L'École Primaire comme je voulais la raconter
La semaine dernière, nous avons étudié les terrains grâce à Ma Première Géographie Documentaire, de Didier Glad.
Devant la photo du terrain sablonneux, mes élèves traversaient mentalement la Méditerranée et s'enfonçaient en Afrique à la recherche du désert du Sahara.
Quand on a, à deux pas de son école, toute une étendue de la commune recouverte par des safres ( formation sédimentaire gréso-sablo-marneuse plus ou moins compacte du miocène), c'est quand même dommage d'aller si loin pour observer un terrain sableux !
Alors, voilà, mes géographes en étude sur le terrain !
Pour revenir à l'école, nous sommes montés tout en haut de la colline, là-haut sur le plateau en passant par des drayes tracées par le gibier, ou peut-être autrefois par les bergers, leurs chèvres et leurs moutons (chez nous, il n'y a plus de pastoralisme depuis... autrefois, dans les années 1950). Ça a été parfois difficile parce que la végétation est un peu piquante, griffeuse et agressive (du moins dans l'esprit d'un enfant de six ans qui ne quitte jamais les routes goudronnées).
Sur le plateau, nous avons vu le papa de Lisette qui travaillait ses vignes, des essais de terriers faits par une colonie de lapins et puis, certains ont cherché des traces de loup et... de fil en aiguille... l'idée des bergers et de leurs troupeaux a fait son chemin...
- Maîtresse, tu es comme une maman qui aurait vingt-deux enfants à amener à l'école...
- Ou comme une bergère qui aurait un troupeau de chèvres et de moutons ! Et des chiens de berger !
- Bêêêh ! Bêêêêêh ! Bêêêêh ! (x 20)
- Ouah ! Ouaf ! Ouip, ouip, ouip ! Ouaf ! (x 2)
Alors, je leur ai montré comment les bergers appelaient leurs bédigues, autrefois, dans les années 1960 (et j'ai triché un peu en leur disant que, lorsqu'elles entendaient ça, les bédigues, et les chiens, se taisaient et suivaient en silence) :
- Brouououououououh ! Tièr, tièr, tièr, tièr !
- ... ... ...
- Bêêêh ! Bêêêêêh ! Bêêêêh ! (x 20)
- Ouah ! Ouaf ! Ouip, ouip, ouip ! Ouaf ! (x 2)
- Brouououououououh ! Tièr, tièr, tièr, tièr !
- ... ... ...
- Bêêêh ! Bêêêêêh ! Bêêêêh ! (x 20)
- Ouah ! Ouaf ! Ouip, ouip, ouip ! Ouaf ! (x 2)
- Brouououououououh ! Tièr, tièr, tièr, tièr !
- ... ... ...
Ce qui me fait le plus mal au cœur, c'est que l'an prochain, ce genre de balade, départ à 13 h 40 à pied, 45 minutes de marche entrecoupée d'arrêt pour observer une flaque de boue sur terrain argileux, des " genêts d'or qui sentaient bon tant qu'ils pouvaient ", des pins et des chênes verts en fleur, un ruisseau coulant sur une plaque de safre encore bien compacte, et puis des "sables mouvants" où l'eau s'infiltre, suivies de 45 minutes de jeux et d'observations libres, puis 15 minutes de "goûter", et enfin 60 minutes de grimpette, lectures de paysages, observation du terrain, bêlements de brebis, pauses boisson, sur le chemin du retour, eh bien, il faudra oublier.
Tout ça parce que ça dépassera les horaires prévus pour l'après-midi et cela empêchera les ex-élèves, redevenus zenfants dont il faut préserver l'intérêt, d'arriver à l'heure à l'activité "guitare sur poney" prévue dans le Vieux Port de Marseille entre 16 h et 16 h 45 !