• Bientôt l'époque des inscriptions !

     

    Bientôt l'époque des inscriptions !

    Illustration de Sophie Borgnet, extraite de Se Repérer Compter Calculer en GS

    Eh oui, la projection dans le temps a débuté ! Chez nous, les instits, on pense à la carte scolaire, aux demandes de mutation, aux effectifs de l'an prochain dans notre école et à leur conséquence sur le nombre de classes et leurs niveaux. Chez les parents de tout-petits, surtout lorsque c'est leur premier enfant, c'est l'angoisse du choix. Bébé, qui n'est plus un bébé parfois, entre ou va entrer dans sa troisième année. Il est sur le point d'acquérir, à moins qu'il ne l'ait déjà acquise, ce qu'on appelle en jargon Ed. Nat. la propreté diurne.
    Dans les villes et villages où les enfants de moins de trois ans ont encore leur place1 à l'école, il peut se préparer à faire sa première rentrée en septembre 2014...

    Nota bene : Que les choses soient claires tout de suite pour tous ceux qui trouvent ignoble de priver un tout-petit de sa maman. Je parle bien des enfants dont les parents se posent la question et qui, de toute façon, passent déjà leurs journées entre des mains mercenaires et rémunérées. Loin de moi l'idée de pousser une famille à se débarrasser de son enfant à l'école. Je ne fais pas partie de ceux2 qui pensent que l'enfant appartient à l'État avant d'appartenir à sa famille. En revanche, je suis persuadée que si la France de 1914 à 1918, celle de 1930, celle de 1939 à 19503, pouvait proposer la scolarisation maternelle des tout-petits , celle de 2014 le peut aussi. À condition bien sûr qu'elle ait fait le choix de laisser l'Éducation et ses fonctionnaires à la charge de l'État. Et cela, c'est à voir...

    Il peut donc être inscrit... Oui mais... On s'angoisse. Il est chez la nounou, actuellement... Et puis, il y a l'option "crèche", séduisante elle aussi... Ils sont moins nombreux, en crèche... Cela veut forcément dire que les adultes sont plus proches d’eux, non ?

    J'aimerais pouvoir être pleinement sûre de moi en conseillant l'École. Elle s'impose selon moi pour tous les enfants nés entre janvier et juin. Elle devrait être une meilleure solution que la crèche pour ceux nés entre juin et septembre. Elle peut très bien s'adapter, je l'ai vue le faire, aux enfants nés entre septembre et décembre, une fois leur anniversaire de deux ans passé, s'ils sont "propres".

    J’aimerais… mais je ne peux pas, à cause des consignes qu’ont reçues et reçoivent les Professeurs des Écoles… Depuis au moins quinze ans, on leur a expliqué que les enfants de moins de trois ans n’avaient pas leur place en école maternelle. Il y a même un ministre qui a dit que leur rôle n’était pas de changer des couches et de surveiller des siestes, ce qui prouvait que ce brave monsieur ne faisait pas plus qu’eux la différence entre une école, même maternelle, et une crèche. On revient actuellement à l'idée de scolarisation des tout-petits, parce que l'OCDE l'a gratifiée du titre ronflant de structure d'accueil offrant le meilleur rapport qualité-prix pour les enfants de plus de deux ans mais le moins qu'on puisse dire c'est que le retour est timide, peu convaincu et convaincant (voir note 1).

    J'aimerais... mais je ne peux pas, à cause des programmes aussi, qui ne tiennent aucun compte des énormes différences qui existent entre un enfant de deux ou trois ans et un de six ans. Ils proposent bien quelques Repères pour organiser la progressivité des apprentissages à l’école maternelle, mais seulement en Annexe et dans le seul domaine de l’Appropriation du langage, mais je ne peux pas garantir que ces collègues formés par des adeptes des Cycles d’apprentissage et des compétences à valider en fin de cycle les ont lus et adoptés. Je sais qu’il y en a, sans doute de plus en plus, mais je ne vois que la partie émergée de l’iceberg Enseignants de Maternelle, celle qui fréquente certains blogs et certains forums. Je sais qu’il y en a d’autres qui continuent à croire que ce qui est bon pour un enfant qui va entrer au CP est aussi valable pour un petitou qui marche parfois depuis moins d’un an. Ceux-là sont persuadés que, parce qu'il n’adhère pas à leurs projets et objectifs, l’enfant de deux ans n’a rien à faire dans leurs classes…

    Je suis néanmoins sûre d’une chose : la crèche reçoit des enfants de 3 à 36 mois. Un enfant qui atteindra ses 36 mois moins de six mois après son inscription risque très vite de s’y ennuyer et de se trouver limité par le manque de stimulations que son âge réclame.
    Le petit groupe risque aussi de limiter son champ d’investigation, surtout si c’est une petite crèche. En crèche, une personne s’occupe d’une dizaine d’enfants dont l’âge est compris entre … et … . Plus la crèche a un petit effectif global et plus les âges sont variés au sein d’un groupe. L’enfant de presque trois ans peut n’avoir comme camarades que deux ou trois enfants avec lesquels interagir à sa mesure. Et les activités qui intéressent un enfant de 15 mois n’ont rien à voir avec celles passionnant un grand, même de seulement 25 à 30 mois !

    Les copains !. Ceux avec lesquels on va commencer à parler, à échanger, à partager… Ceux qu’on admire parce qu’ils nous font rire, qu’ils savent grimper sur la petite marche et sauter, qu’ils nous donnent la main dans le rang ou qu’ils racontent des histoires passionnantes… pour un enfant de trois ans ! Ceux qui, même si les activités prévues par la maîtresse sont horriblement primarisantes pour des petits bouts de cet âge-là, les rendent intéressantes et instructives parce qu’on y interagit avec ses pairs dans un environnement structuré conçu pour nous. Pour cela, au moins, je conseille plutôt l’école que la crèche

    Et puis, après tout, il existe des crèches où les soignantes laissent les enfants devant la télé ou tolèrent que deux enfants de trois ans s’en prennent à un bébé de deux et des écoles où la maîtresse et l’ATSEM organisent un lieu de vie calme et serein pour leurs bambins de Petite et Toute Petite Section. Comme il existe des nounous formidables qui vont une fois par semaine à la Maison de Retraite accompagner leurs petits pupilles pour qu'ils fassent de la cuisine, du chant ou du jardinage avec les papys-mamies et d’autres qui les laissent "de longue" devant les dessins animés violents pendant qu’elles surfent sur Facebook avec leurs copines4 !

    Alors, pour tous les indécis, le mieux, c’est d’aller voir, sans et avec l’enfant. On passe à l’heure de la récréation ou de l’entrée en classe devant la cour d’école et celle de la crèche, on reste un moment, on regarde, on écoute. On revient quelque temps plus tard avec l’enfant, il regarde, il écoute. Puis on demande rendez-vous avec la directrice et on amène le petit. On pose toutes les questions qui nous taraudent et on prend le pouls de l’ambiance. Si on nous y autorise, on visite et on observe. Les affichages, les rangements, les jeux, les adultes qui sont encore là, les enfants s'il y en a… Est-ce que tout cela attire l’enfant ? Est-ce que cela correspond à ce qu’il aime et à ce qu’on attend pour lui ?

    Le plus dur est de se projeter dans l’avenir. Dans six mois, il aura vécu un quart de sa vie de plus. C’est énorme. Comment était-il, il y a six mois ? Qu’aimait-il et que comprenait-il ? Quels bonds en avant va-t-il encore faire pendant ce laps de temps ? Quelle structure sera le mieux adaptée à ce qu’il sera alors ?

    Moi, je ferais le pari de l’école, juste parce que, de toute façon, l’âge de la crèche sera bientôt un âge révolu pour lui. Mais je n’oblige personne à me suivre.

    Dernière petite chose, en crèche, les enfants sont encadrés par des auxiliaires de puériculture, diplômées à CAP+1. Seules les crèches accueillant 40 enfants et plus sont tenues de salarier une éducatrice de jeunes enfants, diplômée à bac+3.
    À l’école maternelle, les professeurs des écoles ont été recrutés au niveau Master 2 et les ATSEM, qui n’interviennent jamais seules et en responsabilité, sont titulaires d’un CAP Petite Enfance.

    Bon choix !

    Notes de bas de page artisanales :

    1. Ou de nouveau, mais là, je crois que c'est un peu plus compliqué que ça… Des histoires de partenariat, de coéducation, de responsabilités conjointes ou un nombre de places horriblement limité… Je vous expliquerai un jour. 

    2. Mais y en a-t-il vraiment en 2014 ? Je demande à voir.

    3. Dans des classes à 50 mais, à l’époque, cela ne choquait personne que leurs aînés apprennent à lire dans des CP à 45. Autre temps, autres mœurs, les effectifs que nous réclamons sont bien sûr ceux du XXIe siècle, il n’y a qu’à enlever quelques ministres avec leur staff et leurs frais annexes, un instit, ça coûte beaucoup moins cher… 

    4. Je peux citer les noms et les lieux où des enfants proches de moi ont vécu ces événements…


  • Commentaires

    1
    Mercredi 2 Avril 2014 à 13:02

    Joli lapsus en note de bas de page sur les effectifs du XIXème siècle ! 

    2
    Mercredi 2 Avril 2014 à 14:12

    Hi hi hi hi ! Je corrige ! Merci !

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