L'École Primaire comme je voulais la raconter
Premier mercredi matin de classe... Les enfants sont tout frais, pas de remarque à faire sur leur état de fatigue. Certains ont bâillé jusqu'à 10 heures, comme hier.
Le rythme pris pendant les vacances, couchers tardifs et réveils naturels, y est sans doute pour beaucoup plus que le mercredi travaillé.
Pour cette fatigue, qui viendra, j'en suis persuadée, nous verrons mieux la semaine prochaine et les suivantes, lorsqu'ils auront quelques traversées du désert de cinq jours sans pause au point d'eau, entrecoupées de périodes de trois couchers tardifs et deux réveils naturels en milieu ou fin de matinée.
En revanche, la vieille maîtresse aux trop vieilles méthodes a souffert, elle !
Je suis arrivée à 8 h 30 pour 9 h parce que l'exactitude est la politesse des rois, comme me l'a appris ma grand-mère.
À 8 h 50, j'étais dans la cour parce que l'accueil des élèves et de leurs parents, surtout les premiers jours, ça ne se néglige pas, comme me l'a appris mon premier IEN.
De 9 h 00 à 12 h, j'ai fait classe sur les tableaux et cahiers préparés hier soir, comme me l'ont enseigné les conseillers pédagogiques de mes débuts.
J'ai surveillé la récréation, de 10 h 45 à 11 h, parce que voir évoluer ses élèves en activités libres, c'est important pour bien les connaître, comme me l'a professé Célestin Freinet, le vieux maître à penser.
De 12 h 00 à 12 h 10, au portail de l'école, j'ai salué les parents que je n'avais pas vus hier et j'ai répondu à quelques brèves questions. "Votre rôle ne s'arrête pas à la porte de la classe", disaient l'IEN, le conseiller pédagogique et le directeur d'école qui ont validé la partie pratique de mon Certificat d'Aptitudes Pédagogiques, en 1976...
À 12 h 10, après 5 minutes de tuilage avec l'ATSEM chargée de la garderie, prolétaires de tous les pays, unissez-vous, chantaient les personnes qui ont ouvert ma conscience politique, je suis retournée dans ma classe.
Là, j'ai :
- corrigé mes cahiers
- fait les modèles pour demain dans chaque cahier et comme c'est le début de l'année, c'était un peu long car ils ne présentent pas encore beaucoup de choses tout seuls
- effacé et préparé mes tableaux du lendemain,
parce qu'on n'arrive pas le matin, les mains dans les poches, et que le secret d'une classe réussie, c'est une bonne préparation matérielle des activités plutôt qu'un cahier-journal verbeux et sans intérêt pratique, disait M. Jean Avenas, conseiller pédagogique de l'Inspection Départementale de Nyons, lorsqu'il venait dans ma classe de débutante.
À 13 h 15, j'ai fermé les volets et la porte (l'ATSEM était partie, elle) et je suis rentrée chez moi, l'estomac dans les talons.
Conclusion : Vos méthodes sont obsolètes, Mme Doublecasquette ! Il serait temps que vous ne passiez plus que 24 heures directement consacrées à vos petits élèves et que le reste du temps, vous réfléchissiez à vos pratiques entre adultes, que diable !
Le présentiel, c'est dépassé, et vos vieux conseilleurs avec leurs proverbes à la noix, il faut les jeter aux orties au plus vite !