L'École Primaire comme je voulais la raconter
Merci à Hellokids pour cette BD parfaitement adaptée à la situation.
C’est la rentrée des classes. Après l’accueil des parents, les langues vont bon train…
« C’est catastrophique ! Comme il y a trop d’enfants de Petite Section mais pas assez pour en faire deux classes, certains enfants de trois ans iront en classe dans la même salle et avec la même maîtresse que ceux de Moyenne Section ! Ils parlent même d’y mettre des tout-petits qui ont à peine deux ans…
– Oh ! Mais c’est terrible ! Cela veut dire que les petits n’iront pas à la sieste ? Et puis, ils ne vont jamais arriver à suivre.
– Mais enfin, ils ne vont pas retarder les moyens pour s’occuper des petits, quand même ! Sinon, le mien qui est déjà très en avance va s’ennuyer.
– Moi, en tout cas, je demande un rendez-vous à la directrice. Je ne veux pas que ma fille vienne à l’école pour faire la sieste.
– Non, mais ne vous inquiétez pas. Je pense que la maîtresse s’occupera des plus âgés et qu’elle laissera les petits à l’ATSEM. De toute façon, pour ce qu’ils font à cet âge-là !
– Dans ces cas-là, j’enlève le mien. Il retourne chez la nounou dès demain. Au moins, là, il aura une adulte presque pour lui tout seul… ».
Deux ou trois années plus tôt, à la rentrée de septembre 2015, pendant le conseil des maîtres de l’école voisine, une oreille indiscrète entendait :
« Non mais c’est impossible !
– En tout cas, moi, je ne la prendrai pas !
– Même si on la charge moins ? On pourrait…
– Non ! Pédagogiquement, c’est infaisable.
– En plus, elle sera à cheval sur deux cycles !
– Oui, c’est vrai, ça… Le CE1, c’est cycle 2, et le CE2, c’est cycle 3. On n’a pas du tout les mêmes objectifs[1].
– À moins qu’alors, on mette une partie des 2010 avec les 2009 ?
– Quoi ? Des CP avec des CE1 ?
– Ah non, c’est infaisable ! L’enjeu de la lecture est bien trop important. Ils seront noyés… »
La conversation dura des heures et des heures sans que jamais personne n’arrivât à se mettre d’accord. Et ce n’est qu’à la toute fin de l’année scolaire qu’on décida qu’on mettrait le collègue fraîchement nommé devant le fait accompli et qu’il hériterait d’une classe de 8 élèves de CE1 et 17 de CE2…
Deux à trois semaines après la rentrée, le temps que tout le monde ait pris ses marques, si ces deux classes ont été prises en charge par des collègues sûrs de leurs méthodes et conscients des enjeux de chacun de ses deux niveaux, les discours auront radicalement changé.
Du côté des parents de maternelle, on se réjouira de la bonne intégration des enfants, de leur envie d’aller à l’école, des premiers progrès accomplis, de l’ambiance chaleureuse qui règne dans leur classe.
Du côté des enseignants d’élémentaire, les réactions seront plus mitigées. Il n’est pas facile d’admettre qu’on a eu tort et que, finalement, la catastrophe annoncée de façon certaine n’a pas l’air de se profiler à l’horizon.
Et il sera encore plus dur de reconnaître en fin d’année scolaire que, finalement, à exigences et contenus égaux, les élèves de la classe à double niveau auront peut-être même un petit avantage dans le domaine de l’autonomie et de la prise de responsabilités.
Tous les chapitres déjà mis en ligne sont répertoriés dans la Table des matières évolutive que vous trouverez dans la partie Sommaires.
[1] Eh oui, les cycles, c’est un peu comme la chronobiologie ! Ça va, ça vient au gré des lubies des adultes… Il fut un temps où, après avoir fait partie pendant plus d’un siècle du même Cours Élémentaire, les classes de CE1 et CE2 appartenaient pour la première au Cycle des Apprentissages Fondamentaux et pour la seconde à celui des Approfondissements… Les voici à nouveau tous deux rassemblés… jusqu’à la prochaine fois !