L'École Primaire comme je voulais la raconter
Certains de nos candidats à la présidentielle envisagent de diviser par deux le nombre d’élèves par classe de CP (et même de CE1), dans toutes les écoles situées en REP (Réseau d'Éducation Prioritaire).
Ils ont entendu dire que, dans ces classes où la difficulté s’est concentrée, les enseignants se trouvent bien souvent non pas face à 20% mais parfois 80 à 90% de non-apprentissage, ce qui me semble énorme et peu conforme à ce que je lis ici et là de la part des collègues de CE1 qui reçoivent ces ex-petits CP[1]...
Les spécialistes auxquels ils se sont sans doute adressés leur ont alors expliqué que « ces enfants-là » avaient besoin d'un enseignement plus individuel, ou bien d’autres méthodes.
En revanche, si l’effectif est inférieur à ce chiffre, ce n’est pas forcément indispensable, même si, dans des zones difficiles, la norme pourrait avantageusement être fixée entre 15 et 20, comme en maternelle.
Trop réduire le nombre d’enfants par classe peut réduire les échanges et empêcher qu’il se crée une synergie d’apprentissage.
Bien au contraire, la plupart des enfants ont besoin d’échanger, de se retrouver, de découvrir une certaine émulation pour avoir envie de s’investir.
L’individualisation n’est nécessaire que pour un nombre très réduit d’enfants à problèmes comportementaux lourds, qui ne supportent pas cette comparaison aux autres. Leur réserver les classes à très faible effectif, en y adjoignant l’intervention d’un service scolaire de santé fort, serait sans doute moins coûteux et bien plus « payant ».
La recherche scientifique a confirmé qu’il existe des méthodes « qui fonctionnent » et d’autres « qui fabriquent des illettrés ».
Imposer les premières ne sert qu’à braquer les enseignants. Certains s'y sont essayés et le résultat a été plus que mitigé.
Mieux vaudrait une communication positive autour des théories de Mmes et MM. Garcia et Ollier[1 bis], Dehaene[2], Terrail et Dauvieau[3] ou des mises en pratiques de Mmes et MM. Alvarez, Reichstadt, Ouzoulias, Zorman, ...[4]
Celle dans laquelle pourtant tout commence : la Grande Section.
Si dans ce niveau, tout est fait pour démarrer efficacement les élèves en écriture, lecture et calcul, sans précipitation ni contrainte incompatible avec l’âge des élèves, tout simplement par la vie quotidienne et le jeu, ces apprentissages seront bien installés largement avant l’entrée au CE1. La nécessité des classes de CP à effectifs réduits sera alors beaucoup moins criante.
Cette économie substantielle, puisque d'aucuns parlent de 6 000 classes à dédoubler, donc de 12 000 postes à « bloquer » sur cette initiative, pourrait en revanche contribuer à financer la première pierre posée afin que, très vite, sur l'ensemble du territoire, ...
Dans la série « Élections Présidentielles, les vraies-fausses bonnes idées » :
L'autonomie des écoles primaires
Notes :
[1] Cela tournerait autour de 20 à 25 % de non-lecteurs, parfois un peu plus en cas de « méthodes » de lecture véritablement délirantes employées dans des classes où les remplaçants se succèdent, de manière épisodique, quand l'administration trouve quelqu'un pour assurer le service public.
[1 bis] http://www.ecritureparis.fr/pour-les-enseignants/articles/29-reapprendre-a-lire-de-sandrine-garcia-et-anne-claudine-oller-un-veritable-brulot-pedagogique
[2] https://www.franceculture.fr/sciences/les-neurones-de-la-lecture-par-stanislas-dehaene
[3] https://rfp.revues.org/842?lang=en
[4] Ou encore les miennes ?... Pour une maternelle du XXIe Siècle ; Se Repérer, Compter, Calculer en GS ; Écrire et Lire au CP, livret 0 ; Écrire et Lire au CP, livret 1 ; Écrire et Lire au CP, livret 2 ; Lecture et Expression au CE1.