• CP : Dictées de fin d'année

    CP : Dictées de fin d'année

    Dans certaines classes de CP, le manuel d'apprentissage de la lecture, avec ses dictées quotidiennes, est fini avant la fin de l'année scolaire et nous passons à des lectures dites « courantes » qui vont permettre à nos apprentis-lecteurs d'accélérer leur rythme de lecture, affiner leur compréhension, enrichir leur lexique et leur culture générale.

    Mais ce travail ne serait pas complet si, parallèlement à cette lecture oralisée, qui associe tout ce qui est du domaine du décodage et du verbal, nous abandonnions tout le travail entrepris dans le domaine de l'encodage et de l'écrit.

    C'est pourquoi, dans le cadre d'une utilisation du Livre des bêtes, on m'a demandé si je pouvais partager des dictées qui partent des histoires lues dans ce manuel. Je les partage donc à la fin de cet article. 

    Ce sont, comme précédemment, dans Nino et Ana ou dans Écrire et Lire au CP, des dictées pour apprendre l'orthographe et même mieux que cela :

    Des dictées pour apprendre que, pour se faire comprendre de tous, l'écriture se conforme à des codes

    Un enfant qui commence à écrire ne connaît aucune des règles, aucune des étymologies, aucune des raisons qui, au cours de l'Histoire de l'écriture du français, ont imposé à tel mot, telle orthographe et à telle relation grammaticale telle façon de la mettre en valeur.

    Tout cela, il va l'apprendre, au cours des cinq années d'école élémentaire et, dans l'idéal, au cours de ses années collège et lycée...

    À l'aube de cette longue période d'assimilation des règles, le mieux que nous pouvons faire pour nos petits CP, c'est de les habituer à :

    ♥ toujours être attentifs aux généralités orthographiques, en s'aidant de la signification des mots qu'ils observent

    ♥ toujours réfléchir avant d'écrire,

    ♥  toujours faire appel à leur dictionnaire mental avant de poser la pointe de leur crayon sur le papier

    ♥ toujours se questionner sur la signification de ce qu'ils vont écrire pour éviter les confusions

    Si déjà nous avons installé cela depuis la première dictée de mots ou de phrase de l'année scolaire, nos élèves de fin de de CP ont une bonne base que ces dernières semaines de l'année vont contribuer à consolider.

    Si cela n'a pas encore été fait parce que le guide pédagogique de notre méthode de lecture n'a pas éveillé en nous ce besoin de faire bien comprendre pour faire bien écrire, il n'est pas trop tard. Nous serons juste un peu moins ambitieux au départ et nous commencerons à installer ces quatre réflexes qui aideront nos élèves au quotidien pendant leur année de CE1.

    Organisation du travail :

    1) La veille pendant la lecture :

    Chaque jour, avec nos élèves, nous lisons un texte du Livre des bêtes de la même manière que nous lisions un texte des livrets d'apprentissage de la lecture. Voici ce qu'une petite souris, cachée dans un coin de la classe entendrait :

    « Paul, peux-tu nous lire le titre de l'histoire ?

    – Marianne et l'âne Martin.

    – De quoi va parler cette histoire, Paul ?

    – D'un âne et de... Marianne.

    – Comment s'appelle cet âne, Emma ? Paul vient de nous le dire.

    – Martin ?

    – Oui, Martin. Et qui doit être Marianne, Jordan ?

    – Un quelqu'un ?

    – C'est cela, tu as raison, c'est très certainement une personne. Nous verrons dans l'histoire qui est cette personne.

    – Continue à lire, Emma, jusqu'au premier point.

    – Au petit trot, au petit trot : c'est Marianne qui va au moulin.

    – Très bien. Tu nous expliques ce que tu viens de lire ?

    – Ils disent que Marianne, elle va au moulin au trot.

    – Jordan, tu sais ce qu'est un moulin ?

    – Non.

    – Alors regarde sur l'autre page, tu vois l'image de gauche, celle-ci ? C'est ça, un moulin. Lis-nous ce qui est écrit sous cette image.

    – Dans... un... moulin... on... écrase... le... grain... entre... deux... grosses... meules... de... pierre... pour... en... faire... de... la... farine...

    – Tu as compris ?

    – Pas trop.

    – Qui peut lui expliquer ? Fatou ?

    – C'est là qu'ils font de la farine. Avec des grains de blé. Comme dans la Petite Poule Rousse. Le moulin, il écrase le blé et ça fait de la farine.

    – Parfait Fatou, c'est exactement ça. Continue à lire, puisque Jordan a lu la définition du moulin. À la troisième ligne du premier paragraphe. Je vous relis tout avant. Suivez avec votre doigt. Marianne et l'âne Martin. Au petit trot, au petit trot : C'est Marianne qui va au moulin. Continue Fatou. Toute la ligne et tu t'arrêtes.

    – Elle fait trotter son âne Martin. ... C'est Marianne, elle fait avancer Martin. Au trot. Comme en sport quand nous, on trotte autour du gymnase.

    – Très bien. À Mia, Vas-y Mia, tu nous lis tout ce qui est entre les guillemets qui servent à montrer ce que dit la petite fille qui s'appelle Marianne.

    – « Allons, Martin ! plus vite, s'il te plaît ! » Elle veut que Martin, il se dépêche.

    – C'est ça, tu continues, Mariam.

    ... Et ainsi de suite jusqu'à

    – Léon, lis-nous le titre du dernier exercice.

    – Nous lisons :

    – Continue. Lis ce qui est écrit en caractères gras au milieu de la page.

    – Je coupe les mots en syllabes.

    – Tout le monde sait ce qu'est une syllabe ?... Louis ?

    – C'est ce qu'on dit quand on coupe les mots en parlant comme des robots. Je... suis... un... ro...bot... Je... cou... pe... les... sy...lla...bes.

    – Tout à fait. Tu as très bien expliqué ça. Tiens, continue en nous lisant le premier mot de la colonne de gauche.

    – moulin égale mou... lin. Ah oui, j'ai compris ! On lit le mot en vrai et après, on le lit comme un robot qui comprend rien ! Je peux continuer ?

    – Non. Marcia et Aaron n'ont pas lu, c'est leur tour. Et après, tu connais la règle, ce sont les premiers qui ont lu qui liront une nouvelle fois. Mais tu peux essayer de lire plus vite qu'eux, dans ton chuchoteur. Et demain, tu liras dans les premiers puisque nous prendrons la liste des enfants de la classe à l'envers. À toi, Marcia. Le deuxième mot de la colonne de gauche. En dessous du mot moulin.

    meunier, le monsieur qui travaille dans le moulin et qui fait la farine...

    – Oui, très bien. Tu continues ? Lis les syllabes du mot meunier, s'il te plaît.

    – meu... nier Deux syllabes !

    Et ainsi de suite jusqu'à ce que Jordan ait lu les deux syllabes du mot chercher.

    2) Préparation de la dictée :

    Avant de distribuer les feuilles pour le travail du soir (ou de faire copier ces « devoirs » dans l'agenda), nous écrivons les mots suivants au tableau :

    pendant ce temps ; la bonne herbe

    et nous demandons à deux de nos élèves les moins avancés de nous lire la première, puis la deuxième de ces expressions.

    Si le niveau de langue de notre classe est faible, nous profitons de ce moment pour faire employer ces expressions dans des phrases que les enfants inventeront eux-mêmes ou avec notre aide :

    Ma sœur finit ses devoirs et moi, pendant ce temps, ... ⇒ Et moi, pendant ce temps, je prends ma douche ; et moi, pendant ce temps, je joue aux jeux vidéo ; ...

    La bonne herbe a poussé, quels animaux sont contents de la manger ? ⇒ Les vaches sont contentes de manger la bonne herbe ; les chèvres sont contentes de manger la bonne herbe ; ...

    Puis vient le temps d'observation de l'orthographe de ces mots. Voici ce qu'entend la petite souris :

    – Regardez le premier mot, Jordan, peux-tu nous le lire.

    Pendant.

    – Très bien. Est-ce que c'est un mot très simple à écrire ? Fatou ?

    – Non. Parce qu'il y a les deux [ã], d'abord celui qui s'écrit E.N. et après celui qui s'écrit A.N.

    – Très bien. C'est tout ? Mia ?

    – Non, il y a le T aussi. Ça finit par un T qui est muet, parce qu'il n'y a pas de voyelle après.

    – Très bien. Vous avez vu ? Nous allons encadrer ces trois difficultés, comme ça, ce soir, à la maison, vous saurez ce que vous devez retenir quand vous voudrez écrire le mot pendant avec l'orthographe qui convient.

    – Continuons. Lis-nous le mot suivant, Mariam.

    Ce. Il est tout petit. Mais il faut pas se tromper pask'il n'a pas de S, il a un C qui se prononce [s]. Quand y'a un E, le C, il imite le serpent !

    – Oui, c'est ça. Mais moi, ce qui m'intéresse, c'est pourquoi ce petit mot, ce, s'écrit avec un C... Quelqu'un s'en souvient ? Nous en avons déjà parlé... Non, personne ? Alors je vous aide. Regardez-moi...

    L'enseignant plie majeur, annulaire et auriculaire de sa main gauche et forme la lettre C avec le pouce et l'index. Puis il montre l'horloge avec ces deux doigts tendus et dit :

    – Pendant ce temps, ce temps que je te montre sur l'horloge.

    –  Ah oui ! C'est le petit mot pour montrer quelque chose ! Ce temps-là, que je te montre. Ce cahier que je te montre, ce stylo que je te montre, ce garçon que je te montre, cette fille, ah non, par cette fille, ce chouchou dans les cheveux que je te montre !

    – Oui, c'est ça, bravo ! Vous êtes vraiment très forts en orthographe. Nous continuons. Achille, le dernier mot. Celui-ci.

    temps. Pendant ce temps. C'est le temps qui passe.

    – Et le temps de la météo aussi.

    – Oui, c'est bien. Est-ce que c'est un mot très facile à écrire, juste en disant la syllabe [tã].

    – OH NOOOOON ! C'est très difficile, toutes ces lettres !

    – Y'a que le T qui est facile. Après, c'est super dur !

    – Oui, vous avez raison, c'est un mot très difficile à écrire. Le mot temps est un mot qui nous vient du latin, la langue que parlaient les Romains qui sont venus habiter là où se trouve notre pays maintenant avec leur chef Jules César.

    – Le Jules César d'Astérix et Obélix ! Oui, j'ai vu le film !

    – C'est ça. Tu nous parleras du film un autre jour, nous travaillons sur l'orthographe du mot temps. Figurez-vous que les Romains ne disaient pas [tã] comme nous. Ils disaient [tɛmpus] qu'ils écrivaient comme ceci : TEMPUS. Alors, quand les Français ont voulu choisir une orthographe pour le mot [tã] qui signifie le temps qu'il fait ou le temps qui passe, ils ont utilisé l'orthographe des Romains en enlevant juste la lettre que nous ne prononçons pas lorsque nous disons [tã] . Qui peut nous dire quelle est cette lettre inutile en français ?

    – C'est le U ! En français, on ne dit pas le U !

    – Très bien. J'efface le U dans le mot romain et Ethan va nous lire le nouveau mot, le mot français.

    – Temps. Tu as écrit temps. Il y a deux lettres muettes ! C'est très rare, les mots qui ont deux lettres muettes.

    – C'est ça. Le P et le S sont devenus muets quand nous avons effacé le U. Le temps qui passe ou le temps qu'il fait s'écrit comme ça. Épelons-le tous ensemble plusieurs fois pour bien le retenir.

    – T.E.M.P.S... T.E.M.P.S... T.E.M.P.S.

    – Parfait. Et maintenant la deuxième expression à revoir à la maison ce soir, pour la dictée de demain. Firmine ?

    – La bonne herbe. La, c'est facile. L.A. ça se prononce la ! Après bonne, c'est faci... ah non ! Il y a deux N !

    –Très bien. Il ne faut pas oublier les deux N lorsque nous écrivons le mot bonne. Et le dernier mot de l'expression, s'il te plaît, Gaia ?

    – Herbe ! C'est difficile. D'abord, il y a le H muet. Et puis le son [ɛ] qui s'écrit E tout seul, sans accent.

    – Oui, tu as raison. Quelqu'un sait pourquoi il n'y a pas d'accent sur le E ? Nous l'avons dit un jour. Même plusieurs fois, d'ailleurs. Oui, Liam ?

    – C'est parce que... C'est à cause du R, je crois. Parce que le E, il est au milieu.

    – Oui, au milieu de quoi ? Marceau ?

    – Au milieu de la syllabe ! [ɛR]... [bə].

    – C'est à peu près ça. Il vaut mieux dire que le son [ɛ] n'est pas à la fin de la syllabe. Quand le son [ɛ] n'est pas à la fin de la syllabe et qu'il y a un autre son après, nous devons l'écrire sans accent : [ɛR], nous l'écrivons E.R, [ɛl], nous l'écrivons E.L., [ɛS], nous l'écrivons E.S., etc.

    – Qui nous rappelle ce que je dois encadrer dans la deuxième expression pour que vous n'oubliiez rien ce soir, s'il vous plaît ? Nora ?

    – La, rien, c'est normal, bonne, les deux N et herbe, le H muet et le E qui se prononce [ɛ].

    – Très bien. Olyviah, tu veux ajouter quelque chose ?

    – Oui, moi, pour herbe, je préfère apprendre toutes les lettres, comme ça, je me tromperai pas : H.E.R.B.E, c'est facile. Herbe, H.E.R.B.E.

    – Si tu préfères, oui, tu peux aussi faire comme ça. L'important, c'est que tu te souviennes de l'orthographe de ce mot et que tu l'écrives de cette manière chaque fois que tu l'écriras.

     3) Pendant la dictée :

    Le déroulement de la dictée et les conseils pour toutes les dictées se trouvent dans le cahier ci-dessous. Je ne les développerai pas ici.

    Le cahier de l'enseignant pour les dictées :

    Je rappelle que ce cahier est destiné à la fin de l'année de CP, une fois que le ou les livrets d'apprentissage de la lecture (GCP, mais aussi compréhension, vocabulaire, orthographe et étude de la langue de préférence) est (ou sont) fini(s).

    Par commodité, et peut-être aussi parce que, dans certaines classes où les élèves sont arrivés tous ou presque tous déchiffreurs au début de l'année, et que, de ce fait, les dernières CGP ont été traitées dès le mois de décembre ou janvier, j'ai répertorié tous les textes du Livre des bêtes

    Mais il faut bien reconnaître que ce cas est extrêmement rare et que, dans la plupart des classes de CP, nous dépassons rarement Renard et le jeune Coq ou, L'âne Grison et son maître.

     Même si nous continuons le Livre des bêtes à la rentrée suivante, même dans une classe de CP-CE1 dont nous suivons les élèves sur deux ans (ou plus), je ne conseille pas de continuer cette série de dictées à la rentrée suivante.

    En effet, les vacances d'été auront joué leur rôle de décantation des savoirs. Elles n'auront laissé en mémoire que les savoirs sûrs et solides. 

    Si nous voulons continuer ces dictées comme nous le faisions deux mois plus tôt, nous risquons de nous épuiser à obtenir,  la réactivation des mots ou parties de mots signalées en jaune (connaissances lexicales en cours d'automatisation) ou ou en gris (connaissances grammaticales en cours d'automatisation), tout simplement parce que ces savoirs n'étaient pas réellement sus.

    Il vaut bien mieux, même si, pour tout adulte sensé et raisonnable, cela paraît une énorme régression, démarrer l'année avec CE1 : Orthographe graphémique.

    Cela va nous permettre de réaffirmer ces savoirs sûrs et solides et en faire un tremplin qui permettra à tous nos élèves (ou quasiment tous) de rebondir bien plus haut que si nous les avions soumis au forcing de la reprise sur les savoirs encore boiteux que nous constations, de temps en temps, et grâce à la sagacité éphémère de certains, au mois de juin précédent.

    Après toutes ces précautions d'usage, très importantes, voici le cahier que vous pourrez imprimer en format livret de manière à avoir à votre disposition un petit cahier A5 regroupant toutes vos dictées jusqu'à la fin de l'année de CP de vos élèves :

    Télécharger « LDB-Dictées.pdf »

    ainsi que, pour rassurer vos collègues qui s'inquiètent parce que vos élèves n'ont pas appris leurs mots-outils, le répertoire des mots vus, et revus au moins trois fois pour certains, au cours de toutes ces dictées :

    Télécharger « LDB-Répertoire mots dictées.pdf »


  • Commentaires

    1
    Pauline
    Samedi 22 Juin à 11:18
    Un grand merci pour ces dictées qui me seront utiles ! J'ai la chance d'avoir le manuel pour chaque élève de ma classe et nous le lisons en période 5. Jusqu'ici j'inventais des exercices de copie et de dictée autour des histoires mais ce sera plus structuré ainsi !
      • Samedi 22 Juin à 12:02

        Ravie de vous avoir rendu service par ce petit travail de compilation ! Bonne fin d'année scolaire !

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