L'École Primaire comme je voulais la raconter
Une petite illustration anglaise ou américaine pour ne vexer personne...
Depuis des années, dans quelque classe que je sois, mes seuls rituels sont le langage oral, la lecture, l'écriture, l'étude de la langue, les maths, QLM/Explorer le monde/Histoire-Géo-Sciences, l'EPS, les arts plastiques, la musique et l'anglais à heures fixes. C'est fou comme ça sécurise les enfants et comme ça nous fait gagner du temps !
Je commence la matinée par 20 des 30 minutes d'activités physiques quotidiennes conseillées par les médecins. Pendant ces 20 minutes, j'organise des jeux sportifs au cours desquels les mathématiques sont largement sollicitées (numération, calcul mental, géométrie, mesures).
Au bout de 20 minutes, nous entrons en classe. Pendant que je vérifie les carnets de liaison, ils copient sur leurs cahiers du jour la date que j'ai écrite sous leurs yeux en la lisant. C'est notre rituel de la date, qui leur apprend à se repérer dans le temps sans perdre pour cela un quart d'heure chaque jour à déplacer des étiquettes.
Dès que j'ai fini, nous passons à la 1re séance collective de lecture, très ritualisée puisque je suis la progression de mon manuel de lecture : découverte d'une graphie, gestes de l'écriture de celle-ci, lecture d'éléments la contenant le premier jour, lecture de mots, phrases et très vite texte comportant un important volet 'compréhension' le deuxième jour.
Une fois la lecture finie, c'est le travail sur le cahier du jour : dictée, écriture, exercice d'entraînement, production d'écrit. Les enfants qui finissent avant l'heure de la récréation m'apportent leur travail à corriger. Nous le regardons ensemble et, si tout est correct, ils vont prendre une occupation dans le coin "délestage" : livre, feuille de dessin et feutres ou craies d'art, pâte à modeler, jeux de construction géométrique, jeux d'imitation, loto des Alphas, puzzle, ... Cela me laisse du temps pour m'occuper des élèves fragiles et les accompagner dans leur travail.
Après la récréation, séance collective de mathématiques puis exercices sur le fichier. Même principe pour la correction des exercices et les activités de délestage.
L'après-midi, en arrivant, nous commençons par 25 minutes d'EPS pendant lesquelles je tente d'introduire du vocabulaire ou des comptines en anglais.
Puis se succèdent les séances collectives de QLM et d'arts plastiques ou musique.
Après la récréation, nous commençons par la relecture de la page du jour suivie par le travail sur le fichier d'exercices lié à la méthode. Pendant les corrections individuelles, les enfants prennent leurs cahiers de QLM, de poésies ou de productions d'écrits et améliorent leurs dessins.
Quand tout le monde a fini, c'est l'heure de préparer les cartables et d'écouter l'histoire ou le poème que je leur lirai.
Accueil dans la cour, entrée en classe pour aller au coin de regroupement et séance de langage du style Quoi de neuf aménagé.
Puis passage aux toilettes, suivi d'un moment de dessin libre et dictée à l'adulte (souvent dans l'autre sens avec les GS, la séance de Quoi de neuf s'étant terminée par un écrit collectif).
C'est alors, et jusqu'à la récréation, le temps des ateliers libres : coins d'imitation, coin livres et images, jeux de construction, activités sur table (puzzles, abaques, perles, tableaux à double entrée, etc.), pâte à modeler, tissage, découpage/collage, peinture, etc.
En GS, ce temps est un peu écourté par le quart d'heure quotidien consacré à l'exécution des séances d'éducation aux gestes de l'écriture cursive (voir Mon cahier d'écriture, GS de Laurence Pierson).
Après la récréation, nous enchaînons par la séance de motricité du matin au cours de laquelle, selon ma bonne vieille habitude, on retrouve énormément de composantes « structuration de la pensée, de l'espace et du temps », suivie, jusqu'à l'heure de la sortie par la séance de musique/chant/comptine, au cours de laquelle l'éducation de l'ouïe, l'articulation – et donc la phono – tiennent le haut du pavé.
C'est au cours de cette séance qu'en GS, je présenterai bientôt les Voyelles puis les Consonnes (voir progression De l'écoute des sons à la lecture de Thierry Venot).
L'après-midi, avant la sieste des petits et après l'accueil dans la cour, nous débutons par un petit quart d'heure de lecture offerte (courte histoire, comptine ou poème). Puis c'est le passage aux toilettes, suivi de la sieste des plus jeunes.
Avec les plus âgés, en GS, nous commençons par le travail sur les fichiers : un petit exercice pour ponctuer le travail d'écoute des sons et préparation à la lecture, un autre pour conclure la séance d'EPS pendant laquelle nous avons appris à nous repérer, compter et calculer. Les MS suivent à peu près le même chemin mais sur un terrain plus proche du jeu que du réel exercice écrit (coloriage, découpage, jeux éducatifs du commerce, ...).
Ce petit moment passé, c'est tous ensemble que nous continuons l'après-midi : observations, expérimentations, dialogues à bâtons rompus sur un sujet qui passionne tout le monde, confection d'un objet, d'une affiche collective, rédaction d'une lettre à des amis, aux familles, les occupations sont variées.
Si l'attention flanche, c'est qu'il est l'heure de laisser chacun vaquer à ses occupations, dans les coins-jeux de la classe (voir matin, sauf peinture), d'autant que, dans les classes à plusieurs niveaux, certains « siesteux » nous rejoignent.
Puis, c'est la récréation. Après celle-ci, à nouveau un peu de sport et de musique. C'est souvent le moment de l'expression corporelle, des rondes et des jeux dansés.
Quand la fatigue de la journée se fait sentir, je regroupe ensuite tout le monde pour que nous lisions une histoire. L'exploitation de l'épisode du jour se fait selon la démarche développée par Pierre Péroz, plus souple selon moi que la façon de faire de Narramus.
Toujours pas de rituels, sauf exceptionnellement, pour relever les températures et apprendre à faire un graphique et une moyenne par exemple.
Et toujours un emploi du temps très ritualisé, conçu comme une succession de gros « blocs » dans lesquels la souplesse régnera lorsqu'il s'agira d'évoluer en fonction des capacités des élèves.
Au sein des gros blocs du matin, toujours destinés au français et aux mathématiques (ce qui n'empêche pas, au CE1 surtout, de passer un moment en activités physiques puisque les mathématiques se marient très bien avec l'EPS), j'alterne un moment collectif, un moment en autonomie guidée puis un moment en totale autonomie. C'est très pratique en multi-niveaux lorsque les deux tiers ou les trois quarts de la classe sont en totale autonomie (plan de travail par exemple) et qu'on peut se consacrer quelques minutes, souvent ça suffit, au tiers ou au quart restant.
L'après-midi, c'est à 99 % du collectif, que ce soit pour une classe à une seul niveau ou pour une dans lesquels se côtoient plusieurs niveaux. Collectif en histoire, en géographie et en sciences, collectif en EPS, en arts plastiques et en musique bien sûr et collectif en anglais.
Tout d'abord parce que c'est plus simple, ensuite parce que cela apporte beaucoup plus à chacun, enfin parce que l'école élémentaire est, comme son nom l'indique, l'école des savoirs élémentaires, ceux qui s'installent sur la durée, par la répétition et l'action et pas l'école de la compétition acharnée, ni celle de l'installation suivie de l'évaluation des connaissances livresques étendues qui bloquent plutôt qu'elles ne servent la compréhension.
Souvent je me sers des séances d'histoire, géographie ou sciences pour rajouter un peu de lecture documentaire aux lectures littéraires menées le matin pendant l'horaire de français. Cela me permet d'avoir fait lire à voix haute chacun de mes élèves chaque jour (quelques-uns lisent en mathématiques, puisque nous avons chaque jour ou presque la résolution d'un ou plusieurs problèmes au programme).
Faire tous les jours du français, des maths, de la culture générale, du sport, des arts et une initiation à une langue étrangère permet d'acquérir en profondeur et sur la durée tous les petits savoirs ponctuels que traitaient les « rituels ».
On économise du temps, de l'énergie, du matériel et on sauvegarde un peu l'avenir de la planète en ne pratiquant plus ces activités souvent à base de panneaux, tableaux, étiquettes imprimées et plastifiées qui finalement n'apportent pas grand-chose de plus à notre enseignement.