L'École Primaire comme je voulais la raconter
L’accueil a lieu dans la cour. À l’heure de l’entrée en classe, après la désormais traditionnelle vie pratique dans le vestiaire et un passage éventuel des plus grands par la salle de propreté, l’ATSEM prend en charge le groupe des plus jeunes qu’elle emmène au dortoir où ils dormiront aussi longtemps qu’ils en ont besoin.
Les plus grands de maternelle, élèves de Grande Section pour la plupart, sont associés aux élèves d’Élémentaire pour une première partie commune. Après quelques exercices de « Gym des doigts » auxquels tous participent, ils passent à la partie collective de la séance de mathématiques des plus grands.
Les exercices de manipulation sur les quantités peuvent déjà les intéresser et, si le maître n’exige aucun « niveau » de leur part, ils leur permettront d’exercer leurs fonctions exécutives tout en leur présentant des connaissances restant au stade intuitif.
Lorsque les plus âgés passent aux exercices écrits de leurs fichiers, le maître invite les plus jeunes à reprendre avec lui les exercices préparatoires au geste d’écriture : cette fois, c’est la tenue du crayon qui sera abordée, tranquillement et sans précipitation. Une fois le crayon bien en main, les élèves de Grande Section l’utiliseront pour colorier ou barrer les seaux de leur fiche de travail avant d’aller s’installer dans le coin d’activités libres pour y pratiquer des activités individuelles en autonomie.
La fin de la séance de mathématiques se déroule dans le calme ; les enfants font corriger leur travail au fur et à mesure, le maître apporte de l’aide, réexplique et finalement valide le travail de chacun. Les plus rapides rejoignent rapidement le coin d’activités libres, après avoir rangé dans leur cartable le matériel nécessaire aux révisions à mener en famille après l’école.
Une fois ces travaux finis, tables et cartables rangés, le maître installe ses élèves tous ensemble au coin regroupement et affiche au tableau la grande image de leur fichier Questionner le monde. Chacun s’exprime librement avant que les plus grands répondent aux questions de leur livre.
La séance continue; dans la salle de classe et dans la cour, tous les enfants participent aux exercices d’expérimentation proposés dans le manuel. Les ballons de baudruche gonflés donnent lieu à la première séance d’expression corporelle de l’année, dans la classe, sous le préau ou, pour les chanceux, dans la salle de motricité attenante.
Après une première écoute du morceau choisi[1], les enfants sont invités à danser avec leur ballon en suivant la musique. Si certains petits sont déjà éveillés, l’ATSEM les envoie au maître qui leur donne à eux aussi un ballon de baudruche gonflé et les laisse jouer librement avec.
Afin que les élèves apprennent à « donner à voir » leurs recherches à d’autres, une deuxième écoute suivie d’une prestation par les deux demi-classes l'une après l'autre clôt la séance. Puis, après quelques instants de retour au calme, la classe sort en récréation.
Voir Matinée.
De retour en classe, le maître installe ses plus jeunes élèves autour de lui, face aux élèves de CE1 et CE2 auxquels il confie la parole.
Afin de pouvoir concentrer les activités de manière à donner à chacun sa place, il a choisi, s'il y a lieu, un texte commun aux deux niveaux. Ce texte démarre par quelques phrases courtes aux mots simples et faciles à déchiffrer et se prolonge par des paragraphes un peu plus longs et plus fouillés destinés à la lecture des plus âgés.
En préparant cette lecture, pour que les plus petits puissent suivre l’intrigue qui va se dérouler à l’oral, il s’est muni de petits personnages et d’objets avec lesquels il va pouvoir illustrer visuellement les propos des aînés[2].
Chaque élève de CE lit à son tour. Si la lecture est par trop hésitante, le maître note mentalement les difficultés constatées et reprend lui-même la phrase lue avant d’en faire commenter le propos par les enfants, en commençant par les plus jeunes. Il n’a pas prévu de questionnaire auquel un seul enfant répondrait par oui ou non mais se saisit des propos de chacun pour enrichir le « débat » qui naît entre eux[3].
La première journée de classe se termine sur un exercice commun de musique.
À l’apprentissage d’une comptine aux nombreuses allitérations en a et ch, succèdent des exercices d’écoute qui déboucheront plus tard sur l’écoute des sons de la voix humaine. Pour le moment, ils cherchent juste à apprendre aux plus jeunes à découvrir l’attention qu’ils peuvent porter aux sons qu’ils perçoivent.
Le maître se cache derrière un paravent pour jouer d’un instrument à percussion que les élèves doivent reconnaître[4]. Puis il distribue ces instruments aux enfants et propose le jeu inverse : joueront le rythme de la comptine ceux des élèves dont la photo de l’instrument sera affichée au tableau. La comptine est courte, les instruments peu nombreux, tout le monde répète l’exercice, parfois chanteur, parfois instrumentiste, pendant que les premiers parents viennent récupérer les plus jeunes.
La première journée de classe se termine
Les jours suivants, comme la même organisation est adoptée, les enfants de chacun des niveaux prennent l’habitude de s’organiser en fonction d’une succession immuable d’activités. Peu à peu l’entraide entre élèves d’un même niveau comme entre enfants d’un même groupe s’installe.
Le groupe-classe est encore en cours de formation mais déjà, au cours des activités collectives, le maître remarque que les plus petits s’inspirent des plus grands pendant que ces derniers prennent l’habitude d’être les « personnes-ressources » de la classe.
Le rythme de travail, un peu lent les premiers jours, s’accélère et, les nombreuses reprises aidant, devient de plus efficace. Chaque jour apportant son lot de remarques concernant le mode de fonctionnement de chacun de ses élèves (et de chacun de ses groupes), le maître affine son approche des activités de façon à apporter à chacun selon ses besoins :
Ainsi, peu à peu, en laissant du temps au temps, il organise son année scolaire sachant que chacun, du plus jeune au plus âgé, progressera plus facilement s’il se sent appuyé dans sa démarche d’appropriation des savoirs par le groupe tout entier.
Tous les chapitres déjà mis en ligne sont répertoriés dans la Table des matières évolutive que vous trouverez dans la partie Sommaires.
Pour la partie présente : V. 1. Cinq niveaux et plus ; V.2.B. Mise en route - Mat. à CE1 ou 2 (1) ; V.2.B. Mise en route - Mat. à CE1 ou 2 (2) ; V.2.B. Mise en route - Mat. à CE1 ou 2 (3)
[1] Pourquoi pas un extrait du Prélude de Lohengrin de Wagner, comme dans le film de Charlie Chaplin, Le Dictateur, lorsque ce dernier danse avec le globe terrestre ?
[2] Sur le principe des « tapis de lecture » qui se développent actuellement en Maternelle.
[3] Voir Pierre Péroz : Apprentissage du langage à l'école maternelle. Pour une pédagogie de l'écoute. (http://www.cndp.fr/crdp-reims/ressources/conferences/peroz/peroz.htm)
[4] Voir Séances 1 et 2 du Chapitre A (Les suites de sons) dans De l’écoute des sons à la lecture.
N'oubliez pas :
Pour une maternelle du XXIe siècle
Se repérer, compter, calculer en Grande Section
Questionner le monde au Cycle 2