• CE1 : Des dictées "tous niveaux"

    CE1 : Des dictées "tous niveaux"
    Merci à mon oncle Didier pour cette dictée extraite de son cahier de CE1, en 1951/1952

    Plusieurs collègues s'étonnent que je propose sur ce blog plusieurs séries de dictées pour les élèves de CE1, apparemment très différentes entre elles mais aussi très différentes des dictées « traditionnelles » auxquelles ils sont habitués.

    Plusieurs séries différentes :

    Comme je suis désormais à la retraite, je profite de mon temps libre pour mettre au point des outils s'adaptant à différents niveaux de classe.

    Des dictées pour élèves déjà lecteurs-scripteurs :

    Les dictées de l'Oiseau Lyre sont adaptées aux classes dans lesquelles on peut utiliser l'Oiseau Lyre dès la rentrée, tout comme celles que je suis en train de concocter serviront aux collègues qui pourront utiliser Lecture et Expression dans leur classe de CE1 (ou dans une classe de CE2).

    Dans les deux cas, ce sont des classes dans lesquelles les élèves sont tous sortis lecteurs-scripteurs (même lents) de leur classe de CP.

    → ils connaissent les correspondances graphèmes-phonèmes les plus courantes, même s'ils pataugent encore un peu avec les valeurs de g ou de c et s'ils ont un peu oublié pendant l'été à quoi correspondaient les graphies gn, ph, eil, euil, ay  ou ien...

    → ils ont plus ou moins acquis la notion de mot même si écrire inpe (pour un peu) ou gépa (pour je n'ai pas) reste encore possible

    → ils savent que certains mots s'écrivent toujours pareil, que d'autres varient selon le genre et le nombre (même s'ils ne connaissent pas ces termes) et que d'autres encore, les verbes, varient en plus selon la personne et le temps (sans forcément connaître ces termes non plus)

    → ils ont acquis une idée assez claire des pièges de la langue française :

    ♠ il y a des lettres muettes, parfois inexplicables, mais souvent faciles à déduire grâce à un mot de la même famille

    ♠ parfois on trouve des consonnes doublées ; ce sont souvent les mêmes et on les trouve souvent au même endroit

    ♠ il existe de nombreuses manières d'écrire un son ; quand on ne sait pas, il vaut mieux demander : « Dans phacochère, c'est lequel de [f] ? Et c'est lequel de [E] ? » 

    Des dictées pour élèves moins à l'aise :

    Le projet Orthographe Graphémique est, je pense, adapté à des élèves moyens à faibles, parfois même tout juste déchiffreurs à la rentrée car il n'utilise que les graphies simples pendant quelques semaines.

     Il est différent des outils « traditionnels » :

    Le principe des dictées que nous trouvons actuellement et depuis une vingtaine d'années est basé sur l'observation d'un nombre important d'informations qu'on met sous les feux des projecteurs pendant une semaine.

    Ces informations sont rassemblées autour d'un point central auditif et le "jeu" est d'en apprendre toutes les traductions visuelles possibles pour pouvoir, en toute autonomie, s'en resservir plus tard avec les mêmes mots dans des phrases différentes.

    Cette technique d'apprentissage de l'orthographe vient de la méthode développée par Eveline Charmeux dans les années 1970/1980 (et reprise ensuite par tous les chercheurs en sciences de l'éducation, Chauveau, Goigoux, etc. avant que certains d'entre eux, dont Goigoux, l'abandonnent).

    Selon cette méthode, la lecture et l'écriture du français, puisqu'elle n'était pas aussi régulière que celle de l'italien ou de l'allemand, ne pouvait être qu'idéographique, comme celle du chinois ou du japonais. Il fallait donc que l'enfant apprenne à écrire, en les "photographiant" seulement et surtout sans les décortiquer, 3000 à 4000 mots avant la fin du CE2. Ce n'était qu'ensuite qu'on pourrait les leur faire classer à profit pour qu'ils en remarquent les régularités orthographiques.

    D'où la nécessité de faire trois fois la même dictée avant de l'évaluer le vendredi pour voir si le réflexe est monté, que le mot soit évident ou hyper compliqué (j'entends "fakochêr", j'écris "phacochère", j'entends "pip", j'écris "pipe", etc.).

    ♥ Mémoire d'ordinateur et mémoire humaine :

    On peut ajouter, pour notre version moderne de ces théories, l'habitude de voir comment un ordinateur enregistre les informations et peut ensuite, ad vitam æternam, les ressortir à la demande.

    Sans que nous nous en rendions compte, nous avons transféré ce fonctionnement au cerveau humain. Ce qui rend théoriquement possible la mémorisation à vie de l'orthographe d'un mot après un contact d'une semaine, sans réactivation postérieure. Les résultats de nos élèves en orthographe, même en passant beaucoup de temps à travailler cette mémorisation immédiate nous prouvent qu'hélas, ça n'est pas le cas ! 

    Inversez la vapeur !

    La méthode Orthographe graphémique part du principe inverse :

    → si on apprend aux enfants à écrire un mot transparent grâce au code alphabétique que nous lui apprenons, il s'en sortira de manière autonome très facilement pour une partie très importante du lexique de base

    → si on y ajoute dès le départ un peu de grammaire intuitive, il pourra s'en sortir en plus pour tous les noms et les adjectifs masculins dont le féminin diffère juste par la prononciation de la consonne muette placée à la fin.

    → grâce à cette grammaire intuitive, il pourra aussi s'en sortir avec les formes verbales des verbes du premier groupe au présent, puis de être et avoir...

    → si on commence très lentement à leur pointer une à une les régularités de la langue, sans leur parler des exceptions dans un premier temps (les mots commençant par la syllabe orale "af" ou "of" doublent généralement la lettre f à l'écrit, la lettre e placée avant une consonne double ne prend jamais d'accent, etc.), ils vont les engranger tranquillement et seront capables de compléter correctement un mot comportant cette particularité dans un premier temps, puis de déduire seuls l'orthographe d'un mot inconnu un peu plus tard

    → enfin, si nos dictées sont bâties dans un esprit spiralaire et rebrassent sans arrêt les mêmes mots et les mêmes règles, à l'intérieur de phrases toujours différentes, la mémoire de nos élèves va arriver à automatiser l'écriture des mots les plus fréquents de leur langue, et ce malgré le grand nombre d'homophones qu'elle comprend[1]...

    L'évaluation en fin de semaine n'est plus nécessaire, ni même souhaitable, puisque la méthode raisonne à long terme plutôt qu'à échéance courte. On peut néanmoins décider qu'une fois par semaine la dictée sera faite sur un cahier dédié ou des feuilles de classeur qui iront en fin de période alimenter la pochette d'évaluations réclamée par l'administration ou le projet d'école.

    Lorsqu'on la feuillettera a posteriori, on se rendra compte que les enfants ont appris beaucoup plus de choses qu'avec la méthode « traditionnelle » mais qu'en plus, ils les ont mémorisées sur le long terme et que le but qui nous semblait impossible à atteindre 10 mois plus tôt est largement atteint, même pour les élèves qui nous semblaient en difficulté en début d'année scolaire. 

    Enfin, c'est ce que j'ai toujours constaté dans mes classes, que je suive la méthode qui m'a inspiré Orthographe graphémique, avec des élèves difficiles à l'attention très dispersée, ou que je leur dicte chaque jour l'une des dictées de l'Oiseau-Lyre...

    Notes :

    [1] Un des leitmotivs de Mme Charmeux, c’était que les enfants ne pouvaient pas lire : les poules du couvent couvent ou nous portions des portions de fromage. Les nôtres pourront les lire parce qu’ils sauront les analyser intuitivement afin de pouvoir les écrire eux-mêmes.


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