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L'École Primaire comme je voulais la raconter

fin de CP/CE1 : Travailler la fluidité en lecture

fin de CP/CE1 : Travailler la fluidité en lecture

Une collègue me demande ici ce qu'elle pourrait faire pour que ses élèves faibles lecteurs se sentent actifs et s'engagent pendant qu'un de leurs camarades lit à voix haute.
Par ailleurs elle aimerait encourager ses élèves à la fluidité et cherche des réponses à ses questions.

Voici ma réponse, plus accessible ci-dessous que dans les commentaires.

Les chuchoteurs

Avez-vous déjà entendu parler des « chuchoteurs » ou « phonic phones » ? Ils semblent faits pour vos élèves. Vous en avez des exemples ici : Les phonics phones. Ce n'est pas la panacée, les élèves distraits arrivent toujours à s'évader de temps en temps, mais quand même, ça aide bien.

La difficulté et la longueur des textes

La deuxième solution, vous l'avez trouvée de vous-mêmes : adapter la difficulté et la longueur des textes aux capacités de lecture des enfants. Donc oui, des textes plus simples, plus adaptés à leurs capacités actuelles de lecteurs.

L'attrait de l'inconnu

Une troisième se trouve dans l'intérêt de ce qu'on leur donne à lire.

Relire, en moins bien, ce qu'on a entendu très récemment dans un texte lu par l'adute, c'est moins motivant que découvrir par soi-même une histoire qui peut être connue mais qu'on n'a pas entendue tout récemment.

Je peux vous envoyer un tapuscrit tiré d'un manuel qui n'est plus édité mais dont les histoires sont éternelles. Comme c'est un livre destiné aux élèves de CP sachant lire, les premiers textes sont courts, faciles à lire et alternent histoires connues et moins connues. Écrivez-moi via l'onglet Contact et je vous l'enverrai, avec son mode d'emploi.

Se sentir progresser

Enfin, les enfants ont besoin de se sentir progresser. Réciter un texte lu dix fois comme le proposent la plupart des méthodes travaillant la fluence, ce n'est pas de la lecture, c'est de la récitation.

En revanche : 

  • décrypter un texte inconnu,
  • le relire une deuxième fois en sachant déjà ce qu'on va y trouver
  • et enfin, pouvoir le lire fluidement parce qu'on l'a déjà vu lire deux fois,

ce sont bien trois activités différentes auxquelles les élèves doivent se trouver confrontés au cours d'une même semaine (d'une même journée ce serait mieux, mais avec des semaines de 22 heures, une fois ôtées les récréations, et tout juste 20 heures si on tient compte de tous les temps incompressibles, c'est impossible).

Exemple :

Voici comment je m'y prenais, dans une classe de 25 à 26 élèves :

Lundi :  Marianne et l'âne Martin Texte 1, p. 4 et 5.

Tout au long de la lecture, les élèves qui ne sont pas conviés à lire à haute voix lisent à voix chuchotée dans leurs chuchoteurs, leur objectif étant de lire plus vite que celui qui lit à voix haute ou, au contraire, d'être exactement synchronisé avec lui.

  • Lecture de la phrase 1 par l'élève A. Commentaires de la classe.

Nota bene : Les temps de commentaires étant très fréquents tout au long de la séance, ils sont nécessairement brefs, mais ne doivent jamais déroger au principe développé par Pierre Péroz dans Pédagogie de l'écoute). On veillera à solliciter tous les élèves au moins une fois chacun au cours de la même séance.

  • Relecture de la phrase 1 par l'élève B qui enchaîne avec la phrase 2. Commentaires de la classe.
  • Relecture de la phrase 2 par l'élève C qui enchaîne avec la phrase 3. Commentaires de la classe.
  • Relecture de la phrase 3 par l'élève D qui enchaîne avec la phrase 4. Commentaires de la classe.
  • Relecture des phrases 1, 2, 3 et 4 par les élèves E, F, G et H.

 

  • Même procédé avec les élèves I, J, K et L puis M, N, O et P pour le deuxième paragraphe.
  • Même procédé avec les élèves Q, R et S, puis T, U et V pour le troisième paragraphe.
  • Même procédé avec les élèves W, X et Y, puis Z, A et B pour le quatrième paragraphe.

 

  • Les élèves C et D lisent chacun une des deux définitions.Commentaires de la classe après chaque définition.
  • Les élèves E, F, G et H les quatre questions de compréhension (Nous réfléchissons). Commentaires de la classe.
  • Les élèves I, J, K, L chacune l'une des quatre phrases à compléter du premier exercice (Je complète avec les mots de la lecture). Réponses données par un autre élève de la classe désigné par le lecteur (Par exemple I désigne A, son meilleur ami ; J désigne Z, G désigne l'enseignant et H désigne W).
  • Les élèves M et N chacun l'une des deux phrases à compléter du deuxième exercice (Je cherche et je trouve). Réponses cherchées dans le texte par la classe entière sous forme de « course ».

 

  • Lecture de l'exercice d'automatisation du décodage (Nous lisons) par les élèves O (le titre) puis P, Q, R, S, T et U.

 

  • Si les élèves ont été rapides, on peut envisager une dernière relecture par les élèves V, W, X, Y et Z ; le premier relisant les deux définitions et les quatre suivants chacun un des paragraphes de la lecture.
  • Sinon, on notera qu'on s'est arrêté à V et que c'est lui qui lira le premier le lendemain.
    Dans ce cas, c'est l'enseignant qui pourra refaire une relecture du texte, très lente mais expressive, pendant que les élèves concourront dans leurs chuchoteurs pour « réussir à lire aussi bien que la maîtresse ».
Mardi :  Marianne et l'âne Martin Texte 2, p. 6 et 7.

Le principe sera exactement le même que le lundi mais sur le texte 2 (Un autre âne pour Marianne). On ne fera pas relire le texte 1 mais on pourra le faire résumer en début de séance.

  • On commence par l'élève B si tout le monde a lu deux fois la veille ou par l'élève V si on s'est arrêté après U. Les élèves décrypteurs deviennent donc relecteurs lents et les relecteurs lents ont le statut de relecteur déjà plus fluide.

Jeudi :  Les trois petits cochons Texte 1, p.8 et 9.

Le principe est le même. Mais c'est cette fois-ci, l'élève C qui va commencer. Les élèves auront donc eu les trois statuts et dès le lendemain, ils reprendront leur premier statut, celui qu'ils avaient le lundi puisque l'élève D, qui est celui qui commencera la séance avait été un décrypteur ce jour-là.

Vendredi :  Les trois petits cochons Texte 2, p.10 et 11.

Toujours le même principe, D étant le premier lecteur.

Et ensuite ?

La quantité d'écrit de chaque phrase augmentant régulièrement au fil des lectures, on gardera cette structure jusqu'à la fin du manuel. Au bout de 26 jours de classe, tous les élèves auront été Premier lecteur et on recommencera avec l'élève A.

Travail à la maison ?

En début d'année, et tant que les élèves déchiffrent, on donnera plutôt le texte à relire à la maison (ce qui, en plus, permet de ne pas trop désavantager les enfants aux parents peu engagés qui ont tendance à « oublier » bêtement les devoirs trois soirs sur quatre.
Le travail se fera sur une préparation de la lecture plus tard, lorsque les élèves seront tous passés du statut initial de décrypteur à celui de lecteur lent, puis du statut de lecteur lent à celui de lecteur déjà rapide. Dans la plupart des classes de CE1 (ayant appris à lire au CP, nous aurons peut-être l'occasion d'en reparler), cela se situe au début du deuxième trimestre et pas avant.

Et après le livre de premières lectures ?

On pourra continuer (ou remplacer ce manuel) avec Lecture et Expression au CE qui propose, avec un rythme un peu plus soutenu, le même type de fonctionnement. Pour le télécharger gratuitement, me contact via l'onglet Contact.

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M
J'ai une question bête, le livre des bêtes, tu leur faisais lire à partir de quand dans l'année? 
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S
Il est bien chargé ce programme ! Les petits vont avoir du boulot !
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