Écrire et Lire au CP : la première page

31.01.2025

Une collègue me demande comment aborder la première page de la méthode Écrire et Lire au CP quand les enfants ne connaissent pas encore toutes les graphies employées.

Avec des élèves de type lambda, la simple observation commentée de l'illustration permet d'obtenir à l'oral la presque totalité de la phrase à relire (même si ça peut être encore un peu beaucoup du par cœur).

L'enfant à la fenêtre s'adresse à l'enfant qui est face à elle, dans sa classe ou chez lui, ou à un personnage qui serait dans la maison que nous voyons sur l'illustration. Que lui dit-elle ?... Les enfants s'expriment et après que les mots chat, chasse, vu ont été employés, l'enseignant dit : « Regardez bien, je vais vous écrire cette histoire en vous disant ce que j'écris et vous, vous saurez la redire après moi. »

Là, il se met à écrire, en script, en expliquant que c'est l'écriture qu'on trouve dans les livres, tout en oralisant ce qu'il écrit : « T...t...ttuuuu, plus loin : aaaaaaas, avec un s muet, plus loin : vvvvuuuu, plus loin : lllleeeee, plus loin : chhhaaaat, avec un t muet pour dire chaton, point d'interrogation, pour dire qu'il nous interroge, que c'est une question : (intonation exagérée) Tu as vu le chat ? point d'interrogation (intonation montante comme pour une question). Plus loin : iiiilllll, plus loin : ccchhhhaaaasssseee, avec deux s, plus loin : point pour dire que la phrase est finie : Il chasse, point, j'ai fini mon histoire. Je vous la relis en entier. Regardez bien ma règle, elle suit les mots pour que je ne me perde pas. »

Il relit alors l'histoire, deux ou trois fois, mot à mot, en suivant chaque mot de la pointe de la règle, de gauche à droite. Ensuite, il demande aux enfants de lire en même temps que lui puis il propose à ceux qui veulent de venir la lire seuls, en tenant eux-mêmes la règle. Il aide ceux qui ont présumé de leur mémoire ou de leur coordination motrice dès qu'ils hésitent un peu et les félicite quand même pour leur réussite.

Ensuite, pour changer un peu d'activité, il propose 9 étiquettes, écrites en cursive, en expliquant que c'est l'écriture du cahier, portant chacune un mot ou un signe de ponctuation de l'histoire. Il les répartit dans la classe, selon son nombre d'élèves, à des groupes de deux ou trois enfants (ou à des élèves seuls s'il en a 9 ou moins).

Il relit alors le premier mot : « Tu. Qui a le mot Tu ? Regardez bien : T, la lettre té, uuuuu, la lettre u. Qui a le mot tu ? »... Il aide éventuellement le groupe qui est en possession de ce mot à le reconnaître et les enfants viennent le fixer au tableau sous le mot Tu en script. Il continue ainsi pour chacun des mots ou signes de ponctuation suivants, jusqu'à ce que toute la phrase soit reconstituée. Pour que les élèves qui ont déjà fixé leur mot ne se déconcentrent pas, il les charge d'une mission de vérificateurs. Il peut aussi leur donner la phrase à reconstituer sur leur table avec un lot d'étiquettes plus petites.

Enfin, la séance se termine par la relecture individuelle de la phrase mot à mot, dans l'ordre, avec aide si nécessaire. Il prend un premier groupe de 9 enfants qui doivent à l'appel de leur nom lire le mot ou le signe de ponctuation qu'il pointe, puis il recommence avec un deuxième puis un troisième groupe de 9, jusqu'à ce que tous les enfants soient passés. S'il n'a que 24 élèves, il reprend les 3 premiers lecteurs pour lire les 2 derniers mots et le dernier signe de ponctuation. Les élèves en difficulté sont aidés par leurs camarades qui leur soufflent la réponse au besoin. Cela donne :

Abel : « Tu... », Bérénice : « as », Charles : « vu », Dora : « le », Elias : « chat », Fatoumata : « point d'interrogation », Gabriel : « Il », Hicham : « chasse », Jade : « point ».

Puis la classe passe à autre chose (écriture, maths, dessin, récréation, ...) jusqu'à la séance de l'après-midi où on va relire la phrase mot à mot par groupes de 9, comme le matin, avec aide si nécessaire, puis extraire les mots chat et chasse pour découvrir la syllabe cha et la valeur phonémique des graphèmes ch et a.

On procède ainsi, ou presque, pour chaque nouvelle illustration accompagnée de sa phrase de base jusqu'à la page 16 ou tous les mots sauf est, de et assis sont décodables ou connus des élèves. La seule différence réside dans le traitement des mots déjà connus lors de l'encodage de la phrase de base par l'enseignant. Par exemple, pour la deuxième double-page :

On procède de la même manière pour toute la première phrase, jusqu'à « Mimi ! Mimi ! ».

Puis, lorsqu'on en arrive aux mots Le, puis chat, l'enseignant dit aux élèves : « Ce mot-là, vous le connaissez déjà. Nous l'avons lu plusieurs fois dans l'autre page. Qui peut me montrer où est écrit le mot le (le mot chat) ? Oui, c'est ça, très bien, merci. Je n'ai plus qu'à le recopier alors, en faisant bien attention aux lettres : Llllleeee (cchhhaaaat, avec un t muet pour dire chaton). »

Avec des élèves plus éloignés du monde de l'écrit, ou pour rassurer l'enseignant qui a trop peur de se laisser entraîner sur la pente de la devinette instituée par les méthodes idéovisuelles des années 2000, on peut remettre à quelques semaines la découverte du manuel en utilisant tout d'abord le manuel alphabétique, au rythme d'une page par jour (voir son guide pédagogique). Lorsqu'il est fini, on propose alors la lecture du texte 1, puis 2, etc., peut-être, si les enfants nous en semblent alors capables, au rythme de deux pages par jour puisqu'ils ont déjà vu toutes les graphies qui le composent.

Nota bene : J'envoie gracieusement les documents d'accompagnement de la méthode Écrire et Lire au CP (guides pédagogiques, graphies-images à afficher, progression, ...) sur simple demande à l'adresse suivante : doublecasquette@g*mail.com (en enlevant l'astérisque). Pour des spécimens des livrets, n'hésitez pas à me demander les conditions d'envoi, par mail à la même adresse.