• CE1 : Progressions de lecture et d'orthographe

    CE1 : Progressions de lecture et d'orthographe
    Merci à Virginie d'avoir, par son enseignement, permis à Lola, 7 ans 11 mois, d'écrire ce texte spontanément et avec un minimum d'aide .

    Une question qui revient très souvent :

    Bonjour votre méthode d’orthographe peut-elle être utilisée de front avec votre méthode de lecture sur des ce1? Je m’interroge car la redécouverte des phonèmes et graphèmes sur la méthode de lecture n’est pas du tout la même que celle d’orthographe. Est-ce que ce n’est pas trop pour des élèves fragiles ?

    Réponse :

    Oui, ma méthode d'orthographe peut être utilisée de front – je dirais même qu'elle le doit – avec l'une ou l'autre des méthodes de lecture que je propose (ou tout autre méthode de lecture qui considère qu'au CE1, tous les jours, les élèves doivent avant tout lire, lire et encore lire du signifiant, c'est-à-dire des textes, des textes et encore des textes). Ici, vous en trouverez trois ou quatre qui pourront convenir à tout élève entrant au CE1, quel que soit son niveau : CE1 : Lecture selon le niveau à la rentrée.

    Cette pratique quotidienne de la lecture à voix haute est essentielle car c'est grâce à elle que nos élèves automatiseront leurs capacités de reconnaissance et d'identification des signes graphiques en pratiquant un va-et-vient constant entre ce qu'ils voient, ce qu'ils entendent (d'où la nécessité de les faire lire à voix haute) et ce qu'ils comprennent. Et c'est  grâce à cette automatisation qu'ils pourront peu à peu organiser ces connaissances visuelles, auditives et cognitives pour apprivoiser l'orthographe de notre langue.

     

    Quant à l'orthographe, c'est un monde qu'ils ignorent totalement ou dans lequel, ils ne sont que débutants, surtout si elle n'a pas été enseignée dès le début du CP, ou qu'elle y a été imposée ex nihilo (« Mes chers élèves, vous savez traduire graphémiquement a, i, u, o, é et l et moi je vous dis que ça 'un', ça se lit [œ̃] et ça, 'une', ça se lit [yn]. Ne me demandez pas pourquoi, c'est comme ça et puis c'est tout. Apprenez-le par cœur à la maison et tout ira bien. ») .

    Évidemment, je parle de l'orthographe, la vraie, pas celle qui supposerait que pour savoir écrire le français, il faudrait que nous ayons mémorisé un à un tous les mots de la langue française, avec toutes leurs variations morphématiques, sans avoir besoin d'aucune règle pour les connaître, puisque, selon certains théoriciens, ces règles sont nulles et non avenues en raison de leurs nombreuses exceptions. 

    Il faut donc partir du tout début de l'orthographe, pour ces petits élèves de CE1 qui sont quand même, pour la plupart j'espère, capables de déchiffrer, sans doute avec hésitations pour certains, un petit texte de cinq à dix lignes, écrit gros, puissent y progresser à leur rythme.

    Et ce tout début, ce sont les trois premières semaines de la méthode OrthoGraph' ou de toute autre méthode qui dit que le français s'écrit à l'aide de 26 lettres, dont 20 consonnes et 6 voyelles, qu'on organise en syllabes simples, de deux lettres ou de trois lettres. Puis qui  explique qu'on accole ces syllabes de gauche à droite, pour former un, deux, trois, autant de mots qu'on veut ; ce qui nous permet d'organiser ce que nous voyons dans nos livres de lecture : des textes que tout un chacun peut lire et comprendre. Et enfin qui ajoute que, comme nous l'avons constaté au cours de nos lectures, ces mots ont parfois des lettres muettes, des consonnes doubles et des sons traduits par deux, trois ou même quatre lettres, et que nous allons apprendre à écrire cela pas à pas, si bien que, lorsque nous arriverons au CM ou au collège, nous écrirons presque aussi facilement que nous lirons.

    Conclusion :

    En arrivant au CE1, un élève devrait être déjà au moins petit lecteur et s'il ne l'est pas, il doit le devenir très rapidement, sans attendre qu'il soit aussi capable d'écrire tout ce qu'il lit. Et pour cela, quel que soit son niveau de départ, il doit beaucoup lire, à voix haute, de vrais textes dont la longueur est adaptée à ses capacités de lecteur (juste un petit peu plus long que ce qu'il lirait sans aucun effort. Cette activité (décodage et compréhension) doit occuper au moins 30 à 45 minutes de classe chaque jour, de septembre à juillet, sans compter tous les temps de lecture à voix haute qui peuvent être pratiqués dans les autres domaines (consignes écrites à lire et à comprendre, leçons, textes documentaires, poétiques, paroles de chansons, légendes accompagnant des illustrations, etc.) et une éventuelle relecture à la maison.

    Lors de la lecture de texte l'enfant va rencontrer plus ou moins tous les jours les graphies les plus courantes de notre langue. En début d'année, après l'interruption de l'été, même s'il lisait déjà bien en fin de CP, il est normal qu'il y ait eu un peu de déperdition. Notre travail d'enseignant consiste à s'appuyer sur le groupe, ou à défaut sur nous-mêmes, pour créer l'effet feed-back : « Qui se souvient de la façon de prononcer les lettres A et I, lorsqu'elles sont mariées ?... Et les lettres A et N ?... » ou « Rappelez-vous, A et I, cela se lit très souvent [E]... Souviens-toi, A et N, souvent, cela se lit [ã] comme dans maman, dans, chanter, danser...»

    Les exercices intitulés "Nous savons lire : le son ...", que nous trouvons dans Lecture et Expression au CE ou Le Livre des Bêtes, servent juste à faire un court focus sur une de ces graphies dont l'usage a pu être perdu pendant les vacances. La liste des mots n'a pas à être apprise par cœur, lettre par lettre, pour être réutilisée en dictée, par exemple. Les mots sont juste là pour obliger l'enfant à décoder intelligemment. Lorsqu'il y a une ligne de syllabes ou de logatomes, elle se trouve en-dessous de ces mots dans Lecture et Expression, pour bien indiquer à l'élève que la lecture de syllabes peut constituer une aide à la mémorisation d'une graphie mais qu'elle n'est en aucun cas le but à atteindre.

    C'est donc bien de la lecture et uniquement de la lecture. L'orthographe de ces mots sera peut-être remarquée par un ou plusieurs enfants et nous accueillerons alors leurs réflexions ou leurs erreurs de décodage avec intérêt mais nous n'en ferons pas le but de la séance. Tout au plus expliquerons-nous rapidement à la classe la ou les raisons de cette particularité orthographique, juste pour qu'elle l'ait entendu et qu'elle lui revienne à l'esprit lorsque nous l'étudierons en orthographe. Par exemple, dans la première liste de Lecture et Expression, liste qui porte sur la graphie ou qui se lit [u], un enfant pourrait lire [tut] au lieu de [tu]. Dans ce cas, nous rappellerions en quelques mots : « Non, regarde, la lettre t est seule, elle n'a pas de voyelle pour la faire chanter, alors elle reste muette. »

    On peut donc sans problème faire lire ces listes de mots, même si elles ne font pas de focus sur les mêmes lettres que les mots dont les difficultés orthographiques seront mémorisées lors des séances d'orthographe. Elles offrent un autre regard sur la richesse de combinaisons que permet notre alphabet et la facilité qu'il procure pour désigner non seulement chaque mot de la langue française, sans trop de risques de confusion, mais en plus pour en signaler les variations de genre, de nombre et/ou de personne. Regard qui reste intuitif la plupart du temps mais imprègne néanmoins l'esprit de l'apprenti lecteur-scripteur.

    Car il est normal kil soua ancor inioran dèzuzaj delortograf. Ceci, si l'on veut que ça s'arrange, il faut le faire progressivement et intelligemment, en évitant de lui dire : « Attends, je vais t'écrire les mots de cette phrase en français écrit traditionnel, tu vas les apprendre par cœur à la maison, sans te poser de questions, et après tu sauras les écrire pour ta vie entière : de, des, encore, ignorant, il, l', orthographe, qu', soit, usages. » et de tolérer de lui – et même presque de l'exiger – qu'il continue à écrire n'importe comment tous les autres mots sous prétexte qu'il ne les a pas encore appris mais qu'il faut qu'il s'exprime par écrit « comme il sait ». Ces activités d'apprivoisement des règles du langage écrit (orthographe, dont dictée, grammaire, conjugaison, vocabulaire systématique, production autonome accompagnée d'écrits) doivent occuper la quasi totalité du temps de français restant dans une journée de classe, soit forcément plus de 1 h 30 par jour, en alternant bien évidemment les activités collectives et individuelles, celles qui privilégient la réflexion orale collective, celles qui permettent de systématiser et automatiser l'écriture et celles qui imposent d'utiliser ces règles acquises lorsqu'on écrit. Sans compter tous les temps d'écriture collective qui peuvent être pratiqués dans les autres domaines (rédaction et écriture des solutions de problèmes, des comptes-rendus d'observation liée au programme de QLM, des communications avec les familles et d'autres classes, des réponses aux questions de lecture, des résumés en tous les domaines, des créations poétiques ou musicales, etc.).


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