L'École Primaire comme je voulais la raconter
Merci à X, CE1, pour sa contribution involontaire.
Grande question récurrente sur les réseaux sociaux d'enseignants de CP et CE1 : quels mots donner à apprendre, quand les donner, à quel rythme et en quelle quantité ?
Le petit exemple ci-dessus, qui concerne un enfant sortant d'une année de CE1 brillante de l'avis de son enseignante, montre à quel point il est difficile de se faire une idée de ce qu'il est bon de faire.
Ici, il s'agit d'un enfant reconnu « bon élève » tant au CP qu'au CE1, apprenant facilement ses « mots de la semaine » et les retranscrivant « de mémoire » à plus ou moins bon escient (ta, sais, vrai). On remarque encore des « confusions de proximité » (l'enfant a visité le parc Vulcania, alors il écrit « vulcans », avec un s, sans doute parce qu'il a repéré que souvent les mots se terminent par une lettre muette, sans avoir appris à en trouver la source ; on voit aussi qu'avant d'écrire vu, il avait écrit vous).
Le moins que nous puissions dire sur un exemple aussi court, c'est que le travail entrepris par l'enseignante, pourtant sérieux et très structuré, n'a pas porté vraiment ses fruits et que, en fin de CE1, nous nous retrouvons avec un niveau « fin de CP ».
Pour information, cet enfant n'a jamais travaillé l'épellation phonétique et apprend ses mots en les lisant d'un bloc puis en les fixant du regard un long moment, sans oraliser quoi que ce soit. Ensuite, il ferme les yeux puis les rouvre et écrit, toujours « d'un bloc » avec quelques coupures pour les mots longs, ne correspondant pas à une syllabation du mot (exemples : volc...an... ; attr...ape...r ; pa...rc...e q...ue).
Alors, si les progressions « mots de la semaine » ne portent pas leurs fruits, que faire à la place ?
1. On donne trois ou quatre mots chaque soir, pour la dictée du lendemain. J'ai l'habitude de me servir pour cela de la lecture oralisée qui sera faite le même jour mais on peut très bien choisir dans un autre « répertoire » : les leçons d'EMC, celles de Questionner le Monde, la vie quotidienne de la classe, etc.
2. Ces mots sont choisis parmi les plus courants des « mots irréguliers » de la langue française :
Exemples :
→ je ne donne pas ami ou pirate à apprendre puisqu'ils sont encodables sans difficulté
→ en revanche, je donne le chat ou je donne car ils comportent une irrégularité
→ je donne aussi la tête et il lève parce qu'ils comportent chacun une graphie différente du même phonème
3. Ces mots reviendront plusieurs fois au cours de l'année car, pour qu'une mémorisation soit durable, il faut qu'elle soit réactivée souvent, surtout avec des enfants jeunes qui apprennent des centaines de choses nouvelles chaque jour.
4. Je porte une attention toute particulière aux « mots outils » qui ont souvent de nombreux homonymes (dans/dent/d'en ; quand/quant/camp/qu'en ; mais/mes/met/mets/mai ; ...). Il faut toujours les donner dans une courte phrase pour éviter ensuite qu'un enfant écrive qu'il est allé en quand de vacances met qu'il était ennuyé quart il y a perdu une dans...
Exemples :
→ Faire apprendre à quatre moments différents : dans la forêt - dans la mare - dans la classe - dans le jardin... même si, dans la dictée du lendemain, la préposition dans introduit un autre GN.
→ Faire apprendre à quatre moments différents : quand je parle - quand tu écoutes - quand il arrivera - quand j'étais petit... même si, dans la dictée du lendemain, la conjonction quand introduit une autre subordonnée conjonctive.
J'essaierai de mettre en ligne, dans le courant de l'été, un travail de ce type à partir de la méthode que vous pouvez trouver ici à télécharger :
Lecture et Expression, un livre de lecture pour couvrir toute l'année de CE1 et son livre du maître :
Apprendre à lire au CE1 ; Module 1 ; Modules 2 et 3 ; Modules 4 et 5 ; Module 6 ; Modules 7 et 8 ; Module 9 ; Module 10 ; Module 11 ; Module 12 ; Module 14 ; Annexe 2 : Rédaction collective d'une phrase
Pour la méthode entière, en version imprimable, me contacter grâce à cet onglet : Contact
1. Il vaut mieux démarrer par deux ou trois semaines d'encodage de mots transparents sans apprentissage de mots par cœur.
2. À la maison, on demande alors juste de revoir la « technique » de l'encodage.Cette technique sera adaptée au niveau de départ des élèves.
→ s'il est moyen, on pourra d'emblée travailler avec toutes les lettres de l'alphabet, en se cantonnant cependant dans un premier temps à c = [k] et g = [g], et quelques digraphes très courants : an, on, oi, ou, in
→ s'il est faible, on ne gardera que les lettres de l'alphabet, en se cantonnant bien sûr aux valeurs [k] et [g] des lettres c et g.
→ s'il est très faible, c'est-à-dire que les élèves n'ont pas appris à encoder du tout au CP, on reprendra patiemment au cours des séances de lecture les voyelles et les consonnes, deux par deux ou trois par trois, en commençant par celles dont on peut prolonger le son, et ces séances seront toujours suivies de séances d'écriture (geste et encodage) au cours desquelles les élèves apprendront à utiliser l'épellation phonétique pour écrire.
3.On introduira peu à peu les lettres muettes, les consonnes doubles, les règles d'accord les plus fréquentes, les accents, l'apostrophe, etc.
Il y a un exemple de ce travail ici :
Une méthode graphémique d'orthographe :
CE1 : Orthographe graphémique (1) ; CE1 : Orthographe graphémique (AjoutP1) ; CE1 : Orthographe graphémique (1-bis) ; CE1 : Orthographe graphémique (2) ; CE1 : Orthographe graphémique (3) ; CE1 : Orthographe graphémique (4) ; CE1 : Orthographe graphémique (5)