L'École Primaire comme je voulais la raconter
Comme je l'ai déjà dit dans CP : Ateliers mathématiques - 1, je suis intimement persuadée que l'école gagnera beaucoup en efficacité quand, au lieu de les éparpiller, elle mutualisera les connaissances de ses élèves.
Pour moi, le fonctionnement en ateliers ne prouve son efficacité que pour des compétences très générales qui demandent à être installées puis entraînées sur la durée, dans une relative liberté : la créativité, la flexibilité, l'autonomie et donc l'autodiscipline.
Dès que des savoirs savants entrent en jeu, le plus efficace reste le collectif en groupe-classe pour le travail de découverte et d'explicitation puis l'individuel ou, à la rigueur le duo, pour l'entraînement et la mémorisation.
Le réinvestissement et le transfert faisant partie des notions à découvrir puis à expliciter, au moins pendant toute la durée des cycles 1 et 2, c'est aussi en groupe classe que l'enseignant guide ses élèves vers la réutilisation des notions étudiées récemment ou plus loin dans le passé (attention, jusqu'à 7 ans, le passé commence souvent il y a 15 jours).
Mais voilà... Des années de maternelle transformée en propédeutique de l'école élémentaire, avec les mêmes objectifs et les mêmes savoirs, bien trop savants pour être acquis en grand groupe, nous ont bien souvent amenés, nous, PE, avec la bénédiction appuyée de notre hiérarchie, à utiliser pour nos classes le fonctionnement des maîtres d'école d'avant Jules Ferry (et surtout Kergomard), quand les élèves restaient seuls dans leur coin (ou en tout petits groupes) avec un travail répétitif, pendant que le maître (ou la maîtresse pour les petits) en appelait un ou deux à son bureau pour leur donner une leçon très dirigée sur un point de son programme, avant de les renvoyer ensuite au travail répétitif individuel ou de groupe : nous aurons reconnu sans difficulté le principe des ateliers tournants.
L'ennui généré par ces activités autonomes répétitives ayant montré les limites de ce système, certains collègues de maternelle innovent en sortant du XIXe siècle pour retrouver le début du XXe, avec Maria Montessori et ses petites tâches individuelles, cette fois-ci supervisées d'en haut par le personnel adulte délivré de la prise en charge d'un groupe pour installer un savoir précis ; c'est déjà ça puisque, normalement, les adultes sont là pour tous et évitent l'écueil de l'enfant qui s'entraîne à vide, sans aide ni contrôle ; nous restons toutefois dans le cours particulier au niveau de la découverte et l'explicitation des nouvelles notions, en le morcelant encore un peu plus pour réduire la durée de ce cours.
Ceci fait qu'en élémentaire, et tout particulièrement au CP, nos élèves ne sont pas toujours habitués à travailler en grand groupe, particulièrement dans le domaine de la découverte et de l'explicitation des notions.
Si nous ajoutons à cela une bonne quinzaine d'années, peut-être même plus, de suggestions d'activités de groupe de plus en plus difficiles à mettre en œuvre, rassemblant beaucoup de matériel à préparer en amont (ah ! les trombones d'Ermel !) et dont les objectifs notionnels ne sont clairs pour personne à part les auteurs de la méthode (enfin, j'espère, parce que, après tout, je n'en sais rien), nous comprenons aisément pourquoi nos collègues se tournent vers le jeu, le fonctionnement en ateliers et l'abandon des fichiers ou manuels de mathématiques !
À quoi bon en effet dépenser une grand partie du budget de la classe pour des ouvrages qui s'avéreront inaccessibles pour la moitié ou les trois quarts de la classe ? Sans compter toutes les classes qui n'ont pas ce budget...
Le problème, c'est ce qui va remplacer ce matériel. Comment s'assurer que tous les élèves, et j'insiste sur le mot tous, accéderont à la compréhension mathématique et à un certain niveau d’exigence[1] ? Comment ne rien oublier si on part sans filet et qu'on organise sa classe comme une salle de casino où certains jouent au baccarat pendant que d'autres sont à la roulette, aux bandits manchots ou au poker ?
D'où l'idée de proposer des modules mathématiques, conçus pour une durée d'une semaine, à raison de 5 heures de mathématiques (auxquelles on ajoute une partie du temps d'EPS parce que les maths, ça va très bien avec l'EPS pour tout ce qui est activités de repérage dans l'espace, activités de repérage dans le temps, comptage et calcul).
Les collègues sont ainsi sûrs de ne rien oublier, de pouvoir tout organiser et de disposer de tout le matériel.
Selon moi, la partie EPS est indispensable :
La partie Activités Sensorielles, parce qu'elle se mène en ateliers de petits groupes ou en plateaux individuels, est sans doute encore très utile, puisque nos élèves, issus de maternelles lambdas n'ont pas été habitués à travailler autrement.
Elle nécessite une organisation, d'où la proposition de matériel tout prêt qu'il n'y a plus qu'à imprimer et plastifier. D'où aussi les suggestions de calendrier.
Elle pourra néanmoins être réduite en cours d'année au profit de la partie Expression Orale - Régulation qui devrait alors pouvoir jouer un rôle majeur.
Cette partie Expression Orale et Régulation, quand elle pourra être menée avec l'adhésion de chacun[2], permettra de gagner en temps et en efficacité puisqu'elle mutualise les connaissances, compétences et capacités des élèves et leur permet d'apprendre à échanger, à discuter, à réfléchir, à raisonner, à organiser, à abstraire et à conclure.
Placée entre le moment d'EPS et le moment d'Activités Sensorielles, ce temps permettra d'organiser les découvertes intuitives du moment physique et sportif et de transformer celui de manipulations en temps de transfert et de réinvestissement.
Enfin, la partie Trace Écrite, qu'on pourra donner chaque jour (au rythme d'un quart de feuille à la fin de chaque séance) ou le dernier jour de la semaine, en entier, sous forme de bilan des connaissances acquises, permettra à l'enfant de se recentrer sur l'essentiel et d'oublier l'habillage ludique chargé de l'amener à s'intéresser à l'abstraction mathématique par la voie du concret.
Voir : CP : Ateliers mathématiques - 1
Télécharger « Ateliers mathématiques M3.pdf »
Télécharger « Ateliers mathématiques M4.pdf »
Télécharger « Ateliers mathématiques M5.pdf »
Télécharger « Ateliers mathématiques M6.pdf »
[1] Pour le programme couvert, se reporter à CP : Ateliers mathématiques - 1.
[2] Plus facile dans une classe de 15 à 20 élèves, Monsieur le Ministre, que dans une classe de 25 à 30 élèves. Il n’y a pas que les petits enfants de REP+ qui ont besoin de l’attention de leurs enseignants.
CP : Ateliers mathématiques - 1 ; ... ; CP : Ateliers Mathématiques - 2 ; CP : Ateliers Mathématiques - 2bis ; CP : Ateliers Mathématiques (3) ; CP : Ateliers Mathématiques (3 bis) ; CP : Ateliers Mathématiques (4) ; CP : Ateliers Mathématiques (4bis) ; CP : Ateliers Mathématiques (5) ; CP : Ateliers Mathématiques (5bis)
Nota Bene : Pour ceux qui continuent à préférer une progression plus classique, avec un fichier d’exercices quotidiens, je ne saurai trop vous conseiller l’excellent Compter, Calculer au CP, de P. Dupré, illustré par S. Borgnet, chez GRIP Éditions. J'en avais écrit un Guide Pédagogique qui n'a finalement pas été retenu par l'éditeur. Je peux l'envoyer par mail à toute personne qui m'en fera la demande par Contact.
Je ne tiens pas à retrouver mon travail même remis en page sur le blog de Pierrette, Paulette ou Jacqueline. Si vous voulez m'aider, vous me contactez en privé ou en public, vous me proposez votre version et JE la mettrai en ligne avec votre nom, votre prénom et même votre adresse et votre numéro de téléphone si vous le souhaitez et les remerciements qui iront avec. Qu'on se le dise !