L'École Primaire comme je voulais la raconter

Je me lève un beau matin de janvier. Grand soleil dehors. Plein de projets dans la tête.
Et puis boum, patatras !
En consultant les interventions sur le groupe Facebook* que j'ai moi-même créé pour répondre sans haine et sans crainte – et gracieusement, il faut le souligner – aux personnes qui se posent des questions sur les méthodes que je fournis, je me vois rappeler que les réponses que je donne depuis deux jours à une personne qui n'ose pas publier en son nom propre (nom qu'en tant qu'administratrice je connais malgré l'anonymat) ne la satisfont toujours pas.
* : Pour la petite histoire, la naissance de ce groupe est due à un matraquage en règle sur un autre groupe Facebook, créé par un tiers, et dans lequel le baudet, moi, et l'illustratrice que le baudet avait choisie se voyaient reprocher tout et son contraire par une bande de PE qui voulaient bien tester mes méthodes, mais uniquement s'ils et elles pouvaient y ajouter, enlever, changer à peu près tout ce qui leur passait par la tête et ne recevoir, en échange, aucune remarque de la part des auteurs.
– Oui, bien sûr, elle aimerait bien mais voilà, les personnages sont laids.
– Euh... Puis-je me permettre de vous rappeler que la beauté est un critère subjectif ? Les enfants que j'ai côtoyés ne les ont pas trouvés laids, bien au contraire. Ils les ont très vite adoptés et leur présence les a beaucoup aidés au point de vue de l'analyse grammaticale.
– Mais si, c'est laid, et la laideur, c'est terrible pour les enfants ! Et puis le guide pédagogique est mal présenté. C'est trop difficile pour une personne qui, comme moi; est plus portée sur l'enseignement des mathématiques que sur celui du français.
– Ah mais pas de souci, dit alors un second acolyte ! Moi aussi, je trouvais le guide pédagogique mal présenté, mais heureusement, il y a une gentille personne qui l'a réécrit pour nous ! On peut le trouver sur son site, blog, groupe (ou je ne sais quoi, j'ai oublié)*
* Apparemment l'acolyte ne se souvient pas s'être engagé à à ne pas publier de documents modifiés à partir des méthodes présentées dans le groupe. Je vais en profiter pour changer le règlement intérieur puisque ce n'est pas assez clair : ne pas publier ou signaler !
– Ah bon ? Tant mieux alors. Parce que vraiment, moi, je ne peux pas travailler comme ça. J'ai besoin de clarté, de pages aérées, et de ... (j'ai oublié la suite mais c'est du même tonneau).
Et là, je craque... Répondre sans haine et sans crainte, ça va un moment. J'essaie néanmoins de rester polie.
– Là, mesdames, excusez-moi, mais je trouve vos propos très dévalorisants (et je reste polie) pour Sophie et moi. Je vous suggère de mettre au point une méthode complète et de l'illustrer puis de nous la soumettre gratuitement pour que nous puissions à notre tour vous reprocher tout ce qui ne nous plaît pas. Nous verrons si vous acceptez à votre tour la critique.
À ce moment-là, je pense que ces personnes ont senti que j'étais assez peu réceptive à leurs remarques, ou trop susceptible, ou même carrément malveillante. À moins que, nous pouvons toujours rêver, elles se soient rendu compte qu'elles étaient peut-être allées trop loin. En tout cas, le post entier a miraculeusement disparu. Ce qui n'est pas plus mal, finalement.
Alors oui, j'ai craqué et ai encore une fois oublié ce que me disait ma grand-mère : « On n'est pas louis d'or, ma grande, on ne peut pas plaire à tout le monde. ».
J'aurais sans doute dû tendre la joue gauche et expliquer avec bienveillance à la matheuse et à son acolyte que je les comprenais et que je compatissais à leurs problèmes. Peut-être même aurais-je dû les remercier de m'avoir signalé que ce que je voyais comme un ravissant petit bonhomme (il est connu que j'ai un goût de ch**ttes) faisait peur à des adultes ?
C'est peut-être ça la bienveillance, après tout ? Ne pas se contenter d'offrir un matériel, certes imparfait mais efficace, mais en plus accueillir avec magnanimité les remarques insistantes tendant à me prouver que, si on ne pouvait se résoudre à employer mes méthodes dans sa classe, c'était de ma faute, ma très grande faute et uniquement ma faute.
Si c'est cela, il faut croire que je ne suis pas douée pour la bienveillance. Moi, contre des remarques de ce style, tout ce qui me vient à l'esprit, ce sont des réponses bien trop agressives pour leur convenir, comme « À cheval offert, on ne regarde pas les dents, mesdames » ou pire « Fais du bien à Bertrand, il te le rendra en caguant » !
Alors, je m'arrête là et je vais finalement passer ma journée à autre chose qu'à mon projet initial (continuer le guide pédagogique Maths CP-CE1-CE2).
Je suis bien trop touchée par cette réactivation en règle de mon syndrome de l'imposteur pour être capable de la concevoir, cette feuille de compte que j'avais la prétention de croire utile au Jeu Sportif, sans doute oiseux lui-même, préparant la leçon 65 - Distance parcourue...
Je m'y remettrai quand j'aurai avalé la pilule et que je me sentirai assez forte pour supporter un jour les gens qui voudraient bien me suivre mais à condition que je sois quelqu'un d'autre.