L'École Primaire comme je voulais la raconter
Élèves de GS en recherche libre :
Explorer le monde (espace - matière) et Mobiliser le langage dans toutes ses dimensions (oser entrer en communication, comprendre et apprendre, échanger et réfléchir avec les autres)
Suite à GS : Vers l'écriture-lecture , quelques collègues m'ont demandé si je pouvais fournir un emploi du temps illustrant une journée de classe (n'importe laquelle, elles sont toutes bâties sur le même schéma).
Le voici, avec quelques compléments d'information que je juge nécessaires :
Télécharger « EDT GS déc. 2020.pdf »
→ Pour que la classe reste le lieu où tout le monde est accueilli en même temps
→ Pour que la première activité qui s’y déroule soit une activité collective, centrée sur les apprentissages communs, et non un hall de gare où chacun vaque à ses occupations en attendant l’heure de son train
→ C’est très très sérieux au contraire. C’est faire des Mathématiques quelque chose d’indispensable à la vie de l’enfant de cinq ans, quelque chose qu’on fait, sans même y penser, dès lors qu’on se déplace, qu’on veut jouer à plusieurs, qu’on se répartit des tâches ou du matériel, qu’on cherche à fabriquer quelque chose, etc.
→ Pour plus de précisions, c’est ici : GS : Jeux sportifs et « Mathématiques » (1) ; GS : Jeux sportifs et « Mathématiques » (2) ; GS : Jeux sportifs et « Mathématiques » (3) ; GS : Jeux sportifs et « Mathématiques » (4)
→ Tout :
⇒ Du langage d’évocation qui peut amener aussi bien à faire des mathématiques qu’à s’intéresser à l’élevage du ragondin dans le Marais Poitevin, en passant par : l’existence du Père Noël, de Dieu ou des Tortues Ninja, les droits et devoirs des policiers, le métier de la maîtresse (une énigme : comment cette personne qui s’amuse à longueur de journée avec des enfants peut-elle bien arriver à trouver du temps pour exercer une activité professionnelle rémunératrice et donc sérieuse ?), les mensonges de la publicité, les couleurs de filles et les couleurs de garçons, etc.
⇒ Du langage d’expression qui mènera tant à la construction d’un système grammatical implicite solide qu’à la création poétique la plus échevelée
⇒ De l’écoute de langage écrit qui débouchera sur du lexique, de la compréhension, de la grammaire implicite, des connaissances encyclopédiques et culturelles, de l’imagination, ...
⇒ De la dictée à l’adulte parfois parce que, une question en ayant amené une autre, il faut bien communiquer avec l’extérieur pour obtenir une réponse à nos interrogations pratiques (qui peut nous prêter une pompe à vélo pour regonfler les ballons de la cour et, accessoirement, voir comment ça fonctionne, cet outil-là ?) ou plus intellectuelle (nous cherchons différentes versions du conte Machenka et l’Ours pour voir comment les illustrateurs ont « vu » les personnages que nous connaissons bien)
⇒ J’en oublie certainement et vous prie de bien vouloir m’en excuser.
Généralement, ils proposent, en libre choix :
⇒ 4 ateliers d’expression plastique (ex : peinture, découpage-collage, modelage, tissus et fils, collage de volumes, ... )
⇒ 4 ateliers de structuration de la pensée (ex : puzzles, abaques, algorithmes, tableaux à double entrée, jeux de société, ...)
⇒ 4 ateliers de langage oral/écrit et socialisation (dictée à l’adulte, bibliothèque, coins-jeux : construction, garage et piste routière, maison de poupées, magasin, circuit de train, ...)
Et, généralement, ils peuvent accueillir 4 à 6 élèves chacun (soit 48 à 72 places chaque jour, de manière à être « paré » à toute éventualité)
→ Parce que les élèves sont totalement libres de leur choix : en maternelle, tout est dans tout, et tout le temps, on obtiendra tout aussi bien un élève bien dans son corps, sa micro-société et sa tête en le laissant librement choisir de peindre, découper, monter une tour de Kaplas avec deux amis, réaliser un puzzle, jouer à la bataille ou dessiner au tableau, sous notre attention générale, qu’en lui imposant un atelier « boules de coton-pinces à cornichon » ou un jeu de société qu’on ne pourra surveiller tout occupé que l’on sera à tenter d’obtenir la participation des quatre élus du jour à l’atelier que l’on dirigera
→ Ils ne s’inscrivent sur aucun planning, peuvent changer d’atelier quand ils le veulent ou rester sur le même plusieurs jours d’affilée, toujours parce que nous savons qu'ils auront des centaines d'occasions dans l'année d'exercer telle ou telle compétence, capacité, savoir-faire ou savoir-être... Tout au plus encourageons-nous tel élève à oser sortir de sa zone de confort pour essayer telle ou telle activité, avec notre aide s'il le souhaite, puisque nous avons le temps de nous intéresser à tous
→ Ce sont eux qui, guidés au départ puis rapidement simplement aidés par les adultes, installent et rangent le matériel au début et à la fin de l’atelier parce que cela fait partie du contrat : « Voir dans notre école, dans notre classe, un lieu de vie commun dont nous nous sentons responsables »
→ La régulation est effectuée par l’adulte qui :
◊ a prévu le matériel en amont
◊ aide à l’installation et au rangement
◊ rappelle les règles d’utilisation du matériel
◊ encourage les recherches et les bons comportements
◊ sanctionne les mauvais
◊ affiche et commente les œuvres qui dénotent d’un progrès individuel et/ou collectif
◊ offre aide et régulation aux élèves qui en ont besoin
◊ toute autre action naturelle et logique lorsqu'un adulte responsable vise le développement harmonieux d'un groupe d'enfants (bien dans leurs corps, bien dans leur tête, bien dans leur micro-société)
→ Pour apprendre aux élèves à être « toute ouïe » grâce au plaisir du chant et de la pratique instrumentale
→ Pour profiter de cette éducation de l’ouïe associant mélodie et rythme pour faciliter la prise de conscience phonologique
→ Pour donner aux élèves une occasion quotidienne supplémentaire d’analyser le langage oral afin de mieux comprendre comment on le traduit en langage écrit
→ On ne sera pas forcément pendant 45 minutes sur la même activité. Cela pourra être par exemple :
⇒ une observation/expérimentation de 20 minutes, suivie de 10 minutes de rédaction collective d’un texte commun et de 15 minutes de dessin d’observation
⇒ trois ateliers tournants autour d’un thème, de 10 minutes chacun, suivis d’une mise en commun collective de 15 minutes à la fin
⇒ une construction technologique guidée collective ou individuelle
⇒ une sortie dans un lieu proche qui inclura la récréation qui suit
⇒ et, une fois par semaine, une séance Arts plastiques pour observer une œuvre ou une technique et s’en inspirer pour créer à son tour ou pour préparer ensemble ou individuellement une réalisation à visée décorative
→ Oui, parce que je n'ai pas voulu que plus de la moitié de la matinée se passe forcément assis sans bouger mais c'est modulable : vous pouvez très bien l'intégrer aux 25 minutes d'ateliers libres
→ Pour la dictée à l'adulte, en GS, elle va très vite évoluer :
⇒ certains enfants resteront plusieurs jours sur leur dessin, ils ne dicteront pas tous les jours quelque chose
⇒ certains autres sauront d'emblée ce qu'ils veulent dessiner et accepteront ou même réclameront de « dicter d'abord » pour dessiner ensuite ce qu'ils auront raconté
⇒ certains accepteront ou même réclameront de commencer à raconter l'histoire en cours de dessin parce que les principaux éléments en sont déjà posés et qu'ils savent ce qu'ils veulent dire
⇒ à partir du deuxième trimestre, certains nous feront la surprise d'écrire sur leur dessin, à leur manière, un commentaire personnel, nous n'aurons alors qu'à le traduire en « orthographe de grands »
→ Et en attendant, il y aura le temps d'atelier du lendemain matin pendant lequel on pourra appeler près de soi deux ou trois élèves pour qu'ils racontent leur dessin de la veille
→ Pour quitter l’école en gardant un souvenir lié à l’écrit
→ Pour faire de ce domaine un moment de détente et de plaisir
→ Pour se dégager de l’exploitation d’albums à tout faire
→ Pour éviter les séances interminables au matériel sophistiqué qui plombent les journées d’école des plus jeunes de nos élèves et revenir à l'essentiel : le texte
→ Pour adopter une pédagogie de l’écoute visant à « donner aux élèves une conscience claire de ce qui est attendu en langage tant sur le plan discursif (raconter, expliquer, faire des hypothèses) que sur le plan cognitif (mémoriser, expliquer, imaginer)[1] » par la pratique des questions ouvertes, du droit à reprendre ou reformuler ce qui a déjà été dit et l'octroi d'un temps de réflexion et de construction de chaque intervention
[1] Voir : 11 histoires pour UNE ANNÉE DE LANGAGE en GS maternelle ou encore : 9 questions à Pierre Péroz.