• GS : Anti et Archi sont dans un bateau...

    GS : Anti et Archi sont dans un bateau...

    S'il est un moment de la vie où il convient de ne surtout pas pointer les échecs, c'est bien celui où l'on démarre quelque chose de nouveau.

    Nous viendrait-il à l'idée de noter, jour après jour, les échecs de Bébé dans le domaine des sourires, des areuh, de la tenue de la tête, de la capacité à se retourner, à s'asseoir seul ou à se déplacer ? Non, bien sûr... à moins d'être un hygiéniste du début du XXe siècle sûr que la Science va rationaliser tout ça à condition que l'on présente le bon jour, à la bonne heure, le bon matériel ou la bonne prothèse orthopédique...
    Heureusement, l'Histoire nous a appris que toutes ces expériences dites « scientifiques » furent vouées à l'échec et que pour permettre à un enfant de grandir en souplesse et en beauté, il valait mieux lui dire : « Cours, Forrest, cours » !

    En Grande Section, on débute (quoi que l'école décide... ou pas) quelque chose de complètement nouveau, que l'Humanité mit des milliers d'années à découvrir. L'idéal serait bien sûr de le débuter en tenant compte des progrès qui, après plusieurs essais plus ou moins concluants, aboutirent à des systèmes simples, peu coûteux, faciles à enregistrer et à utiliser[1]...
    Mais bon... à défaut de cela, en attendant que le débat se soit encore un peu dépassionné du côté des méthodes pour apprendre à écrire et à lire (pour ce qui est de compter et calculer, il semblerait qu'il y ait déjà du mieux), la moindre des choses serait déjà d'arrêter de passer son temps à faire comprendre à des débutants qui ne cherchent qu'à progresser qu'ils sont scrutés à la loupe à chaque nouvel essai et que chacun de leurs échecs sera dûment gardé en mémoire et que cette mémoire les suivra de classe en classe jusqu'à leurs années de collège !

    Et comme noter les réussites revient exactement au même, surtout chez un enfant dont le raisonnement est encore complètement binaire, l'idéal serait de jeter Anti par-dessus bord immédiatement et d'apprendre Archi par cœur pour pouvoir s'en passer très vite aussi !

    Parce qu'Archi, après tout, il ne dit pas grand-chose de nouveau, de réécriture en réécriture des programmes de l'école maternelle ! Et ce qu'il dit est très simple, depuis toujours : faire confiance, agir avec bienveillance et de manière positive, aider consciencieusement tous les élèves à progresser par le jeu, le dialogue, la résolution collective de petites énigmes et l'entraînement quotidien aux gestes et procédures qui permettent d'automatiser des savoirs, des capacités et des compétences.

    La Grande Section est donc dans l'exacte continuité de ce qui a été entamé en Petite et Moyenne Sections[2].
    La seule différence notable, c'est l'accélération du processus d'acculturation. Là où tout était « fortuit » en Petite Section, où il convenait de « faire feu de tout bois », là où, en Moyenne Section, seuls les apprentissages mathématiques et le geste d'écriture nécessitaient une progression périodique, ce sont maintenant tous les « apprentissages fondamentaux savants » (écriture, lecture, langage mathématique) qui sont soumis à progressions périodiques structurées.

    Nous gardons l'idée que ces progressions ne doivent jamais être rédigées pour plus d'une période à la fois (6 à 8 semaines de classe), revues et corrigées à l'issue de chaque semaine, tout en tentant néanmoins de satisfaire aux contenus fixés par la programmation annuelle.
    Nous conservons aussi l'idée d'une « navigation à vue » qui permettra, outre le fait de pouvoir réajuster constamment les contenus en fonction du profil de notre classe, de raisonner en termes de transferts, de liens, de réinvestissements constants qui rendront nos élèves intelligents, au sens étymologique du terme, bien plus sûrement qu'en programmant des ateliers de métacognition et/ou de compréhension, et nous amèneront à travailler intuitivement les notions souvent bien en amont du moment où nous programmerons un nécessaire entraînement à tel ou tel savoir structuré.
    Par ailleurs, j'espère que ce « cabotage » de domaines en domaines nous permettra de bannir à jamais l'idée selon laquelle la mémoire humaine pourrait, comme celle de l'ordinateur, se contenter tant du « une fois pour toute » que du « ponctuellement, on le fait » qui ont tous deux causer le malheur d'un nombre considérable d'élèves au cours des dernières décennies.

    Enfin, nous accentuons encore un peu plus le processus qui mène les enfants à devenir des élèves, des vrais. En Grande Section, cela doit aller jusqu'à les rendre capables de participer à une séance collective d'apprentissage – conçue pour des petits, bien sûr, pas pour le Collège de France ! – dans quelque domaine que ce soit.
    Cela nous évitera l'atomisation des tâches et nous permettra, une fois réglées les trois demi-heures quotidiennes consacrées aux apprentissages fondamentaux savants, d'avancer tranquillement sur le chemin de la culture des « grands » : littérature, bien sûr, mais aussi sciences, géographie, histoire, arts... le tout sans oublier le nécessaire besoin de mouvement, bien au contraire[3] !

    En attendant que l'école, bien dirigée par Archi, reconquière le bateau et la rivière, après avoir jeté par-dessus bord l'album-photo d'Anti, les voici tous deux l'un après l'autre pour que vous en fassiez ce que bon vous semble...

    Télécharger « Anticahier de réussite GS.docx »

    Télécharger « Archicahier pour la GS.docx »

    Dans la même série :

    Anticahier de réussite PS

    Archicahier pour la PS

    Archi et Anti cahiers pour la MS

    Notes :

    [1]  Là où la MS apprenait à être « toute ouïe » pour acquérir une expression orale et une conscience phonologique claires et précises et à ôter ses gants de boxe pour être capable de se servir avec dextérité de ses mains, la GS pourrait quant à elle tirer profit de ces superpouvoirs pour avancer lentement mais sûrement sur le chemin des savoirs fondamentaux savants : lire, écrire et combiner les chiffres et les lettres découverts un à un, plutôt qu'en suivant tantôt une piste, tantôt l'autre, sans autre ligne de conduite que de vérifier à longueur d'année que chaque enfant, pris isolément, sait « à quoi ça sert de lire » et qu'il « entend bien les sons »...

    [2]  Elle gagnerait à largement « contaminer » le CP qui lui fait suite et constituer avec lui, comme je le propose dans Pour une Maternelle du XXIe siècle, une « Classe des Grands », intégrée à l’École Maternelle, qui serait « la classe où on apprend à écrire et à lire ». Cela serait beaucoup plus profitable à l’éducation bienveillante que tous les cahiers de réussite du monde, même ornés de photos de l’enfant à toutes les pages !

    [3] Voir Pour une Maternelle du XXIe siècle (me contacter pour achat sans frais de port).


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