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Visite Médicale
Cette année, j'en suis à mon deuxième passage de l'Infirmière Scolaire. La première fois, elle est venue seule et a pris tous les CE1 et tous les CE2 l'un après l'autre (plus trois petits CP pour lesquels l'an dernier, elles avaient remarqué un truc ou un autre).
Aujourd'hui, elle est revenue, avec le Médecin Scolaire cette fois, et ce sont les élèves de GS et leurs parents qu'elles ont reçus un à un.C'est très bien et je suis bien contente que nous ayons encore une Médecine Scolaire de qualité dans notre secteur !
Seulement, il y a un truc qui m'étonne...
L'an dernier, j'ai été inspectée. Mon IEN ne m'a pas demandé à voir le travail de plusieurs élèves. Il ne m'a pas demandé de les faire lire à haute voix. Il n'en a interrogé aucun pour savoir s'il savait combien faisaient "cinq fois quatre" ou "trois fois six". Il n'a pas cherché à savoir si mes élèves de CE1 savaient accorder un verbe avec son sujet, ou un adjectif qualificatif avec un un nom. Il n'a même pas vraiment vérifié si mes élèves de CP savaient lire autre chose que le texte que nous étions en train de déchiffrer bravement et, qu'après tout, j'aurais pu leur avoir appris par cœur pour le jour de Monsieur l'Inspecteur.
Déjà ça, pour une vieille instit comme moi qui ai encore vécu les inspections commencées dans le couloir, oreille collée à la serrure, c'est étonnant. Un IEN qui ne se préoccupe pas du niveau que l'enseignant conditionne chez ses élèves, simplement en leur apportant de la matière, du contenu, et en les encourageant à les assimiler jusqu'à les faire leurs...
Or là, pour ces deux visites médicales, c'est ce qui s'est passé. L'infirmière a demandé à voir les cahiers du jour des CE1 et des CE2. Elle les a fait lire. Elle est venu d'ailleurs après m'annoncer qu'elle trouvait que Malicia et Mafalda lisaient vraiment très bien, que Lino, Lisette et Oui-Oui se débrouillaient bien mais que pour Kimamila, Aimé, Tom-Tom et Loulou, ce n'était pas terrible, terrible.
"Eh oui ! Ma brave dame ! Je sais bien... " lui avais-je répondu, avant de me demander in petto comment cela se faisait que c'était une infirmière qui venait inspecter le travail des instits, maintenant...Aujourd'hui, même chose.
"Justinien ne connaît pas ses chiffres...
- Euh oui, normal, je suis en expérimentation SLECC et ma progression n'introduit les nombre qu'un par un, pour en étudier toutes les facettes avant de passer au suivant... Nous venons de commencer 4. Normal qu'il ne sache pas lire les suivants.
- Ah. Oui mais il aurait pu apprendre ça ailleurs... Beaucoup d'enfants le font. Et puis, en phonologie, il n'est pas très à l'aise.
- Hein ? [Le gamin et sa voisine venaient à eux deux de m'épeler le mot "seras" ... Et c'était ce Justinien-là qui m'avait dit "s ! Avec tu, on met s !" Je précise que nous n'avions encore jamais épelé de mot et que "seras" n'était pas écrit sous leurs yeux]
- Oui, l'exercice où il devait dire la première syllabe du mot, il n'a pas su faire...
- Ah, d'accord. Oui, ça, il n'est pas entraîné, nous ne le faisons pas. J'ai une progression différente.
- Oui mais, ailleurs, il aurait pu l'apprendre. Beaucoup d'enfants le font."
Oui, je sais ! Il n'est pas prévu que ce soit l'école qui apprenne... Enfin... Je ne sais plus. D'ailleurs, je vais vous demander, tiens.
"Dites-moi. Je suis très étonnée. Vous semblez beaucoup plus vous préoccuper du niveau de mes élèves que ne le fait mon IEN lui-même. Comment cela se fait-il ?
- Mais nous l'avons toujours fait...
- En GS, oui, vous vérifiiez le niveau global de développement [mais jamais la lecture des chiffres et les exercices de Phono de Goigoux et Cèbe, quand même] , mais au CE1 et 2, c'est nouveau, non ?
- Ah oui, peut-être. Mais c'est comme ça maintenant. Notre rôle est de détecter l'échec scolaire et de trouver comment aider l'élève. C'est pour ça."
C'est pour ça... Notre hiérarchie se fiche complètement du niveau de nos élèves. Les infirmières scolaires s'y intéressent pour repérer l'échec scolaire. Mais elles ne tiennent pas compte des méthodes d'enseignement employées dans les classes. Et même, elles pensent qu'ailleurs, nos élèves auraient pu apprendre ce que nous sommes chargés de leur enseigner.
C'est moi qui marche sur la tête ou il y a un truc qui ne va pas, dans ce système ? J'ai vraiment eu l'impression que l'école n'existait plus, que l'expertise de l'enseignant n'existait plus et qu'on évaluait des individus arrivés à tel niveau seuls sans le concours d'un éventuel "médiateur" facilitateur des apprentissages (si on m'avait dit qu'un jour j'emploierais ces mots-là comme définissant mon rôle passé)...
Ne croyez-vous pas que ce soit encore le signe d'une nouvelle voie d'eau sur notre pauvre vieux radeau ?
Tags : medecine scolaire, niveau, inspection, echec scolaire
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Commentaires
Je suppose que oui. Mais je n'en sais rien. Pour les petits de cinq ans, aujourd'hui, un des parents était présent.
L'autre jour pour les plus grands, les carnets de santé ont été pris et rendus en fin de visite.
Cela me fait penser que je n'ai même pas eu l'occasion de leur dire que Petit Discret ne mange rien, mais alors rien du tout, à la cantine.
Donc, l'échec scolaire est devenu une maladie relevant de la médecine ... Bien bien. Entérinons ce fait !
Et comment ça se fait que tu n'as pas sorti cette gonzesse de l'établissement à coups de pied au c*** ?
En plus, elle peut semer le doute dans l'esprit des parents, leur faire perdre confiance en toi. C'est totalement inadmissible !
C'est tout à fait logique, puisque les diagnostics de dys-quelque chose sont posés par des médecins. Qui dit diagnostic, dit prévention ou dépistage !
De toute manière, j'en discutais avec l'orthophoniste qui bosse en face de mon école : elle me confirmait que nombre de ses "patients" apprennent en fait à lire dans son cabinet, en cours particuliers aux frais de la sécu. C'est un moyen détourné de donner un enseignement efficace de la lecture à des petits qui sont à la CMU ou à l'AME.
De plus en plus, la difficulté scolaire est médicalisée et traitée par des professions paramédicales.
J'ai discuté ce midi (et ce soir) avec la mère de Justinien, prof de lettres modernes. Elle a été un peu ahurie qu'on lui annonce que son bonhomme était un peu en retard en maths parce qu'il avait confondu le 6 et le 9.
D'un autre côté, elle s'est dit que son fiston savait faire d'autres choses qui n'avaient pas été évaluées (compter une somme, une différence, un produit, un partage en deux) et que c'était bien bon.
Mais elle est prof, coordinatrice de REP, déléguée de parents, pitoupitou, et elle a confiance en nous, les instits. Les autres, si on leur a annoncé des soucis, comment l'ont-ils pris ?
PS pour Pascale : Le médecin scolaire fait partie des personnes que nous nous devons de recevoir dans l'école, installer confortablement, donner les renseignements qu'elles nous demandent, alerter en cas de soupçons de maltraitance, de difficultés familiales, etc.
Tu veux dire chez vous ? Chez nous, si. Le médecin scolaire, l'assistante sociale et le gendarme référent. Enfin, théoriquement.
Oui, chez nous. Même en cas de certitude de maltraitance, on ne sait à quelle autorité en référer. Tout le monde s'en fiche. Il faut alerter une SPA (association loi 1901 ) qui fait une enquête puis se porte partie civile. Mais les SPA sont débordées et en plus, elles ne font pas dans la dentelle quand elles se mettent sur une affaire. Il n'y a pas d'autorité républicaine pour les maltraitances envers animaux.
Mais enfin, pour en revenir à nos moutonssss, je suppose que si un gosse est tubard ou dénutri, au milieu de tout ce fatras, personne ne s'en rendra compte ?
Là est en effet une partie de la question... Figurez-vous que j'ai réalisé hier soir que je voulais parler de Kimamila et de sa façon de se coucher sur la feuille. Pourtant, j'avais bien dit à la mère que j'en parlerais à l'infirmière mais comme cette dernière m'a parlé école, j'ai oublié le médical.
Je me demande si je ne vais pas faire la même chose et envoyer à la famille un papier à en-tête de l'école et signé "La Directrice" les enjoignant de consulter un ophtalmo le plus vite possible (ne me faites pas rire, j'ai les lèvres gercées) car nous avons constaté des problèmes de vue qu'il serait bon de faire confirmer par un spécialiste par quelqu'un qui a le temps et le matériel que je n'ai pas !
Ma collègue syndicaliste de FO m'a dit que c'était la mise en place des PAI ( projet d'accueil individualisés http://www.esen.education.fr/fr/ressources-par-type/outils-pour-agir/le-film-annuel-des-personnels-de-direction/detail-d-une-fiche/?a=84&cHash=e800bc08c1) qui avait provoqué l'intervention des médecins scolaires tous azimuts dans la pédagogie. Ils sont maintenant "missionnés" pour ça, même s'ils ne sont pas assez nombreux pour assurer l'essentiel sur le plan sanitaire. C'est quand même plus valorisant de s'occuper de dyscalculiques que de mal nourris, de mal entendants ou autres astigmates.
Encore un coup qu'on a à peine eu le temps de voir venir tellement on s'en prend sur la tronche.C'est d'autant plus incroyable que cette année, dans mon département, la validation des PAI ne passe plus par le médecin scolaire.
On imprime sa petite feuille que les parents remplissent et à laquelle ils joignent l'ordonnance du médecin et le matériel médical indispensable à l'enfant. Ils rapportent tout cela à l'école. Le directeur, pour le scolaire, et le maire, pour le périscolaire*, contresignent le projet d'accueil. Et vogue le navire !
À partir de là, des personnes ne disposant d'aucune formation aux premiers secours peuvent administrer médicaments, soins, tout ce qu'on veut ! Ils ont l'autorisation du directeur et du maire qui prennent sous leur responsabilité ces essais d'actes paramédicaux qui étaient autrefois autorisés par la personne qui maintenant contrôle les performances scolaires des enfants en bonne santé physique...
* Comment "ce n'est pas (encore) la même chose, le scolaire et le périscolaire" ? Eh bien, pour l'accueil individualisé des élèves présentant une pathologie invalidante, si, si, les PEdT existent déjà.
20françoise svelMardi 10 Décembre 2013 à 21:45J'attends avec angoisse le moment où les accoucheurs devront remplir des fiches de pré-dépistage de risque d'échec scolaire quand le nouveau- né ouvrira le bec pour la première fois...
Pourquoi les accoucheurs ? On ne t'a pas dit ? Eux, ils vérifient la pression des pneus, maintenant. Et ils valident les contrôles techniques des véhicules neufs et d'occasion.
Dans les salles de travail des maternités, ce sont les pilotes de ligne qui s'occupent des tests de dépistage de l'échec scolaire. Et les confiseurs vérifient les tests effectués par les pilotes et distribuent les bulletins d'inscription chez les orthophonistes pour l'apprentissage de la lecture !
Aaaaaah d'accooooooord ! Je n'avais pas compris. Je croyais que ça avait un rapport avec l'école qui n'évalue plus le niveau et la médecine scolaire qui établit des bulletins !
Complètement à côté de la plaque, j'étais !
Evidemment, vu l'heure à laquelle j'ai fini lesdits bulletins et l'état dans lequel j'étais, je ne pouvais pas être claire.
Quand on pense en plus que tout ça c'était pour partir à l'école les mains dans les poches ce matin, oubliant tout simplement la pile de 25 bulletins à la maison... groumpf.
Tu crois qu'il faut que je me fasse psychanalyser sur ce coup-là ?Bon, en attendant, moi aussi, j'ai eu la dame des vaccins — on ne m'a même pas dit si elle était médecin, infirmière ou quoi ou qu'est-ce, c'est la dame des vaccins. Elle est venue récupérer les enveloppes que les parents ont naïvement données avec les carnets de santé. Elle a sélectionné les gamins à vacciner et les a vaccinés. Comme d'hab. A priori, elle ne semble pas avoir beaucoup débordé de son cadre, pour le coup.
Oui, sauf que ce matin, une mère très très contrariée est venue m'expliquer que sa fille avait été vaccinée par erreur contre la méningite, son vaccin étant parfaitement à jour ! Apparemment, la dame des vaccins n'a pas regardé la bonne page du carnet de santé, ou bien le gars qui a vacciné n'a pas mis le truc à la bonne page, je n'ai pas bien compris, en tout cas, ma petite a été doublement vaccinée hier. Avec ce truc hyper controversé contre la méningite que mon pédiatre m'avait déconseillé de faire aux enfants.
30françoise svelMercredi 11 Décembre 2013 à 20:40C'est vrai? Deux fois vaccinée? C'est scandaleux ça... est-ce que tu peux "faire remonter" comme on dit?
Je ne sais pas. Je n'existe pas vraiment dans cette chaîne-là : je transmets des enveloppes fermées dans lesquelles il y a le carnet de santé, je donne les enfants, c'est tout. Peut-être que le directeur pourra signaler la chose.
La mère était fâchée, mais relativement philosophe. Je crois qu'à sa place j'aurais pété un vrai scandale.
On vaccine encore. On n'a plus les dames des poux, on ne soigne plus les caries, mais on vaccine encore. Un peu trop, même, manifestement...
Ils vaccinent encore, par chez vous ? Nous, il y a bien longtemps qu'ils ne vaccinent plus.
Je ne sais même pas s'ils vérifient si les vaccinations sont à jour.
Avant, en tant que dirlotte, je jouais le jeu et réclamais à nouveau le carnet de santé au cours du CE1 pour vérifier si le rappel du DTPolio avait été effectué. Maintenant, je ne le fais plus. Tout le monde s'en fiche, de toute façon !
Ah bah voilà. Il fallait que ça arrive. Rikki répond à mon message avant que je l'aie posté parce que j'ai édité ce que j'avais dit pour le compléter.
Rikki a des superpouvoirs ! Comme mon Oui-Oui qui se prend pour un personnage de jeux vidéos !
36françoise svelMercredi 11 Décembre 2013 à 20:55Oui, moi aussi j'aurais râlé si on m'avait fait le coup! Un vaccin, ce n'est pas une gorgée d'eau! Mais c'est quoi ce bazar, n'importe qui fait n'importe quoi? Et moi quand je bossais , l'infirmière refusait de me faire (avec ordonnance) ma piqure de cortisone pour ma sciatique hors présence d'un médecin...
Ouais mais ça, c'était au bon vieux temps ! Celui où on soignait les sciatiques à la cortisone ... C'est fini, tout ça !
38françoise svelMercredi 11 Décembre 2013 à 21:47Je sais pas si ça les soignait, mais ça soulageait, c'est sûr!!! Et les vaccins c'étaient pour les gens non vaccinés, pas pour écouler les stocks... Et les médecins scolaires, ils étaient payés pour ...Bon, arrête de me faire passer pour un vieille!!!
39VudiciSamedi 14 Décembre 2013 à 19:31Pour le coup du vaccin, j'aurais g.. qu'on m'aurait entendue jusque chez DC, tiens!
Je briefe mes gamins à chaque intervention de la médecine scolaire: tu n'avales rien, et si on veut te faire une piqûre, tu hurles, tu mords s'il faut!
Et malgré l'attestation médicale de contre-indication vaccinale, "elle" insiste à chaque fois: tu es sûr? C'est gratuit, tu sais, maman ne paiera pas. Et c'est pour ta santé.
Moi, je ne mettais pas le carnet de santé, comme ça, j'étais sûre qu'ils ne pouvaient rien faire.
41françoise svelSamedi 14 Décembre 2013 à 21:17Bof ! Moi, j'ai été vaccinée à l'école et je ne suis pas plus bazut que la moyenne. J'ai même participé à quelques essais vaccinaux, quand j'étais étudiante. C'est un peu délire, cette parano sur les vaccins. Les gens qui ont eu la polio, ça les exaspère, même ... Bon, moi je n'ai pas eu la polio vu que j'ai été vaccinée bébé. Je préfère avoir été vaccinée qu'avoir attrapé cette saloperie.
Et je ne vous raconte pas la maladie de Carré ... Quelle cochonnerie mortelle, et dans quelles souffrances. C'est pas très joli à voir, une encéphalite virale.
Enfin, tout ça pour vous dire que la majorité des vaccins, c'est à peine plus qu'une gorgée d'eau.
Ce qui est pénible, c'est le lobby des labos pharmaceutiques. Faut pas tout mélanger. C'est comme le coup du lait qui est mauvais pour la santé. Faut pas confondre le lait sensu stricto et l'industrie laitière !
J'avais des élèves qui manquaient la semaine de la visite médicale. Les parents ne les mettaient pas pour être sûrs qu'on ne les vaccinerait pas de force.
Je n'ai jamais vu un membre de la médecine scolaire se préoccuper du fait qu'un gamin n'était pas vacciné. Je leur avais demandé ce que je devais faire en tant que directrice et laquelle des deux obligations étaient la plus forte : celle concernant la scolarisation ou celle demandant la vaccination.
Elles m'ont répondu que l'obligation scolaire prédominait. Pour les vaccins, il suffisait de demander le certificat médical de contre-indication sans se préoccuper du fait qu'il soit ou non de complaisance.Quand j'étais au Lycée, j'avais une camarade de classe qui avait eu la polio étant enfant. Dans les manifs quand elle courait à toute vitesse avec ses deux béquilles, elle nous faisait de la peine.
J'en avais une autre qui était chauve. Heureusement, les gamins ne sont pas très perspicaces et ce n'est qu'en Seconde ou Première que j'ai réalisé qu'elle portait une perruque. Avant, et elle était dans ma classe depuis la Sixième, je n'avais rien remarqué.
45françoise svelSamedi 14 Décembre 2013 à 22:01Tout à fait d'accord avec vous Pascale, je suis pour la vaccination (la maladie de Carré, j'ai vu, à sept ans, jamais oublié...)! Non, je voulais dire qu'elle ne doit pas être banalisée et que la moindre des choses est que les parents soient au courant, ce n'est pas pour moi un truc avec lequel on triche, ni qui se fait en douce, ni que l'on fait deux fois, c'est sérieux, je voulais dire "comment expliquer aux parents qu'une instit ne donne pas le carnet de santé"?
Je pense que Rikki voulait dire qu'en tant que mère, lors des visites de la médecine scolaire auxquelles étaient soumis ses propres enfants, elle ne donnait pas le carnet de santé, et non qu'elle ne les remettait pas au service de médecine scolaire pour ses élèves.
Je suppose qu'en tant qu'instit, selon qu'on exerce dans une petite bourgade où une majorité d'enfants sont des petits Français nés en maternité française et suivis plus ou moins bien, certes, mais suivis depuis leur plus jeune âge ou qu'on exerce dans une zone difficile avec des petits venus des quatre coins du monde sous équipé médicalement, la médecine scolaire ne joue pas le même rôle et n'a pas les mêmes priorités. Si plus de 50 % des gamins sont nés hors services médicaux et n'ont même pas un carnet de santé, ça devient de la médecine de brousse, le taux de vaccination étant ultra-faible et les risques épidémiques encourus dans des logements précaires surpeuplés à l'équipement sanitaire improbable étant considérables. Une simple rougeole ne fera pas les mêmes dégâts chez Louis-Thaddée, logé dans un appartement haut de gamme de 160 mètres carrés où il dispose d'une chambre individuelle de 15 mètres carré que chez Mamadou qui vit avec ses huit frères et sœurs, son papa et sa maman, dans une turne de douze mètres carrés sans sanitaires individuels ni eau courante. Donc, dans le quartier où vit Mamadou, la médecine scolaire garde le même rôle qu'en 1948 et vaccine à tour de bras.
Sans oublier que si Mamadou est black, il craint cent fois plus la rougeole qu'un petit blanc.
Oui, bien sûr, je parlais de mes propres enfants. J'ai vu trop d'erreurs en tant qu'instit dans ces vaccinations à la chaîne pour avoir envie d'y soumettre mes enfants. Alors, je ne donnais pas le carnet de santé. Mais je faisais vacciner mes enfants chez mon pédiatre.
La médecine scolaire, c'est de la médecine du pauvre. Le dépistage du pauvre aussi : je me souviens qu'un jour, par hasard, miss Rikki avait rendez-vous (de routine) chez la dentiste le lendemain du dépistage de l'école. J'ai failli annuler, et puis bon j'y suis allée quand même en disant "Bon, je vous l'amène, mais elle n'a rien au dent, elle a vu le dentiste de l'école hier". Deux caries, tout de même. La dentiste m'a expliqué qu'à l'école ils ne voient que les grosses caries car ils n'ont pas de matériel. Médecine du pauvre encore.
Pareil pour le dépistage visuel : bêtement, j'ai laissé faire celui de l'école et celui de la sécu. C'est grâce à une maîtresse chevronnée chez qui ma fille est allée un jour qu'elle était malade et ne pouvait pas aller à la piscine que j'ai été alertée, suis allée chez un ophtalmo (payant, pour riche) et ai découvert qu'elle était astigmate. Dépistage pour pauvre = zéro. Elle compensait...
mon ainé a été décrété "immature" par l'infirmière scolaire en GS ... pour avoir dit "rond" au lieu de cercle .... celle là ne m'a pas réconcilié avec la médecine scolaire dont j'avais soupé gamine (je garde un mauvais souvenir de 6 mois de réaction septique à un vaccin fait par le médecin scolaire, un magnifique "trou" au bras à l'endroit concerné et une haine profonde des piqures faites à la chaine sans regarder)
La mienne a eu droit à un joli "Développement global moyen" sur son carnet de santé de GS.
Comme j'étais aussi son instit, j'étais allée demander ce que ça voulait dire parce que, quand même, "développement global moyen", ça refroidit.
"Oh rien du tout, ne vous affolez pas. C'est juste qu'elle n'est ni bien grande, ni bien grosse !"Ah d'accord ! Merci bien.
Pour la vue, je confirme, ils ne voient que les myopies. Et encore, les belles, celles qui font que le gamin se cogne dans les encadrements de porte et ne voient pas ses jouets par terre dans sa chambre. Pour les hypermétropes et les astigmates, ils ne sont pas équipés.
Leur grande fierté, c'est le dépistage des dyschromatiques. Et c'est un teste scientifique, hein, pas au doigt mouillé ! Elles t'assènent que la moitié de tes p'tits mecs de GS sont dyschromatiques et qu'il va falloir surveiller ça de près.
Et elles sont très vexées quand tu leur dis que, rien qu'à voir leurs choix de couleur dans leurs peintures et leurs dessins libres, tu t'en serais doutée...Du coup, tu n'oses pas rajouter que si elles voyaient l'assortiment entre la chemise et le pantalon du papa, le jour de la kermesse, tu penses que c'est héréditaire, ce dyschromatisme du p'tit mec de 5 ans et demi
51françoise svelDimanche 15 Décembre 2013 à 20:11Mais on dit toutes la même chose... J'avais parfaitement compris Rikky, Pascale, ne vous inquiétez pas! Ma question n'était pas pour Rikky mais pour nous tous, je traduis: "comment une instit honnête qui choisit de faire vacciner ses enfants chez un pédiatre pourra-t-elle expliquer çà aux parents de Mamadou ou de Kevin?" En gros, comment leur dire: "il faut que vous fassiez ce que je ne fais pas?" Ce n'est pas une critique, c'est une vraie question... Si l'école était ce que je souhaite, cette question n'existerait pas!
Ben, en fait, en tant qu'instit, je suis fonctionnaire, je fonctionne. Je distribue les enveloppes marrons et je les récupère fermées. Je ne suis pas censée les ouvrir ni faire le moindre commentaire sur leur contenu.
Et la médecine du pauvre, c'est vachement mieux que pas de médecine du tout, hein !
Aaaaaah ! On ne peut pas corriger les fautes ! Et j'en ai fait d'horribles ! Toutes mes confuses...
54françoise svelDimanche 15 Décembre 2013 à 20:16De la même façon que ça m'a toujours embêtée de voir des collègues enseignant dans le public mettre leurs enfants dans le privé! J'ai du mal à dire: ce qui est bon pour toi le l'est pas pour moi...
55françoise svelDimanche 15 Décembre 2013 à 20:18Ils ont tout de même dépisté l'hypermétropie de mon fils de cinq ans. Bon, d'accord, ils m'ont dit qu'il était myope mais ils ont quand même vu qu'il y avait quelque chose qui ne collait pas.
Pour le trou au bras à six ans, qui suppure, j'ai eu aussi: mais c'est un des effets secondaires du BCG qui n'a rien à voir avec une inoculation malpropre. Je n'ai plus le nom en tête mais ça va me revenir. Chancre d'inoculation ?
oui je crois que c'est çà , pour le nom . Je sais que çà aurait pu arriver ailleurs mais le fait est , que ce n'est arrivé qu'avec la seule vaccination, que j'ai eu en vaccination scolaire. aucun de mes frères et soeurs n'avaient jamais subi çà avant, et plus aucun d'entre nous après.
58VudiciDimanche 15 Décembre 2013 à 20:53Un vaccin scolaire pour moi: trois mois d'eczéma généralisé. "Ils" ont encore voulu m'en faire un plus tard, mais mon instit m'a protégée. Mes fils sont de grands allergiques aussi, et il est hors de question que la médecine scolaire ne tienne pas compte du certificat de contre-indication de leur médecin. Et pourtant, le grand a dû protester énergiquement, ou il était vacciné sans même qu'on en soit averti...
Moi, c'est la vaccination contre la variole qui m'avait rendue malade. Elle avait eu lieu chez le médecin.
Dans la Drôme, sud en tout cas, il y a bien longtemps qu'ils ne vaccinent plus dans les écoles. Au début de ma carrière, ils faisaient encore les monotests et le BCG. Ensuite, ils n'ont plus fait que les monotests, avec le timbre. Ensuite, plus rien.
61françoise svelDimanche 15 Décembre 2013 à 21:47Il n'y a pas que les médecins scolaires qui ont du mal avec les allergies... à chaque fois que mon mari va passer un scanner à l'hosto (tous les six mois) et malgré l'ordonnance du spécialiste : "sans iode", plus un gros truc écrit en rouge ...on doit passer un quart d'heure à convaincre la dame que oui, il est vraiment allergique à l'iode, que non ce n'est pas une simple "réaction allergique", que non madame, vous ne lui filerez pas votre piqûre, que si vous voulez vous pouvez descendre aux archives si vous ne savez pas retrouver ses antécédents médicaux sur votre ordi, que oui, éventuellement si vous insistez vous pouvez retenir illico une place en réa... fatiguant, alors un brave médecin scolaire, comprenez-le!!! Au fait, pour mon mari, je mets au vote: vaccin contre la grippe, oui ou non, pour l'instant le score est: 2 contre: allergologue et cardiologue, 2 pour: pneumologue et médecin traitant, on fait quoi à votre avis??? Tiens, la médecine, c'est comme l'enseignement, ce n'est pas une science exacte!!!
Moi, vétérinaire, je suis contre aussi. Qu'il prenne toutes les précautions nécessaires, et toi aussi, même si c'est contraignant, surtout le masque en cas de sortie. A l'idéal, aller passer la saison de pandémie grippale en altitude dans un trou paumé. Une retraite à la grande Chartreuse ?
63françoise svelLundi 16 Décembre 2013 à 10:13ça c'est une bonne idée mais avec un chat, un chien et une petite-fille un jour par semaine, tu crois qu'ils vont nous accepter???
65coindeparadisDimanche 21 Août 2016 à 20:10Chez nous plus aucune visite, ni PMI (4 ans), ni EN ensuite. Sachant que le département explose les statistiques en terme d'échec scolaire, obésité, caries dentaires, addictions, etc etc...
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Lundi 22 Août 2016 à 08:04
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Tu as de la chance d'avoir une infirmière ... C'est rare !
Mais : Est-ce que l'infirmière a vérifié la vue, l'ouïe, le carnet de santé, les vaccinations, les éventuelles maladies des élèves ? Enfin, des questions de santé ?
Je me souviens du cas d'un élève de 4e dont l'astigmatie n'avait été décelée par personne, sauf la prof de math qui trouvait que son appréciation des rapports de grandeur sur les figures de géométrie était assez erronée. Moyennant quoi, quand des incapables stupides ont voulu l'orienter en CAP Mécanique, personne n'a moufté sauf la prof de math qui criait au fou. Il a été envoyé quand même en collège technique ... et est revenu 3 semaines après.