Bonjour Madame Huby,

Je suis en train de lire votre livre "Pour une maternelle du XXIe siècle" puisque j'enseignerai pour la première fois en maternelle (GS) à la rentrée.  J'en suis au chapitre sur l'apprentissage du chant. N'étant pas très douée dans le domaine, j'ai voulu pousser un peu les recherches pour voir s'il existait une méthode "clé en main" ou presque, pour pouvoir commencer, avant de m'en libérer au fur et à mesure. Comme vous le conseillez, je me suis intéressée à la méthode Kodaly, mais malheureusement, il ne semble pas exister d'ouvrage ni de répertoire adapté en français, et ma formation musicale est vraiment trop pauvre pour me lancer seule... Auriez-vous des titres précis de livres ou de CD que je pourrais utiliser sans être à côté de la plaque. Pour une première année, je pense me consacrer aux mathématiques et français (j'ai d'ailleurs également acheté vos livres sur la GS dans ces deux domaines) mais ne veux pas délaisser le chant pour autant. D'avance je vous remercie.

Elisa

• • Doublecasquette

    Dimanche 14 Juillet 2019 à 09:50
    

    Bonjour Elisa,

    Je n'ai hélas pas de titre précis. Je me suis très longtemps servi d'un document édité par un CDDP (ancêtre de Canopé) que j'ai hélas égaré. Si je le retrouve, je le mettrai en ligne, je ne pense pas que cela nuira à quelqu'un.

    Au niveau des chants, appuyez-vous sur le répertoire traditionnel et ajoutez-y des chants simples que vous-même chanterez aisément a dapella. S'ils sont trop difficiles pour vous mélodiquement et rythmiquement, ils le seront aussi pour des enfants.

    C'est une excellente idée de ne pas délaisser le chant, c'est un merveilleux vecteur d'attention auditive, autrement appelée "phonologie".

    Ne négligez pas non plus vos vacances que je vous souhaite belles et profitables !

Merci encore pour tous vos conseils ! 

Bonjour, 

Je découvre votre blog avec plaisir, je DÉVORE les articles qui remettent en question toute ma pratique... Pratique de débutante, certes, car si j'ai 10 ans d'ancienneté, je n'ai que 2 ans d'expérience en maternelle...

Parce qu'on me les avait conseillés, j'ai foncé tête baissée sur tous les bouquins Accès pour ma classe de Moyenne et Grande Sections. J'avais grand besoin d'être guidée, rassurée. Autant j'aime beaucoup "Vers la phono" en MS, autant je ne suis pas très à l'aise avec celui de GS ; sans savoir vraiment pourquoi (à vrai dire je le trouve un peu fourre-tout, pas très dynamique pour les enfants, un peu lent au démarrage, très axé sur les syllabes).

En maths, c'est pareil, je trouve que les activités manquent de cohésion générale, j'ai parfois l'impression de faire du saupoudrage (c'est d'autant plus criant dans le domaine de l'espace). Puis un jour j'ai lu une de vos interventions sur un groupe Facebook au sujet des Alphas et je me suis intéressée à votre blog. J'ai découvert vos outils, les méthodes conseillées... Du coup j'ai envie de tout changer !!  J'aurais aimé bénéficier de telles interventions à l'IUFM. J'ai la désagréable sensation de ne RIEN y avoir appris. Vraiment. Ce que je recherche, moi, ce sont des billes, des outils concrets, bien expliqués, des outils qui ont fait leurs preuves, qui sont efficaces ; des explications détaillées, éclairées, qui donnent envie de changer nos pratiques. J'ai trouvé mon bonheur ici je crois ! 

Du coup je pense bien investir dans la méthode Vénot. Les Alphas me tentent beaucoup également. Une collègue blogueuse ("Sandra maternelle", pour ne pas la citer) écrivait dans un article intéressant sur l'articulation lecture/écriture  que "le visuel trouble beaucoup la vision de l’élève sur la forme réelle des lettres" et qu'il valait mieux quelque chose de plus épuré. Elle utilise le fichier de Paul Cortès, un ancien enseignant du RASED. Pour ma part, j'ai également repéré les lettres des éditions Accès qui, chacune, raconte une petite histoire pour mémoriser le son de la lettre : le "A" tousse, a mal à la gorge, va chez le médecin, ouvre la bouche et fait "aaaaa". Le dessin est plus épuré que celui des Alphas. Qu'en pensez-vous ?

Par ailleurs, vous conseillez d'introduire les Alphas en fin de période 2, en même temps que la présentation des voyelles de Vénot en semaine 6, si je comprends bien. Mais pour après, comment articuler les 2 ? Faut-il introduire les Alphas dans le même ordre que les lettres présentées dans la méthode Vénot ?

Peut-être que j'investirai également dans votre fichier de maths  Je ne sais pas, car j'ai également des Moyens... Je me rends compte, d'ailleurs, que si je ne conserve pas de Grands l'année prochaine toutes mes recherches/réflexions/découvertes de méthodes tombent à l'eau !  

Pour l'écriture en GS, je suivais jusqu'ici la progression des lettres de Mme Dumont, qui les regroupe par familles de lettres. Et c'est là que je m'interroge : le geste d'écriture s'apprend. Mais suivre la méthode Dumont (ou celle de Mme Pierson qui a l'air encore plus attractive, bien que je ne connaisse pas les différences entre les 2 ?!), n'est-ce pas aussi s'éloigner de l'acte de lecture ? Car cela signifie qu'on écrit des lettres dont on ne connaît pas encore le son, donc des petits mots qu'on ne sait pas encore lire ? Ne vaudrait-il pas mieux découvrir l'écriture de la lettre en même temps que l'on découvre son son ? (ex : dans la méthode Venot, ce n'est qu'en période 4 qu'on étudie le son-consonne [l] alors qu'avec les cahiers de Mme Pierson, c'est une des premières lettres qu'on apprend à écrire !). Pas évident tout cela... 

• • Doublecasquette

    Vendredi 22 Mai 2020 à 09:45
    

    Bonjour Christelle et merci pour ce long message très détaillé.

    Au sujet des Alphas, le problème de la difficulté à se détacher de la personnalisation des lettres n'existe que si l'enseignant reste trop longtemps attaché à ces lettres, met plus de poids sur l'histoire racontée dans l'album que sur l'utilisation de ces personnages uniquement comme "outils de compréhension" et fait pratiquer aux élèves ce que j'appelle des exercices à l'envers (exercices où l'élève sachant déchiffrer un "message" écrit en lettres doit le réencoder en personnages Alphas).

    Dans les autres cas, si nous présentons dès le début la lettre, le personnage Alpha et le geste Borel Maisonny, en faisant bien comprendre aux élèves que ces deux derniers sont juste présents pour les aider à se servir de la première, aucun problème avec la "personnalisation".

    Oui, je présente les Alphas dans l'ordre retenu par Thierry Venot. Comme je le disais ci-dessus, ils sont juste là pour rendre la lettre plus vivante, ce qui est nécessaire pour nos élèves les moins mûrs. Je ne lis plus le conte non plus depuis bien longtemps.

    La différence entre le travail de Mme Dumont et celui de Mme Pierson, c'est que Mme Pierson a été professeur des écoles en maternelle et en CP pendant des années, qu'elle a continué à enseigner en CP pendant sa formation de graphopédagogue et pendant les premières années de son installation. Et comme dans sa classe, elle utilisait depuis bien longtemps une méthode graphémique, elle s'est attachée à ce que tout soit déchiffrable par les élèves, même en GS (à part "elle", bien connu des enfants lors de la première leçon). Dans la version des cahiers Dumont que j'ai (mais elle est assez ancienne), c'est loin d'être le cas.

    Dans mes classes de GS, je consacrais le premier trimestre au geste d'écriture, avec les premières écritures de lettres qui arrivaient dans le courant de la deuxième période (le, il, elle, ...) ce qui est compatible avec Venot.

    Quand nous arrivions aux "fiches" Venot sur les lettres (plutôt en novembre qu'en janvier, mais j'ai adapté pour ne pas affoler les collègues qui ont choisi la maternelle pour ne pas avoir à se contraindre à un emploi du temps strict où les activités autour des fondamentaux reviennent chaque jour à heure fixe), nous avions déjà vu plus ou moins tous les gestes simples sauf peut-être les  demi-rotations et les rotations des lettres c, o, a que nous voyions en même temps que le travail Venot sur les voyelles, ce qui permettait de les illustrer immédiatement par l'exemple (fiches "Je prononce o donc j'écris o").

    Comme la fréquentation des Alphas rend très vite toutes les lettres familières, aucun problème à lire et écrire l avant de faire les fiches concernant la lettre l de Venot. Celles-ci servent alors de "fixateurs" à une connaissance implicite de l'utilisation de cette lettre, ce qui rend d'autant plus facile son acquisition "normée".

    Un conseil : menez de front les fiches "consonnes" et les fiches "Écrire et Lire des syllabes et des mots".

    Bon courage et encore merci pour ce message.

     

     

Bonjour Mme Huby,

Merci de partager autant de contenu et de ressources. Je trouve votre site internet très inspirant.
Je retourne en maternelle après quelques années comme TR, et votre article sur Venot (ainsi que vos différentes interventions sur les réseaux sociaux) m'ont convaincu d'abandonner Vers la phono et consorts. 

Comme il l'a été dit précédemment, croiser des formateurs IUFM aussi riches d'enseignements aurait été une chance (il y en a tout de même eu quelques uns). 

Bonne continuation, et merci encore.

• • Doublecasquette

    Mardi 18 Août 2020 à 16:45
    

    Merci Rminie ! Bonne fin de vacances !

Bonjour Madame Huby,

Après plusieurs années en cycle 2 et notamment 6 ans en CP, j'ai fait le grand saut en maternelle. J'entame dans une semaine ma troisième rentrée en maternelle avec pour la première fois des GS en niveau simple.

En phonologie, après avoir comparer Phono de chez Hatier, Vers la phono de chez Accès et la méthode Vénot, je vais opter pour la méthode Vénot.

Concernant l'écriture,dans mon école, nous avons eu la chance d'avoir une intervention de Laurence Pierson. Elle m'a convaincue. Je connais bien les Alphas et les gestes Borel-Maisonny et pense les intégrer également.

Pour le lexique et la syntaxe, j'utilise des Narramus de chez Retz et Au coeur des  albums de chez Hatier.

Madame Huby, j'ai des questions concernant l'organisation de classe. Pour la phonologie, Vénot explique qu'il ne faut pas dépasser la dizaine d'élèves pour des séances efficaces. Je souhaitais faire les séances de phonologie en demie-classe. Dans votre progression, vous faites une séance de phonologie par jour. Comment vous organisez vous?

En écriture, la phase de "préparation à l'écriture" quotidienne des trois premières périodes de l'année me semble essentielle. Je réitère ma question, comment est-ce que vous organisez la chose dans la classe? Vous êtes avec un groupe de 6? En demie-classe? En classe entière?

Un grand merci pour vos partages et à bientôt!

Audrey

• • Doublecasquette

    Mercredi 25 Août 2021 à 11:11
    

    Bonjour Audrey,

    Tout d'abord, j'ai beaucoup travaillé en classe à niveaux multiples, ce qui fait que j'avais des groupes d'âge moins important.

    Ensuite, je viens d'une époque où travailler en groupe-classe pour tout ce qui est « activité d'apprentissage » est le but ultime de la pédagogie, de manière à dégager le maximum de temps pour l'entraînement individuel dirigé pendant lequel l'enseignant est parfaitement disponible pour tous.

    C'est pourquoi j'ai pu indiquer ces séances quotidiennes de phonologie, écriture, écoute, etc.

    Dans mes classes, quitte à ne travailler que 5 minutes d'affilée au début de l'année, j'installe d'abord la règle du groupe-classe pour tout ce qui est apprentissage, que ce soit celui de la gestion du vestiaire, du lavage des mains, du "Quoi de neuf ?" de la "phono", de l'apprentissage de l'écriture ou de la résolution de problèmes...

    C'est ainsi que, pour la première leçon du Venot, je rassemble toute la classe sur les bancs du coin de regroupement ou de la salle de motricité face au présentoir qui fait écran pour les 5 à 10 minutes que durent la Présentation des instruments.

    J'en profite pour repérer l'enfant qui ne tient pas en place, celui dont les yeux partent dans le vague, celui qui prend la parole sans arrêt et je commence à appliquer les règles d'écoute, d'attention, de respect de la parole d'autrui, etc.

    À la fin de cette courte séance, surtout si je suis dans la salle de motricité, je déballe tous les instruments, y compris ceux que Thierry ne cite pas et je laisse les enfants en jouer seuls en modulant seulement l'intensité du volume sonore (d'où l'intérêt de s'installer en salle de motricité plutôt qu'entre la classe de la collègue de MS et le dortoir des PS...)

    Au bout de quelques minutes, je les rappelle autour de moi, chacun avec un instrument à la main et je leur demande de se regrouper par instruments. J'en profite pour réemployer les mots cymbale, claves, tambourin et les autres (wood block, guiro, maracas, castagnettes, ...) et nous faisons un concert dont je suis le chef d'orchestre : je montre un groupe, il joue, grâce à des gestes, je module l'intensité et la vitesse, j'en ajoute un autre, je fais taire le premier (toujours grâce à des gestes), etc.

    Au bout d'une ou deux minutes, après avoir fait taire tout le monde et rappelé que tout enfant qui n'est pas attentif aux consignes du chef d'orchestre est immédiatement privé d'instrument, je fais ranger les instruments, groupe par groupe, dans un silence et un calme relatif.

    Généralement, je clôture la séance (musique/phono à l'emploi du temps) par un exercice de respiration puis un chant (voir : Musique chez les petits).

    Le lendemain, la séance ressemblera beaucoup à celle-ci, sauf que la Présentation des instruments sera remplacée par Instrument, qui es-tu ?

    En écriture, je n'ai jamais pu utiliser le Pierson puisqu'il n'est édité que depuis peu de temps et que je suis maintenant retraitée. Je pense que, pendant la première semaine, je n'aurais pas franchement eu de difficultés à installer les élèves à leurs tables face à moi pour les faire jouer avec leurs doigts au petit soldat et au gratte-gratte. Après je les aurais fait venir autour de moi et, feutre en main, j'aurais marqué les points sur les pouces et les majeurs, et donné des crayons pour leur apprendre le soleil. J'aurais théâtralisé un peu tout ça avec des consignes à exécuter : « Attention, je lève l'index, prêt ? Partez !... Et maintenant, il caresse le crayon... tout doux... tout doux... Attention, on le lève ! Et maintenant, il va tapoter... ta-po-te-ta-po-te-ta-po-te... ». Enfin, après les avoir renvoyés à leurs places, je serais passée au milieu d'eux pendant qu'ils gribouillaient sur une feuille avec leur crayon bien coincé entre les points.

    J'aurais même pu faire de cette dernière activité une œuvre à afficher en classe pour peu que j'aie choisi des crayons de couleur très gras et que, chaque jour, les enfants aient pu rajouter un gribouillage d'une autre teinte sur les précédents (ou à côté).

    En gros, ma philosophie, c'est "Rome ne s'est pas faite en un jour, mais chaque jour les Romains, tous ensemble, ont rajouté une pierre ou deux à l'édifice, quitte à l'enlever ou à rectifier sa position quelques jours plus tard, après discussion collective autour du chef de travaux..."
    nous sommes le chef de travaux et nos élèves sont les Romains qui apprennent que rassemblés, ils sont plus forts et ils vont plus loin que chacun dans son coin.

    J'ajoute qu'en ces temps de disette horaire (24 h par semaine, moins les récréations, les habillages/déshabillages, les accueils, les lavages de main, etc.), si en plus, on perd du temps à refaire 3 ou 4 fois la même leçon à 3 ou 4 groupes différents, il ne faut pas s'étonner que les élèves aient tant de difficulté, jusqu'au CM2, à "devenir élèves".