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Quand on veut tuer son chien…
Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage. Classique. Net, propre, sans bavure. Et logique. Pas très courageux, mais logique.
En revanche, ce qui l’est moins, c’est de s’inoculer soi-même la rage pour obtenir qu’on vous tue. Là, j’avoue que je m’interroge…
Cette semaine, à deux occasions, j’ai constaté avec angoisse que certains de mes collègues étaient atteints par cette grave maladie ! Et qu’ils s’acharnaient, autant que faire se peut, à scier la branche sur laquelle ils sont pourtant en équilibre précaire pour accélérer leur chute.
La première anecdote, c’est celle de la collègue de maternelle anxieuse qui demande à ses copines combien elles font durer cette fameuse cérémonie de l’accueil parce que, dans leur école, ils ne s’y retrouvent plus. Ni dans ce défilé de parents qui entrent dans les classes, squattent les couloirs et font parfois entrer les querelles de la cité jusqu’au sein de ce « paradis de l’enfance » que devrait être l’école maternelle. Ni dans cette hérésie qui consiste à ouvrir sa classe pour que les enfants y jouent librement pendant vingt à trente minutes avant de passer à l’exercice de leur métier, c’est-à-dire la conduite d’une classe d’enfants de deux à six ans.
Certaines, plus téméraires que d’autres, lui répondent qu’elles ont sauté le pas et qu’elles « n’accueillent plus » les parents (et accessoirement leurs enfants) dans leurs classe. Trop difficile de les faire partir ensuite, trop d’agitation autour des petits qui, finalement, n’existent plus.
D’autres expliquent qu’elles ont réduit cette période d’accueil à son minimum et qu’elles ferment les portes de leurs classes à 9 h (ou 8 h 30, selon les habitudes locales).
Les premières ne leur rétorquent même pas qu’elles sont bien bêtes de donner ainsi dix minutes tous les matins à « la princesse » puisque cet accueil préscolaire n’apparaît nulle part dans leur compte d’heures…
Car c’est déjà un premier argument. Lorsque l’accueil des enfants, dix minutes avant le début des classes, avait lieu dans la cour, même si la notion de responsabilité existait en dehors des heures de travail légal, elle était au moins légalement répartie entre tous les collègues présents ou renvoyée vers le directeur et les « maîtres de service ».
Mais voici les troisièmes ! Les Messieurs-dames Plus-Plus-Plus de la pédagogie ! Ceux qui s’assoient sur leurs statuts et les luttes de leurs pères et mères et sont prêts à se sacrifier (on verra comment) pour satisfaire aux exigences lubies de leur hiérarchie !
Eux, ils sont là dix minutes avant, et même plus !
Eux, ils accueillent les petits et préparent leur accueil sur de grandes feuilles pleines de colonnes et de cases !
Eux, ils combinent un sas de décompression entre la maison et l’école ! - Quelle décompression ? C’est le matin et ils viennent de se lever, ces petits bouts ? -
Eux, ils profitent de ce temps d’accueil (parfois plus de trente minutes) pour laisser jouer les uns pendant qu’ils évaluent les autres ou leur font rattraper leur absence ! - Et la décompression, elle est où, là ? -
Eux ils en profitent pour instaurer un dialogue avec les familles et il y a même un coin dans l’école où celles-ci peuvent se réunir et où on leur sert le café !
Eux, ils se font bouffer par les deux bouts, oui !
Les familles d’un côté, qui peuvent ne plus respecter les horaires de l’école et y circulent comme dans un moulin. Leur hiérarchie d’un autre qui s’arrange pour primariser l’école maternelle, en y instaurant des évaluations et des exercices à rattraper, et pour la garderiser en même temps : on arrive quand on veut, on repart de même, on vient pour jouer, papa ou maman restent avec nous le temps qu’ils veulent.
La deuxième anecdote, elle est encore beaucoup plus triste. Cette fois, la rage, on ne se l’inocule même pas avec une seringue bien propre, après avoir désinfecté la peau. On cherche un chien, bien galeux, avec les crocs dégoûtants. On s’assure qu’il est réellement enragé. Et s’il a autre chose en plus, c’est encore mieux. La maladie de Carré, tiens. Il paraît que c’est très douloureux. Et on lui tend son mollet… Aussi facile que ça.
Quand il s’agit d’une école maternelle à tuer, on ne prend pas un vrai chien bien sûr. Et les maladies à transmettre ni sont ni la rage, ni la maladie de Carré… C’est moins compliqué mais tout aussi fatal que ça.
Il suffit de demander aux petits bouts qu’on a dans sa classe, quel que soit leur âge, plus de rigueur, de concentration et de maturité physique et morale qu’on est censé en demander à un élève de CE1 en RAR…
En effet, si ce dernier n’a pas à étudier en classe les points du programme de 2008 (caca beurk ! programmes de 2008 ? caca beurk !), l’enfant de maternelle, surtout s’il est très jeune (2 ou 3 ans) doit absolument avoir acquis tout ce qui est dans les petites cases « À la fin de l’école maternelle, l’enfant est capable de : … » et ce, à la maison, avant l’évaluation conduite pas son professeur !
C’est ainsi qu’une de mes collègues préférées a reçu hier chez elle ou presque une mère éplorée regrettant amèrement d’avoir inscrit dès ses deux ans sa fillette à l’école !
Voici ses mots :
La maîtresse lui demande de faire des ronds à l'école, puisqu'il faut faire le "cahier du bonhomme". Or, figurez-vous que Petite Sœur n'arrive pas à faire des ronds ! C'est même, dit la maîtresse, la moins avancée de toute sa classe en matière de ronds ! Vous comprenez bien qu'il est urgent de mettre en place une remédiation.
C'est pourquoi la maîtresse... demande à la maman de faire faire des ronds à sa fille le week-end !
La pauvre maman me dit que la gosse prend le crayon par le bout et le laisse pendre et n'arrive pas à faire des ronds. Du coup, elle lui fait faire des ronds tous les jours, la maîtresse s'énerve parce que les ronds ne progressent pas, la maman s'inquiète parce qu'elle se dit que faire autant de ronds avec un crayon mal tenu, ça ne doit pas être très bon, tout ça, et... J'ai juste envie de
(Signé : Ma copine qu’elle est instit mais qu’elle n’a plus qu’une envie : quitter le navire avant qu’il finisse de sombrer)…
Le virus de la programmation et celui de l’évaluation sont des virus bien plus dangereux que ceux de la rage ou de la maladie de Carré. Si nous n’y prenons garde et qu’on continue à se laisser contaminer par ces deux très graves maladies, nous allons tuer notre école maternelle. Là aussi, le danger arrivera des deux côtés.
Les parents se rebifferont et ne voudront plus inscrire leurs enfants dans cette institution qui fait perdre toute estime d’eux-mêmes à leurs petits bouts.
Notre hiérarchie expliquera, doctement, elle explique toujours doctement et trouve toujours les « experts » pour corroborer ses dires, que les enfants sont soumis à une pression trop forte du fait du trop de savoirs de leurs maîtres. Que par ailleurs, il n’est nul besoin d’être formé à Bac+5 pour surveiller des siestes et changer des couches. Que les Professeurs Des Écoles (avec des Majuscules partout, partout, partout) ont une haute qualification qui ne saurait se satisfaire d’une professionnalisation au rabais, sans recherche-action, programmation-scientifique, évaluation-sommative, et personnalisation des parcours. Et qu’en conséquence, il vaut mieux ne commencer l’école qu’à cinq ans quand les enfants sont enfin prêts à subir profiter de leur immense professionnalisme !
Et hop ! Quand ça fait plaisir et puis que ça débarrasse, n’est-ce pas ?
Alors, s’il vous plaît, ne laissez pas mourir l’école maternelle ! Ne vous laissez pas aller à accompagner et même accélérer sa perte !
Résistez aux sirènes de la communauté éducative et de la coéducation, elles mènent droit aux PEdT, aux Classes-Passerelles, premiers jalons de la suppression de l’École Maternelle, partie de l’École Primaire Publique, présente et égale sur tout le Territoire.
Résistez aussi aux programmations de cycles et évaluations normatives. Elles mènent droit à l’exclusion des petites classes où « les élèves ne font rien puisqu’on ne peut pas les évaluer sur les fondamentaux » !
L’école maternelle, la vraie, c’est autre chose et ça peut éclore un peu partout dès demain, si nous le décidons…
Tags : maternelle, accueil, evaluation, programmation, maladie
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Commentaires
Je me souviens d'un GS qui pleurait toute la journée, tous les jours, depuis la PS.
Un jour, il est allé chez un pédopsy. Le lendemain, il ne pleurait plus, et il n'a plus jamais pleuré. D'après le pédopsy, le petit se sentait coupable de ne plus penser à sa maman une fois qu'elle était partie... Alors il pleurait parce qu'il se sentait méchant, surtout si les adultes lui disaient "ne t'en fais pas, elle va revenir". On lui a dit qu'il avait raison d'être bien à l'école, et que sa maman aussi était bien sans lui, et voilà tout.
Je ne mettrais quand même pas l'accueil en classe dans le même panier que les ronds obligatoires et autres menaces sur l'essence même de la maternelle.
Quand j'étais en moyenne section, on ouvrait de 8 h 20 à 8 h 30, on avait 10 mn pour dire bonjour, les parents pouvaient nous donner rapidement des petites infos (Manon a mal dormi, elle est fatiguée, Pierre a absolument voulu mettre sa nouvelle salopette mais il a du mal à l'enlever, pourrez-vous l'aider s'il a du mal ?, Marie avait un peu de fièvre, ça va mieux, mais si ça revient, appelez-moi...) et on échangeait quelques mots.
A 8 h 30 précises, je tapais dans mes mains, les parents savaient qu'ils devaient sortir de la classe et les enfants quitter les coins jeux pour aller au coin regroupement.
Franchement, je n'ai pas eu l'impression que c'était une catastrophe. La séparation se faisait, elle se faisait même assez rapidement, mais on prenait deux minutes pour montrer à papa le beau dessin accroché au mur ou à maman la tête du petit copain qu'on voulait inviter samedi à son anniversaire...
Oui, mais maintenant on explique aux PES que si elles ne rentabilisent pas pédagogiquement ce moment d'accueil, c'est mal. On explique aux enseignants que c'est trop cool de faire passer 30 min chaque matin à faire noter "SABA" dans la case prénom et "du fromage" dans la case "qu'est ce j'ai mangé au petit déj." pour pouvoir le montrer fièrement à sa maman (et qu'est ce qu'on fait avec ceux qui sont en famille d'accueil, dont les parents sont malades, morts, en taule, ou même dont les parents travaillent, tout simplement ? )
On explique aux débutants que s'ils ont dit bonjour à l'ATSEM et en ont profité pour demander combien il y avait d'absents la veille, puisqu'ils ne sont plus jamais 2 jours de suite dans la même classe, c'est mal.
ETC...
Et c'est peut être pour ça que j'ai le sentiment aussi que l'accueil du matin est devenu une catastrophe.
Ça ne m'empêche pas de dire bonjour et de faire un petit sourire aux parents tous les matins au portail en élémentaire, et en général ça leur suffit.
Pour moi, le temps d'accueil, par définition, ce n'était pas un temps de travail, c'était juste une transition. Quand les enfants sont en maternelle, je trouve ça chouette de pouvoir entrer dans l'école. En élémentaire, les parents n'entrent pas et il n'y a pas d'instit à la porte. Enfin, si quelqu'un veut nous voir, il entre, mais pas tous les jours. Et comme on ne voit plus du tout les gens le samedi, ben on ne les voit plus du tout, point (pour la majorité).
Mais j'aimais vraiment bien mes 10 mn d'accueil le matin en moyenne section. Je bavardais un peu avec les parents, il n'y avait pas de cases à remplir... chaque gamin avait son étiquette-prénom à mettre au tableau pour montrer qu'il était là. Bon, ça, je ne le referais peut-être pas maintenant...Je l'ai fait aussi, ça avait des côtés sympathiques et puis je ne connaissais pas d'autre façons de faire et de toutes façons je me calquais sur les habitudes de la titulaire de la classe... Mais quand on m'a reproché d'avoir fait perdre 5 minutes à des gosses de 4 ans sur ce temps là parce que je les avais laissé regarder par la fenêtre, j'ai compris le souci...
Mais qui t'a reproché ça ? Et comment peut-on d'un côté préconiser l'accueil dans les classes (je suis plutôt pour, encore une fois, sans le considérer indispensable) et de l'autre demander aux instits de ne pas "perdre leur temps" ?
Plus pour longtemps, en ce qui me concerne. Tout ça m'afflige réellement. Comme disait l'autre, "tout m'afflige et me nuit et conspire à me nuire".
Je n'ai rien contre l'accueil tel que tu le décris, bien entendu, Rikki. C'est le même que le nôtre, dans la cour, où on dit aussi un petit bonjour aux parents qui déposent leur enfant et où ils nous mettent éventuellement au courant des petits bobos en cours ou des grandes joies à venir (un gâteau d'anniversaire, un grand-père qui viendra chercher sa petite-fille, ...).
Ce que je critique, ce sont ces longs accueils où les parents restent dans la classe et gèrent leur enfant au milieu des autres, jouant à l'école, papotant avec les voisins, et même pourquoi pas s'invitant pour un café et plus si affinités !
D'accord avec Rikki : on peut critiquer avec juste raison les accueils à rallonge intrusifs mais le coup de l'évaluatrice de rond en PS c'est une autre dimension. Je ne sais pas ce qui est le plus inquiétant avec cette PE :
- son manque de formation, et bon sens le plus élémentaire,
- ou l'éventualité que ce soit le fruit d'une formation délirante.
- le fait qu'elle pense avoir l'aval de sa hiérarchie,
- ou le fait qu'elle l'ait réellement.
En tous cas, elle ne tourne pas rond.
En effet, c'est une autre dimension parce que cela porte préjudice à l'enfant, peut-être à long et très long terme.
L'accueil intrusif semble bien moins grave dans les cas qu'on qualifiera de banals. Et il l'est.
En revanche, il m'est arrivé de voir des cas où c'était carrément le statut du PE responsable de la classe qui était mis à mal par un ou plusieurs parents d'élèves qui vivaient leur vie dans la classe, indéboulonnables jusqu'à 9 heures 30, parlant plus fort que la maîtresse, ôtant un jouet de la main d'un enfant pour le donner au leur, etc.
Et quand, de plus, une fois virés presque manu militari, ils continuent à squatter les locaux en compagnie de l'ATSEM, ça craint vraiment.C'est quand je vois la hiérarchie pousser à cela, réclamer que les parents fassent à part entière partie de la communauté éducative et soient encouragés à venir à l'école pour apprendre à s'occuper de leurs enfants que je vois rouge. Comment fait-on , seul contre une dizaine d'excités ? Quelle crédibilité a-t-on devant un enfant qui voit que sa famille le soutient et le suit jusque dans la classe pour lui fournir un bouclier humain ? Quelle formation avons-nous pour apprendre à des adultes à exercer leur parentalité ?
Et puis, j'ai vu au mois d'octobre un reportage où un petit garçon de deux ans était accueilli en classe, avec sa mère qui restait aussi longtemps qu'elle le souhaitait. Le petit bonhomme était avec elle, loin des autres, et ne participait pas à l'activité commune. Il ne semblait même pas les voir.
Lorsque la mère partait, il pleurait aussi fort qu'a pleuré notre petite N., la première semaine lorsque son père l'a laissée dans la cour, près de sa maîtresse. Sauf que là, nous étions mi-octobre et le petit M. pleurait encore, en plein milieu de la matinée, quand N. était depuis bien longtemps en train de jouer en classe avec ses petits camarades.Le collègue dont j'ai transmis le message travaille en hôpital psychiatrique. Il voit des enfants aux difficultés énormes. Peut-être est-ce pour cela qu'il ne voit pas d'un bon œil ces accueils prolongés où se mélangent l'autorité familiale et l'autorité du maître et où les enfants (et les parents) fragiles se perdent plus facilement que les autres.
Chez nous, on commence à 9 heures. Mais je me rappelle de l'année où la collègue perdait un quart d'heure entre 9 h 30 et 9 h 45 pour pousser vers la porte la mère de L. et la mère de R. qui n'arrivaient pas à partir...
Vivent les transports scolaires ! Chez nous, les 3/4 des gamins arrivent avec l'accompagnatrice du car scolaire. Ça règle le pb de l'accueil des parents !
16VudiciDimanche 15 Décembre 2013 à 20:40Tu arrêtes vraiment, Rikki? En même temps que DC? Est-ce avouable? ...
... non, pas taper! Aïe!
En fait, finalement, la solution reste la même depuis plus d'un siècle: mettre les villes à la campagne.
C'est effectivement l'ambigüité de la notion de "communauté éducative" qui est le plus inquiétant. Et le fait que ce soit l'IEN qui tire les ficelles pour manipuler le jeu. Durant les 12 ans où j'ai exercé en maternelle j'aurais vu d'un très mauvais oeil un parent ou un IEN modifier dans un sens ou dans un autre ce petit moment de transition et de convivialité que constitue l'accueil des élèves.
19françoise svelDimanche 15 Décembre 2013 à 22:23Alors là, je découvre!!! J'ignorais totalement ce problème de l'accueil, on doit être des sauvages dans la famille car personne parmi nous n'a jamais pratiqué cette intrusion dans la classe. Dire un mot à la maîtresse, si besoin et vite fait, oui, mais le reste, je comprends mal. Pour moi la "transition" doit se faire entre le moment où l'on quitte la maison et l'entrée en classe, pas dans la classe! Je suis tout à fait d'accord avec Doublecasquette et je fais mien tous ses arguments! Je crois profondément qu'un enfant et même un tout petit comprend très vite les différentes situations dans lesquelles il se trouve, quand on est à la maison on fait (ou on s'oppose à...) ce que disent les parents, quand on est à l'école, c'est le maître ou la maîtresse qui dirige les opérations et ...quand on est chez papy et mamie, c'est encore une autre façon! Tous les enfants que j'ai connus, gardés ...s'y sont très bien adaptés. Il m'a toujours semblé que c'était ça la "socialisation", ce n'est pas en mélangeant tout que l'on rend les choses plus faciles pour les petits, au contraire.
Et Vigipirate Rouge qui interdit de rentrer dans l'école ? Dans mon département, le plan est écarlate. Aucun parent ne rentre (bon d'accord, ne fait plus faire pipi au gamin non plus...).
Par contre, le temps d'accueil est un temps suffisamment long pour être intéressant, productif et être bien ce temps qui prépare l'enfant à sa journée d'écolier, lui donne de l'autonomie tout en étant un temps d'interaction avec l'enseignant... (8h50-9h10 ou 9h15).
Quand aux ronds en PS, j'ai vu de tout pour ce qui est de la progression en Graphisme... Formation (formation réduite à une seule façon de faire parce que l'initiatrice a été à l'IUFM de ce département...), non formation, fichier à suivre sans réflexion...Et c'est bien à cela que doivent servir les progressions de cycle : pour maîtriser les ronds en GS (et surtout l'écriture des lettres rondes), que doit on avoir mis en place avant en PS et en MS... ? Cela évite de croire que les items de fin de maternelle (GS) doivent être acquis dès la PS....
Bonjour solanne5 et bienvenue ici. Il n'y a pas que le plan vigipirate qui peut priver les enfants de leurs parents qui viennent jusque dans les classes pour les accompagner. Ceux qui fréquentent la garderie périscolaire et sont dans les locaux depuis déjà une à deux heures quand la classe commence, ceux qui arrivent avec un car de transport scolaire, ceux dont les parents pratiquent le covoiturage, ceux dont c'est la nounou qui est chargée d'amener à l'école parfois quatre ou cinq enfants d'âges différents...
Je suis tout à fait d'accord que les interactions entre enfants, entre la maîtresse et l'enfant et la conquête de son autonomie sont des points excessivement importants de la pédagogie en maternelle et qu'un moment assez long (je dirais plus de 20 minutes) est nécessaire dans chaque demi-journée pour que "le courant passe" et que les échanges s'enrichissent (j'ai un peu de mal avec l'adjectif qualificatif "productif" employé pour des moins de sept ans).
Je suis moins d'accord, tu t'en doutes, avec le moment choisi. Imaginons une réunion d'adultes. La réunion début à 8 h 30... À partir de 8 h 15, certaines personnes arrivent. L'intervenant principal est déjà là. Il accueille les arrivants, en dehors de la salle. À 8 h 30, il ouvre ou fait ouvrir les portes et invite les personnes à s'installer. Tout le monde s'assoit. L'animateur réitère son bonjour, rappelle le but de la réunion et invite tout le monde à s'exprimer, peut-être même à se présenter, avant de voir comment l'on va se répartir les tâches et organiser le temps.
C'est par ce moment de regroupement que je préfère quant à moi commencer la journée de classe. Les enfants viennent à l'école pour se sociabiliser. On sait que, pour eux, la première impression fait souvent loi. Commencer la journée par des activités individuelles, sans maître ou maîtresse pour fédérer le groupe, sans reconnaissance même du fait que dans la classe il y a un groupe d'individus venus pour faire des choses ensemble, cela ne me semble pas une bonne chose.
C'est le moment où ils sont "tout frais", tout contents de se retrouver et de retrouver la maîtresse. Autant en profiter, non ? Si lorsqu'ils arrivent, tous ensemble, ou par petits groupes, voire par unités, le coin-langage est déjà installé et que le maître ou la maîtresse s'y trouve déjà avec le matériel qu'elle compte utiliser pour sa séance de langage du matin, ils seront ravis de le faire.
De plus, si lorsque des parents arrivent en retard, ils voient que tous les autres élèves sont déjà sur les bancs, le doigt levé, et que l'enseignant semble conduire une séance pédagogique importante, cela ne peut que les encourager à être plus ponctuels à l'avenir (là, je rêve peut-être un peu pour certains).
Et cela n'empêche pas, bien au contraire, de garder la séance en autonomie, pendant laquelle les interactions se font, en toute liberté, tant avec les petits camarades qu'avec l'instit disponible pour tous, pour un autre moment de la matinée.
Dans mes classes, c'était pendant la demi-heure (ou un petit peu plus avec les tout-petits et les petits) avant la récréation, quand le poids de la matinée se fait déjà bien sentir et que certains des enfants n'aspirent qu'à un peu de jeux libres, d'activités légères et réellement créatives puisque non imposées.Quant aux progressions de cycle, je ne demande pas mieux que d'en reparler... Là, mon message est déjà un peu long. Digérons-le ensemble et nous dresserons à nouveau la table plus tard.
j'avoue que quand je suis face à une pathologie lourde, voire, disons le mot, merdique, j'aime bien évacuer les maîtres le plus vite possible pour rester entre quatre zieux avec la bestiole et faire ce que j'ai à faire sans être systématiquement importunée par des demandes d'explications ou des " Ouh ! Il est méchant, le docteur, il a pas donné petit biquit * à Stella * "
Quand j'ai fini mon affaire, il m'est plus aisé de m'expliquer. Oui, je sais, c'est pas pareil mais bon voilà, chacun dans son pré les vaches seront bien gardées.
*Biquit= biscuit
* ou Dolly ou Luna ou Mistral (c'est au choix )
D'autant plus qu'en règle générale, le chien se concentre bien mieux sur sa maladie quand le maître n'est pas là avec ses interférences. Pour la routine, ça va mais pour les cas velus ...
Après, en tant que parent d'élève, j'ai toujourts senti, à un point presque désagréable, que j'étais priée d'aller voir ailleurs. Je n'ai donc aucune idée de ce que ça peut être qu'un parent qui s'incruste. On les a toujours lâché à la grille, sauf les jours de pluie battante où la cour était vide, dès le deuxième ou troisième jour, à deux ans trois mois pour l'aîné et quatre ans passés pour la deuxième qui n'avait guère de goût pour ce truc.
NB: le t à toujours n'est qu'une faute de frappe et non dû à ma scolarisation tardive à quatre ans cinq mois.
l'accord du participe, en revanche, ...
Pour ceux qui n'auraient pas vu, je n'ai pas mis de s à lâchés
Quand on voit les fautes atroces que j'ai faites hier soir sur ce fil ou sur Visite Médicale, je n'ai aucun droit à te reprocher les tiennes...
N'empêche que c'est mal fait, ce truc, sur ce fournisseur de blogs. On ne peut corriger son message que s'il est le dernier. Et même moi qui suis la "chef", je ne peux rien corriger après coup.
28françoise svelLundi 16 Décembre 2013 à 20:20Ah, j'ai honte, je n'avais pas vu ma faute: "je fais miens, tous ses arguments." !!! Il faut avouer que ma scolarisation a été encore plus tardive que celle de Pascale... mais pour compenser, je suis toujours restée à l'école!!!
Moi, je n'avais qu'une hâte, c'était d'en sortir. Croyez-moi que je n'ai pas traîné en route ! Ça m'a quand même tenue jusqu'à 21 ans passés. Le dernier semestre fut un enfer. L'idée de rater les examens et d'y retourner en septembre était un aiguillon redoutablement efficace.
Moi, je trouvais ça joli "je fais miens" et je me disais que j'aurais à coup sûr fais la faute en écrivant "je fais mien ". J'avais déjà enregistré cette facétie du français pour écrire "je fais miens des trucs " dès ma prochaine utilisation du terme ... Je trouvais que ça faisait riche et cultivé. Au temps pour moi !
31françoise svelLundi 16 Décembre 2013 à 21:59On m'a interdit de devenir véto ( pas un truc de fille et Maison Alfort c'était trop loin), le concours d'officier de la marine marchande n'était pas encore ouvert aux filles, qu'est-ce que je pouvais faire d'autre? La fac de lettres, c'était sympa, ça laissait du temps libre...
33françoise svelLundi 16 Décembre 2013 à 22:1234françoise svelLundi 16 Décembre 2013 à 22:15C'est ça, la vie, le concours de recrutement de la Marine marchande a été ouvert aux filles célibataires six mois après mon mariage!!!
Oh ! Trop dur !
Quant à moi, Maisons-Alfort était à deux pas de chez mémé. Du coup, j'ai demandé Lyon ...
37françoise svelLundi 16 Décembre 2013 à 22:27Ben, moi, à deux pas de chez mémé, c'était l'Hopital psy... j'ai préféré garder ça en réserve pour plus tard, on ne sait jamais...
Quand je parle de productif, c'est pour dire que ce n'est pas un temps perdu. C'est aussi un temps d'apprentissage si tu as manipulé ton milieu pour qu'il le soit. Le fait de ne pas être tous ensemble dès le départ ne me pose pas de problème. Par contre, oui, le faire en arrivant est important pour moi, notamment pour respecter la courbe des temps de vigilance. Et c'est aussi pourquoi je veille à alterner les temps de groupe, de moments plus individuels et le travail en groupe... Et puis il y a d'autres rituels plus personnels qui peuvent facilement prendre place sur ce créneau (par contre, pas trop longtemps non plus !)
Quand à Vigipirate, nous sommes ravies depuis que nous l'avons mis en place... Les gamins qui n'arrivent pas par l'ALAE ou le bus (les nounous, cela peut être pareil que les parents), rentrent déjà un peu élèves et non plus les 'bébés' de maman (ou papa ;) )... sans compter effectivement l'absence de parents inscrustés...
Pour reprendre sur les progressions de cycle : ce matin, mes loulous m'ont impressionné. Et je vois bien aussi à quel point, avec ma collègue, nous nous sommes adaptées à ces gamins qui avaient manifestement besoin de temps. Nous y sommes allées très calmement. Quand je vois comment aujourd'hui, cela devient simple pour eux et réussi, parce que là, ils sont prêts, je me dis que les progressions de cycle permettent aussi cela : donner du temps aux gamins pour réussir (et pour réussir, et ben, ils ont réussi !) et être heureux de venir à l'école apprendre. Du coup, nous sommes en train de revoir nos progressions et tout 'rentrer' mais plus lentement, sur les 3 ans de maternelle ...
Bravo alors ! C'est aussi le principe que j'aimerais voir se développer : entrer plus lentement sur les trois ans de maternelle.
En revanche, je suis sincèrement persuadée que, si nous voulons que l'école reste un lieu d'apprentissages sociaux, le premier temps à mettre en place le matin doit être un temps collectif d'échanges langagiers.On arrive, on pose sa veste, on s'assoit et on papote, comme nous quand nous nous retrouvons à la chorale ou à la gym :
- Tu as bien dormi, toi ?
- Comme un bébé, et toi ?
- Figure-toi qu'il m'est arrivé un truc incroyable...
- Taisez-vous, Arsène a un truc à nous raconter !
- Oh, Arsène... Qu'est-ce qu'il t'arrive ?
- Eh, Arsinoé et Clermonde, arrêtez de faire vos messes basses. Arsène a un truc incroyable à nous raconter !"
Voilà, comme à la machine à café. On arrive, on rejoint le groupe, on fait corps avec lui et on reprend connaissance. Ensuite, on est prêt pour s'égailler dans des directions différentes en sachant que les autres sont là, tout près, et que c'est avec eux qu'on est venu passé la journée.
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Ailleurs, un collègue me dit :
"Je rajoute à ce que tu dis que l'école maternelle a aussi pour fonction essentielle de séparer l'enfant de la famille, de travailler la séparation. Ce collage des parents permanent, cette non-distinction entre le temps de la famille et celui de l’École c'est la préparation d'angoisses de séparation à venir. Bientôt on nous demandera de faire classe avec les parents jusqu'en terminale..."
C'est ce que je ressens moi aussi dans ces adieux quotidiens ritualisés à l'extrême où, du haut de ses deux à trois ans, on se sent presque contraint d'en rajouter, croyant faire plaisir à un parent qui, comme ça, va comprendre qu'on le préfère à la maîtresse.
Il est des coupures franches et bien plus vite cicatrisées que ces écorchures ravivées chaque jour qu'on s'acharne à refaire saigner. C'est du moins ce que j'ai constaté depuis que les parents de maternelle n'entrent plus dans nos classes et qu'ils quittent leurs enfants pressés d'aller jouer dans la cour avec leurs petits camarades.