• OrthoGraph : Cahier de leçons ou pas ?

    OrthoGraph : Cahier de leçons ou pas ?
    Merci à Groupe scolaire d'Illange pour cette illustration

    Dans mes classes, je n'ai jamais utilisé de "cahiers de leçons". En effet, pour moi, l'enfance est l'âge de l'apprentissage par l'action et par la répétition de cette action plus que celui d'une synthèse de connaissances qu'on avale de manière statique et que l'on sait régurgiter à la demande (ce qui est le mode d'apprentissage de l'adolescent ou de l'adulte, pour l'apprentissage des numéros de téléphone, des adresses, des théorèmes, des verbes irréguliers en langue étrangère, etc.).

    Par sécurité, et pour rassurer les collègues, j'ai quand même prévu des sortes de leçons que vous retrouverez ci-dessous compilées dans le document intitulé OrthoGraph Soir.

    Ce sont ce que j'appelle des « leçons actives », c'est-à-dire que l'enfant, grâce à l'action qu'on lui demande d'exécuter (lire à voix haute, épeler, expliquer, taper dans les mains, repasser en rouge, etc.), fixe dans sa mémoire ce que nous voulons lui voir être capable de régurgiter à la demande.

    Bien sûr, on peut mettre ces travaux du soir dans un cahier de leçons si on le souhaite, mais on peut aussi très bien les faire coller dans l'agenda ou le cahier de textes à la page du jour, ou tout mettre dès le début de la période (ou de la semaine) dans un porte-vue.

    Dans ce dernier cas, malgré le codage « Période ... Semaine ... » et « J... », je conseille quand même d'expliquer aux parents que c'est une seule tâche tous les soirs, et que cette tâche sera coloriée par l'enfant en classe chaque jour pour que personne ne se perde.

    Le fichier OrthoGraph' Soir CE1 : 

    Télécharger « OrthoGraph Soir .pdf »

    Les fichiers OrthoGraph' Soir CE2

    Vous les trouverez aux adresses suivantes :

    CE2 : Orthographe graphémique (1) ; CE2 : Orthographe graphémique (1bis)  ; CE2 : Orthographe graphémique (2)CE2 : Orthographe graphémique (3) ; CE2 : Orthographe graphémique (4)CE2 : Orthographe graphémique (5)

     

     


  • Commentaires

    1
    Emilie
    Mardi 30 Mars 2021 à 19:29

    Bonjour,

    Ce petit article tombe à pic, alors que ça fait quelques années déjà que je me pose des questions sur ces cahiers de lecons où on colle du papier sur du papier, ces leçons parfois indigestes à relire à la maison le soir...

    En même temps, je me dis que c'est bien d'avoir quelques outils et référents que les élèves peuvent sortir en cas de besoin, comme les nombres en lettres, les tables de multiplication... J'essaie de leur faire utiliser en classe pour leur donner du sens. Mais c'est 10% du cahier qui leur sert vraiment je pense.

    Mise à part ces "lecons" d'orthographe, vos élèves n'avaient aucune leçon en maths, grammaire...? 

     

      • Mercredi 31 Mars 2021 à 10:38

        Bonjour Emilie,

        Aucune leçon en maths, je viens d'une époque où les premières leçons de maths à apprendre apparaissaient entre la Sixième et la Quatrième. Avant, c'était l'usage, l'usage et encore l'usage.

        Pour la grammaire, je trichais, j'avais un manuel que les enfants emportaient le soir à la maison pour relire le résumé. Mais je comptais surtout sur les affichages en classe qui restaient là tout le temps, même pendant les évaluations de fin de période.

        Les nombres en lettres, c'était appris, vu et revu en orthographe et en grammaire et je dois avouer que "ça rentrait tout seul", chez tout le monde, surtout à partir du moment où je ne les ai plus affichés en classe.

        Pareil pour les tables : j'ai appris à me méfier des tables affichées en classe et il m'est même arrivé de caviarder en noir la quatrième de couverture du cahier de brouillon de certains élèves qui n'essayaient même pas de les mémoriser, "puisqu'elles étaient disponibles à tout moment".

        Comme je commence la multiplication au CP, les élèves sortent de cette classe en maîtrisant déjà au moins 3 tables (2, 5 et 10) et parfois un peu plus (3, le plus souvent, au moins jusqu'à "3 fois 5"), ceux de CE1 maîtrisent souvent toutes les tables jusqu'à 6 et "ont des lueurs" sur celles de 7, 8 et 9. Ces connaissances sont largement entretenues par les séries d'opérations et les nombreux problèmes concrets que renferment leurs fichiers.

        En fin d'année, au CE1 au moins, nous faisions des concours de tables, tous ensemble, au tableau. Toute la classe était debout. Un élève était tiré au sort pour commencer. Il devait dire un résultat de table (par exemple, 2 fois 2, 4) et je l'écrivais au tableau, en haut à gauche. Son voisin devait en dire un autre (par exemple, 5 fois 10, 50). Je l'écrivais au tableau, en-dessous du précédent. Et ainsi de suite pendant un temps donné, le plus vite possible, pour en avoir récité le plus possible. Nous notions le nombre de calculs dans un coin du tableau pour essayer de battre "notre record". Tous les élèves devaient passer l'un après l'autre, ils n'avaient pas le droit de sauter leur tour.

        J'écrivais tous les résultats les uns à la suite des autres, sans rangement, pour éviter le calcul par addition réitérées pendant le temps où ils attendaient leur tour, puisqu'il s'agissait de savoir réciter des "résultats de tables".

    2
    Emilie
    Mercredi 31 Mars 2021 à 12:08
    Merci pour votre réponse!
    Vous ne donniez donc pas de devoirs à la maison en maths?
      • Jeudi 1er Avril 2021 à 10:01

        Les tables de multiplications à revoir selon un programme précis. Avec un petit dépliant. Je les mettrai en ligne un jour, tiens. Je dois les avoir quelque part.

    3
    julie
    Mercredi 31 Mars 2021 à 15:59

    Très intéressant!
    Il est vrai que les cahiers de leçons servent à rassurer les parents principalement...
    Avez-vous un article sur les devoirs du soir sur votre blog?
    Trop de devoirs, les parents râlent, pas assez de devoirs, ils râlent aussi!!!

      • Jeudi 1er Avril 2021 à 10:02

        Non, je n'ai pas fait d'article à ce sujet. Il faudra que je me penche là-dessus un de ces jours, vous avez raison. Bon courage !

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    4
    Julie
    Mardi 6 Avril 2021 à 22:09

    Bonjour,

    je tenais d'abord à vous remercier.

    Votre blog est une mine d'or...Je suis une "jeune" enseignante de 26 ans qui se pose beaucoup de questions et les réponses que je trouve pour le moment ne m'ont pas entièrement satisfaite. Je crois surtout avoir cédé à une forme de paresse en faisant l'économie d'une réflexion qui apparaît pourtant aujourd'hui nécessaire. Et lorsque je vous lis, je réalise combien votre réflexion est fine, étayée non pas par des impressions ou autres mais par l'expérience, les lectures etc. Bref, ce premier paragraphe pour vous remercier de ce travail et vous dire qu'il est inspirant pour des jeunes collègues.

    D'autre part, je travaille en REP+, enseignante en CE1. Au cours des formations, j'ai souvent entendu qu'il fallait adapter, que le public REP+ ne pouvait pas suivre certaines méthodes, certaines façons de faire. Et me voilà en tension entre une exigence que je trouve nécessaire, voire salutaire, vis-à-vis de mes élèves et un discours institutionnel (et de la part de certains collègues) qui préconise une adaptation à outrance, avec une exigence très relative (et orientée politiquement).

    En vous lisant, je veux croire que l'exigence est une vertu et même une nécessité. Et qu'elle est indissociable d'une réflexion importante sur le sens de ce qui est entrepris dans la classe.

    Voici mes questions :

    - Quels seraient pour vous les éléments fondamentaux à cultiver avec les élèves au sein d'une classe (conception du travail, rapport au travail,...) ?

    - Auriez-vous des lectures à conseiller pour accompagner/nourrir des réflexions concernant la classe, les élèves ?

    - Auriez-vous des conseils à donner à une "jeune enseignante" ?

    Merci pour cet espace d'expression,

    En espérant bientôt pouvoir lire une réponse si cela est possible,

      • Mercredi 7 Avril 2021 à 11:14

        Bonjour Julie et merci pour votre long message. C'est un livre que vous me demandez là, avec ses trois parties déjà balisées.

        Voici très rapidement, l'introduction qu'il pourrait y avoir à chacune de ces trois parties.

        Éléments fondamentaux :

        L'école est le lieu où l'individu fait l'apprentissage du collectif.

        Pour cela, il doit être réceptif aux différents langages, dont l'essentiel, le langage parlé.

        C'est de ce langage parlé riche et varié qu'il acquiert la curiosité et la capacité à comprendre le monde qu'il soit physique, historique, scientifique, littéraire ou humain.

        C'est dans le cadre du collectif, avec échanges entre adulte et enfants, mais aussi entre enfants, discrètement dirigés par l'adulte, que toute la classe va acquérir ce langage, nourrir sa curiosité et la transformer en culture.

        Que lire, que regarder ?

        Pour comprendre le présent, il faut connaître le passé. Si l'on ne veut pas remonter trop loin, on peut commencer par « les pères fondateurs » de l'École Publique.

        Dictionnaire de pédagogie de Ferdinand Buisson

        L'éducation maternelle dans l'école. [1] / par Mme P. Kergomard

        Et continuer par les grands éducateurs des XIXe et XXe siècles :

        L’École moderne française. Guide pratique pour l'organisation ...

        Pédagogie Scientifique - Tome 1 : La maison des enfants

        Et puis aussi Steiner, Decroly, Pestalozzi, Korczak, ...

        Non pas pour tout gober et tout vouloir appliquer mais au contraire pour comprendre tout ce qui lie toutes ces opinions, et ce qui les sépare, et « faire son miel » en cherchant du fond et non de la forme car c'est la grande erreur du tournant XXe/XXIe, cette quête effrénée  de la forme sans le fond !

        Ce qui fait qu'il est inutile de s'informer des écrits de la dernière et de l'avant-dernière fournée de « penseurs » (qui généralement ne sont pas des éducateurs, bien au contraire, puisque certains d'entre eux ont très vite quitté l'enseignement primaire pour se contenter de théoriser dessus, à partir d'enfants fictifs, sortis de leur milieu, sans tenir compte de l'observation sur la durée et des contenus transmis précédemment aux enfants). On n'y trouvera que vœux pieux, conclusions tirées d'avance pour servir une théorie et non pour observer une pratique, quand ce ne sont pas carrément des mensonges ou des distorsions de la réalité toujours pour « servir une cause » (la leur).

        Conseils à un(e) jeune enseignant(e) :

        Observer l'enfance pour savoir ce que nous pouvons attendre d'elle. Pour cela ne pas hésiter à sortir en récréation avec ses élèves, faire l'accueil dehors, laisser dans la classe des espaces de liberté que chacun peut fréquenter du moment où il a satisfait aux contraintes du programme scolaire du jour. 

        Ne pas prendre les enfants pour des micro-adultes capables de se réguler seuls. Comme tous les jeunes mammifères (et c'est d'autant plus long que le mammifère vit dans une société complexe, régie par des règles de vie et pratiquant des « techniques » élaborées), ils ont besoin d'un adulte pour les guider et les protéger contre eux-mêmes (peut-être une autre lecture :

        Sa majesté des mouches - William Golding. )

        Donner à ses élèves ce qui leur permettra d'être non pas ce que nous pensons qu'ils devraient être mais tout ce qu'il est possible de vouloir être. Cela sous-entend de ne mépriser ni le grec et le latin des études classiques, ni l'orthographe, indispensable pour qu'ils puissent se comprendre entre eux, ni la littérature patrimoniale, ni l'art classique et le répertoire traditionnel, ni le travail manuel, le vrai, celui qui n'est pas forcément décoratif ou tiré de l'art contemporain, ni (et là, je touche du sensible...) la chasse, la pêche, l'alimentation traditionnelle, les loisirs "populaires", etc. Car c'est en respectant leurs familles, sans pour cela tomber dans la "Danse des Canards" non plus, que nous pouvons ouvrir les enfants à une culture plus élitiste.

        Croire en ses élèves et ne pas se fermer à la culture élitiste sous prétexte qu'ils habitent un quartier déshérité, ont des parents sous-qualifiés, ne parlent pas français à la maison. Se dire au contraire que nous sommes là pour ça : donner aux enfants ce que leur famille ne peut pas leur apporter.

        Ne pas attendre non plus que les parents jouent le rôle que nous aimerions leur voir jouer. Faire sans eux, ou plutôt "à côté" d'eux, sans se laisser influencer par leur mode de vie (que ce soit pour encenser, sans le vouloir, la petite Mia dont la maman, très disponible et très au fait de ce qu'attendent les maîtresses, ou pour mépriser, sans le vouloir, le petit Donovan dont les parents ont encore oublié qu'il fallait ramasser 100 cailloux, les mettre 10 par 10 dans des sacs, et ramener tout ça à la maîtresse pour que ça prenne la poussière dans la classe).

        Ne pas se contenter des programmes de l'Éducation Nationale, programmes conçus par ces "penseurs" évoqués plus haut qui, voyant que leurs théories provoquaient des catastrophes (un exemple parmi un million d'autres : les enfants de 5e actuels ont le niveau des élèves de CM2 de 1986), revoyaient systématiquement à la baisse les "attendus" de fin d'année. Les dégager du verbiage (il y en a énormément) et des méthodes imposées (c'est aussi très flagrant) pour ne garder que les contenus scolaires permet de se rendre compte à quel point ces contenus sont "indigents". 

        Ne pas tomber (parce que c'est très courant actuellement) dans les dérives sectaires du développement personnel. Nous ne sommes pas les parents, nous n'avons pas à choisir le mode de vie de nos élèves. Notre rôle, c'est transmettre. Bien sûr, pour que cette transmission ait lieu, il faut éduquer et ceci d'autant plus que l'enfant est jeune, mais notre rôle n'est pas de donner une importance démesurée à chacun de leurs petits ego. Bien au contraire, il nous faut leur apprendre à vivre ensemble et, pour cela, à "lisser" les aspérités de ces ego au bien commun.

        Ne pas céder à la mode du "ce qui se voit" au détriment du "ce qui se sent". Ce qui nous renvoie au premier conseil : observer l'enfance pour savoir ce que nous pouvons attendre d'elle. C'est déjà un énorme changement dont il n'est pas toujours aisé de se défaire, surtout quand les enfants sont jeunes et le programme scolaire très flou.

        Voilà, j'ai déjà été très longue. Mais n'hésitez pas si ces réponses vous amènent à d'autres questions.

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