• Ils veulent tuer les hérissons !

    Ils veulent tuer les hérissons !

    Je vous parle d'un temps que les moins de 35 ans ne peuvent pas connaître, à moins d'avoir vécu leur scolarité élémentaire dans une école où mes collègues d'alors s'étaient fait dès 1995 la même réflexion que moi en 2002 : « On ne change pas une équipe qui gagne ! »

    Il faut savoir que, depuis sa création jusqu'à 1995, les programmes de l'École Élémentaire étaient conçus par « cours ».
    Il y avait d'abord, le cours préparatoire, amputé de sa première moitié, mais toujours conçu comme un « sas préparatoire » aux apprentissages scolaires savants1 : la résolution de problèmes, nécessitant l'apprentissage de l'arithmétique et de la géométrie en mathématiques, la rédaction et la compréhension littéraire, qui, quant à elles, réclamaient une connaissance sûre et approfondie du vocabulaire, de l'orthographe, de la grammaire et de la conjugaison.

    VENAIT ENSUITE LE LIEU DU CRIME QUI NOUS OCCUPE : LE COURS ÉLÉMENTAIRE.

    Là, comme son qualificatif l'indique, les élèves acquéraient ce dont ils avaient besoin pour résoudre un problème arithmétique simple, élémentaire, lire seuls un roman pour enfant, simple et élémentaire, et rédiger un paragraphe d'une dizaine de lignes sur un sujet simple et élémentaire qu'ils maîtrisaient bien, en respectant les normes de l'orthographe et de la syntaxe élémentaires !

    Enfin pour en finir avec l'école qu'on appelait encore primaire, les élèves passaient au cours moyen, de deux années lui aussi, pour passer à l'étape moyenne des acquisitions mathématiques et littéraires avant de se diriger tous, depuis déjà bien longtemps2 , vers le collège, la 6e, les « études secondaires».

    MAINTENANT QUE CES QUELQUES JALONS SONT POSÉS, REVENONS AU MEURTRE QUI NOUS PRÉOCCUPE AUJOURD'HUI ET À LA SCÈNE DU CRIME, LE COURS ÉLÉMENTAIRE 2E ANNÉE.

    Ils veulent tuer les hérissons !

    Les enfants qui y entraient avaient presque tous sept ans révolus et, quand ils en sortaient, généralement deux années plus tard, c'étaient des enfants de huit à dix ans. Ceux qui connaissent un peu cette tranche d'âge savent que c'est une époque de la vie où l'on ne fait pas dans les détails, ni dans les nuances. Ce qui n'est pas bien est mal, ce qui n'est pas vrai est faux, ce qui n'est pas blanc est noir.
    La plupart des enfants sont tout de même sortis de l'époque antérieure, celle où la vérité se mesure uniquement à partir de son propre nombril et où, en plus de toutes ces maximes, on croit encore que tout ce qui n'est pas rouge est bleu, tout ce qui n'est pas vert est jaune et tout ce qui n'est pas comme on aime est détestable.

    Coup de chance, la partie élémentaire des programmes d'acquisition des mathématiques et du fonctionnement de la langue française obéit aux mêmes règles ! Ce qui fait que nos jeunes élèves de sept à neuf ans y évoluaient pas à pas, en terrain connu, pour y apprendre de petites choses élémentaires qui, mises bout à bout,  finissaient par constituer un joli socle sur lequel le cours moyen et le collège allaient pouvoir bâtir autant de statues différentes qu'il y avait d'élèves !

    ET LES HÉRISSONS LÀ-DEDANS, ME DIREZ-VOUS, QUAND EST-CE QU'ON LES TUE ?

    Bientôt, hélas. Mais il faut d'abord que je vous raconte comment on les accueillait en classe pour en faire les complices de notre enseignement élémentaire... de la conjugaison.
    Attention, pas dans les vieux bouquins ringards de l'école de grand-papa ! Non, non, non ! Même quand on était à la pointe de la pointe du progrès et qu'on écoutait son IDEN en conférence pédagogique.
    Pour vous dire, à l'époque, ma bible en grammaire, c'était ça. Les vrais grammairiens apprécieront... ou pas.

    Ils veulent tuer les hérissons !

    Eh bien, là-dedans, voilà comment on introduisait les hérissons dans le programme de conjugaison :
    Celui-ci, comme je vous l'ai dit plus haut, raisonnait comme les enfants, de manière élémentaire, en blanc et noir. Au CE1, les tout-petits tout frais émoulus d'un cours qui les avait préparés à recevoir des connaissances grammaticales, apprenaient à conjuguer au présent, au futur et au passé composé les verbes élémentaires du premier groupe (en évitant soigneusement ceux en -ger et -cer, -ier, -uer et -ouer, -eler, -eter, -ayer, -oyer, -uyer, etc.). On y ajoutait pour faire bonne mesure les verbes avoir et être et le verbe aller.
    C'était une première initiation, visant à aider les élèves à écrire seuls une phrase ou deux, racontant leur vie quotidienne, expliquant le but d'un jeu simple ou décrivant une image posée devant eux.
    Cette initiation suivait les règles de l'enfance qui aime les choses sûres et simples. L'introduction des trois verbes très courants (être, avoir, aller) permettait d'éviter, au moins intuitivement, que les enfants croient que tous les verbes se conjuguent comme « chanter » et qu'ils servent tous à dire « ce que l'on fait ».

    L'année d'après, au CE2, on continuait après un tout petit mois de révisions. On avait installé peu de choses mais elles étaient sues et bien sues et il n'y avait qu'à les réactiver pour qu'elles reviennent en mémoire. Pour parfaire la compréhension intuitive du rôle des temps, les trois temps appris au CE1, présent de l'indicatif, futur et passé composé étaient revus une première fois pendant cette période de révision et, avant d'en introduire de nouveaux au deuxième trimestre (imparfait, présent de l'impératif, participes présent et passé), on s'en offrait une deuxième révision approfondie, grâce à l'étude d'une nouvelle famille de verbes, très conciliante et totalement en phase avec l'élève de huit à neuf ans, vivant de certitudes et de règles valables en tous lieux et en tous temps ! J'ai nommé...

    LA FAMILLE DES HÉRISSONS !

    Parce que oui, j'ai oublié un petit détail tout bête, l'élève de sept à neuf ans adore la rigolade, la blague à deux balles, les histoires de Toto et les jeux de mots tout simples mais tellement amusants...
    Et comme on n'en était pas encore revenus à l'enfant-adulte, qui a déjà conscience de son rôle actif de membre de la communauté et s'interroge sur la durabilité d'un développement économique et social soucieux des valeurs démocratiques et de l'engagement citoyen, les instits de l'époque donnaient encore volontiers dans la rigolade, la blague à deux balles et les jeux de mots tout simples mais tellement utiles pour acquérir des réflexes d'écriture.

    Dans l'éminent ouvrage présenté plus haut, on introduisait donc la famille des verbes du deuxième groupe en la qualifiant de famille amie des hérissons... Eh oui. Je finis, tu finis, il finit, nous finissons... comme les hérissons !
    Quand un verbe a pour terminaison « i-s-s-o-n-s » à la première personne du pluriel, c'est un verbe ami des hérissons. Et ce qu'il y a de bien dans cette famille, c'est qu'elle est très, très, très obéissante. D'ailleurs, nous obéISSONS ! Le verbe obéir fait partie de ce groupe que nous qualifierons de « deuxième » puisque nous l'apprenons en deuxième. Celui vu au CE1, les verbes en -er, sera le premier groupe. Tout bête, tout simple, élémentaire...

    Mais alors, me direz-vous, s'il est si simple, ce groupe-là, pourquoi ne pas l'avoir vu en premier, avant celui des verbes en -er, qu'il a fallu tronquer de tout un tas d'exceptions ?

    Pourquoi ? Mais c'est très simple, voyons. D'abord parce que le premier groupe est le plus courant et qu'à sept ans, il faut pouvoir écrire sans faire de fautes qu'on chante, danse, écoute, parle, marche, saute, vole, avale, attache, téléphone, bavarde, éponge, grimpe, escalade, ... bon, j'arrête, vous avez compris.
    Ensuite parce qu'il comprend tellement de cas particuliers qu'il vaut mieux prendre son temps et rajouter chaque année quelques petites précisions à la base élémentaire vue pendant la toute première année du cours... élémentaire.
    Enfin parce que, si les verbes du deuxième groupe se conjuguent de manière très simple car très régulière, nombreux sont ceux dont le sens est encore inconnu quand on a moins de huit ans. À l'école primaire, il faut procéder graduellement et de manière globale.

    Malheureusement, contrairement à un ordinateur qui, ne comprenant rien à rien, accepte très bien de conjuguer tout et n'importe quoi du moment où on lui a entré les données dans sa mémoire, un enfant de sept à huit ans aura de la peine à conjuguer intelligemment un verbe dont il ne connaît pas le sens.
    Les programmes scolaires doivent donc attendre que cet enfant soit capable de comprendre ce que signifient les verbes franchir, gravir, aboutir, accomplir, brandir, faiblir, garantir, saisir ou unir s'ils veulent pouvoir lui proposer suffisamment d'occasions d'utiliser ses connaissances formelles en maîtrisant ce qu'il dit et écrit.
    Et ils auront tout juste, comme les enfants aiment, si, en plus, ils profitent de ces apprentissages un peu mécaniques des terminaisons verbales pour travailler, pendant les séances de vocabulaire, les verbes indiquant un changement physique : grandir, maigrir, grossir, mincir, vieillir, rajeunir, bleuir, rougir, jaunir, ...
    Ce qui permet d'éviter ce que tout collègue un peu attentif remarque dans sa classe, lorsque ses élèves ont été entraînés de manière mécanique à répondre à des stimuli dépourvus de sens pendant trop longtemps ! Ce ne sont pas les collègues qui se battent contre des élèves insuffisamment préparés qui écrivent sans se rendre compte des horreurs telles que nous étrons ou il pouva qui me contrediront. 
    Science sans conscience n'est que ruine de l'âme, savoir sans comprenoir aussi ; c'est comme ça, une loi intangible et élémentaire, comme l'aiment nos élèves de CE2.

    Et le comprenoir, ça s'installe pas à pas. 

    C'EST POURQUOI IL NE FAUT PAS TUER LES VERBES AMIS DES HÉRISSONS !

    Ils sont une étape indispensable à la compréhension du système de conjugaison de notre langue.

    Ils veulent tuer les hérissons !
    Merci au  collègue qui a mis cette image sur son blog. 

    Comme je n'ai pas fait d'études de grammaire bien poussées, que je ne me base que sur mon expérience d'enseignante du primaire, je ne saurais pas vous l'expliquer avec des mots savants et je préfère en rester à ce que comprennent nos jeunes élèves lorsqu'ils suivent un enseignement progressif et visant à rester intelligible et utilisable de la conjugaison. 

    Au CE1, on découvre pour les utiliser immédiatement quelques bases extrêmement simples qui permettent néanmoins de commencer à structurer l'apprentissage en fixant la notion de système construit grâce à quelques repères intuitifs.
    Les programmes de 2008 avaient rajouté l'imparfait aux trois temps traditionnellement vus en cette première année des apprentissages élémentaires, j'ai hurlé sur le coup mais ce n'était pas si bête parce qu'il est très régulier.
    Ils auraient dû en revanche enlever le passé composé, très utilisé à l'oral mais difficile à saisir. Ils l'ont laissé malheureusement ; et les collègues des classes supérieures continuent à dire que les élèves l'identifient et le conjuguent mal. On ne m'ôtera pas de l'idée que c'est en raison de cet apprentissage trop précoce.
    Mais leur plus grosse bêtise a été d'ajouter les verbes venir, faire et dire à la liste fixée depuis au moins 1975 pour cette classe ; vous comprendrez vite pourquoi.

    Au CE2, on élargit la base mais en restant toute la première moitié de l'année dans un système à deux facettes, tels tous ceux que les élèves utilisent dans leur vie courante : il y a deux systèmes réguliers de conjugaison, celui pour le premier groupe, et celui pour le deuxième groupe.
    Si la démarche est constructive, c'est-à-dire si elle mêle intimement savoir-faire de base et compréhension orale, les élèves déchargent peu à peu leur mémoire de travail de tout ce qui peut devenir réflexe : « C'est un verbe du premier groupe, je suis au présent, à la troisième personne du singulier, la terminaison est -e... C'est un verbe du deuxième groupe au présent, à la troisième personne du pluriel, le son [is] que je prononce à mi-voix s'écrit : i-s-s-e-n-t. »

    Ce n'est que dans la deuxième moitié de l'année scolaire, quand peu à peu, le cours commence à cesser d'être élémentaire et se permet déjà quelques incursions dans un monde de difficultés « moyennes » qu'aux trois verbes irréguliers très fréquents étudiés au CE1 (être, avoir, aller), on va pouvoir passer à une ou deux petits alinéas au contrat du premier groupe d'abord (les verbes en -ier, -uer, -ouer et, en suivant la progression d'orthographe, les verbes en -cer et -ger) puis à la découverte de ce que le Genouvrier appelait « la poubelle », ce qui, vous le comprenez, ravissait les élèves de CE2, toujours prêts à rigoler de ceux qui, comme Toto, fouillent dans les poubelles !

    Ils veulent tuer les hérissons !

    Les programmes de 1972 et 1986 plaçaient l'étude des verbes venir, faire, voir et prendre au CE2, quand les enfants avaient longuement fixé ce qui tient debout tout seul, ce qui évite les chausse-trapes et les exceptions et non pas au CE1 quand on peine à trouver une logique dans tout cela et qu'on vous bourre la cervelle de dizaines de terminaisons différentes alors que moins de deux ans plus tôt, on en était encore à croire qu'il fallait moins de lettres pour écrire PAPILLON que pour écrire OURS, parce qu'un ours, c'est gros alors qu'un papillon, c'est tout petit !

    Au CE2, en revanche, si on a bien travaillé le régulier, l'ordinaire et l'élémentaire, toujours en associant son et sens3, comme toujours, on peut largement assumer l'apprentissage complet de quatre verbes irréguliers.
    Je dis bien « apprentissage complet », mots écrits en entier, conformité à la règle pour les verbes de la même famille dûment constatée, expliquée et estampillée « conforme à l'usage », parce qu'à neuf ou dix ans, on a encore besoin de concret, de basique, d'immédiatement utilisable.
    D'où la nécessité de largement pratiquer l'exercice oral puis écrit de conjugaison, en multipliant les exemples, comme dans Étude de la Langue CE2.
    Et d'où l'intérêt de ne pas encore utiliser de tableaux sur lesquels seules les terminaisons apparaissent.

    Cela, on le réservera au niveau supérieur, plutôt dans sa dernière ligne droite, en fin de CM2 quand on révisera une dernière fois le programme de l'école primaire avant de passer au collège.
    C'est ce qu'ont vécu tous les plus de 35 ans dont je parlais tout à l'heure. Ce système était bâti patiemment, en partant des régularités des premier et deuxième groupes, aux temps les plus courants, enrichi très progressivement d'autres temps et modes, ainsi que des cas particuliers du premier groupe et de verbes du troisième groupe regroupés en sous-familles, d'abord simples et courantes, puis de plus plus complexes et rares.
    Il envoyait en 6e des élèves qui écrivaient correctement4 aux huit temps de l'indicatif mais aussi aux deux temps de l'impératif et à deux temps (un simple et un composé) du conditionnel et du subjonctif, à la voix active et passive n'importe quel verbe du premier ou du deuxième groupe, les verbes être et avoir et de 21 verbes du 3e groupe, sans compter leurs dérivés :  faire ; savoir, pouvoir, vouloir, devoir ; falloir ; aller, venir, partir ; dire, croire, lire, écrire ; voir, sentir, connaître ; prendre, rendre, tenir, recevoir ; vivre.

    Tout ça parce que personne n'avait décidé de tuer de pauvres animaux innocents qui ont largement contribué à mener en cinq ans à bon port des cohortes entières d'élèves5 ...

    IL NE FAUT PAS TUER LES HÉRISSONS !

    Ils veulent tuer les hérissons !

    CRITIQUER, C'EST FACILE,
    DONNER DES SOLUTIONS, C'EST UTILE.

    Notes :

    1 Pour les créateurs de l'école publique, on ne rentrait à la grande école qu'après le CP1 (GS actuelle) et le CP2 (le CP que nous connaissons), c'est-à-dire après avoir appris à l'école maternelle ou dans la classe enfantine les bases de l'écriture, de la lecture, du calcul et du système décimal.

    2 L'instruction obligatoire jusqu'à 16 ans date de l'ordonnance du 6 janvier 1959, vous vous doutez bien que les adolescents ne traînaient pas en jupes plissées, culottes courtes sur les bancs de l'école primaire jusqu'à cet âge avancé !

    3  Ce qui nécessite d'associer à l'apprentissage de la conjugaison celui du vocabulaire. Si les verbes du 2e groupe ont donné l'occasion de constituer des listes de verbes associés à des caractéristiques physiques, ces quatre verbes irréguliers vont prendre conscience aux élèves qu'ils emploient depuis longtemps une collection de préfixes qui, en trois ou quatre lettres, transforment un verbe en un autre, obéissant aux mêmes règles de conjugaison : ils viennent, reviennent, surviennent et interviennent, prennent, reprennent, surprennent, apprennent et comprennent, disent, redisent, font, défont et refont, tout fiers d'avoir réussi à dominer leur langue d'usage, qu'elle soit maternelle ou non !

    4 Et qu'on n'aille pas me dire le contraire, j'y étais ! Depuis 1976, dans une école qui passa ZEP dès que cette dénomination fut inventée, et jusqu'à 1995, dans diverses classes où tous les élèves de CM2, de toutes origines, puisqu'il paraît que ça compte, sauf cas très exceptionnel, réalisaient sans s'en rendre compte, ces exploits quotidiens.

    5 Selon la DEPP (Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance), les performances des élèves à la sortie du primaire sont restées stables de 1987 à 1997 avant de régresser constamment de 1997 à 2007.


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  • Commentaires

    1
    Emilie Oum Kalthoum
    Mardi 15 Mars 2016 à 16:36

    J'apprécie toujours autant vos articles !

    On ne pense pas forcément à tout ça, mais finalement ce que vous dites paraît tellement évident, cette progression qui colle à l'évolution des enfants. Merci encore de partager toutes ces réflexions sur votre blog.

    Par contre, petite lapsus dans la note 2 : comme vous le savez, c'est l'instruction et non la scolarité qui est obligatoire ^^

    2
    Mardi 15 Mars 2016 à 18:30

    merci pour cet article

    3
    Mardi 15 Mars 2016 à 19:34

    cela correspond à mes souvenirs d'écolière (normal hein j'ai quitté le cm2 en 1981 , 6è en 81-82 ) et que dans mes souvenirs mêmes les pires de la classe maitrisaient le présent, l'imparfait, à peu près sûre pour le futur , les différences entre les "bons" et les moins bons se faisaient surtout sur les temps composés et le subjonctif et conditionnel mais d'ailleurs en cm2, je n'ai pas souvenir d'avoir revu le présent autrement que dans les exos du bled (les fameux "vous conjuguerez à tous les temps de l'indicatif le verbe ...)
    et moi j'essaie de continuer dans cette voie. Quand je vois que mes élèves se mélangent encore les pinceaux dans le présent et dans les grandes largeurs, je me dis que je dois encore sacrément bosser ! et je suis bien persuadée que ça n'est pas en supprimant la conjugaison autrement que par l'observation ou en tuant le 2ème groupe que j'y arriverai

    bon je ne suis peut-être pas douée hein, mais même à 45 ans, quand je veux conjuguer un verbe en -ir je commence par me demander à quel groupe il appartient
    On me répondra que c'est parce que j'ai appris ainsi et que je suis formatée , surement vrai , mais cela me sert de squelette pour me repérer dans la jungle des conjugaisons.

    Les regroupements par type (verbes en -er , verbes en -dre , en -re ) ça marche aussi très bien mais fait beaucoup de cas à retenir je trouve et il reste que pour les verbes en -ir , passer par la distinction 2ème groupe / 3ème groupe permet au delà des terminaisons des temps (souvent semblables) de pouvoir anticiper la régularité ou non du radical et ça aussi je trouve cela précieux.

    4
    Mardi 15 Mars 2016 à 19:44

    Et devant un verbe inconnu, hein, comment feront-ils, nos élèves qui ne connaissent pas la règle du hérisson ? Nous gémons ou nous gémissons, nous nous ébahons ou nous nous ébahissons ?

    Remarque, quand je lis qu'il n'y a que deux verbes du 2e groupe dans la liste de verbes les plus courants, je suis édifiée sur le niveau qu'on réserve à l'école dans les années à venir.

      • Mardi 15 Mars 2016 à 19:58

        d'autant que des verbes du 2ème groupe , à l'école on en croise un bon nombre couramment quand on .... réfléchit  he (ah tu me diras , celui-là est peut être le premier que certains rêvent de supprimer he )

    5
    Rikki
    Mardi 15 Mars 2016 à 21:34

    Oui, dans Archilecture, on a bien lu les programmes 2016, et puis... eh bien, on a laissé vivre les hérissons, parce que dans les programmes 2016, nulle part il n'est dit que les groupes n'ont pas à être enseignés.

    Comment est-ce que les gosses pourraient s'en sortir sans aucun repère ?

    Pour moi, si on veut supprimer un groupe, ça serait le "troisième groupe", qui n'a de groupe que le nom et qui n'a aucune unité.

      • Mardi 15 Mars 2016 à 21:42

        Sincèrement, je vous félicite. Les enfants aiment comprendre ce qu'ils font et trouvent plus facile de comprendre quand ils peuvent étiqueter les choses.

    6
    Mercredi 16 Mars 2016 à 22:17

    Merci, merci!

    Effectivement, mes camarades de classes ( d'origines diverses et variées!) des années 70 maîtrisaient les bases. Nous étions prêts pour le collège.

    Nous avions d'ailleurs tous appris à lire avant le cp grâce à une institutrice qui croyait en nos capacités.C'était pourtant dans un département qui se nomme la Seine St Denis...  yes

      • Mercredi 16 Mars 2016 à 22:21

        nous étions voisines (95 limitrophe du côté du 93 zep +++ de nos jours et déjà dans un contexte socio-économique bien tendu à l'époque , comme quoi ...)

      • Mercredi 16 Mars 2016 à 22:24

        Eh oui, fran24. Pourtant, quand on ose le dire, ceux qui voudraient cantonner les élèves dans quelques petites tâches orales nous rient au nez en parlant d'âge d'or fantasmé...

    7
    Vendredi 18 Mars 2016 à 17:51

    Remarques :

    a) Je trouve que, dans le passage suivant de ton texte, 

    "Enfin parce que, si la conjugaison de ces verbes est simple, ces derniers ne sont pas aussi courants que les verbes du premier groupe et qu'à l'école primaire, il faut procéder graduellement et de manière globale."

    on a du mal à saisir qui sont "ces verbes" et "ces derniers".  

    b) note 3 : "vont (faire) prendre conscience aux élèves"

    c) Hésitation sur "obéit" que j'aurais remplacé par "obéissait" dans le passage suivant. 

    "Les enfants qui y entraient avaient presque tous sept ans révolus et, quand ils en sortaient, généralement deux années plus tard, c'étaient des enfants de huit à dix ans. 

    Coup de chance, la partie élémentaire des programmes d'acquisition des mathématiques et du fonctionnement de la langue française obéit aux mêmes règles ! Ce qui fait que nos jeunes élèves de sept à neuf ans y évoluaient pas à pas, en terrain connu, pour y apprendre de petites choses élémentaires qui, mises bout à bout,  finissaient par constituer un joli socle sur lequel le cours moyen et le collège allaient pouvoir bâtir autant de statues différentes qu'il y avait d'élèves !"

      • Vendredi 18 Mars 2016 à 18:47

        Oui, en effet, ce n'est pas très, très heureux... Je verrai à modifier ça. Tu as une idée ?

    8
    Vendredi 18 Mars 2016 à 18:58

    Attends cinq minutes, je réfléchis... 

    9
    Vendredi 18 Mars 2016 à 19:15

    Je t'envoie un mail pour ne pas alourdir les commentaires. 

      • Vendredi 18 Mars 2016 à 19:20

        Voilà, j'ai changé : Enfin parce que, si les verbes du deuxième groupe se conjuguent de manière très simple car très régulière, nombreux sont ceux dont le sens est encore inconnu quand on a moins de huit ans. À l'école primaire, il faut procéder graduellement et de manière globale.

    10
    Normandyx
    Vendredi 25 Mars 2016 à 13:17

    Je souris en lisant tout cela, je viens de faire un passage dans un CM1-CM2 et de les faire travailler sur le passé simple des 3 groupes (pas tous le même jour) mais je n'en pouvais plus de poursuivre la lecture suivie commencée par ma collègue et voir des élèves chercher "furent" en le prononçant "furant" dans le dictionnaire ou me dire que "nous fûmes à la cabane" signifie que les trappeurs s'accordent une pause cigarette dans la cabane...

     

    Je crois que l'abandon de l'histoire lue par certains ou la sélection des ouvrages à lire dans des éditions récentes n'utilisant plus aussi souvent les récits passé simple/imparfait contribuent largement à l'affaiblissement de la connaissance intuitive et de la familiarisation qu'apportaient la lecture ou l'écoute des malheurs de Sophie ou de l'histoire de Boucle d'Or... L'affaiblissement général du niveau de langage dans les familles et l'appauvrissement du vocabulaire font le reste, lors d'un passage en collège avant l'informatisation des bulletins, une enseignante certifiée se moquait à voix haute d'une communication de la principale demandant de reporter les notes dans le classeur vert idoine, elle pensait qu'elle avait confondu avec pivoine pour définir une sorte de vert... sarcastic le recours à un dictionnaire ne lui était pas venu naturellement, aujourd'hui entre lexilogos et un conjugueur, on a encore plus de moyens pour découvrir les conjugaisons...

     

    J'ai aperçu la couverture d'un Genouvrier Gruwez, une édition antérieure à celle qui était à la mode dans mes débuts en élémentaire et qui s'appelait "grammaire générative et transformationnelle"  qui me donnait mal au crâne quand je devais préparer une séance avec les groupes "noyaux" les "arbres" et compagnie...

     

    Bravo Double Casquette, tu ne lâches pas l'affaire, n'étant pas encore grand père, je crois que je vais attendre d'être à nouveau concerné pour me replonger dans ces batailles...

     

     

     

      • Vendredi 25 Mars 2016 à 13:25

        Merci Normandyx. Et je persiste et signe en proposant des pistes et des solutions qui permettraient, si on voulait bien les essayer, de permettre aux élèves de CM1/CM2 de ne pas reconnaître un verbe aussi courant que le verbe être lorsqu'il est conjugué au passé simple !

        En lisant ce que tu écris, j'avoue que j'ai de la peine à garder mon calme et à me retenir d'aller insulter les tueurs de hérissons pour leur incomparable contribution à l'inégalité des chances.

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