L'École Primaire comme je voulais la raconter
Vendredi 20 mars, premier jour du printemps, il convenait de marquer une nouvelle étape dans l'apprentissage de l'écriture-lecture des sept élèves de GS de la classe à triple niveau où ils viennent tous les matins.
Ils ont d'abord répété lentement la phrase que je leur proposais : Léo a démoli sa moto ; il la répare.
Ensemble, avec mon aide, ils ont segmenté ce discours en mots que je symbolisais au tableau par des rectangles plus ou moins longs selon le nombre de syllabes de chacun.
Ensuite, nous nous sommes entraînés à faire correspondre chaque rectangle avec le mot qu'il contiendrait. J'ai encore bien aidé car si les verbes et les noms sont facilement reconnus comme des mots, il n'en va jamais de même avec tout ce qui est articles, auxiliaires, adjectifs possessifs, prépositions et autres mots "de liaison"...
Lorsque chacun a su à peu près faire correspondre un rectangle avec un mot, les enfants ont tous choisi un mot et j'ai sorti les lettres minuscules scriptes magnétiques.
Pendant quatre à cinq minutes, ils ont travaillé seuls, parfois avec un peu d'aide. Certains enfants, moins à l'aise, avaient choisi de travailler en binômes.
Tous ont avancé, un peu à la manière des exercices de lecture inventée que nous voyons proposés à notre sagacité parfois un peu éberluée sur la Toile. Cependant différence notable, je cherche à n'emberlificoter personne et, bien au contraire, je m'emploierai à rendre utiles et efficaces les quelques premiers acquis encore tâtonnants et collectifs de ces petits enfants de cinq à six ans,
Léo a ainsi donné éo dans un premier jet alors que démoli a d'abord été transcrit rbap par notre inévitable Je-fais-d'abord-je-réfléchirai-après avant d'être décroché par son acolyte qui, pendant ce temps, avait préparé les voyelles.
Grâce à mon aide, à tous les deux, ils ont très bien réussi leur travail à quatre mains : Je-fais-d'abord prononçait "D...d... d...dé" puis cherchait la lettre d à laquelle son acolyte ajoutait la voyelle é. Ils recommençaient ensuite à prononcer "Mmmmmmmmo !", numéro 1 cherchait la lettre m et numéro 2 y dégainait son o, gardé en réserve.
Ils ont fait de même pour la troisième syllabe et, lorsque je suis revenue après une aide ponctuelle à un élève de CP ou de CE1, Acolyte-2 affichait glorieusement la lettre i au tableau l
moto a été écrit très vite et sans difficulté par la plus jeune du groupe (5 ans depuis le mois de décembre), une enfant suivie par ailleurs en orthophonie pour de très gros problèmes de prononciation.
sa, il et la, monosyllabiques ont été écrits sans difficulté par un élève ou un autre sans que j'aie à m'en mêler.
Et c'est même Je-fais-d'abord-et-je-réfléchis-ensuite qui s'est proposé pour l'écriture de il qu'il a écrit, après un court moment de réflexion, seul et juste !
Enfin, répare qui avait été déclaré fini par son auteur une première fois lorsqu'il comportait les lettres r et é puis une seconde fois alors qu'on pouvait lire rép, a été fini grâce à l'auteur du mot moto qui est venue prêter assistance à son camarade.
C'est ainsi que nous avons pu lire, affichée au tableau, la phrase que nous avions oralisée cinq à dix minutes plus tôt :