• CE2-CM : « Rééducation » de l’orthographe.

    CE2-CM : « Rééducation » de l’orthographe.

    Certains de nos élèves de CE2 et CM semblent n’avoir rien retenu des mots que nos collègues des années antérieures et nous-mêmes leur avons donnés à apprendre. Leur orthographe est tout souvent à peine phonétique car émaillée de confusions de sons, de graphies proches et d’homophones grammaticaux.

    La progression conçue par Mme S. Borel-Maisonny, détaillée dans le manuel Bien Lire et Aimer Lire[1], a l’avantage d’avoir été créée par une orthophoniste, profession consistant à prévenir ou résoudre les difficultés de discrimination auditive, visuelle et grammaticale qui peuvent affecter des élèves en cours d’apprentissage.

    Ces élèves qui, pour une raison ou une autre, ont raté le coche pourraient peut-être repartir d’un bon pied si on reprenait patiemment avec eux toutes les étapes de cette progression. C’est le pari que je fais en écrivant cet article.

    Le manuel peut tout à fait remplir cette mission mais, pour des élèves en fin d'école élémentaire, il faudrait cependant :

    • accélérer la progression de façon à ne pas avoir besoin de 263 séances (une par page du manuel)
    • aller de l’écriture vers la lecture et non l’inverse
    • y consacrer peu de temps chaque jour pour pouvoir continuer parallèlement une progression de français compatible avec la classe dans laquelle sont inscrits ces élèves
    • ne pas vexer des enfants déjà grands en leur expliquant qu’on reprend tout à zéro parce qu’ils n’ont rien compris

    Il nous faut donc des séances courtes, dynamiques, basées sur l’écriture, avançant d’un bon pas en fonction des besoins des élèves, et un prétexte qui les valorisera plutôt que les écraser. On pourra par exemple leur dire qu’il s’agit d’une démarche évaluative visant à répertorier tout ce qu’ils savent déjà afin de ne prendre en compte ensuite que leurs difficultés, s’il y en a, de manière ciblée, au moment où elles se présenteront.

    Comment s’y prendre :

    S’il s’agit d’un élève ou deux dans la classe, on trouvera 5 à 10 minutes par jour, pendant le temps de classe ou en APC pour dicter les exercices de la méthode.

    Si la majorité des élèves de la classe présentent ces difficultés, le plus simple sera d’instaurer un rituel quotidien d’une dizaine de minutes, en début de demi-journée (matin ou après-midi) par exemple.

    L’organisation est simple :

    •  L’enseignant dicte lentement et un à un les éléments de la méthode et les corrige immédiatement
    •  Les élèves écrivent sur l’ardoise ou sur un cahier dédié à cet effet[2]
    • Au bout de 10 minutes, ou qu’on en soit dans la méthode, on arrête l’exercice
    • À la séance suivante, on ne reprend que les erreurs de la séance précédente, très rapidement, car elles seront forcément réintégrées aux nouveaux acquis.

    Exemple

    Page 1 :

    « Écrivez a. Montrez. Voici a [écrire au tableau]. Écrivez e. Montrez. Voici e [écrire au tableau]. etc. »

    Pour les élèves qui travaillent sur cahier, leur faire prendre la correction immédiatement après chaque lettre.

    Pour é, è, ê, prononcer [e] et ajouter « e accent aigu », puis [ɛ] et ajouter « e accent grave » et « e accent circonflexe ».

    C’est peut-être là qu’on rencontrera la première difficulté. Il s’agira donc de l’éclairer immédiatement par cette affichette :

    CE2-CM : « Rééducation » de l’orthographe.
    Merci à Le Blog d'une instit' de CP - Eklablog

    et par les gestes Borel Maisonny correspondants (faciles à trouver sur internet). 

    Ce matériel sera soit distribué aux élèves, sous forme de « pense-bête », ou affiché en classe.

    En fin de dictée, après les éclaircissements éventuels sur « é, è, ê », continuer :

    « Nous allons maintenant relire ce que nous avons écrit. Relisons ensemble : a – e – i – o – u – y – é, e accent aigu – è, e accent grave – ê, e accent circonflexe. »

    On continuera la dictée par le premier exercice grammatical consacré à la majuscule au début d’un nom propre et à la conjonction et. Les prénoms de la méthode peuvent bien entendu être remplacés par les prénoms des enfants concernés par la rééducation.

     « Je vais vous dicter des prénoms. Quel type de lettre devez-vous mettre en premier ?... Une majuscule, très bien. Je commence : Angèle... N’oubliez pas la majuscule... Nous corrigeons : Angèle, épelle-nous ton prénom. Attention, n’oublions pas la majuscule. Ceux d’entre vous qui se sont trompés, corrigez immédiatement.

    Recommençons avec : Benoît... N’oubliez pas la majuscule... Nous corrigeons : Benoît, épelle-nous ton prénom. Attention, n’oublions pas la majuscule... Ceux d’entre vous qui se sont trompés, corrigez immédiatement.  Etc. »

    Si les élèves ne connaissent pas l’orthographe des prénoms de leurs camarades, procéder en copie différée :

    •  Faire épeler son prénom par un élève ; l’écrire au fur et à mesure au tableau.
    •  Faire épeler ce prénom par l’ensemble des élèves concernés.
    •  Cacher ce prénom et demander aux élèves de l’écrire en leur rappelant de ne pas oublier la majuscule.
    •  Faire vérifier la conformité au modèle en affichant à nouveau le prénom au tableau. Les élèves prennent la correction immédiatement.
    •  Recommencer de manière identique pour les autres prénoms.

    « Maintenant, voici la conjonction et. Elle sert à relier des mots de même nature entre eux. Elle peut par exemple relier deux prénoms. Écrivez : Tom... n’oubliez pas la majuscule... et... attention, la conjonction et s’écrit toujours e.t.... Nathan... n’oubliez pas la majuscule. Je relis : Tom et Nathan.  Nous allons maintenant corriger. Tom, épelle-nous ton prénom. Ceux qui se sont trompés corrigent immédiatement. X, épelle et. Nous corrigeons immédiatement. Nathan, épelle-nous ton prénom. Corrigeons immédiatement. »

    Recommencer de même avec les autres séries de deux prénoms reliés par la conjonction et. Dans les classes où les élèves ne connaissaient pas l’orthographe des prénoms de leurs camarades, laisser les prénoms affichés au tableau de manière à ce qu’ils puissent copier (sans faute !) ces prénoms. Insister sur l’importance du « sans faute ».

    Si les 10 minutes sont écoulées, arrêter la séance. Sinon, continuer.

    Page 2

    « Écrivez fffff... Corrigeons : c’est la lettre eff... [s’accompagner du geste si certains élèves ont eu des difficultés d’écriture]... Écrivez ssss... Corrigeons : c’est la lettre èss... [geste au besoin]... Écrivez chhhh... Corrigeons : les lettres cé et ach... 

    Relisons ces trois lettres : fff, c’est la lettre èff – sss, c’est la lettre èss... chhh, avec les lettres cé et ach.

    Écrivez fffaaa... corrigeons... fffiii.... etc. [pour fy, préciser qu’on veut la lettre y... pour fê et fè, qu’on veut l’accent circonflexe ou grave].

    Relisons la série de syllabes et épelons-les : fffaaa, èff-a – fffiii, èff-i... etc. »

    Recommencer à l’identique pour les autres séries de syllabes. Proposer les gestes Borel-Maisonny en affichage ou pense-bête pour les élèves qui en auraient besoin.   

    « Nous allons maintenant écrire des mots. Écrivez fffâââchhhhééé. Attention, il y a un accent circonflexe sur la lettre â ; ffââchhéé. C’est le mot ?... fâché... Corrigeons... [Écrire tout en prononçant chaque son] :ffffââââchhhééé, eff – a, accent circonflexe – cé – ach – e, accent aigu.] »

    Recommencer avec les mots suivants. Laisser les mots corrigés écrits au tableau.

    « Nous allons maintenant écrire des phrases. N’oubliez pas qu’une phrase commence par une majuscule. Je vous lis la première phrase : Angèle[3]... a... un... chat... Commençons, n’oubliez pas la majuscule : An-gè-le... a... c’est le verbe avoir, j’ai un chat, tu as un chat, elle a un chat, nous écrivons la lettre a, toute seule, sans accent... un... chat... n’oubliez pas la lettre muette que nous avons écrite tout à l'heure à la fin de chat... point car la phrase est finie...
    Nous relisons en suivant les mots du doigt, vérifiez si vous avez tenu compte des explications : Angèle... avec une majuscule... a... sans accent... un... chat... avec une lettre muette... point.
    Corrigeons : vous épellerez un mot chacun à votre tour. Les autres, pensez à corriger immédiatement. »

    Recommencer à l’identique pour les deux autres phrases. Attention à l’écriture est du verbe être au présent[4], à différencier de l’écriture de la conjonction et.  

    Selon le niveau des élèves, on donnera la lettre e à la fin de fâchée en expliquant qu’il s’agit d’une fille fâchée ou on demandera aux élèves s’ils savent quelle lettre muette se trouve à la fin de fâchée étant donné qu’il s’agit d’une fille fâchée et non d’un garçon.

    Continuez ainsi page après page, séance quotidienne de 10 minutes après séance quotidienne de 10 minutes, en vous interrompant là où vous en êtes après ce laps de temps.

    À la séance suivante, reprenez toujours par un rebrassage très rapide des erreurs de la veille, après contrôle sur le cahier, puis continuez exactement là où vous en étiez resté à la séance précédente.

    Exemple

    Page 1 :

    « Hier, certains d’entre vous ont eu de la peine à distinguer les accents. Regardons l’affiche : voici la lettre e avec un accent aigu, elle se prononce [e] comme dans épée. Voici la lettre e avec un accent grave, elle se prononce [ɛ] comme dans flèche. Voici la lettre e avec un accent circonflexe, elle se prononce [ɛ] comme dans tête. Écrivez é, avec un accent aigu. Corrigeons... Voici é avec un accent aigu... [recommencer avec è puis ê]

    Nous pouvons maintenant continuer. » [Reprendre là où l’on s’était arrêté à la séance précédente]

    La suite de la progression :

    On pourra continuer ainsi jusqu’à la séance 8 en donnant comme enjeu aux élèves d’augmenter chaque jour la quantité d’écrits sans fautes faite en 10 minutes.

    La séance 9 est consacrée aux lettres muettes. On y revoit principalement les terminaisons du présent des verbes du 1er groupe aux trois personnes du singulier.
    C’est un des plus de la méthode que d’associer ainsi à l'encodage la grammaire et les relations d’accord entre les mots dès les premières séances et de continuer à privilégier cette entrée dans l’orthographe même pour des « petits lecteurs ».
    Il est important de bien dicter toutes les phrases l’une après l’autre pour que l’habitude d’associer pronom et verbe se crée.

    On verra qu’à la suite de cette séance, on remettra très souvent l’accent sur ces acquis. On pourra afficher ou donner en pense-bête l’en-tête de la séance.

    Je passe                   par un joli parc.

    Tu passes                 par un joli parc.

    Il passe                    par un joli parc.

                                    C’est le verbe passer.                      

    Nous retrouverons ces pages grammaticales aux séances : 13 – 14 – 15 – 18 – 28 – 29 – 33 – 34 – 37 – 42 – 44 – 46 – 60 – 65 – 66 – 71 – 73 – 84.

    Séance 17 : On dictera les premières syllabes, transcrites dans la méthode avec une alternance de lettres et de flèches, en accompagnant son articulation très lente d’un geste allant de droite à gauche pour soi, c’est-à-dire de gauche à droite pour les élèves, particulièrement si on a dans le groupe un ou plusieurs élèves qui ont tendance à écrire car pour cra, pil pour pli, etc.

    « Écrivez fffffrrrrraaaa, je redis, suivez bien mon doigt : fffff... rrrr... aaaa »

                                                                                            →→→→→→→

    Poursuivre cette aide aussi longtemps que nécessaire.

    Notes :

    [1] ESF éditeur.  

    [2] Ce qui a l’avantage de garder une mémoire et de voir la progression.

    [3] Changer le prénom en fonction des prénoms des élèves de la classe. Si les élèves ne connaissent pas l’orthographe des prénoms de leurs camarades, les laisser apparents au tableau.

    [4] Il vaut mieux parler de verbe être au présent que de remplacer par était de manière à avoir un repère grammatical stable.

    L'intégralité de la méthode :

    Les prénoms de la première page doivent être remplacés par ceux des élèves concernés.

    Les polices utilisées sont Calibri et CrayonE.

    Télécharger « borel maisonny accéléré.pdf »

     

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