM

    5 à 10 minutes

    Regroupement : « Bonjour... » Comptines, jeux de doigts

    PE[1]

    10 à 15 minutes

    Passage aux toilettes : aide au déshabillage, à l’habillage, au lavage des mains

    PE + ATSEM

    15 à 20 minutes

    Dessin libre, dictée à l'adulte

    PE + ATSEM

    30 à 40 minutes

    Ateliers « Patouille » et Imitation[2] :

    - 4 ateliers ouverts : peinture, modelage, découpage, collage + rangement et nettoyage

    - Au fur et à mesure que les enfants ont fini, ils rejoignent les coins dînette, garage, poupées, jeux de construction, bibliothèque, encastrements, puzzles...

    PE + ATSEM

    5 à 10 minutes

    Regroupement : livre, images, comptines

    PE

     

    30 minutes

    Habillage (éventuellement passage aux toilettes)
    Récréation
    Déshabillage

    PE + ATSEM

    PE

    PE + ATSEM

     

    40 minutes

    Passage aux toilettes

    Éducation motrice : Autour d’un matériel, d’un parcours, d’une action…

    PE + ATSEM

    10 minutes

    Regroupement : dialogue, accueil des parents (chargés de l’habillage)

    classe : PE

    vestiaire : ATSEM

    APRÈS-MIDI :

    10 minutes

    Accueil : déshabillage, rangement du vestiaire

    PE + ATSEM

    5 à 10 minutes

    Regroupement : autour d’un livre (la maîtresse raconte...)

    PE[3]

    10 minutes

    Passage aux toilettes

    PE + ATSEM

    60 minutes

    Sieste (tant qu’ils dorment...)[4]

    ATSEM

    30 minutes

    Pour ceux qui sont réveillés :
    Habillage / Récréation / Déshabillage

    PE

    (ATSEM : dortoir)

    30 minutes

    Éducation motrice : Expression corporelle ou Grand Jeu

    PE (+ ATSEM)

    10 minutes

    Regroupement :
    autour d’un objet, d’une plante, d’un animal, d’une image...

    PE

    10 minutes

    Accueil des parents, comptines, jeux de doigts

    classe : PE

    vestiaire : ATSEM

    [1] L’ATSEM installe les ateliers de dessin libre.
    [2] Dans un coin de la classe sont proposés sur une table à hauteur d’enfant biscuits, morceaux de fruits, de fromage, pain, gobelets et petit pichet d’eau...
    [3] L’ATSEM prépare le dortoir
    [4] Selon la configuration de l’école et de la classe, le PE peut :
    - participer au début de la sieste puis récupérer au fur et à mesure les non-dormeurs (on a signalé aux parents en début d’année : qu’un enfant dort mieux à la maison qu’à l’école et qu’on ne réveillera pas un enfant qui dort) ;
    - s’occuper de ses élèves plus âgés (classe à plusieurs niveaux) ;
    - effectuer un échange de service avec les collègues de Moyenne et Grande Sections.


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