L'École Primaire comme je voulais la raconter
Ce petit défaut d'encodage arrive souvent, surtout en début d'apprentissage pour la plupart des enfants mais aussi de façon plus durable pour certains.
Il est à rapprocher des difficultés langagières qui affectent l'apprentissage de la parole (bégaiement, inversion et oubli de syllabes ou de consonnes : « le valabo, un pestacle, des pasghettis, une telier, maman, elle est à sa gasin, ... ») ou de toutes les difficultés qui émaillent les phases d'apprentissage d'une technique quelle qu'elle soit (la difficulté à coordonner mouvements des bras et des jambes et respiration quand on apprend à nager ; la difficulté à maîtriser la trajectoire du vélo tout en pédalant quand on apprend à faire du vélo ; la difficulté à maîtriser vocabulaire, ordre des mots dans la phrase et même parfois déclinaisons et/ou alphabet différent, quand on essaie de parler ou d'écrire une langue étrangère ; ...).
Les exercices (ou « jeux » ou encore « activités ») que je propose ci-dessous peuvent :
♣ être menés de façon systématique (tous les jours en accompagnement de chaque nouvelle acquisition graphémique) pendant un temps assez long pour que les élèves acquièrent ces réflexes :
⇒ en début de CP
⇒ en GS, lorsqu'on a opté pour un travail d'écoute associé à la fois au travail d'écriture et à celui de reconnaissance des lettres)
♣ en APC pour des élèves plus âgés qui devraient normalement avoir dépassé ce stade.
L'enjeu est double. Il faut tout à la fois rythmer la langue orale et en affiner l'analyse auditive et analyser implicitement les caractéristiques du code écrit pour en assurer la maîtrise :
♥ frappés de mains pour scander les syllabes (écrites, s'il vous plaît, pour ne pas être en contradiction avec la seconde partie qui, je le rappelle, doit être concomitante) : « Pa... ta... te... A... ni... mal »
♥ jeux sur les doigts pour compter les lettres : « pa... 2 doigts, ta... 2 doigts, te... 2 doigts ; a... 1 doigt, ni... 2 doigts, mal... 3 doigts »
♥ jeu du robot aux piles fatiguées qui « p...a...r...l...e t...r...ès l...en...t...e...m...ent... » à pratiquer d'abord avec des mots constitués de consonnes dites « longues » ou « continues » (f, ch, s, v, j, z, l, m, r, n) avant d'introduire les consonnes « courtes » ou « occlusives » (b, d, g, p, t, c).
♥ mots prononcés par le robot aux piles fatiguées que les enfants doivent reconnaître à l'oreille: « Si je vous dis « ch...e...v...a...l », c'est que je parle d'un ?... cheval, oui, très bien ! »
♥ étiquettes de lettres à remettre en ordre (voir exemple ci-dessus avec le loto des Alphas) :
→ par groupes de deux : ma, li, cho, fu, ré, si, ...
→ puis trois par trois dans le cas de syllabes plus complexes : car, fil, bol, tri, ble, ...,
→ puis pour reconstituer des mots de 4 lettres,
→ puis 5 lettres,
→ puis 6 lettres
On pourra jouer cela sous forme d'un championnat, surtout avec les élèves en difficulté que l'on prend en APC, pour les « renarcissiser » après une année de CP très dévalorisante pour eux : « Si vous arrivez à reconstituer les mots de 4 lettres, nous essaierons ceux de 5, etc.)
♥ mots lacunaires à compléter "à l'oreille" : « Je vais vous écrire des mots dans lesquels j'aurai oublié d'écrire une lettre. Je vous dirai le mot que j'ai voulu écrire et vous, vous devrez trouver la lettre que j'ai oubliée : un nav...re (je voulais écrire « navire »), ils ram...ssent (je voulais écrire « ils ramassent »), un ...mi (je voulais écrire « un ami »), une carav...ne (je voulais écrire « une caravane »), etc. »
♥ et bien sûr encodages, avec un crayon à la main, de mots donnés oralement ou représentés par un dessin
→ tout d'abord deux lettres : dé, as, or, il, de, if, vu, lu,... ;
→ puis trois : col, lac, mal, bol, fil, vis, sur, mur, clé, cru, bar, ami, ... ;
→ puis quatre dont le e presque muet final : lame, lime, rame, file, rire, lire,...; etc.)
→ puis quatre mais sans le e presque muet final (en donnant aux élèves les difficultés : accents, lettres muettes, doubles consonnes, etc.) : fâché, lâché, vélo, lama, fumée, papa, lilas, etc.
Ici aussi, on pourra parler de championnat, surtout pour les élèves en difficulté qu'on prend en soutien lors des APC.
Cependant, je me dois de rester honnête, lorsqu'il s'agit d'enfants en gros déficit scolaire, cela les aidera un peu mais cela ne réglera pas totalement le problème. Seuls le temps et la maturité, et parfois même un accompagnement très spécialisé, leur permettront de se sentir à égalité avec leurs camarades de classe plus chanceux.