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    Votre avis m'intéresse...

    Petite question indiscrète... Si vous finissiez de lire un livre sur l'École Maternelle du XXIe siècle et que le dernier chapitre donne à peu près ce que vous allez lire ci-dessous, seriez-vous :

    A) satisfaits ?

    B) indifférents ?

    C) déçus ?

    D) très en colère ?

    XVII - Conclusion

    L’École Maternelle est un lieu d’accueil et de formation du jeune enfant. L’accueil doit devenir possible partout, du moment où la famille en fait la demande, pour tout enfant ayant deux ans révolus et ayant acquis la propreté diurne [1]. La formation doit nécessairement être globale et toucher l’ensemble de son développement. Le jeune enfant doit y apprendre tant à se mouvoir qu’à s’exprimer. La richesse des expériences que lui propose son professeur des écoles l’aide à développer ses sens, son langage, sa capacité à abstraire et conceptualiser. C’est par petites touches insensibles, sans jamais le confronter à l’effort inconsidéré, à la difficulté insurmontable, à l’exercice déconnecté du réel, que le passage de la toute petite enfance à l’enfance doit se faire.

    Comme c’est un lieu accueillant de très jeunes enfants, il ne saurait être question de comptabiliser leurs réussites comme leurs échecs. Leur développement se fait en étoile ou à la manière de ces boules de neige qui à chaque tour agglomèrent de nouveaux paquets de matériau frais qui se mêle à l’agrégat de départ. Nous n’évaluerons les enfants que lorsqu’ils en seront arrivés à l’apprentissage de notions dont le développement se fait de manière linéaire et nécessite l’acquisition formelle de données successives pour pouvoir continuer à avancer. Cela ne concerne donc pas l’École Maternelle, même prolongée jusqu’à sept ans.

    C’est un lieu d’enfance. On ne doit pas y enseigner de sous-savoirs pseudo-savants. Le travail qui se prépare à bas bruit est bien trop important pour qu’on y substitue l’entraînement qu’on imposerait à un perroquet savant ou à un chien de cirque.

    Peu importe que les élèves sachent réciter par cœur la comptine des nombres jusqu’à 30. S’ils ne savent pas que 5 se situe après 4 parce que, comme lui, il est composé de deux groupes de 2 unités mais qu’il a une unité de plus, ils n’ont rien appris !

    Leur savoir est un savoir mort sans intérêt s’ils ne savent que réciter l’alphabet et reconnaître leurs prénoms. Il leur manque l’essentiel : savoir que ce sont les sons que produisent les lettres de cet alphabet qui donnent cette forme et pas une autre à leurs prénoms.

    Enfin si, après huit semaines d’ateliers sur leur dentition [2], ils ne sont capables, comme à la première séance, que de dire que leurs dents sont précieuses et qu’il faut penser à les brosser, nous affirmons qu’ils ont perdu ces huit semaines. Celles-ci auraient bien mieux employées si on les avait encouragés à dessiner, peindre, jouer et mastiquer des pommes !

    Cela ne fait aucun doute, une réforme s’impose ! Lorsqu’à l’entrée au CP, un tiers des élèves et parfois plus est déjà déclaré en échec et qu’on somme la première année d’école élémentaire de différencier toujours plus, c’est qu’il y a problème. Cela signifie sans aucun doute que les missions, mais aussi les programmes, les méthodes et la formation des personnels sont à revoir de fond en comble.

    La réforme que nous proposons ne nécessite pas de grand bouleversement ni de coûts exorbitants. Loin de nous l’idée de réclamer des personnels surnuméraires, des Tables rondes, des commissions d’experts, des Livres blancs. Nous ne souhaitons pas plus de passerelles avec la crèche, d’horaires modulables, d’aménagements du temps de l’enfant compliqués ou d’éclatement du groupe-classe, où l’on balade les élèves d’ateliers de soutien en groupes de remédiation.

    Le premier travail consiste à recentrer les missions de l’École. Celle-ci n’est là ni pour éduquer les familles, ni pour jouer le rôle de tampon entre deux périodes d’activités périscolaires animées par la collectivité territoriale. Il ne nous semble pas que son existence a été prévue pour assurer le lien entre les services sociaux, les caisses d’allocations familiales, les MDPH, les crèches, les assistantes maternelles agréées, les haltes-garderies, les ratons-laveurs peut-être, dans le cadre d’une coéducation de façade où elle se retrouve à la fois en première ligne et dernière roue du carrosse.

    Ses missions sont celles de toujours : accueillir dans de bonnes conditions le petit enfant [3], l’entraîner sur les chemins de la découverte pour l’amener jusqu’au stade où il pourra sans effort devenir un jeune élève d’élémentaire. Cela passe par l’acquisition de contenus, tant langagiers que moteurs, sensoriels et sociaux. Ces contenus sont conçus pour son développement personnel, indépendamment de ce que font les autres modes de garde.

    Ces contenus à redéfinir amènent à la rédaction de nouveaux programmes prenant en compte la spécificité de l’enfant de moins de sept ans [4]. Ces derniers doivent s’appuyer sur son goût pour le jeu et le mouvement, son besoin de découverte sensorielle, son développement tous azimuts sans progression fixe et linéaire.

    Ces programmes indiqueront clairement que les apprentissages pseudo-savants [5] sont bannis. Ils préciseront que l’apprentissage de l’écrit est réservé aux enfants ayant atteint l’âge de cinq ans. On s’inspirera avec bonheur des grands créateurs de l’École Maternelle Active [6]. On privilégiera les apprentissages qu’ils conseillaient pour les enfants les plus jeunes. On copiera sans vergogne leur grand respect de l’Enfance qui mêlait confiance et protection.

    Il suffira ensuite de laisser les équipes mettre en place à leur rythme cette réforme en encourageant la mise en place de classes multi-âges [7].

    On pourra peut-être ne commencer que par les plus jeunes en demandant à quelques volontaires d’inventer et de faire vivre quelques Petites Classes garanties indemnes de sous-savoirs pseudo-savants. Ce seront des classes où les élèves apprendront à leur rythme, dans un encadrement conçu autour d’eux et non autour de rituels de toute sorte et de leur évaluation.

    En commençant de la même manière à petite échelle sur quelques classes de Grande Section ou Grande Section-et-Cours-Préparatoire [8], les professeurs des écoles de ces classes-là et leurs successeurs pourraient sans doute tirer les conclusions de cette innovation. Cela leur permettrait de faire profiter de leur expérience ceux de leurs collègues qui auraient à leur tour envie de tenter l'aventure.

    Le plus délicat sera sans doute de convaincre l’appareil de formation des maîtres de revenir sur ce qu’il a conçu comme une avancée incontestable.

    Il en est sans doute de même pour les organismes de formation des ATSEM. On a fait miroiter à ces personnels une professionnalisation accrue, en leur donnant de nouvelles responsabilités [9] sans qu’ils aient pour cela bénéficié d’avantages salariaux. Une réorientation de la formation et des missions de ces personnels territoriaux pourra être envisagé dans un deuxième temps.

    Depuis quelques années, nous avons senti passer plusieurs fois le vent des boulets et notre École Maternelle était à chaque fois en première ligne. Un jour il s’agissait de la remplacer par des Jardins d’Éveil dans lesquels les ATSEM, toujours payés au même tarif et par les mêmes collectivités territoriales, auraient joué le rôle d’éducateurs de jeunes enfants. Le lendemain, on proposait d’offrir une formation spécifique aux étudiants professeurs des écoles se destinant à ce niveau spécifique de l’Enseignement Primaire…  

    C’est en louvoyant entre ces écueils-là qu’il convient de revoir la formation des Professeurs des Écoles afin d’éviter de déchirer la coque fragilisée de notre navire.

    Déjà, en 1886, Pauline Kergomard, fondatrice de l’École Maternelle française, pointait tour à tour du doigt[10] ces rochers affleurant qui, à l’époque, s’éloignaient d'elle et qui maintenant se rapprochent de nous.

    Ses paroles sont d’une telle modernité et correspondent tellement bien à la situation qui menace l’Institution qu’elle a fondée que le plus simple est de lui donner la parole.

    Son premier souci, c’était de sortir des principes de la salle d’asile, autrement dit garderie, que nous nommerions aujourd’hui Jardin d’Éveil. Comme sa lointaine ancêtre, ce dernier est organisé par une collectivité territoriale ou une association caritative. Comme elle, il est dirigé de fait par un personnel sans garantie d’instruction sous la houlette lointaine d’un conseil d’administration auquel une puéricultrice, entre autres missions, sert de caution morale.

    «Les salles d’asile, garderies plutôt, étaient dirigées par des femmes de dévouement auxquelles on ne demandait à peu près aucune garantie intellectuelle ; un grand nombre étaient intelligentes, quelques-unes étaient instruites, mais c’était un luxe dont on ne leur tenait, pour ainsi dire, pas compte. […]

    Avoir près de soi un enfant et lui donner des soins matériels implique fatalement (dans le vrai sens du mot) que l’on cultivera aussi et en même temps son intelligence et son cœur ; or la tâche est difficile, délicate, elle réclame du dévouement, certes, mais du dévouement mis au service d’une bonne éducation première, d’une instruction sinon très étendue, du moins très précise et très variée, du don de la transmettre aux enfants, enfin de la connaissance approfondie du petit être que l’on se charge d’élever. »

    Pas plus qu’il y a plus d’un siècle, rien ne nous garantit que l’enfant reçoive dans ces Jardins d’Éveil l’éducation globale que l’École Maternelle Nouvelle peut quant à elle lui apporter. Rien ne nous assure non plus que cette éducation soit réellement instructive et puisse l’aider à gommer les différences dues à son milieu d’origine.

    Le deuxième combat de la fondatrice fut que les personnels enseignants [11] reçoivent la même formation et puissent prétendre au même salaire que leurs collègues de ce que nous nommons de nos jours l’École Élémentaire [12]. À cette revendication s’ajoutait celle que certains contestent actuellement, l’importance de l’unification absolue de l’enseignement primaire primordiale pour l’enfant et son développement, et donc la nécessité de doter tous les niveaux de l'École Primaire de personnels ayant reçu la même formation :

    « La directrice [13], initiée seulement à la pédagogie et à la psychologie de l’enfant de deux à sept ans, n’étant pas mise en contact à l’école annexe avec les enfants de l’école primaire, manquait de vue d’ensemble ; il lui était impossible de découvrir des procédés rationnels pour préparer des évolutions ultérieures ; elle marchait en somme, comme un voyageur qui connaîtrait le point d’où il est parti, la portion du chemin dans laquelle il est engagé, mais qui ignore où ce chemin aboutit.

    D’autre part, les institutrices, qui ne s’occupaient de l’enfant qu’à partir de six ou sept ans, n’avaient pas étudié sur le vif les évolutions qu’il avait faites, elles ignoraient le chemin qu’il avait parcouru avant d’arriver à l’école primaire ; elles manquaient de données pour établir leur diagnostic intellectuel et moral. » [14]

    L’École Maternelle doit rester un des maillons de l’École Primaire et ses professeurs des écoles doivent, sous peine de disparaître, rester des professeurs des écoles, recrutés de la même manière et recevant la même formation. Celle-ci doit bien entendu être remaniée de manière à tenir compte des besoins réels de ses étudiants et des nouvelles missions assignées à l’École.

    Lorsque nous rencontrons de jeunes collègues, ce qui leur manque, ce sont les contenus. Ils ont besoin de savoir comment on fait classe et ce qu’on y enseigne au jour le jour. Cela va de ce qu’est capable de comprendre un petit enfant de deux ans à comment on conçoit un emploi du temps. Ils nous demandent aussi bien comment gérer le quotidien d’un moment de lecture oralisée que la façon de poser une division dont le diviseur est supérieur à 10. Généralement, ils ne connaissent que très peu, et mal, les noms et les œuvres des grands pédagogues du passé. Ils ont très peur de se laisser guider par les objectifs de leurs élèves et préparent tout, même des progressions de pâte à modeler, de dessin ou de constructions en Kapla. A contrario, on ne leur a jamais appris qu’ils pouvaient être exigeants avec leurs élèves et leur demander de petits efforts quotidiens plutôt que d’attendre que se produisent les célèbres déclics censés éclore seuls, par génération spontanée.

    Les nouvelles Écoles Normales du Professorat des Écoles se doivent d’innover. Après cette période de pédagogie unique, très peu descriptive et insécurisante, il convient d’être résolument ouvert à la pluralité des approches.

    Notre métier s’apparente plus à de l’artisanat d’art qu’à de la production standardisée. C’est donc en observant l’Enfance à l’école maternelle [15], en classe comme dans la cour, que l’élève-professeur découvre la spécificité des moins de sept ans. Et c’est en participant aux relations qui se nouent entre petits et grands qu’il découvre comment il peut les aider à s'épanouir et progresser. Au cours de ces stages en observation, ses formateurs se doivent de lui faire découvrir des modèles différents, des pédagogies variées, des méthodes multiples afin qu’il puisse juger par lui-même, en toute objectivité, de leur impact sur les enfants qui en bénéficient.

    En confrontant ensuite en cours cette observation directe avec les écrits de tous ceux qui ont fait l’éducation enfantine depuis ses débuts, l’étudiant-professeur enrichit sa connaissance sensible du tout-petit et des pratiques d’enseignement. Il compare les divers systèmes, fait ses choix, les confronte à la réalité, les teste lors de stages de pratique accompagnée. Sa liberté pédagogique reste entière puisque la Pédagogie Unique n’a plus cours. C’est avec le soutien de ses formateurs, interdits pour le moment d’évaluation normative, qu’il fait ses premières armes.

    De retour à l’École Normale, il compare son expérience à celle de ses camarades de promotion, s’interroge sur les tenants et les aboutissants de ces pédagogies différentes. Ensemble, ils analysent le modèle qu’elles proposent et tirent, chacun, en toute liberté, leurs conclusions personnelles.

    Notre méthode est très exigeante en termes de contenus, pour les enfants eux-mêmes mais aussi pour leurs professeurs. Ces Écoles Normales nouvelles ne négligent donc pas ce volet de la formation.

    L’enfant a tout à apprendre, il est donc essentiel que son modèle, le professeur des écoles, en sache le plus possible.

    Que de connaissances nécessaires pour être capable d’ouvrir l’enfant à la découverte sensorielle du monde qui l’entoure ! Que de savoirs à emmagasiner pour lui permettre de développer sa motricité de manière harmonieuse et complète ! Quel bagage culturel étoffé pour lui faire découvrir et apprécier le chant, la poésie, les contes, les légendes, les mondes passés, la musique et les arts visuels ! Que de notions précises et de réflexion pour pouvoir répondre à ses questions sur les objets, les plantes, les animaux, les lieux, les reliefs, les climats !

    Enfin, à nouveau que de recherches et d’apprentissages pour que l’élève-professeur se fonde lui-même son opinion. Quelle responsabilité que de choisir les méthodes qui semblent garantir que tous ses futurs élèves de Grande Classe la quitteront en maîtrisant l’écriture, la lecture et le calcul.

    Pour réussir cet exploit et apprendre ce métier difficile, c’est d’aide et de soutien dont ont besoin nos jeunes postulants.

    C’est par l’exemple de classes qui vivent et fonctionnent, dans lesquelles les tout-petits se sentent en confiance, qu’ils découvriront eux-mêmes comment ils créeront une ambiance chaleureuse qui fera vivre leurs propres classes. C’est ainsi qu’ils auront à cœur que leurs élèves apprennent tant à vivre ensemble qu’à s’épanouir et à partir à la découverte du monde.

    C’est par la confiance que leur accorderont leurs formateurs, qu’ils feront à leur tour confiance aux enfants dont ils auront la charge.

    C’est par l’esprit d’ouverture et la liberté de choix qu’on leur aura inculqués au cours de leurs études qu’à leur tour, ils pourront encourager leurs élèves à s’ouvrir à de nouvelles expériences, de nouvelles découvertes, de nouveaux savoirs.

    C’est grâce à l’acquisition de connaissances solides et variées qu’ils pourront à leur tour transmettre à leurs élèves, en s’adaptant à leur niveau développement, le meilleur de ce qu’ils savent, patiemment et méthodiquement.

    Et c’est parce qu’eux-mêmes ne subiront pas, pendant leurs années de formation, cette évaluation castratrice venue d’en-haut qu’ils auront à cœur de ne pas interrompre à tout bout de champ la croissance physique, cognitive, morale et culturelle de leurs élèves par des évaluations venues d’ailleurs aux intitulés aussi pompeux que stériles.

    Alors vivra de nouveau l’École Maternelle, la grande belle, pleine de jolies peintures, de fleurs et de gentilles bêtes sur les murs [16].

     

    [1] Sauf cas médical avéré, lorsque l’enfant a trois ans révolus, s’il peut être accompagné d’une AVS.

    [2] À grands coups de représentations mentales initiales sur leur nombre de dents et les soins à leur donner, d’empreintes faites dans la pâte à modeler, de recherches collectives pour déterminer si les empreintes sont facilement interprétables, d’observations mutuelles qui tournent en fous-rires, sans que jamais rien ne soit apporté par l’adulte…

    [3] Cela passe par des effectifs inférieurs à 25 élèves par classe, partout, l’aide matérielle d’un ATSEM à temps complet, au moins pour les Petites Classes (au moins à mi-temps pour les Grandes Classes), des locaux conformes aux préconisations faites au chapitre II.

    [4] Le cours préparatoire, rattaché à l’école maternelle, pourra ensuite être placé tout aussi bien dans ses locaux que rester dans les locaux de l’école élémentaire la plus proche mais il est pensé, avec la Grande Section, comme une classe charnière où l’on garde la douceur affectueuse et indulgente de la famille tout en initiant l’enfant au « travail » et à la régularité de l’école.

    [5] Alphabet, chiffres, date, concepts scientifiques ramenés à leur plus bas niveau, copie d’œuvres d’art ou production à la chaîne d’objets décoratifs, ateliers de métacognition, de philosophie, projets de lutte contre ceci ou cela…

    [6] Pape-Carpantier, Kergomard, Pestalozzi, Frœbel, Montessori, Freinet, Steiner…

    [7] Petite Classe, remplaçant les actuelles sections de Tout-Petits, Petits et Moyens et Grande Classe, remplaçant les actuelles classes de Grande Section et de Cours Préparatoire.

    [8] Ces classes-là (Grandes Classes complètes ou ne comprenant qu’une des deux années du cycle) existent déjà. Elles bénéficient d’une autorisation d’expérimentation accordée par la DGESCO. Les résultats de ces classes aux Évaluations Nationales CE1 dépassent très largement le niveau moyen de leur département.

    [9] Tenue d’ateliers cognitifs, gestion d’activités d’apprentissage, évaluation… Et cela n’est pas fini puisque, dans le cadre des PEdT (Projets Éducatifs Territoriaux), les ATSEM se voient carrément confier l’encadrement et la gestion d’un groupe d’enfants sans bénéficier de la tutelle d’un professeur des écoles.

    [10] L’éducation maternelle dans l’école, chapitre XVIII, P. Kergomard.

    [11] Des femmes uniquement à cette époque reculée.

    [12] Et qui s’appelait à l’époque l’École Primaire.

    [13] Comprendre enseignante en charge d’une école maternelle, formée dans un Cours Normal. Cette formation était différente de celle reçue par les institutrices exerçant en école élémentaire, formées quant à elles à l’École Normale.

    [14] Il y a bien un troisième danger contre lequel P. Kergomard mettait en garde les institutrices des débuts de l’École Publique. Contrairement aux deux autres, il n’est pour le moment pas encore redevenu d’actualité. Espérons que cela restera le cas et que nos collègues n’auront pas, dans un avenir proche, à défendre leur école contre les menées de maires trop autoritaires, croyant disposer de pouvoirs leur permettant d’intervenir dans l’organisation et la gestion des classes et de leur personnel.

    [15] Ainsi qu’à l’école élémentaire, mais ce n’est pas le sujet de cet ouvrage…

    [16] Les Ritals, François Cavanna, Belfond, 1978.

     


  • Commentaires

    1
    arce
    Lundi 3 Mars 2014 à 19:25

    Je réponds  A !

    J'ai vraiment hâte de lire ton livre, DC!

    2
    Lundi 3 Mars 2014 à 19:26

     Faudrait lire tout le livre mais c'est plutôt pas mal. Ça reste peut-être un peu flou sur la formation des professeurs mais je suppose que si on a lu tout le bouquin, on voit mieux.

    3
    Lundi 3 Mars 2014 à 19:46

    Si on a lu tout le bouquin, théoriquement, on voit mieux, oui. Pour la formation des maîtres en elle-même, il faudrait un bouquin entier. Là, c'est juste un aperçu avec les grandes lignes : alternance de stages en observation, d'analyses de pratiques et de cours théoriques.
    Avec une grande nouveauté : la pluralité des méthodes et l'abandon de la Pédagogie Unique. Ce qui comptent, ce sont les contenus, pas les moyens de les faire passer. Les élèves de C. Freinet obtenaient tout aussi bien leur Certif que ceux de Topaze avec ses morales récitées par cœur et ses tables chantonnées a cappella.

    4
    Lundi 3 Mars 2014 à 20:03

    Moi je trouve ce texte magnifique et je réponds A, sans surprise ;)

    5
    Lundi 3 Mars 2014 à 20:13

    A pour moi zossi

    6
    Lundi 3 Mars 2014 à 20:23

    C'est très beau.
    Je vote A, évidemment.

    7
    françoise svel
    Lundi 3 Mars 2014 à 20:31

    Satisfaite? Non! Impatiente, plutôt! yes

    8
    Lundi 3 Mars 2014 à 20:36
    Oui, très beau texte ! Complètement d'accord sur la formation ! Et sur la non-évaluation (qui pourrait aller bien au-delà de la GS...).
    Néanmoins, je n'ai pas très bien compris ce que tu dénonçais comme "savoirs pseudo-savants"...
    Je regarde ta note de bas de page, et j'y lis entre autres : "concepts scientifiques ramenés à leur plus bas niveau, copie d’œuvres d’art (...)".
    La vulgarisation scientifique ou la copie (qui est selon moi le meilleur moyen de s'imprégner de l'œuvre) ne me semblent pas si redoutables. Au contraire.

    D'un autre côté, je n'aime pas la maternelle, donc mon avis compte pour du beurre.
    9
    Lundi 3 Mars 2014 à 20:37

    Normalement, il n'y a plus que l'avis du comité de relecture. Moi, à part des dizaines et des dizaines de petites corrections par ci par là, j'ai fini. intello

    10
    françoise svel
    Lundi 3 Mars 2014 à 20:49

    Si j'ai bien compris, c'est un chapitre de conclusion, donc qui reprend ce que tu as détaillé avant? (pas facile de ne lire qu'un dernier chapitre...)

    Serait-il possible d'en faire un condensé, plus "punchy" avec les mêmes idées, bien sûr? Je sais, je suis casse-pieds, mais je crois que tu pourrais l'utiliser (même en dehors du bouquin) pour atteindre encore plus de lecteurs . Il y a dans ton texte des phrases qui me semblent particulièrement importantes et qu'il faudrait mettre en valeur, leur donner plus de force de frappe. Tu vois ce que je veux dire?

     

    11
    Sapotille
    Lundi 3 Mars 2014 à 20:54

     

    Bien sûr , la réponse est  A ..

    Quand   j'ai débuté, il y avait deux écoles bien distinctes :

    - l'école maternelle avec ses inspectrices  et ses conseillères pédagogiques 

    - l'école primaires avec d'autres  inspecteurs et conseillers

    Te souviens- tu de cette période et pourquoi, un jour, une seule et même école de 2 ans jusqu'au CM2  a vu le jour ?

    Je rajoute  que je n'ai jamais fait de maternelle justement parce qu'autrefois on faisait un choix à la base ..

    .Je ne pense pas que j'aurais su  faire, c'est un monde qui m'est assez étranger ...

    12
    Lundi 3 Mars 2014 à 21:03

    Ce sont des savoirs pseudo-savants parce qu'ils font partie des atours de la culture savante adulte mais qu'ils ont été sélectionnés parmi ceux de "bas niveau" (dixit Brissiaud) afin qu'on ait l'illusion que l'enfant les réussit et qu'ils lui apportent quelque chose.

    Toujours selon R. Brissiaud, on les reconnaît aussi au fait qu'ils peuvent être mis en œuvre par des personnes n'ayant pas de formation particulière.

    On a l'exemple de l'alphabet, de la comptine numérique qui ont remplacé dans les écoles maternelles la découverte du code écrit et les bases du calcul sur les premiers nombres.

    Je me suis permis d'élargir le concept aux arts visuels. Il est plus facile de faire "travailler les enfants" sur une œuvre d'art contemporain de ce style en donnant l'illusion qu'ils ont compris qu'ils s'inspiraient de l'œuvre originale que de faire passer l'enfant du gribouillis qu'il produit spontanément à deux ans au dessin construit et  original qu'un enfant de cinq ans et demi élabore pas à pas à se donnant un but, des objectifs et en réinvestissant réellement des techniques qu'il a découvertes, éprouvées, perfectionnées et abouties.

    En sciences, de la même façon, on peut faire singer au petit enfant la démarche scientifique au cours d'une séquence très construite sans pour cela faire bouger d'un iota ses représentations anthropomorphiques naturelles à quelqu'un n'ayant aucune conscience d'être lui-même un individu distinct du reste du monde. On aura donné l'illusion d'avoir installé des concepts en dépensant bien moins d'énergie qu'en créant autour de lui un réseau d'activités où il éprouvera, expérimentera, fabriquera, jouera et se nourrira de toutes ces expériences afin de lui apprendre à se percevoir lui-même avant d'être capable d'organiser le monde qui l'entoure. 

    13
    françoise svel
    Lundi 3 Mars 2014 à 21:08

    D'accord à deux cents pour cent!!!

    14
    Lundi 3 Mars 2014 à 21:10

    Sapotille, c'est la même école, depuis le début ou presque. On s'est très vite rendu compte que si on ne donnait pas la même formation à toutes les institutrices, celles qui enseigneraient en maternelle seraient considérées comme des "sous-instits" alors qu'on tenait réellement à l'époque à construire une unification absolue de l'enseignement primaire.

    Toutes les élèves-institutrices recevaient la spécialisation à l'enseignement en école maternelle (psychologie du jeune enfant, puériculture).

    Seuls les corps d'inspection étaient différents. Les IDEM étaient des IDEN spécialisées dans l'école maternelle. On a supprimé ce corps pour faire des économies de personnel d'encadrement (plus d'IDEM, de CPEM) et pouvoir fermer des postes.

    15
    Lundi 3 Mars 2014 à 21:11

    Françoise, non, je ne vois pas trop. Peut-être dans deux ou trois jours, mais là, pour le moment, je ne vois pas.

    16
    Sapotille
    Lundi 3 Mars 2014 à 21:23

    Ce qui m'étonne rétrospectivement , c'est que, alors que j'étais suppléante éventuelle, je n'ai fait aucun remplacement en maternelle et que durant ma petite formation, nous n'étions qu'entre suppléants de primaire.

    Bien sûr  nous avions tous la même formation à la base, mais  "la branche maternelle"  faisait des suppléances en maternelles et  suivaient des cours de pédagogie destinés  à l'enseignement en maternelles alors que les cours de pédagogie que  j'ai suivis le jeudi  étaient pour enseigner en primaire.

     

    Voilà pourquoi je suis persuadée que je n'aurais pas su faire ...

    17
    Lundi 3 Mars 2014 à 21:30

    A l'époque dont tu parles, les remplacements en maternelle étaient rares. Lorsqu'une maîtresse manquait, on demandait aux "mamans" de garder leurs enfants à la maison.

    18
    Lundi 3 Mars 2014 à 21:37

    Je sais que ma grand-mère a fait un remplacement en maternelle, au début de sa carrière, donc c'était possible...

    19
    Sapotille
    Lundi 3 Mars 2014 à 21:41

     

    Etait-ce different parce que c'était en région parisienne ?

    20
    Lundi 3 Mars 2014 à 21:45

    Je demanderai à ma mère quand je la verrai. Elle n'a fait qu'une année d'École Normale, je ne sais pas si elle saura répondre.

    En tout cas, la directrice de l'école maternelle où était mon fils, il y a 32 ans, donc avant la disparition des IDEM, était une ancienne instit de CP.
    Et l'instit que mon beau-frère (qui a quitté l'école primaire en 1963 ou 1964) a eu du CP au CM2 a aussi fini sa carrière comme directrice d'école maternelle.

    C'était donc bien la même école.

    21
    Lundi 3 Mars 2014 à 21:46

     C'est ce que j'allais dire. C'était peut-être différent selon les départements ou académies, en fonction de l'inflexion ou de l'impulsion données par les grands patrons ?

     

    22
    Lundi 3 Mars 2014 à 21:47

     Puis ton beau-frère l'a eu de la classe enfantine au CM2. (j'ai cherché un moment qui donc pouvait être ce beau frère !tongue )

    23
    Lundi 3 Mars 2014 à 21:57
    24
    Sapotille
    Lundi 3 Mars 2014 à 22:11

    Merci pour tous vos souvenirs qui me rappellent que je n'ai plus 20 ans  !cry

    Et pourtant je suis tous les jours sur mes skis et cela déménage ...     yes

    25
    Lundi 3 Mars 2014 à 22:12

    Profite bien de ces vacances ! cool

    26
    Lundi 3 Mars 2014 à 22:43

    Merci de ta réponse, DC. Je comprends mieux !

    27
    Sapotille
    Mardi 4 Mars 2014 à 18:33

    En parcourant les pentes enneigées, dans le brouillard tout d'abord, puis sous le soleil avant de retrouver quelques flocons puis du soleil, j'ai cherché dans ma mémoire  ces premiers pas dans l'EN.

    Nous étions 30 , pas un de plus, embauchés après le bac, sans autre forme de procès s ...

    pas de liste complémentaire, pas d'examen, rien ... juste parce que nous nous étions inscrits sur une liste ...

    Et nous avons été appelés,  pour faire des suppléances en primaire, seulement en primaire ...

    L'EN manquait de personnel, nos avait-on dit ...

    Un des 30 a été sélectionné pour entrer à l'Ecole Normale ...

    A le fin de l'année  suivante, nous avons passé le CAP  et durant la troisième année, nous avons tous été titularisés ...

     

    28
    Mardi 4 Mars 2014 à 18:59

     Au sujet de l'instit du fameux beau-frère (kicé celuila ? ):

    1) elle est devenue ensuite directrice de maternelle mais il me semble qu'elle avait les " grande section " et je suppose qu'elle devait faire un chiffre du genre 20 % de bons lecteurs et 40 % de solides déchiffreurs en fin de GS

    2 ) je vais vous raconter comment elle est morte parce que ça donne une idée du personnage: elle est décédée de crise cardiaque lors d'une plongée sous-marine à l'autre bout du monde, âgée de ... 85 ans bon poids.

    29
    Mardi 4 Mars 2014 à 20:13

    Oui, elle avait choisi de prendre les GS, mais elle aurait tout aussi bien choisir de prendre les Petits et de les confier à l'ATSEM comme deux autres dames de sa génération qui, après une carrière entière en élémentaire, avaient choisi de finir leur carrière comme directrice d'école maternelle.

    Sapotille, quand j'ai commencé, les jeunes qui avaient été recrutés comme toi avaient le statut de "suppléants éventuels". Ils n'étaient payés que lorsqu'ils travaillaient et je crois que leurs vacances scolaires n'étaient pas payés (sauf congés légaux, sans doute). On les recrutait dans les "départements déficitaires" où même la liste complémentaire ne suffisait pas à boucher les trous qui apparaissaient en cours d'année.

    Mais ils ne passaient pas le CAP et ne devenaient pas stagiaires et donc encore moins titulaires. Un peu comme les maîtres-auxiliaires du secondaire.

    J'ai connu une collègue qui avait encore ce statut jusque dans les années 90. Les syndicats ont réussi à la faire titulariser à force, avec reconstitution de carrière, quelques années avant sa retraite.

    30
    françoise svel
    Mardi 4 Mars 2014 à 20:15

    C'était la belle époque, Sapotille... Grâce à elle, on a des retraites, et certains peuvent profiter du soleil et de la neige, mais chut, n'en parlons pas aux jeunes, inutile de les provoquer, aujourd'hui un bac + 5 ne permet pas de se payer un logement à Créteil...

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    31
    françoise svel
    Mardi 4 Mars 2014 à 20:24

    Et depuis plusieurs années, la reconstitution de carrière dans le secondaire n'existe plus. Plus de maîtres- auxiliaires mais des vacataires ou au mieux des contractuels corvéables à merci. On parle de "reclassement" lors de la titularisation mais chaque rectorat en décide, cette année à Nantes, c'est "vache maigre" !!!

    32
    Sapotille
    Mardi 4 Mars 2014 à 21:10

    Je me souviens que nous avons été tout spécialement pris en main avec un jeudi sur deux de cours, beaucoup d'ouvrages de pédagogie  à lire, des devoirs à rendre à chaque rencontre, et des leçons modèles à présenter aux autres suppléants, bien préparées au préalable avec notre conseillère pédagogique.

    Je me souviens encore d'une leçon modèle  de langage présentée  par une camarade, une autre leçon de lecture  comme dans le livre de DC, modèle que j'ai appliqué quand j'ai eu le CP et que je n'ai plus quitté, et je me souviens de la leçon de vocabulaire que j'ai présentée moi-même pour laquelle j'avais choisi un extrait de Heidi dans la montagne ...

    Je me souviens qu'on m'avait reproché le fait que le grand- père de Heidi fumait la pipe ...

    Et pour ces leçons, nous faisions venir nos élèves le jeudi matin ...

     

    Pour la législation, c'est un vieil inspecteur  à la retraite qui nous enseignait les lois, et mettait particulièrement  l'accent sur nos responsabilités ...Et franchement,  je peux dire, Françoise, que  nous n'étions pas aussi instruites que les PE d'aujourd'hui.

    33
    Mardi 4 Mars 2014 à 21:16

    Donc, c'était bien le même statut que moi... La formation s'était un peu assouplie, mais c'était la même.

    34
    Sapotille
    Mardi 4 Mars 2014 à 21:25

    Donc tu as passé  le CAP  comme moi, le deuxième année ...

    Une partie écrite , puis faire la classe devant un inspecteur et deux directrices d'école primaire ...

    Il se trouve que c'est ma mère, instit elle- même, qui avait appris à lire à la fille de l'inspecteur quand elle était au CP !

    35
    Mardi 4 Mars 2014 à 21:33

    Oui. Mais il n'y avait plus qu'un directeur d'école et le conseiller pédagogique en plus de l'IEN. Enfin, il me semble. Ensuite, stagiaire un an, puis titularisée l'année d'après.

    36
    gelsomina
    Mercredi 5 Mars 2014 à 17:30

    Réponse A! yes

     

    Gelsie pas très présente en ce moment (fatigue, déménagement,...) mais quand même là! ;)

    37
    Jeudi 6 Mars 2014 à 17:54

    A aussi. Une semaine de vacances bien entamée arf, et seulement un quart du boulot prévu fait ouch...

     

    38
    Jeudi 6 Mars 2014 à 19:17

    Salut tout le monde et merci pour vos avis. J'ai fini le plus gros de mon bouquin. Hier j'ai fait les joints de carrelage et passer le balai dans les coins.

    Maintenant, il faut qu'il réussisse le contrôle technique et ensuite... bah, on verra !

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