L'École Primaire comme je voulais la raconter
Avec juste un petit problème pour moi : je n'ai strictement rien compris aux tableaux...
http://www.uvsq.fr/medias/fichier/rapport-enquete-lecture_1384503420148-pdf
Je trouve dommage que les auteurs n'aient pas donné le nom des méthodes qualifiées de "mixtes" utilisées dans les classes testées alors qu'ils ont en revanche, puisqu'il n'y en a que deux, cité de fait les méthodes dites "syllabiques".
Ceux qui me connaissent un peu savent déjà que j'aurais préféré que les méthodes "mixtes" soient appelées "idéovisuelles" puisqu'elles n'ont qu'un très lointain rapport avec les méthodes mixtes traditionnelles. Parce que, franchement, la seule ressemblance qu'on puisse trouver entre des "méthodes" aussi différentes que Ribambelle et Écrire et Lire au CP, c'est que toutes deux sont fabriquées en papier, avec une couverture cartonnée, et remplies de lettres formant des mots et d'illustrations !
Et quand je cite Écrire et Lire au CP, c'est parce que c'est mon bébé à moi. Mais il en va de même pour Bulle, Taoki ou même Gafi, Ratus et les plus lointains Mico, mon petit ours, Rémi et Colette ou Daniel et Valérie.
Les conclusions de l'enquête, nous nous en doutions dès le début : avantage net et manifeste aux méthodes faisant étudier "le code" et tout particulièrement la combinatoire de manière approfondie et structurée.
Quand on apprend aux élèves à déchiffrer, ils apprennent à lire ! C'est merveilleux !
Et ça marche à tous les coups, quelle que soit la méthode employée au départ. Les classes de l'enquête ont même fourni les contre-exemples.
Deux classes utilisant une méthode alphabétique stricte prévue pour être "à départ synthétique" (on donne les lettres une à une aux élèves et on leur montre comment elles se combinent pour former des syllabes et surtout des mots et des phrases porteurs de sens) se sont plantées dans les grandes largeurs parce qu'elles l'ont utilisée comme une méthode idéovisuelle où les enfants auraient besoin de faire du sens d'un côté et du son, basé sur l'oral, de l'autre.
Et deux classes utilisant des méthodes idéovisuelles à la manière d'une vraie méthode mixte en introduisant le déchiffrage analytique dans le processus de découverte du texte à lire ont réussi à mener leur "nouveau public" à un niveau comparable à celui des classes "syllabiques".
Comme quoi, qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse ! L'important est de décharger la mémoire de travail par la compréhension approfondie du système alphabétique. On ne sort pas de là. Rendons nos élèves intelligents, au sens littéral de ce terme, c'est-à-dire "capables de comprendre" et ils y arriveront.
Tant qu'on ne leur fournira que des "trucs pédagoqiques" sans intérêt, inutilisables en dehors du contexte de leur méthode de lecture, surchargeant leur mémoire d'unités lexicales aussi peu mémorisables que des mots vaguement aperçus deux ou trois jours et jamais réinvestis dans d'autres textes, il ne faudra pas s'étonner qu'on en laisse autant dans le fossé !
Autre constat de cette étude, la méthode Je lis, J'écris, très exigeante au niveau du vocabulaire, donne de meilleurs résultats encore, particulièrement au niveau de la compréhension, que Léo et Léa, plus plan-plan de ce côté malgré une fameuse loche qui fit couler beaucoup d'encre virtuelle !
Personnellement, je n'affectionne pas particulièrement le parti-pris surréaliste des textes de cette méthode. En revanche, j'avoue que je me suis inspirée de cette exigence au niveau du lexique pour le deuxième livret d'Écrire et Lire au CP. Et je constate aussi dans mes petites cohortes rurales cette aisance de compréhension, même chez les plus démunis socialement de mes élèves. Ce sont des enfants qui comprennent tous ce qu'ils lisent, aiment découvrir de nouveaux mots et cherchent même, pour certains d'entre eux, à les réemployer eux-mêmes dans leurs écrits libres.
Je note néanmoins un petit déficit au niveau de la lecture de problèmes en mathématiques. J'aimerais bien savoir ce qu'il en est des anciens apprentis-lecteurs de Je lis, J'écris qui ont bénéficié d'une méthode encore plus axée sur la lecture "évasion" éloignée du réel et encore moins "pratique" que la mienne.
S'il y avait un jour réédition, il faudrait que j'essaie de voir comment je pourrais régler ce problème... Peut-être des pages "jeux de réflexion" ? N'hésitez pas à me donner des idées !