L'École Primaire comme je voulais la raconter
J'aurais bien intitulé cet article J'ai rêvé d'une autre école mais cela, c'est ce que j'ai déjà expliqué dans ce livre.
Alors j'ai préféré rester sobre en espérant qu'un titre moins racoleur ait le mérite d'être plus informatif. S'il pouvait ainsi attirer l'attention de collègues, de formateurs et même, rêvons un peu, d'un ou deux décideurs, vous m'en verriez ravie !
Il n'empêche que j'ai vraiment rêvé et je rêve toujours d'une autre école... Une école où, au jour le jour, nous nous centrerions sur les vrais besoins des enfants de 2, 3, 4 ou 5 ans.
Une école qui oublierait les années de primarisation forcée et maternaliserait (ou préélémentairiserait) l'école maternelle, ceci dans le but de lui permettre d'amener tous ses élèves vers une entrée au CP réussie, à tout petits pas pour n'en abandonner aucun.
J'ai déjà tenté l'expérience d'exposer ce que cela pourrait donner pour la GS (on peut la trouver ici : GS : Mobiliser le langage dans toutes ses dimensions - 1) et les collègues qui l'utilisent, entièrement ou partiellement, ainsi que celles et ceux qui s'en inspirent, en sont globalement très satisfaits.
J'avoue que commencer par le commencement en écrivant tout d'abord pour la PS me fait peur. En effet, chez les enfants de deux à quatre ans, les minuscules petits pas qu'il s'agit d'encourager sont totalement conditionnés par la spécificité des enfants dont nous organisons l'année scolaire. Il est très difficile, voire même impossible, de proposer pour tous un cheminement inspiré par une seule cohorte d'enfants. Seuls des conseils généraux, comme ceux que l'on trouve dans mon livre sont selon moi envisageables.
La Moyenne Section m'a donc semblé un sujet plus simple à traiter et je me suis lancée. Sans enfant de quatre ans en face de moi cette année, mais après en avoir fréquenté sans doute plusieurs centaines, et peut-être même aux alentours d'un millier. Que ce soient les enfants de l'époque héroïque, celle où très peu de choses avaient changé depuis qu'une certaine Pauline Kergomard avait lancé son fameux slogan en faveur d'une école maternelle à la française (« Le jeu (le vrai, nous y reviendrons peut-être) est le travail de l'enfant. »), en passant par ceux qui fréquentaient l'école du tout créatif sans entraves ni buts préétablis de l'ère où il était interdit d'interdire, et jusqu'aux jeunes élèves de l'école maternelle que nous connaissons aujourd'hui, celle qui les accueille en tant qu'individus sommés d'être suffisamment productifs pour pouvoir comptabiliser leurs propres réussites !
Si j'ai envisagé cette série d'articles, il faut comprendre que c'est dans le but de sortir de cette école qui n'a plus grand chose de maternel ni même de pré-élémentaire.
♠ celle où, du haut de ses trois ans et demi, Louise est en échec relatif parce qu'elle n'a pas réussi la copie de ce truc bizarre que Maîtresse et Tata appellent « ÈSS »
♠ celle où quand un enfant a accès à la peinture, aux feutres, à la pâte à modeler, aux gommettes, à la colle et aux ciseaux, ce n'est en aucun cas pour s'approprier, avec tous les essais et erreurs que cela comporte, ces nouveaux outils à son rythme et encore moins pour exercer sa créativité, c'est pour apprendre à reproduire des graphismes – souvent ad nauseam.
♠ à moins que ce ne soit celle où il vient pour préparer les matériaux de base qui permettront aux adultes d'exprimer pleinement leurs dons artistiques !
♠ cette école où écouter une histoire, c'est une tâche scolaire dûment évaluée en fin de séquence
♠ cette école où même les jeux sont transformés en pensums qu'il faut avaler un à un, dans un ordre précis, non pas pour le plaisir de jouer ensemble, mais à nouveau pour être évalués
Tout ce qui me fait dire, en bref, qu'il est temps de tenter autre chose, puisque depuis maintenant une bonne vingtaine d'années que cette pédagogie de l'évaluationite compétentielle sévit à tous les niveaux de la maternelle, elle n'est jamais arrivée à réduire la fameuse fracture sociale qui gangrène l'école française.
L'enfant rêve d'apprendre, tout comme il rêve de se faire des amis et de partager de bons moments avec eux.
L'école que je défends, c'est celle où enseignant(s), enseignante(s) et Atsem(s) l'installent dans une salle avec une petite bande d'enfants du même âge et leur proposent aussi des pommes en bois et de jolies assiettes colorées, des crayons, des feutres, de la peinture, des gommettes, de la pâte à modeler, de l'argile, du bois, du papier, de la colle et des ciseaux , des balles, des ballons, de la musique, ..., pour que, d'eux-mêmes, ils exercent non seulement leurs corps, leurs mains et leurs doigts mais qu'en plus ils perfectionnent leurs outils de communication (le langage, le dessin, l'expression plastique, l'expression corporelle) et leurs pouvoirs sur le monde des objets, des êtres vivants et des sentiments.
Dans cette école, c'est pour le plaisir que, quotidiennement, l'enseignante ou l'enseignant leur lit de belles histoires, leur chante comptines et chansons, leur montre tout ce qui les entoure. Et c'est grâce à cet environnement et au plaisir qu'ils ont pris à participer qu'ils communiquent entre eux en articulant de mieux en mieux et en utilisant un lexique de plus en plus riche.
Toutes ces activités les amènent naturellement à étudier et utiliser les nombres, se repérer dans l'espace et le temps, s'intéresser au langage écrit, tout cela sans leçon puisque, depuis que l'école maternelle est une école, c'est une école sans leçons où les enfants se développent physiquement, intellectuellement et moralement sans effort apparent, d'une façon normale, et sans que les adultes aient l'air d'y toucher (d'après P. Kergomard, L'éducation maternelle dans l'école, 1886).
C'est là que réside tout le secret, et, de ce fait, toute la difficulté. Comment les faire se développer physiquement, intellectuellement et moralement si nous les laissons jouer, sans leur donner de leçons – de cours comme je le lis souvent en sursautant sur les réseaux sociaux – et si nous n'évaluons pas régulièrement les diverses composantes de ce développement ?
C'est tout simple :
→ en concevant un emploi du temps où les activités se succèdent à un rythme d'enfant (plages successives de 10 à 30 minutes, c'est bien) pour ne pas qu'ils se lassent
→ en les écoutant plus souvent qu'ils ne nous écoutent, y compris pour des moments d'expression totalement libre (sans thème ni projet) pour qu'ils se sentent au cœur de notre projet
→ en les faisant participer réellement à l'aménagement de l'espace, à la régulation des comportements, au choix des projets même les plus simples (Exemple : « Voici du papiers et des ciseaux. Entraînez-vous à vous en servir ! ») pour qu'ils vivent dans leur monde, même s'il est moins joli que ces classes qui fleurissent sur Instagram à la rentrée
→ en ayant en tête une vision claire de qui est fondamental, un enfant à l'aise dans son corps et dans ses propos, curieux de tout, et de ce qui n'est, au contraire, que du dressage matériel ou intellectuel, aussitôt appris, aussitôt oublié, pour offrir à tous l'occasion de communiquer, s'exprimer et tirer partie du monde qui les entoure
→ en faisant feu de tout bois pour amener et ramener inlassablement tous ces vrais savoirs fondamentaux sur le devant de la scène pour que tous, lents comme rapides, favorisés comme défavorisés, aient l'occasion – que dis-je, l'occasion ? – d'innombrables occasions d'y progresser.
Et la pratique, en voilà l'ébauche, avec :
Télécharger « Une année en MS.1.pdf »
Télécharger « Une année en MS.2.pdf »
On trouvera une version des Trois Petits Cochons ici : Les Trois Petits Cochons si l'on ne souhaite pas investir, comme il est suggéré, dans plusieurs albums de la version traditionnelle ce titre.
On trouvera en suivant ce lien la « recette » pour les Étiquettes prénoms.
Dans les documents ci-dessus, on pourra découvrir ces liens :
◊ ARCHI-Tecture et Livres de Jeunesse qui nous suggérera quelques titres d'albums ayant trait aux emménagements et aménagements
◊ « Un petit pouce qui danse »: la comptine de la semaine chantée et mimée par Isabelle Godefroy
◊ Thème du Canard : la musique choisie pour l'expression corporelle de la semaine
◊ PS/MS : 26 fois 26 symboles (1bis) : pour la liste de vocabulaire n° 4 qui sera travaillée toute la semaine
◊ Les icônes de la série n° 4 : pour passer en douceur, à petits pas, de la lecture d'images à la lecture de symboles signifiants
Ici, nous ajoutons les « images » qui symbolisent une activité (et en profitent pour ouvrir les enfants à l'Art) :
Télécharger « Matériel P1.pdf »
Et pour l'enseignant qui cherche à s'auto-évaluer plutôt qu'à évaluer les micro-savoirs de ses élèves :
◊ Archi et Anti cahiers de réussite pour la MS
Et voilà, il n'y a plus qu'à... Plus qu'à quoi ? Plus qu'à me dire si la suite vous intéresserait, plus qu'à me poser des questions pour avoir des éclaircissements sur un point ou un autre, plus qu'à clore définitivement ce projet parce qu'il vous semble totalement aberrant, inintéressant, inapplicable, idiot.
Je ne sais pas si j'arriverai à continuer selon la même formule. Cette série risque fort de s'arrêter sous cette forme après ce premier trimestre entier. Je suis en revanche ouverte à vos suggestions de documents qui vous aideraient à continuer dans la même veine (progressions, trucs pédagogiques, ... ). À vos claviers !
... ; MS : Une année dans la classe des Moyens (2) ; MS : Une année dans la classe des Moyens (3)